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L’ESPACE DE LIBERTE SECURITE JUSTICE : UN DROIT A GEOGRAPHIE
VARIABLE ?
Par Sébastien ADALID, Antal BERKES, Mathieu COMBET, Adrien COMPAIN, Cécile
CORSO, Sophie DE SANCTIS, Laura DELGADO, Romuald DI NOTO, Léa DUMONT,
Yasmine EL BOUSTANI, Marie GARCIA, Simon LABAYLE, Lucie LE BARREAU,
Clémentine MAZILLE, Jean-Sébastien QUEGUINER, Marjolaine ROCCATI, Isabell
VERDIER-BÜSCHEL et Krystyna WARYLEWSKA1.
« Frontières. En géographie politique, ligne imaginaire entre deux nations, séparant les droits
imaginaires de l’une des droits imaginaires de l’autre »2. L’Union européenne ne rassemble
pas deux nations, mais vingt-sept. Elle se compose donc d’un nombre exponentiel de lignes
imaginaires. Celles-ci ne séparent pourtant pas des droits imaginaires, mais tendent à s’effacer
devant un droit imaginaire. Pour le canaliser et l’ordonner dans des matières fondamentales,
l’UE a fondé un espace de liberté, de sécurité et de justice.
La réalisation d’un ELSJ figure parmi les objectifs du droit de l’Union. En vertu de l’article 3-
2 du TFUE « [l]’Union offre à ses citoyens un espace de liberté, de sécurité et de justice sans
frontières intérieures, au sein duquel est assurée la libre circulation des personnes, en liaison
avec des mesures appropriées en matière de contrôle des frontières extérieures, d’asile,
d’immigration ainsi que de prévention de la criminalité et de lutte contre ce phénomène ». En
affirmant cela, les rédacteurs du Traité visaient à créer un espace ouvert, sans contraintes ni
frontières intérieures, dont l’objectif principal est la libre circulation des personnes. Cet
objectif de liberté s’allie à celui de sécurité intérieure, faisant entrer dans le champ
d’application du droit de l’Union les problématiques attachées à l’asile, l’immigration, et la
prévention de la criminalité. Pour réaliser ces différents objectifs, l’Union a fait le choix de
constituer un espace de justice favorisant leur développement.
La notion d’espace imposait nécessairement une réflexion géographique, renvoyant a priori
aux territoires et à leurs frontières physiques. Cette approche est pourtant réductrice, car le
terme même de géographie est polysémique. Le petit Robert la définit ainsi comme une
1 La coordination de cette synthèse a été assurée par Marie GARCIA, Simon LABAYLE, Clémentine MAZILLE
et Marjolaine ROCCATI.
2 A. BIERCE, Le Dictionnaire du diable, Rivage, 1989, traduction Bernard Sallé