Travail sur les cartes postales dans le cadre du projet «Journaux, correspondances et vues sur verre de la Grande Guerre » Les 3ème 1 du Lycée Français de Tamatave 2016-2017 Le front de l’Orient : étude de cartes postales et réalisation d’une correspondance Le contexte du Front de l’Orient pendant la Grande Guerre Un front oublié, le front d’Orient (1915-1919) Où ? Qui ? Cette région est le lieu de l’élément déclencheur de la Grande Guerre avec l’assassinat de l’archiduc autrichien François-Ferdinand le 28 juin 1914. L’ultimatum et la déclaration de guerre de l’Empire Austro-Hongrois à la Serbie, rendue responsable de l’attentat, va déclencher l’engrenage des Alliances et le début de la Grande Guerre en août 1914. Ce front va opposer les turcs, les allemands et les austro-hongrois contre les français, les anglais, les russes, les serbes, les italiens, les grecs et les soldats issus des colonies françaises et anglaises (dont Madagascar, l’Australie, la Nouvelle-Zélande) dans une guerre navale et une guerre de tranchées. Il y a 100 ans, les alliés combattaient sur le front d'Orient. Oubliés après-guerre, ces soldats, dont un grand nombre étaient originaires d'Afrique, y ont pourtant connu des conditions terribles. Que s’est-il passé sur ce front pendant la Grande Guerre ? La Bataille des Dardanelles qui est également appelée Bataille de Gallipoli va se dérouler de février 1915 à janvier 1916 entre les forces de l’Entente et la Triple-Alliance. Trois mois après la bataille de la Marne et la course à la mer en 1914, le front ouest se fige. A l’est, la Russie dispose bien d’immenses ressources humaines, mais elle manque d’armes et de matériels. Les Britanniques et les Français pourraient lui en livrer, mais leur acheminement pose problème. La voie terrestre est impossible à cause de la guerre. Il ne reste que la voie maritime. Les ports russes étaient bloqués à cause de la glace et la seule option était de passer par les Dardanelles et puis par le détroit de Bosphore et enfin la Mer noire. Mais les Allemands et les Ottomans tiennent les détroits. La Triple Entente veut défaire l’Empire Ottoman, qui est allié aux puissances centrales (La Triple Alliance), en assiégeant la ville de Constantinople, s’approprier les détroits et s’assurer le contrôle de la Méditerranée pour faire pression sur les pays toujours neutres dont la Grèce, la Bulgarie et la Roumanie. Le premier lord de l’amirauté anglaise, Winston Churchill propose que les cuirassés et croiseurs s’approchent des Dardanelles, puis bombardent les forts ottomans au fur et à mesure de leur progression, jusqu’à l’arrivée à Constantinople. C’est un échec et il est décidé de coupler l’attaque navale avec une offensive terrestre menée par un corps expéditionnaire, 80000 hommes dont 18000 français, débarqué sur la presqu’ile de Gallipoli. Les turques se défendent avec acharnement. Ces soldats font partis de l’Armée française d’Orient. (AFO), d'abord appelée Corps expéditionnaire d'Orient, puis Armée d'Orient (AO). Début décembre 1915, le recul des troupes françaises et britanniques qui est déjà avancé en territoire serbe est ordonné. Elles évacuent le territoire de la Serbie et se replient derrière la frontière grecque, pour se fortifier autour de la ville de Salonique. Quelques mois plus tard, les troupes de l’Entente se reconstituent et entre Septembre et Novembre 1916, elles prennent l’avantage et entrent en territoire Serbe. Mais l’avantage est de courte durée car l’hiver s’installe. Le front se fige une nouvelle fois. Le relief présent sur cette carte postale souligne la difficulté de ce front qui sera mis en avant vers la fin de l’été 1918. Une nouvelle offensive de l’Entente est lancée en Serbie. Le 14 et 15 septembre 1918, après une préparation pour monter l’artillerie lourde aux plus proches des premières lignes situées à une altitude de plus de 1 500 mètres, le front est percé lors la bataille de Dobropol. L’ AFO est une unité de l'armée de terre française qui a combattu durant la Première Guerre mondiale sur le front d'Orient entre 1915 et 1918. Des soldats français se reposent sur le Front d'Orient.© Consulat général de France à Thessalonique En 1916, l’Armée française d’Orient (AFO) fait partie des Armées Alliées d'Orient (AAO) regroupant des troupes de l'armée britannique, de l'armée serbe, de l'armée italienne, de l'armée russe et de l'armée grecque qui en 1918, sous les ordres du général d’armée Louis Franchet d'Esperey provoquent la défaite de la Bulgarie, reconquièrent la Serbie et la Roumanie, puis envahissent l’Autriche-Hongrie. Parmi les soldats de l’AFO, des tirailleurs malgaches sont présents transportés par messagerie maritime comme le Timgad. Le Front de l’Orient, un front méconnu. Ce front secondaire a pâti pendant longtemps d’une mauvaise image. Dès 1915, le soldat d’Orient subit les sarcasmes de certains journalistes et politiciens parisiens. Cette situation est le résultat de l’opposition d’une partie de la classe politique à l’expédition d’Orient qui, sous l’influence de Clémenceau, vitupère contre ceux qu’il désigne comme « Les jardiniers de Salonique » en référence à la mise en culture, par les soldats, de nombreux terrains afin d’assécher les marais et donc d’endiguer les épidémies. "Ils les avaient appelés ainsi car ils avaient construit des tranchées et des routes autour de Salonique. Ils avaient aussi fait des plantations près de leurs camps en attendant l'offensive allemande", explique l’historien Vlasis Vlasidis en faisant référence aux plants de salades cultivés par les poilus pour échapper au scorbut. Une carte postale de la Première Guerre mondiale montrant le camp des tirailleurs à Zeïtenlick. © Collection particulière Stéphanie Trouillard Pendant la Grande Guerre, plus de 41 000 Malgaches ont été recrutés par l’armée française pour combattre en Europe. Beaucoup de tirailleurs malgaches seront envoyés dans ce Front pour des travaux de génies militaires comme la construction de routes et de tranchées. Les soldats du front de l’Ouest quant à eux ne voient en Salonique qu’un séjour de vacances ensoleillées pour « les planqués ». Il leur est, en effet, impossible d’imaginer que sous le soleil de Grèce, la guerre puisse être aussi difficile que sur le front de France. C’est une injustice car de ce front d’Orient sont venus les premiers résultats décisifs, marqués par la cessation des hostilités avec la Bulgarie puis la Turquie, précipitant ainsi les armistices avec l’Autrice-Hongrie. Les Armées Alliées d'Orient ont largement contribué à l’effondrement du front de l’Ouest et à la victoire finale contre l’Allemagne. Ce front a coûté la vie de 180 000 soldats alliés dont 30 000 Français, ainsi qu'à 66 000 Turcs. Les soldats ont connu des souffrances terribles. Les raisons sont diverses. - - - comme en Macédoine il y avait beaucoup de marais, la malaria faisait rage, les moustiques, la grippe, le typhus, la dysenterie… Le climat faisait aussi beaucoup de victimes, pendant l’été, la température était écrasante et pendant l’hiver, il y faisait un froid glacial ce qui entraina des pneumonies En raison aussi des pénuries alimentaires… Comme le tirailleur malgache RAFARALAHIDIMY qui est mort à Salonique le 9 octobre 1918 de maladies contractées en service. Un Front qui se poursuit après le 11 novembre 1918 ? Et pour ces soldats, la guerre ne prit pas fin le 11 novembre 1918 puisqu’ils poursuivirent la guerre encore cinq mois, devant tenir le front sud de la Russie contre les bolcheviques (après la Révolution d’Octobre 1917 en Russie des communistes de Lénine) Après les armistices de novembre, l’Armée Française d’Orient est organisée en trois parties: -l’Armée du Danube (A.D.) contenant des unités françaises vont stationner momentanément en Roumanie, ensuite à Bucarest puis dans le delta du Danube, en Bessarabie et en Crimée. -l’Armée de Hongrie (A.H.) chargée de maintenir l’ordre dans les territoires hongrois et de lutter contre les mouvements nationaux et révolutionnaires -Le Corps d’Occupation de Constantinople (C.O.C.), force d’occupation dans l’ancien Empire ottoman. Les soldats de l’Armée Française d’Orient ne reviennent en France qu’un an après la fin de l’Armistice avec l’Allemagne. Et ces soldats ont combattu loin de leur terre natale, dans des conditions extrêmement dures et vont souffrir pour le reste de leur vie du manque de reconnaissance de la nation, car les opérations excentrées auxquelles ils ont participé, restent pour le plus grand nombre inconnues. Comment arrivent les troupes malgaches jusqu’au Front de l’Orient ? Le rôle du Timgad Timgad est un paquebot qui a été mis en service en 1911 en Afrique du Nord et qui fut réquisitionné pour devenir croiseur auxiliaire puis transporteur de troupes. En 1915, le Timgad participe aux opérations des Dardanelles. Le 18 décembre 1915, il embarque à Tamatave les 358 hommes de la 4ème Compagnie du 1er bataillon de marche des Tirailleurs Malgaches qui arrivent à Bizerte le 16 janvier 1916. Fin novembre 1916, il transporte des troupes prêtes à être débarquées en Grèce. Le transport des troupes de l'Armée d'Orient par Tarente et Salonique a été mis en place fin 1916, puis ensuite le service Tarente-Itéa de manière régulière, des unités y sont d'ailleurs affectées, dont le Timgad. (comme cela apparaît sur la carte postale à droite) Le Timgad faisait partie de La Compagnie des messageries maritimes. C’est une compagnie maritime française. Elle a amené et ramené les tirailleurs malgaches au pays. Ces navires ne sont pas conçus pour transporter des passagers et certains tirailleurs font la traversée sur le pont et meurent de maladies pendant le trajet. Paquebot Poste Timgad Compagnie Générale Transatlantique. Déplacement : 6285 Tonnes Jauge : 5608 Tx. Force en chevaux : 10 500 HP. Dans la légende de la carte postale, il est précisé Croiseur auxiliaire de 1er rang – Affecté au transport des troupes en Orient. (Campagne d’Orient 1914-1917) D’autres vont connaître la mort à la suite du torpillage par le sous-marin Allemand UB-105, d’un autre navire transporteur de troupes, le Djemnah, le 14 juillet 1918. Le navire ramenait des tirailleurs malgaches ayant fini leur engagement de 3 ans, blessés ou malades vers la Grande Ile. Le Djemnah, parti de Marseille le 1er juillet est torpillé en Méditerranée dans le sud de la Crète : 548 personnes périront dans ce terrible naufrage dont 190 tirailleurs malgaches comme Rajaonajy dont la fiche militaire précise le 14 juillet 1918 et la mort « à bord du bateau Djemnah ». Voici le récit qu’en fait le journal le Tamatave le 9 novembre 1918 Le torpillage du « Djemnah ». Récit d'un rescapé « C’était le 14 Juillet à 9 heure ½ du soir. La nuit était claire, la lune, quoique parfois voilée par des nuages, éclairait assez pour se conduire. Un certain nombre de passagers avaient regagné leur cabine, d'autres étaient encore sur le pont, lorsque la torpille lancée par le sous-marin, qui se trouvait à une faible distance du vapeur, fit explosion au milieu du bateau, le fendant en deux. Aussitôt, une vague immense envahit le bâtiment, les machines sautèrent et en moins de 2 minutes le vapeur coulait engloutissant près de 500 passagers. On compte parmi les disparus, des soldats indigènes rapatriés ou réformés, des familles créoles, quelques Européens dont M. Falque inspecteur de la Garde Indigène etc. Les rescapés n'eurent le temps que de mettre leur ceinture de sauvetage et de se jeter à la mer. Un seul canot du Djemnah pût être mis à l'eau. Les naufragés furent recueillis les uns le soir même, les autres le lendemain matin par la canonnière Mallow et un chalutier qui convoyaient le «Djemnah », et qui les transportèrent à Alexandrie, Ils furent hospitalisés à l'hôpital européen de cette ville. Le même soir du 14 juillet deux cargos marchant de concert avec nous, reçurent du même sous-marin une torpille chacun, et coulèrent quelques moment avant le Djemnah. Les cartes postales à étudier : points communs et révélateurs d’une situation Les cartes envoyées aux familles sont toutes positives c’est-à-dire que les soldats ne se plaignent jamais des horreurs vécues sur le front, témoignant ainsi de la censure à cette époque réalisée par l’Armée Française. Si par malheur les lettres étaient négatives dans les faits, racontant la réalité vécue, les mauvais traitements, le nombre des morts, la raison des morts, alors ces lettres n’arrivaient jamais à destination et étaient censurées. C’est le même cas dans les quatre cartes postales travaillées. Le 11 novembre 1918 : étude de cartes postales et réalisation d’une correspondance Le contexte du 11 novembre 1918 En Allemagne, les grèves et les insurrections se multiplient en 1918. Une révolution éclate le 3 novembre. Pour éviter que le pays ne tombe comme la Russie sous une dictature communiste, les gouvernants et les chefs militaires convainquent l'empereur d'abdiquer. Le 9 novembre 1918 au matin, le prince Max de Bade téléphone à l'empereur allemand, à Spa. « Votre abdication est devenue nécessaire pour sauver l'Allemagne de la guerre civile », lui dit-il. Guillaume II s'y résout et part en exil. Un armistice (arrêt des combats) est conclu le matin du 11 novembre 1918 entre les Alliés et l'Allemagne, dernière des Puissances Centrales à rendre les armes. Le 11 novembre 1918 est la date d’un accord mettant fin aux différents combats de la Première Guerre mondiale, remportés par la Triple Entente contre la Triple Alliance, dans l'attente du traité de paix définitif. Aujourd’hui, en France, ce jour est commémoré. C’est un jour férié, « l’armistice du 11 novembre 1918 ». La situation du front de l’Ouest le 11 novembre 1918 et son évolution depuis 1914. En mars 1918, les Allemands arrivent à Château-Thierry et bombardent Paris avec des canons à longue portée. Face au péril, le chef du gouvernement français Georges Clemenceau obtient que le commandement des armées franco-anglaises soit désormais confié à un seul homme. C'est le général Foch qui coordonne donc toutes les opérations sur le front occidental. Il est nommé généralissime. Dès avril, il arrête l'offensive allemande sur la Somme. Le 18 juillet 1918, il passe à la contre-offensive avec les premières troupes américaines dans la région de Villers-Cotterêts. Les Allemands sont partout repoussés. Une carte postale reproduite dans les pays de l’Entente en fournissant des informations différentes Cette signature a été immortalisée dans différentes cartes postales en couleur, ou en noir et blanc, avec des angles légèrement différents mais une prise de vue souvent proche. Ci-dessous, la version britannique et une version avec un angle différent avec les allemands à droite de l’image et tous les visages visibles. Dans ce second cas, les personnes présentes sont citées comme dans la carte postale que nous avons étudiée. Nombreuses sont les cartes postales qui vont utiliser ce sujet. Le lieu de la signature de l’armistice le 11 novembre 1918 Où ? La signature de l’armistice de la Première Guerre mondiale (1914-1918) a lieu le 11 novembre à 5h15. Elle marque la fin des combats et la capitulation de l’Allemagne. Le cessez-le-feu n’est valable qu’à onze heures du matin, entraînant dans l’ensemble du pays des volées de cloches annonçant la fin d’une guerre qui aura laissé plus de neuf millions de morts et six millions d’invalides ou de mutilés. Les généraux allemands et alliés se réunirent dans un wagon-restaurant aménagé à Rethondes, celui du Maréchal Foch. Qui ? Nous pouvons apercevoir neuf hommes autour d’une table, certains sont en uniforme d’autres en costume. Le wagon n’est pas spacieux. Il est composé de fenêtres recouvertes par des rideaux. Plusieurs papiers sont entassés devant chacun des généraux. Foch a réuni dans son wagon son chef d’état-major, le général Weygand, ainsi que les amiraux britanniques Wemyss et Hope. Ils sont bientôt rejoints par les deux représentants du gouvernement allemand, Matthias Erzberger et le Comte von Oberndorff, accompagnés de deux officiers allemands. Peu après 5h, les délégations assisses face à face dans le wagon signent officiellement l’armistice. Pourquoi dans un wagon à Rethondes ? L’état-major désirait que cette signature se déroule dans un endroit isolé des regards. Il fallait également que cet endroit puisse accueillir deux trains (un pour les Alliés et un pour les Allemands). Enfin il fallait qu’il soit suffisamment près d’une source de ravitaillement d’eau pour que les machines soient maintenues en état de fonctionnement. C’est pour cela que la signature a été faite dans la clairière de Rethondes, en forêt de Compiègne. Au Front ? Au front, les clairons bondissent et sonnent le « Cessez-le-feu », « Levez-vous », « Au Drapeau ». La « Marseillaise » jaillit à pleins poumons des tranchées. Même soulagement en face, dans le camp allemand. A 11 heures, le canon, qui n'avait pas cessé de tonner depuis plus de 1500 jours, se tait. On entend comme un immense silence. La plus grande bataille que le monde ait jamais connue jusqu'alors est terminée. Pour la première fois depuis quatre ans, Français et Allemands peuvent se regarder sans s'entretuer. Bientôt, la nouvelle se propage dans les journaux. Et tous veulent croire que cette guerre qui s'achève restera la dernière de l'Histoire, la « der des der ». « Le cessez-le-feu » fut sonné par le clairon Delalucque pour le 415e RI le 11 novembre 1918 à 11 heures du matin dans la région de Vrigne-Meuse à l’issue de la dernière offensive contre l’armée allemande qui eut lieu le matin même. Morts un 11 ou un 10 novembre 1918 ? C’est dans ce régiment, qu’est très probablement mort le dernier Poilu, Augustin Trébuchon, à l’âge de 40 ans, quelques minutes avant 11 heures, d’une balle dans la tête alors qu'il portait un message à son capitaine. Il avait été mobilisé en 1914 et avait réussi à survivre jusqu’au 11 novembre 1918. Contre ce régiment, un obus allemand, fut aussi tiré cinq minutes après l'armistice et tomba sur le Poste de secours principal installé à Dom-le-Mesnil, dans le secteur où Trébuchon avait été tué un quart d'heure plus tôt. L'identité de l'homme tué par cet obus est inconnue car tous les morts du 11 novembre - dont Trébuchon - ont été inscrits comme morts à la date du 10 novembre par les autorités militaires... Et pour les tirailleurs malgaches ? Quant aux tirailleurs malgaches qui reverront la terre natale, beaucoup ont appris un métier et pour le gouverneur Garbit « Tous ces hommes constitueront des spécialistes précieux pour les entreprises de nos colons ». En réalité, les combattants de 14-18 ne trouvèrent pas toujours cette bienveillance que demandait Garbit. Bien sûr, ils ont été honorés : les troupes coloniales ont tenu un rang important dans les défilés de la Victoire et les corps des tirailleurs tués ont été inhumés avec les hommages qui leur étaient dus. Des monuments au mort vont être érigés sur la Grande Ile. Mais, en dehors des honneurs, les combattants et travailleurs de la guerre ne trouvèrent pas, à Madagascar, la gratitude à laquelle ils pouvaient s’attendre. Tout d’abord, ils retrouvent un pays en situation de crise. Le gouverneur Augagneur signalera, en 1918 que « les engagements de plus de 40.000 tirailleurs qui représentent la partie travailleuse de la population, et une saison agricole exceptionnellement mauvaise, ont eu pour résultat, en 1917, une diminution considérable de la production». A Diego-Suarez, c’est Jean RALAIMONGO, engagé volontaire en 1916, qui, avec d’anciens soldats, incarnera la révolte devant cette désillusion en défendant les thèses de la Ligue Française pour l’Accession aux droits de citoyens des Indigènes de Madagascar (LFADCIM) et qui animera la lutte pour la naturalisation en masse. La mémoire des tirailleurs malgaches va rester en grande partie silencieuse. Ces hommes partis pour l’Europe ont vu l’horreur, ont subi cette expérience traumatisante, dans un contexte de hiérarchie entre dominants et dominés. Dans la société malgache, après leur retour, on assiste à des excès de violence. En exemple, on peut prendre les rapports de police de 1919 qui raconte que les tirailleurs malgaches, de retour de la Grande Guerre ont participé au meurtre d’un policier. D’autres actes de violence sont cités qui impliquent des tirailleurs malgaches: des bagarres, des rackets, des viols… Nous pouvons alors en conclure qu’en raison de la guerre, certains tirailleurs malgaches ont été traumatisés par cette violence permanente, ont été brutalisés et ne sont plus habitués à la vie en société. Les Français, qui gouvernent Madagascar s'en méfient et les éloignent des centres urbains en leur donnant des terres. Certains tirailleurs aussi vont terminer leur engagement comme troupe d’occupation en Sarre après le Traité de Versailles. Après la Première Guerre mondiale, les Allemands organisent une campagne de propagande internationale contre la présence de troupes coloniales françaises dans leur pays. Elle repose sur des accusations mensongères de viols systématiques des femmes blanches par les soldats africains en Rhénanie occupée. L’annonce de la Victoire en France Georges Clemenceau L’homme ayant averti le peuple français de la fin de la guerre est le président du conseil Georges Clemenceau. Le 11 novembre, il annonce l’armistice à la Chambre des Députés : « Pour moi, la convention d'armistice lue, il me semble qu'à cette heure, en cette heure terrible, grande et magnifique, mon devoir est accompli. » « Un mot seulement. Au nom du peuple français, au nom du Gouvernement de la République française, j'envoie le salut de la France une et indivisible à l'Alsace et la Lorraine retrouvées. » La une d’un journal américain sur le 11 novembre 1918. Une correspondance qui aurait pu avoir lieu Cartes postales entre un soldat malgache et sa famille : Cher ami, Je suis ravi de t’écrire cette lettre puisque je ne sais pas si je m’en sortirais vivant. Cette guerre est horrible, nous voyons des morts partout, des milliers de soldats meurent sous nos yeux sans qu’on ne puisse rien y faire. Nous dormons avec les bruits des explosions, les rats, les cadavres, et nous sommes toujours en danger. On s’entretue comme des animaux et à chaque attaque la moitié de notre compagnie meurent. Mais bon, nous devons faire notre devoir. Priez pour nous pour que nous puissions nous revoir, et ne dites rien à mes parents, je ne veux pas ils se fassent du souci. Koto. Réponse de l’ami : Cher Koto, Je suis content que tu sois encore de notre monde et je suis très triste de savoir que tu es là-bas dans cette guerre si lointaine. Mon cher frère qui te bat pour nous, nous te remercions infiniment et te demandons de résister jusqu'à notre prochaine rencontre où nous t’attendrons accompagnés de tes affaires préférées. Reviens-nous vite mon ami et n’oublie pas de prier. Tu sais que nous t’attendons tous, notre île t’attend, notre Madagascar t’attend et tu reviendras avec fierté auprès de nous. Nous t’embrassons tendrement Ton cher ami Laza. Une autre correspondance Bonjour chère famille !!! J’apprends aujourd’hui que cette terrible guerre est terminée. Il est vrai que je me demandais pourquoi le son assourdissant des canons avait cessé. Pourquoi ce silence ? Bien sûr, il y avait des rumeurs mais ce n’était pas la première fois. Puis après ce silence, les cloches sonnèrent et on me dit : c’est bon, c’est fini, tu vas pouvoir rentrer chez toi maintenant. Je n’avais pas trop bien réalisé. On me le disait, mais je n’y croyais pas. Donc, je me suis renseigné auprès de nos officiers, et l’un d’eux m’a dit la même chose que les autres. Pour une fois il m’avait parlé sans grogner et avec joie. J’ai vraiment hâte de vous retrouver à la maison. Mais par pitié ne me faites pas du romazava comme plat, mais des côtelettes. Il faut que je prenne du poids, car la faim nous a souvent tenaillé l’estomac. Merci à vous, pour vos encouragements, je n’en reviens toujours pas que ce soit fini. Demain, des fêtes vont peut-être avoir lieu pour nous remercier, toute la population viendra pour nous acclamer. Nous sommes tous contents et impatients de te revoir, que ce soit fini Rakoto! Je crois que tu étais très surpris dans ta dernière carte. Heureusement que tu n’es pas resté plus longtemps dans cette guerre effroyable. Tu vas enfin pouvoir rentrer et c’est le plus important. Quand tu arriveras, on préparera des bonnes côtelettes, comme tu les as demandées, j’espère que tu les aimeras. On tuera les porcs les plus gras de la ferme. Ta mère a déjà préparé tous les préparatifs de la fête. AZALA !! On est vraiment tous fiers de toi Rakoto, on est infiniment fièr de faire partie de ta famille. On te souhaite bon retour parmi nous ! Exemple de correspondance - Cher épouse, J’ai appris ce matin que la guerre était terminée. Il me tarde de te retrouver toi et les enfants. Mon calvaire prend fin, emportant, j’espère, tous ces souvenirs atroces. La vie va pouvoir enfin reprendre. Plus de balles ni d’obus, plus de morts qui rodent près de nous. À très bientôt ma chère. Nous nous reverrons bientôt et je t’envoie mes plus beaux baisers. Ton mari bien aimé Mon très cher époux, cela fait déjà un bon moment que les enfants et moi n’avons pas eu de tes nouvelles. Nous nous inquiétons pour toi et prions que tu ailles bien. Nous espérons te revoir bientôt. Ta famille qui t’aime Autre échange épistolaire Ma chérie La fin de la guerre vient de sonner avec les cloches des églises à toute volée. J’espère maintenant que cela va aller très vite pour pouvoir rentrer chez nous. J’espère que vous allez bien. Je te donne tout mon amour Le même jour Mon Amour Il est 11 heures et les cloches de toutes les églises du village sonnent d’une violence inouïe. Est-ce par cette dernière violence que se terminent 4 ans d’horreurs et de souffrances ? J’espère que la guerre n’a pas fait de toi la dernière victime de ce conflit à cause d’un officier voulant obtenir les dernières gloires de cette guerre. J’attends ton retour fiévreusement. Nous avons tant à nous conter et de temps à rattraper. A bientôt mon amour. Le 12 Novembre 1918 Bonjour maman, là maintenant j’ai appris que la guerre est terminée, je suis très content car le bon dieu ne m’a pas encore pris avec lui. Bientôt je serais de retour chez nous. Frédéric Le 5 Décembre 1918 Mon fils tu ne sais pas comment je suis contente d’entendre cette excellente nouvelle, j’ai attendu ce jour depuis si longtemps et je n’y croyais pas même après le discours de Clemenceau à la Chambre des Députés, ni même avec les Unes des journaux. Ils nous ont tellement mentis pendant ces 4 années, nous avons eu tant d’espoirs déçus. On attendra avec impatience ton arrivée, reviens-nous vite. Ta mère Julie Le 11 Novembre 1918 Pour ma tendre famille Ma chère famille, j’ai une très bonne nouvelle à vous annoncer. La guerre est enfin finie. Les allemands ont demandé la fin des hostilités alors que nous reprenions le terrain perdu, il y a de cela quatre ans ! Nous les avons vaincus. Je reviendrai dans quelques jours et on pourrait enfin nous revoir tous réunis dans notre maison. Ceux d’en face, étaient comme nous hébétés face à cette nouvelle. Je vous aime tous et préparez- vous car je reviendrais pour vous serrer bien fort dans mes bras. Votre père et mari qui vous adore Manaona ry fianakaviako malala, Tsara fandehanana ny aty. Misy masoandro mafinaritra, sady ho andresy ity fiadiana ity izahay. Ny dikan-izany dia hoavy tsy ho ela intsony izaho. Mahatsiaro anareo be izaho. Veloma amin’ny olona rehetra. Sources : https://fr.wikipedia.org/wiki/Armistice_de_1918 https://www.herodote.net/11_novembre_1918-evenement-19181111.php http://historyweb.fr/armistice-du-11-novembre-1918/ https://fr.wikipedia.org/wiki/Armistice_de_1918 http://www.lemonde.fr/centenaire-14-18/article/2014/05/20/l-image-du-tirailleur-malgache-de-la-grandeguerre-est-brouillee_4422286_3448834.html http://pages14-18.mesdiscussions.net/pages1418/Forum-Pages-d-Histoire-aviation-marine/marine-19141918/compagnie-generale-transatlantique-sujet_128_1.htm http://education.francetv.fr/matiere/epoque-contemporaine/ce1/video/que-s-est-il-passe-le-11novembre-1918 http://www.annefrank.org/ImageVault/Images/id_11177/height_615/width_520/compressionQuality_80/sc ope_0/ImageVaultHandler.aspx http://www.cheminsdememoire.gouv.fr/sites/default/files/styles/large/public/articles_1003_carte_frontdo rient_0.jpg rha.revue.org vitaminedz.org centenaire.org Les élèves de 3ème 1 et leur professeur d’Histoire Géographie M. Da Silva Melendo 2016 -2017 ABASSBHAY Hatim ABDOUL BASTOI Alima ALFRED Ocandis ALFRED Yaël ANDRIAMIRAHO Mathieu BARAU Océane CHAN YI KWAN Catherine CLOUZY Ella DJAOMIHAJA Guylène GRESSET Michaël Elias HONORE Carine LAHADY Bryan LANTONIRINA Mathieu LEONG SANG Stan LOCK Ella MEHAIGNERIE Yoana PICHORI Naama RAFETISON RABENASOLO Jonathan RAKOTOMALALA Kanto RAKOTONINDRAINA Ryan RAMANITRA Andriamihaja RAZAFINDRAKOTO Steven RAZAFINTSILAVINTSOA Phionah RAZANAMALALA Winah TETELIN Thomas TOTO Shenild VALERIE Charlotte VELLUTINI Lova