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un centre administratif et universitaire où sont formés les membres de l’élite gallo-
romaine.
Antiquité tardive
A la fin de l’Empire romain, à l’heure où le christianisme se développe, les barbares
venus de l’est de l’Europe déferlent dans les provinces romaines
. Les temps sont
difficiles. Voici la description que donne Orens, évêque d’Orléans, de l’arrivée des
Barbares dans les années 430 : « La mort a soudain balayé le monde. Dans les
villages et les domaines, dans les champs, aux carrefours, dans chaque bourg, sur les
routes de toutes parts, on ne voit plus que mort, douleur massacres, incendies et
deuil. La Gaule toute entière n’a été qu’un bûcher
».
La Bourgogne et plus particulièrement Auxerre est alors un centre de rayonnement du
christianisme dans sa forme la plus orthodoxe. Saint Germain (378-448) jouit d’une
renommée qui dépasse les frontières du diocèse qu’il administre. Il fait d’Auxerre un
centre spirituel, axé notamment sur le culte des saints (Saint Alban par exemple) et
sur celui des reliques, qui attire de nombreux étrangers. Deux fois de suite, il est
appelé en Grande Bretagne pour lutter contre l’hérésie pélagienne
. Selon son
hagiographe
, lors du premier séjour dans les années 430, il utilise la douceur et la
persuasion pour ramener les brebis égarées dans le droit fil de l’orthodoxie. De
nombreux miracles marquent son séjour ; ils sont autant de manifestations du soutien
de Dieu. Son second voyage en 446 est destiné à venir à bout des pélagiens relapses.
La méthode est plus ferme : les récalcitrants sont tout simplement exilés sur le
continent
. Jean Pierre Soisson avance l’idée que Germain était animé d’un grand
projet : celui de mettre en place une société celto-romaine qui serait différenciée de
la société « germano-romaine » en cours d’installation.
Saint Patrick (386-461), dont la vie fut particulièrement mouvementée passa quelques
années à Auxerre (vers 430) avant de retourner en Irlande pour y évangéliser les
populations.
Un siècle plus tard, Saint Colomban (540-615) venu d’Irlande, passe par Langres,
Nevers et Auxerre au cours de ses nombreuses pérégrinations d’évangélisation.
Il y a donc des échanges entre évangélisateurs de part et d’autre de la Manche.
Les « Barbares » - Huns, Alamans, Vandales, etc. – traversent le Rhin le 31 décembre 406. Le Rhin ne marque plus la
limite de l’Empire romain.
Cité par Jean Pierre Soisson, Saint germain d’Auxerre, Ed. Rocher, 2011.
Pour Pélage (360-422), l’homme n’est pas frappé par le péché originel. S’il fait le mal, c’est du fait de son libre
arbitre. En conséquence, pas de baptême des enfants pour les laver du péché. Pas non plus d’intervention de la grâce
pour obtenir le salut. Ces doctrines furent combattues par Saint Augustin et condamnées par le concile de Carthage en
411 puis 418. La question fut au cœur des débats liés au jansénisme. Les jansénistes ne cesseront de proclamer « que la
cause efficiente du libre arbitre n’est pas une faculté naturelle de la libre volonté, mais la grâce... et que celle-ci doit
libérer la volonté pour que l’homme puisse accomplir des actions non pas seulement surnaturelles mais tout simplement
moralement bonnes ». La volonté a perdu toute liberté à la suite du péché origine; elle subit donc l’attrait du bien qui
produit le mérite, ou du mal qui produit le péché. La grâce, qui seule peut permettre de faire le bien, n’est pas donnée à
tous.
Constance, prêtre à Lyon, a écrit une vie de Saint Germain (Vita Germani) quelque 30 ans après la mort de l’évêque
d’Auxerre.
J.P. Soisson, op. cit. p. 129.