UNIVERSITE LIBRE DE BRUXELLES INSTITUT DES SCIENCES DE LA MOTRICITE LABORATOIRE DE BIOLOGIE APPLIQUEE LABORATOIRE DES SCIENCES DE LA MOTRICITE Unité de Recherche en Neurophysiologie Appliquée Directeur : Professeur J. Duchateau ETUDE DE LA SPECIFICITE DE LA COMMANDE MOTRICE ET DE SA REGULATION PENDANT DIFFERENTS TYPES DE CONTRACTIONS MUSCULAIRES Benjamin Pasquet Dissertation présentée en vue de l'obtention du grade de Docteur en Sciences de la Motricité Année académique 2008-2009 UNIVERSITE LIBRE DE BRUXELLES INSTITUT DES SCIENCES DE LA MOTRICITE LABORATOIRE DE BIOLOGIE APPLIQUEE LABORATOIRE DES SCIENCES DE LA MOTRICITE Unité de Recherche en Neurophysiologie Appliquée Directeur : Professeur J. Duchateau ETUDE DE LA SPECIFICITE DE LA COMMANDE MOTRICE ET DE SA REGULATION PENDANT DIFFERENTS TYPES DE CONTRACTIONS MUSCULAIRES Benjamin Pasquet Dissertation présentée en vue de l'obtention du grade de Docteur en Sciences de la Motricité Année académique 2008-2009 Les travaux présentés dans cette dissertation doctorale ont été réalisés au laboratoire de Biologie Appliquée, au sein de l'Institut des Sciences de la Motricité de l'Université Libre de Bruxelles. Nombreux sont ceux qu'il me tient à cœur de remercier pour m'avoir aidé, soutenu ou accompagné durant ces nombreuses années de thèse. Je remercie en premier lieu le Professeur Karl Hainaut d'avoir eu l'audace d'accueillir au sein de son laboratoire un jeune "Caennais" et de lui avoir ouvert les portes de la recherche scientifique en ces terres Bruxelloises. L'entreprise de cette thèse n'aurait pu commencer sans l'assentiment et la confiance que le Professeur Jacques Duchateau a su m'accorder. Je le remercie tout particulièrement pour m'avoir non seulement dirigé et orienté tout au long de ces années de ses conseils pertinents et de son savoir, mais surtout pour m'avoir donné goût et initié à la recherche scientifique par sa rigueur et ses précieuses réflexions. Ses qualités scientifiques et humaines, son encouragement et ses remarques ont largement contribué à l'aboutissement de cette thèse. Mes remerciements s'adressent également à toute l'équipe du laboratoire qui m'a accompagné et soutenu sur ce long chemin truffé d'expériences et de réflexions. Merci à Margueritte, Morgan et Stéphane pour les bons moments partagés ensemble, leur disponibilité et leur aide précieuse depuis mes débuts au laboratoire. Une pensée plus qu'amicale pour Chris compagnon de bureau et de fête. Merci à Julien pour le travail accompli ensemble depuis l'année dernière ainsi que pour ses observations critiques et justes, sa gentillesse et ses encouragements. Un grand merci à Nathalie et Alain pour leurs conseils avisés et l'attention qu'ils ont porté à l'avancement de mon travail. Merci également à Séverine, Stéphanie et Olivier. Je tiens à remercier Anne Deisser pour savoir me transmettre chaque jour sa bonne humeur et occasionnellement pour ses compétences dactylographiques. Je tiens également à exprimer toute ma gratitude à Paul Demaret et Manuel Hortmanns pour leur dévouement et leur capacité à répondre à nos exigences techniques ainsi que pour leur sympathie et leur disponibilité. Mes remerciements s'adressent à l'ensemble des sujets bénévoles ayant participé aux expérimentations pour leur contribution efficace et pour avoir reçu un bon nombre de décharges électriques au nom de la recherche scientifique.Un clin d'œil spécial à Alex pour ses multiples participations. Merci à Mathieu et Adou pour l'impression de ce manuscrit. Que la force du wake soit avec vous! Interrogé dans le cadre d’une enquête consacrée au doctorat, un professeur témoignait: "le doctorat, c’est surtout une question de résilience, de résistance et de survivance". Personnellement, je n’aurais pas survécu à cette aventure si je n’avais pu compter sur la main tendue et prête à me relever de mon entourage. Ma reconnaissance s’adresse tout spécialement : A mes parents qui m’ont toujours encouragé dans mes choix et m'ont transmis des valeurs humaines inestimables; A mes frères Thomas et Johan, ma belle sœur Guylaine sans oublier ma nièce Garance, pour tous les messages de soutien que j’ai reçu de leur part; A Peps, Maritchou et Michael pour leur amitié, leur irremplaçable et inconditionnel soutien. Leurs encouragements, leurs réflexions et leur présence, m’ont épaulé et ont eu le don de me "rebooster" dans les périodes difficiles. Nos relations privilégiées m'enrichissent chaque jour; Aux combattants du futur pour toutes ces heures à partager des moments inoubliables qui n'ont eu de cesse de mettre de la couleur dans ma vie. En avant combattant pour un futur épatant!! Je garde un remerciement spécial emprunt d'émotion et de tendresse pour Maud, ma compagne, pour l'amour dont tu as fait preuve en me supportant depuis plus de deux ans! Aux merveilleux moments que nous partageons et à ceux que nous partagerons… TABLE DES MATIERES INTRODUCTION 1 CHAPITRE I : REVUE DE LITTERATURE 6 I.1. Structure générale du muscle squelettique 6 I.2. Aspects mécaniques de la contraction 8 I.2.1. Relation tension-longueur 9 I.2.1.1. Fibre isolée 9 I.2.1.2. Muscle entier 11 I.2.2. Relation force-vitesse 15 I.2.2.1. Fibre et muscle in vitro 15 I.2.2.2. Muscle in situ 17 I.3. Commande nerveuse et activation musculaire 22 I.3.1. Mécanismes périphérique de modulation de la force 22 I.3.2. Techniques d’évaluations de l’activation nerveuse 23 I.3.2.1. Electromyographie de surface 23 I.3.2.2. Technique de la secousse surimposée 24 I.3.2.3. Réflexe de Hoffmann 24 I.3.3. Spécificité de la longueur musculaire 27 I.3.4. Régulation nerveuse spécifique et stratégie de contrôle du mouvement par le système nerveux central 30 I.3.5. Contraction volontaire maximale et technique de la secousse surimposée 32 I.3.6. Coactivation des muscles antagonistes 34 I.3.7. Recrutement des unités motrices 36 I.3.7.1. Effets de la longueur du muscle 36 I.3.7.2. Modification de l’ordre de recrutement des unités motrices 37 I.3.7.3. Fréquence de décharge des unités motrices 41 I.3.8. Excitabilité de la voie corticospinale 42 I.3.9. Excitabilité spinale et mécanismes périphériques sous-jacents 44 I.3.9.1. Lors de sollicitations passives 44 I.3.9.2. Modulation lors de contractions volontaires 47 I.4. Fatigabilité neuromusculaire 50 I.4.1. Mécanismes sous-jacents 50 I.4.2. Fatigabilité neuromusculaire lors de sollicitations excentriques 52 I TABLE DES MATIERES CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES ETUDE I : FATIGABILITE 58 NEUROMUSCULAIRE LORS DE CONTRACTIONS 59 CONCENTRIQUES ET EXCENTRIQUES I.1. Introduction 59 I.2. Matériel et méthodes 61 I.2.1. Sujets 61 I.2.2. Appareillage et dispositif expérimental 62 I.2.3. Enregistrements mécaniques et électromyographiques 63 I.2.4. Stimulation électrique 64 I.2.5. Protocole expérimental 65 I.2.6. Mesures 67 I.2.7. Analyse statistique 68 I.3. Résultats 68 I.3.1. Couple de force et activité électromyographique pendant les contractions fatigantes 68 I.3.2. Contraction volontaire maximale isométrique suivant les contractions fatigantes 72 I.3.3. Activation nerveuse 74 I.3.4. Propriétés contractiles du muscle pendant les contractions fatigantes 75 I.3.5. Propriétés électriques du muscle pendant les contractions fatigantes 79 I.3.6. Potentiation de post-activation 81 82 I.4. Discussion ETUDE II : INFLUENCE COMPORTEMENT DES DE LA LONGUEUR DES FASCICULES SUR LE UNITES MOTRICES LORS DE ISOMETRIQUES CONTRACTIONS 88 II.1. Introduction 88 II.2. Matériel et méthodes 90 II.2.1. Sujets 90 II.2.2. Appareillage et dispositif expérimental 90 II.2.3. Enregistrements mécaniques et électromyographiques 90 II.2.4. Protocole expérimental 92 II.2.5. Mesures 94 II TABLE DES MATIERES II.2.6. Ultrasonographie 94 II.2.7. Analyse statistique 96 96 II.3. Résultats II.3.1. Couple de force maximal, activité électromyographique et longueur des fascicules 96 II.3.2. Ordre de recrutement et fréquence de décharge des unités motrices 97 II.3.3. Architecture musculaire : angle de pennation et longueur des fascicules 101 103 II.4. Discussion ETUDE III : INFLUENCE DU REGIME DE CONTRACTION SUR LE RECRUTEMENT ET L'ACTIVATION DES UNITES MOTRICES 108 III.1. Introduction 108 III.2. Matériel et méthodes 110 III.2.1. Sujets 110 III.2.2. Appareillage et dispositif expérimental 111 III.2.3. Enregistrements mécaniques et électromyographiques 111 III.2.4. Protocole expérimental 112 III.2.5. Mesures 114 III.2.6. Ultrasonographie 115 III.2.7. Analyse statistique 115 III.3. Résultats III.3.1. Couple de force et activité EMG enregistrés lors des CVM 116 116 III.3.2. Comportement des unités motrices lors de contractions concentriques et excentriques sous-maximales 116 III.3.3. Recrutement d'unités motrices supplémentaires 120 III.3.4. Activités EMG enregistrées lors de contractions sous-maximales 122 III.3.5. Modification de la longueur des fascicules 124 III.4. Discussion 126 ETUDE IV : SPECIFICITE DE LA MODULATION CENTRALE ET PERIPHERIQUE LORS DE CONTRACTIONS CONCENTRIQUES ET EXCENTRIQUES 132 IV.1. Introduction 132 IV.2. Matériel et méthode 134 III TABLE DES MATIERES IV.2.1. Sujets 135 IV.2.2. Appareillage et dispositif expérimental 135 IV.2.3. Enregistrements mécaniques et électromyographiques 135 IV.2.4. Déclenchement du réflexe H et de l’onde M 136 IV.2.5. Réflexe H’ 137 IV.2.6. Stimulation magnétique transcorticale 137 IV.2.7. Protocole expérimental 139 IV.2.8. Mesures 141 IV.2.9. Analyse statistique 141 IV.3. Résultats 142 IV.3.1. Couple de force et activité EMG enregistrées lors des CVM 142 IV.3.2. Activité EMG enregistrées lors des contractions sous-maximales 143 IV.3.3. Modulation du réflexe H lors de sollicitations isométriques 146 IV.3.4. Modulation du réflexe H lors de sollicitations concentriques et excentriques 147 IV.3.5. Modulation du potentiel moteur évoqué par stimulation magnétique transcorticale lors de sollicitations isométriques 150 IV.3.6. Modulation du potentiel moteur évoqué par stimulation transcorticale lors de sollicitations concentriques et excentriques 151 IV.3.7. Modulation du réflexe H’ lors de sollicitations isométriques 153 IV.3.8. Modulation du réflexe H’ lors de sollicitations concentriques et excentriques sous-maximales IV.4. Discussion 154 156 IV.4.1. Considérations méthodologiques 157 IV.4.2. Modulations spinales/supraspinales lors de sollicitations isométriques 159 IV.4.3. Modulations spinales/supraspinales lors de sollicitations concentriques et excentriques 162 CHAPITRE III : DISCUSSION GENERALE ET CONCLUSION 168 BIBLIOGRAPHIE 181 IV INTRODUCTION INTRODUCTION Les contractions en allongement du muscle (i.e. contractions de type excentrique) interviennent fréquemment dans nos activités quotidiennes ainsi que dans la plupart des gestes sportifs. Ce type de contraction est classiquement associé à des niveaux de force élevés et à une plus grande efficacité mécanique comparativement aux contractions en raccourcissement du muscle (i.e. contractions concentriques). Les contractions excentriques s'accompagnent par ailleurs d'un moindre coût énergétique (Ryschon et coll., 1997) mais aussi, de niveaux de tension susceptibles d’endommager le système musculo-tendineux (Fridén et Lieber, 1992, Clarckson et Newham, 1995, Lieber et coll., 1996). Ces deux dernières décennies, plusieurs résultats expérimentaux ont en outre suggéré que ce type de contraction résulterait d'une stratégie de contrôle spécifique adoptée par le système nerveux central au cours d'activation volontaire du muscle (Enoka, 1996). L'idée selon laquelle le système nerveux commanderait la contraction excentrique différemment comparativement aux autres modes de contraction repose sur le fait que ce type de contraction induit des comportements électromyographiques différents comparativement aux contractions de type concentrique. Une plus grande coactivation des muscles antagonistes (Pinniger et coll., 2000) ainsi qu'une meilleure synchronisation des unités motrices (Semmler et coll., 2002) ont par exemple été rapportés au cours de contractions excentriques comparativement aux contractions concentriques. Il semble de plus difficile d’activer totalement le pool d’unités motrices pendant une contraction excentrique maximale, tandis que l’activation volontaire semble habituellement maximale en mode concentrique (Westing et coll., 1991). Plusieurs études ont ainsi montré que la fréquence de décharge moyenne des unités motrices (Tax et coll., 1989, Howell et coll., 1995, Søgaard et coll., 1996, Kossev et Christova, 1998, Semmler et coll., 2002, Linnamo et coll., 2003, Del Valle et Thomas, 2005) et que l’activité EMG (Doss et Karpovitch, 1965, Komi et Burskirk, 1972) sont généralement plus basses lors de contractions excentriques comparativement au mode concentrique. L'étude des activités réflexes et des potentiels moteurs évoqués par stimulation transcraniale a par ailleurs rapporté une réduction de l'excitabilité spinale (Romanò et Schieppati, 1987, Nordlund et coll., 2002, Duclay et Martin, 2005) et supraspinale (Abbruzzese et coll., 1994, Sekiguchi et coll., 2001, 2003) lors de contractions excentriques. Parallèlement à cette réduction de l’excitabilité du pool de motoneurones, ce type de sollicitation est caractérisé par 1 INTRODUCTION une activité corticale (Fang et coll., 2004) et un retour sensoriel périphérique (Burke et coll., 1978, Hulliger et coll., 1985) plus importants par rapport au mode concentrique. Ces données suggèrent non seulement que lors de sollicitations excentriques, l’activité nerveuse est inhibée au niveau spinal mais aussi que l’excitabilité de la voie corticospinale est réduite. Quelle que soit leur origine, plusieurs mécanismes nerveux susceptibles de modifier l’activation du muscle lors de ce type de sollicitation ont été suggérés. Toutefois, la majorité des études qui se sont intéressées aux modifications de la balance "excitation-inhibition" lors de sollicitations excentriques, n’ont fait que comparer les valeurs pour un angle donné. Etant donné les modulations possibles tant au niveau spinal que supraspinal des mécanismes nerveux mis en jeu, il semble dès lors important d’analyser leur modulation pendant le mouvement et aux différents angles investigués. L'hypothèse d'une stratégie unique d'activation en excentrique a été renforcée par certains travaux ayant rapporté que ce type de contraction était associé à un recrutement sélectif des unités motrices à seuil élevé (fatigables et rapides) accompagné d’un dérecrutement des unités motrices à seuil bas (résistantes et lentes) (Nardone et coll., 1989, Howell et coll., 1995, Linnamo et coll., 2003). Toutefois, cette inversion de l'ordre de recrutement des unités motrices ne semble pas faire l'unanimité (Garland et coll., 1994, Søgaard et coll., 1996, Bawa et Jones, 1999, Stotz et Bawa, 2001). De plus, un recrutement sélectif d'unités motrices rapides en excentrique n'est pas cohérent avec la meilleure résistance à la fatigue observée pendant la répétition de contractions maximales excentriques comparativement aux contractions concentriques (Gray et Chandler, 1989, Tesch et coll., 1990, Crewshaw et coll., 1995, Hortobagyi et coll., 1996, Grabiner et Owings, 1999, Kay et coll., 2000). Le but de cette dissertation doctorale est de mieux comprendre les mécanismes de contrôle tant centraux que périphériques qui sont à l’origine de cette régulation neuromusculaire lors de mouvement impliquant des contractions de type excentrique. Le premier chapitre de ce travail est consacré à une analyse critique de la littérature scientifique. Nous y proposerons une synthèse des connaissances actuelles relatives aux caractéristiques mécaniques, structurelles et d’activation liées à la contraction tant isométriques que dynamiques (concentriques vs. excentriques). Nous développerons entre autre les régulations susceptibles d’être mises en jeu au cours de ce type de contraction à l’échelle du système nerveux central et périphérique (commande descendante et afférences 2 INTRODUCTION périphériques), de l’unité motrice (unité fonctionnelle du muscle) et du muscle lui-même (architecture musculaire). Le second chapitre regroupe les données expérimentales et les discussions des résultats de nos différentes investigations. L’étude I est destinée à comparer la fatigabilité neuromusculaire observée pour les différents régimes de contractions volontaires maximales dynamiques (concentrique et excentrique). Afin de mieux comprendre les mécanismes à l’origine d’une moindre altération des capacités de force pour le régime excentrique lors de ces épreuves de fatigue, nous nous sommes particulièrement intéressés à une éventuelle participation de facteurs nerveux. L’objectif de cette première étude était surtout d’analyser la contribution relative des mécanismes nerveux et musculaires à l’origine de la fatigue ainsi que leur décours dans le temps en fonction du mode de contraction. Dans la seconde étude, nous nous sommes intéressés à l’effet du changement de longueur des fascicules musculaires sur le recrutement et la fréquence de décharge d’une même unité motrice lors de contractions isométriques sous-maximales. Ensuite, afin de vérifier s’il existe une stratégie d’activation unique des unités motrices lors de sollicitations excentriques, nous avons entrepris d’analyser leurs modulations de recrutement et de fréquence d’activation au cours de sollicitations excentriques et concentriques sousmaximales induisant des variations similaires de la force et réalisées à vitesse angulaire constante (étude III). Les modifications de la longueur des fascicules musculaires ont été mesurées à l’aide d’enregistrements ultrasonographiques. Cela nous a permis de coupler les modifications de l'architecture intrinsèque du muscle au comportement des unités motrices. Enfin, notre quatrième étude est consacrée à l’évaluation de l’excitabilité spinale et supraspinale en fonction de l'angle articulaire lors de sollicitations isométriques d'une part, ainsi qu’au cours des deux modes de contractions dynamiques (concentriques et excentriques) d'autre part. Dans un premier temps, nous avons analysé aux différents angles explorés au cours du mouvement, la régulation des activités réflexes et des potentiels moteurs évoqués par stimulation transcorticale sur le même muscle et dans des conditions de contractions similaires aux études II et III. Cette étude nous a permis de vérifier le niveau d’inhibition de la commande descendante volontaire par les mécanismes nerveux intervenant au niveau spinal lors de ces différents modes de sollicitations. Dans un second temps, ces modulations ont également été étudiées lors de contractions concentriques et excentriques des muscles antagonistes (soléaire et gastrocnémien médial) et ce, pour une position angulaire 3 INTRODUCTION intermédiaire de l'articulation. Cette seconde partie a été investiguée au cours de sessions expérimentales supplémentaires dans le but de comparer des groupes musculaires dont la sensibilité aux inhibitions est différente. Le troisième chapitre correspond à la discussion générale et la conclusion. Il consiste en l'analyse globale de l'ensemble de nos résultats expérimentaux et la mise en relation de ceux-ci avec la littérature dans ce domaine. Nous verrons comment nos résultats documentent de manière originale les modifications fonctionnelles et structurelles du muscle et de ses unités motrices en fonction de la longueur du muscle et du mode de contraction. 4 CHAPITRE I REVUE DE LITTERATURE CHAPITRE I - REVUE DE LITTERATURE CHAPITRE I : REVUE DE LITTERATURE I.1. Structure générale du muscle squelettique L'élément fondamental du tissu musculaire strié est la cellule musculaire squelettique, responsable des mouvements volontaires et du maintien de la posture. Cette cellule est sous l'influence du système nerveux central, mais c’est l’agencement des différentes structures intracellulaires qui lui confère sa forme et sa fonction. La cellule musculaire est caractérisée par une striation transversale résultant de l'organisation axiale des myofibrilles qui forment des unités répétitives, les sarcomères (figure 1). Ceux-ci sont composés de filaments épais : la myosine et de filaments fins : l'actine. Les filaments fins et épais sont associés à d'autres protéines sarcomériques qui soutiennent l'architecture du sarcomère. Parmi celles-ci la titine relie le filament de myosine à la strie Z maintenant le bon centrage des filaments d'actine et de myosine. Cette dernière jouerait un rôle important dans l'élasticité de la fibre (en se comportant comme un ressort de décompression). La nébuline, de même longueur que le filament d'actine, s'insère sur la strie Z et conditionne la longueur d’assemblage de l'actine. La protéine Z et l'alpha-actinine sont aussi des protéines constitutives importantes puisqu’elles permettent d’accoler les filaments d'actine à la strie Z. Enfin, la desmine assure la connexion des stries Z entre eux et donc la stabilité de la structure de la fibre musculaire au niveau latéral. Figure 1. Modèle simplifié de deux sarcomères disposés en parallèle. Le sarcomère est constitué de filaments fins (actine), de filaments épais (myosine) et de filaments de titine. Les stries Z, sur lesquelles sont fixés les complexes actiniques, sont reliées entre elles et à la membrane cellulaire. La disposition imbriquée des filaments d'actine et de myosine permet leur glissement réciproque (Modifiée d'après Horowits et coll., 1989). 6 CHAPITRE I - REVUE DE LITTERATURE La contraction musculaire est permise grâce à l'interaction entre les filaments. La théorie qui prévaut actuellement pour expliquer comment les muscles créent des tensions internes est celle dite "des filaments glissants" développée par Hanson et Huxley (1955). Elle stipule qu’une contraction musculaire de type concentrique est réalisée par le raccourcissement des fibres musculaires et résulte du glissement actif des filaments épais de myosine entre les filaments fins d'actine. Ce glissement a d'abord été mis en évidence par microscopie électronique. Par la suite, des grossissements plus poussés ont confirmé les premiers résultats comme le montre la figure 2 lors d'enregistrements réalisés au cours d'une contraction en raccourcissement de l'échantillon de fibres musculaires. C'est le degré de recouvrement qui informera sur les possibilités de production de force (nombres de ponts d'acto-myosine). Comme nous le verrons dans le chapitre suivant, des relations entre les grandeurs mécaniques ont pu être mises en évidence en condition statique pour une longueur de fibre musculaire donnée (relation force-longueur) ou un angle articulaire donné (relation force-angle) ou en condition dynamique à une vitesse de mouvement donnée (relation forcevitesse). Muscle relâché Muscle contracté Raccourcissement du sarcomère Figure 2. Mise en évidence du glissement des filaments composant le sarcomère par la microscopie électronique à fort grossissement (Modifiée d'après Huxley, 1954). Le déplacement de la myosine sur l'actine est possible grâce à la formation de liaisons ou "ponts" formés entre ces deux molécules, en suivant un processus cyclique. Une molécule d’ATP se fixe sur la tête de myosine puis sera hydrolysée. Cette dernière va fournir l'énergie nécessaire à la bascule des têtes de myosine exerçant ainsi une traction sur les filaments fins pour les faire glisser. La régulation de la contraction musculaire est réalisée par une molécule associée à la molécule d'actine, la tropomyosine qui au repos masque le site de la liaison actine-myosine. La libération de ce site est sous l'influence des ions calcium initialement 7 CHAPITRE I - REVUE DE LITTERATURE contenus dans les citernes du réticulum sarcoplasmique. L'influx nerveux, provoque une dépolarisation de la membrane plasmique qui s'étend le long des membranes du système tubulaire transverse. Cette dépolarisation va provoquer l’ouverture des canaux calcique par l'intermédiaire du système "dihydropyridine-ryanodine" entraînant la libération du calcium qui active la contraction musculaire. La force générée sera directement proportionnelle au nombre de ponts d'actine-myosine formés (taux de recouvrement entre les deux myofilaments), et selon la force extérieure qui s'oppose à la tension ainsi générée, il y aura ou non raccourcissement du muscle. I.2. Aspects mécaniques de la contraction La représentation des propriétés mécaniques et de l’ultrastructure du muscle strié squelettique fait classiquement appel à un modèle mécanique proposé initialement par Hill en 1938 et actualisé par la suite (Shorten, 1987; figure 3). Figure 3. Modélisation du muscle selon trois composantes : une composante contractile (CC), une composante élastique disposée en parallèle (CEP) et une composante élastique disposée en série (CES) contenant des éléments actifs et passifs. (D’après Shorten, 1987). Ce modèle à trois composantes fait apparaître l’existence d’un système contractile (CC ; ponts d’acto-myosine), d’un système élastique disposé en série (CES) et d’un système élastique en parallèle (CEP) au sein du système musculaire. La CES, séparée en une fraction active (localisée au niveau des ponts et des myofibrilles) et passive (localisée au niveau des tendons et du tissu conjonctif), assure la transmission de la force contractile à la périphérie. 8 CHAPITRE I - REVUE DE LITTERATURE Cette modélisation a ainsi permis de caractériser le muscle squelettique en termes de relations caractéristiques et de décrire, d'une part, les propriétés statiques entre la force et la longueur du muscle (relation force–longueur) et, d'autre part, les propriétés dynamiques entre la force développée et la vitesse à laquelle le muscle se raccourcit ou s’allonge (relation force–vitesse). I.2.1. Relation tension-longueur I.2.1.1. Fibre isolée Les travaux réalisés sur fibres musculaires isolées par microdissection (Gordon et coll., 1966, Edman et Andersson, 1968) indiquent que la relation entre la tension tétanique et la longueur de celles-ci est de type parabolique (figure 4). A B Figure 4. Relation tension-longueur du sarcomère en termes de filaments glissant. Les tensions développées, pour différentes longueurs de sarcomères lors de contractions tétaniques isométriques de fibres isolées, à 0°C, sont représentées en (A). Les chiffres de 1 à 6 renvoient à la disposition des filaments au sein d’un sarcomère, illustrée en (B) et déduite d’observation au microscope. (D’après Gordon et coll., 1966). Cette relation tension-longueur, caractéristique de la composante contractile, présente en effet une force de contraction maximale pour une longueur proche de la longueur de repos c’est-à-dire lorsque le recouvrement entre les filaments d’actine et de myosine est quantitativement optimal. La diminution de la tension active ainsi observée lorsque la fibre est 9 CHAPITRE I - REVUE DE LITTERATURE en position raccourcie (partie "ascendante" de la courbe) ou allongée (partie "descendante" de la courbe) s’explique principalement par une réduction du nombre de ponts consécutif à un raccourcissement ou à un allongement du sarcomère au-delà du chevauchement optimal entre les filament fins d'actine et épais de myosine (Gordon et coll., 1966, Edman et Andersson, 1968, Lieber et coll., 1994, Rassier et coll., 1999). Une seconde relation tension-longueur dite "passive" (Hill, 1968) correspond à la force de résistance générée de façon passive par la fibre lorsque, non stimulée, elle est soumise à un allongement qui la place à une longueur supérieure à la longueur optimale. Dans la majorité des cas, on note une relation exponentielle entre la force passive et le degré d’allongement, ce qui correspond à une évolution linéaire de la raideur avec la force passive, car le tissu musculaire n’a pas un comportement élastique mais viscoélastique. La contribution mécanique de cette composante élastique est nulle aux alentours de la position de repos et augmente au fur et à mesure que l’on s’en écarte. Depuis les travaux de Magid et Law (1985) qui ont montré que la relation entre tension de repos et longueur est semblable pour un muscle entier et une fibre isolée, il est admis que la majeure partie de la tension de repos a pour origine les myofibrilles elles-mêmes. Les travaux de Horowits et collaborateurs (1986) ont clairement établi la participation des filaments de titine dans la génération de cette tension de repos. D’autres structures telles que le réticulum sarcoplasmique, le sarcolemme, les tissus conjonctifs, etc., n’interviendraient que pour des allongements très importants. Quant à l’intervention de ponts d’union dans la production de tension passive, évoquée initialement par Hill (1968), il s’agit d’un problème toujours en discussion où s’opposent les partisans de la présence de ponts "faiblement attachés" (Rack et Westbury, 1969) et ceux d’une interprétation purement viscoélastique des phénomènes observés (pour une revue voir Proske et Morgan, 1999). La somme de ces deux courbes, tension active et tension passive, donne la courbe de tension totale que peut produire le muscle en fonction de la longueur à laquelle il est activé (figure 5A). On voit que, selon cette longueur, la tension générée impliquera la composante contractile et/ou la composante élastique. La tension sera donc plus importante lorsque la longueur optimale sera dépassée. 10 CHAPITRE I - REVUE DE LITTERATURE I.2.1.2. Muscle entier Comme on a pu le voir sur la fibre isolée, la force développée lors d’une contraction volontaire isométrique dépend de la longueur à laquelle le muscle se trouve au moment de sa contraction. Les travaux de Rack et Westbury (1969) réalisés sur le muscle soléaire de chat par contraction électro-induite, ont clairement montré qu’il existe une relation réciproque entre la force développée et la longueur du muscle (figure 5A). A B Figure 5. Relation tension-longueur isométrique obtenue sur le muscle soléaire de chat (A) au cours d’une stimulation tétanique de 50 pulses par seconde (Tetanus) et d'une secousse isolée (Twitch). Le tracé en pointillé inférieur correspond à la tension passive développée en fonction de la longueur du muscle. Les tracés continus et pointillés indiquent respectivement les tensions active et totale (active + passive) mesurées dans les deux paradigmes expérimentaux (Tetanus et Twitch). Les longueurs moyennes du muscle (cm) et des sarcomères (µm) correspondants aux différentes positions angulaires de cheville (degrés) sont indiquées en abscisse. En B, sont illustrées les tensions isométriques obtenues lors de simples stimulations à différentes longueurs de muscle. La longueur pour laquelle la secousse est la plus importante correspond à un angle de cheville de 30°. Les autres secousses sont enregistrées en raccourcissant le muscle par pas de 5 mm. (D’après Rack et Westbury, 1969). Ces auteurs ont analysé l'effet de la fréquence de stimulation sur la tension développée à différentes longueurs de muscle. La tension isométrique maximale est obtenue pour une faible fréquence de stimulation lorsque le muscle se trouve en position allongée, tandis qu’en position raccourcie, la tension maximale n’est atteinte que pour des fréquences de stimulation très élevées. Par ailleurs, l’allure de la secousse mécanique obtenue par simple stimulation 11 CHAPITRE I - REVUE DE LITTERATURE présente une réduction non seulement de son amplitude maximale mais aussi de sa durée de contraction et de relaxation avec le raccourcissement du muscle (figure 5B). Dans cette étude, les auteurs ont mis en relation la longueur des sarcomères avec celle du muscle entier et l’angle articulaire. La diminution de la force active observée lorsque le muscle est raccourci s’explique principalement par une réduction du nombre de ponts entre les filaments d’actine et de myosine consécutive au raccourcissement des sarcomères. A l’inverse, toute augmentation de la longueur du muscle s’accompagne d’une augmentation de force jusqu’à une longueur optimale témoignant des propriétés élastiques des structures tendineuses ainsi que de la plus grande tension exercée par chaque pont jusqu’à leur point de rupture mécanique (Rack et Westbury, 1969; figure 5A). Lors de mouvement mono-articulaires, les variables mécaniques du muscle humain in situ sont mesurées au niveau du segment osseux mobilisé et la relation entre le couple de force développé et l’angle articulaire constitue l’expression périphérique de cette propriété. La relation "couple de force-angle" obtenue chez l’homme lors de contractions isométriques volontaires ou électro-induites présente généralement une allure parabolique avec un angle optimal pour lequel le couple de force développé est maximal (Pertuzon, 1970, Thorstensson, 1976, Leedham et Dowling, 1995; figure 6). Ainsi, toute diminution de la longueur du muscle est associée à une réduction de la tension développée. Cette relation entre les propriétés mécaniques du muscle et l’angle articulaire a été de nombreuses fois observée et ce concernant des groupes musculaires relativement variés tels les muscles fléchisseurs dorsaux (Marsh et coll., 1981, Gandevia et McKenzie, 1988, Bigland-Ritchie et coll., 1992) et plantaires de la cheville (Sale et coll., 1982), les fléchisseurs du coude (Leedham et Dowling, 1995, Kasprisin et Grabiner, 2000, Komi et coll., 2000) et les extenseurs du genou (Suter et Herzog, 1997, Pavol et Grabiner, 2000, Becker et Awiszus, 2001, Babault et coll., 2003). Les modifications des propriétés contractiles du muscle associées aux courtes longueurs s’expriment par une réduction de l’amplitude maximale, de la durée du temps de contraction et du temps de demi-relaxation de la secousse mécanique obtenue par simple stimulation (Marsh et coll., 1981, Sale et coll., 1982, Gandevia et McKenzie, 1988, Bigland-Ritchie et coll. 1992). 12 CHAPITRE I - REVUE DE LITTERATURE Figure 6. Relation couple de force-angle articulaire obtenue chez l’homme lors de contractions isométriques volontaires maximales (ligne pleine) et électro-induites (30Hz; ligne pointillées) des muscles fléchisseurs du coude. (D’après Leedham et Dowling, 1995). D’après l’étude de Gandevia et McKenzie (1988), réalisée sur les muscles abducteur du petit doigt, fléchisseurs du coude et tibial antérieur, la courbe force-fréquence déterminée à l’aide de brefs trains d’impulsions électriques présente un glissement vers la droite avec la réduction de la longueur du muscle (figure 7). Ainsi, la réduction d’environ 10% de la durée de contraction de la secousse aux courtes longueurs sera associée à une augmentation de la fréquence de stimulation nécessaire pour atteindre la contraction tétanique maximale. A B Figure 7. En A : effet de la longueur du muscle sur la courbe force-fréquence obtenue sur le muscle abducteur du petit doigt tétanisé. Les trains de stimulations sont délivrés au niveau du point moteur du muscle en position de contrôle (longueur de repos; ●) et raccourcie (30°d’abduction ; ○). La relation entre la force tétanique obtenue à la longueur de repos et celle enregistrée à la longueur raccourcie pour différentes fréquences de stimulation est illustrée en B. (D’après Gandevia et McKenzie, 1988). 13 CHAPITRE I - REVUE DE LITTERATURE Il existe toutefois une grande variabilité au niveau des courbes couple de force-angle. Tout d’abord, cette relation n’est pas le seul reflet de la propriété force–longueur : elle dépend étroitement des variations du bras de levier des muscles en fonction de l’angle articulaire. La longueur optimale du muscle varie en fonction de l’équilibre des forces qui s’exercent au niveau des muscles agonistes et antagonistes contrôlant une même articulation. Ainsi, Marsh et collaborateurs (1981) ont montré que le muscle tibial antérieur présente une longueur optimale à 10° de flexion plantaire, qu’il s’agisse de contraction maximale volontaire ou tétanique induite par un train de stimulation électrique. En position intermédiaire la contribution de ce muscle est inférieure à la moitié du couple de force maximal volontaire développé en flexion dorsale, la contribution principale étant assurée par les extenseurs des orteils. L’allure de la courbe peut aussi être influencée par la richesse et la distribution du tissu conjonctif qui va influencer la pente de la relation tension-longueur passive ainsi que la longueur à partir de laquelle la tension de repos commence à s’exercer. Ainsi, le soléaire de chat présente une tension passive élevée dès les courtes longueurs (Gareis et coll., 1992). De plus, contrairement à la raideur mesurée sur la fibre isolée, l’évolution de la raideur globale du complexe musculo-tendineux en fonction du couple de force présente une allure non-linéaire (Parmiggiani et Stein, 1981, Ito et coll., 1998). La croissance de la raideur globale avec le couple de force est beaucoup plus marquée pour les faibles niveaux de couples de force. Ainsi, pour les fléchisseurs dorsaux de la cheville, cette raideur devient constante à partir de 50% du couple de force maximal (Sinkjaer et coll., 1988). Il existe en outre une asymétrie de comportement des structures entre les fléchisseurs et les extenseurs tant pour la cheville que pour le coude. Aux faibles valeurs de couple de force, la raideur des fléchisseurs plantaires est deux fois supérieure à celle des fléchisseurs dorsaux (Toft et coll., 1991). Enfin, l’angle de pennation du muscle influence également la relation puisque la force maximale développée par un muscle est proportionnelle à sa surface de section (Ikai et Fukunaga, 1968). Pour un muscle penné, la section physiologique (perpendiculaire à la direction des fibres) est cependant supérieure à la section anatomique (perpendiculaire à la direction générale du complexe muscle-tendon). Par conséquent, son couple de force maximal sera supérieur à celui d’un muscle fusiforme mais toute augmentation de l'angle de pennation des fibres musculaires aura pour effet de disposer les fibres musculaires selon un angle moins optimal par rapport à la ligne d’action du muscle réduisant ainsi leur capacité à produire une force maximale lors de leur activation (Ito et coll., 1998, Narici, 1999, Maganaris et coll., 2001). 14 CHAPITRE I - REVUE DE LITTERATURE I.2.2. Relation force-vitesse I.2.2.1. Fibre et muscle in vitro Nous avons vu que la force produite par une fibre musculaire isolée dépend de la superposition des filaments, et par conséquent de la longueur des sarcomères. Mais la force varie également en fonction de la vitesse avec laquelle la fibre se raccourcit. Depuis les travaux de Hill (1922), on sait que la force exercée par un muscle isolé décroît lorsque sa vitesse de raccourcissement augmente. A l’issue d’expérimentations réalisées sur l’animal, une relation force–vitesse hyperbolique a ainsi été mise en évidence sur un grand nombre de fibres (Lännergren, 1978, Edman et coll., 1978, Flitney et Hirst, 1978, Lombardi et Piazzesi, 1990) et de muscles isolés (Katz, 1939, Joyce et coll., 1969, Joyce et Rack, 1969, Stienen et coll., 1992, Roots et coll., 2007). Cette relation mesurée dans des conditions isotoniques (force constante) ou isocinétiques (vitesse constante) de raccourcissement présente donc une vitesse de raccourcissement maximale pour une charge nulle. Les travaux réalisés chez l’homme à partir de fibres isolées par biopsie musculaire montre un comportement similaire (Bottinelli et coll., 1996). L’allure de cette relation s’explique principalement par la cinétique des ponts d’union (Woledge et coll., 1985, Gordon et coll., 2000). En effet, plus grande est la vitesse de raccourcissement, plus court est le temps pendant lequel la tête de myosine est à proximité d’un site de liaison d’actine et, par conséquent, plus petite est la proportion de ponts susceptibles de s’attacher. En outre, les ponts attachés sont, en moyenne, moins étirés et produisent donc moins de force. Enfin, une proportion de ponts est déplacée dans une position pour laquelle ils s’opposent au mouvement et, par conséquent, réduisent la force totale. La réponse mécanique de la structure musculaire lors de son allongement (contraction excentrique) a depuis de nombreuses années fait l’objet d’études chez l’animal à partir de muscles isolés (Katz, 1939, Joyce et Rack, 1969) et de fibres isolées par microdissection (Edman et coll., 1978, Lännergren, 1978, Lombardi et Piazzesi, 1990, Stienen et coll., 1992). Lors de contractions excentriques, la tension développée est plus importante que la force isométrique et varie avec la vitesse à laquelle la structure est allongée (figure 8). 15 CHAPITRE I - REVUE DE LITTERATURE Figure 8. Relation entre la force et la vitesse de raccourcissement (vitesses positives – contractions concentriques) et d’allongement (vitesses négatives – contractions excentriques) pour 5 fibres musculaires isolées de grenouille activées. Les symboles vides et pleins correspondent respectivement à la phase initiale rapide et à la phase suivante plus lente de la mise en tension lors de l’allongement. (Modifiée d’après Lännergren, 1978). L’augmentation de la force en régime excentrique peut être expliquée d’après le modèle de Huxley (1957). Durant l’allongement, les portions compliantes des ponts d’une part et les structures élastiques passives disposées en parallèle avec la composante contractile (membranes cellulaires, tissu conjonctif, etc.) d’autre part, sont étirées au-delà de ce qui est le cas en isométrique. Dans cette condition, la tension développée est supérieure à la contraction isométrique. De plus, cette augmentation de la force témoignerait d’un nombre plus élevé de ponts formés entre l’actine et la myosine au cours d’une contraction excentrique comparativement aux autres modes (Linari et coll., 2000). Quand la vitesse d’allongement augmente, la force tend néanmoins vers un plateau, atteignant une valeur de 1.4 à 2 fois la force isométrique. Chez l’homme, l’étude de Linari et collaborateurs (2004) révèle une relation force-vitesse de la fibre isolée d’allure tout à fait similaire. De même, Joyce et Rack (1969) ont rapporté un comportement mécanique identique pour différentes fréquences de stimulation du muscle (figure 9). 16 CHAPITRE I - REVUE DE LITTERATURE Figure 9. Relation entre la force et la vitesse de raccourcissement et d'allongement au niveau du muscle soléaire de chat activé à différentes fréquences de stimulations. La force est mesurée au début du mouvement provoqué par l'ajout ou le retrait d'une charge (condition isotonique). Chaque mouvement dans le sens d'un raccourcissement ou d’un allongement est initié à partir d’une contraction isométrique et pour un angle de cheville de 70°. (D’après Joyce et Rack, 1969). Avec l’allongement, un détachement "forcé" des têtes de myosine a lieu sans hydrolyse d’ATP (Woledge et coll., 1985, Lombardi et Piazzesi, 1990, Morgan et Allen, 1999). Pour des allongements relativement lents, une certaine proportion de ponts va encore pouvoir réaliser tout le cycle d’attachement-détachement de la tête de myosine malgré ce détachement forcé. Cependant, quand la vitesse d’allongement s’accroît, moins de ponts vont pouvoir compléter le cycle et une proportion croissante de ponts restera en position mécaniquement défavorable. I.2.2.2. Muscle in situ La majorité des études portant sur la relation couple de force–vitesse du muscle humain in situ concerne des mouvements exécutés à vitesse angulaire constante au moyen d’ergomètres isocinétiques. Dans la littérature, il est admis que le couple de force musculaire développé lors de sollicitations concentriques est inférieur au couple de force isométrique et diminue avec l’augmentation de la vitesse angulaire (Seger et Thorstensson, 2000; figure 10). Lors de ce type de contraction, de la même manière que sur fibre isolée, le muscle développe 17 CHAPITRE I - REVUE DE LITTERATURE une force d'autant plus faible qu'il se raccourcit plus rapidement. Ce phénomène est le témoin de la diminution du nombre de liaisons formées à chaque instant lorsque la vitesse de glissement des filaments contractiles les uns par rapport aux autres, augmente. A B Figure 10. Relation couple de force-vitesse angulaire des muscles extenseurs du genou chez l’homme lors de contractions concentriques (vitesses positives), isométriques (vitesse nulle) et excentriques (vitesses négatives). En A, les données correspondent aux valeurs absolues enregistrées lors de contractions volontaires maximales (max) et électro-induites (à 70, 50 et 30% de la CVM). En B, les couples sont normalisés par rapport à la valeur enregistrée en contraction isométrique (100%). (D’après Seger et Thorstensson, 2000). En revanche, la relation couple de force-vitesse obtenue chez l’homme dans le cas où le muscle volontairement activé est allongé (contraction excentrique) diffère de celle observée chez l’animal sur un muscle stimulé électriquement (Westing et coll., 1988). De plus différentes allures de la relation couple de force-vitesse angulaire sont rapportées dans la littérature. En effet, la plupart des travaux réalisés sur les muscles fléchisseurs (Colliander et Tesch, 1989), extenseurs du genou (Hageman et coll., 1988, Colliander et Tesch, 1989, Westing et Seger, 1989, Westing et coll., 1988, 1991, Dudley et coll., 1990, Amiridis et coll., 1996, Seger et Thorstensson, 2000) et fléchisseurs plantaires (Pinniger et coll., 2000, 2003) rapportent que le couple de force excentrique développé lors de contractions volontaires maximales n’augmente pas ou peu comparativement au couple de force isométrique et semble être indépendant de la vitesse d’allongement. D’autres études réalisées tant sur les mêmes groupes musculaires (Westing et coll., 1988, Kellis et Baltzopoulos, 1998) que sur les fléchisseurs du genou (Kellis et Baltzopoulos, 1998), les fléchisseurs du coude (Hortobagyi et 18 CHAPITRE I - REVUE DE LITTERATURE Katch, 1990, Komi, 1973) et les fléchisseurs dorsaux de la cheville (Klass et coll., 2005) ont toutefois rapporté que les couples de force obtenus lors de contractions excentriques sont supérieurs aux autres modes de contraction et qu’ils augmentent jusqu’à un certain point avec la vitesse d’allongement. Plus tard, Komi et collaborateurs (2000) montreront sur les mêmes muscles qu’une force moindre est développée en mode excentrique par rapport à une contraction isométrique quelle que soit la vitesse d’allongement. D’après ces auteurs, ces différentes relations peuvent être liées à la méthodologie utilisée et notamment à la position angulaire à laquelle est mesuré le couple de force maximal ainsi qu’au niveau d’activation précédent le mouvement (préactivation). Enfin, Seger et Thorstensson (2000) ont observé que pour des niveaux sous-maximaux (30, 50, 70% de la contraction volontaire maximale (CVM), les couples développés lorsqu’un train d’impulsions électrique est appliqué au niveau du nerf moteur, et normalisés par rapport à la valeur obtenue en isométrique, augmentent en excentrique et diminuent en concentrique, sans qu’il n’y ait pour autant d’accroissement de force à de plus grandes vitesses (figure 10). La grande majorité des auteurs ayant analysé des mouvements isocinétiques a tenté d’interpréter ces résultats obtenus sur la base de la relation de Hill (1922). Il s’agit d’une interprétation abusive dans la mesure où les situations expérimentales diffèrent notablement de celles imposées au muscle isolé. En effet : 1) les changements de longueur du muscle entier ne correspondent pas forcément à des modifications de longueur des fibres musculaires du fait de l’organisation en série des protéines contractiles et des tissus conjonctifs (Ishikawa et coll., 2005, Kawakami et Fukunaga, 2006); 2) un mouvement réalisé dans des conditions isocinétiques n’implique pas automatiquement un raccourcissement musculaire à vitesse constante (Ichinose et coll., 2000, Reeves et Narici, 2003); 3) le couple développé évolue constamment au cours du mouvement isocinétique; 4) une inactivation des muscles antagonistes est implicitement admise ce qui est très rarement le cas. Un élément de réponse a été fourni par les travaux dans lesquels l’imagerie par ultrason a été utilisée afin de mieux rendre compte des modifications de l’architecture musculaire en fonction de la vitesse angulaire appliquée lors de contractions. Lors de sollicitations isocinétiques (vitesse angulaire constante) au niveau de l’articulation du genou, l'angle pour lequel le couple de force maximal est obtenu se trouve déplacé vers des positions plus ouvertes avec l'augmentation de la vitesse angulaire (Kawakami et coll., 2002; figure 11A). En outre, ces derniers auteurs ont montré que les fibres musculaires sont à une longueur 19 CHAPITRE I - REVUE DE LITTERATURE identique au moment du pic maximal de force même si les angles articulaires sont différents. Ainsi, pour un angle donné spécifique et une longueur constante de l’unité muscle-tendon, la longueur des fibres varie en fonction de la vitesse angulaire. Récemment, des travaux réalisés sur les muscles tibial antérieur (Reeves et Narici, 2003) et vaste latéral (Ichinose et coll., 2000) ont en effet montré que lors de contractions concentriques, la longueur des fascicules augmente de manière curvilinéaire pour des vitesses angulaires de plus en plus élevées. Ainsi, le raccourcissement des fascicules et l’accroissement de l’angle de pennation sont plus importants pour de faibles vitesses angulaires comparativement aux vitesses les plus élevées. Chino et collaborateurs (2003) ont analysé les vitesses de raccourcissement et d’allongement des muscles gastrocnémien médial et soléaire en les calculant à partir des vitesses des fascicules corrigées en fonction de leurs angles de pennation. Ces derniers ont ainsi montré que lors de mouvement isocinétiques concentriques et excentriques de flexion plantaire, ces vitesses sont moins élevées que celles de l’unité muscle-tendon (figure 11B). A B Figure 11. En A : relation couple de force-angle articulaire obtenue chez un sujet lors de mouvements isocinétiques de l’articulation du genou. En abscisse, 180° correspond à l’extension complète du genou. Chaque ligne représente une vitesse angulaire donnée (du haut vers le bas, 30, 60, 90, 120, 150 et 200°.s-1). (D'après Kawakami et coll., 2002). En B : relation entre la vitesse musculaire (vitesses de raccourcissement et d’allongement des fascicules corrigées par rapport à l’angle de pennation, Vmuscle) et la vitesse de l’unité muscle-tendon (VMTU) des muscles gastrocnémien médial (MG; carrés vides) et soléaire (Sol; carrés pleins) lors de flexions plantaires concentriques (CON) et excentriques (ECC) isocinétiques. La ligne en pointillée représente la ligne d’identité. (D'après Chino et coll., 2003). 20 CHAPITRE I - REVUE DE LITTERATURE Le mécanisme responsable de ces changements de longueur de fascicule et d'angle de pennation en fonction de la vitesse de raccourcissement se situe probablement au niveau de la compliance de la composante élastique série. Cette composante, qui assure la liaison entre la composante contractile et les segments osseux, est constituée d’une fraction passive (structure tendineuse) dont les déformations seront d’autant plus importantes que la tension est appliquée de manière progressive (Abrahams, 1967), et d’une fraction active (interactions actine-myosine) dont le comportement mécanique est similaire à un ressort non amorti (Hill, 1938). Elle peut donc être étirée par l’application d’une force passive ou active et plus cette force sera élevée plus son extension sera importante (Wilkie, 1968). Par conséquent, plus la force développée sera importante, plus le raccourcissement des fascicules d’une part et l’augmentation de l’angle de pennation d’autre part seront importants. L’augmentation de la vitesse angulaire entraînant une moindre production de force lors de contractions concentriques, celle-ci s’accompagnera également d’un moindre raccourcissement des éléments contractiles. S’agissant de contractions excentriques, il apparaît que les fascicules musculaires se contractent de manière quasi isométrique et ce indépendamment de la vitesse angulaire (Reeves et Narici, 2003). Ceci semble conforté par l’absence de modification de la longueur des fascicules du muscle gastrocnémien médial observée durant la phase d’amortissement de la marche (Fukunaga et coll., 2001) ou même lors de la phase excentrique d’un "countermovement jump" (Kawakami et coll., 2002), tandis que le tendon est lui supposé être étiré. Ce comportement révèle le rôle important que joue la composante élastique série en tant qu’amortisseur mécanique pendant ce type de contraction (Fukunaga et coll., 2001). Enfin, il a clairement été montré que le niveau de préactivation du muscle est un facteur important influençant tant la force que le comportement mécanique de fascicules au cours de la contraction dynamique suivante (Ishikawa et Komi, 2004). Le fait de contracter le muscle avant tout mouvement aura pour effet de réduire la longueur des fascicules, suivi d’un raccourcissement (concentrique) ou d’un allongement (excentrique) de l’unité muscle-tendon. Dans le cas d’une contraction concentrique, en raison de la diminution de la force du muscle provoquée par la transition entre la phase isométrique et concentrique, le tendon pré-étiré se raccourcira réduisant de ce fait la vitesse de raccourcissement des fascicules. Dans le cas d’une contraction excentrique, la force accrue du muscle lors de la transition entre l'isométrique et l'excentrique étirera davantage le tendon réduisant de ce fait les vitesses d’allongement des fascicules comparé à une situation où le tendon serait moins compliant. 21 CHAPITRE I - REVUE DE LITTERATURE I.3. Commande nerveuse et activation musculaire Chez l’homme, la force développée est également modulée par des facteurs nerveux. De nombreux mécanismes sont en effet impliqués dans la production de force lors d’un mouvement. Ces derniers s’expriment à travers l’activation des unités motrices du muscle à savoir par leur recrutement en nombre (recrutement spatial) et leur fréquence de décharge (recrutement temporel). I.3.1. Mécanismes périphérique de modulation de la force Au niveau périphérique, la balance "excitation-inhibition" affectant le pool de motoneurones peut résulter de la mise en jeu de différents types de propriocepteurs, en particulier les fuseaux neuromusculaires et les organes tendineux de Golgi. Disposés parallèlement aux fibres musculaires extrafusales, les fuseaux neuromusculaires sont innervés à la fois par des fibres sensitives (afférences Ia et II), qui renseignent le système nerveux sur la longueur (sensibilité statique) et les variations de longueur (sensibilité dynamique) du muscle. Des fibres motrices (motoneurones γ statiques et dynamiques) permettent d’ajuster la sensibilité statique et/ou dynamique de ce récepteur (Proske et Gregory, 2002). Les fuseaux neuromusculaires régissent le tonus général du système musculaire et sont à l’origine du réflexe myotatique et du relâchement des muscles antagonistes qui lui est associé (innervation réciproque). Les organes tendineux de Golgi, localisés en série au niveau des jonctions myotendineuses et musculo-aponévrotiques, sont innervés par les afférences Ib qui leur confèrent principalement une sensibilité à la tension active (liée à la contraction musculaire), mais aussi une sensibilité à la tension passive (liée à l’allongement du muscle). Ces capteurs renseignent ainsi le système nerveux central sur les tensions produites au sein du muscle et permettraient à celui-ci d’ajuster le niveau de force musculaire afin de préserver l’intégrité du système musculaire (Aagaard et coll., 2000). D’autres systèmes sont impliqués dans ces mécanismes de régulation de la production de force (Solomonow et Krogsgaard, 2001). Il s’agit des récepteurs kinesthésiques articulaires (corpuscules de Ruffini, terminaisons nerveuses libres), situés à l’intérieur et autour des capsules articulaires des articulations synoviales, qui sont sensibles à la position et aux mouvements de ces articulations. Les ligaments articulaires contiennent quant à eux des 22 CHAPITRE I - REVUE DE LITTERATURE récepteurs de Golgi susceptibles de déclencher une inhibition réflexe des muscles adjacents lorsque l’articulation subit une contrainte excessive. Tous ces récepteurs informent le système nerveux central du degré de contraction des muscles, du degré de tension appliquée aux tendons et de la position des articulations au cours du mouvement. Par conséquent, ils permettent au système neuromusculaire de réguler le couple de force développé au niveau de l’articulation lors d’un mouvement. I.3.2. Techniques d’évaluations de l’activation nerveuse I.3.2.1. Electromyographie de surface Chez l’homme, la commande et la régulation nerveuse de la contraction peut être évaluée à l’aide de différentes méthodes d’investigation. Du fait de son caractère non invasif, l’électromyographie de surface (EMG) reste une des méthodes les plus couramment utilisées pour quantifier le niveau d’activité d’un muscle et les modulations de la commande nerveuse. Cette technique consiste à recueillir, au moyen d’une ou plusieurs électrodes placées à la surface de la peau, l’activité électrique émise par les unités motrices actives du muscle sousjacent au cours d’une contraction. Lors de contractions volontaires, une augmentation de l’activité EMG des muscles agonistes peut être associée à une commande nerveuse descendante accrue, se traduisant par une modification du recrutement et de la fréquence de décharge des unités motrices, mais aussi à des variations de la dépolarisation électrique au niveau des membranes musculaires. L’enregistrement de la réponse musculaire directe (onde M) obtenue par stimulation électrique supramaximale du nerf moteur, reflète l’excitation des fibres musculaires et permet d’identifier les modifications électro-physiologiques intervenant au niveau local. Cependant, les interprétations physiologiques liées aux caractéristiques du signal recueilli doivent être réalisées avec précautions car de nombreux facteurs sont susceptibles d’altérer le signal (Farina et coll., 2004). L’activité EMG de surface est en effet influencée par des facteurs centraux et périphériques parfois difficilement quantifiables. En outre, sa comparaison est limitée par un certain nombre de facteurs. Par exemple, la différence d’épaisseur du tissu sous-cutané et la distribution des territoires des unités motrices au sein du muscle peuvent modifier l’allure du signal EMG. De possibles modifications de la configuration volumétrique entre les électrodes et le muscle sont également susceptibles d’intervenir au cours de la contraction (Farina et coll., 2004, Keenan et coll., 2005). Aussi, 23 CHAPITRE I - REVUE DE LITTERATURE des phénomènes d’annulation du signal, causés par la perte d’une partie du signal EMG de surface lorsque les phases positives et négatives des potentiels d’actions détectés sous les électrodes se recouvrent, peuvent contribuer à une sous estimation de l’activité EMG (Farina et al, 2004 ; Keenan et al, 2005). I.3.2.2. Technique de la secousse surimposée L’estimation du niveau d'activation musculaire d'un sujet lors d’une contraction maximale volontaire est obtenue à l’aide de la technique de la secousse surimposée proposée par Merton (1954). Cette méthode non invasive consiste à appliquer une stimulation électrique (comprenant une ou plusieurs impulsions) supramaximale sur le nerf moteur au cours d’une contraction volontaire maximale. L’augmentation potentielle du couple de force développé permet ainsi de détecter la présence d’unités motrices non activées. L’absence d’incrément de force au moment de la stimulation surimposée est donc le reflet d’un niveau d’activation volontaire maximal de l’ensemble des unités motrices du muscle sollicité. A l’inverse, la présence d’un incrément de force est la preuve d’un recrutement incomplet des unités motrices et/ou d’une fréquence de décharge sous-maximale des unités motrices recrutées (Belanger et McComas, 1981). I.3.2.3. Réflexe de Hoffmann Enfin, chez l’homme, l’excitabilité spinale peut être évaluée à partir de l’analyse du réflexe de Hoffmann ou réflexe H (Schieppati, 1987). Cette technique est généralement utilisée afin d’estimer le degré d’excitabilité du pool de motoneurones α et l'efficacité de la transmission synaptique entre les fibres Ia et les motoneurones. Décrite pour la première fois par Paul Hoffmann en 1918, la méthode consiste à appliquer une stimulation électrique percutanée inframaximale sur un nerf périphérique lorsque le muscle est relâché. Le but recherché est d’exciter les fibres Ia, dont le seuil d'excitabilité est plus bas du fait du gros diamètre de leurs dendrites, et qui sont responsables de la voie afférente spinale excitatrice. La réponse efférente qui en résulte provient donc de l’excitation des motoneurones α via les afférences Ia issues des fuseaux neuromusculaires. Elle peut être considérée de ce fait comme l’équivalent de la réponse physiologique produite lors du réflexe myotatique. Puisque l’ordre 24 CHAPITRE I - REVUE DE LITTERATURE de recrutement des unités motrices participant au réflexe H suit la loi de recrutement (principe de grandeur) décrite par Henneman (1957), l’amplitude du réflexe sera ainsi proportionnelle au nombre de motoneurones α dépolarisés via les afférences Ia. Lorsque l’on augmente l’intensité de stimulation, l’amplitude du réflexe H augmente logiquement du fait du plus grand nombre d’afférences Ia excité. Parallèlement, le seuil de certains motoneurones α est atteint provoquant l’apparition d’une réponse motrice directe de plus courte latence que la réponse réflexe (onde M). Cependant, les volées antidromiques au niveau du motoneurone α se propageant en direction de la moelle épinière vont entrer en collision avec le potentiel réflexe évoqué par les fibres Ia. Ces collisions induisent par conséquent une réduction progressive de l’amplitude du réflexe H jusqu’à sa disparition avec l’augmentation de l’intensité de stimulation tandis que l’amplitude de l’onde M augmente jusqu’à son niveau maximum (recrutement spatial maximal). Il est ainsi possible de suivre l’évolution de l’amplitude de ces deux potentiels évoqués en fonction de l’intensité de stimulation classiquement représentée sous forme d’un graphique appelé courbe de recrutement des réponses H et M (figure 12). Figure 12. A : dispositif expérimental permettant la stimulation (S) et l’enregistrement (R) des réponses H et M au niveau du soléaire. B : tracés EMG représentant la réponse motrice directe (M) et le réflexe de Hoffmann (H) enregistrées pour des intensités de stimulation croissantes (de 1 à 3). C : courbe de recrutement de la réponse réflexe H (cercles vides) et de l’onde M (cercles pleins) enregistrées sur le muscle soléaire en fonction de l’intensité de stimulation. (D’après Guissard et coll., 1988). 25 CHAPITRE I - REVUE DE LITTERATURE Cependant, on sait aujourd’hui que des facteurs autres que le degré d’excitabilité des motoneurones α influencent l’amplitude de ce réflexe H limitant ainsi les interprétations physiologiques (Zehr, 2002, Misiaszek, 2003). L’ensemble des mécanismes qui vont agir sur l’activité réflexe peut se situer à un niveau présynaptique et/ou postsynaptique. Comme nous le verrons plus en détail plus loin, au niveau présynaptique deux mécanismes vont influencer l’allure de la réponse réflexe H, à savoir une inhibition autogène des afférences Ia (Delwaide 1973, Rudomin, 1990) et/ou une dépression homosynaptique de la capacité de transmission au niveau du bouton terminal lors d’activation répétitive (Crone et Nielsen, 1989, Kohn et coll., 1997). Au niveau postsynaptique, l’amplitude du réflexe H peut être modulée par les mécanismes suivants : l’inhibition autogène induite par les afférences Ib issues des organes tendineux de Golgi, spécifiquement sensibles à la force produite par le muscle (Houk et coll., 1971, Jami, 1992) ; la rétro inhibition récurrente du motoneurone via les cellules de Renshaw (Bussel et Pierrot-Deseilligny, 1977, Hultborn et coll., 1979) ; l’inhibition induite par les afférences articulaires et cutanées (Caccia et coll., 1973, Lundberg et coll., 1978). En outre, les afférences supraspinales peuvent également jouer un rôle important dans la modulation du circuit réflexe. Une autre considération méthodologique à prendre en compte est la normalisation de l'amplitude du réflexe H par rapport à la réponse motrice directe maximale (onde M). Cette précaution permettra de s'affranchir d'éventuelles modifications au niveau du sarcolemme et permettra également d'apprécier la proportion des motoneurones susceptibles d'être activée par voie réflexe. En effet, une potentialisation de l’onde M maximale en fonction du niveau de force produit est présente lors de contractions volontaires (Pensini et Martin, 2004). Celle-ci serait due à plusieurs facteurs tels une meilleure synchronisation des potentiels d’actions unitaires (Fitch et McComas, 1985) ou une augmentation de l’amplitude de ces potentiels (Hicks et coll., 1989) témoignant d’une plus grande activité de la pompe sodium/potassium et/ou d’un abaissement du seuil de dépolarisation des motoneurones. Le rapport H/M est considéré comme un indice du niveau d’excitabilité réflexe du pool de motoneurone : il dépend de la facilitation des transmissions entre les fibres Ia et les motoneurones alpha (Burke et coll., 1984, Schieppati, 1987). Son interprétation présente toutefois certaines limites et nécessite des précautions méthodologiques. Comme nous l’avons vu, un changement d’amplitude du réflexe H peut être lié à une modification de l’excitabilité motoneuronale et/ou à une variation de la quantité de neurotransmetteur libéré par le bouton terminal de la fibre Ia. En outre, la stimulation électrique recrutant également les afférences polysynaptiques de type 26 CHAPITRE I - REVUE DE LITTERATURE Ib et II, les modifications de l’amplitude du réflexe H dépendra de plusieurs afférences inhibitrices et/ou facilitatrices dont il faudra tenir compte (Zehr, 2002). I.3.3. Spécificité de la longueur musculaire Outre les aspects mécaniques discutés précédemment, la capacité à activer un muscle ou un groupe musculaire de manière maximale dépend des conditions dans lesquelles se trouve le sujet et particulièrement de la position angulaire (i.e., la longueur du muscle). Dans des conditions isométriques, les études portant chez l’homme sur les modifications du niveau d’activation à différents angles articulaires et donc à différentes longueurs musculaires montrent des résultats divergents (voir tableau 1). Gandevia et McKenzie (1988) ont constaté qu’en position raccourcie, l’activation volontaire des muscles abducteur du petit doigt, biceps brachial et tibial antérieur mesurée à partir d’enregistrements électromyographiques de surface (EMG) ou par la technique de la secousse surimposée (Merton, 1954) est maximale malgré l’altération des caractéristiques temporelles de la secousse mécanique. D’autres travaux réalisés sur les muscles tibial antérieur (Bigland-Ritchie et coll., 1992), quadriceps (Newman et coll., 2003) et biceps brachial (Leedham et Dowling, 1995), confirment ces observations indiquant que l’activation nerveuse reste constante et que ces muscles peuvent être activés de manière maximale chez la plupart des sujets et ce indépendamment de leur longueur. Néanmoins, plusieurs études réalisées sur ces mêmes groupes musculaires ont quant à elles montré que la contraction volontaire maximale peut aussi être associée à une plus grande activité EMG de surface (Marsh et coll., 1981, Hasler et coll., 1994, Kasprisin et Grabiner, 2000, Komi et coll., 2000, Babault et coll., 2003), et un niveau d’activation supérieur (Suter et Herzog, 1997, Babault et coll., 2003) lorsque le muscle est raccourci suggérant ainsi la mise en jeu de mécanismes d’inhibition lorsque l’unité muscle-tendon est allongée. Cependant, pour les muscles fléchisseurs plantaires, des résultats opposés ont été rapportés. Certains montrent en effet une réduction significative de l’activité EMG des deux chefs du gastrocnémien (Cresswell et coll., 1995, Kennedy et Cresswell, 2001, Arampatzis et coll., 2006) et du soléaire (Pinniger et coll., 2000) en position raccourcie lors de contractions volontaires isométriques maximales et sous-maximales. Ces dernières observations ont été récemment confirmées par Becker et Awiszus (2001) et Kubo et collaborateurs (2004) sur les extenseurs du genou qui ont mis en évidence un niveau d’activation volontaire plus important, mesuré à partir de la secousse surimposée, lorsque ces groupes musculaires sont allongés. 27 CHAPITRE I - REVUE DE LITTERATURE Comme nous l’avons vu précédemment, l’EMG de surface reflète les propriétés périphériques et centrales du système neuromusculaire qui sont modulées, respectivement, par l’activation membranaire de la fibre musculaire et par l’activation du neurone moteur. Les altérations au niveau de la transmission neuromusculaire et/ou de la propagation de l’influx le long de la fibre musculaire sont classiquement analysées au moyen de l’onde M. Ici aussi, les observations restent controversées. En effet, plusieurs travaux (Sale et coll., 1982, Gandevia et McKenzie, 1988, Cresswell et coll., 1995) ont rapporté pour des groupes musculaires relativement variés, une diminution de l’onde M en position raccourcie. Par contre, d’après les travaux de Babault et collaborateurs (2003) et de Leedham et Dowling (1995), il apparaît que l’amplitude de cette onde n’est pas altérée par les changements de longueur du muscle, suggérant ainsi que la transmission et la propagation neuromusculaire ne dépendent pas des variations de la longueur du muscle. La modulation du niveau d’activation avec la longueur du muscle peut également dépendre de mécanismes se situant au niveau de la moelle épinière. En effet, en fonction des positions articulaires adoptées, la balance entre les influx excitateurs et inhibiteurs arrivant au pool de motoneurones sera modifiée, contribuant ainsi à l’hétérogénéité de ces résultats (Kennedy et Cresswell, 2001). Le degré d’inhibition mis en jeu lors d’une contraction musculaire dépend de nombreux paramètres. L’augmentation de la pression intra-articulaire à un angle articulaire donné va par exemple stimuler les récepteurs articulaires inhibiteurs des motoneurones α du muscle agoniste (Suter et Herzog, 1997). En outre, les mécanorécepteurs de Ruffini et de Golgi situés aux extrémités des ligaments et au niveau des tendons vont fournir une information sensitive sur la tension appliquée sur ces structures entraînant alors une contraction réflexe des muscles antagonistes (l’arc réflexe LCA-ischiojambiers par exemple) ainsi qu’une inhibition de la contraction du muscle agoniste lors de tensions excessives (Solomonow et coll., 1987, Baratta et coll., 1988, Krogsgaard et coll., 2002). Lorsque le muscle est raccourci, la diminution de la force exercée aura pour conséquence une diminution des contraintes mécaniques exercées sur les articulations et les structures ligamentaires et tendineuses conduisant ainsi à une réduction des influx inhibiteurs et par conséquent une augmentation de l’excitabilité du pool de motoneurones. A l’inverse, pour Kubo et collaborateurs (2004) leurs résultats seraient dus au fait que plus le muscle est allongé, plus l’activation réflexe facilitatrice du muscle est importante. En effet, lorsque le muscle s’allonge, les fuseaux neuromusculaires sont étirés et augmente ainsi les afférences facilitatrices, stimulant les motoneurones α du quadriceps (boucle réflexe myotatique). 28 CHAPITRE I - REVUE DE LITTERATURE Auteur Muscle Angle (°) Mouvement Couple (%CVM) EMG Résultats Onde M SS C<L C=L Gandevia et McKenzie (1988) Abducteur du IV Biceps brachial Tibial antérieur 35-0 60-110 80-110 Abd IV Fx coude Fx plantaire 100 C=L Bigland-Ritchie et coll. (1992) Tibial antérieur 75-90 Fx plantaire 50-75-100 C=L C=L Newman et coll. (2003) Vaste latéral 10-110 Fx genou 100 C=L C=L Leedham et Dowling (1995) Biceps brachial de 60 à 160 (10° step) Fx coude 100 C=L Marsh et coll. (1981) Tibial antérieur Fx plantaire 100 C>L Hasler et coll. (1994) Droit fémoral Vaste latéral Vaste médial 90-180 Fx hanche 100 C>L Kasprisin et Grabiner (2000) Biceps brachial Brachoradial 105-165 Fx coude 100 C>L Komi et coll. (2000) Biceps brachial Brachoradial 55-110-165 Fx coude 100 C>L Babault et coll. (2003) Droit fémoral Vaste latéral Vaste médial 35-55-75 Fx genou 100 C>L Suter et Herzog (1997) Vaste latéral 15-30-45-60-90 Fx genou 100 C<L Cresswell et coll. (1995) Gast latéral Gast médial 120-90-60-30-0 Fx genou de 10 à 100 (10% step) C<L Arampatzis et coll. (2006) Gast latéral Gast médial Soléaire 110-85 105-20 Fx dorsale Fx genou 100 C<L Pinniger et coll. (2000) Gast médial 0-120 Fx genou 100 C<L Becker et Awiszus (2001) Quadriceps de 30 à 90 (5° step) Fx genou 40-60-100 Kubo et coll. (2004) Droit fémoral Vaste latéral Vaste médial de 40 à 110 (10° step) Fx genou 100 max à 80° Sale et coll. (1982) Gast latéral Gast médial Soléaire Fx dorsale Fx genou 100 C<L Nakazawa et coll. (1993) Biceps brachial Brachoradial Fx coude 100 C<L 90-45-10 C=L C=L C>L C=L C>L C>L C<L C=L C<L C<L C<L Tableau 1. Comparaison des niveaux d’activations volontaires rapportés par différentes études en fonction des groupes musculaires, des angles articulaires investigués et de la technique de mesure (électromyographie de surface (EMG) vs. secousse surimposée (SS) vs. réponse motrice directe (onde M)). Abréviations : C : court; L : long; Gast : gastrocnémien; Fx : flexion; Abd : abduction. 29 CHAPITRE I - REVUE DE LITTERATURE Ces observations divergentes peuvent être en partie associées aux différentes conditions expérimentales dans lesquelles ces travaux ont été réalisés, comprenant entre autre les divers groupes musculaires, les plages articulaires investigués (Behm et coll., 2002) et les différentes techniques utilisées afin de quantifier l’activation nerveuse. Les conclusions tirées à partir d’enregistrements EMG de surface et de la technique de la secousse surimposée (niveau d’activation) sont parfois contradictoires. Par exemple, Cresswell et collaborateurs (1995) ont eux aussi observé des niveaux d’activation identiques du triceps sural à différentes longueurs musculaires tandis que les deux chefs du gastrocnémien présentent une activité EMG inférieure en position raccourcie. En outre, les modifications de l'activité EMG avec la longueur du muscle peuvent être occasionnées par des facteurs non physiologiques tels que les changements de configuration des électrodes par rapport au volume actif du muscle (Kennedy et Cresswell, 2001, Farina et coll., 2004, Keenan et coll., 2005). Enfin, ces divergences témoignent des possibles variations qui existent entre les relations force-longueur des groupes musculaires investigués, ces relations étant en partie déterminées comme on a pu le voir précédemment, par l’architecture intrinsèque du muscle, à savoir son angle de pennation (Maganaris et coll., 2001). I.3.4. Régulation nerveuse spécifique et stratégie de contrôle du mouvement par le système nerveux central L’objectif de nombreuses études a été d’identifier l’existence ou non d’une stratégie de contrôle spécifique adoptée par le système nerveux central au cours d’activations volontaires et particulièrement lors de contractions de type excentriques. Cette hypothèse d’une stratégie de contrôle différente lors de contractions excentriques est cohérente avec de nombreuses études qui ont rapporté qu’à tension musculaire égale et pour une même vitesse, l’activité EMG est souvent plus basse lors de contractions excentriques comparativement au régime concentrique (Komi et Burskirk, 1972, Westing et coll., 1991, Nakazawa et coll., 1993, Amiridis et coll., 1996, Smith et coll., 1998, Aagaard et coll., 2000, Linnamo et coll., 2002, McHugh et coll., 2002). L’étude de Westing et collaborateurs (1991; figure 13) montre clairement lors de contractions excentriques des niveaux d’activité EMG inférieurs de trois des chefs musculaires du quadriceps comparativement au mode concentrique. Il apparaît en outre que le niveau d’activité EMG reste sous-maximal en excentrique quelles que soient les 30 CHAPITRE I - REVUE DE LITTERATURE vitesses angulaires testées. Par contre, au cours de contractions concentriques le niveau d’activité EMG semble dépendre de la vitesse puisque celui-ci diminue aux vitesses lentes. Figure 13. Relation couple de force-vitesse angulaire et activité EMG-vitesse angulaire au cours de sollicitations excentriques (cercles vides) et concentriques (cercles pleins) des muscles extenseurs du genou. (D’après Westing et coll., 1991). L’étude réalisée par Grabiner et Owings en 2002 soutient l’hypothèse d’une influence supraspinale et d’un contrôle du système nerveux central se faisant "à priori" selon le mode de sollicitation. Dans les conditions de contractions volontaires maximales et pour un même angle articulaire, il apparaît en effet que l’activité EMG initiale enregistrée pendant la phase isométrique précédant le début d'un mouvement est réduite dans le cas d’une contraction excentrique comparativement à une contraction concentrique. Ces auteurs ont par ailleurs montré que lorsque les sujets s’attendent à réaliser une contraction concentrique mais que le dispositif ergométrique impose inopinément un mouvement inverse (contraction excentrique), l’amplitude initiale de l’activité EMG est sensiblement plus grande comparativement à la situation où le sujet s’attend à réaliser une contraction excentrique. 31 CHAPITRE I - REVUE DE LITTERATURE L’ensemble de ces observations suggère la mise en place de stratégies d’activation différentes lors d’actions musculaires isométriques, concentriques et excentriques. La réduction du couple de force musculaire observé lors de contractions excentriques chez l’homme semble donc en partie liée à un déficit d’activation des muscles agonistes. Toutefois, l’observation que cette dépression de l’activité EMG soit présente non seulement en excentrique mais également lors de sollicitations concentriques pour de faibles vitesses angulaires et par conséquent aux plus hauts niveaux de couples, suggère qu’un mécanisme de contrôle soit mis en jeu afin de limiter les tensions musculaires (Aagaard et coll., 2000). I.3.5. Contraction volontaire maximale et technique de la secousse surimposée La technique de la stimulation électrique surimposée (Merton, 1954), classiquement utilisée lors de contractions isométriques, a permis d'estimer le niveau d’activation de différents groupes musculaires. Cette technique peut aussi bien être utilisée dans des conditions maximales que sous-maximales et a été adaptée à des contractions dynamiques afin de comparer le niveau d’activation musculaire en modes concentrique, excentrique et isométrique. Le niveau d’activation augmente selon une relation linéaire avec le niveau du couple de force développé quel que soit le mode de sollicitation (Babault et coll., 2001). Toutefois, lorsque l’on surimpose un bref train de stimuli électriques à la CVM excentrique, un incrément du couple de force est observé (Westing et coll., 1990, Dudley et coll., 1990, Amiridis et coll., 1996, Seger et Thorstensson, 2000, Babault et coll., 2001, Beltman et coll., 2004). Les résultats des études ayant utilisé cette technique sont en accord avec l’hypothèse d’un déficit d’activation lors de contractions excentriques. Il est par ailleurs intéressant de constater que ce déficit d'activation, clairement observé chez des sujets sédentaires lors de sollicitations excentriques, n'est pas présent chez des athlètes de haut niveau ayant suivi un programme de renforcement musculaire (Amiridis et coll., 1996). Cette observation suggère que les mécanismes sous-jacents seraient modulés par l’entrainement. De même, lors de sollicitations excentriques maximales, la relation couple de force-vitesse angulaire enregistrée lors d’activations maximales du muscle chez l’homme (Westing et coll., 1988, 1990, 1990, Aagaard et coll., 1995, 1996) diffère visiblement de celle obtenue en conditions in vitro sur muscle isolé et stimulé électriquement (Katz, 1939). Ces observations ainsi que les divergences obtenues en comparaison à l’expérimentation animale indiquent qu’un 32 CHAPITRE I - REVUE DE LITTERATURE mécanisme nerveux de régulation, limitant le couple de force produit, est certainement mis en jeu lors de sollicitations excentriques. Comme nous l’avons souligné pour l’activité EMG, plusieurs travaux ont également fait état d’une réduction du niveau d’activation, mesuré par la technique de la secousse surimposée, lors de contractions concentriques mais seulement aux faibles vitesses angulaires (Wickiewicz et coll., 1984, Tesch et coll., 1990, Westing et coll., 1991, Seger et Thorsthensson, 1994, Aagaard et coll., 1995, 1996, 2000, Amiridis et coll., 1996, Kellis et Baltzopoulos, 1998). L'étude d’Aagaard et collaborateurs (2000) a d’autre part montré que l’inhibition de l'activation du quadriceps est non seulement présente lors de sollicitations concentriques lentes mais qu’elle peut diminuer ou même complètement disparaître suite à un entraînement de renforcement musculaire pour les deux modes de contraction. D’après ces auteurs, ce phénomène dépendrait de mécanismes d’inhibition conduisant à une réduction de l’activation dans des conditions de contractions maximales indépendamment du mode de sollicitation. Le but serait de préserver l’intégrité de l’unité tendon-muscle soumise à des tensions musculaires plus élevées. Cette hypothèse n’est cependant pas partagée par l’équipe de Pinniger et collaborateurs (2000). Ces derniers ont mis en évidence que ce déficit est également présent lors de contractions volontaires sous-maximales excentriques des fléchisseurs plantaires quelles que soient les vitesses testées, ce qui n’est pas le cas lors de sollicitations concentriques (figure 14). Figure 14. Relation couple de force-vitesse angulaire normalisés par rapport au couple de force isométrique des muscles fléchisseurs plantaires lors d’activation volontaires maximales (carrés pleins), volontaires sous-maximales (cercles vides) et électro-induites sous-maximales du nerf moteur (triangles vides). (D’après Pinniger et coll., 2000). 33 CHAPITRE I - REVUE DE LITTERATURE Ces résultats suggèrent donc que ce mécanisme de régulation ne serait pas limité aux efforts maximaux mais qu’il répondrait davantage aux caractéristiques inhérentes à l’activation volontaire excentrique. L’étude de Babault et collaborateurs (2001) ne confirmera qu’en partie cette idée. Ces derniers auteurs ont en effet rapporté qu’un déficit d’activation n’était présent lors de sollicitations excentriques que pour des niveaux de couple de force supérieurs à 54% de la CVM. D’après ces auteurs, l’absence d’un déficit d’activation excentrique en dessous de ce niveau s’explique par des facteurs mécaniques rendant ainsi l’interprétation des résultats encore plus complexe. I.3.6. Coactivation des muscles antagonistes Le terme de "coactivation" désigne l’activité des muscles antagonistes qui, en se contractant, génèrent un couple de force qui s’oppose à celui produit par les muscles agonistes. Par conséquent, le couple de force développé autour de l’articulation résulte du couple produit par les muscles agonistes moins celui généré par les muscles antagonistes. Les données disponibles sur la relation entre le mode de contraction et le niveau de coactivation mènent à une certaine controverse dans la littérature. L’étude de Pinniger et collaborateurs (2000) montre clairement que l’activité EMG du muscle tibial antérieur est plus élevée lors de sollicitations excentriques des fléchisseurs plantaires par rapport aux autres modes de contraction. En revanche, d’autres travaux principalement réalisés sur les extenseurs et fléchisseurs du genou ainsi que sur les fléchisseurs du coude rapportent soit un niveau de coactivation supérieur lors de contractions concentriques (Snow et coll., 1993, Kellis et Baltzopoulos, 1998, Komi et coll., 2000), soit un niveau de coactivation constant quels que soient le mode de sollicitation et la vitesse angulaire testée (Eloranta et Komi, 1980, Westing et coll., 1991, Snow et coll., 1995, Amiridis et coll., 1996, Duclay et Martin, 2005). Ici aussi, les résultats contradictoires peuvent être expliqués par les différents protocoles expérimentaux utilisés. Le degré de coactivation des muscles antagonistes dépend considérablement des caractéristiques du mouvement, de l’articulation considérée et du muscle étudié (pour une revue de la littérature voir Kellis, 1998). Les mécanismes nerveux impliqués dans cette coactivation antagoniste seraient contrôlés à la fois par des processus spinaux et supraspinaux (Lévénez et coll., 2008) et leur modulation aurait pour rôle principal de stabiliser et de protéger l’articulation (Baratta et coll., 1988). Les résultats de plusieurs études suggèrent, en effet, qu’il existe une commande 34 CHAPITRE I - REVUE DE LITTERATURE motrice commune par laquelle les centres supraspinaux contrôleraient simultanément l’activation des unités motrices des groupes musculaires agonistes et antagonistes (Baratta et coll., 1988, Behm et Sale, 1996, Mullany et coll., 2002). En effet, Mullany et collaborateurs (2002) ont observé que lors d’extensions isométriques du genou, les activités EMG du vaste médial, du vaste latéral et du droit fémoral (muscles agonistes) étaient significativement corrélées à celle du biceps fémoral (muscle antagoniste). Néanmoins, des mécanismes d’origine spinale sont aussi impliqués. Un mécanisme nerveux appelé "inhibition réciproque" a pour effet de limiter cette coactivation. La stimulation des afférences Ia d’un muscle provoque une inhibition des motoneurones α du muscle antagoniste par l’intermédiaire de projections sur l’interneurone inhibiteur des afférences Ia (Laporte et Lloyd, 1952). L’inhibition réciproque peut également avoir pour origine la commande centrale descendante puisque celle-ci agit à la fois sur le pool de motoneurones, sur l’inhibition présynaptique (Meunier et Pierrot-Deseilligny, 1998) ainsi que sur l'interneurone de l'inhibition réciproque (Crone et Nielsen, 1994). Une éventuelle augmentation du niveau de coactivation des muscles antagonistes pourrait ainsi être à l’origine d’une moindre capacité du système nerveux à activer les motoneurones α via l’inhibition réciproque (Crone et Nielsen, 1994, Pyndt et coll., 2003). Enfin, d’autres voies nerveuses interviendraient dans la coactivation des muscles antagonistes. La coactivation des muscles ischio-jambiers mesurée lors d’une extension de la jambe pourrait résulter d’un mécanisme spinal mettant en jeu les récepteurs de Ruffini et les récepteurs de Golgi. Ces mécanorécepteurs, situés aux extrémités du ligament croisé antérieur, fourniraient une information sensitive sur la tension appliquée au ligament entraînant alors une contraction réflexe des muscles antagonistes lors de tensions excessives (Solomonow et coll., 1987, Baratta et coll., 1988, Krogsgaard et coll., 2002). En conclusion, l’analyse de l’EMG permet d’étudier l’activité nerveuse globale associée à la production du couple de force. Il apparaît que pour un couple de force donné, l’activité EMG tant des muscles agonistes qu’antagonistes diffère en fonction du mode de sollicitation. Quelle que soit leur origine, plusieurs mécanismes nerveux sont susceptibles de modifier le niveau d’activation du muscle lors de ce type de sollicitation. A partir de la technique de la secousse surimposée, l’hypothèse d’un "pattern" d’activation spécifique lié au mode de sollicitation excentrique semble se confirmer. Il est intéressant dès lors de vérifier si cette stratégie d’activation particulière s’applique à un niveau plus "qualitatif", c’est-à-dire au niveau du recrutement des unités motrices elles-mêmes. 35 CHAPITRE I - REVUE DE LITTERATURE I.3.7. Recrutement des unités motrices Au regard de la littérature portant sur le mode d’action excentrique, ce dernier a été proposé comme le résultat d’une stratégie d’activation unique de la part du système nerveux central (Enoka, 1996). Aussi, la réduction de l’activité EMG observée lors de sollicitations excentriques maximales résulte nécessairement d’une activation incomplète du pool des motoneurones au niveau spinal. L’enregistrement de l’activité d’une unité motrice ou d’une population d’unité motrice a été rendu possible grâce à l’introduction de techniques de mesure invasives. Brièvement, cette méthode consiste à enregistrer les potentiels d’action d’unités motrices isolées par l’intermédiaire d’une électrode hautement sélective, constituée de deux fils de 25-100 µm de diamètre, insérée dans le corps charnu du muscle à l’aide d’aiguilles (Duchateau et Hainaut, 1990). Les mécanismes à l’origine du déficit d’activation musculaire observé lors des contractions excentriques devraient forcément impliquer une modulation différente du recrutement et de la fréquence de décharge des unités motrices. I.3.7.1. Effets de la longueur du muscle Dans les conditions de sollicitations musculaires isométriques, les investigations ont clairement montré que le mode d’activation des unités motrices était en partie dépendant de la longueur du muscle. Vander Linden et collaborateurs (1991) ont ainsi montré au niveau du muscle tibial antérieur une diminution du seuil de recrutement des unités motrices et une augmentation de la fréquence de décharge de celles-ci au cours de contractions sousmaximales maintenues en position raccourcie. Ces résultats sont conformes à l’augmentation de seuil de recrutement des unités motrices observée par Miles et collaborateurs (1986) dans le muscle masséter lorsque l'ouverture de la mâchoire approche l’ouverture maximale. L’hypothèse la plus largement répandue pour expliquer ces modifications du seuil est que du fait de la réduction à la fois du temps de contraction et de l’amplitude de la secousse (Babault et coll., 2003, Bigland-Ritchie et coll., 1992), la fréquence de décharge des unités motrices devra nécessairement être plus haute afin d'atteindre un même niveau de force en position raccourcie comparativement à la position allongée (Bigland-Ritchie et coll., 1992). Cependant, Christova et collaborateurs (1998) ont rapporté qu’au sein d’une population d’unités motrices analysées au niveau du biceps brachial, la fréquence de décharge aux faibles 36 CHAPITRE I - REVUE DE LITTERATURE longueurs n’est augmentée que pour la moitié d’entre elles, les autres présentant des niveaux inférieurs ou similaires comparativement à des longueurs plus importantes du muscle. En outre, lorsque les contractions isométriques sont réalisées avec des intensités élevées, il semble que la fréquence de décharge des unités motrices soit similaire entre la position raccourcie et allongée (Bigland-Ritchie et coll., 1992) malgré des modifications substantielles du décours temporel de la secousse. Trois travaux réalisés sur le muscle gastrocnémien médial rapportent quant à eux des résultats inverses avec une élévation du seuil de recrutement des unités motrices en position raccourcie (Ballantyne et coll., 1993, Kennedy et Cresswell, 2001, Nishimura et Nakajima, 2002) ainsi qu’une fréquence de pulsation initiale moins élevée en position raccourcie (Kennedy et Cresswell, 2001). D’après Kennedy et Cresswell, lorsque le muscle atteint une longueur critique de raccourcissement, celui-ci deviendrait "activement déficient" bien que son activation soit maximale, conduisant alors à une réduction de la commande nerveuse sur les neurones moteurs spinaux. Ces auteurs spéculent qu’une augmentation de l’inhibition du pool des neurones moteurs associée à la moindre capacité des unités motrices à produire de la force serait présente lorsque la longueur du muscle est réduite. I.3.7.2. Modification de l’ordre de recrutement des unités motrices Dans une étude intéressante, Nardone et collaborateurs (1989) ont été les premiers à suggérer que l’ordre de recrutement des unités motrices était inversé pendant une contraction excentrique. Selon ces auteurs, la sollicitation excentrique à charge constante des muscles fléchisseurs plantaires induirait un recrutement sélectif d’unités motrices à seuil élevé (unités motrices rapides) enregistrées au niveau des gastrocnémiens. Ces unités motrices, qui ne sont activées en mode concentrique que pour des seuils de recrutement élevés ou des vitesses angulaires importantes (contractions balistiques), seraient donc mises en jeu de manière assez étonnante pour des seuils très bas lorsque la contraction est de type excentrique. De plus, ce recrutement sélectif serait accompagné d’un dérecrutement d’unités motrices à seuil plus bas (unités motrices lentes) lors de contractions excentriques (Nardone et coll., 1989, figure 15). Dans une étude antérieure réalisée dans des conditions de contractions similaires, Nardone et Schieppati (1988) ont par ailleurs rapporté que l’activation des muscles synergistes lors de sollicitations excentriques dépendait de leur typologie respective. Dans cette étude, une réduction conséquente de l’activité EMG du muscle soléaire était en effet associée à une 37 CHAPITRE I - REVUE DE LITTERATURE augmentation, plus ou moins marquée selon les sujets, de l’activité EMG du muscle gastrocnémien latéral lors de contractions excentriques. Le muscle soléaire est composé d’une plus grande proportion d'unités motrices lentes par rapport aux muscles gastrocnémien latéral (Johnson et coll., 1973). Par conséquent, d'après l'équipe de Nardone, cette inversion d'activation entre ces muscles synergistes lors de sollicitations excentriques témoignerait de la mise en jeu sélective d’un muscle dit "rapide", le gastrocnémien, au détriment d'un muscle essentiellement constitué d'unités motrices lentes, le soléaire. Le but de cette activation spécifique en excentrique serait d'assurer une meilleure résistance à l’allongement et de freiner celui-ci (Nardone et coll., 1988). Figure 15. Exemple du recrutement typique d’une unité motrice du muscle gastrocnémien latéral lors de sollicitations concentriques et excentriques en rampe (tracés de gauche) et balistique (tracés de droite) réalisées contre une charge constante. Les tracés représentent, de haut en bas, l’enregistrement intramusculaire, la position angulaire (0° correspond à un angle de cheville de 85°) et l’activité EMG de surface des muscles soléaire et gastrocnémien (Modifiée d’après Nardone et coll., 1989). Une nouvelle étude conduite par Howell et collaborateurs en 1995 est venue conforter partiellement cette hypothèse. Ces auteurs ont examiné le comportement d’unités motrices du muscle premier interosseux dorsal lors de contractions cycliques d’abduction et d’adduction du doigt réalisées contre une charge correspondant à 1.0-2.5% de la CVM. Trois unités motrices enregistrées chez trois sujets différents ont en effet exhibé à quelque reprise un comportement similaire et n’étaient recrutées qu’au cours de sollicitations excentriques tandis que d’autres unités à seuil sensiblement plus bas et préalablement activées étaient dérecrutées. Deux autres études classiquement citées dans la littérature, ont étudié le recrutement des 38 CHAPITRE I - REVUE DE LITTERATURE unités motrices du biceps brachial à travers l’analyse de la fréquence et de l’amplitude des potentiels d’action au cours de contractions dynamiques (Moritani et coll., 1987, Linnamo et coll., 2003). Plutôt que d'étudier l’activation d’une unité motrice individuellement, cette technique analyse la fréquence et l’amplitude moyenne des potentiels d’actions appartenant à un pool d’unités motrices activées simultanément. D’après ces auteurs, l’augmentation de l’amplitude moyenne des potentiels d’actions lors des sollicitations excentriques comparativement au mode concentrique témoignerait d'un recrutement sélectif d’unités motrices à seuil élevé associé à un dérecrutement d’unités motrices à bas seuil. Cependant, toute interprétation à partir de cette technique d’analyse reste hasardeuse puisqu’elle ne permet pas de classer les unités motrices selon leur seuil de recrutement, ni d’affirmer avec certitude que les modifications de l’amplitude moyenne des potentiels d’actions sont réellement liées au recrutement ou au dérecrutement d’un type d’unité par rapport à l’autre. Des modulations de l’activation d’un muscle au détriment d’un synergiste lors de contractions excentriques ont également été observées au niveau des fléchisseurs du coude (Tax et coll., 1989, Nakazawa et coll., 1993). Nakazawa et collaborateurs (1993) ont en effet montré que le rapport entre l’activité EMG du muscle brachoradial et celle du biceps brachial est réduit lors de sollicitations excentriques et ce, d’autant plus que la longueur du muscle est importante (bras en extension), tandis qu’il reste inchangé et supérieur lors de sollicitations concentriques. Dans ce cas précis, la modulation de l’activation des fléchisseurs du coude en excentrique ne peut cependant pas dépendre de leur typologie respective puisque la composition en fibres de type I ou lentes (40-50%) de ces deux muscles fléchisseurs du coude est similaire (Johnson et coll., 1973). Nakazawa et collaborateurs (1993) ont en outre rapporté des modulations semblables lors de contractions isométriques avec l'augmentation de l'angle articulaire. Ces modifications de l'activation de muscles synergistes au cours de sollicitations excentriques s’expliqueraient donc d’avantage par des modulations de leur bras de levier et de leur ligne de force, plutôt que par un recrutement sélectif d’un muscle dit "rapide" au détriment d’un muscle "lent". En outre, si ce phénomène de dérecrutement s'applique en dehors de leurs conditions expérimentales, on doit donc s'attendre à retrouver une baisse de l’activité EMG de surface du muscle soléaire dans d’autres travaux ayant analysé ce mode de contractions excentriques au niveau du même muscle. Ce ne semble pas être le cas puisque Pinniger et collaborateurs (2000) n’ont pas observé de diminution d’amplitude de l’EMG de surface pour des conditions de vitesse angulaires (15°.s-1) et de charges (30% de la CVM) identiques. Les différences dans la cinématique des contractions dynamiques peuvent 39 CHAPITRE I - REVUE DE LITTERATURE toutefois expliquer ces divergences. Dans un cas (Nardone et coll., 1989), les sollicitations excentriques ont été réalisées au moyen d’une charge constante tandis pour que les seconds (Pinniger et coll., 2000), la vitesse était constante (isocinétique). Lorsque les sollicitations excentriques sont réalisées au moyen d’une charge constante, des "irrégularités" dans les tracés de force et de mouvement sont d’avantages susceptibles d’apparaitre. De telles "saccades" du couple de force ou du mouvement sont proches de petits mouvements balistiques susceptibles d'induire des modulations du recrutement (Stotz et Bawa, 2001). Enfin, plusieurs études ont rapporté que l’ordre de recrutement des unités motrices entre ces deux modes de contraction n'était pas différent, qu’il s’agisse de mobiliser une charge (Garland et coll., 1994, 1996, Christensen et coll., 1995, Søgaard et coll., 1996, Kossev et Christova, 1998, Bawa et Jones, 1999, Christova et Kossev, 2000, Stotz et Bawa, 2001) ou de produire une force contre un ergomètre motorisé (Tax et coll., 1989, Stotz et Bawa, 2001). Les travaux de Bawa et collaborateurs (Bawa et Jones, 1999, Stotz et Bawa, 2001) ont en effet montré, au niveau des fléchisseurs du poignet, que l’ordre de recrutement des unités motrices était conservé indiquant une certaine rigidité du principe de Henneman (1957) quel que soit le mode de contraction et pour une large plage de vitesse angulaire (de 10 à 100°.s-1). Bien que certaines unités à haut seuil soient activées de manière additionnelle lors de contractions excentriques, ce recrutement n’était jamais accompagné d’un dérecrutement d’unités déjà actives. Sept autres études ont examiné le comportement d’unités motrices lors des deux modes de contractions dans les muscles biceps brachial et triceps brachial et ce, pour des niveaux de couple de force et des vitesses angulaires allant jusqu’à 53% de CVM et 225°.s-1, respectivement (Tax et coll., 1989, Garland et coll., 1994, 1996, Christensen et coll., 1995, Søgaard et coll., 1996, Kossev et Christova, 1998, Christova et Kossev, 2000). Celles-ci ont également montré que l’ordre de recrutement des unités motrices était conservé quel que soit le régime de contraction. Parmi ceux-ci, un groupe de chercheurs a cependant indiqué que certaines unités motrices pouvaient être activées de manière occasionnelle uniquement en excentrique (Christensen et coll., 1995, Søgaard et coll., 1996). Une des interprétations serait, selon eux, que de subtiles modifications des seuils de recrutement peuvent se produire entre unités motrices lentes dont les seuils sont très proches. Ainsi, les plus grandes unités motrices recrutées en excentrique seraient simplement les suivantes à être activées selon le principe de la taille. Il a d’ailleurs été démontré que de telles inversions d’ordre de recrutement dans le cas d'unités dont les seuils sont très proches ne sont pas inhabituelles (Thomas et coll., 1987, Jones et coll., 1993, Feiereisen et coll., 1997). 40 CHAPITRE I - REVUE DE LITTERATURE I.3.7.3. Fréquence de décharge des unités motrices Si la littérature présente de nombreuses divergences concernant l’ordre de recrutement des unités motrices lors de sollicitations excentriques, l’ensemble des études portant sur leur fréquence de décharge rapportent des observations analogues. Comme plusieurs études l’ont en effet indiqué en comparant des populations d’unités motrices, le mode excentrique est habituellement associé à des fréquences de décharge moyennes plus basses pour un niveau de force absolue donné, comparativement aux contractions concentriques (Tax et coll., 1989, Howell et coll., 1995, Søgaard et coll., 1996, Kossev et Christova, 1998, Semmler et coll., 2002, Linnamo et coll., 2003, Del Valle et Thomas, 2005). L’argument habituellement avancé afin d’expliquer cette diminution de la fréquence de décharge lors de sollicitations excentriques est que pour une fréquence d’activation donnée, chaque unité motrice produit une force supérieure en mode excentrique (Moritani et coll., 1987). Pour une même force absolue développée, la commande motrice descendante affectant le pool de motoneurones sera nécessairement inférieure lors de sollicitations excentriques. Plusieurs travaux ont utilisé des charges constantes afin de comparer les modulations de recrutement entre ces deux modes de sollicitation. Dans ces conditions, le couple de force développé est inférieur à la charge lors de contractions excentriques conduisant inévitablement à une moindre fréquence d’activation et un dérecrutement d’unités motrices (Laidlaw et coll., 2000, Stotz et Bawa, 2001, Del Valle et Thomas, 2005) Enfin, Semmler et collaborateurs (2002) ont montré que comparativement aux contractions concentriques, les contractions excentriques réalisées à vitesse lente contre une charge inertielle (~5% de la CVM) s’accompagnaient d’un plus haut niveau de synchronisation des unités motrices enregistrées au niveau du muscle premier interosseux. Ces résultats indiquent que la commande descendante affectant le pool de motoneurones est différente entre ces deux modes de contraction. En conclusion, bien que lors de sollicitations excentriques, la commande descendante soit modifiée par rapport aux autres modes de contractions, l’hypothèse d’une stratégie unique de recrutement de la part du système nerveux central selon le type de contraction ne fait pas l’unanimité. Des mécanismes nerveux d’origine périphérique peuvent par ailleurs expliquer ces différences d’activation. L’activité EMG mesurée de manière globale ou même 41 CHAPITRE I - REVUE DE LITTERATURE analytique à travers l’enregistrement des unités motrices ne permet cependant pas de connaître l’origine spinale et/ou supraspinale des mécanismes nerveux responsables de ce mode d’activation particulier lors de sollicitations musculaires excentriques. Afin de discriminer les adaptations nerveuses intervenant au niveau spinal ou supraspinal lors de sollicitations excentriques, il est possible d’analyser l’excitabilité de la voie corticospinale par l’intermédiaire de la stimulation transcorticale d’une part, et l’activité réflexe médullaire par l’intermédiaire de stimulations périphériques des afférences sensitives d’autre part. I.3.8. Excitabilité de la voie corticospinale L’activation d’un groupe musculaire par le système nerveux central est dépendante du niveau d’excitabilité des neurones corticaux et du pool de motoneurones spinaux innervant le muscle concerné. A notre connaissance, la seule équipe à avoir investigué les variations de l’activité des neurones corticaux au moyen d’enregistrements électro-encéphalographiques (EEG) lors de sollicitations excentriques est celle de Fang et collaborateurs (2001, 2004). Leurs résultats indiquent que, lors de contractions excentriques sous-maximales (Fang et coll., 2001) et maximales (Fang et coll., 2004) des muscles fléchisseurs du coude, l’activité corticale est plus ample et plus précoce comparativement aux sollicitations concentriques. Ces observations indiquent l’utilisation d’un plus grand nombre d’aires fonctionnelles ou de neurones corticaux et rejoignent l’hypothèse suggérée par Enoka (1996) selon laquelle le système nerveux central adopterait une stratégie particulière lors d’actions excentriques. La stimulation magnétique transcorticale permet de tester de façon indolore l’excitabilité de la voie corticospinale, allant du cortex moteur primaire aux motoneurones qui innervent les muscles périphériques. Lors de l’utilisation de la stimulation magnétique transcorticale, plusieurs paramètres peuvent être étudiés, fournissant chacun une information différente de l'état de la voie corticospinale. L’amplitude du potentiel moteur évoqué permet de quantifier l’excitabilité corticospinale. Ainsi, à une intensité de stimulation fixe, une variation d’amplitude des réponses observées témoigne d’une augmentation ou d’une diminution de l’excitabilité corticospinale. Par contre, la période de silence, correspondant à l'arrêt de l’activité EMG pendant la contraction volontaire (silence EMG) suite au potentiel moteur évoqué, renseigne sur l'importance de l’inhibition. L’origine serait spinale pour les premiers 30 à 50 ms (période réfractaire post-dépolarisation) et/ou corticale pour la seconde partie de la période de silence (Abbruzzese et Trompetto, 2002). Une autre façon d’étudier 42 CHAPITRE I - REVUE DE LITTERATURE l’excitabilité corticospinale est de tracer une courbe dite "de recrutement" ou "d’entréesortie". Celle-ci consiste à enregistrer les potentiels moteurs évoqués à différentes intensités de stimulation et à exprimer ces potentiels moteurs évoqués en fonction de l’intensité de stimulation. Cette courbe, introduite par les travaux de Devanne et collaborateurs (1997), se présente sous la forme d’une sigmoïde et se décrit selon trois paramètres : le seuil moteur, la pente et le plateau. Le seuil moteur représente le niveau d’excitabilité minimal du cortex moteur. Il est habituellement mesuré pour le muscle cible au repos ou lors d’une activation musculaire (contraction isométrique stable). Le second paramètre de la courbe de recrutement est la pente qui témoigne de la "force" des projections corticospinales (gain du recrutement corticospinal). Plus la pente est élevée, plus le lien est fort entre les neurones corticospinaux et les motoneurones et donc plus le plateau sera atteint rapidement. Le plateau est le troisième paramètre et représente le recrutement spatial maximal des neurones corticospinaux. De façon intéressante, il a été montré que l’amplitude du potentiel moteur évoqué, enregistré au niveau du soléaire lorsque celui-ci est relâché, est moindre si le muscle est maintenu en position allongée (Guissard et coll., 2001). Par ailleurs, Abbruzzese et ses collègues (1994) ont été les premiers à montrer que l’amplitude des potentiels moteurs évoqués enregistrés au niveau du biceps brachial et du brachoradial était réduite lors de sollicitations excentriques comparativement aux autres modes de contractions et ce, pour un niveau d’activité EMG similaire. Sekiguchi et collaborateurs ont rapporté des résultats comparables non seulement sur ces mêmes muscles (Sekiguchi et coll., 2001) mais également sur le muscle soléaire (Sekiguchi et coll., 2003), à savoir que le mode de contraction excentrique était associé à une moindre excitabilité de la voie corticospinale puisque celui-ci présentait des valeurs de plateau et de pente maximale inférieures comparativement au mode de contraction concentrique. Toutefois, cette même équipe a récemment montré que ce comportement ne semble pas être présent pour tous les muscles. Ainsi, pour le muscle premier interosseux dorsal, les sollicitations excentriques s’accompagnaient, pour une valeur de plateau identique, d’une pente plus raide et d’un seuil d’excitabilité plus élevés comparativement au concentrique (Sekiguchi et coll., 2007). D’après ces auteurs, ces différences entre les muscles de la main et les autres groupes musculaires témoigneraient de l’importance des projections monosynaptiques du cortex moteur primaire sur les motoneurones alpha. 43 CHAPITRE I - REVUE DE LITTERATURE I.3.9. Excitabilité spinale et mécanismes périphériques sous-jacents Comme nous l’avons vu précédemment, l’excitabilité spinale peut être évaluée à partir de l’analyse du réflexe de Hoffmann (Schieppati, 1987). Cette activité réflexe traduit en partie l’efficacité de la transmission entre les afférences Ia et le motoneurone α et l’excitabilité du pool de motoneurone. I.3.9.1. Lors de sollicitations passives Globalement, il se dégage des travaux relatifs à l’excitabilité spinale que dans des conditions passives et statiques les paramètres du réflexe H dépendent de l’angle articulaire testé et donc de la longueur du muscle (Robinson et coll., 1982, Etnyre et Abraham, 1986, Gerilovsky et coll., 1989, Guissard et coll., 2001, Hwang, 2002, Patikas et coll., 2004). Toutes ces études, réalisées sur le muscle soléaire pour des positions angulaires allant de 20° de flexion plantaire à 30° de flexion dorsale, rapportent que l’allongement passif du triceps sural s’accompagne d’une réduction de l’amplitude du réflexe H. Cette inhibition semble être en outre positivement corrélée à l’amplitude de l’allongement musculaire. Figure 16. A : évolution de la réponse motrice directe (M) et du réflexe de Hoffmann (H) du soléaire au repos dans des conditions statiques à différents angles de flexion dorsale de la cheville par rapport à la position initiale de contrôle (0°). La position initiale est celle pour laquelle l’axe du pied se trouve à la perpendiculaire de l’axe de la jambe. B : comparaison chez un sujet des courbes de recrutement des réponses H (symboles pleins) et M (symboles vides) du soléaire au repos dans des conditions statiques entre la position contrôle (cercles) et 20° de flexion dorsale (triangles). (Modifiée d’après Guissard et coll., 1988). 44 CHAPITRE I - REVUE DE LITTERATURE Les travaux de Guissard et collaborateurs (1988) montrent en effet qu’à chaque position angulaire testée, de la position neutre (0°) à 30° de flexion dorsale, l’amplitude du réflexe H du soléaire présente une réduction progressive d’environ 75%, tandis que celle de la réponse M reste quasiment inchangée (figure 16). Dans les conditions dynamiques passives, l’amplitude du réflexe H est également influencée par le mode de sollicitation musculaire (figure 17). En effet, la réponse H enregistrée tant au niveau du soléaire que du gastrocnémien médial est diminuée lors d’un allongement passif comparativement à celle mesurée en isométrique pour les mêmes angles articulaires. Cette dépression semble d’autant plus importante que la vitesse angulaire augmente (Romanò et Schieppati, 1987, Pinniger et coll., 2001 ; figure 17). A l’inverse, dans le cas d’un raccourcissement passif du triceps sural celle-ci est clairement facilitée (Pinniger et coll., 2001, Nordlund et coll., 2002). De la même manière, cette facilitation du réflexe H apparaît plus marquée à de plus faibles vitesses angulaires (Pinniger et coll., 2001). A B Figure 17. A : rapport Hmax / Mmax des muscles soléaire (carrés vides) et gastrocnémien médial (carrés pleins) au repos dans des conditions de raccourcissement (vitesses angulaires positives-concentrique), d’allongement (vitesses angulaires négatives-excentrique) et statiques (vitesse angulaire nulle). B : illustration des réponses réflexe H obtenues chez un sujet au niveau du soléaire (SOL) et du gastrocnémien médial (MG) aux différentes vitesses angulaires testées. (D’après Pinniger et coll., 2001). 45 CHAPITRE I - REVUE DE LITTERATURE L’analyse de la courbe de recrutement du réflexe H du soléaire et du gastrocnémien montre logiquement une dépression de l’amplitude du réflexe lors d’allongements passifs comparativement aux raccourcissements et ce, quelle que soit l’intensité de stimulation testée (Romanò et Schieppati, 1987, Pinniger et coll., 2001, Duclay et Martin, 2005). Par ailleurs, la modulation spécifique du réflexe H au cours de sollicitations passives est toujours présente endéans les 60 premières millisecondes après le début du mouvement (Brooke et coll., 1995, Pinniger et coll., 2001). Cette constatation indique que la modulation du réflexe H pendant l’allongement passif est très probablement induite par rétroaction périphérique. En outre, il a été rapporté que chez des patients atteints d’une lésion complète de la moelle épinière, la modulation et la dépression du réflexe H, mesurées lors de rotations passives sinusoïdales de la cheville, sont toujours présentes au moment de l’allongement musculaire mais moins importantes comparativement aux sujets sains (Voigt et Sinkjaer, 1998). Ces observations suggèrent que la réduction d’amplitude du réflexe H serait en grande partie attribuée à des inhibitions nerveuses d’origine spinale. La dépression du réflexe H lors d’allongements statiques et dynamiques passifs du muscle est généralement attribuée à la diminution de la libération de neurotransmetteurs au niveau du bouton terminal des fibres afférentes résultant de la décharge tonique des fuseaux neuromusculaires. Deux types de mécanismes peuvent être à l’origine de cette inhibition : Le premier mécanisme appelé "dépression homosynaptique de post-activation" est lié à la sollicitation répétée des afférences Ia. Les fuseaux neuromusculaires, sensibles aux variations de longueur du muscle, vont présenter une activité intense lors d’un allongement passif du muscle tandis qu’ils deviennent pratiquement silencieux lors d’un raccourcissement passif (Burke et coll., 1978). Toutefois, selon les observations rapportées par plusieurs études, les boutons synaptiques terminaux étant sensibles à l’activité antérieure des afférences Ia, leur sollicitation répétée va réduire leur efficacité. Lors d’un allongement passif, la libération de neurotransmetteur au niveau de la synapse entre les afférences Ia et le motoneurone α sera finalement progressivement réduite (Curtis et Eccles, 1960, Burke et coll., 1989, Crone et Nielsen, 1989, Hultborn et coll., 1996, Kohn et coll., 1997). Ce mécanisme d’inhibition lié à l’activation antérieure des afférences Ia homonymes pourrait expliquer en partie la réduction du réflexe H lors d’allongement passif comparativement aux autres modes de sollicitation (Hultborn et coll., 1996, Wood et coll., 1996, Kohn et coll., 1997, Pinniger et coll., 2001). 46 CHAPITRE I - REVUE DE LITTERATURE Un second mécanisme d’inhibition agissant au niveau présynaptique sur les afférences Ia va permettre de moduler la réponse H : "primary afferent depolarisation" dans la littérature anglo-saxonne. Cette dernière va provoquer une réduction de la dépolarisation du motoneurone α induite par l’activité répétée des fibres Ia (Delwaide, 1973, Rudomin, 1990). Globalement, un interneurone inhibiteur gaba ergique empêche la libération du médiateur en déchargeant avant ou pendant qu’un potentiel d’action arrive au bouton synaptique excitateur et réduit la libération de neurotransmetteur. Ce mécanisme va permettre une modulation de la sensibilité des voies spinales afférentes. L’interneurone de l’inhibition présynaptique sera modulé en fonction de plusieurs facteurs : l’ensemble des retours sensoriels issus des récepteurs périphériques (afférences Ib, afférences Ia, afférences cutanées ; Rudomin et Schmidt, 1999), l’activité de la musculature antagoniste (Morin et coll., 1984, Nielsen et Kagamihara, 1993) et synergiste (Schieppati et coll., 1990), ainsi que la commande supraspinale descendante (Meunier et Pierrot-Deseilligny, 1998). Ce circuit réflexe myotatique est soumis à divers contrôle, par le motoneurone γ qui règle la sensibilité du fuseau neuromusculaire dont est issue la fibre Ia d’une part et par des interneurones (gaba ergiques) inhibiteurs présynaptiques des fibres Ia d’autre part recevant eux-mêmes des influences segmentaires périphériques et centrales supraspinales (de la réticulée, du cervelet, du cortex moteur). I.3.9.2. Modulation lors de contractions volontaires Un grand nombre de travaux ont clairement montré que plusieurs facteurs peuvent influencer et moduler l’amplitude du réflexe H. Par exemple, toute activité posturale dans les muscles des autres membres que celui où le mouvement est effectué, désignée par l’expression de "manœuvre de Jendrassik", peut induire une augmentation de l’amplitude du réflexe H (Delwaide et Toulouse, 1980, Dowman et Wolpaw, 1988). Certaines composantes supraspinales semblent donc impliquées dans la modulation du réflexe H. Les influx du système vestibulaire et du cou peuvent aussi influencer ce réflexe, d’où l’importance d’éviter tout mouvement phasique et toute altération de la position du cou et/ou de la tête lors de l’expérimentation (Brunia, 1973). Il est donc important de contrôler les conditions dans lesquelles se déroule l’expérimentation afin de limiter le plus possible l’ensemble de ces effets. 47 CHAPITRE I - REVUE DE LITTERATURE Lors de contractions volontaires isométriques, l’état de contraction du muscle et l’importance de son activité de base modulent l’amplitude du réflexe H. Il a été démontré sur différents muscles que cette dernière augmente avec l’intensité de la contraction musculaire (Upton et coll., 1971, Pierrot-Deseilligny et coll., 1973, Burke et coll., 1989, Butler et coll., 1993, Toft et Sinkjaer, 1993) et diminue pendant et après le relâchement volontaire d’une contraction musculaire isométrique (Schieppati et coll., 1986, Guissard et coll., 1988). Cependant, comme nous l’avons déjà évoqué, l’une des limites de ces études est l’absence de normalisation du réflexe H par l’onde M obtenue dans les mêmes conditions. Dans ces conditions de normalisation, le rapport H/M ne semble alors pas affecté par le niveau de contraction volontaire (Pensini et Martin, 2004) suggérant que lors d’activations volontaires isométriques, la commande descendante volontaire ne modifie pas la balance "excitationinhibition" au niveau du pool de motoneurones α. En outre, bien que plusieurs études aient rapporté une dépression du reflexe H lorsque le muscle au repos est allongé, aucune étude à notre connaissance ne s’est intéressée à ces modulations lorsque celui-ci est volontairement activé. Lors d’activations volontaires anisométriques, les modulations du réflexe H entre les sollicitations actives et passives apparaissent beaucoup moins évidentes. Jusqu'à présent, peu d'études ont caractérisé la relation entre le réflexe H et le niveau d’activation lors de sollicitations concentriques ou excentriques. Romanò et Schieppati (1987) ont été les premiers à montrer que le réflexe H, mesuré au niveau du soléaire, était potentialisé dans des conditions actives et ce, dans les deux modes de sollicitation. Plus tard, Abbruzzese et collaborateurs (1994) ont rapporté des résultats similaires au niveau du muscle brachoradial indiquant que la réponse réflexe était fortement corrélée au niveau d’excitabilité du pool de motoneurones. En outre, une dépression du réflexe H lors de sollicitations actives excentriques comparativement au mode concentrique a été rapportée dans la première étude (Romanò et Schieppati, 1987). Toutefois, en l’absence de normalisation, cette étude ne permet pas d’interpréter les modulations de la réponse réflexe liées au mode de sollicitations musculaires. De plus, les sollicitations dynamiques ont été réalisées au moyen de charges externes constantes pour lesquelles l’activation électromyographique et donc l’excitabilité du pool de motoneurones étaient logiquement plus importantes dans les conditions concentriques qu’excentriques. Lorsque le réflexe H est correctement normalisé, Nordlund et collaborateurs (2002) ont montré que le rapport H/M enregistré au niveau du muscle soléaire lors de sollicitations excentriques sous-maximales était également potentialisé avec l’intensification de la 48 CHAPITRE I - REVUE DE LITTERATURE commande volontaire. Plus récemment, Duclay et collaborateurs (2005, 2008) ont rapporté des résultats similaires dans des conditions maximales d’activation volontaire du même muscle et pour des vitesses angulaires plus importantes. Par ailleurs, lors de sollicitations concentriques, Nordlund et collaborateurs (2002) ont montré que le rapport H/M n’était pas modifié malgré l’intensification de la commande descendante. Dès lors, les résultats contradictoires rapportés par Romanò et Schieppati (1987) peuvent s’expliquer, non seulement par l’absence de normalisation du réflexe H, mais également par les différents protocoles expérimentaux utilisés notamment en ce qui concerne l’intensité de la contraction (charge constante de 100 N vs. 10, 20, et 30% de la CVM), la vitesse angulaire (12, 25, et 50°.s-1 vs. 5°.s-1) et les intensités de stimulation utilisées afin d’obtenir la réponse H (H sousmaximal vs. H maximal). En outre, malgré une potentialisation en excentrique, le rapport H/M reste toujours inférieur comparativement aux sollicitations concentriques et ce, quelle que soit la vitesse angulaire testée (Nordlund et coll., 2002, Duclay et Martin, 2005). Cette dépression du réflexe H lors de sollicitations excentriques, tant maximales que sous-maximales, est d’autant plus marquée que la vitesse angulaire augmente (Romanò et Schieppati, 1987, Duclay et coll., 2008). Seule l’étude de Petersen et collaborateurs (2007) portant sur l’analyse de la probabilité d’activation d’une unité motrice du muscle tibial antérieur en réponse à une stimulation électrique des afférences Ia, a récemment suggéré que les phénomènes d’inhibitions présynaptiques n’étaient pas différents entre les deux modes de sollicitation malgré l’augmentation des afférences fusoriales au cours de l’allongement du muscle en excentrique. Cependant, le protocole utilisé dans cette étude diffère par rapport à ceux consistant à déplacer une charge inertielle puisqu’il impliquait de maintenir un niveau de décharge constant d'une unité motrice lors de sollicitations musculaires réalisées à l’aide d’un ergomètre motorisé. L’augmentation de l’excitabilité des motoneurones lorsque le muscle est volontairement activé en excentrique s’expliquerait en partie par une modulation spécifique de la balance "excitation-inhibition" qui agit sur le pool de motoneurones par les centres supraspinaux. Lors d’une activation volontaire, la commande descendante agit en effet non seulement sur le pool de motoneurones mais aussi sur l’inhibition présynaptique en l’atténuant (Meunier et Pierrot-Deseilligny, 1998). Parallèlement aux modifications de la commande descendante sur le pool de motoneurones au cours de sollicitations concentriques et excentriques, des modifications du retour sensoriel périphériques sont également présentes. Il se produit notamment une augmentation de la quantité d’influx afférents issus des fuseaux neuromusculaires au cours d’une sollicitation excentrique (Burke et coll., 1978, Hulliger et 49 CHAPITRE I - REVUE DE LITTERATURE coll., 1985). Malgré cette augmentation du retour sensoriel Ia, l’amplitude du réflexe H reste déprimée. Ce déficit de la réponse des motoneurones aux afférences fusoriales lors de sollicitations excentriques est probablement lié à l’augmentation d’une part de l’inhibition présynaptique des afférences Ia via des phénomènes de "primary afferent depolarisation" dont le contrôle peut être périphérique et central (Rudomin et Schmidt, 1999, Pierrot-Deseilligny, 1997) et/ou d’autre part au phénomène de "dépression homosynaptique de post-activation" (Hultborn et coll., 1996). D’autres mécanismes inhibiteurs comme l’inhibition réciproque, l’inhibition issue des afférences Ib et la rétro-inhibition récurrente via les cellules de Renshaw pourraient également expliquer ce déficit du rapport H/M lors de sollicitations excentriques. En conclusion, ces données suggèrent non seulement que lors de sollicitations excentriques, l’activité nerveuse est inhibée au niveau spinal mais aussi que l’excitabilité de la voie corticospinale est réduite. Des mécanismes inhibiteurs vont réduire l’efficacité de la transmission au niveau de la synapse entre motoneurone α et les afférences sensitives. Cette dépression affectant le pool de motoneurones peut être compensée par l’effet facilitateur lorsque la commande volontaire descendante est augmentée. Toutefois, la majorité des études qui se sont intéressées aux modifications de la balance "excitation-inhibition" lors de sollicitations excentriques, n’ont fait que comparer les valeurs pour un angle donné. Etant donné les modulations possibles tant au niveau spinal que supraspinal des mécanismes nerveux mis en jeu, il semble dès lors important d’analyser leur modulation pendant le mouvement et aux différents angles investigués. I.4. Fatigabilité neuromusculaire I.4.1. Mécanismes sous-jacents Les processus de la fatigue musculaire peuvent avoir une origine centrale ou périphérique (McKenzie et coll., 1992). Les mécanismes centraux de la fatigue sont habituellement définis par une réduction de la capacité d’activation du muscle (Gandevia, 2001). Celle-ci peut être due à une réduction de l’activité des cellules du cortex moteur (Fourment et coll., 1995), à une altération de la conduction des impulsions le long des voies motrices descendantes, ou à une altération du niveau d’excitabilité du motoneurone (Kernell, 50 CHAPITRE I - REVUE DE LITTERATURE 1995). Ce déficit de la commande centrale se traduit par un moins grand nombre de motoneurones activés ou par une fréquence d’activation sous-optimale, et serait en partie responsable de la diminution de la tension développée lors d’un exercice musculaire épuisant (Duchateau et Hainaut, 1993, Brazil-Neto et coll., 1994, Löscher et coll., 1996). Les processus périphériques de la fatigue musculaire comprennent les changements intervenant au-delà du motoneurone, jusqu’au processus contractile lui-même (Westerblad et coll., 1991, Fuglevand et coll., 1993, 1995, Stephenson et coll., 1995). L’intégrité de la transmission neuromusculaire et de l’excitabilité de la membrane musculaire peut être altérée. Celles-ci peuvent être testées en enregistrant le potentiel d’action du muscle (onde M). Au niveau musculaire, les facteurs susceptibles de contribuer à l’apparition de la fatigue sont les altérations affectant la propagation du potentiel d’action le long de la membrane sarcoplasmique et des tubules T ainsi que l'ensemble des événements correspondant au couplage "excitation-contraction". Parmi ces évènements, le couplage entre le potentiel d’action et le largage de calcium ("couplage électro-chimique") est habituellement le plus touché (Westerblad et coll., 1991). Toutefois, le couplage entre le calcium et l’interaction des protéines contractiles ("couplage mécano-chimique") est lui aussi susceptible d'être modifié (Westerblad et coll., 1991). L’altération du couplage excitation-contraction lors d’un exercice musculaire peut provenir d’une réduction du largage calcique par le réticulum sarcoplasmique, d’une moindre sensibilité de la troponine C au calcium intracellulaire et/ou d’une diminution de la capacité des ponts à générer une tension (Westerblad et coll., 1991, Sjogaard et McComas, 1995). La cessation de l’activation ainsi que la "reséquestration" active (par hydrolyse de l’adénosine triphosphate) du calcium intracellulaire par le réticulum sarcoplasmique et par l’intermédiaire d’une pompe membranaire, entraîne la diminution du calcium intracellulaire, et permet ainsi la relaxation. Cette dernière étape peut également être ralentie au cours de l’exercice musculaire lorsque le fonctionnement de la pompe est perturbé. Enfin, l’ensemble de ces mécanismes périphériques va être influencé par des modifications électro-chimiques (sodium et potassium) au niveau de la membrane musculaire et de ses invaginations (Sjogaard et McComas, 1995), et par des modifications métaboliques (phosphates inorganiques, adénosine diphosphate et protons hydrogène) au niveau intracellulaire (Stephenson et coll., 1995). 51 CHAPITRE I - REVUE DE LITTERATURE I.4.2. Fatigabilité neuromusculaire lors de sollicitations excentriques La fatigue musculaire se manifeste par des modifications mécaniques, énergétiques et électromyographiques. D’un point de vue énergétique, bien qu’un muscle sollicité de manière excentrique développe un couple de force supérieur ou égal aux autres modes de contractions (Tesch et coll., 1990, Westing et coll., 1991, Seger et Thorstensson, 1994, Crenshaw et Karlsson, 1995), les actions motrices impliquant principalement ce mode sont associées à une meilleure efficience musculaire puisqu’elles entraînent pour une même intensité d’effort une moindre dépense (consommation d’oxygène) comparativement au mode concentrique (Abbott et coll., 1952, Asmussen, 1953, Bigland-Ritchie et Wood, 1976, Sargeant et Dolan, 1987, Ryschon et coll., 1997). En condition excentriques, les structures sont étirées positionnant ainsi chaque "pont" entre les molécules d’actine et de myosine à un niveau supérieur de la courbe tensionlongueur et leur permettant de développer une plus grande tension jusqu'à leur rupture mécanique (Huxley, 1957, Edman et coll., 1978, Huxley et Simmons, 1971). Ces liaisons entre l’actine et la myosine subissent donc des décrochages mécaniques probablement plus marqués lors de contractions excentriques. La formation cyclique des ponts s'accompagnera dès lors d'une moindre hydrolyse des molécules d'ATP par rapport à l’action concentrique (Woledge et coll., 1985, Lombardi et Piazzesi, 1990, Morgan et Allen, 1999). Par contre, il ressort de la littérature relative aux sollicitations excentriques que celles-ci sont classiquement associées à des douleurs différées plus marquées ainsi qu’à une persistance des modifications des capacités contractiles par rapport aux autres modes (Sargeant et Dolan, 1987, Lowe et coll., 1995). Ces symptômes seraient en partie due à l’importance des perturbations structurales et histologiques engendrées par l’allongement "forcé" du système musculotendineux. Il est en effet aujourd'hui clairement admis que les hauts niveaux de tension atteints lors de ce mode de sollicitation induisent indéniablement un stress mécanique important conduisant au sur-étirement graduel des sarcomères qui vont progressivement être endommagés (Newham et coll., 1983, Fridén et Lieber, 1992, Clarckson et Newham, 1995, Lieber et coll., 1996, Jones et coll., 1997, Proske et Morgan, 2001). Des microlésions du système musculo-tendineux vont ainsi stimuler la phase de réaction aiguë de la réponse inflammatoire (Lowe et coll., 1995). Enfin, sous l’effet de ces lésions tissulaires ainsi induites, il semble qu’une altération du couplage excitation-contraction soit également présente après ce type de sollicitation (Brown et coll., 1996, Ingalls et coll., 1998). 52 CHAPITRE I - REVUE DE LITTERATURE Sur le plan mécanique, la fatigue neuromusculaire se définit habituellement comme étant soit une réduction de la capacité du muscle à maintenir un niveau de force donnée ou une intensité d’exercice déterminée soit une diminution de la force musculaire maximale, que celle-ci soit le résultat d’une contraction volontaire ou induite électriquement (pour une revue voir Gandevia, 2001). Majoritairement, l’analyse de la littérature ayant abordé la fatigue musculaire lors de sollicitations dynamiques volontaires rapportent que les contractions excentriques mènent à une altération moins marquée des capacités de production de force par rapport au mode concentrique (Gray et Chandler, 1989, Tesch et coll., 1990, Crewshaw et coll., 1995, Hortobagyi et coll., 1996, Grabiner et Owings, 1999, Kay et coll., 2000). Toutefois, les protocoles de fatigue impliquant le mode excentrique conduisent à des évolutions variables. Parmi ceux-ci, Tesch et collaborateurs (1990) ont montré qu’un même protocole impliquant 3 séries de 32 contractions volontaires maximales des extenseurs du genou s’accompagnait d’altérations négligeables du couple de force développé lors de sollicitations excentriques et d’une réduction marquée du couple de force (de 34 à 47% entre les séries) lors de sollicitations concentriques (figure 18). Figure 18. Evolution du couple de force développé par les muscles extenseurs du genou et de l’activité EMG enregistrée au niveau du muscle vaste latéral au cours de 3 séries de 32 contractions volontaires maximales concentriques (cercles vides) et excentriques (cercles pleins). (Modifiée d’après Tesch et coll., 1990). Des résultats similaires ont été rapportés sur les mêmes groupes musculaires pour des vitesses angulaires identiques (180°.s-1 ; Gray et Chandler, 1989) et inférieures (60°.s-1 ; Kay et coll., 2000). D’autres études ont par ailleurs montré que la répétition de contractions 53 CHAPITRE I - REVUE DE LITTERATURE excentriques pouvaient également conduire à une réduction du couple de force de 20 à 50% tant au niveau des extenseurs du genou (Crewshaw et coll., 1995, Brown et coll., 1997, Day et coll., 1998, Grabiner et Owings, 1999) que des fléchisseurs du coude (Newham et coll., 1987, Loscher et Nordlund, 2002). Aussi, les résultats obtenus par l’équipe de Komi (Komi et Rusko, 1974, Komi et Viitasalo, 1977) ont montré une moindre résistance à la fatigue dans le cas des contractions excentriques comparativement aux contractions concentriques. Une explication possible serait liée à la nature bilatérale et multi-articulaire de la tâche demandée dans ces deux dernières études. Néanmoins, les résultats des études dans lesquelles une seule articulation était impliquée indiquent que les contractions excentriques présentent habituellement une meilleure résistance à la fatigue comparativement au mode concentrique. Au regard de la littérature portant sur le recrutement des unités motrices lors de sollicitations excentriques, nous sommes donc ici en présence d’une situation paradoxale puisque nous avons vu que selon certains auteurs (Nardone et coll., 1989, Howell et coll., 1995, Linnamo et coll., 2003), il y aurait un recrutement sélectif d’unités motrices à seuil élevé connues pour être les plus fatigables (Burke et Edgerton, 1975) lors de sollicitations excentriques. L’implication de la commande nerveuse dans les phénomènes observés peut être évaluée en comparant les résultats obtenus lorsque le muscle est activé par stimulation électrique. Dans leur étude, Binder-MacLeod et Lee (1996) ont analysé le décours de force développé par les muscle fléchisseurs du genou lors d’un test de fatigue impliquant des contractions excentriques ou concentriques sous-maximales (20% de la CVM) induites par stimulations électriques (10 pulses à 14 Hz). Bien que la série de contractions excentriques entraîne une diminution plus progressive du couple de force comparativement aux contractions concentriques, les résultats obtenus ne montrent aucune différence de fatigabilité entre les deux modes de contractions dans cette étude. Ces résultats suggèrent donc que les contractions excentriques seraient associées à un niveau d’activation différent du pool de motoneurones comparativement au mode concentrique lors d’activations volontaires. D’un point de vue électromyographique, l’étude de Tesch et collaborateurs (1990) montre que l’activité électrique des muscles vaste latéral et droit fémoral, bien qu’inférieure en excentrique, augmente au sein de chaque série de contraction pour les deux modes de sollicitations (figure 18). D’autres auteurs ont par ailleurs rapporté qu'un exercice sollicitant le muscle de manière excentrique conduisait à une augmentation plus marquée de l’activité EMG pour un niveau de force donné comparativement au mode concentrique (Newham et 54 CHAPITRE I - REVUE DE LITTERATURE coll., 1983, Carson et coll., 2002, Weerakkody et coll., 2003, Semmler et coll., 2007). Comme nous l'avons vu précédemment, l'activité EMG de surface reflète les propriétés périphériques et centrales du système neuromusculaire modulées, respectivement, par l’activation membranaire de la fibre musculaire et par l’activation du neurone moteur. Pour savoir réellement si cette différence de fatigabilité est due à des mécanismes qui siègent plutôt au niveau de la transmission neuromusculaire et/ou de la propagation de l’influx le long de la fibre musculaire, l’analyse des altérations des propriétés contractiles doit être associée à celle de l’onde M. L’étude de Piitulainen et collaborateurs (2008) menées sur les muscles fléchisseurs du coude a montré une diminution de l’amplitude du potentiel d’action du muscle biceps brachial au cours de contractions excentriques fatigantes, indiquant qu’une altération de l’excitabilité de la membrane musculaire et/ou de la transmission synaptique neuromusculaire peut apparaitre lors de ce type de sollicitation. Dans leur revue, Warren et collaborateurs (2001) rapportent qu’une altération du couplage "excitation-contraction" associée à l’apparition de la fatigue est généralement présente immédiatement après un exercice excentrique. Ces altérations sont en réalité souvent présentées comme un des principaux facteurs responsables de la diminution de force observée lors de contractions fatigantes excentriques (Brown et coll., 1996, Ingalls et coll., 1998). A l’inverse, Hortobagyi et collaborateurs (1996) ont montré que l’onde M était potentialisée par des contractions excentriques répétées, et non en concentriques, suggérant la mise en jeu de mécanismes de potentiation du couplage "excitation-contraction". Enfin, Loscher et Nordlund (2002), n’ont quant à eux montré aucunes modifications de l’onde M suite à des contractions fatigantes excentriques. La variabilité des résultats observés témoigne des interactions mécaniques et nerveuses susceptibles de moduler l’excitabilité musculaire lors de contractions excentriques. Loscher et Nordlund (2002) ont également investigué la réponse musculaire évoquée par stimulation magnétique transcorticale dans le but d’analyser les modifications possibles de la commande volontaire et de l’excitabilité du cortex moteur. Leurs résultats montrent que l'incrémentation du couple de force due à la stimulation transcorticale surimposée à la contraction volontaire augmente davantage lors de sollicitations excentriques répétées comparativement au mode concentrique. Cette observation suggère une réduction de l’activation volontaire et donc une fatigue centrale plus marquée lors de sollicitations excentriques par rapport à une épreuve concentrique et témoigne donc d'une activation différente des unités motrices entre ces deux modes. Toutefois, ces auteurs ont également constaté, suite aux contractions excentriques fatigantes, une augmentation de l'amplitude du 55 CHAPITRE I - REVUE DE LITTERATURE potentiel moteur évoqué. Ces résultats suggèrent la mise en jeu de mécanismes d'inhibitions capables d'altérer la commande motrice corticale sans pour autant affecter son excitabilité. En conclusion, ces différences de fatigabilité souvent rapportées dans la littérature entre des contractions de type excentrique et concentrique sont probablement liées à un niveau d’activation différent du pool de motoneurones. Comme nous l’avons relaté au travers de ces quelques études, les tests de fatigue impliquant des contractions excentriques semblent associés à des altérations tant périphériques que centrales. Un facteur susceptible de participer à l’apparition de la fatigue musculaire est une diminution de l’efficacité de l’activation nerveuse au fur et à mesure de l’épreuve d’effort. Cependant, aucune étude à notre connaissance n'a estimé l’activation nerveuse du muscle en enregistrant l’évolution de l’activité EMG normalisée par l’onde M. Cette normalisation permet de s'affranchir d'éventuelles modifications de l’excitabilité de la membrane musculaire et d’altérations de la jonction neuromusculaire. Ce rapport permet ainsi de suivre les modifications du contrôle nerveux de la contraction. En outre, l'analyse des processus de fatigue neuromusculaire entre ces deux modes de contractions n'a jamais était réalisée au moyen de la technique de la "secousse surimposée". Cette approche fourni pourtant une estimation indirecte des modifications de l'activation nerveuse et permet de déterminer si les différences de fatigabilité entre ces deux tests sont dues à des mécanismes qui ont principalement pour siège l’activation nerveuse ou le muscle lui-même. 56 CHAPITRE II DONNEES EXPERIMENTALES CHAPITRE II – DONNEES EXPERIMENTALES CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES INTRODUCTION Dans le cadre de ce travail, nous avons choisi de réaliser la majeure partie de nos expérimentations sur les muscles fléchisseurs dorsaux de la cheville et plus particulièrement sur le muscle tibial antérieur en ce qui concerne les enregistrements électromyographiques (EMG). Ce muscle présente à sa surface une couche très fine de tissu adipeux, ce qui en fait un candidat idéal pour les enregistrements d’unités motrices. L’activité des muscles fléchisseurs plantaires (triceps sural) a également été investiguée non seulement en tant qu’antagonistes mais aussi au cours de la dernière expérimentation de ce travail doctoral en tant qu’agonistes du mouvement et ce, dans le but de comparer deux groupes musculaires dont la sensibilité aux inhibitions est différente. Le choix des muscles s’est justifié par le fait qu’il s’agit de groupements musculaires habituellement impliqués de manière excentrique dans la locomotion. La composante excentrique des fléchisseurs dorsaux permet de contrôler la descente du pied lors de l’appui du talon au sol. Les fléchisseurs plantaires de la cheville travaillent quant-à-eux de manière excentrique afin de contrôler le balancement en avant de la jambe et l’élévation du pied lors de la phase d’oscillation. Les données collectées dans le cadre de ce travail ont été regroupées en plusieurs études dont une partie a fait l’objet de publications dans différentes revues scientifiques (voir annexes). Ces études reprennent les grands thèmes abordés dans ce travail, à savoir : Etude I : fatigabilité neuromusculaire lors de contractions concentriques et excentriques. Etude II : influence de la longueur des fascicules sur le comportement des unités motrices lors de contractions isométriques. Etude III : influence du régime de contraction sur le recrutement et l'activation des unités motrices. Etude IV : spécificité de la modulation centrale et périphérique lors de contractions concentriques et excentriques. 58 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES – ETUDE I ETUDE I : FATIGABILITE NEUROMUSCULAIRE LORS DE CONTRACTIONS CONCENTRIQUES ET EXCENTRIQUES I.1. Introduction Comme nous l’avons discuté dans la partie théorique, l’allongement d'un muscle contracté (contraction excentrique) induit des comportements énergétiques, mécaniques et électriques différents comparativement aux contractions en raccourcissement (concentrique) (Clarkson et Newham, 1995, Enoka, 1996). De nombreuses études font état de l’apparition de douleurs musculaires différées ainsi que d'une réduction immédiate et prolongée des capacités contractiles accompagnant l’exercice excentrique (Sargeant et Dolan, 1987, Lowe et coll., 1995). Celles-ci résulteraient, entre autres, de perturbations structurales et histologiques (Fridén et Lieber, 1992, Lieber et coll., 1996, Jones et coll., 1997), d’une réponse inflammatoire (Lowe et coll., 1995) ou même de modifications du couplage excitationcontraction (Brown et coll., 1996, Ingalls et coll., 1998), plus marquées par rapport aux autres modes de contractions. Bien que chez l’animal la force développée in vitro lors de contractions excentriques excède toujours celle enregistrée lors de contractions isométriques (Katz, 1939, Abott et Aubert, 1951, Joyce et Rack, 1969, Edman et coll., 1978, Lännergren, 1978, Lombardi et Piazzesi, 1990, Stienen et coll., 1992), les résultats in vivo chez l’homme sont plus variables. Il apparaît en effet que la contraction excentrique permet de développer une force maximale identique (Seger et coll., 1988, Hageman et coll., 1988, Colliander et Tesch, 1989, Westing et Seger, 1989, Westing et coll., 1988, 1991, Dudley et coll., 1990, Amiridis et coll., 1996, Colson et coll., 1999, Seger et Thorstensson, 2000, Pinniger et coll., 2000, 2003) ou supérieure (Komi et Burskirk, 1972, Komi, 1973, Westing et coll., 1988, Hortobagyi et Katch, 1990, Tesch et coll., 1990, Binder-Macleod et Lee, 1996, Hortobagyi et coll., 1996, Kellis et Baltzopoulos, 1998, Grabiner et Owings, 1999, Klass et coll., 2005) comparativement aux contractions de types isométriques. In vitro, cette augmentation de la force témoignerait en partie de l’étirement supérieur des structures actives et passives (Huxley et Simmons, 1971, Edman et coll., 1978) et/ou du plus grand nombre de ponts formés entre l’actine et la myosine au cours d’une contraction excentrique comparativement aux autres modes (Linari et coll., 2000). Chez l’homme, ces divergences s’expliqueraient davantage par les propriétés de 59 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES – ETUDE I compliance de l’unité muscle-tendon (Ichinose et coll., 2000, Kawakami et coll., 2002, Chino et coll., 2003, Reeves et Narici, 2003, Ishikawa et coll., 2005, Kawakami et Fukunaga, 2006). Par ailleurs, avec l’allongement, ces liaisons entre l’actine et la myosine subissent donc des décrochages mécaniques probablement plus marqués en contraction excentriques. La formation cyclique des ponts s'accompagnera dès lors d'une moindre hydrolyse des molécules d'ATP lors de sollicitations excentriques (Woledge et coll., 1985, Lombardi et Piazzesi, 1990, Morgan et Allen, 1999). Ce type de contraction est donc associé à un moindre coût énergétique (Ryschon et coll., 1997) mais aussi, à des niveaux de tension susceptibles d’endommager le système musculo-tendineux (Fridén et Lieber, 1992, Clarckson et Newham, 1995, Lieber et coll., 1996). Du point de vue de l’activation du muscle, chaque pont exerçant une force supérieure en excentrique, ce régime de contraction génèrera pour une tension musculaire identique une activité électromyographique (EMG) moindre par rapport à la contraction concentrique (Doss et Karpovitch, 1965, Komi et Burskirk, 1972, Westing et coll., 1991, Enoka, 1996, Sogaard et coll., 1996, Smith et coll., 1998). Il semble de plus difficile d’activer totalement le pool d’unités motrices pendant une contraction excentrique maximale. Westing et collaborateurs (1991) ont en effet montré que l’activation volontaire est habituellement maximale en régime concentrique, ce qui n'est pas le cas lors de contractions excentriques, comme en témoigne l’accroissement significatif de force lorsque l’on superpose une stimulation électrique à la contraction excentrique volontaire. Ce déficit d’activation volontaire en excentrique pourrait donc s’expliquer par un recrutement incomplet des unités motrices ou une fréquence de décharge sous-maximale de celles-ci (Enoka, 1996, Duchateau et coll., 2006, Duchateau et Enoka, 2008). Bien qu'il n'y ait pas une unanimité sur ce point (Garland et coll., 1994, Søgaard et coll., 1996, Bawa et Jones, 1999, Stotz et Bawa, 2001), il y aurait selon certains auteurs un recrutement sélectif des unités motrices à seuil élevé (rapides) accompagné d’un dérecrutement des unités motrices à seuil bas (lentes) (Nardone et coll., 1989, Howell et coll., 1995, Linnamo et coll., 2003). Sur base de nos connaissances des caractéristiques mécaniques et biochimiques des unités motrices, nous savons que les unités rapides sont les plus fatigables (Burke et Edgerton, 1975). Cette hypothèse d’une mise en jeu sélective des unités motrices rapides en excentrique est cohérente avec de nombreuses études qui ont montré que les fibres de type II (fibres rapides) étaient davantage affectées par l’exercice excentrique (Fridén et Lieber, 1992, Faulkner et coll., 1993). Cependant, si cette hypothèse est avérée et malgré un moindre coût énergétique, le muscle devrait logiquement se fatiguer plus vite et de 60 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES – ETUDE I manière plus importante en mode excentrique qu’en mode concentrique. Ceci n’est cependant pas le cas puisque certains auteurs ont clairement montré une meilleure résistance à la fatigue pendant la répétition de contractions maximales excentriques comparativement aux contractions concentriques (Gray et Chandler, 1989, Tesch et coll., 1990, Crewshaw et coll., 1995, Hortobagyi et coll., 1996, Grabiner et Owings, 1999, Kay et coll., 2000). En outre, aucune différence de fatigabilité n’apparaît entre ces deux modes lorsque les contractions sont induites par stimulation électrique (Binder-Macleod et Lee, 1996). Nous sommes donc en présence d’une situation paradoxale puisque des unités plus fatigables lors d'activations volontaires seraient préférentiellement sollicitées lors de contractions excentriques connues pour être plus résistantes à la fatigue. Comme nous l’avons vu précédemment, une proposition alternative a été avancée par Enoka (1996). Cet auteur suggère qu’une stratégie de contrôle et d’activation unique du système nerveux central serait présente lors de la contraction excentrique comparé au mode concentrique. Afin de mieux comprendre ce paradoxe, le but du présent travail était de comparer la diminution du couple de force développé par les muscles fléchisseurs dorsaux de la cheville au cours de deux tests standards de fatigue réalisés dans chaque régime de contraction (concentrique vs. excentrique). Il nous a paru important de déterminer en même temps si la différence de fatigabilité entre ces deux tests est due à des mécanismes qui ont principalement pour siège l’activation nerveuse ou le muscle lui-même. Les muscles fléchisseurs dorsaux de la cheville ont été choisis pour leur rôle dans la locomotion et surtout parce qu’ils permettent une approche de ce problème au moyen de méthodes électrophysiologiques. I.2. Matériel et méthodes I.2.1. Sujets Dix sujets (8 hommes et 2 femmes), âgés de 22 à 44 ans, ont pris part à cette étude. Ces sujets, avaient une taille moyenne (± ET) de 176.7 ± 7.9 cm pour un poids moyen de 70.2 ± 8.9 kg. Tous étaient volontaires, en bonne condition physique et aucun ne présentaient de contre indication à la pratique de l’exercice physique. Chaque sujet a effectué deux épreuves de fatigue des muscles fléchisseurs dorsaux de la cheville, l’une réalisée en contractions concentriques et l’autre en contractions excentriques. Etant donné que les contractions 61 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES – ETUDE I excentriques peuvent induire des dommages musculaires importants qui récupèrent lentement (Clarkson et Newham, 1995), le test faisant intervenir les contractions concentriques a toujours été réalisé lors de la première séance. Ces deux épreuves étaient séparées l’une de l’autre par une semaine d’intervalle au minimum. Tous les sujets ont reçu comme recommandation de ne pas pratiquer d’activité intensive au cours des 24 heures qui précédaient chacune des deux séances expérimentales et ont bénéficié d’une période de repos de 30 minutes avant le début des enregistrements. Cette investigation a été approuvée par le comité d’éthique de l’université et les procédures expérimentales ont été réalisées en conformité avec la déclaration d’Helsinki. I.2.2. Appareillage et dispositif expérimental Un ergomètre motorisé (type HDX 115C6; Hauser Compax 0260M-E2; Offenburg, Germany), construit dans notre laboratoire et adapté aux muscles fléchisseurs dorsaux de la cheville, a été utilisé pour cette étude (figure 19). Cet appareillage, équipé d’une pédale fixée sur l’axe de rotation du moteur, nous a permis d’enregistrer le déplacement angulaire de l’articulation de la cheville ainsi que le couple de force développé lors de contractions statiques et dynamiques. Lors des expérimentations, les sujets étaient confortablement installés sur un siège dont la hauteur, la distance par rapport à l’appareillage et l’inclinaison du dossier étaient ajustées à la morphologie de chaque sujet. Le dossier du siège était légèrement incliné vers l’arrière (15 ° par rapport à la verticale). Le pied dominant des sujets était attaché au plateau de la pédale de sorte que l’axe de rotation de la cheville était aligné avec l’axe de rotation du moteur. Dans la position de contrôle, le plateau de la pédale était incliné à 45° par rapport au sol. La position du sujet était ajustée de façon à obtenir un angle de cheville de 90° entre l’axe du pied et celui de la jambe (position neutre = 0° de flexion plantaire) et de 120-130° de flexion au niveau du genou (180° = extension complète). Cette position a été reproduite d’une session à l’autre. Le pied était maintenu en place par une cale bloquant le talon et deux sangles, l'une passant par-dessus la surface dorsale du pied, l'autre par-dessus l'articulation de la cheville. Une des sangles était placée 1 à 2 cm avant l’articulation métatarso-phalangienne du gros orteil et la seconde sous l’articulation de cheville (figure 19). 62 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES – ETUDE I Stimulation électrique EMG TA Electrode de référence Figure 19. Ergomètre motorisé et positionnement du pied des sujets lors des séances expérimentales. L’activité EMG de surface du muscle tibial antérieur (EMG TA) a été enregistrée via deux cupules de 8 mm de diamètre placées sur le corps charnu du muscle. L’électrode de référence était placée sur la face interne du tibia. La stimulation électrique était appliquée au niveau du nerf fibulaire profond à proximité de la tête du péroné. I.2.3. Enregistrements mécaniques et électromyographiques Le dispositif était équipé d’un potentiomètre linéaire et d’un transducteur à jauges de contrainte (sensibilité : 0.018 V/Nm) placés sur l’axe de rotation de la pédale dans le but de mesurer respectivement, le mouvement de la pédale (mouvement angulaire de la cheville) et le couple de force développé par les muscles fléchisseurs dorsaux de la cheville lors de contractions volontaires ou électro-induites. L’activité électromyographique (EMG) a été enregistrée au niveau du muscle tibial antérieur au moyen de deux électrodes de surface (cupules en argent de 8 mm de diamètre remplies de gel conducteur) appliquées sur la peau préalablement dégraissée à l’alcool. La première électrode était positionnée sur le corps charnu du muscle et la seconde électrode à 63 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES – ETUDE I une distance de 2-3 cm en dessous. L'électrode de référence (plaque en argent de 2x3 cm) était placée sur la face interne du tibia. Pour chacun des sujets, la position des électrodes a été soigneusement repérée afin de les replacer exactement au même endroit d'une épreuve à l'autre. Le signal EMG a été amplifié (500-2000x) et filtrés (10 Hz-1 kHz) par un amplificateur différentiel fabriqué au sein du laboratoire. Tous les signaux ont été stockés sur bandes magnétiques à l’aide d’un enregistreur numérique (Sony PCM-R 300, DRA 800, Biologic, Claix, France) et sur le disque dur d’un ordinateur via les interfaces d’acquisition (AcqKnowledge, model MP100A; Biopac Systems, Inc., Santa Barbara, CA). I.2.4. Stimulation électrique La réponse motrice directe (onde M) obtenue en stimulant électriquement le nerf fibulaire profond, a été enregistrée au niveau du muscle tibial antérieur. Des impulsions électriques rectangulaires d’une durée de 0.2 ms ont été délivrées par un stimulateur à courant constant. Celui-ci était contrôlé par un programmeur (Modèle 4030; Digitimer Ltd., Welwyn Garden City, UK). Les stimuli ont été délivrés au niveau du nerf fibulaire profond à proximité de la tête du péroné, via deux électrodes (cupules en argent de 8 mm de diamètre remplies de gel conducteur). La cathode était placée sur le trajet du nerf fibulaire profond à proximité de la tête du péroné et l’anode était positionnée sur le versant opposé de la jambe, au même niveau que la cathode. Dans le but d’éviter toute activation des muscles long et court fibulaires, le nerf a été stimulé en dessous de la bifurcation de son faisceau superficiel, et l’absence d’activité des muscles fibulaires a été estimée par leur palpation et par l’analyse de la réponse mécanique. Toute déviation du couple de force sous la ligne de base était considérée comme une activité du groupe musculaire antagoniste. Pour chacun des sujets, la position des électrodes a été soigneusement localisée afin de les replacer exactement au même endroit d'une épreuve à l'autre. L’intensité de la stimulation électrique a été déterminée sur le muscle au repos par une incrémentation progressive de cette dernière jusqu’à atteindre l’amplitude maximale de la réponse mécanique (secousse) et électrique (onde M) du tibial antérieur. Cette intensité a été ensuite augmentée de 10 à 20% afin de s’assurer que la stimulation reste maximale tout au long de l’expérimentation. Les réponses mécaniques à des stimulations isolées et doubles (intervalle de 10 ms entre les stimuli) supramaximales ont été enregistrées. Le niveau d’activation nerveuse a été testé lors de contractions volontaires 64 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES – ETUDE I maximales (CVM) par la technique de la stimulation surimposée (Merton, 1954, Belanger et McComas, 1981, Gandevia et coll., 1998, Beltman et coll., 2004). Celle-ci consistait à stimuler électriquement le nerf au moyen d’un train de 2 stimuli supramaximaux (intervalle de 10 ms) lors du plateau de force et immédiatement après celui-ci lorsque le muscle était relâché. L’amplitude de la réponse mécanique surimposée a été exprimée en pourcentage de la réponse induite sur le muscle au repos. Cette valeur a été soustraite de 100% fournissant ainsi une mesure quantitative de l'activation nerveuse centrale (McKenzie et coll., 1992). I.2.5. Protocole expérimental Avant chaque épreuve de fatigue, les sujets étaient placés en position de référence et se sont échauffés en réalisant vingt à trente contractions dynamiques sous-maximales au début des deux séances d’acquisition de données. Cet échauffement a également permis aux sujets d’acquérir le rythme qu’ils devaient respecter pendant les contractions successives lors des deux tests de fatigue. Le test de fatigue consistait à effectuer 5 séries de 30 CVM des muscles fléchisseurs dorsaux de la cheville, en régime concentrique ou excentrique (mouvements de flexion dorsale). Chaque série était séparée de la suivante par 1 min de pause. Le mouvement imposé par le moteur a été effectué à une vitesse angulaire constante de 50°.s-1, à un rythme d’un cycle toutes les 3.5 secondes, et sur une plage angulaire de 30° (de 120 à 90° et de 90 à 120°, respectivement). Les sujets avaient pour consigne de produire une contraction maximale isométrique avant le début du mouvement imposé par le moteur (figure 20). Sous les instructions et les encouragements de l’examinateur, les sujets devaient exécuter ces contractions musculaires de manière maximale sur toute l’étendue du mouvement et avaient pour interdiction de s’agripper au siège. Pour se faire, un "feed-back" visuel était fourni par affichage des courbes du couple de force et du déplacement sur un oscilloscope digital (modèle 120; Nicolet, Madison, WI), et le rythme exact était donné par l’expérimentateur sous forme de comptage (de 1 à 30). Les réponses mécaniques et électriques du muscle induites par stimulation électrique et obtenues lors de contractions volontaires isométriques ont été enregistrées (figure 20), le pied étant maintenu en position neutre, avant, entre chacune des cinq séries de 30 contractions volontaires, et après 5, 10, 15 et 30 minutes de récupération. Dans chaque série, ces enregistrements débutaient cinq secondes après la fin de la dernière contraction par 2 65 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES – ETUDE I stimulations isolées suivies de 2 doubles stimulations séparées les unes des autres par un intervalle de 4 secondes. Environ 20 secondes après la fin de chaque série, les sujets devaient ensuite réaliser une CVM isométrique sur laquelle était surimposée une double stimulation électrique (méthode de la secousse surimposée). Directement après la fin de cette CVM une stimulation isolée puis une double stimulation étaient finalement délivrées avec un intervalle de 2 secondes. Dans le but de vérifier que la contraction était maximale dans les conditions de contrôle, tous les sujets devaient réaliser une ou deux CVM supplémentaires sur lesquelles était surimposée une stimulation électrique. Après chaque CVM, la pédale était automatiquement replacée par le moteur en position de départ avant la série suivante. Figure 20. Illustration, chez un sujet, du couple de force développé par les muscles fléchisseurs dorsaux de la cheville (B, D) et de l’activité EMG correspondante du muscle tibial antérieur (C, E) lors de contractions concentriques (à gauche) et excentriques (à droite) réalisées à une vitesse constante de 50°.s-1 et sur une amplitude de 30° (A). La 1ière contraction (B, C) est comparée à la 150ième (D, E). 66 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES – ETUDE I I.2.6. Mesures Le couple de force moyen des fléchisseurs dorsaux et l’amplitude moyenne de l’activité EMG associée du tibial antérieur ont été mesurés sur toute l’amplitude du mouvement pour chacune des contractions concentriques et excentriques réalisées lors des tests de fatigue. Le couple de force et l’activité EMG moyenne associée ont également été mesurés sur une période d’1s durant le plateau de force de la CVM isométrique. Les paramètres suivants ont été mesurés à partir de la secousse mécanique électro-induite (figure 21) : l’amplitude (Pt); le temps de contraction (CT) et de demi-relaxation (TR½); la vitesse maximale d’installation du couple de force (+dPt/dt) et de relaxation (–dPt/dt). Chacun de ces paramètres a été calculé et moyenné à partir des deux réponses. L’amplitude (Pd) et la vitesse maximale d’installation du couple de force (+dPd/dt) de la réponse mécanique induite par la double stimulation ont également été calculées et moyennées à partir de deux réponses. La potentiation de post-activation (PPA) a été quantifiée en normalisant l’amplitude de la secousse délivrée immédiatement après la CVM isométrique par rapport à celle délivrée avant la CVM. Sur le tracé EMG, l’amplitude maximale pic-à-pic (Vt) et la durée totale (D) de l’onde M ont également été mesurées. Figure 21. Représentation du potentiel d’action global ou onde M (1), du mécanogramme (2) et de la dérivée première du mécanogramme (3), en réponse à une stimulation isolée. Vt : amplitude pic-à-pic de l'onde M; D : durée de l’onde M; Pt : amplitude de la contraction; CT : temps de contraction; TR½ : temps de demi-relaxation; +dPt/dt : vitesse maximale de contraction; –dPt/dt : vitesse maximale de relaxation. 67 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES – ETUDE I L’EMG volontaire a été normalisé par rapport à l’amplitude pic-à-pic de l’onde M, dans le but de fournir une mesure indirecte supplémentaire de la capacité du sujet à activer volontairement les muscles agonistes (Duchateau, 1995). I.2.7. Analyse statistique Les données sont rapportées en moyenne ± l’écart-type (ET) dans le texte et illustrées en moyenne ± l’erreur standard de la moyenne (SEM) dans les figures. Quels que soient les paramètres étudiés, aucune différence significative (P>0.05) n’a été observée dans les conditions de préfatigue entre les deux sessions expérimentales. Afin d’évaluer la reproductibilité des différents paramètres, une analyse de corrélation intra-classe a été utilisée. Des coefficients de corrélation élevés à très élevés ont été obtenus pour le couple de force et l’EMG développés lors de la CVM (0.95 et 0.84, respectivement), l’amplitude de l’onde M (0.64), et la PPA (0.96). Pour les secousses mécaniques induites par une stimulation isolée ou par une double stimulation, les coefficients de corrélation se situaient entre 0.97 (Pd) et 0.68 (+dPt/dt). L’effet de la fatigue sur les différents paramètres électromécaniques a été testé au moyen d’une analyse de variance (ANOVA) à 2 facteurs répétés. Lorsque l’ANOVA était significative, le test post-hoc de Student-Newman-Keuls pour comparaisons multiples a été utilisé afin d’identifier les différences significatives au sein des moyennes sélectionnées. Le seuil de signification a été défini pour une valeur de P<0.05. I.3. Résultats I.3.1. Couple de force et activité électromyographique pendant les contractions fatigantes Le couple de force développé par les muscles fléchisseurs dorsaux de la cheville lors de contractions de type excentrique réalisées à une vitesse angulaire de 50°.s-1 était significativement plus élevé (P<0.01) comparativement aux contractions de type concentrique. Lorsque les valeurs sont exprimées en pourcentage de celles enregistrées au cours de la CVM isométrique, le couple de force produit en contraction excentrique et concentrique était de 120.4 ± 3.2% et 76.6 ± 3.4%, respectivement (figure 22A). Cette 68 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES – ETUDE I majoration du couple de force en excentrique se vérifie non seulement pour les premières contractions mais aussi à la fin du test de fatigue (92.9 ± 1.4% vs. 49.9 ± 3.5% de la CVM). A l’inverse, en début d'épreuve, l'activité EMG volontaire du muscle tibial antérieur, exprimée en pourcentage des valeurs enregistrées lors de la CVM isométrique, était significativement plus élevée (figure 22B; P<0.05) en régime concentrique (85.9 ± 7.2%) qu'en régime excentrique (76.5 ± 2.0%). A B 150 125 ** * 100 100 EMG (%) Couple de force (%) 125 75 75 50 50 25 25 0 0 Con Exc Con Exc Figure 22. Couple de force (A) et activité EMG (B) développés au début du test de fatigue par contractions concentriques (Con) et excentriques (Exc). Chaque valeur est exprimée en pourcentage de celle enregistrée avant l'épreuve au cours de la CVM isométrique et représente la moyenne (± SEM) des 5 premières contractions. Différence significative entre les deux épreuves : * P<0.05, ** P<0.01. Comme illustré par la figure 20 chez un sujet, les contractions fatigantes de type concentrique s’accompagnent d’une diminution plus marquée du couple de force et de l’EMG comparativement à l’excentrique. La figure 23A montre l'évolution du couple de force normalisé par rapport à la valeur initiale pour chaque type de contraction. Les deux épreuves de fatigue entraînent une chute importante (P<0.01) du couple de force entre le début et la fin de l'épreuve, de 31.6% (68.4 ± 8.5%) et de 23.8% (76.2 ± 8.8%) en concentrique et excentrique, respectivement. 69 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES – ETUDE I A Couple de force (%) 100 90 ** ** 80 ** ** * ** ** ** 70 ** ** ** ** ** 60 B ** ** ** ** * * 110 EMG (%) 100 * 90 * 80 ** ** * ** * 70 ** * ** * ** ** * 60 0 30 60 90 120 150 Nombre de contractions Figure 23. Evolution du couple de force (A) et de l'activité EMG (B) au cours du test de fatigue par contractions concentriques (●) et excentriques (○). Chaque valeur est exprimée en pourcentage des valeurs initiales et représente la moyenne (± SEM) de 5 contractions consécutives chez les 10 sujets. Différence significative entre les deux épreuves : * P<0.05, ** P<0.01. Au sein de chaque série de 30 contractions, le mode concentrique conduit à une perte du couple de force nettement supérieure comparativement aux contractions excentriques. Ces différences étaient particulièrement marquées au cours des quatre premières séries de contractions et beaucoup moins lors de la cinquième série. Par ailleurs, l'évolution du couple de force au cours de ces deux épreuves apparaît clairement différente. On constate dans les conditions de contraction concentrique une importante récupération (P<0.01) lors des courtes 70 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES – ETUDE I périodes de repos (1 minute) entre chaque série, ce qui n'est pas le cas en excentrique. Ainsi, au début de chaque série, la différence entre les valeurs normalisées du couple de force concentrique et excentrique est réduite et n'est plus statistiquement significative. Il est intéressant de constater qu'au cours de la dernière série, la différence entre le couple concentrique et excentrique, bien que significative (P<0.05) en milieu de série, ne l'est plus en fin d'épreuve. Cela signifie qu’au bout d’un certain nombre de contraction, les deux exercices conduisent, à une diminution similaire du couple de force. Les valeurs normalisées de l'activité EMG (par rapport au 100% initial de chacun des types de contractions) suivent sensiblement la même évolution (figure 23B) : la réduction de l'EMG volontaire est plus rapide dès la première série et est plus marquée au sein de chaque série de contractions concentriques. En effet, la diminution de l'activité EMG en fin d'épreuve concentrique (–26.4%) est plus prononcée (P<0.05) qu'après l'épreuve excentrique (–17.5%). A noter qu'au cours de la dernière série, les différences entre l'activité EMG en concentrique et en excentrique se réduisent et ne sont significatives (P<0.05) que pour les toutes dernières contractions. De même que pour le couple de force, on observe après chaque série une récupération rapide et importante (P<0.05) de l'EMG lors de l'épreuve concentrique tandis que ces courtes périodes de repos ne permettent pas de récupération lorsque l'exercice est réalisé en contractions excentriques. De cette manière, au début de chaque série, l'EMG volontaire entre les deux régimes de contraction n'est plus significativement différent. Le rapport EMG/couple de force, qui reflète l'activité électrique du muscle pour un niveau de tension donné, calculé en début d'exercice est deux fois plus élevé (P<0.01) en contraction concentrique (10.0 ± 0.9 µV.Nm-1) comparativement à l’excentrique (5.6 ± 0.5 µV.Nm-1; figure 24). Ce rapport reste relativement stable tout au long de l'exercice excentrique, entre les séries et au sein de chaque série (de 5.6 ± 0.5 à 5.1 ± 0.5 µV.Nm-1). Par contre, lors de l'épreuve concentrique, ce rapport augmente légèrement et systématiquement à l'intérieur de chaque série. Toutefois, après les courtes périodes de repos, celui-ci revient à son niveau initial au début de chaque nouvelle série concentrique et n'est donc pas significativement modifié d'une série à l'autre. 71 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES – ETUDE I EMG / Couple de force (µV.Nm-1) 14 12 10 ** 8 6 4 2 0 30 60 90 120 150 Nombre de contractions Figure 24. Evolution du rapport EMG/couple (µV.Nm-1) au cours du test de fatigue par contractions concentriques (●) et excentriques (○). Chaque valeur représente la moyenne (± SEM) de 5 contractions consécutives chez les 10 sujets. Différence significative entre les deux épreuves : ** P<0.01. I.3.2. Contraction volontaire maximale isométrique suivant les contractions fatigantes De façon cohérente, le couple de force maximal évalué dans les conditions isométriques avant et après chaque série de contractions (figure 25A), diminue progressivement dans les deux tests. Toutefois, les valeurs normalisées par rapport aux valeurs initiales chutent davantage au cours de l'exercice concentrique (–37.4%) qu'au cours de l'exercice excentrique (–33.8%), bien que la différence entre les deux tests ne devient significative qu'après la seconde série de contractions (P<0.05). Après l'arrêt de l'exercice dans les deux épreuves de fatigue, le couple de force maximal isométrique récupère rapidement et à la 5ième minute de récupération, le déficit n'est plus que de 19.8% et 24.3% (P<0.01), après les tests concentrique et excentrique, respectivement. Dans un second temps, la récupération apparaît plus progressive, puisque après 30 minutes de repos, un déficit (P<0.01) du couple de force est toujours présent (–13.1% et –22.0% après les tests concentrique et excentrique, respectivement). On constate que dans les 5 premières minutes, le niveau de récupération est proportionnellement plus rapide après l’exercice concentrique 72 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES – ETUDE I qu’excentrique. En outre, après 30 minutes de repos, le couple de force est supérieur (P<0.05) après l'exercice concentrique (86.9 ± 9.9%) comparativement à l'exercice excentrique (78.0 ± 13.2%). 100 Couple de force (%) A * 90 * 80 70 60 50 100 B EMG (%) 90 ** * 10 15 * 80 70 60 0 30 60 90 120 150 Nombre de contractions # 0 5 20 25 30 Récupération (min) Figure 25. Evolution du couple de force (A) et de l’activité EMG (B) développés lors de la CVM isométrique avant et entre chaque série de contractions fatigantes concentriques (●) et excentriques (○) ainsi qu'au cours de la période de récupération. Chaque point représente la moyenne (± SEM) des 10 sujets, normalisée par rapport à leur valeur initiale. Différence significative entre les deux épreuves : * P<0.05, ** P<0.01. Les modifications mécaniques en condition isométrique s'accompagnent d'une réduction significative (P<0.01) de l'activité EMG correspondante après les deux épreuves (figure 25B). Cette diminution n’est toutefois pas significativement différente entre les deux tests (–30.6% et –28.4% après les tests concentrique et excentrique, respectivement). Au cours de la phase de récupération, l’évolution de l’activité EMG pendant les 15 premières minutes est toutefois différente entre les deux épreuves : elle est très rapide après les contractions concentriques puisque 81.4% de la récupération est obtenue en 5 minutes. Par contre, après l’épreuve excentrique, la récupération de l'EMG évolue beaucoup plus lentement 73 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES – ETUDE I et augmente quasi linéairement pendant la période de récupération (figure 25B). Après 30 minutes de repos, la récupération bien qu'incomplète (P<0.05) est similaire entre les deux épreuves (–14.1% et –16.9% après les tests concentrique et excentrique, respectivement). I.3.3. Activation nerveuse La commande centrale envoyée vers le muscle tibial antérieur, testée par la méthode de la secousse surimposée paraît maximale chez tous les sujets non seulement dans les conditions de contrôle mais aussi pendant les deux épreuves de fatigue (concentrique vs. excentrique) et au cours de la période de récupération consécutive. En effet, chez les 10 sujets testés, aucun incrément significatif du couple de force n'a été observé suite à la stimulation électrique surimposée à la CVM (figure 26). Figure 26. Représentation caractéristique du couple de force (A) et de l’EMG (B) du muscle tibial antérieur développés lors d’une CVM isométrique, avec stimulation électrique surimposée (méthode de la "secousse surimposée"), avant et immédiatement après une épreuve de fatigue chez un de nos sujets. Une estimation indirecte des modifications de l'activation nerveuse peut également être obtenue en mesurant les variations de l'activité EMG volontaire lorsque celle-ci est normalisée par rapport à l'amplitude de l’onde M. Cette procédure de normalisation permet de 74 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES – ETUDE I s'affranchir des changements de conductance au niveau des électrodes et d’exclure de toutes interprétations les modifications au niveau périphérique. L’analyse des résultats montre que, si ce rapport EMG/M est différent pour les deux types de contraction, celui-ci ne varie pas de manière significative à l’intérieur de chaque épreuve (figure 27). Ces observations corroborent nos résultats précédents, à savoir que la commande centrale ne présente pas de déficit d’activation significatif, i.e. la capacité de nos sujets à activer le muscle tibial antérieur n’est pas affectée au cours de l’épreuve et ce, quel que soit le type de contraction réalisé. EMG / M (%) 125 * * 10 15 100 75 50 0 30 60 90 120 150 Nombre de contractions # 0 5 20 25 30 Récupération (min) Figure 27. Evolution du rapport EMG/M développé lors de la CVM isométrique avant et entre chaque série de contractions fatigantes concentriques (●) et excentriques (○) ainsi qu'au cours de la période de récupération. Chaque point représente la moyenne (± SEM) des 10 sujets. Différence significative entre les deux épreuves : * P<0.05. I.3.4. Propriétés contractiles du muscle pendant les contractions fatigantes L'effet des contractions fatigantes concentriques et excentriques sur les paramètres de la secousse mécanique enregistrée avant et entre chaque série, ainsi qu’après 0, 5, 10, 15 et 30 minutes de récupération, est illustré dans les figures 28 et 29. L’analyse des résultats montre un phénomène de potentiation de la secousse relativement élevé en début d’épreuve, celle-ci étant significativement plus importante lorsque l’exercice est réalisé en contractions excentriques que concentriques. En effet, les premières contractions excentriques entraînent une augmentation de Pt, +dPt/dt, et –dPt/dt de 79,4% (P<0.01), 90.8% (P<0.01) et 90.4% 75 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES – ETUDE I (P<0.01), respectivement. Les premières contractions concentriques s’accompagnent quant à elles d’une moindre potentiation de la secousse puisque Pt, +dPt/dt, et –dPt/dt n’augmentent que de 28.1% (P<0.01), 38.3% (P<0.01) et 12.4% (NS), respectivement. Dans les deux épreuves de fatigue, cette potentiation atteint des valeurs maximales après la première série de contractions. Ensuite, Pt, +dPt/dt, et –dPt/dt diminue progressivement de la seconde à la cinquième série (P<0.01) et de façon légèrement plus marquée pour l’exercice excentrique (– 61.0%, –49.6% et –48.0%, respectivement) que pour l’exercice concentrique (–45.2%, – 37.6% et –25.2%, respectivement). A la trentième minute après l’arrêt de l’effort, Pt, +dPt/dt, et –dPt/dt ne retrouvent pas leur valeur de départ et ce, quel que soit le test considéré (concentrique vs. excentrique). Bien au contraire, ces paramètres mécaniques continuent progressivement à diminuer, atteignant des valeurs relativement basses (P<0.01) par rapport à celles de départ : 59.4 ± 21.1%, 62.9 ± 19.3% et 69.7 ± 20.1%, respectivement à la suite de l’épreuve concentrique, et 56.9 ± 12.9%, 56.1 ± 17.1% et 71.8 ± 19.7%, respectivement à la suite de l’épreuve excentrique. Il est particulièrement intéressant de constater que les valeurs après 5, 10, 15 et 30 minutes de repos ne sont plus significativement différentes entre les deux tests alors qu’elles l’étaient immédiatement après l’exercice, révélant ainsi un déficit similaire pendant la récupération. Il apparaît en effet que dans les 5 minutes qui suivent l’arrêt de l’exercice, le test excentrique s’accompagne d’une réduction proportionnellement plus importante de Pt (–42.0%), +dPt/dt (–64.4%) et –dPt/dt (–49.8%) comparativement au test concentrique (–5.3%, –19.6%, et – 12.8%, respectivement), les deux tests évoluant ensuite de la même manière. Tandis que CT diminue lentement et de manière similaire dans les deux épreuves de fatigue (–20.4% et –16.2% en excentrique et en concentrique, respectivement), TR½ évolue de façon contraire entre l’épreuve concentrique et excentrique. En effet, ce paramètre tend à diminuer progressivement au cours de l’exercice excentrique (–21.2%) mais évolue différemment en concentrique puisqu’il augmente (+25.7%) après la première série pour se maintenir à peu près à ce niveau et n’atteindre en fin d’exercice que 109.1% des valeurs de départ. Dès l’arrêt du test concentrique, CT augmente brusquement de 29.2% dépassant ainsi la valeur initiale (113.1 ± 16.6%) puis revient après 10 minutes à son niveau de base (101.2 ± 12.6%). Par contre, pour le test excentrique, CT retrouve en 5 minutes des valeurs proches de celles de départ (100.8 ± 16.2%), et reste légèrement en dessous après 15 minutes de récupération. Trente minutes après l’arrêt du test concentrique, TR½ revient à une valeur proche de celle du départ (93.7 ± 15.9%), ce qui n’est pas le cas après l’épreuve excentrique puisqu’un déficit est encore statistiquement présent (84.5 ± 17.1% ; P<0.01). 76 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES – ETUDE I ** 200 ** ** ** 150 Pt (%) ** 100 50 * 120 CT (%) 110 * 100 90 80 70 150 TR½ (%) ** ** ** ** ** 125 ** * 100 ** 75 0 30 60 90 120 150 Nombre de contractions # 0 5 10 15 20 25 30 Récupération (min) Figure 28. Evolution de l’amplitude (Pt) du temps de contraction (CT) et de demi-relaxation (TR½) du mécanogramme obtenus en réponse à une stimulation isolée avant et entre chaque série de contractions fatigantes concentriques (●) et excentriques (○) ainsi qu'au cours de la période de récupération. Chaque point représente la moyenne (± SEM) de l’ensemble des sujets, normalisée par rapport à leur valeur initiale. Les niveaux de signification (** P<0.01, * P<0.05) représentent la différence entre les valeurs enregistrées lors du test excentrique et celles enregistrées lors du test concentrique. 77 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES – ETUDE I 250 ** ** +dPt/dt (%) 200 ** * ** 150 100 50 250 ** -dPt/dt (%) 200 ** ** * ** 150 100 50 0 30 60 90 120 150 Nombre de contractions # 0 5 10 15 20 25 30 Récupération (min) Figure 29. Evolution de la vitesse de contraction (+dPt/dt) et de relaxation (–dPt/dt) du mécanogramme obtenus en réponse à une stimulation isolée avant et entre chaque série de contractions fatigantes concentriques (●) et excentriques (○) ainsi qu'au cours de la période de récupération. Chaque point représente la moyenne (± SEM) de l’ensemble des sujets, normalisée par rapport à leur valeur initiale. Les niveaux de signification (** P<0.01, * P<0.05) représentent la différence entre les valeurs enregistrées lors du test excentrique et celles enregistrées lors du test concentrique. L’évolution de la secousse mécanique enregistrée en réponse à un train de 2 stimulations corrobore les résultats obtenus pour la secousse, à savoir que les contractions excentriques s’accompagnent à la fin de la première série d’une plus grande potentiation (P<0.01) comparativement aux contractions concentriques (figure 30). En effet, ces dernières n’entraînent pas de variations significatives de Pd (–1.7%) et +dPd/dt (+9.4%) après la première série, tandis que les contractions excentriques conduisent à une augmentation significative (P<0.01) de Pd et +dPd/dt de 16% et de 35.8%, respectivement. Ensuite, de la seconde à la cinquième série, Pd et +dPd/dt diminuent significativement (P<0.01) dans les deux épreuves et selon un décours comparable entre l’épreuve excentrique (–28.8% et – 27.7%, respectivement) et concentrique (–32.8% et –30.6%, respectivement). 78 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES – ETUDE I ** 125 ** ** Pd (%) 100 ** ** 75 50 25 * +dPd/dt (%) 150 ** ** ** ** 125 100 75 50 0 30 60 90 120 150 Nombre de contractions # 0 5 10 15 20 25 30 Récupération (min) Figure 30. Evolution de l’amplitude (Pd) et de la vitesse de contraction (+dPd/dt) du mécanogramme obtenus en réponse à une double stimulation avant et entre chaque série de contractions fatigantes concentriques (○) et excentriques (●) ainsi qu'au cours de la période de récupération. Chaque point représente la moyenne (± SEM) de l’ensemble des sujets, normalisée par rapport à leur valeur initiale. Les niveaux de signification (** P<0.01, * P<0.05) représentent la différence entre les valeurs enregistrées lors du test excentrique et celles enregistrées lors du test concentrique. I.3.5. Propriétés électriques du muscle pendant les contractions fatigantes L’amplitude pic-à-pic de l’onde M obtenue en réponse à une stimulation électrique isolée a tendance à diminuer au cours des deux épreuves de fatigue : de 6.2% en concentrique et de 9.0% en excentrique (figure 31). Néanmoins, l’analyse des résultats montre que cette diminution n’est pas significative pour chacune des épreuves (P>0.05) et que les valeurs ne sont pas statistiquement différentes entre les deux épreuves. 79 Amplitude de l'onde M (%) CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES – ETUDE I 120 110 100 90 80 70 Durée de l'onde M (%) 130 120 * * * * ** 110 * ** 100 * 90 80 0 30 60 90 120 150 Nombre de contractions # 0 5 10 15 20 25 30 Récupération (min) Figure 31. Evolution de l’amplitude et de la durée du potentiel d’action global du muscle (onde M) obtenu en réponse à une stimulation isolée, avant et entre chaque série de contractions concentriques (●) et excentriques (○) ainsi qu'au cours de la période de récupération. Chaque point représente la moyenne (± SEM) de l’ensemble des sujets, normalisée par rapport à leur valeur initiale. Les niveaux de signification (* P<0.05, ** P<0.01) représentent la différence entre les valeurs enregistrées lors du test excentrique et celles enregistrées lors du test concentrique. De même, l’analyse de la cinétique de récupération met en évidence un retour progressif de l'amplitude de l'onde M aux valeurs initiales en excentrique et en concentrique sans que les variations entre les deux épreuves et à l’intérieure de chacune d’elles ne soient significatives. Par contre, il est intéressant de constater que la durée de l’onde M (D) évolue différemment entre les deux épreuves (figure 31). En effet, D augmente de manière progressive de +16.6% (116.6 ± 16.7% ; P<0.05) au cours des contractions concentriques, tandis que l’évolution inverse est observée pour le test excentrique, puisque D diminue de 7.9% en fin d’épreuve (92.1 ± 5.4% ; P<0.01). Par ailleurs, la récupération est très rapide et quasi complète lors du test concentrique (94.8 ± 2.7% ; P>0.05). Après le test excentrique, D 80 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES – ETUDE I récupère peu et se stabilise à des valeurs statistiquement inférieures aux valeurs initiales même après 30 minutes de récupération (91.9 ± 2.1% ; P<0.01). I.3.6. Potentiation de post-activation La PPA a été évaluée en calculant l’amplitude du double choc délivré immédiatement après la CVM normalisée par rapport à celle du double choc délivré dans les conditions de contrôle (figure 32). 110 PPA (%) 100 ** * 60 90 * * 90 80 70 0 30 120 150 Nombre de contractions # 0 5 10 15 20 25 30 Récupération (min) Figure 32. Comparaison des modifications de la potentiation de post-activation (PPA) au cours des contractions fatigantes concentriques (●) et excentriques (○) ainsi qu'au cours de la période de récupération. Chaque valeur, exprimée en pourcentage des valeurs initiales, représente la moyenne (± SEM) de l’ensemble des sujets. Différence significative entre les valeurs enregistrées lors du test excentrique et celles enregistrées lors du test concentrique : * P<0.05, ** P<0.01. Dans les conditions de contrôle, la PPA atteint 154.8 ± 6.0%. La première série de contractions fatigantes s’accompagne ensuite d’une réduction de la PPA de 18.4% (de 116.2 ± 3.2 à 97.8 ± 4,3% ; P<0.01) pour l’exercice excentrique et de seulement 8.6% (de 114.9 ± 4.7 à 106.4 ± 3.3% ; P<0.05) pour l’exercice concentrique (figure 32). Puis, on observe au cours des 4 séries suivantes une relative stabilisation de la PPA dans les deux régimes, mais les 81 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES – ETUDE I valeurs restent significativement plus basses (P<0.05) lors du test excentrique comparativement au test concentrique. Néanmoins, cette différence se réduit en fin d’épreuve pour ne plus être significative après la cinquième série (103.4 ± 11.5 vs. 100.4 ± 9.0%). La récupération post-exercice de la PPA est relativement complète pour les deux épreuves puisque 30 minutes après l’arrêt de l’exercice, aucun déficit par rapport aux valeurs initiales n’est statistiquement observé (114.4 ± 11.8% et 110.9 ± 18.4% après les contractions concentriques et excentriques, respectivement). I.4. Discussion Le but premier de ce travail était d’étudier et de comparer la fatigabilité musculaire des fléchisseurs dorsaux de la cheville, lors d’un test standard réalisé en contractions concentriques ou excentriques. Le deuxième objectif était de déterminer l’importance relative des mécanismes périphériques et centraux dans la diminution de la force contractile. La principale constatation qui ressort de notre étude est que des contractions de type concentrique sont intrinsèquement plus fatigantes que des contractions de type excentrique, puisqu'elles conduisent à une plus grande diminution du couple de force. En cela, nos résultats confirment les travaux antérieurs d’autres auteurs réalisés sur le quadriceps (Tesch et coll., 1990, Grabiner et Owings, 1999) et le triceps sural (Hortobagyi et coll., 1996). Néanmoins, notre étude met en évidence que cette différence est surtout marquée au cours des 4 premières séries de contractions et diminue ensuite. En outre, il est intéressant de constater qu’il existe lors du test concentrique une récupération rapide et partielle du couple de force au cours des courtes périodes de repos entre chaque série, ce qui n’est pas le cas en excentrique. Cette différence de fatigabilité et de décours du couple de force dans le temps suggèrent que différents mécanismes sont mis en jeu dans les deux épreuves d'effort. Dans la présente étude, nous avons testé la fatigue centrale lors de contractions concentriques ou excentriques au moyen de deux approches. La première approche appelée "secousse surimposée", consistait à stimuler électriquement le nerf péronier profond lors d’une CVM, puis à normaliser l’amplitude de la réponse surimposée par rapport à l’amplitude de la réponse contrôle lorsque le muscle était au repos. Ce rapport fourni une mesure quantitative de l'activation nerveuse centrale (Belanger et McComas, 1981). La deuxième approche consistait à mesurer le rapport entre l’activité EMG volontaire et l'onde M et les 82 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES – ETUDE I modifications de ce dernier au cours de l’épreuve de fatigue. Une variation de l’activité EMG au cours de la fatigue peut être due à une atteinte de mécanismes périphériques et/ou centraux puisqu’on enregistre une activité électrique globale dépendante non seulement de processus ioniques de la membrane musculaire, mais aussi de l’activation nerveuse. Par contre, en normalisant l’EMG volontaire par rapport à l'onde M, qui elle ne dépend que des mécanismes périphériques, on peut ainsi mettre en évidence la contribution centrale. En réalité, ces deux méthodes débouchent sur les mêmes conclusions, à savoir que ni les contractions concentriques, ni les contractions excentriques, ne s’accompagnent d’une fatigue centrale. Dès lors, les modifications enregistrées reflètent des altérations principalement localisées au niveau périphérique. L'évolution différente du couple de force et de l'activité EMG lors des deux tests plaide pour la mise en jeu de mécanismes périphériques différents. Comme nous l’avons rapporté, la "fatigue périphérique" peut avoir pour site la conduction de l’activité nerveuse, c’est-à-dire, la conduction axonique, la transmission neuromusculaire et la conduction musculaire. Il est possible d’appréhender chez l’homme, à quel niveau de la conduction se situent les perturbations en enregistrant l'onde M et en mesurant les variations de ses paramètres pendant la fatigue (Fuglevand et coll., 1993, Sjogaard et McComas, 1995). Ainsi, dans notre étude, l’absence de modifications significatives de l’amplitude de l'onde M au cours des deux épreuves suggère qu’il n’y a ni blocage de la jonction neuromusculaire, ni réduction de l’excitation du sarcolemme lors des deux épreuve de fatigue (Bigland-Ritchie et coll., 1979, Duchateau et Hainaut, 1985, Milner-Brown et Miller, 1986, McKenzie et coll., 1992, Fuglevand et coll., 1993, Kent-Braun, 1999). Par contre, l'allongement progressif de la durée de l'onde M au cours de l’épreuve concentrique signifie que la vitesse de conduction est ralentie le long des membranes des cellules musculaires (Duchateau et Hainaut, 1985, MilnerBraun et Miller, 1986, Jones, 1996). Nous savons que lors de l’activation répétitive et intense d'un muscle, une modification de la répartition en ions potassium (K+) et sodium (Na+) se produit de part et d’autre de la membrane, la pompe Na+/K+ ne fonctionnant pas à un rythme suffisant (Westerblad et coll., 1991). Cette modification de l’équilibre électrochimique est surtout présente au niveau du système tubulaire transverse (Sjogaard et McComas, 1995), et est probablement à l’origine du ralentissement de la propagation de la dépolarisation constaté en concentrique. Ces modifications suggèrent une activation musculaire plus élevée dans ce mode de contraction comme en témoigne une activité EMG plus importante (voir figure 22B) et une fréquence de décharge des unités motrices plus élevées (Sogaard et coll., 1996) qu’en 83 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES – ETUDE I excentrique. Cette activation induit sans doute une altération du couplage électro-chimique (tubule-T/réticulum sarcoplasmique), dont nous savons qu’il est "voltage-dépendant". Celle-ci se traduit par une réduction du largage calcique dans le milieu intracellulaire, une diminution du nombre possible de "ponts" et donc une diminution de la tension développée (Westerblad et coll., 1991, Sjogaard et McComas, 1995, Jones, 1996). Néanmoins, ce type de fatigue dit de "haute-fréquence" (Westerblad et coll., 1991, Jones, 1996) n’est que transitoire et récupère en quelques secondes car les diffusions de K+ et de Na+ à travers le sarcolemme sont assez rapides (Sjogaard et McComas, 1995). Cette hypothèse est cohérente avec la chute plus marquée du couple de force et de l’EMG au cours de chaque série de contractions concentriques d’une part et la rapidité des récupérations observée entre chaque série et après l’épreuve d'effort d’autre part. Par contre, l’effet inverse se produit en fin d’épreuve excentrique, à savoir une diminution de la durée de l'onde M. En outre, cette dernière n'a toujours pas complètement récupéré après 30 minutes de repos. Ces constatations suggèrent un niveau d’activation musculaire différent entre les deux types de contractions. Le ralentissement observé en concentrique témoigne en effet d’une fatigue plus marquée au niveau membranaire, et renforce l’hypothèse d’une fréquence d'activation plus soutenue en concentrique qu’en excentrique plutôt que d’un recrutement sélectif d’unités motrices en excentrique (Nardone et coll., 1989). Cette idée est en accord avec le fait que l’amplitude des potentiels d’actions des unités motrices rapides est davantage susceptible d’être modifiée au cours d’une épreuve de fatigue que les unités motrices lentes (Chan et coll., 1998). Ainsi, un plus grand recrutement d’unités rapides aurait entraîné des modifications plus importantes de l'onde M et de l’EMG volontaire lors de contractions excentriques comparativement aux contractions concentriques, ce qui n’est pas le cas dans notre étude. La seconde phase du couplage "excitation-contraction" est celle qui lie le calcium (Ca2+) intracellulaire au phénomène contractile, dit couplage "mécano-chimique". Ainsi, dans la présente étude, la lente décroissance du couple de force, surtout en concentrique, ne peut se justifier uniquement par des phénomènes électriques de membrane et suggère que des modifications intracellulaires associées au couplage mécano-chimique sont mises en jeu. Celles-ci, habituellement associées à des modifications de la cinétique de libération du Ca2+ dans le milieu intracellulaire (Hainaut et Desmedt, 1974, Duchateau et Hainaut, 1986, Stephenson et coll., 1995) et/ou de la phosphorylation des chaînes légères de myosine qui modifie leur sensibilité au Ca2+ (Sweeny et coll., 1993, Vandenboom et coll., 1993), peuvent être étudiées de manière indirecte chez l’homme en comparant l'onde M et la secousse 84 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES – ETUDE I mécanique électro-induite (Duchateau et Hainaut, 1985). La cinétique contractile de la secousse (+dPt/dt et –dPt/dt) est accélérée dans les deux tests de fatigue, avec toutefois un décours dans le temps différent entre les deux épreuves. Cette accélération révèle l’existence de phénomènes de potentiation au niveau de la secousse en début d’exercice. De telles interactions entre les phénomènes de potentiation et de fatigue au cours d’activations musculaires répétées ont déjà été observées pour des contractions volontaires (Grange et Houston, 1991) ou électro-stimulées (Garner et coll., 1989). Nos résultats indiquent par ailleurs que l’épreuve excentrique engendre une potentiation de Pt, +dPt/dt et –dPt/dt beaucoup plus élevée après la première série de contractions suivie d’une chute de ces valeurs beaucoup plus rapide que l’épreuve concentrique. Cette observation suggère une moindre atteinte du couplage "excitation-contraction" lors de contractions excentriques. Ceci est supporté par la relative stabilisation du rapport EMG/couple en excentrique, alors que celui-ci augmente au sein de chaque série lors du test concentrique. Ces résultats indiquent que le "découplage" entre l’activité électrique de membrane et les phénomènes de largage calcique dans le milieu intracellulaire est plus marqué lors du test concentrique. Une seconde approche consistant en l’analyse des capacités de potentiation par contraction volontaire (PPA) nous a également permis d’étudier les modifications du couplage "excitation-contraction" lors de contractions fatigantes. La PPA diminue après la première série dans les deux épreuves, mais de manière plus marquée pour le test excentrique. Le fait que chaque secousse potentie au début des deux tests de fatigue semble en partie responsable de cette réduction initiale de la PPA. Néanmoins, la potentiation de la secousse ne peut probablement pas expliquer à elle seule l’ensemble des résultats dans la mesure où, après la première série de contraction, la PPA reste au même niveau alors que la secousse diminue (voir figure 32). Il est donc probable que ces variations de PPA et de la secousse reflètent des mécanismes de fatigue intracellulaire qui se situent à deux niveaux et dont la contribution sera différente dans les deux tests : des mécanismes liés à la cinétique de libération du Ca²+ dont on sait qu’elle influence davantage la cinétique contractile de la secousse (Pt et +dPt/dt) (Desmedt et Hainaut, 1968, Hainaut et Desmedt, 1974, Duchateau et Hainaut, 1986), et des mécanismes de sensibilité des protéines au Ca²+ qui joueraient plutôt un rôle dans la PPA (Sweeny et coll., 1993, Grange et Houston, 1991, Vandenboom et coll., 1993). Le fait que la secousse potentie plus pendant le test excentrique comparativement au test concentrique pourrait ainsi s’expliquer par une intensification de la libération du Ca2+ par le réticulum sarcoplasmique lors de contractions excentriques. 85 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES – ETUDE I Il est connu que les modifications du couplage mécano-chimique peuvent être renforcées par des variations de l’apport énergétique et des concentrations métaboliques intracellulaires (Fitts et Metzger, 1988, Westerblad et coll., 1991, Allen et coll., 1995, Sjoggard et McComas, 1995). Nous savons notamment qu’une réduction de l’apport énergétique, ainsi qu’une accumulation d’ions H+ vont altérer le fonctionnement des pompes Na+/K+ au niveau de la membrane musculaire (Sjogaard et McComas, 1995). Ces modifications métaboliques sont probablement à l’origine de l’allongement de la durée du Mmax et donc du ralentissement de la propagation du potentiel d'action observé lors du test concentrique. Ces effets sur les pompes Na+/K+ seraient par contre inexistants en excentrique comme en atteste la réduction de la durée du Mmax. Les variations métaboliques évoquées peuvent également jouer un rôle au niveau de la "machinerie contractile" elle-même. La moindre disponibilité des molécules d’ATP peut effectivement réduire le nombre de ponts formés (Westerblad et coll., 1991). En outre, les ions H+ en forte concentration (acidose métabolique), peuvent interagir avec plusieurs sites liés à l’activité ATPasique de la myosine diminuant non seulement le nombre de ponts formés mais également la tension maximale générée par chaque pont. Les ions H+ sont par ailleurs susceptibles d’entrer en compétition avec le Ca2+ lors de la fixation sur la troponine C réduisant ainsi l’affinité des myofilaments pour le Ca2+ (Fitts et Metzger, 1988, Allen et coll., 1995). Enfin, l’utilisation de la phosphocréatine s’accompagne d’une augmentation de la concentration de phosphates inorganique (Pi) dont on sait qu’elle va diminuer la sensibilité des myofilaments au Ca2+ et la tension maximale générée au niveau des ponts (Westerblad et coll., 1991). Bien que dans notre étude il soit difficile de les dissocier, l’ensemble de ces mécanismes contribue probablement à la diminution du couple de force exercé par le muscle dans les deux tests de fatigue. Néanmoins, les phénomènes de relaxation ne peuvent être reliés aux variations de Pi, mais sont plus étroitement associées aux variations du pH (Fitts et Metzger, 1988, Allen et coll., 1995). L’accumulation d’ions H+ va en effet inhiber le fonctionnement de la pompe à Ca2+ du réticulum sarcoplasmique. La "reséquestration" active du Ca2+ dans le réticulum sarcoplasmique et la relaxation se trouvent ainsi ralenties. Il est donc intéressant de constater lors du test concentrique, un ralentissement de la vitesse de relaxation (–dPt/dt) ainsi qu’une augmentation de TR½, ce qui n’est pas le cas lors du test excentrique. Ces observations suggèrent donc qu’une réduction de pH soit présente en concentrique et probablement absente ou limitée en excentrique. Si notre approche indirecte ne nous permet pas de discuter tout à fait objectivement ces différents mécanismes, il convient cependant de limiter l’importance de la contribution de ces variations métaboliques 86 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES – ETUDE I dans nos conditions expérimentales pour les raisons suivantes : 1) nous constatons toujours un déficit du couple maximal après 30 minutes de récupération, alors que des modifications strictement métaboliques devraient avoir récupéré en grande partie (Miller et coll., 1987, Westerblad et coll., 1991, Jones, 1996); 2) une dépression de la secousse se maintient après l’arrêt des deux tests, tandis que l'onde M récupère complètement ses valeurs de départ. Il semble donc qu’un "découplage" électro-chimique soit à l’origine du déficit de force présent après 30 minutes de récupération. Enfin, étant donné que la PPA revient à des valeurs de départ après 30 minutes de récupération et que la secousse serait plutôt sensible aux modifications du largage calcique, nous suggérons, en accord avec les expériences menées sur fibre isolée (Lännergren et coll., 1996), que la réduction de la tension mécanique reflèterait davantage des altérations du couplage électro-chimique. En conclusion, les résultats de notre étude documentent et confirment les observations précédentes selon lesquelles les contractions concentriques induisent une plus grande diminution du couple de force et selon un décours différent comparativement aux contractions excentriques. Toutefois, l’ensemble de nos résultats expérimentaux ne permet pas de soutenir l’idée émise par certains auteurs d’une altération au niveau nerveux, ni d’un recrutement préférentiel d’unités motrices rapides et fatigables pendant les contractions excentriques. La chute du couple de force enregistrée dans notre étude au cours des épreuves de fatigue concentrique et excentrique reflète plutôt des modifications principalement localisées au niveau périphérique. Celles-ci semblent liées à une altération du couplage "excitationcontraction" qui suggère des modifications non seulement au niveau de sa composante électro-chimique mais également de la partie mécano-chimique du couplage. Néanmoins, la plus grande fatigue observée lors de l’épreuve concentrique suggère une activation plus importante que pour l’épreuve excentrique, dont les conséquences métaboliques renforcent les altérations du couplage "excitation-contraction". 87 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES - ETUDE II ETUDE II : INFLUENCE COMPORTEMENT DES DE LA LONGUEUR DES FASCICULES SUR LE UNITES MOTRICES LORS DE CONTRACTIONS ISOMETRIQUES II.1. Introduction Le couple de force développé lors d’une contraction volontaire dépend de la capacité intrinsèque du muscle à générer une tension et de son degré d'activation par le système nerveux central. D’après la relation tension-longueur (Gordon et coll., 1966, Edman et Andersson, 1968), la force qu’un muscle est capable de produire varie avec sa longueur. Comme nous l’avons discuté dans la revue de littérature, cette relation de type parabolique montre que la force de contraction maximale est obtenue pour une longueur proche de la longueur de repos. La diminution du couple de force actif observée lorsque le muscle est en position allongée ou raccourcie s’explique principalement par une réduction du nombre de ponts consécutif à un raccourcissement des sarcomères ou à un allongement au-delà du chevauchement optimal entre les filaments fins d'actine et épais de myosine (Gordon et coll., 1966, Edman et Andersson, 1968, Lieber et coll., 1994, Rassier et coll., 1999). Les études portant chez l’homme sur les modifications du niveau d’activation à différents angles articulaires et donc à différentes longueurs musculaires montrent des résultats divergents. En position raccourcie, l’activation maximale du muscle mesurée, à partir d’enregistrements électromyographiques de surface (EMG) ou par la technique de la secousse surimposée (Merton, 1954), est soit supérieure (Marsh et coll., 1981, Kasprisin et Grabiner, 2000, Babault et coll., 2003), similaire (Bigland-Ritchie et coll., 1992, Newman et coll., 2003) ou inférieure (Cresswell et coll., 1995, Becker et Awiszus, 2001) à celle enregistrée pour des longueurs plus importantes. Ces observations divergentes sont probablement en partie dues aux modifications de l’activité EMG occasionnées par des facteurs non physiologiques tels que les changements de configuration du muscle par rapport aux électrodes selon la longueur adoptée (Kennedy et Cresswell, 2001, Farina et coll., 2004, Keenan et coll., 2005). Par ailleurs, ces divergences témoignent des possibles différences qui existent entre les relations couple de force-longueur des groupes musculaires investigués, ces relations étant en partie déterminées par l’architecture intrinsèque du muscle (c.-à-d. l’angle de pennation; voir Maganaris et coll., 2001). En outre, en fonction des positions articulaires adoptées, la balance 88 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES - ETUDE II entre les influx excitateurs et inhibiteurs affectant le pool de motoneurones sera modifiée, contribuant ainsi à l’hétérogénéité de ces résultats (Kennedy et Cresswell, 2001). Quelle que soit la véritable cause de divergence entre ces études, les variations de l'activation volontaire avec la longueur du muscle pourraient s’expliquer par une modulation dans le recrutement des unités motrices et de leur fréquence de décharge. Le temps de contraction d’une secousse musculaire, mesuré lors d’une stimulation électrique isolée, étant diminué lorsque le muscle est raccourci (Marsh et coll., 1981, Bigland-Ritchie et coll., 1992), il a été suggéré qu’aux plus courtes longueurs une fréquence de décharge plus élevée serait nécessaire afin de développer un même couple de force relatif. Conformément à cette hypothèse, Gandevia et McKenzie (1988) font état d’un déplacement vers la droite de la courbe couple de force-fréquence aux faibles longueurs musculaires. D’autre part, Vander Linden et collaborateurs (1991) ont montré une diminution du seuil de recrutement des unités motrices et une fréquence de décharge par unité de force plus élevée au cours de contractions sous-maximales maintenues en position raccourcie. Tax et collaborateurs (1990) ont eux aussi rapporté des fréquences de décharge plus importantes au niveau du biceps brachial lorsque le muscle était en position raccourcie. En revanche, pour des contractions isométriques du muscle tibial antérieur supérieures à 50% de la contraction volontaire maximale (CVM), Bigland-Ritchie et collaborateurs (1992) n'ont pas observé d’augmentation de la fréquence de décharge des unités motrices à une longueur plus courte du muscle. Il convient cependant de souligner que Christova et collaborateurs (1998) ont rapporté qu’au sein d’une population d’unités motrices du biceps brachial, les comportements divergeaient. Ces auteurs ont observé une augmentation de la fréquence de décharge aux faibles longueurs pour 52.2% des unités motrices, les autres présentant des fréquences supérieures ou similaires pour des longueurs plus importantes du muscle. Cette brève synthèse de la littérature montre que l’hypothèse selon laquelle aux faibles longueurs du muscle un même couple de force est atteint principalement par le recrutement d’unités motrices additionnelles, par la modulation de leur fréquence de décharge ou par les deux mécanismes ne fait pas aujourd’hui l’unanimité. Une partie des désaccords observés dans la littérature précédente pourrait s’expliquer par le fait que les changements de la longueur du muscle ont été estimés à partir de l'enregistrement de la position articulaire et non pas directement à partir de la mesure de la longueur des fascicules. Le but de ce travail était d’examiner l'effet du changement de longueur du muscle tibial antérieur sur le recrutement et 89 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES - ETUDE II la fréquence de décharge d’une même unité motrice pendant des contractions isométriques sous-maximales des muscles dorsifléchisseurs de la cheville. Les angles de pennations ainsi que les longueurs des fascicules du muscle tibial antérieur ont été mesurées à l’aide d’enregistrements ultrasonographiques afin de coupler les modifications de l'architecture intrinsèque du muscle au comportement des unités motrices. II.2. Matériel et méthodes II.2.1. Sujets Huit sujets (6 hommes et 2 femmes) âgés de 22 à 48 ans préalablement familiarisés à la procédure expérimentale se sont portés volontaires pour participer à cette étude. En ce qui concerne la collecte des données, les sujets ont été examinés à plusieurs occasions pour un total de 24 sessions expérimentales. Aucun des sujets ne présentait de problème neurologique ou moteur particulier. Cette expérimentation a été approuvée par le Comité d'Ethique de l’Université et a été réalisée en conformité avec la déclaration d’Helsinki. II.2.2. Appareillage et dispositif expérimental Le dispositif ergométrique ainsi que la position du sujet étaient identiques à ceux préconisés dans l’étude précédente. Brièvement, l’ergomètre motorisé nous a permis d’enregistrer le déplacement angulaire de l’articulation de la cheville ainsi que le couple de force développé lors de sollicitations isométriques des fléchisseurs dorsaux de la cheville aux deux angles investigués. II.2.3. Enregistrements mécaniques et électromyographiques Un potentiomètre linéaire et un transducteur avec jauge de contrainte (sensibilité : 0.018 V/Nm; linéarité de 0 à 200 Nm) montés sur l’axe de rotation du moteur ont permis de mesurer respectivement la position angulaire de la cheville et le couple de force développé par les muscles fléchisseurs dorsaux de la cheville lors de contractions volontaires. Dans la 90 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES - ETUDE II position expérimentale décrite ci-dessus, le signal de force a été enregistré et amplifié (Tektronix AM 502 ; bande passante DC-300 Hz). L’activité EMG de surface du muscle tibial antérieur a été enregistrée par l’intermédiaire de deux électrodes en argent (cupules de 8 mm de diamètre) positionnées sur le corps charnu du muscle à 2 cm l’une de l’autre afin de laisser suffisamment de place pour implanter l’électrode intramusculaire en plusieurs endroits (figure 33). Les signaux EMG ont été amplifiés (x 1000) et filtrés (10Hz-1kHz) par un amplificateur différentiel fabriqué au sein du laboratoire. EMG intramusculaire EMG TA Electrode de terre Figure 33. Ergomètre motorisé et positionnement du pied des sujets lors des séances expérimentales. L’activité EMG de surface du muscle tibial antérieur (EMG TA) a été enregistrée via deux cupules de 8 mm de diamètre placées sur le corps charnu du muscle. L’activité EMG intramusculaire du muscle tibial antérieur a été enregistrée via une électrode intramusculaire hautement sélective. L'électrode de référence pour les enregistrements de surface et intramusculaires ont été placées sur la face interne du tibia. 91 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES - ETUDE II Les potentiels d’action des unités motrices du tibial antérieur ont été enregistrés par l’intermédiaire d’une électrode très sélective, composée de deux fils de nichrome de 50 µm de diamètre isolés, sauf à son extrémité. Les fils étaient insérés dans la partie moyenne du muscle, entre les deux électrodes de surface, via une aiguille hypodermique (Duchateau et Hainaut, 1990; figure 33). Les électrodes de références (plaque en argent de 2 x 3 cm) pour les enregistrements de surface et intramusculaires ont été placées sur la face interne du tibia. Lors de chaque session expérimentale, l’aiguille a été réinsérée à au moins trois endroits différents. Plusieurs profondeurs et angles ont été explorés à chaque insertion afin d’enregistrer des potentiels d’unités motrices distinctes aux deux positions angulaires de cheville (10° de flexion plantaire et 10° de flexion dorsale). L’activité EMG des unités motrices a été amplifiée par un amplificateur différentiel (x 2000) et filtrée (100 Hz-10 kHz) avant d’être visualisée sur un oscilloscope (Tektronix, TAS 455 ; Duchateau et Hainaut, 1990). II.2.4. Protocole expérimental Chaque expérience a débuté par l’enregistrement du couple de force développé au cours de CVM isométriques des fléchisseurs dorsaux de la cheville. L’activité EMG correspondante du tibial antérieur était également enregistrée. Chaque sujet devait réaliser trois CVM à un angle de cheville de 10° de flexion plantaire (+10°) et trois CVM à 10° de flexion dorsale (–10°). Les CVM, d’une durée de 4-5 secondes chacune, étaient séparées l’une de l’autre d’une période de repos de 2-3 minutes. Après plusieurs minutes de repos, l’enregistrement d’unités motrices débutait. La recherche d’un potentiel d’action d’unité motrice isolé était entreprise pendant que le sujet réalisait des contractions de force croissante. La méthode consistait à déplacer légèrement l’aiguille jusqu’à ce qu’un potentiel d’action unique ou différent des autres soit détecté. Lorsqu’un potentiel d’unité motrice était clairement identifié et stable quel que soit l’angle de cheville adopté (+ 10° ou – 10°), les sujets devaient alors réaliser une contraction d’intensité croissante dite "en rampe" à vitesse lente (~5% CVM.s-1) jusqu’au seuil de recrutement de l’unité motrice sélectionnée puis maintenir pendant 5 s une contraction juste suffisante que pour obtenir une fréquence de pulsation basse et relativement constante de l’unité motrice (figure 34). 92 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES - ETUDE II A. Court B. Long 10Nm a b 1mV c 2mV 15 Hz d 5 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 0 1 2 Temps (s) 3 4 5 6 7 8 9 Temps (s) e 2 mV 2 ms 2 mV 2 ms Figure 34. Exemple de recrutement typique d'une unité motrice isolée du muscle tibial antérieur lors d’une contraction isométrique des muscles fléchisseurs dorsaux de la cheville pour un angle de cheville de –10° (A. court) et de +10° (B. long). Dans les deux conditions, la contraction "en rampe" était suivie par le maintient d’un niveau de force constant. Le couple de force développé en flexion dorsale (a), l’EMG de surface (b) et intramusculaire (c) du muscle tibial antérieur et la fréquence de décharge instantanée (d) de l'unité motrice sont illustrés. En e, les potentiels d'action de l'unité motrice ont été superposés avec une échelle de temps plus étalée. La ligne verticale pointillée indique le début de l’activation de l'unité motrice dans chaque condition. Pour chaque unité motrice, un couple de force cible a ainsi pu être déterminé pour les deux longueurs de muscle. Plusieurs niveaux de couple de force ont pu être investigués à partir du couple de force cible. Afin de satisfaire à ces besoins, les sujets bénéficiaient, à partir d’un oscilloscope digital, d’un feedback visuel du couple de force réel et des couples de forces cibles pour chacune des deux longueurs musculaires (Model 120; Nicolet, Madison, WI, USA). Les sujets bénéficiaient également d’un feedback auditif de la fréquence de décharge de l’unité motrice sélectionnée afin de leur permettre de la reconnaître facilement. Pour éviter toute fatigue, les contractions successives étaient séparées de 5 à 10 s et des temps de repos suffisants (3-5 minutes) étaient prévus entre les enregistrements d’unités motrices obtenus aux différentes localisations. Afin de s’assurer que la même unité motrice a été comparée aux deux longueurs du muscle, ses potentiels d’actions ont été continuellement enregistrés pendant le changement de la position angulaire de la cheville. 93 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES - ETUDE II II.2.5. Mesures Tous les signaux ont été stockés sur bandes magnétiques à l’aide d’un enregistreur numérique (Sony PCM-DAT, DTR 8000, Biologic, Claix, France) et sur le disque dur d’un ordinateur via l’interface d’acquisition (MP150 Biopac Systems, Santa Barbara, CA, USA). Toutes les données ont été analysées à posteriori par l’intermédiaire du logiciel d’analyse de données AcqKnowledge (version 3.7; Biopac Systems, Santa Barbara, CA). La fréquence d’échantillonnage était de 3 kHz (couple de force et position), 6 kHz (EMG de surface) et 12 kHz (EMG intramusculaire). Pour chaque angle de cheville, le couple de force atteint lors des CVM isométriques a été déterminé à partir du meilleur essai réalisé. Le couple de force maximal et l’activité EMG moyenne redressée correspondante (EMG) du muscle tibial antérieur a été quantifié sur une période de deux secondes pendant le plateau de force (dans les conditions isométriques). Les essais présentant des intervalles de pulsations anormalement courts et/ou longs du fait d’une erreur de discrimination, ont été ré-analysés manuellement potentiel par potentiel. Les potentiels d’unités motrices ont été identifiés sur base de leur amplitude, durée et forme. Seules les unités clairement identifiées et dont l’amplitude ne variait pas de plus de 20% aux deux angles de cheville ont été incluses dans l’analyse. Le seuil de recrutement des unités motrices, c’est-à-dire le niveau de couple de force auquel l’unité commence à pulser, a été déterminé au cours des contractions isométriques "en rampe" réalisées aux deux angles de cheville (+10° et –10°). Ces seuils de recrutement ont été exprimés en pourcentage du couple de force maximal développé lors d’une CVM à l’angle de cheville correspondant. La valeur moyenne de fréquence de décharge des unités motrices a été déterminée lors de la phase de maintient de la contraction isométrique aux deux angles de cheville. II.2.6. Ultrasonographie Les modifications d’architecture du muscle tibial antérieur aux deux angles de cheville et aux différents niveaux du couple de force ont été investiguées à l’occasion d’une nouvelle session expérimentale au moyen de l’ultrasonographie. (Fukunaga et coll., 1997, Maganaris et coll., 2001, Reeves et Narici, 2003). La longueur des fascicules et l’angle de pennation ont été mesurés à partir d’images (figure 35) obtenues en temps réel (mode B) à l’aide d’un échographe (AU5, Esaote Biomedica, Firenze, Italie) et d’une sonde linéaire (13-MHz; 94 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES - ETUDE II largeur : 38-mm). Cette dernière était positionnée sur la peau dans le plan sagittal médian du muscle tibial antérieur au niveau de la zone correspondant à l’insertion de l’aiguille intramusculaire. Une fois les fascicules musculaires clairement identifiés, la position de la sonde était fermement maintenue en place par une gaine de résine fabriquée dans notre laboratoire afin de standardiser les mesures. La sonde était couverte d'un gel de transmission hydrosoluble afin d’optimiser le contact acoustique. Un marqueur métallique était placé entre la peau et la sonde à ultrasons pour vérifier que cette dernière ne s'était pas déplacée pendant l'enregistrement. Les images ont été enregistrées à une fréquence de 20 Hz. Lf α Figure 35. Exemple d’une image ultrasonographique du muscle tibial antérieur. Ce cliché, obtenu au repos pour un angle de flexion dorsale de la cheville de 10°, montre comment l’angle de pennation (α) et la longueur des fascicules (Lf) ont été déterminés. Dans les conditions de contractions isométriques aux deux angles de cheville, les images ont été obtenues au repos puis à chaque incrément de 10% de couple de force jusqu’à la CVM. Les sujets devaient atteindre le couple de force isométrique cible à l’aide d’un feedback visuel. Chaque contraction durait de 3 à 5 s et était séparée de la suivante par 60 s de repos. Les mesures d'angle de pennation et de longueur de fascicule ont été réalisées à l’aide d’un logiciel d’analyse numérique (Scion Image, National Institutes of Health, USA). Le tibial antérieur est un muscle bipenné constitué d’une aponévrose centrale. L’angle de 95 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES - ETUDE II pennation a été défini comme étant l’angle que forme le fascicule avec l’aponévrose centrale au niveau de son insertion (Ito et coll., 1998, Reeves et Narici, 2003). La longueur de fascicule a été mesurée entre l’aponévrose centrale et superficielle. Lorsque l’insertion superficielle du fascicule n’était pas visible sur le cliché ultrasonographique, la longueur a été extrapolée par un calcul trigonométrique en assumant un prolongement linéaire des fascicules (Reeves et Narici, 2003). II.2.7. Analyse statistique Les données sont rapportées en moyenne ± l’écart-type (ET) dans le texte et illustrées en moyenne ± l’erreur standard de la moyenne (SEM) dans les figures. Le couple de force et l’EMG de surface développés lors des CVM, ainsi que le seuil de recrutement moyen et la fréquence de décharge moyenne des unités motrices mesurés aux deux angles de cheville (– 10°et +10°) ont été analysés par le test-t pairé de Student. Dans les conditions isométriques sous-maximales, une ANOVA à deux facteurs (angle de cheville, niveau de force) avec mesures répétées a été utilisée pour tester l’effet de la l’angle de cheville et du couple de force sur le rapport EMG-couple de force, ainsi que sur les paramètres des unités motrices (seuil de recrutement et fréquence de décharge) et des fascicules musculaires (longueur de fascicule et angle de pennation). La différence de longueur de fascicule aux deux angles de chevilles pour chaque niveau de couple de force a été testée à l’aide d’une ANOVA avec mesures répétées. Le post-test de Tukey a été utilisé lorsqu’un niveau de signification inférieure à 0.05 était atteint. II.3. Résultats II.3.1. Couple de force maximal, activité électromyographique et longueur des fascicules Le couple de force moyen de flexion dorsale développé en CVM aux deux positions angulaires était de 35 ± 3.3 et 44.3 ± 4.2 Nm en position raccourcie (10° de flexion dorsale ; – 10°) et allongée (10° de flexion plantaire ; +10°), respectivement. Comme on pouvait s’y attendre, ces résultats indiquent que le couple de force développé lors d’une CVM est 96 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES - ETUDE II supérieur (P<0.001) lorsque le muscle se trouve en position allongée comparativement à la position raccourcie. A l’inverse, l’activité EMG du tibial antérieur diminue (P<0.05) avec l'allongement du muscle (0.43 ± 0.06 vs. 0.47 ± 0.08 mV). Bien que faibles, ces modifications de l’EMG pour une longueur raccourcie du muscle sont présentes chez 7 sujets. Un seul sujet montre une activité EMG identique aux deux angles. Les valeurs illustrées dans le tableau 2 montrent l’influence de la position angulaire de la cheville sur l’angle de pennation et la longueur des fascicules au repos et lors d’une CVM. Tant au repos qu’en CVM, l’angle de pennation moyen était significativement plus grand (P<0.001) et la longueur moyenne des fascicules significativement plus faible (P<0.001) en position raccourcie comparativement à la position allongée. Lorsque ces valeurs sont exprimées en pourcentage de la longueur respective au repos, la longueur moyenne des fascicules était diminuée (P<0.001) de 38.2 ± 5.4% et 42.6 ± 6.0% lors de CVM réalisées en position allongée et raccourcie du muscle, respectivement. Repos CVM –10° +10° P –10° +10° P Angle de pennation (°) 14.9 ± 2.2 12.8 ± 1.8 0.001 24.5 ± 3.9 20.6 ± 3.6 0.001 Longueur des fascicules (mm) 63.6 ± 12.6 72.9 ±15.6 0.001 36.0 ± 5.6 44.4 ± 6.6 0.001 Tableau 2. Angle de pennation et longueur des fascicules au repos et lors de CVM en position raccourcie et allongée du muscle tibial antérieur. Les valeurs sont rapportées en moyenne ± ET. P indique si les différences entre les conditions raccourcie (–10°) et allongée (+10°) sont significatives. Pour chaque angle de cheville, les valeurs sont significativement différentes entre le repos et la CVM (P<0.001). II.3.2. Ordre de recrutement et fréquence de décharge des unités motrices Cinquante neuf unités motrices ont été enregistrées et analysées aux deux angles de cheville lors des contractions volontaires isométriques (–10° et +10°). La figure 34 illustre le comportement type d’une unité motrice isolée du muscle tibial antérieur lors d’une contraction isométrique "en rampe" des muscles fléchisseurs dorsaux de la cheville aux deux positions angulaires. Cette unité motrice était recrutée pour un couple de force de 4.2 Nm 97 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES - ETUDE II (11.8% de la CVM) et 6.3 Nm (17.1% de la CVM) en position raccourcie et allongée, respectivement. Sa fréquence de décharge moyenne (± SD) lors de la phase de maintient de la contraction était de 9.9 ± 0.7 et 9.7 ± 0.7 Hz à –10° et +10° d'angle de cheville, respectivement. La réduction du seuil de recrutement pour une longueur de muscle plus courte se vérifiait pour l’ensemble des unités motrices investiguées. Le seuil de recrutement moyen, exprimé en pourcentage de la CVM respective (figure 36A), était de 5.2 ± 6.1% (de 0.3 à 21.2%; 2.1 ± 2.5 Nm, de 0.1 à 7.5 Nm) et 8.8 ± 9.0% (de 0.4 à 32.8%; 3.6 ± 3.7 Nm, de 0.2 à 10.5 Nm), en position raccourcie et allongée du muscle, respectivement. Ces différences indiquent une réduction significative (45.5 ± 25.5%; P<0.001) du seuil de recrutement moyen avec la diminution de l’angle de la cheville (de +10° à –10°). La fréquence moyenne de décharge des unités motrices pour toutes les intensités de contraction était de 11.4 ± 2.3 Hz et 11.1 ± 2.0 Hz, en position raccourcie et allongée du muscle, respectivement (figure 36B). Statistiquement, ces valeurs ne sont pas différentes l’une de l’autre. A B 15 12 Fréquence de décharge (Hz) Seuil de recrutement (%) *** 9 6 3 0 10 5 0 -10° +10° -10° +10° Figure 36. Seuils de recrutement moyens (± SEM; n = 59; A), exprimés en pourcentage du couple de force développé lors d’une CVM et fréquence de décharge (B) des unités motrices du muscle tibial antérieur pour un angle de cheville de –10° (muscle tibial antérieur en position raccourcie) et de +10° (muscle tibial antérieur en position allongée). Différence significative entre les deux angles : ***P<0.001. 98 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES - ETUDE II Le rapport entre la fréquence de décharge des unités motrices et le couple de force obtenu à –10° et +10° d’angle de cheville, exprimé par rapport au couple de force développé lors de la CVM à chaque angle, est illustré par la figure 37. Aux faibles niveaux de couple de force (0-5% de la CVM), le rapport était pratiquement deux fois plus important (10.8 ± 6.0 vs. 5.6 ± 3.0 Hz.Nm-1; P<0.001) en position raccourcie comparativement à la position allongée. Cependant, à mesure que le couple de force augmentait, le rapport entre la fréquence de décharge des unités motrices et le couple de force montrait une chute plutôt rapide, avec une baisse plus prononcée lorsque le muscle se trouvait en position raccourcie. En conséquence, pour des niveaux de couple de force supérieurs à 10% de la CVM, plus aucune différence significative n’était observée entre les deux angles de la cheville. Fréquence / couple de force (Hz.Nm-1) 12 *** -10° (court) +10° (long) 8 *** 4 0 1-5 6-10 11-15 16-20 21-25 26-30 31-35 Couple de force (%) Figure 37. Rapport entre la fréquence de décharge des unités motrices et le couple de force aux différents niveaux de force (exprimé en % de la CVM) pour un angle de cheville de –10° (muscle tibial antérieur en position raccourcie) et de +10° (muscle tibial antérieur en position allongée). Chaque valeur représente la moyenne (± SEM) calculée par palier de 5% de couple de force. Différence significative entre les deux angles : ***P<0.001. Quinze unités motrices ont été recrutées en position raccourcie du muscle et n’étaient pas actives en position allongée alors qu’un même niveau de couple de force absolu était développé. Ces unités motrices n’étaient recrutées en position allongée que pour des couples de forces supérieurs. Un tel recrutement additionnel d’unités motrices aux faibles longueurs de muscle est illustré par la figure 38. Le tracé illustre le recrutement d’une seconde unité 99 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES - ETUDE II motrice tandis que la première unité motrice présentait une fréquence de décharge similaire aux deux longueurs du muscle (13.5 ± 1.3 Hz et 13.3 ± 1.8 Hz, respectivement). De plus, le recrutement d’unités motrices supplémentaires aux courtes longueurs de muscle a été principalement observé (89.4%) pour des niveaux de couple de force supérieurs à 10% de la CVM. Leur fréquence de décharge moyenne était de 10.8 ± 2.4 Hz. A. Court B. Long a a b b 5 Nm 2 mV 1 2 20 UM1 UM1 c Hz c 0 1 2 3 4 5 5 0 6 1 2 3 4 5 6 Temps (s) UM1 20 UM2 UM2 e d 2 mV 5 0 1 2 3 4 5 6 2 mV 2 ms Temps (s) 2 ms Figure 38. Exemple de recrutement typique de deux unités motrices (MU1 et MU2) du muscle tibial antérieur lors d’une contraction isométrique des fléchisseurs dorsaux de la cheville pour un angle de cheville de –10° (A. court) et de +10° (B. long). Pour les deux conditions, les tracés correspondent au couple de force développé en flexion dorsale (a), l’EMG intramusculaire du muscle tibial antérieur (b) et la fréquence de décharge instantanée de l’UM1 (c) et de l’UM2 (d). En e, les potentiels d'action successifs pour chaque unité motrice ont été superposés avec une échelle de temps plus étalée. Notons que l’UM2 n’est recrutée (seuil de recrutement de 2.1 Nm ou 5.7% de la CVM) que pour un angle de cheville de –10°. La ligne verticale pointillée indique le début de l’activation de l'UM2. Cette modulation du mode d’activation des unités motrices était associée aux modifications de l’activité EMG de surface. La figure 39 représente les modifications de l’activation musculaire par unité de force (rapport entre l’EMG et le couple de force) 100 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES - ETUDE II développée lors de contractions isométriques des muscles fléchisseurs dorsaux aux différentes intensités et pour chaque angle de cheville (–10° et +10°). Le rapport entre l’activité EMG et le couple de force moyen calculé pour tous les niveaux de force confondus (de 0 à 35% de la CVM) était deux fois plus important lorsque le muscle était en position raccourcie comparativement à la position allongée (0.028 ± 0.012 mV.Nm–1 vs. 0.013 ± 0.005 mV.Nm–1; P<0.001). Quel que soit l’angle de cheville considéré, ce rapport était plus important aux faibles niveaux (<10% de la CVM) qu’aux niveaux de couple de force supérieurs (10-35% de la CVM). EMG / couple de force (mV.Nm-1) 0.06 -10° (court) +10° (long) *** 0.04 *** *** ** 0.02 * * * 21-25 26-30 31-35 0.00 1-5 6-10 11-15 16-20 Couple de force (%) Figure 39. Rapport entre l’EMG et le couple de force aux différents niveaux de force (exprimé en% de la CVM) pour un angle de cheville de –10° (muscle tibial antérieur en position raccourcie) et de +10° (muscle tibial antérieur en position allongée). Chaque valeur représente la moyenne (± SEM) calculée par palier de 5% de couple de force. Différence significative entre les deux angles : *P<0.05; **P<0.01; ***P<0.001. II.3.3. Architecture musculaire : angle de pennation et longueur des fascicules L’effet des changements de position angulaire de la cheville sur l’angle de pennation et la longueur des fascicules musculaires à différentes intensités de contraction volontaire sont illustrés dans la figure 40. Indépendamment du niveau de couple de force, l’angle de pennation moyen au niveau de l’aponévrose centrale était plus grand (P<0.001) et la longueur des fascicules plus courte (P<0.001) lorsque la position angulaire de la cheville était déplacée 101 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES - ETUDE II de +10° à –10°. Du repos à la CVM, l’angle de pennation était augmenté de 61.2% et de 64.4% pour un angle de cheville de +10° et –10°, respectivement. A Angle de pennation (°) 25 *** *** *** *** *** *** *** 20 *** 15 10 Longueur fascicules (mm) 80 Δ longueur fascicules (mm) B C *** *** *** 12 ** -10° (court) +10° (long) 65 *** *** *** *** 50 *** *** *** *** *** *** 35 * 11 10 9 8 7 0 20 40 60 80 100 Couple de force (%) Figure 40. Modifications de l’angle de pennation (A) et de la longueur des fascicules(B) aux différents niveaux de couple de force (exprimés en pourcentage de la CVM) des fléchisseurs dorsaux de la cheville aux deux angles articulaires, c’est-à-dire à –10° (position raccourcie) et +10° (en position allongée). La différence (∆) de longueur des fascicules entre les deux angles articulaires pour chaque niveau de couple de force investigués est également illustré (C). Les valeurs correspondent à la moyenne (± SEM). Différence significative entre les deux longueurs musculaires : *P<0.05, **P<0.01; ***P<0.001. 102 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES - ETUDE II Les modifications les plus importantes (P<0.001) ont été obtenues pour des niveaux de couple de force compris entre 0 et 10% de la CVM. Du repos à la CVM, la longueur des fascicules était diminuée de 38.2% et 42.7% pour un angle de cheville de +10° et –10°, respectivement. De la même manière, c’est à 10% de la CVM que la longueur des fascicules était la plus fortement réduite (P<0.001) : de 72.9 ± 15.6 à 55.4 ± 8.4 mm (–23.0%) et de 63.6 ± 12.6 à 44.9 ± 7.8 mm (–28.7%) à +10° et –10° d’angle de cheville, respectivement. Comme illustré dans la figure 40C, la différence de longueur de fascicules la plus marquée entre les deux angles articulaires a été obtenue à 10% de la CVM. II.4. Discussion Dans les précédentes investigations, il a été clairement démontré que le mode d’activation des unités motrices était en partie dépendant de la longueur du muscle (Tax et coll., 1990, Vander Linden et coll., 1991, Christova et coll., 1998, Kennedy et Cresswell, 2001). L’originalité de notre étude réside dans le fait qu’elle permet d’associer, pour la première fois, les modifications de la longueur des fascicules au recrutement des unités motrices lors de contractions isométriques chez l’homme. Les résultats indiquent qu’un niveau de couple de force absolu ou relatif donné est atteint moyennant une fréquence de décharge plus élevée et le recrutement d’un plus grand nombre d’unités motrices lorsque la longueur du muscle est plus courte. Le principal constat est que l’augmentation de la fréquence de décharge est prépondérante pour les bas niveaux de couple de force (<10% de la CVM) lorsque le complexe muscle-tendon est compliant, tandis que la contribution du recrutement des unités motrices est plus importante pour des couples de forces supérieurs (1035% de la CVM), à un moment où la compliance est moindre. Comme l’ont montré de précédentes investigations, la réduction de l’angle de cheville s’accompagne d’une diminution du couple de force maximal volontaire des muscles fléchisseurs dorsaux (Marsh et coll., 1981, Gandevia et McKenzie, 1988, Vander Linden et coll., 1991, Bigland-Ritchie et coll., 1992). La diminution du couple de force actif observée lorsque le muscle est raccourci s’explique principalement par une réduction du nombre de ponts due à un raccourcissement du sarcomère au-delà du chevauchement optimal entre les filaments fins d'actine et épais de myosine (Gordon et coll., 1966, Edman et Andersson, 1968, Lieber et coll., 1994, Rassier et coll., 1999). Dans notre étude, l’augmentation de l’angle de flexion dorsale de la cheville (de +10° à –10° d’angle articulaire) s’accompagnait d’une 103 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES - ETUDE II réduction de la longueur moyenne des fascicules du muscle tibial antérieur de 9.3 mm (12.7%) au repos et de 8.4 mm (18.9%) lors d’une CVM. De plus, du repos à la contraction isométrique maximale, le raccourcissement des fascicules était plus important pour un angle de –10° (muscle raccourci) que pour un angle de +10° (muscle allongé). Des résultats similaires ont été récemment rapportés par Reeves et Narici (2003) et par Hodges et collaborateurs (2003) pour le même muscle. En passant de +10° et –10° d’angle de cheville, les fibres musculaires se trouvent probablement dans la partie ascendante de la relation forcelongueur plutôt qu’au niveau du plateau (Lieber et coll., 1994, Rassier et coll., 1999). C'est pourquoi, une telle réduction de la longueur des fascicules semble suffisante que pour réduire le couple de force musculaire. En même temps que leur réduction de longueur, l'angle de pennation des fibres du muscle tibial antérieur a augmenté de 2.1° et de 3.9°, au repos et lors de la CVM, respectivement. Ces modifications ont probablement pour effet de disposer les fibres musculaires selon un angle moins optimal par rapport à la ligne d’action du muscle réduisant ainsi leur capacité à produire un couple de force maximal (Ito et coll., 1998, Narici, 1999, Maganaris et coll., 2001). En accord avec les études précédentes réalisées sur le même muscle (Marsh et coll., 1981), sur les fléchisseurs du coude (Kasprisin et Grabiner, 2000, Komi et coll., 2000) et sur les extenseurs du genou (Babault et coll., 2003), la CVM était associée à une plus grande activité EMG de surface lorsque le muscle était raccourci. Cependant, ces résultats s’opposent aux observations de Cresswell et collaborateurs (1995) et de Pinniger et collaborateurs (2000), rapportant une réduction significative de l'activité EMG des deux chefs du gastrocnémien pour une longueur raccourcie. Des modifications de l'activité EMG de surface reflètent des modulations intervenant au niveau périphérique et/ou central. En outre, les changements de l'activité EMG du tibial antérieur avec la longueur du muscle ont pu également être occasionnés par des facteurs non physiologiques tels que les changements de configuration électrode-muscle (Kennedy et Cresswell, 2001, Farina et coll., 2004, Keenan et coll., 2005). Quelles que soient les raisons permettant de justifier ces différents résultats, ce changement de l’EMG de surface ne semblait pas découler d’une activation volontaire sousmaximale puisqu’il a préalablement était rapporté, au moyen de la technique de la secousse surimposée, que le tibial antérieur pouvait être activé de manière maximale chez la plupart des sujets indépendamment de l'angle de la cheville et du type de contraction (Bigland-Ritchie et coll., 1992, Klass et coll., 2005). Lors de contractions isométriques volontaires des muscles fléchisseurs dorsaux de la cheville, l'angle articulaire a un effet non négligeable sur le mode de décharge et de 104 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES - ETUDE II recrutement des unités motrices. Dans notre expérimentation, les unités motrices étaient recrutées à un niveau de couple de force plus bas en position raccourcie qu’en position allongée. Ceci est en accord avec l'étude de Miles et collaborateurs (1986), montrant chez l’homme une augmentation de seuil de recrutement des unités motrices dans le muscle masséter lorsque l'ouverture de la mâchoire approche l'ouverture maximale. De plus, aux faibles niveaux de couple de force, les unités motrices présentent une fréquence de décharge par unité de force supérieure lorsque la longueur des fascicules est réduite. Ces résultats sont conformes à l’augmentation de la fréquence de décharge des unités motrices observée par Vander Linden et collaborateurs (1991) au niveau du muscle tibial antérieur lorsque celui-ci est raccourci. D’autres études portant sur les caractéristiques d’activation des unités motrices ont observé également une majoration de la fréquence de décharge en position raccourcie (Tax et coll., 1990). Ici aussi, ces constatations contrastent avec les travaux de Kennedy et Cresswell (2001) réalisés sur le muscle gastrocnémien médial et rapportant une élévation du seuil de recrutement des unités motrices en position raccourcie. D’après ces auteurs, lorsque le muscle atteint une longueur "critique" dans le sens d’un raccourcissement, celui-ci deviendrait "activement déficient" bien que son activation par le système nerveux central soit maximale, conduisant alors à une réduction de la commande nerveuse sur les neurones moteurs spinaux. Ils en déduisent qu’une augmentation de l’inhibition du pool des neurones moteurs associée à la moindre capacité des unités motrices à produire de la force serait présente lorsque la longueur du muscle est réduite. A l’inverse, nos résultats suggèrent une plus grande excitabilité ou une moindre inhibition du pool de neurones moteurs en position raccourcie. Ces résultats opposés peuvent en partie s’expliquer par le fait que, dans notre protocole, le degré de raccourcissement musculaire étant moins grand, le tibial antérieur ne deviendrait pas "activement déficient" pour un angle de cheville de 10° de flexion dorsale. Le but de notre étude n’était pas d’investiguer les mécanismes permettant d’expliquer la diminution du seuil de recrutement et l’augmentation de la fréquence de décharge des unités motrices lorsque le muscle est raccourci. Toutefois, nos données expérimentales concordent avec l’idée qu’il existe, pour une position articulaire donnée, une modulation de la commande motrice centrale résultant de l’intégration des informations afférentes proprioceptives (Kennedy et Cresswell 2001, McNulty et Cresswell 2004). De la même manière que lors de contractions réalisées contre une charge instable (Akazawa et coll., 1983), l’élévation de la fréquence de décharge mise en évidence lorsque le muscle est compliant est en effet probablement liée à l’augmentation de la réponse réflexe. 105 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES - ETUDE II Dans les conditions de contractions sous-maximales, l’augmentation de l’activation lorsque le muscle est raccourci permet vraisemblablement de compenser les modifications de l’allure de la secousse mécanique liées à la longueur. En effet, du fait de la réduction à la fois du temps de contraction et de l’amplitude de la secousse (Bigland-Ritchie et coll., 1992, Babault et coll., 2003), la fréquence de décharge des unités motrices devra nécessairement être plus élevée afin de maintenir un même niveau de couple de force en position raccourcie comparativement à la position allongée (Bigland-Ritchie et coll., 1992). C’est pourquoi, lorsque le couple de force était augmenté jusqu’à 10% de la CVM, les variations de la fréquence de décharge étaient bien plus grandes que pour des niveaux supérieurs de couple de force avec, en position raccourcie, un déclin beaucoup plus rapide de la fréquence de décharge par unité de force. Parallèlement, les mesures échographiques montrent des raccourcissements plus importants pour les faibles niveaux de couple de force (<10% de la CVM) avec des amplitudes plus marquées lorsque la cheville est à 10° de flexion dorsale (– 10°). Ces deux observations peuvent s’expliquer par l’accroissement de la compliance de la structure musculo-tendineuse aux faibles niveaux de couple. L’élévation de la fréquence de décharge des unités motrices dès leur recrutement permettrait de compenser l’importante compliance de la composante élastique passive du complexe muscle-tendon. Cette compensation en position raccourcie garantirait une meilleure raideur musculaire contribuant ainsi à faciliter la transmission des forces générées par le muscle (Parmiggiani and Stein, 1981, Ito et coll., 1998). En accord avec l’étude de Bigland-Ritchie et collaborateurs (1992), la fréquence de décharge des unités motrices était similaire entre la position raccourcie et allongée lorsque les contractions isométriques étaient réalisées avec des intensités élevées. Concernant la fréquence de décharge par unité de force, bien qu’aucune différence significative n’ait été observée pour les deux longueurs musculaires testées et pour des couples de forces compris entre 10 et 35% de la CVM, le rapport entre l'EMG de surface et le couple de force était quant à lui plus grand en position raccourcie. Cette augmentation de l’activité EMG moyenne est visiblement due au recrutement additionnel d’unités motrices nécessaire au maintient d’un couple de force absolu ou relatif comparable à celui mesuré en position allongée. Cette hypothèse concorde avec l’abaissement du seuil de recrutement des unités motrices lorsque les fascicules musculaires étaient raccourcis et ainsi, pour un même niveau de couple de force absolu, avec un plus grand nombre d’unités motrices activées comparativement à la position allongée. Dans ces conditions, le recrutement d’unités motrices supplémentaires semble être le principal mécanisme permettant de maintenir le niveau de couple requis en position 106 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES - ETUDE II raccourcie, ne serait-ce que pour des contractions comprises entre 10 et 35% de la CVM. Etant donné la forme curvilinéaire de la relation tension-longueur de l'aponévrose et du tendon (Magnusson et coll., 2001), la plus grande compliance aux faibles niveaux de couple de force contribuerait à un plus grand changement de la longueur des fascicules, et peut expliquer pourquoi à des niveaux plus élevés la fréquence de décharge par unité de force ne diffère pas entre les deux longueurs musculaires. En conclusion, la présente étude montre qu’au cours de contractions volontaires isométriques sous-maximales, le recrutement et la fréquence de décharge des unités motrices sont supérieurs en position raccourcie comparativement à la position allongée des fascicules musculaires. En outre, nos résultats indiquent que ces modalités de recrutement dépendent de la compliance du complexe muscle-tendon. Les modulations de fréquence des unités motrices semblent davantage contribuer pour des faibles niveaux de couple de force, tandis que la participation fonctionnelle du recrutement augmente avec l’augmentation du couple de force et la réduction de la compliance. L’objectif de la prochaine étude est d’évaluer l’effet du changement de longueur des fascicules du muscle tibial antérieur sur le recrutement et la fréquence de décharge d’une même unité motrice lors de contractions excentriques et concentriques sous-maximales induisant des variations similaires de la force. 107 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES - ETUDE III ETUDE III : INFLUENCE DU REGIME DE CONTRACTION SUR LE RECRUTEMENT ET L'ACTIVATION DES UNITES MOTRICES III.1. Introduction Nous venons de voir que les modalités de recrutement des unités motrices sont influencées par la longueur du muscle lorsque celui-ci est activé. En outre, la force qu’un muscle est capable de produire dépend de la modalité et de la vitesse de la contraction (Katz, 1939, Edman et coll., 1978). Les travaux expérimentaux réalisés chez l’animal sur le muscle entier ou la fibre isolée rapportent que les forces mesurées au niveau du plateau et de la phase descendante de la courbe tension-longueur sont généralement supérieures lors de contractions maximales excentriques, comparativement aux contractions isométriques et concentriques (Katz, 1939, Edman et coll., 1978, Morgan et coll., 2000). Selon le type de contractions exécutées au cours d’actions volontaires, la capacité du muscle à produire un niveau de couple de force donné résulterait de la stratégie de contrôle adoptée par le système nerveux central pour activer le pool d’unités motrices du muscle (Westing et coll., 1991, Enoka, 1996, Pinniger et coll., 2000, Duchateau et Enoka, 2008). Cette hypothèse est cohérente avec de nombreuses études qui ont montré que pour une même vitesse angulaire de mouvement, l’activité EMG est habituellement plus basse lors de contractions maximales excentriques comparativement au régime concentrique (Komi et Burskirk, 1972, Westing et coll., 1991, Aagaard et coll., 2000). En effet, l’activation volontaire est habituellement maximale en régime concentrique, ce qui n'est pas le cas lors de contractions excentriques, comme en témoigne l’accroissement significatif du couple de force maximal qu’un muscle peut développer lorsque l’on superpose une stimulation électrique à la contraction volontaire (Westing et coll., 1991, Pinniger et coll., 2000). De plus, il est important de souligner que cette activation incomplète pour le régime excentrique s’accompagne d’une diminution de l’excitabilité de la voie corticospinale testée par stimulation magnétique ou électrique transcrânienne (Abbruzzese et coll., 1994, Sekiguchi et coll., 2003) ainsi que d’une baisse de l’excitabilité des réflexes de courte (Romanò et Schieppati, 1987, Abbruzzese et coll., 1994, Nordlund et coll., 2002) et de longue latence (Nakazawa et coll., 1997). Par ailleurs, comme l’indiquent les enregistrements électro-encéphalographiques (EEG) réalisés lors de contractions excentriques sous-maximales et maximales des muscles fléchisseurs du coude 108 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES - ETUDE III (Fang et coll., 2001, 2004), l’activité corticale est plus élevée et plus précoce que lors de contractions concentriques. Ces observations suggèrent que la programmation du mouvement par le système nerveux central est spécifique au mode de contraction. Les mécanismes à l’origine de cette activation musculaire spécifique lors des contractions excentriques et concentriques (voir Enoka, 1996, Duchateau et Enoka, 2008) impliquent nécessairement une modulation du recrutement et de la fréquence de décharge des unités motrices. Selon certains auteurs, il y aurait un recrutement sélectif des unités motrices à seuil élevé, accompagné d’un dérecrutement des unités motrices à seuil bas (Moritani et coll., 1987, Nardone et coll., 1989, Howell et coll., 1995, Linnamo et coll., 2003). Ces unités motrices, qui ne sont activées en concentrique que pour des seuils de recrutement élevés, seraient recrutées pour des seuils très bas lorsque la contraction est de type excentrique. D’autres études ont cependant montré que l’ordre de recrutement des unités motrices était conservé et se déroulait donc selon le principe de la taille (Henneman, 1957) quel que soit le régime de contraction (Tax et coll., 1989, Garland et coll., 1994, 1996, Christensen et coll., 1995, Søgaard et coll., 1996, Kossev et Christova, 1998, Bawa et Jones, 1999, Christova et Kossev, 2000, Stotz et Bawa, 2001). Comme l’ont en effet rapporté Stotz et Bawa (2001), bien que certaines unités à haut seuil étaient activées de manière additionnelle lors de contractions excentriques, cette modulation du recrutement n’intervenait que lorsque la modulation de force ou le mouvement étaient irréguliers et saccadés. Si l’ordre de recrutement est similaire, la fréquence de décharge des unités motrices semble néanmoins différer selon le type de contraction réalisée. Le mode excentrique solliciterait des fréquences de décharge moyennes plus basses lors de contractions sous-maximales comparativement aux contractions concentriques (Tax et coll., 1989, Howell et coll., 1995, Søgaard et coll., 1996, Kossev et Christova, 1998, Semmler et coll., 2002, Del Valle et Thomas, 2005). Afin de mieux comprendre l’apparente complexité de l’organisation fonctionnelle du pool d’unités motrices lors de contractions dynamiques, il nous a paru intéressant de déterminer si lors de contractions excentriques un changement similaire du couple de force était principalement dû au recrutement sélectif d’unités motrices à haut seuil, à la modulation de la fréquence de décharge, ou aux deux mécanismes simultanément. Une partie des divergences existant dans la littérature peut s’expliquer par la méthode d’analyse généralement adoptée, consistant à comparer des populations d’unités motrices entre-elles, au lieu d’étudier le comportement d’une même unité dans les deux modes de contraction. En 109 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES - ETUDE III outre, la vitesse du mouvement n'est pas toujours rigoureusement contrôlée et le changement de la longueur du muscle au cours du mouvement n’a été jusqu'à présent estimé qu’à partir de l'enregistrement de la position articulaire et non pas de la mesure directe de la longueur des fascicules musculaires. Il s’agit d’un point critique puisqu’il a été montré que les variations de longueur de fascicules du muscle tibial antérieur ne sont pas linéairement corrélées à celles de l’angle de la cheville lors de contractions maximales excentriques et concentriques (Reeves et Narici, 2003). La mesure de la longueur des fascicules au cours du mouvement présente par ailleurs l’avantage de fournir une information de longueur sur la portion de muscle à partir de laquelle les enregistrements d’unités motrices ont été obtenus. Cela contraste avec l’estimation globale de la longueur du muscle à partir d’un angle articulaire. En outre, il n'est pas exclu que l'association entre la longueur des fascicules et l'angle articulaire diffère d’un muscle à l’autre, ce qui pourrait expliquer les résultats divergents concernant le recrutement et la fréquence de décharge des unités motrices lors de contractions excentriques et concentriques. Le but de notre étude était d’examiner l’effet du changement de longueur des fascicules du muscle tibial antérieur sur le recrutement et la fréquence de décharge d’une même unité motrice lors de contractions excentriques et concentriques sous-maximales pour des modifications similaires du couple de force. Notre hypothèse de travail était que les différences de changement de la longueur des fascicules lors de contractions excentriques et concentriques expliqueraient ces résultats divergents concernant le recrutement et la fréquence de décharge des unités motrices. III.2. Matériel et méthodes III.2.1. Sujets Les sujets qui ont participé à cette expérimentation sont les mêmes que ceux qui ont pris part à l’expérimentation de l’étude précédente. Ils ont été préalablement familiarisés à la procédure expérimentale et aux modalités de contraction. Pendant la séance de familiarisation, les sujets se sont exercés à réaliser des contractions isométriques, concentriques et excentriques. En ce qui concerne la collecte des données, les sujets ont été examinés à plusieurs occasions pour un total de 24 sessions expérimentales. Au moins une semaine 110 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES - ETUDE III séparait deux sessions successives l’une de l’autre. Aucun des sujets ne présentait de problème neurologique ou moteur particulier. III.2.2. Appareillage et dispositif expérimental Le dispositif ergométrique, la position du sujet ainsi que les procédures d’enregistrement des signaux mécaniques et électriques étaient identiques à ceux utilisés dans l’étude précédente. Brièvement, l’ergomètre motorisé nous a permis d’enregistrer le déplacement angulaire de l’articulation de la cheville ainsi que le couple de force développé lors de sollicitations tant statiques qu’isocinétiques aux différents angles de cheville. III.2.3. Enregistrements mécaniques et électromyographiques Lors des différentes modalités de contraction des muscles fléchisseurs dorsaux de la cheville, les paramètres suivant ont été enregistrés : (1) la position angulaire de la cheville et le couple de force développé par ces derniers lors de contractions volontaires à l’aide d’un potentiomètre linéaire et un transducteur avec jauge de contrainte, respectivement ; (2) l’activité EMG du muscle tibial antérieur par l’intermédiaire de deux électrodes de surface (cupules de 8 mm de diamètre). Celles-ci étaient positionnées sur le corps charnu du muscle et séparées d'environ 3-4 cm afin de laisser suffisamment de place pour implanter l’électrode intramusculaire en plusieurs endroits (voir étude II, figure 33). Afin d’estimer la coactivation musculaire, les activités EMG de surface des muscles soléaire et gastrocnémien latéral ont également été enregistrées. Les signaux EMG ont été amplifiés (x 1000) et filtrés (10Hz-1kHz) par un amplificateur différentiel fabriqué au sein du laboratoire ; (3) les potentiels d’action des unités motrices du tibial antérieur par l’intermédiaire d’une électrode très sélective insérée dans la partie moyenne du muscle, entre les deux électrodes de surface, via une aiguille hypodermique (Duchateau et Hainaut, 1990). Les électrodes de références (plaque en argent de 2 x 3 cm) pour les enregistrements de surface et intramusculaires ont été placées sur la face interne du tibia. Lors de chaque session expérimentale, l’aiguille a été réinsérée à au moins trois endroits différents. Plusieurs profondeurs et angles ont été explorés à chaque insertion afin d’enregistrer des potentiels 111 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES - ETUDE III d’unités motrices distinctes lors de la phase concentrique et excentrique de la contraction. L’activité EMG des unités motrices a été amplifiée par un amplificateur différentiel (x 2000) et filtrée (100 Hz-10 kHz) avant d’être visualisée sur un oscilloscope (Tektronix TAS 455). III.2.4. Protocole expérimental Chaque session expérimentale commençait par l’enregistrement des réponses mécaniques des muscles fléchisseurs dorsaux de la cheville lors de CVM isométriques et dynamiques, et des activités EMG correspondantes au niveau des muscles précités. Chaque sujet devait réaliser trois CVM à un angle de cheville de 10° de flexion plantaire (+10°) et trois CVM à 10° de flexion dorsale (–10°). Suivait ensuite l’enregistrement du couple de force et de l’EMG développés lors de contractions concentriques et excentriques maximales (2 à 3 répétitions par condition) réalisées à une vitesse angulaire de 10°.s-1. Les CVM, d’une durée de 4-5 secondes chacune, étaient séparées l’une de l’autre d’une période de repos de 2-3 minutes. La méthode de détection d'un potentiel d'action isolé d'une unité motrice était identique à celle utilisée dans la précédente étude. Pour chaque unité motrice, un couple de force cible auquel la fréquence de pulsation était basse et relativement constante a pu être déterminé pour les deux longueurs de muscle (voir étude II, figure 34). Ensuite, chaque sujet avait pour consigne d’effectuer la tâche suivante (figure 41) : (1) le muscle étant en position allongée (+10°), atteindre progressivement le couple de force isométrique cible et le maintenir pendant 5 s; (2) lorsque le moteur imposait une flexion dorsale de la cheville, accompagner le mouvement et atteindre sans à-coups le couple de force cible pour la position raccourcie du muscle (–10°) en fin de mouvement; (3) le muscle étant en position raccourcie (+10°), maintenir le couple de force cible pendant 5 s; (4) lorsque le moteur imposait une flexion plantaire de la cheville, résister au mouvement en flexion dorsale et atteindre sans à-coups le couple de force cible pour la position allongée du muscle en fin de mouvement; 112 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES - ETUDE III A. Concentrique B. Excentrique 20° a 10Nm b c 0.5mV d 0.1mV e 1s Figure 41. Exemple d'enregistrements typiques obtenus chez un sujet lors d'un maintien d'une contraction isométrique suivie d'une contraction concentrique (A) et excentrique (B) des muscles fléchisseurs dorsaux de la cheville. Pour ces différentes conditions, le déplacement angulaire de la cheville (a), le couple de force développé en flexion dorsale (b) et les activités EMG de surface des muscles tibial antérieur (c), soléaire (d) et gastrocnémien latéral (e) sont illustrés. La ligne verticale pointillée indique le début et la fin du mouvement dans chaque condition. Pour chaque unité motrice, ce cycle a été répété au moins 10 fois selon la capacité du sujet à exécuter la tâche précisément (voir ci-dessous pour les critères utilisés). Comme pour l'étude précédente, les sujets bénéficiaient d’un feedback visuel du couple de force et d’un feedback auditif de la fréquence de décharge de l’unité motrice sélectionnée. La durée des contractions concentriques et excentriques était de 2 s, l’amplitude de mouvement de 20° autour de la position neutre (de 10° de flexion plantaire à 10° de flexion dorsale et de 10° de flexion dorsale à 10° de flexion plantaire pour les contractions concentriques et excentriques, respectivement) et la vitesse angulaire constante (10°.s-1). Etant donné l’existence d’activités réflexes dues à l'allègement des fuseaux neuromusculaires 113 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES - ETUDE III ("unloading reflex" au cours de contractions en raccourcissement) ou à leur étirement ("stretch reflex" au cours de contractions en allongement), les contractions ont été réalisées à vitesse relativement lente dans le but de réduire ces interférences sur la commande centrale et de minimiser les fluctuations au début du mouvement. Pour éviter toute fatigue, les contractions successives étaient séparées de 3 à 5 s et des temps de repos suffisants (5-10 min) étaient prévus entre les enregistrements d’unités motrices obtenus aux différentes localisations. A travers ce protocole, notre intention était de comparer le comportement de la même unité au cours de contractions dynamiques (en raccourcissement et en allongement) pour des modifications similaires du couple de force. Nous avons stratégiquement choisi de contrôler les variations du couple de force plutôt que l’activité EMG comme index d’intensité de la contraction. En effet, l’activité EMG est habituellement moindre en contraction excentrique (Westing et coll., 1991, Aagaard et coll., 2000, Klass et coll., 2005). De plus, le niveau de synchronisation des unités motrices varie entre des contractions de type concentrique et excentrique (Semmler et coll., 2002) entraînant vraisemblablement des différences dans la quantité d’activité EMG annulée (annulation des phases positives et négatives des potentiels d’unités motrices; Keenan et coll., 2005) et rendant ainsi son interprétation délicate. III.2.5. Mesures Tous les signaux ont été stockés sur bandes magnétiques à l’aide d’un enregistreur numérique (Sony PCM-DAT, DTR 8000, Biologic, Claix, France) et sur le disque dur d’un ordinateur via les interfaces d’acquisition (MP150 Biopac Systems, Santa Barbara, CA, USA). Toutes les données ont été analysées à posteriori par l’intermédiaire du logiciel d’analyse de données AcqKnowledge (version 3.7; Biopac Systems, Santa Barbara, CA). La fréquence d’échantillonnage était de 3 kHz (couple de force et position), 6 kHz (EMG de surface) et 12 kHz (EMG intramusculaire). Le couple de force atteint lors des CVM isométriques et dynamiques a été déterminé à partir du meilleur essai réalisé. Le couple de force maximal et l’activité EMG moyenne redressée correspondante (EMG) des muscles tibial antérieur, soléaire et gastrocnémien latéral ont été quantifiés sur une période de deux secondes pendant le plateau de force (conditions isométriques) ou sur toute l’amplitude du mouvement (conditions concentriques ou 114 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES - ETUDE III excentriques). Les potentiels d’action des unités motrices ont été discriminés et identifiés de la même manière que pour l’étude II. Seules les unités clairement identifiées et dont la forme et l’amplitude variaient progressivement et systématiquement de moins de 20% au cours des différentes modalités de mouvement ont été incluses dans l’analyse. En outre, seuls les essais pour lesquels le couple de force variait dans un intervalle de confiance de 90% et ne déviait pas pour plus de 5% de la CVM aux deux niveaux cibles ont été inclus dans l’analyse. Ces critères d’inclusion associés aux difficultés techniques d'enregistrer la même unité motrice aux deux positions de cheville expliquent que l'échantillon d'unités par session soit relativement faible (~3). Le seuil de recrutement des unités motrices, exprimé en pourcentage du couple de force maximal développé lors d’une CVM à l’angle de cheville correspondant, a été déterminé au cours des contractions isométriques "en rampe" réalisées aux deux angles de cheville (+10° et –10°). La valeur moyenne de fréquence de décharge des unités motrices a été mesurée lors de la phase de maintien de la contraction isométrique aux deux angles de cheville et tout au long des deux modalités de mouvement. III.2.6. Ultrasonographie Les modifications d’architecture du muscle tibial antérieur au cours des contractions concentriques et excentriques ont été investiguées à l’occasion d’une session expérimentale complémentaire au moyen de l’ultrasonographie et suivant les mêmes procédures que celles utilisées dans l’étude II. Les images obtenues pendant les mouvements ont été enregistrées à une fréquence de 20 Hz. Le signal de rotation de la pédale a été utilisé afin de synchroniser les images ultrasonographiques au mouvement de la cheville. Pour les deux modalités de mouvement, les images ont été obtenues aux différents niveaux de couple de force correspondants à ceux atteints lors des enregistrements intramusculaires. A l’aide d’un feedback visuel, les sujets devaient atteindre le couple de force cible déterminé lors des sessions expérimentales précédentes. III.2.7. Analyse statistique Les données sont rapportées en moyenne ± ET dans le texte et illustrées en moyenne ± SEM dans les figures. Le couple de force et l’activité EMG de surface développés lors des 115 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES - ETUDE III CVM, ainsi que le seuil de recrutement moyen et la fréquence de décharge moyenne des unités motrices mesurés aux deux angles de cheville (–10°et +10°) ont été analysés par le testt pairé de Student. L’effet du type de contraction et de l’angle de la cheville sur l’EMG, la fréquence de décharge des unités motrices et la longueur des fascicules a été testé à l’aide d’une ANOVA à deux facteurs (modalité de contraction, angle de cheville) avec mesures répétées. Le post-test de Tukey a été utilisé lorsqu’un niveau de signification inférieur à 0.05 était atteint. III.3. Résultats III.3.1. Couple de force et activité EMG enregistrés lors des CVM Le couple de force moyen développé lors de contractions concentriques et excentriques maximales était de 28.7 ± 4.2 et 45.3 ± 3.8 Nm, respectivement. Comme on pouvait s’y attendre, le couple de force maximal enregistré en régime excentrique était significativement supérieur (P<0.001) au régime concentrique. Inversement, l’EMG du tibial antérieur était moins élevé pour les contractions maximales excentriques par rapport au concentrique (0.40 ± 0.06 vs. 0.43 ± 0.08 mV; P<0.01). III.3.2. Comportement des unités motrices lors de contractions concentriques et excentriques sous-maximales Le comportement de la même unité motrice a été suivi durant des contractions de type concentrique et excentrique des muscles fléchisseurs dorsaux de la cheville et réalisées à une vitesse angulaire constante. Un exemple d’activation typique d’une unité motrice isolée est illustré dans la figure 42. Cette unité motrice était recrutée pour un couple de force isométrique de flexion dorsale de 3.9 Nm (10.9% de la CVM) et 6.6 Nm (18.0% de la CVM) en position raccourcie et allongée, respectivement. Dans cet exemple, l’unité pulsait sans interruption durant les phases isométriques, aux deux angles de cheville, et durant les phases excentriques et concentriques de la contraction. La fréquence de décharge a tout d’abord chuté de 9.3 à 5.3 Hz au moment de la transition entre la phase isométrique et concentrique de la contraction ("unloading reflex"), pour ensuite progressivement augmenter jusqu’à une 116 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES - ETUDE III valeur de 12.1 Hz en fin de mouvement. Inversement, la contraction excentrique s'accompagnait d'une augmentation initiale de la fréquence de décharge jusqu'à 15.0 Hz ("stretch reflex"), puis d’un lent retour aux valeurs de départ (9.4 Hz) en fin de mouvement. A. Concentrique B. Excentrique 20° a b 10Nm c 1mV d 2mV 20 Hz e 5 0 1 2 3 4 5 6 0 temps (s) 1 2 3 4 5 6 temps (s) f 2 mV 2 mV 2 ms 2 ms Figure 42. Exemple de recrutement typique d'une même unité motrice du muscle tibial antérieur lors du maintien d'une contraction isométrique suivie d'une contraction concentrique (A) et excentrique (B) des muscles fléchisseurs dorsaux de la cheville. Pour ces différentes conditions, le déplacement angulaire de la cheville (a), le couple de force développé en flexion dorsale (b), l’EMG de surface redressé (c) et intramusculaire du muscle tibial antérieur (d) et la fréquence de décharge instantanée (e) de l'unité motrice sont illustrés. En f, les potentiels d'action de l'unité motrice ont été superposés avec une échelle de temps plus étalée. La ligne verticale pointillée indique le début et la fin du mouvement dans chaque condition. Les 63 unités motrices enregistrées présentent un comportement similaire. Les seuils de recrutement, exprimés pour un angle donné en pourcentage de la CVM correspondante, s’étendent de 0.2 à 21.1% (moyenne ± ET; 5.7 ± 5.9% de la CVM) et de 0.5 à 32.8% (9.8 ± 8.6% de la CVM) en position raccourcie et allongée, respectivement. La modification du seuil 117 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES - ETUDE III de recrutement lorsque l’angle de cheville passe de 10° de flexion plantaire (long) à 10° de flexion dorsale (court) correspond à une réduction significative de 45.1 ± 24.1% (P<0.001). La fréquence de décharge moyenne a été calculée avant le début du mouvement, sur une période de 2 s au niveau du plateau isométrique et pour toutes les intensités de contraction. Celle-ci n’était pas statistiquement différente entre les deux angles de cheville : 11.9 ± 2.4 et 11.7 ± 2.2 Hz en position raccourcie et allongée, respectivement. Les modifications de la fréquence de décharge des unités motrices, calculées pour toutes les intensités de contraction en fonction de l'angle de la cheville, lors des phases concentriques et excentriques (de +10° à –10° et de –10° à +10°, respectivement) sont illustrées dans la figure 43. Ces valeurs moyennes ont été normalisées pour chaque essai en pourcentage des valeurs obtenues lors de la phase isométrique précédent le mouvement. Fréquence de décharge (%) 140 * * * 130 120 † concentrique * * * * * * † * * * † 110 * * * 100 * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * † * * * + + 90 excentrique * * * 80 -10 -6 -2 2 6 10 Angle de cheville (°) Figure 43. Modification de la fréquence de décharge moyenne des unités motrices pendant des contractions dynamiques. La fréquence de décharge moyenne est rapportée pour les contractions concentriques (●) et excentriques (○) à chaque angle articulaire. Chaque valeur, exprimée en pourcentage de la fréquence de décharge enregistrée lors de la contraction isométrique initiale, représente la moyenne (± SEM) calculée sur une plage articulaire de 2° pour l’ensemble des unités motrices (n = 63) et toutes les intensités de contraction. Différence significative par rapport à la valeur initiale dans chaque condition : * P<0.05, ** P<0.01, *** P<0.001. Différence significative entre les deux conditions : ‡ P<0.01, † P<0.001. 118 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES - ETUDE III Le comportement typique au tout début de la contraction concentrique (pour les 10 premières pulsations; figure 44) montre une diminution rapide de la fréquence jusqu’à 72 ± 14.3% des valeurs initiales (de 11.7 ± 2.2 à 8.2 ± 2.5 Hz; P<0.001) pour la première décharge. Cette dépression initiale de la fréquence était suivie par un retour rapide aux valeurs initialement enregistrées lors de la phase isométrique précédent le mouvement. Ensuite, la fréquence moyenne s’accélérait progressivement au cours du mouvement (d’environ +2° à – 10°; figure 43) pour finalement atteindre des valeurs 29.1 ± 16.9% plus élevées (14.5 ± 2.6 Hz; P<0.001) qu’au départ. A l’inverse, les contractions excentriques induisaient une élévation initiale rapide de la fréquence de décharge jusqu’à 111.7 ± 10.5% des valeurs initiales (de 11.9 ± 2.4 à 13.7 ± 2.7 Hz; P<0.001; figure 44). En outre, cette majoration en excentrique était maintenue tout au long du mouvement (figure 43). Les phases isométriques postérieures aux contractions concentriques ou excentriques, étaient associées à un retour progressif aux valeurs de contrôle. Ainsi, 1.4 s après la fin du mouvement plus aucune différence n’était observée entre les deux longueurs musculaires. * * * Fréquence de décharge (%) 120 * * † * * * * * * * * * + * * * * * * * * + * * 100 * * † 80 * * * 60 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 Décharge # Figure 44. Modifications de la fréquence de pulsation moyenne (± SEM) des 10 premières décharges au moment de la phase de transition entre la contraction isométrique et le début du mouvement lors de sollicitations concentriques (●) et excentriques (○). La ligne pointillée horizontale correspond à la fréquence moyenne enregistrée lors de la contraction isométrique précédente. Différence significative par rapport à la valeur initiale dans chaque condition : * P<0.05, ** P<0.01, *** P<0.001. Différence significative entre les deux conditions : +P<0.05, †P<0.001. 119 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES - ETUDE III III.3.3. Recrutement d'unités motrices supplémentaires Dix huit unités motrices supplémentaires ont été recrutées lors des contractions concentriques. La figure 46 illustre un exemple de recrutement additionnel et de dérecrutement lors de contractions dynamiques. Dans cet exemple, une seconde unité (UM2) était recrutée en concentrique pour un angle de cheville de 1.0 degrés de flexion dorsale (– 1.0°) puis dérecrutée en excentrique pour un angle articulaire plus grand (+8° ou 8° de flexion plantaire). Cette seconde unité était recrutée (concentrique) ou dérecrutée (excentrique) malgré une fréquence de décharge quasi constante et similaire à la première unité (15.2 ± 3.2 et 15.5 ± 2.0 Hz en contraction concentrique et excentrique, respectivement) et présentait des modifications comparables à la première unité (UM1). A B 17 Fréquence de décharge (Hz) Angle de recrutement (°) 10 5 0 -5 15 13 11 9 7 -10 5 Con Exc Con Exc Figure 45 Caractéristiques de recrutement des unités motrices additionnelles activées pendant les contractions concentriques. En A, chaque ligne réunit le seuil de recrutement moyen d’une des 18 unités motrices recrutée pendant la contraction concentrique (●) à son seuil de dérecrutement moyen lors de la contraction excentrique suivante (○). Chaque seuil est exprimé en fonction de l’angle de cheville (°) autour de la position neutre (ligne pointillée horizontale), les valeurs négatives et positives correspondant respectivement à la flexion dorsale et plantaire. En B : comparaison des fréquences de décharge moyennes pour chacune de ces unités entre la phase concentrique (●) et excentrique (○) de la contraction. Pour chaque unité, la fréquence moyenne a été calculée à partir de son recrutement jusqu’à la fin de la contraction concentrique d’une part, et à partir du début de la contraction excentrique jusqu’à son dérecrutement d’autre part. 120 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES - ETUDE III Ces unités additionnelles, obtenues chez six des huit sujets, présentaient un seuil de couple de force moyen en contraction isométrique de 7.8 ± 4.6% de la CVM (3.4 ± 2.1 Nm) et 13.2 ± 6.1% de la CVM (5.4 ± 2.6 Nm) en position raccourcie et allongée, respectivement. Celles-ci étaient recrutées pour un angle de cheville moyen de 2.4 ± 4.3 degrés de flexion dorsale (+4.8° à –8.6°) lors du mouvement concentrique, et dérecrutées pendant la phase excentrique de la contraction pour un angle de cheville de 7.2 ± 2.9 degrés de flexion plantaire (de +2.5 à +10°; figure 45A). A. Concentrique B. Excentrique 20° a 1mV b 2 2 1 1 3mV c 25 UM1 UM1 Hz d 5 25 UM2 UM2 Hz e 5 0 1 2 3 4 Temps (s) f 5 6 0 1 2 3 4 5 Temps (s) 3mV 1ms 6 3mV 1ms g Figure 46. Exemple de recrutement typique de deux unités motrices (UM1 et UM2) du muscle tibial antérieur lors du maintien d'une contraction isométrique suivie d'une contraction concentrique (A) et excentrique (B) des muscles fléchisseurs dorsaux de la cheville. Pour ces différentes conditions, le déplacement angulaire de la cheville (a), l’EMG de surface redressé (b) et l’EMG intramusculaire du muscle tibial antérieur (c) et la fréquence de décharge instantané de l'UM1 (d) et de l’UM2 (e) sont illustrés. Les potentiels d'action de l'UM1 (f) et de l’UM2 (g) ont été superposés avec une échelle de temps plus étalée. La ligne verticale pointillée indique le début et la fin du mouvement dans chaque condition. 121 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES - ETUDE III La fréquence de décharge de ces unités motrices, moyennée tout au long de leur activation, était de 13.1 ± 2.1, 11.4 ± 2.1 et 12.6 ± 2.9 Hz pour les phases concentriques, excentriques et isométriques de la contraction, respectivement. En concentrique, ces valeurs étaient significativement plus élevées (P<0.001) qu’en excentrique (figure 45B). La contraction isométrique présentait également des fréquences significativement différentes comparativement à celles mesurées en concentrique et excentrique (P<0.01). Au cours de certains essais incorrects, lorsque le sujet produisait pendant la contraction excentrique un niveau de couple de force excessif par rapport à la valeur cible prédéterminée, ces unités motrices pulsaient sans interruption jusqu’à la fin du mouvement ainsi que pendant la phase isométrique consécutive. III.3.4. Activités EMG enregistrées lors de contractions sous-maximales Comme illustré dans la figure 47, les modulations de l’activité EMG de surface du muscle tibial antérieur sont comparables à celles de l’activation des unités motrices. Dans les premiers 2.5° après le début du mouvement en concentrique, l’activité EMG calculée pour toutes les intensités de contraction tendait à être réduit (94.1 ± 9.2% des valeurs de contrôle; de 0.075 ± 0.031 à 0.07 ± 0.029 mV; P=0.16), pour ensuite augmenter progressivement jusqu’à la fin du mouvement atteignant 134.8 ± 21.0% (0.098 ± 0.037 mV; P<0.001) des valeurs de contrôle. Cette activité EMG diminue ensuite progressivement à partir de la phase isométrique de la contraction, à savoir au moment où le muscle est en position raccourcie. Elle se stabilise toutefois au-dessus (118.7 ± 16.4%; 0.087 ± 0.035 mV; P<0.001) des valeurs de contrôle obtenues en position allongée. A l’inverse, l’activité EMG atteignait des valeurs légèrement supérieures (106.3 ± 8.5%; de 0.084 ± 0.035 à 0.089 ± 0.035 mV; P = 0.09) dès le début de la contraction excentrique. Il se maintenait ensuite à un niveau supérieur jusqu’à la fin du mouvement (110.8 ± 19.6%; P<0.001) pour finalement revenir aux valeurs de contrôle (96.9 ± 19.1%; 0.078 ± 0.029 mV; P>0.05) dès la phase isométrique de la contraction, en position allongée du muscle. 122 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES - ETUDE III 145 * * * EMG (%) 130 concentrique * * * * * * † 115 100 † * * * † + * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * † † excentrique 85 -10 -5 0 5 10 Angle de cheville (°) Figure 47. Modification de l’EMG du muscle tibial antérieur pendant des contractions dynamiques. L’activité EMG de surface moyenne est rapportée pour les contractions concentriques (●) et excentriques (○) à chaque angle articulaire. Chaque valeur, exprimée en pourcentage de l’EMG enregistrée lors de la contraction isométrique initiale, représente la moyenne (± SEM) calculée sur une plage articulaire de 2.5° pour l’ensemble des sujets et toutes les intensités de contraction. Différence significative par rapport à la valeur initiale dans chaque condition : ** P<0.01, *** P<0.001. Différence significative entre les deux conditions : + P<0.05, † P<0.001. La coactivation des muscles antagonistes (soléaire et gastrocnémien latéral) évoluait parallèlement aux modifications observées au niveau des muscles agonistes et augmentait progressivement avec l’augmentation du couple de force produit par les fléchisseurs dorsaux aussi bien en contraction concentrique, qu’excentrique. Le rapport entre l’activité EMG des muscles antagonistes et agonistes a été calculé pour tous les sujets et quelle que soit l’intensité de contraction, aux différentes phases de contraction en excluant les phases de transition (les premières 0.4 s) en début de chaque mouvement. Ce rapport était significativement différent entre les deux modes de contractions dynamiques (tableau 3), avec des valeurs supérieures (P<0.05) pour les contractions excentriques comparativement aux contractions concentriques tant pour le soléaire que pour le gastrocnémien latéral. Pour la phase isométrique de la contraction, ce rapport pour le soléaire présentait un niveau plus élevé en position allongée qu’en position raccourcie. 123 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES - ETUDE III Isométrique Concentrique Excentrique –10° (court) +10° (long) Soléaire 5.0 ± 1.4% 6.2 ± 1.2% * 5.4 ± 1.1% 6.9 ± 1.9% * Gastrocnémien latéral 3.0 ± 1.6% 2.9 ± 1.1% 2.5 ± 1.3% 3.1 ± 1.5% * Tableau 3. Indice de coactivation des muscles soléaire et gastrocnémien latéral au cours des différentes modalités de contraction du muscle tibial antérieur. La coactivation des muscles antagonistes est exprimée en pourcentage de l’activité EMG du muscle agoniste (tibial antérieur). Chaque valeurs représentent la moyenne (± ET) calculée pour l’ensemble des sujets et toutes les intensités de contraction, sur une période de 2 s aux différentes phases de contraction en excluant les phases de transition (les premières 0.4 s) en début de chaque mouvement. Différence significative entre les modalités de contraction: * P<0.05. III.3.5. Modification de la longueur des fascicules L’effet des modifications de la position angulaire sur la longueur des fascicules lors de contractions concentriques et excentriques et pour différents niveaux de couple de force (de 5 à 30% de la CVM), observé chez un sujet, est illustré dans la figure 48A. Il apparaît clairement sur ce graphique que la longueur des fascicules diminuait progressivement avec l’augmentation du couple de force développé par les fléchisseurs dorsaux et ce quel que soit l’angle de cheville. De plus, les modifications de longueur des fascicules étaient identiques entre les deux modalités de contraction. La longueur moyenne des fascicules a été calculée pour les niveaux de couple de force correspondants à ceux atteints lors des enregistrements intramusculaires (figure 48B). Sur l'ensemble de la plage angulaire, la longueur des fascicules diminuait de 18.3 ± 1.4% (de 75.9 ± 2.7 à 62.0 ± 2.7 mm; P<0.001) et augmentait de 22.1 ± 2.9% (de 62.2 ± 3.6 à 75.8 ± 4.0 mm; P<0.001) lors des contractions concentriques et excentriques, respectivement. Ces valeurs moyennes de longueur de fascicules mesurées en concentrique et en excentrique à travers ces intensités de contraction ne révélaient aucune différence sur l’ensemble de la plage articulaire investiguée (20° d’angle de cheville; figure 48B) et montraient une évolution linéaire en contraction concentrique (y = 0.644x + 69.2; r2 = 0.997) et excentrique (y = 0.650x + 69.4; r2 = 0.998). 124 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES - ETUDE III A 5% MVC Longueur des fascicules (mm) 85 excentrique concentrique 80 75 70 65 30% MVC 60 55 50 B Longueur des fascicules (mm) 80 excentrique 75 70 65 concentrique 60 -10 -5 0 5 10 Angle de cheville (°) Figure 48. Modification de la longueur des fascicules au cours de sollicitations dynamiques. La longueur moyenne des fascicules du muscle tibial antérieur lors d’un déplacement angulaire de la cheville de 20° autour de la position neutre (0°) est rapportée au cours de sollicitations concentriques (● ; de 10° de flexion plantaire à 10° de flexion dorsale) et excentriques (○ ; de 10° de flexion dorsale à 10° de flexion plantaire). En A : effet des modifications de la position angulaire sur la longueur des fascicules observé chez un sujet lors de contractions concentriques et excentriques et pour différents niveaux de couple de force (de 5 à 30% de la CVM). En B: longueur moyenne (± SEM) des fascicules calculée pour l’ensemble des sujets et toutes les intensités de contraction correspondantes à celles atteintes lors des enregistrements intramusculaires. Les changements de longueur des fascicules en fonction de l’angle articulaire de la cheville se font selon une relation linéaire au cours des contractions concentriques (y = 0.644x + 69.2; r2 = 0.997) et excentriques (y = 0.650x + 69.4; r2 = 0.998). Les changements de la longueur des fascicules sont similaires entre les sollicitations concentriques et excentriques pour différents niveau du couple de force pour l’ensemble des sujets et intensités de contraction. 125 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES - ETUDE III Quelle que soit la modalité et l’intensité de la contraction, la variation moyenne de longueur des fascicules était de 13.7 ± 1.4 mm (20.1 ± 3.1%) pour un déplacement articulaire de la cheville de 20 degrés autour de la position neutre. Enfin, les vitesses moyennes concernant ces variations de longueur des fascicules n’étaient pas significativement différentes entre les deux modalités de mouvement (7.0 ± 0.8 et 6.8 ± 1.2 mm.s−1, en concentrique et excentrique, respectivement). III.4. Discussion L’objectif de cette étude était d’analyser l’effet du changement de longueur des fascicules du muscle tibial antérieur sur le mode de recrutement d’une même unité motrice lors de contractions concentriques et excentriques sous-maximales des fléchisseurs dorsaux de la cheville. Celles-ci étaient réalisées à une vitesse angulaire constante et induisaient des modifications similaires du couple de force. La principale constatation qui ressort de cette investigation est qu’entre ces deux modalités de contraction, les modulations de la fréquence de décharge des unités motrices du muscle tibial antérieur étaient différentes bien que l’ordre de recrutement de celles-ci n’était pas modifié. De plus, notre étude montre que des modifications similaires de la longueur des fascicules entraînent un recrutement et une modulation de la fréquence d’activation plus importants lors de contractions concentriques réalisées à vitesse lente comparativement au mode excentrique. L’une des originalités de ce travail réside dans la mesure de la longueur moyenne des fascicules lors de contractions concentriques et excentriques. Ces données apportent une information essentielle sur les modifications de l’architecture du muscle tibial antérieur et ce, précisément au niveau de la zone où l’enregistrement intramusculaire a été effectué. Comme cela a précédemment été rapporté sur le même muscle (Reeves et Narici, 2003), nos résultats indiquent que la longueur des fascicules du tibial antérieur varie de manière linéaire avec le déplacement angulaire de la cheville. Pour une plage articulaire de 20 degrés, la rotation de la cheville en concentrique ainsi qu’en excentrique s’accompagnait d’une modification de la longueur moyenne des fascicules de ±20 %, sans qu’aucune différence statistique ne soit observée entre ces deux modalités de contraction. De plus, la vitesse moyenne des variations de longueur était similaire entre ces deux modalités de contraction. D’un sujet à l’autre, la plage articulaire investiguée dans notre étude peut cependant correspondre à une portion différente de la courbe tension active-angle. Quoi qu’il en soit, ceci devrait avoir un effet 126 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES - ETUDE III minime sur nos résultats puisque cette portion de la courbe reste relativement plate dans des conditions d’activation sous-maximale (Marsh et coll., 1981) et que nos sujets présentaient une augmentation similaire du couple de force maximal isométrique (de 17 à 32%) en position allongée comparativement à la position raccourcie. D’après les expérimentations réalisées chez l’animal sur le muscle entier ou la fibre isolée, il est bien connu que la force produite en contraction excentrique dépasse celle développée en contraction isométrique lorsqu’elle est mesurée au niveau du plateau et de la phase descendante de la courbe tension-longueur (Katz, 1939, Edman et coll., 1978, Morgan et coll., 2000). Cette majoration de la force est habituellement expliquée par le développement non uniforme de la longueur des sarcomères au sein des fibres (Julian et Morgan, 1979), bien qu’on ne puisse exclure pour autant la contribution d’autres mécanismes (voir Pinniger et coll., 2006). Chez l’humain, l’accroissement du couple de force lors de contractions volontaires excentriques n’est pas présent pour tous les groupes de muscles étudiés, ceci étant probablement dû à l’intervention d’un mécanisme limitant la tension exercée (Westing et coll., 1991, Aagaard et coll., 2000, Pinniger et coll., 2000). Retenons cependant qu’autour de la position neutre (90°) le couple de force absolu développé par les muscles fléchisseurs dorsaux de la cheville pendant une contraction excentrique est habituellement plus élevé que dans les conditions isométriques et concentriques (Klass et coll., 2005). Étant donné que chaque unité motrice développe une plus grande force lors de contractions excentriques, pour une charge donnée ou des variations de couple identiques, l’activation nerveuse devra être augmentée dans le cas de contractions concentriques sous-maximales. Bien que l'utilisation de l'EMG comme reflet des modifications de la commande volontaire puisse être entachée d’erreurs (Keenan et coll., 2005), nos résultats concordent avec cette interprétation montrant effectivement que pour des modifications similaires du couple de force, une plus grande activité EMG était atteinte lors de contractions concentriques comparativement aux contractions excentriques. Nous constatons tout d’abord des modifications passagères de l’EMG de surface au moment de la phase de transition entre la contraction isométrique et le mouvement : celles-ci se manifestaient par une légère augmentation de l’EMG au début de la contraction excentrique probablement due à l’augmentation de la fréquence de décharge des unités motrices (voir figure 43 et 47) engendrée par l’étirement soudain du muscle ("stretch reflex" ; Struppler, 1975, Roll et Vedel, 1982, Wise et coll., 1999). Ensuite, l’EMG était maintenu à un niveau quasi constant et supérieur comparativement aux contractions isométriques aux deux longueurs. A l’inverse, pour la contraction concentrique, ces modifications se traduisaient par une chute initiale de 127 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES - ETUDE III l’activité EMG certainement due à la désactivation du réflexe myotatique ("unloading reflex"; Struppler, 1975, Roll et Vedel, 1982, Wilson et coll., 1997) et coïncidant à une réduction passagère de la fréquence de décharge des unités motrices (voir figure 43 et 47). Par la suite, l’activité EMG augmentait progressivement jusqu’à la fin du mouvement impliquant visiblement le recrutement d’unités motrices additionnelles et l’augmentation de la fréquence de décharge (voir ci-dessous). Enfin, la plus grande activation observée en contraction isométrique pour la position raccourcie comparée à la position allongée, est principalement due à un plus grand nombre d’unités motrices recrutées. En raison de difficultés techniques évidentes, peu d'études ont analysé le comportement d’une même unité motrice pendant des contractions en raccourcissement et en allongement (Nardone et coll., 1989, Howell et coll., 1995, Søgaard et coll., 1996, Stotz et Bawa, 2001, Semmler et coll., 2002). Ce type d’enregistrements pose davantage de problèmes dans les conditions dynamiques qu’isométriques du fait du déplacement de l’électrode et de la difficulté d'exécuter des contractions en raccourcissement et en allongement contre une charge inertielle à une vitesse angulaire constante. Afin de minimiser ces difficultés techniques et parce que les différences dans la cinématique des contractions dynamiques peuvent altérer le mode de décharge des unités motrices, nous avons imposé une vitesse de rotation de la cheville identique pour le raccourcissement et l'allongement du muscle. Conformément au protocole, les sujets devaient maintenir l’activation d’une même unité motrice clairement identifiée pendant la contraction isométrique aux deux longueurs et pendant les contractions concentriques et excentriques des fléchisseurs dorsaux de la cheville. Toutes les unités motrices (n = 63) recrutées lors de la phase isométrique initiale en position allongée étaient activées de manière continue tout au long de la tâche, y compris pendant la phase excentrique. En outre, le recrutement d'unités motrices supplémentaires a été observé à 18 reprises au cours de contractions concentriques. Ces unités additionnelles présentaient un seuil de recrutement plus élevé comparé aux unités mises en jeu dès le début de la tâche et étaient manifestement recrutées afin de maintenir le niveau de couple de force requis lors du raccourcissement musculaire. Ces dernières restaient actives lors de la phase isométrique suivante en position raccourcie puis étaient généralement dérecrutées lors de la phase excentrique ou même lors de la contraction isométrique suivante en position allongée. Par ailleurs, elles étaient toujours dérecrutées en excentrique pour une plus grande amplitude articulaire et donc pour une longueur de fascicule plus importante que celle à laquelle elles étaient recrutées en concentrique (figure 45A). Pour tous les essais, lorsqu’une nouvelle unité motrice à seuil plus élevé était recrutée au cours de la phase concentrique afin de maintenir un 128 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES - ETUDE III même niveau de couple de force, celle-ci était toujours dérecrutée en premier pendant la phase excentrique suivante. En accord avec les études précédentes (Garland et coll., 1994, Søgaard et coll., 1996, Bawa et Jones, 1999, Stotz et Bawa, 2001, Semmler et coll., 2002), ces observations indiquent que l’ordre de recrutement des unités motrices était conservé et se déroulait donc selon le principe de la taille démontré par Henneman (1957) lors de contractions excentriques sous-maximales réalisées à vitesse constante. Comme cela a été rapporté par plusieurs études ayant comparé des populations d’unités motrices (Søgaard et coll., 1996, Linnamo et coll., 2003, Del Valle et Thomas, 2005), notre travail montre qu’une même unité développe une fréquence de décharge moyenne plus basse lors des contractions excentriques comparativement aux contractions concentriques. Notons tout d’abord qu’en début de mouvement, l’allongement (en excentrique) ou le raccourcissement (en concentrique) soudain du muscle a probablement engendré une majoration ou une dépression passagère de l’activité réflexe myotatique, se manifestant respectivement par une augmentation ou une diminution momentanée de la fréquence de décharge (figure 44). La fréquence de décharge des unités motrices présentait ensuite des modulations différentes entre les deux modalités de contraction malgré des changements similaires de la longueur des fascicules et du couple de force. Tout au long de la contraction excentrique, la fréquence était en effet maintenue à un niveau quasi constant et légèrement supérieur par rapport aux valeurs obtenues en contraction isométrique aux deux longueurs. A l’inverse, au cours de la contraction concentrique, la fréquence moyenne s’accélérait progressivement pour atteindre en fin de mouvement des valeurs bien plus élevées comparativement aux conditions isométriques. Les différences plus marquées obtenues en position raccourcie entre ces deux modalités de contraction s’expliquent par l’augmentation de l’activation nerveuse nécessaire afin de compenser la réduction des capacités contractiles du muscle à cette longueur. Un comportement comparable a été observé pour les 18 unités motrices additionnelles recrutées au cours de la tâche. Ces constatations indiquent que la modulation de la fréquence de décharge des unités motrices est plus importante dans le cas de contractions concentriques (Del Valle et Thomas, 2005) comparativement aux contractions excentriques. En outre, un plus grand recrutement d’unités motrices a été observé dans notre précédente étude lors des contractions isométriques réalisées à faible longueur musculaire et ce malgré, des fréquences de pulsation comparables entre les deux longueurs. Ces constatations suggèrent que les modulations du recrutement des unités motrices dépendent davantage de la longueur musculaire tandis que les modulations de fréquence prédominent pendant les contractions en raccourcissement. Il est par ailleurs possible que le couple de 129 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES - ETUDE III force relatif (c-à-d normalisé à partir des CVM développées aux longueurs respectives) soit légèrement moindre dans les conditions excentriques impliquant ainsi une réduction de la fréquence de décharge absolue. Bien qu’on ne puisse exclure cette supposition, il paraît improbable que les divergences observées concernant les modulations de fréquences soient influencées dans ces deux modes de contraction étant donné les faibles variations du couple entre les deux niveaux cibles. En effet, dans le cas d’essais incorrects constatés lors de contractions excentriques, pour lesquels le sujet dépassait le couple de force cible de plus de 5%, la fréquence de pulsation des unités motrices n’augmentait pas comparativement aux essais valides. La contribution des muscles synergistes (long extenseur de l'hallux, long extenseur commun des orteils et le troisième fibulaire) dans le développement du couple de force au cours du mouvement de flexion dorsale de la cheville a également pu influencer le recrutement-dérecrutement et la fréquence de décharge des unités motrices dans notre expérimentation. Bien que les contributions relatives de ces muscles au couple de force total de flexion dorsale puissent être différentes lors de contractions concentriques et excentriques, ces derniers sont des muscles monoarticulaires pourvus d’un retinaculum péri-tendineux étendu. Ces muscles ne produisent probablement que d’infimes variations du couple de force développé au niveau des leviers osseux lors des rotations angulaires de faibles amplitudes (20°) investiguées dans notre étude. Aussi, le fait que ces muscles subissent des modifications de longueurs similaires suggère que leurs courbes tension-longueur respectives ne diffèrent probablement pas énormément l’une de l’autre (Rassier et coll., 1999). De plus, lorsqu’une unité motrice additionnelle était dérecrutée lors de contractions excentriques, le maintien d’une fréquence de décharge constante de l’unité demeurant active (voir figure 46) indique que la commande synaptique excitatrice au niveau du pool de motoneurones n’était pas considérablement réduite au moment où la seconde unité cessait de pulser. L’ordre de recrutement entre les contractions concentriques et excentriques étant identique dans notre expérimentation, ceci montre que le système nerveux n’utilise qu’une seule et même stratégie d’activation liée à la taille des motoneurones impliqués dans ces deux types de contraction. Les modulations contraires des fréquences de décharge des unités motrices dans ces deux modes de contractions témoignent toutefois d’une distribution différente des inputs sensoriels sur le pool de motoneurones associée avec de possibles modifications de la commande supraspinale (Nielsen, 2004). Au cours de tâches spécifiques, les entrées sensorielles semblent en effet contrôlées par le réseau spinal (Rudomin, 1999). Par conséquent, la plus grande amplitude des potentiels moteurs évoqués par stimulation 130 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES - ETUDE III transcrânienne magnétique et électrique observée lors de contractions concentriques suggère que l’excitation du pool de motoneurones est réduite lors de contractions excentriques (Abbruzzese et coll., 1994, Sekiguchi et coll., 2003). D’autres travaux ont de plus montré que l'amplitude du réflexe de Hoffmann (H) et celle du potentiel moteur induit par la stimulation transcrânienne étaient modulées de la même manière (Romanò et Schieppati, 1987, Abbruzzese et coll., 1994, Nordlund et coll., 2002). Bien que dans notre étude, le niveau de coactivation était supérieur lors des contractions excentriques, la modulation similaire du réflexe H entre le repos et la contraction (Abbruzzese et coll., 1994) réfute l'idée que les inhibitions Ia réciproque et Ib autogène jouent un rôle majeur dans l’excitation du pool de motoneurones. Par contre, les variations comparables de l'amplitude du réflexe H et du potentiel moteur évoqué par stimulation magnétique et électrique ont conduit Abbruzzese et ses collaborateurs (1994) à suggérer l’influence de mécanismes localisés plutôt au niveau de la moelle épinière. En conclusion, la présente étude montre que les contractions excentriques lorsqu’elles sont réalisées à vitesse constante, sont associées à une modulation spécifique de la fréquence de décharge des unités motrices sans modification de leur ordre de recrutement. Ce comportement diffère de celui observé lors de contractions concentriques, malgré une modification linéaire et similaire de la longueur des fascicules et du couple de force au cours de ces deux tâches. Ces observations indiquent que l’ordre de recrutement des unités motrices est préservé lors de contractions excentriques sous-maximales exécutées à faible vitesse angulaire, mais que la fréquence de décharge est moins fortement modulée en fonction de la longueur des fascicules que pour des contractions concentriques. 131 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES - ETUDE IV ETUDE IV : SPECIFICITE DE LA MODULATION CENTRALE ET PERIPHERIQUE LORS DE CONTRACTIONS CONCENTRIQUES ET EXCENTRIQUES IV.1. Introduction Comme nous l’avons vu dans notre revue de littérature, il a été récemment suggéré que le système nerveux central adopterait une stratégie motrice particulière lors d’actions excentriques comparativement au mode concentrique (Enoka, 1996). A partir de nos expérimentations précédentes, il apparaît cependant que l’ordre de recrutement des unités motrices est identique entre les contractions concentriques et excentriques sous-maximales exécutées à faible vitesse angulaire (étude III). Le système nerveux n'utiliserait ainsi qu’une seule et même stratégie d’activation liée à la taille des motoneurones impliqués dans ces deux types de contractions. Une modulation différente des fréquences de décharge des unités motrices a toutefois été rapportée dans notre étude, malgré une modification linéaire et similaire de la longueur des fascicules et du couple de force entre ces deux tâches. Ces résultats témoignent d’une régulation spécifique de l’excitation nerveuse du pool de motoneurones. Au moyen d’enregistrements électro-encéphalographiques (EEG), les travaux de Fang et collaborateurs (2001, 2004) ont montré qu’un plus grand nombre d’aires fonctionnelles ou de neurones corticaux étaient effectivement mis en jeu lors de sollicitations excentriques comparativement aux contractions concentriques. Toutefois, les potentiels moteurs évoqués par stimulation transcrânienne magnétique et électrique sont de plus grande amplitude lors de contractions concentriques et ce, malgré une activité EMG similaire (Abbruzzese et coll., 1994, Sekiguchi et coll., 2003). Ces données indiquent que l’excitabilité de la voie corticospinale est déprimée lors de contractions excentriques. Conjointement, plusieurs travaux ont rapporté une dépression de l’amplitude du réflexe de Hoffmann (Romano et Schieppati, 1987, Abbruzzese et coll., 1994, Nordlund et coll., 2002, Duclay et coll., 2008) lors de sollicitations excentriques sous-maximales. Ces variations comparables du réflexe H et du potentiel moteur évoqué par la stimulation transcrânienne dans l'étude d'Abbruzzese et collaborateurs (1994) ont conduit les auteurs à suggérer l’influence de mécanismes localisés plutôt au niveau de la moelle épinière et d’origine présynaptique. De façon surprenante, 132 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES - ETUDE IV parallèlement à cette réduction de l’excitabilité du pool de motoneurones lors de sollicitations excentriques, le retour sensoriel Ia au cours de l’allongement du muscle est augmenté (Burke et coll., 1978, Hulliger et coll., 1985). Comme nous l’avons rapporté dans notre revue de littérature, plusieurs mécanismes inhibiteurs peuvent réduire l’efficacité de la transmission synaptique entre le motoneurone α et l’afférence Ia. Ce déficit de la réponse des motoneurones aux afférences fusoriales lors de sollicitations excentriques est habituellement associé au phénomène de "dépression homosynaptique de post-activation" (Hultborn et coll., 1996) d’une part, et à l’augmentation de l’inhibition présynaptique d’autre part (Delwaide, 1973, Rudomin, 1990). Le contrôle de l’inhibition présynaptique peut être non seulement périphérique mais également central (Rudomin et Schmidt, 1999, Pierrot-Deseilligny, 1997, Pierrot-Deseilligny et Burke, 2005). Ainsi, malgré cette dépression lors de la contraction excentrique, le réflexe H est potentialisé avec l'intensification de la commande volontaire (Nordlund et coll., 2002, Duclay et Martin, 2005), ce qui n'est pas le cas lors de sollicitations concentriques. Les afférences supraspinales peuvent donc également jouer un rôle important dans la modulation du circuit réflexe. La contraction excentrique étant généralement plus difficile à contrôler que les contractions concentriques (Nordlund et coll., 2002, Semmler et coll., 2002), cette dépression des influx excitateurs provenant des fuseaux neuromusculaires peut faciliter l’exécution précise de la tâche. Cependant, l’étude de Petersen et collaborateurs (2007) portant sur l’analyse de la probabilité d’activation d’une unité motrice en réponse à une stimulation électrique des afférences Ia, a récemment suggéré que pour de faibles niveaux de contraction (< 2-3 % de la CVM), les phénomènes d’inhibitions présynaptiques n’étaient pas différents entre les deux modes de sollicitation. D’autres mécanismes de régulation du retour sensoriel sont eux aussi susceptibles de justifier les différentes modulations de la fréquence de décharge des unités motrices entre ces deux types de contractions. Au niveau postsynaptique, l’amplitude du réflexe H peut être modulée par les mécanismes suivants : l’inhibition autogène induite par les afférences Ib issues des organes tendineux de Golgi, spécifiquement sensibles à la force produite par le muscle (Houk et coll., 1971, Jami, 1992) ; l'inhibition récurrente du motoneurone via les cellules de Renshaw (Bussel et Pierrot-Deseilligny, 1977, Hultborn et coll., 1979) ; l’inhibition induite par les afférences articulaires et cutanées (Caccia et coll., 1973, Lundberg et coll., 1978). Par ailleurs, l'impact des mécanismes nerveux à l’origine de la dépression du réflexe H peut être différent selon les muscles et est dépendant des afférences sensorielles. En effet, il a été rapporté que le pool de motoneurones du soléaire possédant un nombre élevé de fuseaux neuromusculaires recevait un retour sensoriel plus 133 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES - ETUDE IV important comparativement au pool de motoneurones du gastrocnémien médial (Tucker et Tücker, 2004). La balance "excitation-inhibition" affectant le pool de motoneurones pourrait de ce fait être différente selon le muscle investigué. Enfin, la majorité des études qui se sont intéressées aux modifications de cette balance lors de sollicitations excentriques et concentriques, n’ont fait que comparer les valeurs pour un angle donné. Etant donné les modulations possibles tant au niveau spinal que supraspinal des mécanismes nerveux mis en jeu, il semble dès lors important d’analyser leur modulation tout au long du mouvement aux différents angles investigués. Afin d’estimer l’origine spinale et/ou supraspinale de la modulation de fréquence de décharge des unités motrices observée dans notre précédente étude, l’objectif de ce travail était donc d’examiner les modulations des activités réflexes et du potentiel moteur évoqué par stimulation transcorticale sur le même muscle et dans des conditions de contractions similaires. En outre, dans le but de comparer des groupes musculaires dont la sensibilité aux inhibitions est différente, ces modulations ont également été étudiées lors de flexions plantaires au niveau des muscles soléaire et gastrocnémien médial pour une angulation de cheville intermédiaire. IV.2. Matériel et méthode Cette quatrième étude a été réalisée en deux séries d’expérimentations chacune comprenant deux sessions expérimentales. Nous nous sommes intéressés dans un premier temps aux modulations des activités réflexes (session 1) et des potentiels moteurs évoqués par stimulation magnétique transcorticale (session 2) enregistrés au niveau du muscle tibial antérieur lors de la flexion dorsale de la cheville. Au cours de ces deux premières sessions, les différents paramètres ont été analysés lors de sollicitations concentriques et excentriques à différentes positions articulaires (–10°, –5°, 0°, +5° et +10°) ainsi que lors de contractions isométriques aux positions extrêmes (–10° et +10°). Le niveau de contraction investigué au cours de ces 2 sessions était de 20 % de la CVM. Dans un second temps, nous avons étudié les modifications des réponses réflexes (session 3) et des réponses motrices évoquées par stimulation transcorticale (session 4) des muscles soléaire et gastrocnémien médial lors de flexions plantaires de la cheville. L'objectif de ces deux sessions supplémentaires était d'étudier l'impact des mécanismes nerveux à l'origine des modulations des potentiels évoqués 134 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES - ETUDE IV pour des muscles dont les sensibilités aux inhibitions sont différentes (Tucker et Tücker, 2004). Pour ces 2 dernières sessions, les différents paramètres ont été analysés au cours de sollicitations concentriques et excentriques pour une seule et même position angulaire (position intermédiaire : 0°). Par ailleurs, le niveau de contraction investigué au cours de ces 2 sessions était de 50 % de la CVM. IV.2.1. Sujets Onze sujets (1 femme et 10 hommes) âgés de 22 à 38 ans ont tout d’abord pris part à la première partie de cette étude (sessions 1 et 2). Ensuite, 9 autres sujets masculins dont 5 en commun avec la première partie et âgés de 24 à 38 ans, se sont portés volontaires pour participer à la seconde partie de cette étude (sessions 3 et 4). Tous les sujets étaient préalablement familiarisés à la procédure expérimentale et aux différentes modalités de contractions. Chaque sujet a donc effectué au moins deux sessions expérimentales, l’une portant sur les modulations des activités réflexes induites par stimulation électrique du nerf moteur périphérique et l’autre sur les modulations du potentiel moteur évoqué par stimulation magnétique transcorticale. Au moins une semaine séparait deux sessions successives. Aucun des sujets ne présentait de problème neurologique ou moteur particulier. Cette expérimentation a été approuvée par le Comité d'Ethique de l’Université et a été réalisée en conformité avec la déclaration d’Helsinki. IV.2.2. Appareillage et dispositif expérimental Le dispositif ergométrique, la position du sujet ainsi que les procédures d’enregistrement des signaux mécaniques et électriques utilisés dans cette étude étaient identiques à ceux utilisés dans les deux études précédentes (II et III). IV.2.3. Enregistrements mécaniques et électromyographiques La position angulaire de la cheville et le couple de force développé par les muscles fléchisseurs dorsaux et plantaires de la cheville lors de contractions volontaires ont été 135 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES - ETUDE IV mesurés à l’aide d’un potentiomètre linéaire et d’un transducteur à jauges de contrainte montés sur l’axe de rotation du moteur (sensibilité : 0.018 V/Nm; linéarité de 0 à 200 Nm), respectivement. Les activités EMG des muscles tibial antérieur, soléaire et gastrocnémien médial ont été enregistrées par l’intermédiaire d’électrodes de surface (deux cupules de 8 mm de diamètre). Celles-ci étaient positionnées sur le corps charnu du muscle à 2 cm l’une de l’autre. Les signaux EMG ont été amplifiés (x 1000) et filtrés (10Hz-1kHz) par un amplificateur différentiel fabriqué au sein du laboratoire. L'électrode de référence a été placée sur la face interne du tibia. IV.2.4. Déclenchement du réflexe H et de l’onde M Au cours de la première session, le réflexe H et l’onde M, obtenus en stimulant électriquement le nerf fibulaire profond, ont été enregistrés au niveau du muscle tibial antérieur. Des impulsions électriques rectangulaires d’une durée de 1 ms ont été délivrées par un stimulateur à courant constant. Celui-ci était contrôlé par un programmeur (Modèle 4030; Digitimer Ltd., Welwyn Garden City, UK). La cathode de 8 mm de diamètre était placée sur le trajet du nerf fibulaire profond à proximité de la tête du péroné et l’anode était positionnée sur le versant opposé de la jambe, au même niveau que la cathode. Afin d’éviter l’activation des muscles fibulaires, le nerf était stimulé à distance de la branche innervant ces muscles, à savoir légèrement en avant et en dessous de la tête du péroné. L’absence de toute contraction des muscles fibulaires a été vérifiée par palpation et par l’analyse du signal force (voir étude I). L’intensité du courant électrique a été augmentée progressivement en stimulant le nerf à raison d’une stimulation toutes les 5 s. L’intensité de stimulation pour l’obtention de la réponse réflexe H était fixée à 10-15 % au-dessus du seuil moteur (H ; début d’apparition de l’onde M au niveau de l’activité EMG). Le niveau de stimulation pour l’obtention de la réponse motrice directe maximale (onde M) a été déterminé de la même manière en augmentant progressivement l’intensité du stimulus électrique jusqu’à ce que la force ne s’accroisse plus et que l’amplitude du potentiel d’action (onde M) soit maximale. L’intensité de stimulation était alors augmentée de 10-20 % afin d’être sûr d’obtenir une réponse réellement maximale et stable (Mmax). Au cours de la troisième session, le réflexe H et l'onde M obtenus en stimulant électriquement le nerf tibial postérieur au niveau du creux poplité ont également été 136 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES - ETUDE IV enregistrés au niveau des muscles soléaire et gastrocnémien médial. La procédure d’enregistrement des réponses électriques utilisées dans cette nouvelle session expérimentale était identique à celle utilisée dans la première session. IV.2.5. Réflexe H’ Au cours de la première session expérimentale, le réflexe H’ a été enregistré chez 8 des 11 sujets, au niveau du muscle tibial antérieur lors des différentes tâches. Cette mesure a été réalisée afin d’estimer les modifications de l’inhibition récurrente de Renshaw au niveau du pool de motoneurone. La technique développée par Bussel et Pierrot-Deseilligny (1977) consistait dans un premier temps à stimuler électriquement le nerf fibulaire profond avec une intensité correspondant au réflexe H précédemment investigué (H1). Cette stimulation conditionnante entraîne une volée afférente d’un certain nombre de fibres Ia puis la dépolarisation subséquente d’un certain nombre de motoneurones α ainsi que l’activation des interneurones de Renshaw excité par les branches axonales récurrentes de ces derniers. Successivement, une stimulation électrique d’intensité supramaximale était appliquée avec un délai de 10 ms après la stimulation conditionnante. Les collisions au sein de l’axone α entre les volées réflexes orthodromiques de la stimulation conditionnante et les volées antidromiques induites par la stimulation supramaximale permettront à la réponse réflexe (H’) provoquée par la seconde stimulation de s’exprimer. Etant donné que ce réflexe H’ ne se propage que dans les motoneurones qui ont déjà déchargé, celui-ci permettra d’évaluer l’effet inhibiteur résultant (pour plus de détail sur la méthode, voir Katz et Pierrot-Deseilligny, 1999). IV.2.6. Stimulation magnétique transcorticale Les modifications de l’excitabilité de la voie corticospinale ont été investiguées, au moyen de la stimulation magnétique transcorticale, au niveau du muscle tibial antérieur d’une part et des muscles soléaire et gastrocnémien médial d’autre part à l’occasion de deux nouvelles sessions expérimentales (2 et 4, respectivement). Les potentiels moteurs évoqués ont été obtenus à l’aide d’un stimulateur (Magstim 200 stimulator, Magstim, Dyfed, UK) relié par un câble à un "coil" de stimulation. Celui-ci, équipé d’une bobine circulaire de 90 mm de 137 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES - ETUDE IV diamètre, était positionné sur le scalpe du sujet et orienté en regard du cortex moteur gauche à hauteur du tragus de l’oreille. La position a été ajustée de telle sorte que les potentiels évoqués soient d’amplitude maximale. Au moment de la stimulation, les sujets avaient pour consigne de maintenir un niveau de contraction des muscles fléchisseurs dorsaux (session 2) ou plantaires (session 3) correspondant à 20 % de leurs CVM respectives. Un feedback visuel leur était fourni. Une fois la position déterminée, le dispositif était fermement maintenu en place grâce à un système de fixation (figure 49). La tête du sujet était stabilisée à l’aide d'un moule en résine offrant un soutient occipital et d’une minerve cervicale. L’intensité de stimulation a été augmentée progressivement par palier de 5% (4 stimulations par palier) afin de déterminer le seuil moteur. Celui-ci correspondait à l’intensité pour laquelle trois réponses sur quatre étaient clairement identifiées sur l’activité EMG (Sacco et coll., 1997). L’intensité de stimulation a était standardisée de manière à obtenir une amplitude maximale du potentiel moteur évoqué (de 70 à 90 % de l'intensité maximale du stimulateur). SMT SE fibulaire profond EMG MG EMG TA EMG SOL SE tibial postérieur Figure 49. Ergomètre motorisé et positionnement du pied des sujets lors des séances expérimentales. Les stimulations électriques (SE) étaient appliquées au niveau du nerf fibulaire profond à proximité de la tête du péroné et du nerf tibial postérieur au niveau du creux poplité, au cours des sessions 2 et 4, respectivement. Les stimulations magnétiques transcorticales (SMT) étaient appliquées au niveau du cortex moteur gauche à hauteur du tragus de l’oreille. Les activités EMG de surface des muscles tibial antérieur (EMG TA), soléaire (EMG SOL) et gastrocnémien médial (EMG MG) ont été enregistrées chacune via deux cupules de 8 mm de diamètre placées sur le corps charnu du muscle. L'électrode de référence pour les enregistrements de surface a été placée sur la face interne du tibia. 138 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES - ETUDE IV IV.2.7. Protocole expérimental Sessions 1 et 2 : Les 2 premières sessions expérimentales débutaient chacune par l’enregistrement des réponses mécaniques et des activités EMG lors de CVM isométriques et dynamiques des fléchisseurs dorsaux de la cheville. Chaque sujet devait tout d’abord réaliser trois CVM isométriques (4-5 s) à un angle de cheville de 10° de flexion plantaire (+10°) et trois CVM à 10° de flexion dorsale (–10°). Suivait ensuite l’enregistrement du couple de force et de l’EMG développés lors de contractions concentriques et excentriques maximales (2 à 3 répétitions par condition). La durée des contractions concentriques et excentriques était de 2 s, l’amplitude de mouvement de 20° autour de la position neutre et la vitesse angulaire constante (10°.s-1). Les CVM étaient séparées d’une période de repos de 2-3 min. Une fois ces premières mesures réalisées, les sujets avaient pour consigne d’effectuer une tâche similaire à celle réalisée au cours de l’étude III (figure 41) : (1) le muscle étant en position allongée (+10°), atteindre progressivement le couple de force isométrique cible correspondant à 20 % de la CVM pour cette position et le maintenir pendant 2-3 s; (2) lorsque le moteur imposait une flexion dorsale de la cheville, accompagner le mouvement en flexion dorsale et atteindre sans à-coups le couple de force cible (20 % de la CVM) pour la position raccourcie du muscle (–10°) en fin de mouvement; (3) le muscle étant en position raccourcie (+10°), maintenir le couple de force cible pendant 2-3 s; (4) lorsque le moteur imposait une flexion plantaire de la cheville, résister au mouvement en flexion dorsale et atteindre sans à-coups le couple de force cible pour la position allongée du muscle en fin de mouvement; Les critères d’acceptation étaient les mêmes que ceux de l’étude III : seuls les essais pour lesquels le couple de force variait dans un intervalle de confiance de 90 % et ne déviait pas de plus de 5 % de la CVM aux deux niveaux cibles ont été inclus dans l’analyse. Afin de satisfaire à ces besoins, les sujets bénéficiaient d’un feedback visuel sur un oscilloscope digital du couple de force réel et des couples de forces cibles pour chacune des conditions (Model 120; Nicolet, Madison, WI, USA). 139 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES - ETUDE IV La durée des contractions concentriques et excentriques était de 2 s, l’amplitude de mouvement de 20° autour de la position neutre (de 10° de flexion plantaire à 10° de flexion dorsale et de 10° de flexion dorsale à 10° de flexion plantaire pour les contractions concentriques et excentriques, respectivement) et la vitesse angulaire constante (10°.s-1). Au cours des phases de contractions concentriques et excentriques des muscles fléchisseurs dorsaux, les réponses réflexes (H et H’) ainsi que les potentiels moteurs évoqués ont été testés séparément aux angles suivants : –10°, –5°, 0°, +5° et +10°. La réponse réflexe mesurée au niveau du muscle tibial antérieur étant assez variable, un nombre important d’essais (n=40) a été réalisé pour chaque modalité de contraction afin de calculer une valeur moyenne. De même, pour les phases isométriques de contraction, des valeurs moyennes ont été calculées à partir de plusieurs essais (de 8 à 10) réalisés aux deux angles de cheville (–10° et +10°). Les variations d’amplitude de l’onde M étant moindre, cette dernière a été moyennée au cours des différentes modalités de contractions et aux angles précédemment investigué à partir de 4 essais. Pour éviter toute fatigue, les essais successifs étaient séparés d’une période de repos de 3 à 5 s. Sessions 3 et 4 : Ces 2 sessions expérimentales débutaient chacune par l’enregistrement des réponses mécaniques et des activités EMG lors de CVM dynamiques des fléchisseurs plantaires de la cheville. Chaque sujet devait réaliser trois CVM concentriques et excentriques (2 à 3 répétitions par condition). Les conditions de contractions différaient sensiblement par rapport à celles des 2 précédentes sessions puisque la durée des contractions concentriques et excentriques était de 1.5 s, l’amplitude de mouvement de 30° autour de la position neutre et la vitesse angulaire constante de 20°.s-1. Par conséquent, la plage angulaire du mouvement était de 15° de flexion dorsale à 15° de flexion plantaire et de 15° de flexion plantaire à 15° de flexion dorsale pour les contractions concentriques et excentriques, respectivement. Les CVM étaient séparées d’une période de repos de 2-3 min. Une fois ces premières mesures réalisées, les sujets avaient pour consigne d’effectuer une tâche similaire à celle réalisée au cours des deux précédentes sessions expérimentales et les mêmes consignes en termes de contractions concentriques et excentriques des fléchisseurs plantaires de la cheville étaient exigées. Au cours des phases de contractions concentriques et excentriques des muscles fléchisseurs plantaires de la cheville, seul les potentiels moteurs évoqués et les réflexes H ont été testés pour un angle de cheville de 0° (position intermédiaire). Afin de calculer une valeur moyenne à partir de ces différentes réponses, plusieurs essais (de 8 à 10) ont été réalisés pour 140 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES - ETUDE IV chaque modalité de contraction. Les variations d’amplitude de l’onde M étant moindre, cette dernière a été moyennée au cours des différentes modalités de contractions à partir de seulement 4 essais. Entre les essais, des temps de repos identiques aux sessions précédentes été imposés. IV.2.8. Mesures Les activités EMG moyennes des muscles tibial antérieur, soléaire et gastrocnémien médial enregistrées au cours des différentes phases de contraction et des différentes sessions ont été quantifiées sur une période de 2 s pendant le plateau de force (dans les conditions isométriques) ou sur toute l’amplitude du mouvement (dans les conditions concentriques ou excentriques). L’amplitude et l’aire du potentiel moteur évoqué, des réponses réflexes H et H’, et de l’onde M ont été mesurées et moyennées à partir des essais valides. L’amplitude et l’aire des différentes réponses présentant des modifications similaires, seule l’amplitude a été rapportée dans notre étude. Dans le but de s'affranchir d'éventuelles modifications périphériques (sarcolemme) et d’éliminer l’effet des conditions de stimulation et d’enregistrement lors des différentes tâches, les réponses motrices et réflexes ont été normalisées par rapport à l’onde M maximale (Mmax) enregistrée dans les mêmes conditions (même angle de cheville). IV.2.9. Analyse statistique Les données sont rapportées en moyenne ± ET dans le texte et illustrées en moyenne ± SEM dans les figures. Sessions 1 et 2 : L’effet de l’angle de la cheville (–10° vs. +10°) lors de CVM isométriques ainsi que l’effet du mode de contraction (concentrique vs. excentrique) lors de CVM dynamiques sur le couple de force et l’EMG de surface ont chacun été analysés par un test-t pairé de student. Lors des sollicitations isométriques, les réponses EMG (potentiel moteur évoqué, réflexe H et H’) mesurés aux deux angles de cheville (–10° et +10°) ont également été analysées par le test-t pairé de Student. Dans les conditions de sollicitation dynamiques, l’effet du mode de 141 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES - ETUDE IV contraction et de l’angle de cheville sur ces mêmes paramètres électromyographiques a été testé à l’aide d’une ANOVA à deux facteurs (modalité de contraction x angle de cheville) avec mesures répétées. Le post-test de Tukey a été utilisé lorsqu’un niveau de signification inférieur à 0.05 était atteint. Sessions 3 et 4 : L’effet du mode de contraction (concentrique vs. excentrique) sur les réponses EMG (potentiel moteur évoqué, réflexe H) enregistré pour un angle intermédiaire (0°) a été analysé par le test-t pairé de Student. IV.3. Résultats IV.3.1. Couple de force et activité EMG enregistrées lors des CVM Les couples de force moyens développés au cours des différentes sessions expérimentales ainsi que les activités EMG associées sont rapportés dans le tableau 4. Comme nous l’avons observé dans l’étude II, nos résultats indiquent que le couple de force isométrique maximal développé par les fléchisseurs dorsaux de la cheville est supérieur lorsque le muscle se trouve en position allongée (+10°) comparativement à la position raccourcie (–10°). A l’inverse, l’activité EMG du tibial antérieur mesurée à chaque session aux deux positions angulaires diminue significativement avec l'allongement du muscle (P<0.05). Par ailleurs, le couple de force développé par ces mêmes groupes musculaires (sessions 1 et 2) est significativement plus élevé (P<0.001) lors de contractions de type excentrique comparativement aux contractions de type concentrique. Un effet identique (P<0.001) du mode de contraction sur le couple de force développé se vérifie au niveau des fléchisseurs plantaires de la cheville (sessions 3 et 4). En outre, l’activité EMG du tibial antérieur développée lors de CVM excentriques des fléchisseurs dorsaux est moins élevée comparativement au mode concentrique (P<0.01 et P<0.05 au cours de la session 1 et 2, respectivement). Dans les conditions de flexion plantaire (sessions 3 et 4), l’activité EMG du muscle soléaire n'est pas significativement différente entre les deux modes. Par contre, bien que les différences ne soient pas significatives au cours de la session 4 (P=0.18), au cours de la session 3, l’activité EMG du gastrocnémien présente des valeurs moyennes plus élevées lors de sollicitations excentriques par rapport aux sollicitations concentriques (P<0.05). 142 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES - ETUDE IV ISO DYN Variables –10° +10° CON EXC Couple FD (Nm) 36.5 ± 6.2 43.4 ± 4.6 *** 35.8 ± 5.7 44.5 ± 5.9 §§§ EMG TA (mV) 0.38 ± 0.09 0.34 ± 0.09 * 0.32 ± 0.09 0.30 ± 0.09 §§ Couple FD (Nm) 35.5 ± 6.4 42.2 ± 3.5 ** 30.2 ± 4.6 40.6 ± 3.7 §§§ EMG TA (mV) 0.38 ± 0.08 0.35 ± 0.06 * 0.33 ± 0.06 0.30 ± 0.07 § Couple FP (Nm) 91.2 ± 26.2 116.4 ± 27.4 §§§ EMG SOL (mV) 0.37 ± 0.12 0.39 ± 0.14 EMG GM (mV) 0.31 ± 0.15 0.37 ± 0.17 § Couple FP (Nm) 83.7 ± 24.1 108.5 ± 22.6 §§§ EMG SOL (mV) 0.45 ± 0.09 0.44 ± 0.13 EMG GM (mV) 0.32 ± 0.21 0.39 ± 0.19 Session 1 Session 2 Session 3 Session 4 Tableau 4. Couple de force et activité EMG enregistrés lors de CVM au cours de chaque session expérimentale. Les valeurs sont rapportées en moyenne ± ET. * P<0.05, **P<0.01 et ***P<0.001 : indique si, au sain de la session 1 ou 2, les différences entre les deux angles (–10° vs. +10°) lors de CVM isométriques sont significatives. § P<0.05, §§ P<0.01 et §§§ P<0.001 : indique si, au sain d’une même session (1, 2, 3 ou 4), les différences entre les deux modes (concentrique vs. excentrique) lors de CVM dynamiques sont significatives. Abréviations : ISO : isométrique ; DYN : dynamique ; CON : concentrique ; EXC : excentrique ; FD : flexion dorsale ; FP : flexion plantaire ; TA : tibial antérieur ; SOL : soléaire ; GM : gastrocnémien médial. IV.3.2. Activité EMG enregistrées lors des contractions sous-maximales Des modulations similaires ayant été observées entre les deux premières sessions d'une part et les deux dernières sessions d'autre part, seuls les résultats de la 1ière et de la 3ième session ont été rapportés. Comme l'illustre la figure 50, aucune différence significative n'a été 143 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES - ETUDE IV observée entre les deux angles investigués lors des sollicitations isométriques sous-maximales des fléchisseurs dorsaux de la cheville, sur les paramètres d'activation des muscles tibial antérieur, soléaire et gastrocnémien médial. 0.006 0.04 0.02 0.00 EMG GM (mV) 0.006 EMG SOL (mV) EMG TA (mV) 0.06 0.004 0.002 +10° 0.002 0.000 0.000 -10° 0.004 -10° +10° -10° +10° Figure 50 Effet de la position angulaire de la cheville (–10° et de +10°) sur l'activité électromyographique des muscles tibial antérieur (EMG TA), soléaire (EMG SOL) et gastrocnémien médial (EMG GM) mesurés lors de contractions isométriques sous-maximales (20 % de la CVM) des muscles fléchisseurs dorsaux de la cheville. L'activité EMG moyenne des muscles tibial antérieur, soléaire et gastrocnémien médial enregistrés lors de sollicitations sous-maximales concentriques et excentriques des fléchisseurs dorsaux de la cheville sont illustrés à la figure 51. Lors des sollicitations concentriques, l'EMG du tibial antérieur tend à augmenter progressivement (de 0.038 ± 0.007 à 0.05 ± 0.011 mV; de +10° à –10° d'angle de cheville, respectivement; P=0.06) au cours du mouvement. Lors des sollicitations excentriques, bien que les valeurs moyennes semblent augmenter au cours du mouvement (de 0.039 ± 0.011 à 0.049 ± 0.013 mV; de –10° à +10° d'angle de cheville, respectivement; P=0.17), ces dernières enregistrées à chaque angle ne différent pas significativement les unes des autres. En outre, aucune différence significative n'est rapportée entre les deux modes quel que soit l'angle articulaire testé. Pour les activités EMG des deux muscles antagonistes (i.e. soléaire et gastrocnémien médial), aucune différence significative n'a été rapportée ni entre les deux modes de sollicitations, ni en fonction de l'angle articulaire testé. 144 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES - ETUDE IV concentrique EMG TA (mV) 0.08 0.06 0.04 0.02 excentrique EMG SOL (mV) 0.008 0.006 0.004 0.002 concentrique EMG GM (mV) 0.008 0.006 0.004 0.002 excentrique 0.000 -10 -5 0 5 10 Angle de cheville (°) Figure 51. Effet du mode de sollicitation et de la position angulaire de la cheville lors de contractions sous-maximales (20 % de la CVM) des fléchisseurs dorsaux sur l'activité électromyographique des muscles tibial antérieur (EMG TA), soléaire (EMG SOL) et gastrocnémien médial (EMG GM). Au niveau des fléchisseurs plantaires de la cheville, lorsque ceux-ci sont agonistes du mouvement, l'activité EMG enregistrée au cours du mouvement est affectée par le mode de contraction (figure 52). Nos résultats indiquent en effet que l'activité EMG du soléaire est significativement réduite (P<0.05) lors de sollicitations excentriques comparativement au mode concentrique (0.24 ± 0.08 et 0.28 ± 0.09, respectivement). Pour le muscle gastrocnémien médial, bien que les valeurs moyennes soient plus basses lors des sollicitations excentriques (0.16 ± 0.08 vs. 0.20 ± 0.15), celles-ci ne sont pas significativement différentes de celles enregistrées en concentrique (P>0.05). 145 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES - ETUDE IV 0.4 concentrique excentrique * EMG (mV) 0.3 0.2 0.1 0.0 SOL GM Figure 52. Effet du mode de sollicitation (concentrique vs. excentrique) lors de contractions sous-maximales (50 % de la CVM) des fléchisseurs plantaires de la cheville sur l'activité EMG du soléaire (SOL) et du gastrocnémien médial (GM). Différence significative entre les deux modes : * P<0.05. IV.3.3. Modulation du réflexe H lors de sollicitations isométriques Un exemple des réponses H et Mmax enregistrées au niveau du tibial antérieur chez un sujet dont les données sont représentatives du groupe est illustré par la figure 53A. Comme on peut le voir sur cette figure ainsi que dans le tableau 5, lors de sollicitations isométriques sous-maximales, l’amplitude du réflexe H est réduite lorsque le muscle se trouve en position allongée par rapport à la position raccourcie (P<0.05). L’amplitude du Mmax n’est, quant-àelle, pas influencée par l’angle articulaire. 20 % CVM Variables –10° +10° H (mV) 0.51 ± 0.39 0.35 ± 0.22 * Mmax (mV) 5.73 ± 2.1 5.24 ± 1.73 Tableau 5. Effet de la position angulaire de la cheville sur l’amplitude des potentiels évoqués du tibial antérieur lors de contractions isométriques des fléchisseurs dorsaux. Les valeurs sont rapportées en moyenne ± ET. * P<0.05 : indique si les différences entre les deux angles (–10° et +10°) sont significatives. 146 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES - ETUDE IV A B -10° (court) +10° (long) Hmax 0.15 Hmax a 0.12 * Mmax Mmax b H / Mmax 0.5 mV 0.09 0.06 0.03 2 mV 0.00 20 ms -10° +10° Figure 53. En A: exemple d’enregistrement des réponses maximales H (a) et Mmax (b) du muscle tibial antérieur pour un individu représentatif. Ces réponses ont été obtenues lors de contractions isométriques sous-maximales (20 % de la CVM) des muscles fléchisseurs dorsaux de la cheville pour un angle de –10° (panneau de gauche) et de +10° (panneau de droite). Les flèches indiquent l’artéfact de stimulation. En B: effet de la position angulaire de la cheville (–10° et de +10°) sur le rapport H/Mmax du muscle tibial antérieur enregistré lors de contractions isométriques sous-maximales (20 % de la CVM) des muscles fléchisseurs dorsaux de la cheville. Différence significative entre les deux angles : * P<0.05 Par conséquent, dans les conditions de contractions isométriques sous-maximales, l’analyse statistique indique un effet significatif de l’angle de la cheville sur le réflexe H moyen lorsque celui-ci est normalisé par rapport au Mmax (figure 53B). Les valeurs moyennes sont réduites (–24.8 %) lorsque l’on passe de –10° à +10° d’angle de la cheville (de 0.09 ± 0.04 à 0.06 ± 0.03, respectivement ; P<0.05). IV.3.4. Modulation du réflexe H lors de sollicitations concentriques et excentriques Dans les conditions de contractions dynamiques, les modulations du mode de sollicitation en fonction de l’angle articulaire sur le rapport H/Mmax moyen du muscle tibial 147 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES - ETUDE IV antérieur sont rapportées dans la figure 55. Un exemple d’enregistrement de réflexes H pour un individu dont les données sont représentatives du groupe est également présenté à la figure 54. Ce tracé individuel montre clairement pour chaque mode de contraction une modulation linéaire du réflexe H au cours du mouvement. -10° -5° 0° +5° +10° a 1 mV b 1 mV 20 ms Figure 54. Exemple de réflexes H représentatifs enregistrés chez un individu lors de contractions concentriques (a) et excentriques (b) sous-maximales (20 % de la CVM) des muscles fléchisseurs dorsaux de la cheville. Ces réponses ont été enregistrées au niveau du muscle tibial antérieur à différents angles articulaires. Les flèches indiquent l’artéfact de stimulation. Dans les conditions de sollicitations dynamiques, l'interaction entre le mode de contraction et l'angle de la cheville ne présente aucune différence significative des rapports H/Mmax moyens (P=0.78). Bien que les valeurs apparaissent inférieures lors de contractions excentriques par rapport au mode concentrique, le rapport H/Mmax ne semble donc pas affecté par le mode de contraction pour un angle articulaire donné (figure 55). Toutefois, l’ANOVA révèle qu’un effet significatif de l’angle articulaire tout mode confondu est présent (P<0.001). Nos résultats montrent en effet que le rapport H/Mmax mesuré au niveau du tibial antérieur lors de sollicitations sous-maximales des fléchisseurs dorsaux de la cheville apparait modulé de manière linéaire en fonction de l’angle articulaire dans les deux modes de contraction (figure 55). Lorsque l’on compare les valeurs aux angles extrêmes pour un mode de contraction 148 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES - ETUDE IV donné, le rapport H/Mmax augmente de 35.9 % (de 0.07 ± 0.03 à 0.09 ± 0.04) ou diminue de 32.5 % (de 0.08 ± 0.03 à 0.06 ± 0.02) de façon significative (P<0.001) au cours des sollicitations concentriques ou excentriques, respectivement. Malgré cette modulation, le rapport H/Mmax n’est pas affecté par le mode de contraction puisqu’aucune différence significative n’est observée entre les deux modes pour un angle articulaire donné (figure 55). 0.11 concentrique † H / Mmax 0.09 0.07 0.05 † excentrique 0.03 -10 -5 0 5 10 Angle de cheville (°) Figure 55. Effet du mode de sollicitation et de la position angulaire de la cheville lors de contractions sous-maximales (20 % de la CVM) des fléchisseurs dorsaux sur le rapport H/Mmax du muscle tibial antérieur. Différence significative par rapport à la position angulaire initiale pour un mode de sollicitation donné (–10° et +10° pour le mode excentrique et concentrique, respectivement) : † P<0.001. Il est cependant intéressant de constater qu’au niveau des fléchisseurs plantaires de la cheville, lorsque ceux-ci sont agonistes du mouvement, le rapport H/Mmax enregistré pour un angle de cheville intermédiaire (0°) est affecté par le mode de contraction (figure 56). Nos résultats indiquent en effet que le rapport H/Mmax du soléaire est significativement réduit (P<0.001) lors de sollicitations excentriques comparativement au mode concentrique (0.45 ± 0.11 et 0.62 ± 0.12, respectivement). Pour le muscle gastrocnémien médial, bien que celle-ci soit moins marquée comparativement au soléaire, une diminution du rapport H/Mmax est également observée lors des sollicitations excentriques par rapport au mode concentrique (0.21 ± 0.10 vs. 0.26 ± 0.07, respectivement ; P<0.05). 149 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES - ETUDE IV 0.8 concentrique excentrique *** H / Mmax 0.6 0.4 * 0.2 0.0 SOL GM Figure 56. Effet du mode de sollicitation (concentrique vs. excentrique) lors de contractions sous-maximales (50 % CVM) des fléchisseurs plantaires de la cheville sur le rapport H/Mmax du soléaire (SOL) et du gastrocnémien médial (GM). Différence significative entre les deux modes : * P<0.05 et *** P<0.001. IV.3.5. Modulation du potentiel moteur évoqué par stimulation magnétique transcorticale lors de sollicitations isométriques Un exemple d’enregistrement des potentiels moteurs évoqués par stimulation magnétique transcorticale et des réponses Mmax du tibial antérieur pour un individu dont les données sont représentatives du groupe est présenté à la figure 57A. Comme on peut le voir sur cette figure, l’amplitude des potentiels (MEP et Mmax) n’est pas influencée chez ce sujet par l’angle articulaire lors de contractions isométriques des fléchisseurs dorsaux de la cheville. Lorsque l’amplitude du potentiel moteur évoqué est normalisée par rapport à celle du Mmax, les valeurs moyennes enregistrées dans les conditions de contractions isométriques sont de 0.16 ± 0.08 et 0.17 ± 0.06 à –10° et +10°, respectivement. A la différence du rapport H/Mmax, aucun effet de l’angle articulaire n’a, par conséquent, été observé pour le rapport MEP/Mmax moyen (figure 57B). 150 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES - ETUDE IV A B -10° (court) +10° (long) MEP 1 a 0.3 MEP 0 Mmax Mmax MEP / Mmax 0.2 0.5 mV 0.1 b 2 mV 0.0 20 ms -10° +10° Figure 57. En A: exemple d’enregistrement des potentiels moteurs évoqués par stimulation magnétique transcorticale (a: MEP) et des réponses motrices M (b: Mmax) du muscle tibial antérieur pour un individu représentatif. Ces réponses ont été obtenues lors de contractions isométriques sous-maximales (20 % de la CVM) des muscles fléchisseurs dorsaux de la cheville pour un angle de –10° (panneau de gauche) et de +10° (panneau de droite). Les flèches indiquent l’artéfact de stimulation. En B: effet de la position angulaire de la cheville (–10° et de +10°) sur le rapport entre le potentiel moteur évoqué par stimulation transcorticale et le Mmax (MEP/Mmax) du muscle tibial antérieur enregistré lors de contractions isométriques sous-maximales (20 % de la CVM) des muscles fléchisseurs dorsaux de la cheville. IV.3.6. Modulation du potentiel moteur évoqué par stimulation transcorticale lors de sollicitations concentriques et excentriques L’effet du mode de contraction en fonction de l’angle articulaire sur les potentiels moteurs évoqués par stimulation transcorticale est illustré à la figure 58. L’analyse statistique n’indique aucun effet de l’angle ni du mode de contraction. Toutefois, l’ANOVA révèle un effet "angle", tous modes confondus (P<0.05), ainsi qu’une tendance à l’effet "mode", tous angles confondus (P=0.058). A l’observation de nos résultats, les valeurs moyennes tendent (P=0.087) en effet à augmenter de manière linéaire entre les deux angles extrêmes (+10° et – 10°) lors des sollicitations concentriques (de 0.15 ± 0.05 à 0.20 ± 0.07, respectivement). Lors de sollicitations excentriques, les modulations apparaissent moins marquées comparativement au mode concentrique. Le rapport MEP/Mmax moyen tend en effet à être déprimé en début de 151 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES - ETUDE IV sollicitations excentriques (–10°) puis diminue légèrement au cours du mouvement (de 0.16 ± 0.05 à 0.13 ± 0.04). Bien qu'aucune différence significative ne soit observée entre les deux modes quel que soit l'angle articulaire, les valeurs moyennes restent inférieures en mode excentrique par rapport au mode concentrique. 0.30 concentrique 0.25 MEP / Mmax 0.20 0.15 0.10 0.05 excentrique 0.00 -10 -5 0 5 10 Angle de cheville (°) Figure 58. Effet du mode de sollicitation et de la position angulaire de la cheville lors de contractions sous-maximales (20 % de la CVM) des fléchisseurs dorsaux sur le rapport MEP/Mmax du muscle tibial antérieur. Lorsque les fléchisseurs plantaires de la cheville sont agonistes du mouvement, le rapport MEP/Mmax enregistré pour un angle de cheville intermédiaire (0°) ne semble pas affecté par le mode de contraction (figure 59). Nos résultats montrent cependant qu'une dépression du rapport MEP/Mmax semble présente pour les deux muscles au cours des sollicitations excentriques comparativement au mode concentrique. L'analyse statistique rapporte en effet des niveaux proches de la significativité pour le muscle soléaire (0.17 ± 0.08 vs. 0.20 ± 0.05 ; P=0.07). Pour le muscle gastrocnémien médial, bien que les valeurs moyennes du rapport MEP/Mmax soient plus basses (0.16 ± 0.11 vs. 0.22 ± 0.14), le seuil de significativité reste élevé (P=0.34). 152 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES - ETUDE IV 0.3 concentrique excentrique MEP/Mmax 0.2 0.1 0.0 SOL GM Figure 59. Effet du mode de sollicitation (concentrique vs. excentrique) lors de contractions sous-maximales (50 % CVM) des fléchisseurs plantaires de la cheville sur le rapport MEP/Mmax du soléaire (SOL) et du gastrocnémien médial (GM). IV.3.7. Modulation du réflexe H’ lors de sollicitations isométriques L’effet de l’angle articulaire lors de contractions sous-maximales isométriques des fléchisseurs dorsaux de la cheville sur les réponses H’ et H1 enregistrées au niveau du tibial antérieur chez un sujet dont les données sont représentatives du groupe est illustré à la figure 60A. D’après cet exemple, l’amplitude du réflexe H’ est réduite lorsque le muscle se trouve en position allongée par rapport à la position raccourcie. L’analyse statistique réalisée sur les valeurs moyennes indique effectivement que l’amplitude du réflexe H’ diminue de manière significative (P<0.01) lorsque l’on passe de –10° à +10° d'angle de cheville (0.33 ± 0.12 et 0.23 ± 0.08 mV, respectivement). Cependant, comme nous l'avons rapporté précédemment, l’amplitude du réflexe H1 est elle aussi influencée dans le même sens par l’angle articulaire (figure 60A). Par conséquent, lors de sollicitations isométriques sous-maximales des fléchisseurs dorsaux, le rapport H’/H1 moyen mesuré au niveau du tibial antérieur n’est pas statistiquement modifié (P>0.05) par l’angle articulaire lorsque l’on passe de –10° à +10° d’angle de cheville (0.58 ± 0.19 et 0.53 ± 0.2, respectivement ; figure 60B). 153 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES - ETUDE IV A B -10° (court) H’ a +10° (long) 0.9 H’ 0.6 H1 b H' / H1 0.5 mV H1 0.3 0.5 mV 0.0 20 ms -10° +10° Figure 60. En A: exemple d’enregistrement des réponses H’ (a) et H1 (b) au niveau du muscle tibial antérieur pour un individu représentatif. Ces réponses ont été obtenues lors de contractions isométriques sous-maximales (20 % de la CVM) des muscles fléchisseurs dorsaux de la cheville pour un angle de –10° (panneau de gauche) et de +10° (panneau de droite). Les flèches indiquent les artéfacts de stimulation (stimulation conditionnante suivie ou non de la stimulation supramaximale). En B: effet de la position angulaire de la cheville sur le rapport H’/H1 du muscle tibial antérieur enregistré lors de contractions isométriques sous-maximales (20 % de la CVM) des fléchisseurs dorsaux de la cheville. IV.3.8. Modulation du réflexe H’ lors de sollicitations concentriques et excentriques sous-maximales Les modulations de l’amplitude du réflexe H’ enregistré au niveau du tibial antérieur en fonction du mode de contraction et de l’angle articulaire pour un sujet représentatif du groupe sont illustrées à la figure 61. Ces tracés montrent clairement une augmentation importante de l’amplitude de ce réflexe au cours de la sollicitation concentrique. Le mode excentrique semble par contre associé à une dépression des potentiels H’ ainsi qu’à une modulation moins marquée par rapport au mode concentrique. 154 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES - ETUDE IV -10° -5° 0° +5° +10° a b 0.5 mV 20 ms Figure 61. Exemple de réflexes H’ représentatifs enregistrés chez un individu lors de contractions concentriques (a) et excentriques (b) sous-maximales (20 % de la CVM) des muscles fléchisseurs dorsaux de la cheville. Ces réponses ont été enregistrées au niveau du muscle tibial antérieur à différents angles articulaires. Les flèches indiquent les deux artéfacts de stimulation (stimulation conditionnante suivie de la stimulation supramaximale). Lorsque l’amplitude du réflexe H’ est normalisée par rapport à celle du réflexe H1, les valeurs moyennes montrent également une modulation différente entre les deux modes de contractions en fonction de l’angle articulaire (figure 62). Lors de sollicitations concentriques, le rapport est modulé de manière linéaire avec l’angle articulaire, comme cela a été observé au niveau du rapport H/Mmax. Il présente en effet des valeurs supérieures (P<0.001) en fin de mouvement lorsque le muscle est raccourci (–10°) comparativement au début du mouvement (+10°). Ce rapport augmente progressivement de 50.2 % (de 0.31 ± 0.1 à 0.62 ± 0.29) au fur et à mesure que le muscle se raccourci en mode concentrique. Par contre, lors de sollicitations excentriques, bien qu’une légère diminution soit observée avec l’allongement du muscle, aucun effet significatif de l’angle de la cheville n’est rapporté. En outre, pour un angle de cheville de –10°, le rapport H’/H1 est significativement diminué en mode excentrique par rapport au mode concentrique (0.37 ± 0.11 ; P<0.001). Étant donnée la modulation de ce rapport en mode concentrique et malgré cette dépression marquée du rapport en début du mouvement excentrique, les valeurs moyennes ne sont plus statistiquement différentes entre les deux modes aux positions raccourcies du muscle (à +5° et +10° d’angle de cheville). 155 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES - ETUDE IV 0.9 concentrique † 0.7 H' / H1 ‡ 0.5 ‡ *** ** ** 0.3 excentrique 0.1 -10 -5 0 5 10 Angle de cheville (°) Figure 62. Effet du mode de sollicitation et de la position angulaire de la cheville lors de contractions sous-maximales (20 % de la CVM) des fléchisseurs dorsaux sur le rapport H’/H1 enregistré au niveau du muscle tibial antérieur. Différence significative entre les deux modes (concentrique et excentrique) pour un angle donné : ** P<0.01 et *** P<0.001. Différence significative par rapport à la position angulaire initiale pour un mode de sollicitation donné (–10° et +10° pour le mode excentrique et concentrique, respectivement) : ‡ P<0.01 et † P<0.001. IV.4. Discussion Le premier objectif de notre étude était d’analyser au niveau du muscle tibial antérieur l’effet de l’angle articulaire de la cheville sur les modulations des activités réflexes et du potentiel moteur évoqué par stimulation transcorticale lors de sollicitations isométriques, concentriques et excentriques des fléchisseurs dorsaux. Cette étude montre que le rapport H/Mmax est différent en fonction de l’angle lors de sollicitations isométriques, ce qui n’est pas le cas des rapports MEP/Mmax et H’/H1. Lors de sollicitations dynamiques, le rapport H/Mmax est modulé de manière linéaire en fonction de l'angle quel que soit le mode. Cependant, aucune différence entre les deux modes de contractions n'est observée. Par contre, pour le MEP/Mmax et le H’/H1, les modulations sont différentes lors de sollicitations dynamiques, puisque le mode excentrique s’accompagne d’une dépression de ces rapports en début de mouvement et d’une moindre modulation en fonction de l’angle. 156 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES - ETUDE IV Le second objectif était de vérifier si l’effet du mode de sollicitation sur le réflexe H et le potentiel moteur évoqué est plus ou moins marqué pour des groupes musculaires dont la sensibilité aux inhibitions est différente. Ces modulations ont été étudiées lors de flexions plantaires concentriques et excentriques des muscles soléaire et gastrocnémien médial pour une angulation de cheville intermédiaire. Nos résultats montrent un effet du mode de sollicitation sur ces deux muscles avec une dépression des rapports H/Mmax et MEP/Mmax plus marquée en mode excentrique pour le muscle soléaire connu pour être plus sensible aux inhibitions. IV.4.1. Considérations méthodologiques L’interprétation physiologique précise des modulations du réflexe H doit être réalisée avec précautions car de nombreux facteurs sont susceptibles d’altérer le signal (Zehr 2002). Les résultats peuvent en effet être influencés par les conditions expérimentales. Lorsque différents angles articulaires sont investigués, de possibles modifications des conditions de stimulations d’une part et de la configuration volumétrique entre les électrodes et le muscle d’autre part, sont susceptibles de modifier l’allure des réponses enregistrées (Farina et coll., 2004, Keenan et coll., 2005). Dans le but de contrôler la stabilité des conditions expérimentales aux différents angles articulaires, toutes les réponses ont donc été normalisées par rapport au Mmax enregistré aux mêmes angles articulaires. En outre, l’amplitude de l’onde M qui accompagne le réflexe H et celle de l’onde Mmax ont été étudiées à chaque angle tant pour les conditions isométriques que dynamiques. L’absence de modifications des ces paramètres selon le mode de sollicitation, l’angle et les sessions de test indiquent que les modulations du réflexe H ne sont pas attribuées à des modifications des conditions d’enregistrement et de stimulation mais bien à des mécanismes nerveux intervenant au niveau spinal et/ou supraspinal. Les mêmes considérations méthodologiques peuvent être formulées sur les conditions d'enregistrements des potentiels moteurs évoqués par stimulation magnétique transcorticale. Ainsi, les réponses ont-elles aussi étaient normalisées par rapport au Mmax enregistré dans les mêmes conditions d'angle et de mode de contraction. Par ailleurs, l’estimation du niveau d’inhibition récurrente à partir du réflexe H’ nécessite également de prendre certaines précautions. En effet, les réflexes H’ ("conditionné") et H1 ("conditionnant") sont tout les deux soumis au même type d'influences facilitatrices et/ou inhibitrices susceptibles de modifier l'allure de la réponse. Par contre, seul le réflexe H' est soumis à 157 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES - ETUDE IV l'inhibition récurrente évoquée par le conditionnement de la volée réflexe H1. Il est donc indispensable de normaliser la réponse H' par rapport à la réponse H1 afin de s'affranchir d'autres influences inhibitrices. Par ailleurs, une autre considération méthodologique dont il convient de prendre en compte implique la typologie ainsi que les caractéristiques sensorielles du muscle investigué. Les modifications (inhibition ou facilitation) de l’efficacité de la transmission dépendent du motoneurone cible, une inhibition étant le plus souvent observée pour les motoneurones correspondant aux unités motrices lentes. Le soléaire étant composé d’une plus grande proportion de fibres lentes par rapport aux muscles gastrocnémien médial et tibial antérieur (Johnson et coll., 1973), celui-ci présentera une sensibilité aux inhibitions plus importante. En outre, le soléaire possède un nombre et une densité de fuseaux neuromusculaires importante comparativement aux autres muscles du corps humain (Voss, 1971). Cela implique que les afférences sensorielles et donc que la quantité d’inhibition présynaptique affectant le pool de motoneurones du soléaire seront plus importants. Par ailleurs, du fait de leur taille et de leur disposition géométrique, les afférences Ia du nerf poplité postérieur sont habituellement plus faciles à recruter comparativement à celles du nerf fibulaire profond (Zehr, 2002). Il sera donc plus difficile d'évoquer un réflexe H au niveau du tibial antérieur qu'au niveau des muscles du triceps sural (Cowan et coll., 1986). Par conséquent, l’absence d’effet du mode de sollicitation sur la réduction de l’amplitude du réflexe H du tibial antérieur peut être liée au faible recrutement des motoneurones α (2-17 % et 7-79 % du Mmax, pour les muscles tibial antérieur et soléaire, respectivement) et/ou au fait que ce dernier soit moins sensible aux mécanismes inhibiteurs périphériques. Enfin, les différentes conditions expérimentales investiguées entre les sessions portant sur les fléchisseurs dorsaux et celles portant sur les fléchisseurs plantaires de la cheville sont susceptibles d'avoir modifié la balance "excitation-inhibition" affectant le pool de motoneurones entre les différents muscles testés. Dans notre étude, le niveau d'activation, la vitesse et la plage angulaire explorés au cours des sessions 3 et 4 étaient supérieurs par rapport aux deux premières sessions. Tout d'abord, comme l'ont rapporté certaines études (Romanò et Schieppati, 1987, Duclay et coll., 2008), des vitesses angulaires plus élevées auront pour effet d'accentuer la dépression du réflexe H du soléaire et du gastrocnémien médial lors des sollicitations excentriques sous-maximales. De plus, lorsque le muscle est au repos, la dépression du réflexe H est positivement corrélée à l'amplitude de l'allongement musculaire (Guissard et coll., 1988). Toutefois, l'augmentation du niveau d'activation semble induire des modulations inverses des réponses évoquées. En effet, il a été rapporté que le 158 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES - ETUDE IV rapport H/Mmax du muscle soléaire était potentialisé avec l’intensification de la commande volontaire lors de sollicitations excentriques (Nordlund et coll., 2002, Duclay et coll., 2005, 2008) alors qu'il n’était pas modifié malgré l’intensification de la commande descendante dans le cas de sollicitations concentriques (Nordlund et coll., 2002). Ainsi, bien que leur influence respective ne puisse être contrôlée dans notre étude, ces deux mécanismes auront un effet opposé sur la balance "excitation-inhibition" lors des sollicitations excentriques des fléchisseurs plantaires de la cheville. IV.4.2. Modulations spinales/supraspinales lors de sollicitations isométriques Dans cette étude, les modulations de la boucle spinale en fonction de l’angle articulaire lors de contractions volontaires isométriques n’ont été analysées que pour le muscle tibial antérieur. Dans les investigations précédentes, il se dégage des travaux relatifs à l’excitabilité spinale que dans des conditions passives et statiques l'amplitude du réflexe H dépend de l’angle articulaire testé et donc de la longueur du muscle (Robinson et coll., 1982, Etnyre et Abraham, 1986, Gerilovsky et coll., 1989, Guissard et coll., 2001, Hwang, 2002, Patikas et coll., 2004). D’après ces études réalisées sur le muscle soléaire, l’amplitude du réflexe H, qu’elle soit ou non normalisée par rapport au Mmax, est réduite lorsque le muscle se trouve en position allongée. En outre, comme nous venons de l'évoqué, lorsque le muscle est au repos, la réduction du réflexe H sera d'autant plus marquée que l’allongement musculaire sera important (Guissard et coll., 2001). Cependant, aucune étude à notre connaissance ne s’est intéressée aux modulations du réflexe H en fonction de la longueur du muscle lorsque celui-ci est volontairement activé. Or, dans ces conditions d'activation volontaire, une potentiation de l’amplitude du réflexe H est habituellement rapportée avec l’intensité de la contraction musculaire (Upton et coll., 1971, Burke et coll., 1989, Butler et coll., 1993). Nos travaux montrent pour la première fois des résultats similaires à ceux observés sur le muscle au repos. Bien que le muscle soit activé de manière sous-maximale, il apparait en effet qu’une modification de 20° de l’angle de la cheville autour de la position neutre (+/– 10°) soit suffisante que pour modifier la longueur du muscle tibial antérieur (cf. étude II) et réduire l’amplitude du réflexe H. Cette dépression de l’amplitude du réflexe H lors de contractions isométriques suggère que l’allongement du muscle lui-même induit une réduction de l'excitabilité spinale. 159 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES - ETUDE IV L'analyse du réflexe H permet d’estimer le degré d’excitabilité du pool de motoneurones α et l'efficacité de la transmission synaptique entre les fibres Ia et les motoneurones α. Au repos, les modulations du réflexe H observées lorsque le muscle se trouve en position allongée sont classiquement associées à une dépression homosynaptique de la capacité de transmission au niveau du bouton terminal lors d’activation répétitive (Crone et Nielsen, 1989, Hultborn et coll., 1996, Kohn et coll., 1997) et/ou des mécanismes d’inhibitions présynaptiques des afférences Ia (Delwaide 1973, Rudomin 1990, Guissard et coll., 2001). L’activité des fuseaux neuromusculaire est augmentée lorsque le muscle se trouve en position allongée par rapport à la position raccourcie (Burke et coll., 1978). C’est pourquoi, les mécanismes présynaptiques dont nous savons qu'ils sont régulés de manière centrale et périphérique (Hultborn et coll., 1987, Morita et coll., 1998) sont susceptibles d’expliquer cette dépression du rapport H/Mmax observée dans notre étude. Ces mécanismes inhibiteurs vont en effet permettre de moduler l’augmentation du retour sensoriel Ia lorsque le muscle est allongé en réduisant l’efficacité de la transmission synaptique entre le motoneurone α et l’afférence Ia (Burke et coll., 1978, Hulliger et coll., 1985). En outre, une dépression du réflexe H avec l’allongement du muscle est susceptible d'être initiée par des mécanismes d'inhibitions postsynaptiques, qu'ils soient d'origine centrale ou périphérique. Au niveau central, les afférences supraspinales peuvent jouer un rôle important dans la modulation du circuit réflexe. L’étude des potentiels moteurs évoqués par stimulation magnétique transcorticale, permet de quantifier le niveau d'excitabilité des neurones corticaux et du pool de motoneurones α (Devanne et coll., 1997). Nos résultats ne montrent cependant pas de modifications du rapport MEP/Mmax avec l’allongement du muscle tibial antérieur lorsque celui-ci est volontairement activé. De plus, le niveau d'activité EMG du muscle tibial antérieur n'était pas différent entre les deux longueurs. Par conséquent, lors de sollicitations isométriques sous-maximales, la réduction du réflexe H avec l’allongement du muscle tibial antérieur lorsque l’on passe de –10° à +10° d’angle de la cheville, ne semble pas être associée à une réduction de l'excitabilité du pool de motoneurones mais bien à des mécanismes agissant au niveau présynaptique. Des résultats plus nuancés ont été rapportés par les travaux de Guissard et collaborateurs sur le muscle soléaire au repos (2001). Ces auteurs ont en effet montré que l’amplitude du potentiel moteur évoqué par stimulation magnétique transcorticale lorsque le muscle est relâché, n’est réduite que pour une grande amplitude articulaire et donc un allongement musculaire important. La réduction concomitante de la réponse réflexe et du potentiel moteur évoqué dans ces conditions, ont conduit les auteurs à suggérer que l’allongement du muscle s’accompagnait d’une réduction de l’excitabilité motoneuronale 160 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES - ETUDE IV probablement influencée par des mécanismes d’inhibitions présynaptique aux faibles longueurs auxquels s’ajoutent des mécanismes postsynaptiques aux longueurs extrêmes. Les variations de longueur engendrées dans notre étude n'étaient sans doute pas suffisantes que pour solliciter ces seconds mécanismes. En outre, il est possible que le niveau d'activation investigué dans notre étude ait permis de compenser la réduction d'afférences facilitatrices périphériques que reçoit le pool de motoneurones et par conséquent de réduire les inhibitions inhérentes à l'allongement du muscle. Au niveau périphérique, lorsque le muscle est volontairement activé, un déficit du rapport H/Mmax peut être influencé non seulement par une moindre excitabilité des motoneurones α, mais également par des mécanismes postsynaptiques tels que l’inhibition réciproque, l’inhibition issue des afférences Ib et l'inhibition récurrente via les cellules de Renshaw. La coactivation d’un muscle nous renseigne indirectement quant à l’impact de l’inhibition réciproque sur le niveau d’excitabilité du pool de motoneurones de son antagoniste (Crone et Nielsen, 1994, Pyndt et coll., 2003). La stimulation des afférences Ia d’un muscle provoque en effet une inhibition des motoneurones α du muscle antagoniste par l’intermédiaire de projections sur l’interneurone inhibiteur des afférences Ia (Laporte et Lloyd, 1952). L’inhibition réciproque peut également avoir pour origine la commande centrale descendante puisque celle-ci agit à la fois sur le pool de motoneurones, sur l’inhibition présynaptique (Meunier et Pierrot-Deseilligny, 1998, Lévénez et coll., 2008) ainsi que sur l'interneurone de l'inhibition réciproque (Crone et Nielsen, 1994). Une éventuelle augmentation du niveau de coactivation des muscles antagonistes pourrait ainsi être à l’origine d’une moindre capacité du système neuromusculaire à activer les motoneurones α des muscles via l’inhibition réciproque. Nos résultats ne rapportent cependant pas de modifications du niveau de coactivation lors de contractions isométriques en fonction de la longueur du muscle. De plus, le niveau de contraction investigué dans notre étude (20 % de la CVM) n'est probablement pas suffisant que pour induire une coactivation importante des muscles soléaire et gastrocnémien médial (Lévénez et collaborateurs, données non publiées). En effet, les activités EMG moyennes enregistrées au niveau des muscles antagonistes sont relativement faibles. Par conséquent, les mécanismes d'inhibition réciproque ne permettraient pas d'expliquer le déficit du rapport H/Mmax observé dans notre étude avec l'allongement du muscle. Au niveau postsynaptique, l’amplitude du réflexe H peut également être modulée par l'inhibition récurrente de Renshaw (Bussel et Pierrot-Deseilligny, 1977, Hultborn et coll., 1979). Afin d’estimer les modifications de ce mécanisme nerveux au niveau du pool de motoneurone, nous avons analysé le rapport H’/H1 au niveau du muscle tibial antérieur 161 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES - ETUDE IV (Bussel et Pierrot-Deseilligny, 1977). Bien que les changements d'amplitude du réflexe conditionnant (H1) aient pu affecter les résultats, l'absence de modifications du rapport H’/H1 entre les deux angles investigués dans notre étude suggère que lors de sollicitations isométriques, ces mécanismes d'inhibition récurrente ne sont pas modulés en fonction de l'angle articulaire. Par ailleurs, la stabilité des rapports MEP/Mmax et H'/H1 entre les deux angles testés renforce l'hypothèse selon laquelle l'excitabilité du pool de motoneurone n'est pas modifiée avec l'allongement du tibial antérieur dans ces conditions de contraction isométrique. Enfin, bien que nos outils méthodologiques n'aient pas permis de tester son impact, des mécanismes d’inhibition autogène induits par les afférences Ib issues des organes tendineux de Golgi peuvent également moduler l’amplitude du réflexe H. Ces récepteurs spécifiquement sensibles à la tension musculaire développée, sont susceptibles de réduire l'excitabilité du pool de motoneurones lorsqu'un muscle est allongé et/ou contracté de manière importante (Houk et coll., 1971, Jami, 1992). Ce mécanisme a souvent été tenu responsable d'une réduction de l'excitabilité spinale dans le but de préserver l’intégrité du système musculaire (Aagaard et coll., 2000). Toutefois, l'absence de modifications du rapport MEP/Mmax indique que la contribution de l’inhibition Ib est vraisemblablement limitée dans notre étude. De plus, son action inhibitrice étant plus marquée lors de contractions d’intensité élevée (Proske et Gregory, 1980), les faibles niveaux de contractions investigués réfutent l'idée que ce mécanisme ait joué un rôle majeur. Lors de contractions isométriques sous-maximales, la dépression du rapport H/Mmax lorsque le muscle est allongé, malgré un certain maintien de l’excitabilité corticospinale, dépendrait donc de la mise en jeu de mécanismes inhibiteurs principalement localisés en amont des motoneurones (transmission synaptique). IV.4.3. Modulations spinales/supraspinales lors de sollicitations concentriques et excentriques La majorité des études qui se sont intéressées aux modifications de la balance "excitation-inhibition" lors de sollicitations dynamiques, n’ont fait que comparer les valeurs pour un angle donné. Nos travaux ont permis pour la première fois d’analyser leur modulation à différents angles pendant le mouvement. Lors de sollicitations dynamiques sous-maximales des fléchisseurs dorsaux de la cheville, nos résultats montrent que le rapport H/Mmax du tibial 162 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES - ETUDE IV antérieur est modulé de manière linéaire en fonction de l'angle articulaire. En outre, bien que les valeurs moyennes apparaissent inférieures lors des sollicitations excentriques comparativement au mode concentrique, l'analyse statistique ne montre aucune différence significative entre les deux modes aux différents angles investigués. En effet, bien que le rapport H/Mmax augmente et diminue progressivement au cours de contractions concentriques et excentriques, respectivement, celui-ci ne semble pas affecté par le mode pour un angle articulaire donné. Ces résultats indiquent qu'au niveau du tibial antérieur, l'excitabilité de la boucle spinale est bien modulée en fonction de l'angle articulaire et donc de l'allongement ou du raccourcissement musculaire, mais que ces modulations sont similaires entre les deux modes. Il est intéressant de constater qu’au niveau des fléchisseurs plantaires de la cheville, lorsque ceux-ci sont agonistes du mouvement, le rapport H/Mmax enregistré pour un angle de cheville intermédiaire (0°) est réduit lors de sollicitations excentriques comparativement au mode concentrique. Dans des conditions de sollicitations passives, la plupart des précédentes études ont également rapporté que le mode excentrique s'accompagnait d'une dépression du réflexe H par rapport au mode concentrique (Romanò et Schieppati, 1987, Pinniger et coll., 2001, Nordlund et coll., 2002, Duclay et Martin, 2005, Duclay et coll., 2008). Comme nous l'avons évoqué précédemment, l'activité accrue des fuseaux neuromusculaires au cours de l'allongement du muscle augmente les volées afférentes Ia et s'accompagne d'une réduction de l’efficacité de la transmission synaptique. Ce déficit de la réponse des motoneurones aux afférences fusoriales peut par ailleurs être compensé par la commande descendante comme en témoigne l'augmentation de l'amplitude du réflexe H lorsque le muscle est volontairement activé en excentrique (Nordlund et coll., 2002). Cependant, malgré cette potentialisation, le rapport H/M reste toujours inférieur comparativement aux sollicitations concentriques (Nordlund et coll., 2002, Duclay et Martin, 2005). Nos résultats portant sur le soléaire sont en accord avec ces observations. Ils mettent en évidence que la balance "excitation-inhibition" affectant le pool de motoneurones bien que facilitée par la commande nerveuse descendante reste réduite lors de sollicitations sous-maximales excentriques. Ceci ne semble pourtant pas être le cas en ce qui concerne le muscle tibial antérieur puisqu'aucune différence du rapport H/Mmax n'a été observée lors de sollicitations concentriques et excentriques sous-maximales. Cette différence de comportement entre ces groupes musculaires est d'autant plus remarquable que le niveau de couple de force investigué était moindre pour les fléchisseurs dorsaux comparativement aux fléchisseurs plantaires de la cheville (20 % vs. 50 % de la CVM). Dans ces conditions, l'effet facilitateur sur l'excitabilité du pool de motoneurones aurait du être moins marqué au niveau du tibial antérieur. Comme nous l'avons précédemment évoqué, ces 163 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES - ETUDE IV résultats divergents entre les différents groupes musculaires investigués dans notre étude, peuvent s'expliquer par une moindre sensibilité à l'inhibition présynaptique du pool de motoneurones du muscle tibial antérieur par rapport au soléaire. Cette hypothèse est en accord avec plusieurs travaux ayant montré que l'amplitude, la stabilité et la facilité d'évocation du réflexe H du muscle tibial antérieur étaient moins élevées comparativement à plusieurs autres groupes musculaires (Garcia et coll., 1979, Cowan et coll., 1986, Jusic et coll., 1995). En outre, Brooke et collaborateurs (1997) ont rapportés des modulations importantes (40-60%) du réflexe H du soléaire lors d'un cycle de pédalage tandis que le tibial antérieur n'était quasiment pas altéré (2%). Cette différence pourrait donc expliquer le fait que le rapport H/Mmax ne soit pas affecté par le mode de contraction dans notre étude. L'absence d'une dépression marquée du rapport H/Mmax lors des sollicitations excentriques peut par ailleurs s'expliquer par une modulation similaire des afférences sensorielles entre les deux modes. L’étude de Petersen et collaborateurs (2007) portant sur l’analyse de la probabilité d’activation d’une unité motrice du muscle tibial antérieur en réponse à une stimulation électrique des afférences Ia, a en effet suggéré que pour de faibles niveaux de contraction (< 2-3 % de la CVM), les phénomènes d’inhibitions présynaptiques n’étaient pas différents entre les deux modes de sollicitation. De plus, dans leur étude portant sur le même muscle, Burke et collaborateurs (1978) ont rapporté que lors de sollicitations concentriques, la fréquence d'activation des afférences fusoriales augmentait davantage avec le niveau d'activation musculaire par rapport au mode excentrique. D'après ces auteurs, lors de contractions concentriques volontaires, la co-activation α-γ serait prédominante afin d'augmenter la sensibilité fusoriale lorsque le muscle se raccourci. Cependant, pour des niveaux de couple de force sous-maximaux, ces fréquences d'activation des afférences Ia restent inférieures comparativement au mode excentrique (Burke et coll., 1978). Ainsi, la faible dépression du rapport H/Mmax observée lors des sollicitations excentriques, suggère que sur le pool de motoneurones du muscle tibial antérieur, le retour sensoriel Ia est davantage réduit au niveau présynaptique comparativement au mode concentrique. Malgré une inhibition présynaptique probablement plus marquée lors des sollicitations excentriques, il apparait que pour les deux modes de contraction celle-ci est modulée de manière similaire en fonction de la longueur du muscle. Les afférences supraspinales peuvent également jouer un rôle important dans la modulation de l'excitabilité du pool de motoneurones α. Dans notre étude, les modulations du rapport MEP/Mmax du tibial antérieur en fonction de l'angle apparaissent moins marquées par 164 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES - ETUDE IV rapport au rapport H/Mmax. Seul un effet de l'angle articulaire tous modes confondus a été rapporté dans notre étude. Lors des sollicitations concentriques, le rapport MEP/Mmax tend à augmenter indiquant que l'excitabilité de la voie corticospinale augmente au fur et à mesure que le muscle se raccourci. Lors de sollicitations excentriques, les modulations du MEP/Mmax du tibial antérieur paraissent moins importantes comparativement au mode concentrique. Nos résultats indiquent que celui-ci tend en effet à être déprimé au cours des sollicitations excentriques par rapport au mode concentrique. De même, le rapport MEP/Mmax enregistré au niveau des fléchisseurs plantaires de la cheville, lorsque ceux-ci sont agonistes du mouvement, tend à diminuer lors des sollicitations excentriques comparativement au mode concentrique. Les différents groupes musculaires investigués dans notre étude semblent donc être modulés de la même manière en fonction du mode de sollicitation. Les études ayant traité des modulations du potentiel moteur évoqué par stimulation magnétique transcorticale au niveau du biceps brachial, du brachoradial (Abruzzese et coll., 1994, Sekiguchi et coll., 2001) et du soléaire (Sekiguchi et coll., 2003) ont montré une réduction de son amplitude lors de sollicitations excentriques. Ainsi, le mode excentrique est habituellement associé à une moindre excitabilité de la voie corticospinale. Au niveau des muscles soléaire et gastrocnémien médial, les modulations similaires du réflexe H et du potentiel moteur évoqué par stimulation transcorticale en fonction du mode suggèrent que pour ces muscles, la majeure partie des inhibitions s'opère au niveau présynaptique. Par contre, la tendance à la dépression du rapport MEP/Mmax observée au niveau du muscle tibial antérieur malgré l'absence d'une dépression du rapport H/Mmax au début du mouvement excentrique, suggère que d'autres mécanismes inhibiteurs sont mis en jeu au niveau du pool de motoneurone de ce muscle. Le niveau de coactivation des muscles antagonistes n'étant pas différent entre les deux modes, les mécanismes d'inhibition réciproques ne semblent pas être à l’origine d’une moindre capacité du système neuromusculaire à activer les motoneurones α lors des sollicitations excentriques. Par ailleurs, l'évolution du rapport H’/H1 au niveau du muscle tibial antérieur suggèrent que lors de sollicitations dynamiques, les mécanismes d'inhibition récurrente de Renshaw sont modulés différemment en fonction du mode de contraction. Nos résultats révèlent en effet une dépression marquée du rapport H’/H1 dès le début du mouvement excentrique. A l'inverse, lors des sollicitations concentriques, le rapport H’/H1 est modulé de la même manière que pour le rapport H/Mmax, à savoir que celui-ci augmente progressivement au cours du raccourcissement musculaire. La réduction du rapport H’/H1 lors de contractions excentriques témoigne donc de l'intervention plus prononcée de l'inhibition 165 CHAPITRE II : DONNEES EXPERIMENTALES - ETUDE IV récurrente par rapport aux contractions concentriques. Ce mécanisme, rendant temporairement les motoneurones moins excitables, est ainsi susceptible de limiter le niveau d'excitabilité du pool de motoneurones α lors des sollicitations excentriques (Bussel et Pierrot-Deseilligny, 1977). En conclusion, ces résultats indiquent que le degré d’inhibition présynaptique affectant le pool de motoneurones du muscle tibial antérieur lors de sollicitations actives du muscle, dépend davantage de l’angle articulaire et donc de la longueur du muscle plutôt que du mode de contraction. Lors de sollicitations isométriques, l'augmentation des afférences fusoriales lorsque le muscle est allongé semble en effet principalement contrôlée au niveau présynaptique en fonction de la longueur du muscle. Lors de sollicitations concentriques et excentriques, ces mécanismes réguleraient la transmission entre les afférences fusoriales et le motoneurone de manière similaire entre les deux modes. Néanmoins, bien que l'inhibition présynaptique soit probablement plus marquée lors des sollicitations excentriques, ce mode de contraction semble également régulé par des mécanismes d'inhibition intervenant au niveau postsynaptique tel que l'inhibition récurrente de Renshaw. Enfin, nos résultats indiquent que l’importance des modulations présynaptiques dépend également de la sensibilité du muscle investigué aux changements de longueur. 166 CHAPITRE III DISCUSSION GENERALE ET CONCLUSION CHAPITRE III – DISCUSSION GENERALE ET CONCLUSION CHAPITRE III : DISCUSSION GENERALE ET CONCLUSION Le système nerveux central utilise deux mécanismes de bases pour moduler la force développée par le muscle. La gradation de la force va en effet dépendre du nombre d'unités motrices recrutées et de la fréquence à laquelle ces dernières sont activées (Desmedt et Godaux, 1977). Henneman, en 1957, a montré que les différentes unités motrices étaient activées lors d’une contraction volontaire selon des séquences reproductibles et rigides. En effet, les unités motrices sont recrutées en fonction de la taille de leur motoneurone. Ainsi, les grandes unités motrices dîtes "rapides" sont activées après les plus petites dîtes "lentes". Ce phénomène appelé "principe de la taille" a été étudié par différents auteurs depuis Henneman et ne semble pas modifié par l’entraînement (Hainaut et coll., 1981, Van Cutsem et coll., 1998), ni par l’immobilisation prolongée (Duchateau et Hainaut, 1990). Toutefois, selon certains auteurs, lorsque le muscle activé s'allonge (i.e. contraction excentrique), il y aurait une modification du comportement des unités motrices (Nardone et coll., 1989, Howell et coll., 1995, Linnamo et coll., 2003). Bien que lors de sollicitations excentriques la commande descendante semble modifiée par rapport aux autres modes de contractions, l’hypothèse d’une stratégie particulière de recrutement des unités motrices de la part du système nerveux central selon le type de contraction ne fait pourtant pas l’unanimité. Dans cette dernière partie de notre dissertation doctorale, nous discuterons, en rapport avec l'ensemble de nos résultats expérimentaux, des possibles stratégies d'activation mises en place par le système nerveux central lors de contractions de type excentrique. Nous orienterons ensuite notre discussion sur l'origine spinale et/ou supraspinale des modulations de la fréquence de décharge et du recrutement des unités motrices en fonction du mode de contraction. Stratégie de contrôle spécifique adoptée par le système nerveux central au cours d’activations volontaires de type excentriques. L’objectif de nombreuses études a été d’identifier l’existence ou non d’une stratégie de contrôle spécifique adoptée par le système nerveux central au cours d’activations volontaires et particulièrement lors de contractions de type excentriques. La réponse la plus conservatrice serait que le système nerveux règle simplement la quantité d'activation du muscle, et par 168 CHAPITRE III – DISCUSSION GENERALE ET CONCLUSION conséquent le couple de force exercé, de sorte que quand celui-ci est inférieur à celui exercé par la charge, la contraction résultante est de type excentrique. Dans ce cas de figure, l’activation des motoneurones innervant le muscle est indépendante du type de contraction (i.e. isométrique, concentrique, excentrique), et seule l'intensité d'activation est modulée selon le couple de force souhaité. Cette situation permettrait au système nerveux d'utiliser une stratégie simple pour activer les motoneurones impliqués dans les différents types de contractions du muscle. La seconde alternative est qu'au cours d’actions volontaires, la capacité du muscle à produire un niveau de couple de force donné résulterait d'une stratégie de contrôle spécifique adoptée par le système nerveux central pour activer le pool d’unités motrices lors de sollicitations excentriques. Bien que plusieurs mécanismes périphériques soient susceptibles de réguler l’activation nerveuse au niveau spinal, Enoka (1996) a tout d'abord suggéré que le système nerveux central commande la contraction excentrique différemment comparativement aux autres modes de contraction. Au moyen d'enregistrements électro-encéphalograpiques, Fang et collaborateurs (2001, 2004) ont en effet constaté que les potentiels cérébraux associés à la préparation du mouvement étaient plus amples et plus précoces lors de contractions excentriques sous-maximales (Fang et coll., 2001) et maximales (Fang et coll., 2004) des muscles fléchisseurs du coude, comparativement au régime de contraction concentrique. Ces résultats originaux indiquent que les sollicitations excentriques seraient associées à une utilisation d’un plus grand nombre d’aires fonctionnelles ou de neurones corticaux par le cortex cérébral. Un nouvel argument en faveur d'une commande spécifique en excentrique a été apporté par les travaux de Grabiner et Owings (2002). Les auteurs ont montré que, quel que soit le mode de contraction imposé, l’activité EMG initiale enregistrée pendant la phase isométrique précédant le déclenchement du mouvement est réduite lorsque les sujets s'attendent à réaliser une contraction excentrique comparativement à une contraction concentrique. Par conséquent, le contrôle du système nerveux central se ferait "à priori" selon le mode de sollicitation. Ces observations indiquent que l'activation musculaire serait liée à une programmation du mouvement spécifique au mode de contraction excentrique. L'observation de comportements mécaniques et électriques différents en excentrique soutient l’idée d'une stratégie d'activation particulière de la part du système nerveux central. Lors de sollicitations excentriques maximales, le comportement mécanique du muscle volontairement activé chez l’homme diffère visiblement de celui observé d’après les 169 CHAPITRE III – DISCUSSION GENERALE ET CONCLUSION expérimentations réalisées chez l’animal, sur le muscle entier ou la fibre isolée (Gordon, 1982, Westing et coll., 1988). La force produite in vitro en contraction excentrique dépasse celle développée en contraction isométrique (Katz, 1939, Edman et coll., 1978, Morgan et coll., 2000). Chez l’humain, l’accroissement du couple de force lors de contractions volontaires excentriques n’est en effet pas présent pour tous les groupes de muscles étudiés et semble être indépendant de la vitesse d’allongement (Westing et coll., 1991, Aagaard et coll., 2000, Pinniger et coll., 2000). Les résultats de plusieurs études ayant utilisé la technique de la secousse surimposée (Merton en 1954), ont ainsi rapporté qu'un déficit d'activation lié à une diminution de la commande nerveuse était présent lors de contractions excentriques (Dudley et coll., 1990, Westing et coll., 1990, Amiridis et coll., 1996, Babault et coll., 2001, Beltman et coll., 2004). L'hypothèse d'une activation sous-optimale en excentrique est en accord avec plusieurs études qui ont montré que pour une même vitesse angulaire, l’activité EMG est généralement plus faible lors de contractions excentriques maximales par rapport à celle obtenue lors de contractions concentriques (Doss et Karpovitch, 1965, Komi et Burskirk, 1972, Westing et coll., 1991, Nakazawa et coll., 1993, Amiridis et coll., 1996, Smith et coll., 1998, Aagaard et coll., 2000, Linnamo et coll., 2002, McHugh et coll., 2002). Ces observations, en plus des divergences obtenues en comparaison à l’expérimentation in vitro, suggèrent qu’un mécanisme nerveux de régulation de la tension serait mis en jeu lors de sollicitations excentriques dans le but de limiter le couple de force produit. Il est toutefois intéressant de constater que l'activité EMG (Westing et coll., 1991) ainsi que le niveau d'activation testé par la secousse surimposée (Wickiewicz et coll., 1990, Tesch et coll., 1990, Westing et coll., 1991, Seger et Thorsthensson, 1994, Aagaard et coll., 1995, 1996, 2000, Amiridis et coll., 1996, Kellis et Baltzopoulos, 1998) sont également réduits au cours de contractions concentriques maximales réalisées aux faibles vitesses angulaires. D'après ces auteurs, ce phénomène dépendrait de mécanismes d’inhibition conduisant à une réduction de l’activation pour des niveaux de tension élevés indépendamment du mode de sollicitation. Le but serait de préserver l’intégrité de l’unité tendon-muscle soumise à des tensions musculaires plus élevées sans qu'il y ait pour autant une commande spécifique au mode de contraction excentrique. En accord avec les études précédentes (Komi et Burskirk, 1972, Westing et coll., 1991, Aagaard et coll., 2000), nos résultats montrent que la CVM est associée à une moindre activité EMG de surface pour des couples de forces supérieurs lorsque le muscle est sollicité de manière excentrique comparativement au mode concentrique. Quelles que soient les 170 CHAPITRE III – DISCUSSION GENERALE ET CONCLUSION raisons permettant de justifier ces résultats, le changement de l’activité EMG de surface ne semble pourtant pas découler d’une activation volontaire sous-maximale puisqu'aucun déficit d'activation (testé au moyen de la technique de la secousse surimposée) du muscle tibial antérieur n'a été rapporté dans nos travaux lors de sollicitations excentriques maximales des fléchisseurs dorsaux de la cheville. En outre, il a préalablement était rapporté que le tibial antérieur pouvait être activé de manière maximale chez la plupart des sujets indépendamment de l'angle de la cheville et du type de contraction (Bigland-Ritchie et coll., 1992, Klass et coll., 2005). Par ailleurs, l'hypothèse d'un contrôle lié à des hauts niveaux de tensions musculaires développés en excentriques ne concorde pas avec les résultats de Pinniger et collaborateurs (2000). Ces auteurs ont, en effet, mis en évidence que ce déficit était présent lors de contractions volontaires sous-maximales excentriques des fléchisseurs plantaires quelles que soient les vitesses testées, ce qui n'était pas le cas lors de sollicitations concentriques. De même, la moindre activité EMG rapportée dans nos travaux lors de contractions excentriques sous-maximales comparativement à des contractions concentriques et ce, pour des modifications similaires du couple de force et de longueur des fascicules musculaires, suggère que ce mécanisme interviendrait également pour des niveaux de force présentant peu de risque de lésion. Bien que l'existence de mécanismes nerveux permettant de réguler la tension musculaire ait été de nombreuses fois documentée, il semble que d'autres mécanismes de régulation, non limités aux efforts maximaux, répondent davantage aux caractéristiques inhérentes à l’activation volontaire excentrique. Modulations du recrutement et de la fréquence de décharge des unités motrices lors de sollicitations isométriques et dynamiques. Un "pattern" d’activation spécifique lié au mode de sollicitation excentrique semble donc se confirmer. Il est dès lors intéressant de vérifier si cette stratégie d’activation particulière s’applique à un niveau plus "qualitatif", c’est-à-dire au niveau du recrutement des unités motrices elles-mêmes. Quelle que soit leur origine, les mécanismes de régulation de l'activation musculaire lors des contractions excentriques et concentriques impliquent en effet une modulation du recrutement et/ou de la fréquence de décharge des unités motrices. Dans un premier temps, il apparait que des modulations dans le recrutement des unités motrices et de leur fréquence de décharge sont susceptibles de s'expliquer par les 171 CHAPITRE III – DISCUSSION GENERALE ET CONCLUSION modifications de la longueur à laquelle se trouve le muscle plutôt que par un mode de contraction particulier. Le temps de contraction d’une secousse musculaire, mesuré lors d’une stimulation électrique isolée, étant diminué lorsque le muscle est raccourci (Marsh et coll., 1981, Bigland-Ritchie et coll., 1992), il a été suggéré qu’aux plus courtes longueurs une augmentation de l'activation du pool de motoneurones serait nécessaire afin de développer un même couple de force relatif. Conformément à cette hypothèse, une majoration de la fréquence de décharge des unités motrices ainsi qu'une réduction de leur seuil de recrutement (Tax et coll., 1990, Vander Linden et coll., 1991) ont été rapportés. En accord avec ces observations, nos travaux indiquent qu’un niveau de couple de force absolu ou relatif donné est atteint moyennant une fréquence de décharge plus élevée et le recrutement d’un plus grand nombre d’unités motrices lorsque la longueur du muscle est plus courte. En outre, l’augmentation de la fréquence de décharge apparait prépondérante pour les bas niveaux de couple de force (<10% de la CVM) lorsque le complexe muscle-tendon est compliant, tandis que la contribution du recrutement des unités motrices est plus importante pour des couples de forces supérieurs (10-35% de la CVM), à un moment où la compliance est moindre. Parmi les arguments en faveur d'une commande centrale spécifique selon le mode de contraction, certains travaux ont suggérés que l'ordre de recrutement des unités motrices était inversé en situation excentrique avec une activation préférentielle des unités motrices rapides (Moritani et coll., 1987, Nardone et coll., 1989, Howell et coll., 1995, Linnamo et coll., 2003). Selon ces auteurs, il y aurait un recrutement sélectif des unités motrices à seuil élevé, accompagné d’un dérecrutement des unités motrices à seuil bas. Ces unités motrices, qui ne sont activées en concentrique que pour des seuils de recrutement élevés, seraient recrutées pour des seuils très bas lorsque la contraction est de type excentrique (Nardone et coll., 1989). D’autres études ont cependant montré que l’ordre de recrutement des unités motrices se déroulait selon le principe de la taille (Henneman, 1957) quel que soit le régime de contraction (Tax et coll., 1989, Garland et coll., 1994, 1996, Christensen et coll., 1995, Søgaard et coll., 1996, Kossev et Christova, 1998, Bawa et Jones, 1999, Christova et Kossev, 2000, Stotz et Bawa, 2001). En accord avec ces travaux, nos observations indiquent une certaine rigidité de la loi de Henneman puisque l’ordre de recrutement des unités motrices était conservé lors de contractions excentriques sous-maximales réalisées à vitesse constante. En effet, lorsqu'une unité motrice était recrutée lors de la phase isométrique initiale en position allongée, celle-ci était activée de manière continue tout au long des phases concentrique et excentrique suivante. En outre, il apparait que certaines unités présentant un 172 CHAPITRE III – DISCUSSION GENERALE ET CONCLUSION seuil de recrutement plus élevé comparé aux unités mises en jeu dès le début de la tâche, étaient recrutées de manière additionnelle lors des sollicitations concentriques. Ces unités additionnelles restaient actives lors de la phase isométrique suivante en position raccourcie puis étaient généralement dérecrutées en premier lors de la phase excentrique. Un plus grand recrutement d’unités motrices a ainsi été observé lors des contractions isométriques réalisées à faible longueur musculaire et ce, malgré des fréquences de pulsation comparables entre les deux longueurs (étude II). Stotz et Bawa (2001) ont rapporté que certaines unités à haut seuil peuvent néanmoins être activées de manière additionnelle lors de contractions excentriques. Cependant, cette modulation du recrutement n’intervenait que lorsque les sollicitations excentriques étaient réalisées au moyen d’une charge constante et présentaient des "irrégularités" dans les tracés de force et de mouvement. De telles "saccades" du couple de force ou du mouvement, proches de petits mouvements balistiques, sont en effet susceptibles d'induire des modulations du recrutement (Stotz et Bawa, 2001). Ainsi, même si de subtiles modifications des seuils de recrutement peuvent se produire et sensiblement modifier l’ordre de recrutement dans le cas d'unités dont les seuils sont très proches (Thomas et coll., 1987, Jones et coll., 1993, Feiereisen et coll., 1997), il apparait selon nos travaux que lors de sollicitations dynamiques réalisées à vitesse constante, l'ordre de recrutement se fait bien selon leur seuil de recrutement et donc selon le principe de la taille. Cette rigidité du recrutement des unités motrices faciliterait le contrôle de la contraction par les centres supérieurs, sans pour autant limiter la flexibilité de la commande. En effet, si l’ordre de recrutement est similaire, la fréquence de décharge des unités motrices semble néanmoins différer selon le type de contraction réalisée. Le mode excentrique solliciterait des fréquences de décharge moyennes plus basses lors de contractions sous-maximales comparativement aux contractions concentriques (Tax et coll., 1989, Howell et coll., 1995, Søgaard et coll., 1996, Kossev et Christova, 1998, Semmler et coll., 2002, Del Valle et Thomas, 2005). Chaque unité motrice produisant une force supérieure en mode excentrique (Moritani et coll., 1987), pour une même force absolue développée, la commande motrice descendante sur le pool de motoneurones sera donc réduite lors de sollicitations excentriques. De même, lorsqu'une charge constante est utilisée, le couple de force développé étant inférieur à la charge lors de contractions excentriques, celles-ci est associées à une moindre fréquence d’activation et/ou à un dérecrutement d’unités motrices (Laidlaw et coll., 2000, Stotz et Bawa, 2001, Del Valle et Thomas, 2005). Ainsi, en accord avec ces précédentes observations, nos travaux montrent qu'une même unité développait une fréquence de décharge moyenne plus basse lors des contractions excentriques comparativement aux 173 CHAPITRE III – DISCUSSION GENERALE ET CONCLUSION contractions concentriques et ce, malgré des changements similaires de la longueur des fascicules et du couple de force. En outre, au cours de la contraction excentrique, la fréquence était maintenue à un niveau quasi constant tandis qu'au cours de la contraction concentrique, celle-ci s’accélérait progressivement pour atteindre en fin de mouvement des valeurs bien plus élevées comparativement aux conditions isométriques. L'analyse du comportement des unités motrices impliquées dans les différents types de contraction indique que le système nerveux n’utilise qu’une seule et même stratégie d’activation liée à la taille des motoneurones. Les différences plus marquées obtenues en position raccourcie entre les deux modalités de contractions dynamiques peuvent s’expliquent par l’augmentation de l’activation nerveuse nécessaire afin de compenser la réduction des capacités contractiles du muscle à cette longueur. Comme nous l'avons en effet rapporté dans l'étude II, les fréquences de décharge par unité de couple de force étaient majorées aux faibles longueurs musculaires lors de contractions isométriques. Néanmoins, les modulations contraires des fréquences de décharge des unités motrices entre les deux modes de contractions dynamiques pour une longueur musculaire donnée témoignent d’une distribution différente des inputs sensoriels sur le pool de motoneurones associée avec de possibles modifications de la commande centrale (Nielsen, 2004). L'activation incomplète pour le régime excentrique est habituellement associée à une diminution de l’excitabilité de la voie corticospinale testée par stimulation magnétique transcorticale. Les études ayant traité des modulations du potentiel moteur évoqué au niveau du biceps brachial, du brachoradial (Abruzzese et coll., 1994, Sekiguchi et coll., 2001) et du soléaire (Sekiguchi et coll., 2003) ont en effet montré une réduction de son amplitude lors de sollicitations excentriques. Au niveau des fléchisseurs du coude, la stimulation magnétique transcorticale surimposée à la contraction provoque par ailleurs un gain de force plus important lors des CVM excentriques par rapport aux CVM concentriques (Loscher et Nordlund, 2002). Ces résultats indiquent que le cortex moteur et/ou une partie des structures nerveuses ne transmettent pas la commande corticale aux muscles de façon équivalente lors d'actions excentriques et concentriques et ce, malgré des sollicitations volontaires maximales du muscle. De façon intéressante, il a été montré que l’amplitude du potentiel moteur évoqué, enregistré au niveau du soléaire lorsque celui-ci est relâché, est également réduite lorsque le muscle est maintenu en position allongée (Guissard et coll., 2001). Il est par conséquent possible que ces modulations de l'excitabilité corticospinale soient davantage influencées par 174 CHAPITRE III – DISCUSSION GENERALE ET CONCLUSION la longueur à laquelle se trouve le muscle plutôt que par le mode de contraction lui-même. Nos résultats ne montrent cependant pas de modifications, ni du potentiel moteur évoqué, ni de la fréquence de décharge moyenne des unités motrices avec l’allongement du muscle tibial antérieur lorsque celui-ci est volontairement activé. Lors des sollicitations concentriques, celui-ci n'augmente que faiblement au fur et à mesure que le muscle se raccourci. En début de sollicitations excentriques, ces potentiels semblent davantage déprimés. Bien que peu importantes, ces modulations de l'excitabilité de la voie corticospinale au cours du mouvement pourraient donc en partie expliquer la modulation différente des fréquences de décharges des unités motrices observée entre les deux modes de contractions dynamiques. Plusieurs mécanismes intervenant au niveau spinal sont susceptibles de réguler l'excitabilité du pool de motoneurones. Des mécanismes d’inhibition autogène induits par les afférences Ib issues des organes tendineux de Golgi peuvent ainsi moduler l'excitabilité du pool de motoneurones lorsqu'un muscle est allongé et/ou contracté de manière substantielle (Houk et coll., 1971, Robinson et coll., 1982). Toutefois, dans nos travaux, la contribution de l’inhibition Ib est vraisemblablement limitée lors des sollicitations sous-maximales puisque son action inhibitrice est plus marquée lors de contractions d’intensité élevée (Proske et Gregory, 1980). Un autre mécanisme également susceptible de diminuer l’activation du muscle agoniste est l’inhibition réciproque induite par une coactivation antagoniste (Crone et Nielsen, 1989). Nos travaux ainsi que plusieurs études qui se sont intéressées au rôle de ce mécanisme lors de contractions excentriques n’ont cependant pas mis en évidence de contribution substantielle de celui-ci (Abbruzzese et coll., 1994, Pinniger et coll., 2003). Parmi les mécanismes habituellement proposés, l'inhibition présynaptique (Abbruzzese et coll., 1994) et/ou l’inhibition de Renshaw (Pinniger et coll., 2000) pourraient expliquer en partie les modulations des fréquences de décharge des unités motrices observée dans les différents modes de contractions. Bien que le retour sensoriel Ia au cours de l’allongement du muscle soit augmenté par rapport à son raccourcissement (Burke et coll., 1978, Hulliger et coll., 1985), une dépression de l’amplitude du réflexe de Hoffmann a en effet plusieurs fois était rapporté lors de sollicitations excentriques sous-maximales (Romano et Schieppati, 1987, Abbruzzese et coll., 1994, Nordlund et coll., 2002, Duclay et coll., 2008). Au niveau des muscles soléaire, gastrocnémien médial (étude IV) et brachoradial (Abruzzese et coll., 1994), les modulations du réflexe H et du potentiel moteur évoqué par stimulation 175 CHAPITRE III – DISCUSSION GENERALE ET CONCLUSION transcorticale en fonction du mode de sollicitation sont similaires. Pour ces muscles, la majeure partie des inhibitions semble donc s'opérer au niveau présynaptique. Au niveau du muscle tibial antérieur, nos travaux indiquent que l'excitabilité de la boucle spinale est modulée en fonction de l'angle articulaire et donc de la longueur à laquelle se trouve le muscle. La dépression de l’amplitude du réflexe H dans les conditions de contractions isométriques lorsque le muscle est en position allongée suggère que l’allongement du muscle lui-même induit une réduction de l'excitabilité spinale, cette dernière se traduisant probablement par un moindre recrutement d'unités motrices. Par contre, dans les conditions de contractions dynamiques, les modulations du réflexe H ne sont pas différentes entre les deux modes et ce, quel que soit la longueur du muscle. Puisque l’activité des fuseaux neuromusculaire est davantage augmentée lors de contractions excentriques que lors de contractions concentriques (Burke et coll., 1978), les mécanismes présynaptiques dont nous savons qu'ils sont régulés de manière centrale et périphérique (Hultborn et coll., 1987, Morita et coll., 1998) sont probablement davantage mis en jeu lors des sollicitations excentriques. Ces derniers ne permettent toutefois pas d'expliquer la modulation différente de la fréquence de décharge des unités motrices entre ces deux régimes de contraction. Ainsi, l'absence d'une dépression du réflexe H au début du mouvement indique que la modulation des fréquences de décharge des unités motrices dépend d'autres mécanismes inhibiteurs mis en jeu au niveau du pool de motoneurone de ce muscle. Au niveau postsynaptique, le niveau d'excitabilité des motoneurones α peut également être modulée par des mécanismes d'inhibition récurrente via les cellules de Renshaw (Bussel et Pierrot-Deseilligny, 1977, Hultborn et coll., 1979). Afin d’estimer les modifications de ce mécanisme nerveux au niveau du pool de motoneurone, nous avons analysé le rapport H’/H1 au niveau du muscle tibial antérieur (étude IV). A notre connaissance, aucune étude ne s'était auparavant intéressée aux modulations de ce réflexe conditionné en fonction du mode de sollicitation ou de la longueur du muscle lorsque celui-ci est volontairement activé. D'après les résultats obtenus sur le muscle tibial antérieur, ces mécanismes d'inhibition postsynaptique ne seraient pas modulés en fonction de la longueur du muscle lors de sollicitations isométriques sous-maximales. Toutefois, lors des sollicitations dynamiques, les variations du rapport H’/H1 entre les deux modes sont similaires à celle observées pour les fréquences de décharge des unités motrices. L'augmentation linéaire de ce rapport au cours des sollicitations concentriques indique qu'avec le raccourcissement musculaire, l'activation des cellules inhibitrices de Renshaw est progressivement réduite. A l'inverse, la réduction du rapport H’/H1 lors de contractions excentriques témoigne d'une intervention plus prononcée de 176 CHAPITRE III – DISCUSSION GENERALE ET CONCLUSION l'inhibition récurrente du motoneurone par rapport aux contractions concentriques. Ces mécanismes postsynaptiques peuvent être régulés de manière centrale et périphérique (Katz et Pierrot-Deseilligny, 1999). En inhibant temporairement les motoneurones, ce mécanisme est ainsi susceptible de limiter la fréquence de décharge des unités motrices et d'expliquer la divergence de modulation entre les deux régimes de contraction. La contraction excentrique étant généralement plus difficile à contrôler que les contractions concentriques (Nordlund et coll., 2002, Semmler et coll., 2002), une telle régulation de l'excitabilité du pool de motoneurones α via l'inhibition récurrente facilitera probablement l’exécution précise du mouvement. Nos résultats relatifs à la fatigabilité neuromusculaire dans les deux modes de contractions dynamiques (étude I) renforcent l’hypothèse d’une fréquence d'activation plus soutenue en concentrique qu’en excentrique plutôt que d’un recrutement sélectif d’unités motrices en excentrique. Comme l'a rapporté la majorité des études ayant abordé la fatigue musculaire lors de sollicitations dynamiques volontaires (Gray et Chandler, 1989, Tesch et coll., 1990, Crewshaw et coll., 1995, Hortobagyi et coll., 1996, Grabiner et Owings, 1999, Kay et coll., 2000), nos travaux indiquent que la répétitions de CVM excentriques mènent à une altération moins marquée des capacités de production de force par rapport au mode concentrique. Or, sur base de nos connaissances des caractéristiques mécaniques et biochimiques des unités motrices, nous savons que les unités rapides sont les plus fatigables (Burke et Edgerton, 1975). L'hypothèse d'une mise en jeu sélective des unités motrices rapides lors de sollicitations excentriques n'est donc pas cohérente avec la meilleure résistance à la fatigue observée en excentrique. Par ailleurs, aucune différence de fatigabilité n’apparaît entre ces deux modes lorsque les contractions sont induites par stimulation électrique (BinderMacleod et Lee, 1996). Ces résultats suggèrent donc que lors d’activations volontaires, les contractions excentriques sont effectivement associées à un niveau d’activation différent du pool de motoneurones comparativement au mode concentrique. Dans notre première étude, l'évolution différente du couple de force et de l'activité EMG lors des deux tests plaide pour la mise en jeu de mécanismes périphériques différents et témoigne en effet d'une activation différente des unités motrices entre ces deux modes. L'allongement progressif de la durée de l'onde M au cours de l’épreuve concentrique et sa réduction au cours de l'épreuve excentrique, révèle qu'au niveau membranaire la fatigue est plus marquée lors des sollicitations concentriques. L'activation répétitive et intense d'un muscle ayant pour effet de modifier l’équilibre électrochimique et d'altérer du couplage électro-chimique (fatigue dite de "haute- 177 CHAPITRE III – DISCUSSION GENERALE ET CONCLUSION fréquence"; Westerblad et coll., 1991, Jones, 1996), nos résultats corroborent l’hypothèse selon laquelle la fréquence d'activation est plus soutenue lors de contractions maximales concentriques que pour le mode excentrique. Enfin, l’amplitude des potentiels d’actions des unités motrices rapides est davantage susceptible d’être modifiée au cours d’une épreuve de fatigue que les unités motrices lentes (Chan et coll., 1998). Un plus grand recrutement d’unités rapides lors de contractions excentriques aurait donc entraîné des modifications plus importantes de l'onde M et de l’activité EMG volontaire comparativement aux contractions concentriques, ce qui n’est pas le cas dans notre étude. Conclusions En conclusion, notre travail indique que l’ordre de recrutement des unités motrices entre les contractions concentriques et excentriques étant identique, le système nerveux n’utilise qu’une seule et même stratégie d’activation liée à la taille des motoneurones impliqués dans ces deux types de contractions. En outre, les contractions excentriques lorsqu’elles sont réalisées à vitesse constante, sont associées à une modulation spécifique de la fréquence de décharge des unités motrices. Ce comportement diffère de celui observé lors de contractions concentriques, malgré une modification linéaire et similaire de la longueur des fascicules et du couple de force au cours de ces deux tâches. Les modulations du recrutement des unités motrices semblent davantage dépendre de la longueur musculaire tandis que les modulations de fréquence prédominent pendant les contractions en raccourcissement. Ce comportement spécifique semble dépendant de mécanismes de régulation principalement localisés au niveau spinal. Ainsi, le degré d’inhibition des afférences fusoriales affectant le pool de motoneurones du muscle tibial antérieur lors de sollicitations actives du muscle, dépend davantage de l’angle articulaire et donc de la longueur du muscle plutôt que du mode de contraction. Lors de sollicitations isométriques, le retour sensoriel Ia est principalement contrôlé au niveau présynaptique en fonction de la longueur du muscle. Lors de sollicitations concentriques et excentriques, ces mécanismes présynaptiques réguleraient l'excitabilité spinale de manière similaire entre les deux modes. Néanmoins, bien que l'inhibition présynaptique soit probablement plus marquée lors des sollicitations excentriques, ce mode de contraction semble également régulé par des mécanismes d'inhibition intervenant au niveau postsynaptique tel que l'inhibition récurrente de Renshaw. Ce mécanisme localisé au niveau 178 CHAPITRE III – DISCUSSION GENERALE ET CONCLUSION postsynaptique permettrait de réguler la fréquence de pulsation des unités motrices lors de sollicitations excentriques dans le but le faciliter l'exécution du mouvement. L'originalité de notre travail a été d’étudier le comportement d’une même unité dans les deux modes de contractions alors que la méthode d’analyse généralement adoptée consistait à comparer des populations d’unités motrices entre-elles. De plus, les changements de la longueur du muscle au cours du mouvement ainsi que les vitesses de raccourcissement ou d'allongement ont été estimés à partir de la mesure directe de la longueur des fascicules musculaires. Cette dernière présente l’avantage de fournir une information de longueur et de vitesse sur la portion de muscle à partir de laquelle les enregistrements d’unités motrices ont été obtenus. Enfin, étant donné les modulations possibles tant au niveau spinal que supraspinal des mécanismes nerveux mis en jeu, il semblait important d’analyser celles-ci pendant le mouvement et aux différents angles investigués. Cette précision méthodologique a permis d'élargir la discussion concernant les possibles modifications de la balance "excitationinhibition" lors de sollicitations excentriques, qui, jusqu’à présent, n'avaient été analysées que pour un angle articulaire donné. 179 BIBLIOGRAPHIE BIBLIOGRAPHIE BIBLIOGRAPHIE 1. Aagaard P, Simonsen EB, Andersen JL, Magnusson P, Dyhre-Poulsen P. Neural adaptation to resistance training: changes in evoked V-wave and H-reflex responses. J Appl Physiol, 92: 2309-2318, 2002. 2. Aagaard P, Simonsen EB, Andersen JL, Magnusson SP, Halkjær–Kristensen J, Dyhre– Poulsen P. Neural inhibition during maximal eccentric and concentric quadriceps contraction: effects of resistance training. J Appl Physiol, 89: 2249– 2257, 2000. 3. 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Each fatigue test consisted of five sets of 30 maximum voluntary contractions at a constant speed of 50°/s for a 30° range of motion of the ankle joint. The torque produced by the dorsiflexors and the surface electromyogram (EMG) of the tibialis anterior muscle were recorded during the fatigue tests. Before, during, and after the tests, the compound muscle action potential (M wave) and the contractile properties in response to single and paired electrical stimuli, as well as the interpolated-twitch method and postactivation potentiation (PAP), were recorded during isometric conditions. Compared with ECC contractions, the CON ones resulted in a greater (P < 0.05) loss of force (−31.6% vs. −23.8%) and a decrease in EMG activity (−26.4% vs. −17.5%). This difference was most pronounced during the first four sets of contractions, but was reduced during the last set. Activation was not altered by the tests because neither the interpolated-twitch response nor the ratio of the voluntary EMG to the amplitude of the M wave was changed in the two fatigue tests. Although there was no significant difference in M-wave amplitude between the two tests, changes in the twitch parameters and in the PAP were found to be greater in the CON than ECC contractions. It is concluded that the greater alterations in the contractile properties observed during the CON contractions indicate that intracellular Ca2+-controlled excitation– contraction (E–C) coupling processes, possibly associated with a higher energy requirement, are affected to a much greater degree than during ECC contractions. © 2000 John Wiley & Sons, Inc. Muscle Nerve 23: 1727–1735, 2000 MUSCLE FATIGUE DURING CONCENTRIC AND ECCENTRIC CONTRACTIONS BENJAMIN PASQUET, MS, ALAIN CARPENTIER, PhD, JACQUES DUCHATEAU, PhD, and KARL HAINAUT, PhD Laboratory of Biology, Université Libre de Bruxelles, 28 Avenue P. Héger, CP 168, 1000 Brussels, Belgium Accepted 28 July 2000 When a muscle lengthens during activation (eccentric or ECC contraction), the mechanical and electromyographic (EMG) responses and energy requirements differ from those of shortening (concentric or CON) contractions.8,14 Although the force produced in ECC contractions in animals always exceeds that recorded in isometric contractions,1,13 the results in humans have been variable. Abbreviations: ATP, adenosine triphosphate; CON, concentric; CT, contraction time; ECC, eccentric; E–C coupling, excitation–contraction coupling; EMG, electromyography; MVC, maximal voluntary contraction; PAP, postactivation potentiation; Pt, twitch torque; T, transverse; TR1⁄2, time to half-relaxation; +dPt/dt, maximal rate of twitch tension development; −dPt/dt, maximal rate of twitch tension relaxation; +dPd/dt, maximal rate of tension development of paired stimuli Key words: electromyography; muscle fatigue; excitation–contraction coupling; electrically induced contraction; voluntary contraction Correspondence to: K. Hainaut; e-mail: [email protected] © 2000 John Wiley & Sons, Inc. Concentric versus Eccentric Contractions The maximum force generated under ECC conditions either matches9,41 or exceeds5,19,22,27,38 that produced during isometric or concentric contractions. The usual explanation for the greater force produced during ECC muscle contractions is that, when stretched, the crossbridges operate higher on their stress–strain curves and thus develop greater tension up to the point of mechanical rupture than when shortened.13.24 Because the actin–myosin bonds should be disrupted mechanically mainly in ECC contractions, the crossbridge cycling interaction can occur with less adenosine triphosphate (ATP) hydrolysis than in CON contractions.30,33,42 ECC contractions are thus associated with a lower energy cost, but with a higher tension output that may well be the cause of damage to the muscle–tendon system.8,16,29 Because of the greater force exerted by individual crossbridges during ECC contractions, the MUSCLE & NERVE November 2000 1727 neural input required to produce a given force is much lower during ECC than CON contractions.14,27,41 Furthermore, it is difficult to activate the entire motor unit pool during a maximal ECC contraction. For example, Westing et al.41 found that activation of the quadriceps muscles was maximal during a CON contraction, but not during an ECC muscle contraction, as evidenced by the significant increment of force observed when an electrical stimulation was superimposed on an ECC contraction. This deficit in voluntary activation may result from an incomplete recruitment of the motor unit pool or submaximal discharge rates.14 Although not confirmed by all investigators,23,36 slow lengthening contractions, for example, may involve the selective activation of fast-twitch motor units without activation of slow-twitch ones.34 If the hypothesis of a selective recruitment pattern of fast-twitch motor units during ECC contractions was true, and even if the energy cost is lower, muscles should experience both a faster and greater loss of force during a fatiguing exercise as opposed to CON contractions. This is because fast-twitch units are more susceptible to fatigue than slow-twitch units.6 In contrast, maximum voluntary ECC contractions display a greater resistance to fatigue than CON contractions during repeated contractions,19,22,38 whereas no difference in fatigability occurs with electrically induced contractions.5 Therefore, to explain the apparent paradox that repeated voluntary ECC contractions are less fatiguing than CON ones, Enoka14 recently suggested that ECC contractions require unique activation and control strategies by the nervous system compared to other contraction types. The purpose of this work was to compare the decrease in force of the ankle dorsiflexor muscles during standard voluntary CON and ECC fatigue tests, and at the same time to evaluate the relative contribution of the central and peripheral mechanisms underlying the decay of the force. MATERIALS AND METHODS Subjects. Ten healthy subjects (8 men and 2 women), aged between 22 and 44 years, took part in this investigation. Their mean (±SD) heights and masses were 176.7 ± 7.9 cm and 70.2 ± 8.9 kg, respectively. All subjects performed two fatigue tests with the dorsiflexor muscles of the ankle, with one test involving CON and the other ECC contractions. Both tests were separated by at least 1 week and, because lengthening contractions are known to induce muscle damage that recovers slowly,8 the CON test was always performed first (see also Tesch et al.38). Subjects were not engaged in any strenuous 1728 Concentric versus Eccentric Contractions locomotor activity for at least 24 h before each experimental session and rested for 30 min before the beginning of the recordings. They were all volunteers and gave their informed consent before participating in the study. This investigation was approved by the university ethics committee and all the experimental procedures were performed in accordance with the Declaration of Helsinki. Ergometric Device. A motor-driven, computercontrolled ergometer (Type HDX 115C6; Hauser Compax 0260M-E2; Offenburg, Germany) was used. This device, equipped with a footplate fixed to the rotational axis of the motor, can record torque generated under static or dynamic (isokinetic) conditions. During the experimental sessions, each subject sat on an adjustable chair in a slightly reclined position with the dominant foot strapped to the plate, the axis of rotation of the ankle joint being aligned with that of the motor. In the resting position, the plate was inclined at an angle of 45° to the floor. The subject’s position was adjusted to obtain a 90° angle for the ankle, and this position was duplicated from one test to the other. The foot was held in place by a heel block and was tightly attached to the plate by means of a strap placed around the foot 1–2 cm proximal to the metatarsophalangeal joint of the toe, and another around the ankle. Mechanical and EMG Recordings. The device was equipped with a linear potentiometer and straingauge transducers (sensibility: 0.018 V/Nm; linear range: 0–200 Nm) that were mounted on the rotational axis of the motor in order to measure, respectively, the footplate movement (angular movement of the ankle) and the torque developed by the dorsiflexor muscles during contractions. The surface EMG was recorded from the tibialis anterior by means of two silver disk electrodes (8 mm in diameter). One electrode was positioned over the muscle belly and the second was attached 2–3 cm distal to this. The ground electrode (2 × 3 cm silver plate) was placed between the point of stimulation and the EMG recording electrodes in order to minimize stimulus artifact. The electrode positions were marked with ink dots to ensure standardized measurements under CON and ECC conditions. The EMG signals were amplified (500–2000×) and filtered (10 HZ to 1 kHZ) by a custom-made differential amplifier. The torque, displacement, and EMG signals were recorded simultaneously on magnetic tape by a digital recorder (Sony PCM-DAT Recorder; Model DTR800; Bio-Logic, Claix, France) and analyzed off-line MUSCLE & NERVE November 2000 by using the ACQKNOWLEDGE data analysis software (Model MP100A; Biopac Systems, Inc., Santa Barbara, CA). Stimulation Procedure. The contraction of the dorsiflexor muscles was induced by rectangular electrical pulse (0.2 ms in duration) delivered by a custommade stimulator triggered by a digital timer (Model 4030; Digitimer Ltd., Welwyn Garden City, UK). The stimulus was delivered to the peroneal nerve through two electrodes (silver disks, 8 mm in diameter), with the cathode placed on the proximal border of the tibialis anterior and the anode fastened to the fibular head. To avoid activation of the peroneal muscles, the nerve was stimulated beyond its branch to these muscles, and the absence of any peroneal muscle activity was assessed by palpation. During successive experimental sessions, the electrodes were always positioned in the same locations. Maximum electrical stimulation was determined by progressively increasing the intensity until the force and the compound action potential (M wave) reached a plateau. The level of stimulation was then set at 10–20% above this point. The mechanical twitches in response to single and paired (10-ms intervals) supramaximal stimuli were recorded. The degree of muscle activation during voluntary contraction was assessed by the twitch-interpolation method.3 In this study, we stimulated the peroneal nerve with paired supramaximal pulses during voluntary contraction. The size of the superimposed mechanical response was expressed as a percentage of the one obtained in the resting muscle. This value was then subtracted from 100% to provide a quantitative measure of central activation. Experimental Procedure. All the subjects were familiar with the experimental procedure. In addition, before each session they were asked to perform about 20–30 submaximal contractions (10–20% of maximum) to reinforce the timings of successive contractions. The fatigue test involved five sets of 30 maximum voluntary CON or ECC contractions with the dorsiflexor muscles, each set being separated by a 1-min pause. The muscle contractions were carried out at a constant angular velocity (50°/s) and a rate of one cycle every 3.5 s, and were performed through a 30° range of motion (120° to 90° and 90° to 120°, respectively). The subjects had to reach a maximum isometric contraction before the movement of the footplate (Fig. 1). To this end the subjects were provided with visual feedback of the torque and displacement signals on a digital oscilloscope (Model Concentric versus Eccentric Contractions 120; Nicolet, Madison, WI), and the exact timing was given by the investigator. Verbally encouraged, subjects were instructed to exert maximum tension throughout the entire range of motion; no hand grip was allowed during the contractions. The mechanical and electrical responses of the muscle for both electrically induced and voluntary isometric contractions were recorded with the foot held in a “neutral” position before, between each of the five sets of 30 voluntary contractions, and after 5, 10, 15 and 30 min of rest. Five seconds after the end of the last contraction in each set, these recordings began by delivering single and paired stimuli (two trials each at 4-s intervals). Twenty seconds after the end of each set, the subject performed an isometric MVC with superimposed paired electrical stimulation (interpolated-twitch method) and, last, a twitch was induced 2 s after the end of the MVC. Before the fatigue test each subject performed one or two additional MVCs with an interpolated twitch to verify that contraction was maximal. Following each MVC, the footplate was automatically returned to the starting position prior to the next set by the torque motor. FIGURE 1. Illustration, in 1 subject, of the torque produced by the dorsiflexor muscles (B) and the rectified EMG activity of the tibialis anterior (C) during imposed isokinetic movement (50/s) of the ankle (A) during concentric (left panel) and eccentric (right panel) contractions. The first (B, C) and the 150th contractions (D, E) of the series are compared. MUSCLE & NERVE November 2000 1729 Measurements. The mean values of the torque and EMG activity developed throughout the entire range of motion (0.75 s) were measured for each CON and ECC contraction in the fatigue test. The maximum torque and the associated mean EMG activity were also measured during the isometric MVC. The voluntary EMG was quantified by calculating the mean amplitude of the signal during the torque plateau. The following parameters were measured from the induced twitch responses: peak twitch torque (Pt); contraction time (CT); time to, half-relaxation (TR1⁄2); maximum rate of tension development (+dPt/dt); and relaxation (−dPt/dt). Each parameter was calculated from the average of two responses. The torque (Pd) and the maximum rate of tension development (+dPd/dt) of the electrically induced contractions recorded in response to the paired stimulation were also measured. Postactivation potentiation (PAP) was determined by computing the ratio between the size of the twitch recorded before and after the isometric MVC. The peak-to-peak amplitude and total duration of the M wave were measured. The voluntary EMG was normalized to the peak-to-peak amplitude of the M wave in order to provide another indirect quantification of the subjects’ voluntary capacity to activate the muscle. Reliability and Statistics. For all parameters studied, no significant difference (P > 0.05) was observed in the prefatigue conditions between the two experimental sessions. The reliability of the different parameters was determined from an intraclass correlation analysis, and high to very high correlation coefficients were observed for MVC force and EMG (0.95 and 0.84, respectively), M-wave amplitude (0.64), and PAP (0.96). For the twitch and paired electrically induced contractions, the correlation coefficients were between 0.97 (Pd) and 0.68 (+dPt/dt). The fatigue data were analyzed by means of a twoway analysis of variance with repeated measures. When significant main effects were found, the Student–Newman–Keuls test was used for post hoc analysis in order to determine significance of selected differences between means. P < 0.05 was considered significant. RESULTS Torque and EMG Activity during Fatiguing Contractions. The torque output of the dorsiflexor muscles at an ankle movement velocity of 50°/s was greater (P < 0.01) for the ECC than CON contractions. When expressed as a percentage of the torque recorded during an isometric MVC, the torque produced in the ECC and CON contractions was 120.4 ± 1730 Concentric versus Eccentric Contractions 3.2% and 76.6 ± 3.4% (mean ± SE), respectively. Conversely, the voluntary EMG activity of the tibialis anterior, expressed as a percentage of that recorded in isometric MVC, was significantly greater (P < 0.05) for the CON (85.9 ± 7.2%) than ECC (76.5 ± 2.0%) contraction. As illustrated for one subject, the two fatigue tests induced a more pronounced decline in torque and EMG for the CON contractions (Fig. 1). The torque showed a significant (P < 0.01) decrement for all subjects, and at the end of the tests the torque declined by 31.6% and 23.8% for the CON and ECC contractions, respectively (Fig. 2). Within each set of 30 contractions, the CON contractions led to a greater loss of force than ECC contractions (Fig. 2A). This difference was particularly marked during the first four sets of contractions and was less during the last set (Fig. 2A). The torque change during the brief rest period (1 min) between each set was quite different due the greater recovery for the CON contractions (P < 0.01). Thus, at the beginning of each set the normalized torque in the CON and ECC experimental conditions was nearly the same. A similar time-course was observed for the EMG activity and, at the end of the fatigue tests, a greater reduction (P < 0.05) was observed for the CON (−26.4%) than ECC contractions (−17.5%; Fig. 2B). At exercise onset, the torque–EMG ratio for the ECC (0.50 ± 0.10 Nm−1 ⭈ µV) was about twice (P < 0.01) that measured for the CON (0.27 ± 0.06 Nm −1 ⭈ µV) muscle contractions. Although this ratio remained relatively stable (range 0.50 ± 0.10 to 0.46 ± 0.09 Nm−1 ⭈ µV) throughout the ECC exercise, it decreased slightly and systematically in the CON condition (from 0.27 ± 0.06 to 0.23 ± 0.05 Nm−1 ⭈ µV) within each set, except for the first one. However, in the case of the CON contractions, this ratio recovered its initial value after each brief rest period. Voluntary Isometric MVC after Fatiguing Contractions. The maximum isometric torque recorded after each set of contractions (Fig. 3A) decreased progressively in both tests, but to a greater extent with the CON (−37.4%) than ECC exercises (−33.8%). However, no significant difference was evident between CON and ECC exercises except at the end of the second set (P < 0.05). After both fatigue tests, most of the recovery in the maximum isometric torque occurred in the first 5 min of the rest period. Thereafter, the torque recovered more slowly, and after 30-min rest a significant (P < 0.01) deficit was still present in the two fatigue tests, with a greater MUSCLE & NERVE November 2000 FIGURE 2. Comparison of torque (A) and EMG (B) changes during the course of fatigue produced by CON (open circles) and ECC (filled circles) contractions. Values, expressed as percent of initial value, are means ± SE for 10 subjects. CON vs. ECC is significantly different at: *P < 0.05 and **P < 0.01. deficit (P < 0.05) after the ECC (−22.0%) than CON contractions (−13.1%). These changes in isometric torque were accompanied by a significant (P < 0.01) reduction in corresponding EMG activity (Fig. 3B), but without any significant difference between the CON and ECC exercises (−30.6% and −28.4%, respectively). The EMG recovery time-course was different in the two fatigue tests during the first 15 min, but a similar (−14.1% and −16.9% after CON and ECC contractions, respectively) and significant (P < 0.05) EMG deficit compared to control values was still present after 30 min (Fig. 3B). Muscle Activation. The neural activation of the muscle tested by the interpolated-twitch method appeared to be maximal in all subjects during the control conditions, throughout the course of the two fatigue tests, and in the recovery period (data not illustrated). The absence of change in the activation level during fatigue is corroborated by the EMG results. Indeed, the EMG activity, normalized to the Concentric versus Eccentric Contractions FIGURE 3. Comparison of isometric MVC torque (A); EMG (B) and EMG/M-wave ratio (C) changes during the course of fatigue produced by CON (open circles) and ECC (filled circles) contractions and during recovery. Values are means ± SE for 10 subjects. CON vs. ECC is significantly different at: *P < 0.05. M-wave amplitude, did not change significantly during the two fatigue tests (Fig. 3C). This normalization procedure, which checked for changes in electrode conductance, enabled peripheral changes to be excluded from the interpretation of the data and provided an estimate of neural change. These results confirmed that subjects’ capacity to sustain neural activation of the muscle was not affected by our fatigue tests. Contractile and Electrical Muscle Properties during Fatiguing Contractions. The effects of fatigue on the twitch and its first derivative are illustrated in Figure 4 for all subjects. At the beginning of the two tests, Pt , +dPt/dt, and −dPt/dt were potentiated, but with a significantly greater effect for the ECC than MUSCLE & NERVE November 2000 1731 FIGURE 4. Comparison of twitch parameters changes during the course of fatigue produced by CON (open circles) and ECC (filled circles) contractions and during recovery. Values, expressed as percent of control, are means ± SE for 10 subjects. Parameters compared are: twitch torque (Pt) (A); contraction time (CT) (B); half-relaxation time (TR1⁄2) (C); maximal rate of torque development (+dPt/dt) (D); maximal rate of torque relaxation (−dPt/dt) (E). CON vs. ECC is significantly different at: *P < 0.05 and **P < 0.01. CON muscle contractions. In the ECC condition, the maximum potentiation reached 79.4% (P < 0.01), 90.8% (P < 0.01), and 90.4% (P < 0.01) for Pt , +dPt/ dt, and −dPt/dt, respectively, whereas the potentiation was only 28.1% (P < 0.01), 38.3% (P < 0.01), and 12.4% (NS) during the CON exercises. The potentiation reached a maximum value after the first set of contractions and declined progressively thereafter in both fatigue tests. The maximal rate of muscle tension development (+dPd/dt) recorded in response to paired stimuli showed similar behavior as the twitch, but after the first set of contractions attained a potentiation of only 35.8% (P < 0.01) and 9.4% (NS) in the ECC and the CON conditions, respectively. At the end of the fatigue tests, a slowing down of +dPd/dt by 30.6% (P < 0.01) and 27.7% (P < 0.01) was observed in the CON and the ECC exercises, respectively. Although CT decreased slowly and similarly during the two fatigue tests, the TR1⁄2 behaved inversely (Fig. 4B, C). Indeed, this parameter was found to decrease progressively during the fatiguing 1732 Concentric versus Eccentric Contractions ECC contractions, but to increase (+25.7%) after the first set and to remain at roughly this level throughout the CON test. Although CT and TR1⁄2 returned to their initial values during the recovery period, Pt , +dPt/dt, −dPt/dt, and +dPd/dt showed no recovery at all, and a progressive decline was observed during this period (Fig. 4). Surprisingly, a similar deficit was recorded for all these parameters in the two fatigue conditions after 30-min rest (Fig. 4). The amplitude of the M wave obtained in response to a single electrical stimulation showed a slight but nonsignificant (P > 0.05) decrease in the two fatigue protocols. At the end of the tests a deficit of 6.2% and 9.0% was recorded in the CON and ECC conditions (Fig. 5A). Conversely, the M-wave duration behaved differently in the two tests. It was found to increase (+16.6%; P < 0.05) progressively with the CON contractions but to decrease (−7.9%; P < 0.01) with the ECC contractions (Fig. 5B). Although the M-wave duration did not recover its control value after 30-min rest (91.9 ± 2.1%; P < 0.01) in the ECC MUSCLE & NERVE November 2000 exercise, it returned to the prefatigue level within 5 min in the case of the CON exercise and thereafter remained slightly below the control values (94.8 ± 2.7%; P > 0.05). Postactivation Potentiation (PAP). The PAP was determined by computing the ratio between the size of the twitch recorded immediately after the isometric MVC and that obtained under control conditions. In the control condition, the PAP attained a value of 154.8 ± 6.0%. After the first set of contractions, the PAP was depressed by 18.4% (P < 0.01) for the ECC contractions and by only 8.6% (P < 0.05) for the CON exercises (Fig. 6). After the subsequent sets of contractions a relative stabilization of the PAP was observed in the two fatigue conditions. The PAP recovered after the two tests because no significant deficit was observed at the end of the 30-min rest period either for the CON or for the ECC test (Fig. 6). DISCUSSION 19,22,38 In agreement with previous studies, we found that CON contractions induced a greater loss of FIGURE 5. Comparison of M-wave amplitude (A) and duration (B) changes during the course of fatigue produced by CON (open circles) and ECC (filled circles) contractions and during recovery. Values, expressed as percent of control, are means ± SE for 10 subjects. CON vs. ECC is significantly different at: *P < 0.05 and **P < 0.01. Concentric versus Eccentric Contractions FIGURE 6. Comparison of postactivation potentiation (PAP) changes during the course of fatigue produced by CON (open circles) and ECC (filled circles) contraction and during recovery. Values, expressed as percent of control, are means ± SE for 10 subjects. CON vs. ECC is significantly different at: *P < 0.05 and **P < 0.01. force and a different fatigue time-course than ECC contractions. However, the major finding is that, in both tests, peripheral changes played a key role in the recorded decrease in force, involving different mechanisms. The results suggest that intracellular E–C coupling processes, possibly associated with a higher energy requirement, explain the greater force loss in fatigue induced by CON contractions. Furthermore, the observations do not support the viewpoint of a selective activation of fast-twitch motor units in ECC contractions.34 The possible effect of central changes during fatigue induced by CON or ECC contractions was tested by evaluating the level of voluntary activation on the basis of the interpolated-twitch method. The ratio between voluntary EMG activity and M-wave amplitude was also explored. The absence of a significant change suggests that voluntary activation failure did not play a key role in the observed force decrease during both fatigue tests, and thus that mainly peripheral mechanisms were involved. Because M-wave amplitude did not significantly change in either test, failure in neuromuscular transmission and sarcolemmal excitation cannot be closely related to the force decrease.4,11,17,26,32 In fact, the M wave was tested within 10 s after each set of voluntary contractions and, although slight recovery is not excluded within this period, it should not bias the results and present discussion. The progressive lengthening of M-wave duration during the CON test is consistent with a slowing of conduction velocity along muscle cell membranes induced by their repetitive activation.11,25,32 Moreover, accumulation of K+ in the transverse tubular MUSCLE & NERVE November 2000 1733 (T) system can block electrical propagation and thus affect the E–C coupling.25,35,40 Based on this rationale, the CON contractions involve a higher level of muscular activation, as attested by the greater EMG activity (see Fig. 1) and higher motor unit discharge rate,36 than ECC contractions. This may have induced alterations in the coupling between the T system and intracellular Ca 2+ release and, consequently, reduced tension output.40 Such a form of fatigue, usually called “high-frequency fatigue,”25,40 is transient and recovers in a few seconds because of the rapid K+ and Na+ membrane fluxes.35 Our observation of a larger decrease in EMG and force during each CON set of contractions, and their rapid recovery between each set compared to ECC contractions, confirms the aforementioned conclusions. Thus, the present study supports and documents the viewpoint that the two types of contraction involve different levels of muscle activation rather than a selective activation of motor units.34 This position is also consistent with the fact that the size of the action potential of fast-twitch motor units is more susceptible to change during fatiguing contraction than slow-twitch units,7 and therefore a greater involvement of fast-twitch units would have induced a larger change in M-wave and voluntary EMG in ECC contractions compared to CON ones. Changes in E–C coupling intensity, which are closely controlled by intracellular Ca 2+ movements12,21 and/or myosin light-chain phosphorylation, 37,39 can be indirectly studied in humans through comparison of M-wave and twitch tension.11 In the present experiments, the twitch contractile kinetics (+dPt/dt and −dPt/dt) were found to be accelerated in the two fatigue tests, but with a different time-course. After the first set of contractions, acceleration was greater in the ECC than CON conditions, and then declined more quickly. This feature suggests variable contributions of potentiation and fatigue to the resulting muscle force during the course of the test. Such different behavior during repetitive muscle activation is consistent with previous observations in voluntary20 and electrically induced18 contractions. Another approach to the study of E–C coupling changes during fatigue is to analyze muscle twitch PAP.31 Under our experimental conditions, PAP decreased in both fatigue tests after the first set of contractions, but to a greater extent in the ECC contractions as compared to the CON ones. It did not change significantly thereafter, even though the twitch tension continued to decline in both fatigue tests (see Fig. 6). Such differences in behavior of PAP and twitch changes suggest that different intra- 1734 Concentric versus Eccentric Contractions cellular fatigue mechanisms are involved and that they contribute differently in ECC and CON tests. Because the twitch–time course is related to phasic cytosolic Ca2+ movements during contraction,10,12,21 the PAP changes during fatigue may be more closely under the control of contractile protein Ca2+ sensitivity.20,37,39 Moreover, alterations in E–C coupling during fatigue may be induced by changes in intracellular energy supplies or metabolite accumulation.2,15,35,40 Under our experimental conditions, several intracellular processes may have interacted to decrease muscle force in different ways in the two fatigue tests. The observation that the TR1⁄2 of the twitch, which is known to be sensitive to pH changes, was increased during the CON test, but not during the ECC one, favors the hypothesis of a larger H+ accumulation during CON contractions. A decreased intracellular pH is known to inhibit Ca2+ pumps and myofibrillar ATPase activities, leading to a reduced rate of Ca2+ uptake by the sarcoplasmic reticulum and detachment rate of the crossbridges, consequently slowing muscle relaxation.2,15 However, metabolic changes alone cannot explain the decrease in force during the two fatigue tests. In fact, a maximal torque deficit was still present after a 30-min rest period, a time during which metabolic changes should normally be restored.25,31,40 Thus the impairment of E–C coupling should play a major role. This viewpoint is supported by the finding that the twitch torque remains depressed even though the M-wave durations have fully recovered to their control values. Because the PAP returned to control values after a 30-min rest period, the myofibrillar Ca2+ sensitivity had presumably recovered. Therefore, the long-lasting force deficit should be mainly related to impaired Ca2+ release (postcontractile depression),28 perhaps associated with muscle damage.8,25,29,33 In conclusion, the results of the present study document and confirm previous observations that CON contractions induce greater fatigue and different force decay time-courses compared to ECC contractions. The observations further indicate that these differences should not be related to neural changes and selective activation of motor units, but to intracellular Ca2+-controlled E–C coupling processes associated with greater muscle activation in the case of CON contractions. The authors gratefully acknowledge Prof. R. Enoka and Dr. L. de Montigny for critical reading of the paper, and Anne Deisser and Paul Demaret for assistance during the course of this study. This work was supported by NATO Collaborative Research grant No. MUSCLE & NERVE November 2000 930261, the Fonds National de la Recherche Scientifique of Belgium, and the Conseil de la Recherche of the Université Libre de Bruxelles. REFERENCES 1. Abott BC, Aubert XM. Changes of energy in a muscle during very slow stretches. Proc R Soc Lond B 1951;139:104–117. 2. Allen DG, Westerblad H, Lännergren J. The role of intracellular acidosis in muscle fatigue. In: Gandevia SC, Enoka RM, McComas AJ, Stuart DG, Thomas CK, editors. Fatigue. Neural and muscular mechanisms. New York: Plenum Press; 1995. p 57–68. 3. Belanger AY, McComas AJ. Extent of motor unit activation during effort. J Appl Physiol 1981;51:1131–1135. 4. Bigland-Ritchie B, Jones DA, Woods JJ. Excitation frequency and muscle fatigue: electrical responses during human voluntary and stimulated contractions. Exp Neurol 1979;64: 414–427. 5. Binder-Macleod SA, Lee SC. Catchlike property of human muscle during isovelocity movements. 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[Abstract] [Full Text] [PDF] Specific modulation of motor unit discharge for a similar change in fascicle length during shortening and lengthening contractions in humans B. Pasquet, A. Carpentier and J. Duchateau J. Physiol., December 1, 2006; 577 (2): 753-765. [Abstract] [Full Text] [PDF] Additional material and information about Journal of Neurophysiology can be found at: http://www.the-aps.org/publications/jn This information is current as of April 28, 2009 . Journal of Neurophysiology publishes original articles on the function of the nervous system. It is published 12 times a year (monthly) by the American Physiological Society, 9650 Rockville Pike, Bethesda MD 20814-3991. Copyright © 2005 by the American Physiological Society. ISSN: 0022-3077, ESSN: 1522-1598. Visit our website at http://www.the-aps.org/. Downloaded from jn.physiology.org on April 28, 2009 Updated information and services including high-resolution figures, can be found at: http://jn.physiology.org/cgi/content/full/94/5/3126 J Neurophysiol 94: 3126 –3133, 2005. First published July 13, 2005; doi:10.1152/jn.00537.2005. Change in Muscle Fascicle Length Influences the Recruitment and Discharge Rate of Motor Units During Isometric Contractions Benjamin Pasquet, Alain Carpentier, and Jacques Duchateau Laboratory of Applied Biology, Université Libre de Bruxelles, Brussels, Belgium Submitted 23 May 2005; accepted in final form 6 July 2005 INTRODUCTION The force produced during a voluntary contraction depends on the force generating capacity of muscle and its degree of activation by the CNS. According to the length-tension relationship (Edman and Andersson 1968; Gordon et al. 1966), the force-generating capacity of a muscle varies with its length. In isolated muscle fibers, the active torque decline at short or long fiber length is mainly attributed to a reduced number of attached cross-bridges subsequent to sarcomere shortening or lengthening beyond the optimal actin-myosin overlap (Edman and Andersson 1968; Gordon et al. 1966; Lieber et al. 1994; Rassier et al. 1999). Human studies that have investigated possible changes in activation level at different joint angles, and thus at different Address for reprint requests and other correspondence: J. Duchateau, Laboratory of Applied Biology, Université Libre de Bruxelles, 28 avenue P. Héger, CP 168, 1000 Brussels, Belgium (E-mail: [email protected]). 3126 muscle lengths, report contrasting results. At a shorter muscle length, the maximal neural input to the muscle, as estimated from surface electromyography (EMG) or twitch interpolation technique (Merton 1954), either exceeded (Babault et al. 2003; Kasprisin and Grabiner 2000; Marsh et al. 1981), matched (Bigland-Ritchie et al. 1992; Newman et al. 2003), or remained lower (Becker and Awiszus 2001; Cresswell et al. 1995) than that recorded at a longer muscle length. In addition to possible length-related changes in electrode-muscle configuration (Farina et al. 2004; Keenan et al. 2005; Kennedy and Cresswell 2001), potential reasons for these discrepancies may include differences in moment-angle relationship between muscles groups and their intrinsic architecture (i.e., angle of pennation; see Maganaris et al. 2001). Furthermore, the balance between excitatory and inhibitory input that can occur with a change in joint position may have also contributed to these divergent results (Kennedy and Cresswell 2001). Regardless of the exact cause of the discrepancy between studies, change in muscle activation with muscle length must involve modulation in motor-unit recruitment and rate coding. Because the time course of the twitch is reduced with muscle shortening (Bigland-Ritchie et al. 1992; Marsh et al. 1981), it has been hypothesized that higher motor-unit discharge rate would be necessary to produce a given relative torque at a shorter muscle length. Consistent with this hypothesis, Gandevia and McKenzie (1988) observed a shift of the whole muscle force-frequency curve to the right at reduced length. Furthermore, Vander Linden et al. (1991) showed a decrease in motor-unit recruitment threshold and higher discharge rate per change in torque during steady submaximal contractions at short muscle length. Tax et al. (1990) also reported higher motor-unit discharge rates in the biceps brachii when the muscle was in a shortened position. In contrast, BiglandRitchie et al. (1992) did not observe an increase in motor-unit firing rate of the tibialis anterior (TA) at shorter muscle length during isometric contractions ⬎50% of maximal voluntary contraction (MVC). However, Christova et al. (1998) reported different motor-unit behavior in the biceps brachii with higher discharge rates observed in 52.2% of the investigated motor units at shorter muscle length, but lower rates or no change were present in the remaining units. Based on the current literature, the question of whether at short muscle length a similar torque is reached mainly by the recruitment of additional motor units, the modulation of their discharge rate, or by both mechanisms remains unclear. Part of The costs of publication of this article were defrayed in part by the payment of page charges. The article must therefore be hereby marked “advertisement” in accordance with 18 U.S.C. Section 1734 solely to indicate this fact. 0022-3077/05 $8.00 Copyright © 2005 The American Physiological Society www.jn.org Downloaded from jn.physiology.org on April 28, 2009 Pasquet, Benjamin, Alain Carpentier, and Jacques Duchateau. Change in muscle fascicle length influences the recruitment and discharge rate of motor units during isometric contractions. J Neurophysiol 94: 3126 –3133, 2005. First published July 13, 2005; doi:10.1152/jn.00537.2005. This study examines the effect of fascicle length change on motor-unit recruitment and discharge rate in the human tibialis anterior (TA) during isometric contractions of various intensities. The torque produced during dorsiflexion and the surface and intramuscular electromyograms (EMGs) from the TA were recorded in eight subjects. The behavior of the same motor unit (n ⫽ 59) was compared at two ankle joint angles (⫹10 and ⫺10° around the ankle neutral position). Muscle fascicle length of the TA was measured noninvasively using ultrasonography recordings. When the ankle angle was moved from 10° plantarflexion to 10° dorsiflexion, the torque produced during maximal voluntary contraction (MVC) was significantly reduced [35.2 ⫾ 3.3 vs. 44.3 ⫾ 4.2 (SD) Nm; P ⬍ 0.001] and the average surface EMG increased (0.47 ⫾ 0.08 vs. 0.43 ⫾ 0.06 mV; P ⬍ 0.05). At reduced ankle joint angle, muscle fascicle length declined by 12.7% (P ⬍ 0.01) at rest and by 18.9% (P ⬍ 0.001) during MVC. Motor units were activated at a lower recruitment threshold for short compared with long muscle fascicle length, either when expressed in absolute values (2.1 ⫾ 2.5 vs. 3.6 ⫾ 3.7 Nm; P ⬍ 0.001) or relative to their respective MVC (5.2 ⫾ 6.1 vs. 8.8 ⫾ 9.0%). Higher discharge rate and additional motor-unit recruitment were observed at a given absolute or relative torque when muscle fascicles were shortened. However, the data indicate that increased rate coding was mainly present at low torque level (⬍10% MVC), when the muscle-tendon complex was compliant, whereas recruitment of additional motor units played a dominant role at higher torque level and decreased compliance (10 –35% MVC). Taken together, the results suggest that the central command is modulated by the afferent proprioceptive information during submaximal contractions performed at different muscle fascicle lengths. MOTOR-UNIT BEHAVIOR AND MUSCLE FASCICLE LENGTH the discrepancy in the previous literature could be explained because change in muscle length has been estimated from the recording of joint position and not from measurement of fascicle length. The purpose of this work was to examine the effect of muscle length change on the recruitment threshold and discharge rate of the same motor unit in the human TA during submaximal isometric contractions of the ankle dorsiflexors. The TA fascicle length was measured using ultrasonography recordings to associate change in muscle architecture with motor-unit behavior. METHODS Subjects Ergometric device A motor-driven, computer-controlled ergometer (Type HDX 115C6; Hauser Compax 0260M-E2; Offenburg, Germany) was used (Pasquet et al. 2000). This device, which was equipped with a footplate that was fixed to the rotational axis of the motor, recorded the torque generated by the dorsiflexor muscles under static conditions for different ankle joint angles. The subject was secured on an adjustable chair in a slightly reclined position. The right foot was strapped to the plate so that the axis of rotation of the ankle joint was aligned with the shaft of the motor. In neutral position, the plate was inclined at an angle of 45° relative to the floor. The position of the subject was adjusted to obtain a 90° angle for the ankle (neutral position or 0°) and a 120 –130° knee angle. This position was duplicated from session to session. The foot was held in place by a heel block and was tightly attached to the plate by means of two straps. One strap was placed around the foot, 1–2 cm proximal to the metatarsophalangeal joint of the toe, and the second strap was placed around the foot, just below the ankle joint. Mechanical and EMG recordings The torque produced by the dorsiflexor muscles during contractions was measured by a strain-gauge transducer (sensitivity: 0.018 V/Nm; linear range: 0 –200 Nm) that was mounted on the rotational axis of the motor. The torque signal was amplified and filtered (AM 502, Tektronix, Beaverton, OR; bandwidth DC: –300 Hz). Motor-unit potentials were recorded by a selective electrode that comprised 50-m diamel-coated nichrome wires glued into the lumen of a 30-gauge hypodermic needle. The electrode was inserted in the middle part of the TA muscle, and during each experimental session the needle was inserted at different locations. At each location, the needle was manipulated to various depths and angles to obtain a recording site from which the same motor unit was monitored at the two ankle joint positions. The EMG signal was amplified by a custom-made differential amplifier (2,000⫻) and filtered (100 Hz to 10 kHz) before being displayed on a Tektronix TAS 455 oscilloscope. The surface EMG of the TA was recorded by means of two silver disk electrodes (8 mm diam) placed 2–3 cm apart on either side of the needle electrode. The ground electrodes (silver plate of 2 ⫻ 3 cm) for the intramuscular and surface EMG were located over the tibia. The EMG signals were amplified (1,000⫻) and filtered between (10 Hz and 1 kHz) by a custom-made differential amplifier. Methods Before the recording of single motor units, the torque exerted by the dorsiflexor muscles during a MVC was determined. The subject performed three MVCs of 4- to 5-s duration separated by 2- to 3-min rest in a random order at ankle angles of 10° plantarflexion (long) and 10° dorsiflexion (short). At each recording site, once a motor-unit action potential was clearly identified, subjects were asked to produce a ramp contraction at the two ankle angle positions at a rate of ⬃5% MVC/s up to the recruitment of the selected unit and then to hold the torque constant to sustain a minimal, repetitive discharge of the unit for ⱖ5 s (Fig. 1). The subjects received visual feedback of the torque and audio feedback of motor-unit discharge rate. Two successive contractions were separated by ⱖ5–10 s and 3–5 min of rest was allowed between motor-unit recordings from different electrode locations. To ensure that the same motor unit was compared at the two muscle lengths, its discharge pattern was continuously recorded during the change in ankle position. Data analysis Data processing was performed off-line from taped records (Sony PCM-DAT, DTR 8000, Biologic, Claix, France). All signals were FIG. 1. Typical recruitment pattern of the same motor unit during an isometric ramp and hold contraction in the tibialis anterior (TA) muscle at ankle joint angles of ⫺10° (short; left) and ⫹10° (long; right). For both conditions, the torque produced during dorsiflexion (A), surface (B), and intramuscular (C) electromyograph (EMG) of the TA muscle, and instantaneous discharge rate (D) of the motor unit are illustrated. In E, the action potentials of the identified unit are superimposed with an expanded display. The recruitment threshold of the unit was 11.8 and 17.1% maximal voluntary contraction (MVC) force and the average (⫾ SD) discharge rate during the sustained part of the contraction was 9.9 ⫾ 0.7 and 9.7 ⫾ 0.7 Hz at short and long muscle lengths, respectively. The vertical doted line indicates the beginning of motor-unit activation in each condition. J Neurophysiol • VOL 94 • NOVEMBER 2005 • www.jn.org Downloaded from jn.physiology.org on April 28, 2009 Eight subjects (6 men and 2 women) age 22– 48 yr old, participated in this investigation and were tested on several occasions for a total of 24 experimental sessions. All subjects were familiar with the experimental procedure, and none had a known neurological or motor disorder prior to testing. They were all volunteers and gave their informed consent before participating in the study. This investigation was approved by the University Ethics Committee and all the experimental procedures were performed in accordance with the Declaration of Helsinki. 3127 3128 B. PASQUET, A. CARPENTIER, AND J. DUCHATEAU Ultrasonography The architectural changes of the TA at the two ankle angles and for different levels of contraction were investigated in a separate session by ultrasonography (Fukunaga et al. 1997; Maganaris et al. 2001; Reeves and Narici 2003). Fascicle length and pennation angle were assessed by images obtained using real-time B-mode ultrasonographic apparatus (AU5, Esaote Biomedica, Firenze, Italy) with a 13-MHz linear-array probe (38-mm scanning length) positioned on the skin along the mid-sagittal plane of the TA muscle over the site corresponding to the location of the needle insertions. Once muscle fascicles had been clearly identified, the probe position was firmly held in place using a self-made resin sheath to provide a standardized measurement site and ensure that measurements were taken from the same position. The probe was coated with a water-soluble transmission gel to provide acoustic contact. At the two ankle joint angles, images were obtained from rest to isometric MVC, at 10% increments. With the help of visual feedback, subjects had to match the target isometric torque. The contractions lasted 3–5 s and were separated by ⱖ60 s of rest. Measurements of pennation angle and fascicle length were performed by using digitizing software (Scion Image, National Institutes of Health). The TA is a bipennated muscle with a central aponeurosis. The pennation angle was determined as the angle between the fascicle and its insertion into the central aponeurosis (Ito et al. 1998; Reeves and Narici 2003). Fascicle length was determined as the distance from the central to the superficial aponeuroses. When the superficial end of the fascicle extended off the acquired ultrasound image, fascicle length was determined by trigonometry by assuming a linear continuation of the fascicles (Reeves and Narici 2003). TABLE Statistics Data are reported as means ⫾ SD within the text and displayed as means ⫾ SE in the figures. Torque and surface EMG during MVCs, and average recruitment threshold and discharge rate of motor units at the two ankle joint angles were analyzed using the Student’s paired t-test. Data from submaximal trials were analyzed by using a two-way ANOVA design with repeated measures to test muscle length effect and torque levels on the EMG-torque ratio, and motor unit and muscle fascicle parameters. Difference in fascicle length for the two ankle joint angles at the different torque levels was tested by using a one-way ANOVA design with repeated measures. A Tukey’s post hoc test was conducted when significant main effects were observed. Significance was set at P ⱕ 0.05. RESULTS Maximal torque, EMG activity, and fascicle length The mean MVC torque produced during dorsiflexion at the two ankle positions was 35 ⫾ 3.3 and 44.3 ⫾ 4.2 Nm at short (10° dorsiflexion) and long (10° plantarflexion) muscle lengths, respectively. As expected, the data indicate that MVC torque is increased (P ⬍ 0.001) at the longer muscle length. In contrast, the TA EMG activity decreased (P ⬍ 0.05) with increased muscle length (0.43 ⫾ 0.06 vs. 0.47 ⫾ 0.08 mV). Although small, the changes in EMG during MVC at the shorter muscle length were observed in seven subjects. One subject showed a similar average EMG at both ankle angles. The effects of the ankle joint position on TA pennation angle and fascicle length are shown at rest and during MVC in Table 1. Both at rest and during MVC, average pennation angle was significantly smaller (P ⬍ 0.001) at short than at long muscle length. The average fascicle length was significantly greater (P ⬍ 0.001) at long compared with short muscle length, both at rest and during MVC. When expressed as percentage of their respective resting length, average fascicle length was reduced (P ⬍ 0.001) by 38.2 ⫾ 5.4 and 42.6 ⫾ 6.0% during MVCs performed at long and short muscle lengths, respectively. Motor-unit recruitment and discharge rate Fifty-nine motor units were recorded from different sites in eight subjects at the two ankle joint angles and analyzed during voluntary isometric contractions. A typical example of motorunit discharge pattern during the isometric ramp-and-hold contraction of the dorsiflexors at the two ankle angle positions is illustrated in Fig. 1. The unit was recruited at a dorsiflexion torque of 4.2 Nm (11.8% MVC) and 6.3 Nm (17.1% MVC) in shortened and lengthened positions, respectively. The decrease of motor-unit recruitment threshold at the shorter muscle length was observed for all units. The average recruitment threshold, expressed as percentage of their respective MVC 1. Pennation angle and fascicle length in the TA at rest and during MVC at short and long muscle lengths Rest Pennation angle, ° Fascicle length, mm MVC Short Long P Short Long P 14.9 ⫾ 2.2 63.6 ⫾ 12.6 12.8 ⫾ 1.8 72.9 ⫾ 15.6 0.001 0.001 24.5 ⫾ 3.9 36.0 ⫾ 5.6 20.6 ⫾ 3.6 44.4 ⫾ 6.6 0.001 0.001 Values are mean ⫾ SD. P denotes significant difference between short and long muscle lengths. Regardless of ankle angle, values are significantly different between rest and maximal voluntary force (MVC) (P ⬍ 0.001). TA, tibialis anterior. J Neurophysiol • VOL 94 • NOVEMBER 2005 • www.jn.org Downloaded from jn.physiology.org on April 28, 2009 acquired on a personal computer at a sampling rate of 3 kHz (force), 6 kHz (surface EMG), or 12 kHz (intramuscular EMG) by a MP150 data acquisition system (Biopac Systems, Santa Barbara, CA). For each ankle angle, the MVC force was determined from the trial that yielded the largest value. The associated average EMG amplitude was measured during a 2-s epoch during the MVC plateau. Motor-unit discrimination was accomplished either with a window discriminator (Duchateau and Hainaut 1990) or when necessary by a computerbased, template-matching algorithm (Signal Processing Systems, SPS 8701, Malvern Victoria, Australia). Single motor-unit action potentials were identified on the basis of amplitude, duration, and waveform shape. Only the motor units that were clearly identified and that differed by ⬍20% in amplitude at the two ankle angles were included in the analysis. These criteria and the technical difficulty to record the same motor unit at the two ankle positions explain the relative low sample of units per session (⬃3). Motor-unit recruitment threshold, defined as the torque at which the motor unit began to discharge, was determined during each isometric ramp contraction at the two different ankle angles (10° dorsiflexion and 10° plantarflexion). Recruitment threshold was then expressed as a percentage of the MVC torque obtained at the same ankle angle. Motor-unit discharge rate was determined during the sustained contractions and an average value was computed. MOTOR-UNIT BEHAVIOR AND MUSCLE FASCICLE LENGTH FIG. 3. Change in motor-unit discharge rate-torque ratio for different torque levels (expressed as % MVC torque) at short and long muscle lengths. Each value represents the average (⫾SE) over 5% range of their relative MVC torque. Significant difference between the 2 conditions: ***P ⬍ 0.001. The modulation in motor-unit activation pattern was associated with change in surface EMG activity. The EMG-torque ratio (Fig. 5) illustrates change in muscle activation relative to the torque produced during isometric dorsiflexions at different intensities for the two ankle joint angles. When computed across all torque levels (0 and 35% MVC), the mean ratio at short muscle length was about twice that at long muscle length (0.028 ⫾ 0.012 vs. 0.013 ⫾ 0.005 mV/Nm; P ⬍ 0.001). For both ankle angles, the ratio was greater at low torque (⬍10% MVC) than at higher torque levels (10 –35% MVC; Fig. 5). Muscle architecture The effects of change in ankle position on the pennation angle and fascicle length, at different voluntary contraction intensities, are illustrated in Fig. 6. Regardless of torque level, the average pennation angle at the central aponeurosis was greater (P ⬍ 0.001) and fascicle length shorter (P ⬍ 0.001) when the ankle joint ankle was moved from 10° plantarflexion to 10° dorsiflexion. The pennation angle increased from rest to MVC by 61.2 and by 64.4% at long and short muscle lengths, respectively. The changes in pennation angle were greater (P ⬍ 0.001) during contractions between 0 and 10% MVC (Fig. 6B). For isometric dorsiflexion at 10% MVC, fascicle length was significantly reduced (P ⬍ 0.001) from 72.9 ⫾ 15.6 to 55.4 ⫾ 8.4 mm (⫺23.0%) and from 63.6 ⫾ 12.6 to 44.9 ⫾ 7.8 mm (⫺28.7%) at long and short muscle lengths, respectively. From rest to MVC, fascicle length decreased by 38.2 and 42.7% at long and short muscle lengths, respectively. As illustrated by Fig. 6D, the greatest difference in fascicle length between the two joint angles was obtained at 10% MVC. DISCUSSION FIG. 2. Motor-unit recruitment threshold (means ⫾ SE; n ⫽ 59), expressed as % MVC torque (A) and discharge rate (B) of the TA muscle at short and long muscle lengths. Significant difference between the 2 conditions: ***P ⬍ 0.001. J Neurophysiol • VOL Previous investigations have reported that the pattern of motor-unit activity is related to muscle length (Christova et al. 1998; Kennedy and Cresswell 2001; Tax et al. 1990; Vander Linden et al. 1991). The present work represents the first attempt to associate changes in muscle fascicle length with changes in recruitment threshold and discharge pattern of the same motor unit recorded during voluntary isometric contrac- 94 • NOVEMBER 2005 • www.jn.org Downloaded from jn.physiology.org on April 28, 2009 (Fig. 2A), was 5.2 ⫾ 6.1% MVC (range: 0.3–21.2%; 2.1 ⫾ 2.5 Nm, range: 0.1–7.5 Nm) and 8.8 ⫾ 9.0% MVC (range: 0.4 – 32.8%; 3.6 ⫾ 3.7 Nm, range 0.2–10.5 Nm), at short and long muscle lengths, respectively. These differences indicate a significant reduction (45.5 ⫾ 25.5%; P ⬍ 0.001) of the average recruitment threshold when the ankle joint angle was moved from 10° plantarflexion to 10° dorsiflexion. The average discharge rate across all contraction intensities was 11.4 ⫾ 2.3 and 11.1 ⫾ 2.0 Hz, for short and long muscle lengths, respectively (Fig. 2B). The data did not differ statistically. In Fig. 3, the motor-unit discharge rate-torque ratio, at short and long muscle lengths, has been expressed relative to its respective MVC torque. At low torque level (0 –5% MVC), the ratio was roughly twice (10.8 ⫾ 6.0 vs. 5.6 ⫾ 3.0 Hz/Nm; P ⬍ 0.001) at short compared with long muscle lengths. However, as torque increased, motor units displayed a rather rapid decline in discharge rate per torque unit, with a more pronounced drop at short muscle length. At torque ⬎10% MVC no significant difference was observed between both ankle joint angles. In 15 trials, an additional motor unit was recruited (average threshold: 14.2 ⫾ 5.0% MVC) at short muscle length but not at long muscle length when the same absolute torque level was produced. These units, collected in five of the eight subjects, were only recruited at the longer muscle length for higher relative torque (22.8 ⫾ 5.7% MVC). Such additional recruitment of motor units is displayed by Fig. 4. The graph illustrates the recruitment of a second unit although the discharge rate of the first unit was similar for short and long muscle lengths (13.5 ⫾ 1.3 and 13.3 ⫾ 1.8 Hz, respectively). Interestingly, the recruitment of additional motor units at short muscle lengths was mainly observed (89.4%) at dorsiflexion torque above 10% MVC, and their average discharge rate was 10.8 ⫾ 2.4 Hz. 3129 3130 B. PASQUET, A. CARPENTIER, AND J. DUCHATEAU FIG. 4. Typical discharge pattern of 2 motor units (MU1 and MU2) recorded in the TA muscle during isometric contraction of the dorsiflexors at ankle joint angles of ⫺10° (short; left) and ⫹10° (long; right). In both conditions, the torque produced by the dorsiflexors (A), the intramuscular EMG of the TA muscle (B), and the instantaneous discharge rate of MU1 (C) and MU2 (D) are illustrated. In E, the action potentials of each identified unit are superimposed with an expanded display. Note that MU2 was only recruited (threshold of 2.1 Nm or 5.7% MVC) at short muscle length. The vertical doted line indicates the beginning of its activation. FIG. 5. EMG-torque ratio for different torque levels (expressed as % MVC torque) at short and long muscle lengths. Each value represents the average (⫾SE) over 5% range of their relative MVC torque. Significant difference between the 2 conditions: *P ⬍ 0.05; **P ⬍ 0.01; ***P ⬍ 0.001. J Neurophysiol • VOL Narici (2003) and by Hodges and co-workers (2003) in the same muscle. Such reduction in fascicle length, when the ankle was moved from 10° plantarflexion to 10° dorsiflexion, was sufficient to reduce muscle force because the muscle fibers would presumably operate in the ascending limb rather than at the plateau region of the length-tension relationship (Lieber et al. 1994; Rassier et al. 1999). In addition, with reduced muscle length, the pennation angle of TA muscle fibers was increased by 2.1 and 3.9°, at rest and MVC, respectively. Such changes would place the muscle fibers in a less optimal angle, in relation to the line of action of the muscle, to generate maximal torque (Ito et al. 1998; Maganaris et al. 2001; Narici 1999). At a short muscle length, MVC was associated with a greater average surface EMG. This enhanced EMG activity at a short muscle length is in agreement with previous studies performed in the same muscle (Marsh et al. 1981), elbow flexors (Kasprisin and Grabiner 2000; Komi et al. 2000), and knee extensors (Babault et al. 2003). However, these observations are in contrast with the studies of Cresswell et al. (1995) and Pinniger et al. (2000), showing a significant reduction in EMG activity from the two heads of the gastrocnemius muscle at shortened muscle length. Surface EMG reflects both peripheral and central properties of the neuromuscular system that are modulated, respectively, by fiber membrane and motor neuron activation. The changes in TA EMG activity with muscle length could also be modified by nonphysiological factors such as changes in electrode-muscle configuration (Farina et al. 2004; Keenan et al. 2005; Kennedy and Cresswell 2001). Another potential factor that could have influenced the EMGtorque relationship is a possible difference in the contribution of synergistic muscles at the two ankle joint angles. In addition to the TA muscle, which is the main contributor to the dorsiflexion torque, other muscles such as the extensor hallucis longus, the extensor digitorum longus, and the peroneus tertius also contribute to dorsiflexion. Although we cannot rule out the possibility of a greater contribution of any one of these muscles at the longer muscle length, which could have reduced the contribution of the TA muscle at a given torque level, this should have minor effect on our results. Indeed, all these muscles are monoarticular, and due to the retinaculum systems surrounding the distal tendons of the dorsiflexors, their lever arms should not change differently during small (20°) ankle 94 • NOVEMBER 2005 • www.jn.org Downloaded from jn.physiology.org on April 28, 2009 tions in human. The results indicate that a given absolute or relative torque is reached with higher discharge rate and increased motor-unit recruitment when muscle fascicles are shortened. The main finding is that increased rate coding is preponderant at low torque (⬍10% MVC) when the muscletendon complex is compliant, whereas motor-unit recruitment plays a dominant role at higher torque (10 –35% MVC) and decreased compliance. As previously reported, reduced ankle angle is associated with decreased MVC torque produced by the dorsiflexor muscles (Bigland-Ritchie et al. 1992; Gandevia and McKenzie 1988; Marsh et al. 1981; Vander Linden et al. 1991). The decline in torque at short muscle length is mainly attributed to a reduced number of attached cross bridges subsequent to sarcomere shortening beyond the optimal actin-myosin overlap (Edman and Andersson 1968; Gordon et al. 1966; Lieber et al. 1994; Rassier et al. 1999). In our study, with decreased ankle angle (from 10° plantarflexion to 10° dorsiflexion), the average TA fascicle length decreased by 9.3 mm (12.7%) at rest and by 8.4 mm (18.9%) during MVC. Furthermore, the fascicle shortening between rest and maximal isometric contraction was greater at 10° dorsiflexion compared with 10° plantarflexion. A similar observation has been recently reported by Reeves and MOTOR-UNIT BEHAVIOR AND MUSCLE FASCICLE LENGTH 3131 FIG. 6. Example of an ultrasonic image of the TA muscle (A). This scan illustrates how pennation angle (␣) and length of muscle fascicle (Lf) were determined (for more details, see METHODS). Change in pennation angle (B) and fascicle length (C) for different dorsiflexion torques (expressed as % MVC) at short (F) and long muscle lengths (E) are illustrated. D: difference in fascicle length between the 2 muscle lengths for different torque levels. Values are mean (⫾SE). In B and C, significant difference between muscle lengths: **P ⬍ 0.01; ***P ⬍ 0.001. In C, significant difference from resting values: *P ⬍ 0.05. J Neurophysiol • VOL may be explained by specific changes in muscle architecture of the monoarticular TA and the biarticular medial gastrocnemius during lengthening (see Kawakami et al. 1998; Reeves and Narici 2003). The observation that the TA muscle did not become “actively insufficient” at an ankle joint angle of 10° dorsiflexion presumably indicates that it operates closer to the plateau of the length-torque relationship than the medial gastrocnemius when the knee is flexed at 90°. This study was not designed to determine the mechanisms of the decreased recruitment threshold and increased discharge rate of motor units at short muscle fascicle length. However, the data are consistent with the view point that the CNS motor command can be modulated by the integrated afferent proprioceptive information at a given joint position (Kennedy and Cresswell 2001; McNulty and Cresswell 2004). The increased discharge rate observed when the muscle is compliant could be related to increased reflex responsiveness, as was reported in contractions performed against an unstable mechanical load (Akazawa et al. 1983). The enhanced activation during submaximal contractions at short muscle length would obviously compensate for the length-dependent changes in the time course of the mechanical twitch. The reduction in both twitch contraction time and peak torque (Babault et al. 2003; Bigland-Ritchie et al. 1992) would require a higher motor-unit discharge rate to produce a similar level of force in the shortened compared with the lengthened position (Bigland-Ritchie et al. 1992). Therefore when the torque was increased ⱕ10% MVC, the rate of change in discharge rate was greater than at higher torque levels with a more rapid decrease in motor-unit discharge per unit torque at short muscle length. In parallel, ultrasonographic measurements indicate that fascicle length displayed the greatest shortening at low torque (⬍10%) with a greater magnitude at the dorsiflexed ankle position. Both observations should be related to the enhanced compliance of the musculo-tendinous structure at low torque levels. The increased motor-unit discharge rate at recruitment, would compensate for the greater slack in the passive elastic 94 • NOVEMBER 2005 • www.jn.org Downloaded from jn.physiology.org on April 28, 2009 rotation. Furthermore, these muscles have a similar excursion range in most of our movements and therefore their lengthtension relationships should not differ too much (Rassier et al. 1999). Regardless of the reasons for the differences between studies, the change in surface EMG observed in the current work did not result from a submaximal voluntary activation because it has been shown by means of the twitch interpolation technique that the TA can be maximally activated in most subjects regardless of the ankle joint angle and the type of contraction (Bigland-Ritchie et al. 1992; Klass et al. 2005). During voluntary isometric dorsiflexion, the ankle joint angle has a substantial effect on motor-unit discharge pattern at recruitment. In our study, motor units were recruited at a lower torque level at short than at long muscle length. This is in agreement with the study of Miles et al. (1986), showing an increase in motor-unit recruitment threshold in the human masseter muscle when the jaw opening approached the maximal gape. Furthermore, at low torque level, motor units exhibited a greater discharge rate per unit torque at short compared with long fascicle length. These results are consistent with the increased motor-unit discharge rate at recruitment observed by Vander Linden et al. (1991) in the TA when the muscle was shortened. Other studies that focused on motor-unit discharge characteristics observed an enhanced discharge rate at short muscle lengths (Tax et al. 1990). These findings contrast, however, with those of Kennedy and Cresswell (2001), who reported an increased recruitment threshold of motor units in the medial gastrocnemius at short muscle length (flexed vs. extended knee). From these observations, the authors suggested that once the muscle fiber reached a critical level of shortening, the muscle became “actively insufficient,” even if fully activated, leading to a reduction of the neural drive to the spinal motor neurons. They concluded that an increased inhibition of the motor neurons pool related to a diminished force-producing capabilities of motor units was present at reduced muscle length. In contrast, our results suggest a greater excitability or a smaller inhibition of TA motor neuron pool at short muscle length. These opposite results 3132 B. PASQUET, A. CARPENTIER, AND J. DUCHATEAU ACKNOWLEDGMENTS The authors are particularly grateful to Prof. K. Hainaut and Dr. K. Keenan for critical reading of this paper. We also thank Prof. M. Narici for helpful advice regarding ultrasonography and A. Deisser for assistance in the preparation of the manuscript. GRANTS This study was supported by the Université Libre de Bruxelles and the Fonds National de la Recherche Scientifique of Belgium. REFERENCES Akazawa K, Milner TE, and Stein R. Modulation of reflex EMG and stiffness in response to stretch of human finger muscle. J Neurophysiol 49: 16 –27, 1983. Babault N, Pousson M, Michaut A, and Van Hoecke M. Effect of quadriceps femoris muscle length on neural activation during isometric and concentric contractions. J Appl Physiol 94: 983–990, 2003. Becker R and Awiszus F. 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Such compensation at short muscle lengths would increase stiffness and contribute to facilitate transmission of the force generated by the muscle (Ito et al. 1998; Parmiggiani and Stein 1981). In agreement with the study of Bigland-Ritchie et al. (1992), we did not observe a greater motor-unit discharge rate at short compared with long muscle length when the contraction was performed at high isometric torque intensities. Although there was no significant difference in discharge rate per unit torque at both muscle lengths, for torque comprised between 10 and 35% MVC, the EMG-torque ratio was larger at short length. This greater average EMG activity is probably related to the recruitment of additional motor units, which would be necessary to generate comparable absolute or relative torque than that recorded at long muscle length. This suggestion is consistent with the observation that motor units were recruited at lower recruitment threshold and that, at the same absolute torque, more motor units were activated at short compared with long muscle fascicles. Therefore recruitment of additional motor units appears to be the main mechanisms to generate the required torque at short muscle lengths, at least for contractions ranging between 10 and 35% MVC. Considering the curvilinear shape of the length-tension relationship of the aponeurosis and tendon (Magnusson et al. 2001), the greater compliance would contribute to a larger change in fascicle length, mainly at low forces and may explain why the discharge rate per unit torque did not differ between muscle lengths at higher torque levels. In conclusion, the current study demonstrates that during submaximal isometric voluntary contractions, motor-unit recruitment and discharge rate are greater at short compared with long muscle fascicle length. Furthermore, the data indicate that rate coding and motor-unit recruitment are related to the compliance of the muscle-tendon complex. Rate coding appeared to be the major contributor at small torque intensities, whereas the functional significance of recruitment increased with increasing torque and decreasing compliance. MOTOR-UNIT BEHAVIOR AND MUSCLE FASCICLE LENGTH Pasquet B, Carpentier A, Duchateau J, and Hainaut K. Muscle fatigue during concentric and eccentric contractions. Muscle Nerve 23: 1727–1735, 2000. Pinniger GJ, Steele JR, Thorstensson A, and Cresswell AG. Tension regulating during lengthening and shortening actions of the human soleus muscle. Eur J Appl Physiol 81: 375–383, 2000. Rassier DE, MacIntosh BR, and Herzog W. Length dependence of active force production in skeletal muscle. J Appl Physiol 86: 1445– 1457, 1999. 3133 Reeves ND and Narici MV. Behavior of human fascicle during shortening and lengthening contractions in vivo. J Appl Physiol 95: 1090 –1096, 2003. Tax AA, Denier van der Gon JJ, Gielen CC, and Kleyne M. Differences in central control of m. biceps brachii in movement tasks and force tasks. Exp Brain Res 79: 138 –142, 1990. Vander Linden DW, Kukulka CG, and Soderberg GL. The effect of muscle length on motor-unit discharge characteristics in human tibialis anterior muscle. Exp Brain Res 84: 210 –218, 1991. Downloaded from jn.physiology.org on April 28, 2009 J Neurophysiol • VOL 94 • NOVEMBER 2005 • www.jn.org 753 J Physiol 577.2 (2006) pp 753–765 Specific modulation of motor unit discharge for a similar change in fascicle length during shortening and lengthening contractions in humans Benjamin Pasquet, Alain Carpentier and Jacques Duchateau Laboratory of Applied Biology, Université Libre de Bruxelles, 28 avenue P. Héger, CP 168, 1000 Brussels, Belgium This study examines the effect of a change in fascicle length on motor unit recruitment and discharge rate in the human tibialis anterior during shortening and lengthening contractions that involved a similar change in torque. The dorsiflexor torque and the surface and intramuscular electromyograms (EMGs) from the tibialis anterior were recorded in eight subjects. The behaviour of the same motor unit (n = 63) was compared during submaximal shortening and lengthening contractions performed at a constant velocity (10 deg s−1 ) with the dorsiflexor muscles over a 20 deg range of motion around the ankle neutral position. Muscle fascicle length was measured non-invasively using ultrasonography. Motor units that were active during a shortening contraction were always active during the subsequent lengthening contraction. Furthermore, additional motor units (n = 18) of higher force threshold that were recruited during the shortening contraction to maintain the required torque were derecruited first during the following lengthening contraction. Although the change in fascicle length was linear (r 2 > 0.99), and similar for both shortening and lengthening contractions, modulation of discharge rate differed during the two contractions. Compared with an initial isometric contraction at short (11.9 ± 2.4 Hz) or long (11.7 ± 2.2 Hz) muscle length, discharge rate increased only slightly and stayed nearly constant throughout the lengthening contraction (12.6 ± 2.0 Hz; P < 0.05) whereas it augmented progressively and more substantially during the shortening contraction, reaching 14.5 ± 2.5 Hz (P < 0.001) at the end of the movement. In conclusion, these observations indicate a clear difference in motor unit discharge rate modulation with no change in their recruitment order between shortening and lengthening contractions when performed with a similar change in muscle fascicle length and torque. (Resubmitted 26 July 2006; accepted after revision 6 September 2006; first published online 6 September 2006) Corresponding author J. Duchateau: Laboratory of Applied Biology, Université Libre de Bruxelles, 28 avenue P. Héger, CP 168, 1000 Brussels, Belgium. Email: [email protected] The force produced by a muscle is influenced by its length (Gordon et al. 1966), and the modality and velocity of the contraction (Katz, 1939; Edman et al. 1978). A common observation in whole-muscle or single-fibre studies in experimental animals is that the force achieved during a maximal contraction is greater in lengthening (eccentric) than in isometric and shortening (concentric) conditions when measured on the plateau and on the descending limb of the length–tension curve (Katz, 1939; Edman et al. 1978; Morgan et al. 2000). In the performance of voluntary actions, the contraction-type difference in the force capacity of muscle may be related to the control strategy used by the central nervous system (CNS) to activate the motor unit pool of the muscle (Westing et al. 1991; Pinniger et al. 2000). This hypothesis is supported by the observation that EMG activity recorded at the same movement velocity is usually lower during C 2006 The Authors. Journal compilation C 2006 The Physiological Society maximal voluntary lengthening compared with shortening contractions (Komi & Burskirk, 1972; Westing et al. 1991; Aagaard et al. 2000). Furthermore, the maximal torque that can be achieved during a lengthening contraction is increased by the addition of electrical stimulation superimposed over the voluntary effort (Westing et al. 1991; Pinniger et al. 2000). The incomplete activation during lengthening contractions is accompanied by lower excitability of the corticospinal tract to transcranial magnetic or electrical stimulation (Abbruzzese et al. 1994; Sekiguchi et al. 2003) and depressed monosynaptic (Romano & Schieppati, 1987; Abbruzzese et al. 1994; Nordlund et al. 2002) and polysynaptic reflex excitability (Nakazawa et al. 1997). Furthermore, EEG recordings indicate greater and earlier cortical activity during submaximal and maximal lengthening elbow flexor actions (Fang et al. 2001, 2004), suggesting that the CNS DOI: 10.1113/jphysiol.2006.117986 Downloaded from J Physiol (jp.physoc.org) at unknown institution on April 30, 2009 754 Benjamin Pasquet, Alain Carpentier and Jacques Duchateau may plan and program lengthening movements differently from shortening contractions. The mechanisms that give rise to specific muscle activation during shortening and lengthening contractions (see Enoka, 1996) involve modulation in motor unit recruitment and rate coding. While some studies reported that lengthening contractions are associated with a selective activation of high-threshold fast-twitch motor units and a derecruitment of low-threshold slow-twitch units (Nardone et al. 1989; Howell et al. 1995; Linnamo et al. 2003), others reported a recruitment order that is consistent with the size principle (Henneman, 1957) for both shortening and lengthening contractions (Garland et al. 1994; Søgaard et al. 1996; Bawa & Jones, 1999; Stotz & Bawa, 2001). Although, Stotz & Bawa (2001) reported the recruitment of additional higher threshold units during some lengthening contractions, this occurred only when the force or movement profile was erratic. In contrast to the similarity in recruitment order, motor unit discharge rate does vary with contraction type. Average discharge rate is usually lower during submaximal lengthening contractions compared with shortening contractions (Tax et al. 1989; Howell et al. 1995; Søgaard et al. 1996; Kossev & Christova, 1998; Semmler et al. 2002; Del Valle & Thomas, 2005), even when the number and properties of identified active motor units were similar (Søgaard et al. 1996). To obtain a more complete understanding of the functional organization of the motor unit pool during shortening and lengthening contractions, it would be instructive to determine if a similar change in torque is reached mainly by selective recruitment of high-threshold motor units, the modulation of discharge rate, or by both mechanisms. Some of the discrepancy in the existing literature could be explained because populations of units were often compared, instead of analysing the behaviour of the same unit during both contraction types. Furthermore, movement velocity was not always carefully controlled, and the change in muscle length during movement was only estimated from the recording of joint position and not from direct measurement of fascicle length. This is a critical issue because it has been shown that fascicle length during maximal shortening and lengthening contractions is not linearly related with joint angle in the tibialis anterior (Reeves & Narici, 2003). Another major advantage of measuring fascicle length during movement is that it can provide length information from the portion of muscle where the motor units are recorded, in contrast with the estimate of the whole muscle length from changes in joint angle. Nonetheless, the association between changes in fascicle length with joint angle may vary across muscles, which could explain the divergent results on motor unit recruitment and discharge rate in shortening and lengthening contractions. Therefore, the purpose of this work was to examine the effect of a change in fascicle length of the tibialis J Physiol 577.2 anterior muscle on the recruitment and discharge rate of the same motor unit during submaximal shortening and lengthening contractions for a similar change in torque. Angular velocity about the ankle joint was constant during both types of contractions. It was hypothesized that differences in the rate of change in fascicle length could explain some of the previously reported differences in motor unit discharge rate observed during shortening and lengthening contractions. Methods Subjects Eight subjects (6 men and 2 women) age 22–48 years, participated in this investigation and were tested on several occasions for a total of 24 experimental sessions. Two successive sessions were separated by at least 1 week. Prior to the experimental sessions, all subjects were familiarized with the procedure and contraction modalities during one or two sessions. None of the subjects had any known neurological or motor disorder prior to testing. They were all volunteers and gave their informed consent before participating in the study. This investigation was approved by the University Ethics Committee and all the experimental procedures were performed in accordance with the Declaration of Helsinki. Ergometric device A motor-driven computer-controlled ergometer (Type HDX 115C6; Hauser Compax 0260M-E2; Offenburg, Germany) was used (Pasquet et al. 2000). This device, equipped with a footplate that was fixed to the rotational axis of the motor, recorded the torque generated by the dorsiflexor muscles under static and dynamic (isokinetic) conditions. The subject was secured on an adjustable chair in a slightly reclined position. The right foot was strapped to the plate so that the axis of rotation of the ankle joint was aligned with the shaft of the torque motor. The plate was inclined at an angle of 45 deg relative to the floor and the position of the subject was adjusted to obtain a 90 deg angle for the ankle (neutral position or 0 deg) and a 120–130 deg knee angle. This position was duplicated across sessions. The foot was held in place by a heel block and was tightly attached to the plate by means of two straps. One strap was placed around the foot, 1–2 cm proximal to the metatarsophalangeal joint of the toe, and the second strap was placed around the foot, just below the ankle joint. Mechanical and EMG recordings The torque produced by the dorsiflexor muscles during contractions was measured by a strain-gauge transducer C 2006 The Authors. Journal compilation C 2006 The Physiological Society Downloaded from J Physiol (jp.physoc.org) at unknown institution on April 30, 2009 Motor unit behaviour during fascicle length change J Physiol 577.2 (sensitivity, 0.018 V (N m)−1 ; linear range, 0–200 N m) mounted on the rotational axis of the motor. The force signal was amplified and filtered (AM 502; Tektronix, Beaverton, OR, USA; bandwidth DC–300 Hz). Motor unit potentials were recorded by a selective electrode that comprised two 50 μm diamel-coated nichrome wires glued into the lumen of a 30 gauge hypodermic needle (Duchateau & Hainaut, 1990). The electrode was inserted in the middle part of the tibialis anterior muscle and during each experimental session the needle was inserted at different locations. At each location, the needle was manipulated to various depths and angles to obtain a recording site from which the same motor unit was monitored at the two ankle joint positions (10 deg plantarflexion and 10 deg dorsiflexion) and during the shortening and lengthening phases of the contraction. The EMG signal was amplified by a custom-made differential amplifier (×2000) and filtered (100 Hz to 10 kHz) before being displayed on a Tektronix TAS 455 oscilloscope. The surface EMG of the tibialis anterior, soleus and lateral gastrocnemius were recorded by means of two silver disk electrodes (8 mm diameter) placed 2–3 cm apart on the belly of the muscle. The electrodes over tibialis anterior were located on either side of the needle electrode. The ground electrodes (silver plates of 2 cm × 3 cm) were placed over the tibia. The EMG signals were amplified (×1000) and filtered between (10 Hz and 1 kHz) by a custom-made differential amplifier. Experimental procedure Prior to the recording of single motor units, the isometric torque exerted by the dorsiflexor muscles during a maximal voluntary contraction (MVC) was determined. First, the subject performed three MVCs of 4–5 s duration, separated by 2–3 min rest in a random order at ankle angles of 10 deg plantarflexion (long) and 10 deg dorsiflexion (short). This was followed by the recording of the dorsiflexion torque recorded during maximal shortening and lengthening contractions (2–3 MVCs in each condition) at a constant angular velocity of 10 deg s−1 . Once a motor unit action potential was clearly identified at each recording site, subjects were asked to produce a ramp contraction at the two ankle positions at a rate of ∼5% MVC s−1 up to the recruitment of the selected unit and then to hold the torque constant to sustain a minimal, repetitive discharge of the unit for at least 5 s. Target torques were thus determined at short and long muscle lengths (Pasquet et al. 2005). Thereafter, subjects were asked to perform the following task: (1) sustain an isometric dorsiflexion torque at the target torque for the long muscle length for 5 s; (2) as the torque motor dorsiflexed the foot about the ankle, to assist the motion with the dorsiflexors and to reach smoothly the target torque for the short muscle length at the end of the 755 movement; (3) to sustain an isometric dorsiflexion torque at the target torque for the short muscle lengths during 5 s; (4) as the torque motor plantarflexed the foot about the ankle, to resist the motion with the dorsiflexors and to reach smoothly the target torque for the long muscle length at the end of the movement (Fig. 1). This cycle was repeated at least 10 times depending on the ability of the subject to perform the task accurately (see below for the criteria used). To accomplish the task, subjects were provided with visual feedback on a digital oscilloscope of the actual torque and the torque targets for the two muscle lengths (Model 120; Nicolet, Madison, WI, USA). The subjects also received audio feedback of motor unit discharge rate to help them to recognize the selected unit. The shortening and lengthening contractions lasted 2 s at a constant angular velocity (10 deg s−1 ) over a 20 deg range of motion (from 10 deg plantarflexion to 10 deg dorsiflexion, and from 10 deg dorsiflexion to 10 deg plantarflexion around the ankle neutral position for shortening and lengthening contractions, respectively). The contractions were performed at a relatively slow velocity to diminish the interference of the unloading (shortening contraction) or stretch (lengthening contraction) reflexes with the central command to the muscle and to minimize torque fluctuations at the onset of movement. Two successive trials from different electrode locations were separated by at least 5–10 min of rest. The protocol was intended to compare the behaviour of the same unit during the isometric and dynamic (shortening and lengthening) contractions when the muscle produced a similar change in torque. The strategy to control the change in muscle torque was preferred to using the EMG as an index of contraction intensity. Indeed, EMG activity is usually less during lengthening contractions (Westing et al. 1991; Aagaard et al. 2000; Klass et al. 2005) and differences in the level of motor unit synchronization during shortening and lengthening contractions (Semmler et al. 2002) would probably contribute to differences in the amount of EMG cancellation in the two conditions (Keenan et al. 2005) that would confound the comparison of the EMGs. Data analysis Data processing was performed off-line from taped records (Sony PCM-DAT, DTR 8000; Biologic, Claix, France). All signals were acquired on a personal computer at a sampling rate of 3 kHz (force), 6 kHz (surface EMG) or 12 kHz (intramuscular EMG) by a MP150 data acquisition system (Biopac Systems, Santa Barbara, CA, USA). MVC torque (isometric or dynamic contractions) was determined from the trial that yielded the largest value. The MVC torque and associated average full-wave rectified EMG amplitude (aEMG) were measured during a 2 s C 2006 The Authors. Journal compilation C 2006 The Physiological Society Downloaded from J Physiol (jp.physoc.org) at unknown institution on April 30, 2009 756 Benjamin Pasquet, Alain Carpentier and Jacques Duchateau epoch during the MVC plateau (isometric contractions) or throughout the entire range of motion (shortening and lengthening contractions). Motor unit discrimination was accomplished either with a window discriminator (Duchateau & Hainaut, 1990) or, when necessary, by a computer-based, template-matching algorithm (Signal Processing Systems, SPS 8701, Malvern Victoria, Australia). Trials that contained abnormally short and long interspike intervals due to discrimination error were re-analysed on a spike-by-spike basis. Single motor unit action potentials were identified on the basis of amplitude, duration, and waveform shape. Only the motor units that: (1) were clearly identified, (2) showed waveforms and amplitudes that changed gradually and systematically over time throughout the different parts of the task, and (3) that differed by less than 20% in amplitude at the two J Physiol 577.2 ankle angles and movement modalities were included in the analysis. Furthermore, only trials during which torque increased linearly within a 90% confidence interval and did not deviate for more than 5% MVC at the two target levels were included in the analysis. These criteria and the technical difficulty of recording the same motor unit during movements explain the relative low yield in each session (∼3). Motor unit recruitment threshold, defined as the torque at which the motor unit began to discharge, was determined during the isometric ramp contractions at the two different ankle angles (10 deg dorsiflexion and 10 deg plantarflexion). Recruitment threshold was then expressed as a percentage of the MVC torque obtained at the same ankle angle. Motor unit discharge rate was measured during the different phases of the task. Figure 1. Behaviour of a single motor unit during isometric and dynamic contractions A typical discharge pattern of the same motor unit recorded in the tibialis anterior is illustrated during a sustained isometric contraction and during shortening (A) and lengthening (B) contractions of the dorsiflexor muscles. For both conditions, angular ankle displacement (a), the torque produced during dorsiflexion (b), rectified surface (c) and intramuscular (d) EMG of the tibialis anterior, and instantaneous discharge rate (e) of the motor unit are illustrated. F, the action potentials of the identified unit are superimposed with an expanded display. The recruitment threshold of the unit was 3.9 N m (10.9% maximal voluntary contraction (MVC)) and 6.6 N m (18.0% MVC) in short and long positions, respectively. The discharge rate was first decreased from 9.3 to 5.3 Hz at the transition between the isometric and shortening contractions before increasing progressively up to 12.1 Hz at the end of the movement. Conversely, for the lengthening contraction, the discharge rate was first increased from 10.0 to 15.0 Hz before slowly returning to its initial value (9.4 Hz) after the end of the movement. The vertical dashed lines indicate the beginning and the end of the movement in each condition. C 2006 The Authors. Journal compilation C 2006 The Physiological Society Downloaded from J Physiol (jp.physoc.org) at unknown institution on April 30, 2009 J Physiol 577.2 Motor unit behaviour during fascicle length change Ultrasonography The architectural changes of the tibialis anterior during shortening and lengthening contractions were investigated in each subject during a separate session by ultrasonography (Fukunaga et al. 2001; Reeves & Narici, 2003). Fascicle length was assessed by images obtained using real-time B-mode ultrasonographic apparatus (AU5; Esaote, Firenze, Italy; 13 MHz linear-array probe with a 38 mm scanning length) positioned on the skin along the mid-sagittal plane of the tibialis anterior muscle over the site corresponding to the location of the needle insertions. Once muscle fascicles had been clearly identified, the position of the probe was firmly held in place using a self-made resin sheath to provide a standardized measurement site and ensure that measurements were taken from the same position. The probe was coated with a water-soluble transmission gel to provide acoustic contact. A metallic marker was placed between the skin and the ultrasound probe to verify that the probe did not move during the recording. Images acquired during the movements were recorded at a frequency of 20 Hz. The signal from the footplate rotation was used to synchronize the ultrasound images with the ankle movement. Images were obtained for each subject from ankle movements at torques corresponding to those recorded during motor unit recordings. With the help of visual feedback, subjects had to match target torques determined from previous experimental sessions. Measurements of fascicle length were obtained with digitizing software (Scion Image, National Institutes of Health, USA). Because the tibialis anterior is a bipennate muscle with a central aponeurosis (Reeves & Narici, 2003), fascicle length was determined as the distance from the central to the superficial aponeuroses. When the superficial end of 757 the fascicle extended off the acquired ultrasound image, fascicle length was determined by trigonometry by assuming a linear continuation of the fascicles (Reeves & Narici, 2003). Statistics Data are reported as means ± s.d. within the text, and displayed as means ± s.e.m. in the figures. Torque and surface EMG during MVCs, recruitment threshold, and average discharge rate of motor units at the two ankle joint angles (10 deg plantarflexion and 10 deg dorsiflexion) were analysed using Student’s paired t test. Changes in aEMG, motor unit discharge rate and muscle fascicle length during shortening and lengthening contractions were analysed by a two-way ANOVA with repeated measures. A Tukey post hoc test was conducted when significant main effects were observed. Significance was set at P ≤ 0.05. Results The average isometric MVC torque produced by the dorsiflexor muscles at long muscle length (10 deg plantarflexion) was greater (44.3 ± 4.2 versus 35 ± 3.3 N m; P < 0.001) than at short muscle length (10 deg dorsiflexion). In contrast, the corresponding aEMG of the tibialis anterior decreased (P < 0.05) with increased muscle length (0.43 ± 0.06 versus 0.47 ± 0.08 mV). The average MVC torque during the shortening and lengthening contractions was 28.7 ± 4.2 and 45.3 ± 3.8 N m, respectively. As expected, the torque was significantly higher (P < 0.001) during maximal lengthening contractions. In contrast, the aEMG of the Figure 2. Change in average discharge rate in motor units during isometric and dynamic contractions The average discharge rate is reported during shortening (•) and lengthening ( e) contractions (from 0 to 2 s), and during isometric contractions (from 2 to 4 s) at short () and long () muscle lengths. Each value, expressed as percentage of the discharge rate recorded during the initial isometric contractions, represents the average (±S.E.M.) over 0.2 s bins for all motor unit (n = 63) computed across all contraction intensities. The inset illustrates the average (±S.E.M.) changes in discharge rate for the first 10 discharges at the transition between the sustained isometric contraction and the onset of movement. The horizontal dashed line represents the average discharge rate during the previous isometric contraction. Significant difference from initial value in each conditions: ∗ P < 0.05, ∗∗ P < 0.01, ∗∗∗ P < 0.001. Significant difference between the two conditions: + P < 0.05, ‡ P < 0.01, † P < 0.001. C 2006 The Authors. Journal compilation C 2006 The Physiological Society Downloaded from J Physiol (jp.physoc.org) at unknown institution on April 30, 2009 758 Benjamin Pasquet, Alain Carpentier and Jacques Duchateau tibialis anterior was lower during the lengthening than shortening MVC (0.40 ± 0.06 versus 0.43 ± 0.08 mV; P < 0.01). Behaviour of single motor unit during shortening and lengthening contractions The behaviour of the same motor unit was tracked during shortening and lengthening contractions of the dorsiflexors performed at a constant angular velocity. A typical example of the discharge of a single motor unit is illustrated in Fig. 1. The unit was recruited at an isometric dorsiflexion torque of 3.9 N m (10.9% MVC) and 6.6 N m (18.0% MVC) in the short and long positions, respectively. In this example, the unit was activated continuously during the isometric contraction at the two ankle positions and the shortening and lengthening contractions. The discharge rate first decreased from 9.3 to 5.3 Hz at the transition between the isometric and shortening contractions (unloading reflex) before increasing progressively up to 12.1 Hz at the end of the movement. Conversely, the discharge rate during the lengthening contraction first increased to 15.0 Hz (stretch reflex) before slowly returning to its initial value (9.4 Hz) at the end of the movement. The same behaviour was observed for all 63 motor units. The range of recruitment thresholds, expressed as percentage of their respective isometric MVC, extended from 0.2 to 21.1% (mean ± s.d.; 5.7 ± 5.9% MVC) and from 0.5 to 32.8% (9.8 ± 8.6% MVC) at short and long muscle lengths, respectively. The difference between the mean values corresponded to a significant reduction of the recruitment threshold of 45.1 ± 24.1% (P < 0.001) when the ankle joint was moved from 10 deg plantarflexion (long) to 10 deg dorsiflexion (short). Before the onset of the dynamic contractions, the average discharge rate computed over a 2 s epoch and across all isometric contraction intensities was 11.9 ± 2.4 and 11.7 ± 2.2 Hz for short and long muscle lengths, respectively, and did not differ statistically. In Fig. 2, motor-unit discharge rate computed across all contraction intensities during shortening and lengthening contractions (from 0 to 2 s) and the isometric contractions (from 2 to 4 s) has been expressed as a percentage of change from the values recorded during the initial isometric contractions. The typical pattern observed at the onset of shortening contraction (first 10 discharges; Fig. 2, inset), was a rapid reduction in discharge rate to 72 ± 14.3% of the initial values (from 11.7 ± 2.2 to 8.2 ± 2.5 Hz; P < 0.001) for the first interspike interval. This first depression was followed by a rapid return to initial values and a progressive increase during the remaining part of the contraction (from 0.4 to 2 s; Fig. 2, main graph). The average discharge rate was 29.1 ± 16.9% greater (14.5 ± 2.6 Hz; P < 0.001) J Physiol 577.2 at the end of the movement when compared with initial values. In contrast, discharge rate during lengthening contractions was first enhanced to 115.2 ± 14.0% of the initial values (from 11.9 ± 2.4 to 13.7 ± 2.7 Hz; P < 0.001; Fig. 2, inset) and roughly maintained at this level to the end of the movement (Fig. 2, main graph). However, at this stage, no significant difference was observed compared with control discharge rate (106.7 ± 12.8%; 12.4 ± 2.0 Hz; P > 0.05). The following sustained isometric contraction at both muscle lengths was associated with a progressive return to control values, and 1.4 s after the end of the shortening contraction no significant difference in discharge rate was observed. Recruitment of additional motor units Eighteen additional motor units were recruited during the shortening contraction. These units, recorded in six of the eight subjects, were recruited at an average isometric threshold of 7.8 ± 4.6% MVC (3.4 ± 2.1 N m) and 13.2 ± 6.1% MVC (5.4 ± 2.6 N m) at short and long muscle lengths, respectively. These additional units were recruited at an average ankle angle of 2.4 ± 4.3 deg dorsiflexion (range: from 4.8 deg plantarflexion to 8.6 deg dorsiflexion) during the shortening contractions, and derecruited during the lengthening phase of the contraction at an average ankle angle of 7.2 ± 2.9◦ plantarflexion (range: from 2.5 to 10 deg plantarflexion; Fig. 3A). In some inaccurate trials, when the subject overshot the target torque and a greater dorsiflexion torque during the lengthening contraction was produced, these units continued to discharge up to the end of the movement and during the following isometric contraction. When averaged throughout their activation, the discharge rate of these units was 13.1 ± 2.1, 11.4 ± 2.1 and 12.6 ± 2.9 Hz for the shortening, lengthening and isometric contractions, respectively. The average discharge rate was significantly greater (P < 0.001) during shortening compared with lengthening contraction (Fig. 3B) and differed significantly for both shortening and lengthening contractions from isometric contraction (P < 0.01). Figure 4 displays an example of additional recruitment and derecruitment during dynamic contractions. In this example, the second unit (MU2) was recruited during the shortening contraction at an ankle angle of 1 deg dorsiflexion and derecruited during the lengthening contraction at a more extended ankle joint angle (8.0 deg plantarflexion). The second unit was recruited (shortening contraction) or derecruited (lengthening contraction) although a nearly constant and similar discharge rate of the first unit (15.2 ± 3.2 and 15.5 ± 2.0 Hz for shortening and lengthening contractions, respectively) and shows comparable changes of the general discharge pattern to the first recruited unit (MU1). C 2006 The Authors. Journal compilation C 2006 The Physiological Society Downloaded from J Physiol (jp.physoc.org) at unknown institution on April 30, 2009 Motor unit behaviour during fascicle length change J Physiol 577.2 Surface EMG activity The modulation in motor unit activity during movement paralleled the change in the surface EMG activity of the tibialis anterior, as illustrated by Fig. 5. When computed across all contraction intensities, the aEMG (percentage change) decreased to 76.4 ± 13.7% of the initial values (from 0.075 ± 0.031 to 0.058 ± 0.028 mV; P < 0.001) from the beginning of the movement to the first 0.1 s sequence of shortening contraction. Thereafter, the aEMG increased progressively up to the end of the shortening contraction and reached 134.8 ± 21.0% (0.098 ± 0.037 mV; P < 0.001) of the initial values. The aEMG declined progressively during the subsequent isometric contraction at the short muscle length, but stayed above (118.7 ± 16.4%; 0.087 ± 0.035 mV; P < 0.001) the values recorded at the long muscle length. In contrast, the aEMG reached slightly higher values (108.1 ± 6.3%; from 0.084 ± 0.035 to 0.09 ± 0.036 mV; P = 0.06) as soon as the lengthening contraction was initiated, and it remained constant up to the end of the movement. The aEMG regained its control value (96.9 ± 19.1%; 0.078 ± 0.029 mV; P > 0.05) during the subsequent isometric contraction at the long muscle length. Coactivation of antagonist muscles (soleus and lateral gastrocnemius) paralleled the changes observed for the agonist muscles and augmented progressively with increased dorsiflexion torque during both shortening and lengthening contractions. When computed across subjects and over all contraction intensities, excluding the transition phases (first 0.4 s) at the beginning of each 759 movement, the ratio between antagonist and agonist aEMG activity differed slightly but significantly between contraction types (Table 1). The coactivation ratio was significantly greater (P < 0.001) during lengthening compared with shortening contractions for both the soleus and lateral gastrocnemius, and during isometric contractions at long compared with short muscle length for the soleus. Fascicle length change The effect of a change in ankle position on fascicle length during shortening and lengthening contractions at different torque levels (from 5 to 30% MVC) is illustrated for one subject in Fig. 6A. This graph shows that regardless of ankle angles, fascicle length shortened progressively with an increase in dorsiflexion torque. Furthermore, there was no difference in the change in fascicle length during the shortening and lengthening contractions. When averaged across subjects and over the torque levels at which the 63 units were recorded (Fig. 6B), fascicle length decreased by 18.3 ± 1.4% (from 75.9 ± 2.7 to 62.0 ± 2.7 mm; P < 0.001) and increased by 22.1 ± 2.9% (from 62.2 ± 3.6 to 75.8 ± 4.0 mm; P < 0.001) during shortening and lengthening contractions, respectively. When comparing both shortening and lengthening values across all contraction intensities, no significant difference was observed throughout the 20 deg ankle range of motion (Fig. 6B). Within the range of the ankle dorsiflexion torques during the motor unit recordings, a linear change of muscle fascicle length was observed Figure 3. Characteristics of the additional motor units recruited during shortening contractions A, each line shows the recruitment threshold of 1 of 18 motor units recruited during a shortening contraction (•) and its derecruitment threshold during the subsequent lengthening contraction ( e). Each threshold is expressed as a function of ankle angle (◦ ) around the neutral position (horizontal dashed line), and the negative and positive values correspond to dorsi- and plantarflexion, respectively. B, comparison of the average discharge rate of these units during shortening (•) and lengthening ( e) contractions. For each unit, the average discharge rate was computed from its recruitment to the end of the shortening contraction (shortening) and from the beginning of lengthening contraction to its derecruitment (lengthening) C 2006 The Authors. Journal compilation C 2006 The Physiological Society Downloaded from J Physiol (jp.physoc.org) at unknown institution on April 30, 2009 760 Benjamin Pasquet, Alain Carpentier and Jacques Duchateau during shortening (y = 0.644x + 69.2; r 2 = 0.997) and lengthening (y = 0.650x + 69.4; r 2 = 0.998) contractions. When computed across both contraction modalities and contraction intensities, fascicle length changed by 13.7 ± 1.4 mm (20.1 ± 3.1%) when the ankle joint moved over a 20 deg range of motion around the neutral position. The average fascicle velocity did not differ significantly between shortening and lengthening contractions (7.0 ± 0.8 and 6.8 ± 1.2 mm s−1 , respectively). Discussion The main finding of the current study was a difference in the modulation of motor unit discharge rate in the tibialis anterior, with no change in recruitment order between shortening and lengthening submaximal contractions performed at a constant ankle angular velocity and for a similar change in torque. Furthermore, a J Physiol 577.2 similar change in fascicle length at the same speed involved a greater recruitment and modulation of discharge rate of the same motor units during slow shortening contractions compared with lengthening contractions. A major strength of our study was the measurement of average fascicle length during shortening and lengthening contractions; this provided length information on the portion of the muscle from where the motor units were recorded. The results indicated that fascicle length of the tibialis anterior varied linearly with ankle joint rotation, despite a slight variation in the moment arm of the dorsiflexors during ankle rotation (Maganaris et al. 1999). The average fascicle length changed by ∼20% when the ankle joint moved over the 20 deg range of motion and there was no statistical difference in the change in fascicle length and its average velocity between shortening and lengthening contractions. Although the range of motion examined in the current study might represent a different portion of the active torque–angle curves for the different Figure 4. Behaviour of an additional motor unit recruited during shortening contraction A typical discharge and recruitment pattern of two motor units (MU1 and MU2) recorded in the tibialis anterior during a sustained isometric contraction and during shortening (A) and lengthening (B) contractions. In both conditions, angular ankle displacement (a), rectified surface (b) and intramuscular (c) EMG of the tibialis anterior, and instantaneous discharge rate (d and e) of MU1 (d) and MU2 (e) are illustrated. Action potentials of MU1 (f ) and MU2 (g) are superimposed with an expanded display. MU2 was recruited during the shortening phase at an ankle angle of 1 deg dorsiflexion and derecruited during the lengthening contraction at a more extended ankle joint angle (8.0 deg plantarflexion). Note that the discharge rate of the first motor unit remained relatively constant when the second unit was recruited (shortening) and derecruited (lengthening contraction). The vertical dashed lines indicate the beginning and the end of the movement in each condition. C 2006 The Authors. Journal compilation C 2006 The Physiological Society Downloaded from J Physiol (jp.physoc.org) at unknown institution on April 30, 2009 J Physiol 577.2 Motor unit behaviour during fascicle length change 761 Table 1. Coactivation ratio for the soleus and the lateral gastrocnemius during different contraction types with the tibialis anterior Isometric Soleus Lateral gastrocnemius Short Long Shortening Lengthening 4.9 ± 1.5% 2.1 ± 1.4% 6.1 ± 1.4% 2.3 ± 1.2% 5.3 ± 1.1% 1.8 ± 1.1% 7.0 ± 2.3% 2.4 ± 1.3% Antagonist coactivation is expressed as the ratio of average full-wave rectified EMG (aEMG) activities between the soleus or the lateral gastrocnemius and the tibialis anterior. Data represent mean values (±S.D.) computed across subjects and over all contraction intensities, and averaged over 2 s for the isometric contractions and during the movement (excluding the first 0.4 s) for the shortening and lengthening contractions. For the soleus, all contraction modalities differ statistically from each other at P < 0.001, except for the comparison between shortening and isometric contraction at short length for which the statistical level is P < 0.05. For the lateral gastrocnemius, all contraction modalities differ statistically from each other at P < 0.001, except for the comparisons between isometric contractions at the two lengths, and between lengthening and isometric contraction at long muscle length for which significant difference was observed. subjects, it should have minor effect on our results because this part of the torque–angle curve is relatively flat during submaximal activations (Marsh et al. 1981) and our subjects showed a similar increase in maximal isometric torque (range 17–32%) when tested at long compared with short muscle lengths. It is well known from animal studies on whole muscles and single fibres that force during lengthening contractions increases above isometric force when measured on the plateau and on the descending limb of the length–tension curve (Katz, 1939; Edman et al. 1978; Morgan et al. 2000). The usual explanation for this extra force is the development of sarcomere length non-uniformity in the fibres (Julian & Morgan, 1979), although the contribution of other mechanisms cannot be excluded (see Pinniger et al. 2006). Force enhancement is not observed for all muscle groups in humans during voluntary lengthening contractions, possibly due to a tension-limiting mechanism (Westing et al. 1991; Aagaard et al. 2000; Pinniger et al. 2000). However, the absolute torque produced by the dorsiflexor muscles around the neutral (90 deg) ankle angle during lengthening contraction is usually much greater than during isometric and shortening contractions (Pasquet et al. 2000; Klass et al. 2005). Due to the greater force capacity of muscle during lengthening contractions, neural activation must be augmented during a submaximal shortening contractions performed against a given load or for a similar change in torque. Although the utility of EMG to infer changes in the voluntary drive to muscle can be misleading (Keenan et al. 2005), our results for a similar change in torque are consistent with this interpretation as a greater aEMG was reached during shortening compared with lengthening contractions. The results included transient changes in surface aEMG at the transition between the sustained isometric contraction and the movement. There was a small increase in aEMG at the onset of the lengthening contraction that was probably due to increased motor unit discharge rate (see Figs 1 and 4) Figure 5. Change in aEMG during isometric and dynamic contractions The surface average full-wave rectified EMG (aEMG) of the tibialis anterior is reported during shortening (•) and lengthening ( e) contractions (from 0 to 2 s), and during isometric contractions (from 2 to 4 s) at short () and long () muscle lengths. Each value represents the average (±S.E.M.) over 0.2 s bins for all subjects and trials computed across all contraction intensities. The horizontal dashed line represents the average aEMG during the previous isometric contraction. Significant difference from initial value in each conditions: ∗∗ P < 0.01, ∗∗∗ P < 0.001. Significant difference between the two conditions: + P < 0.05; † P < 0.001. C 2006 The Authors. Journal compilation C 2006 The Physiological Society Downloaded from J Physiol (jp.physoc.org) at unknown institution on April 30, 2009 762 Benjamin Pasquet, Alain Carpentier and Jacques Duchateau caused by the sudden muscle stretch (Struppler, 1975; Roll & Vedel, 1982; Wise et al. 1999). Thereafter, the aEMG remained nearly constant during muscle lengthening and at a slightly greater level compared with isometric contractions at both lengths. In contrast, aEMG decreased initially during the shortening contraction due to the unloading reflex (Struppler, 1975; Roll & Vedel, 1982; Wilson et al. 1997); this matches the transient reduction in motor unit discharge rate (see Figs 1 and 4). Subsequently, the aEMG increased progressively until the end of the shortening contraction by the recruitment of additional motor units and increased discharge rate (see below). The greater aEMG during the sustained isometric contraction at the short muscle length compared with the long length was mainly due to the recruitment of motor units. Due to technical difficulties, few studies have analysed the behaviour of the same motor units during shortening and lengthening contractions (Nardone et al. 1989; Howell et al. 1995; Søgaard et al. 1996; Stotz & Bawa, 2001; Semmler et al. 2002). Such recordings are more problematic during dynamic than isometric conditions because of electrode movement and the difficulty in performing shortening and lengthening contractions J Physiol 577.2 against an inertial load at a constant velocity. To minimize these technical difficulties and because differences in the kinematics of dynamic contractions may change the discharge pattern of motor units, we imposed an identical movement velocity during muscle shortening and lengthening. The protocol required the subject to sustain the discharge of an identified motor unit during isometric contractions at two muscle lengths and during shortening and lengthening contractions of the dorsiflexors. All motor units (n = 63) activated during the initial isometric contraction at long muscle length discharged continuously throughout the task, including the lengthening contraction. Furthermore, the recruitment of an additional motor unit was observed at 18 recording sites during the shortening contraction. These additional motor units had a greater force threshold than the units that were active from the beginning of the task and were recruited to maintain the required torque during muscle shortening. They continued to discharge during the subsequent isometric contraction at the short muscle length and were derecruited during the lengthening or isometric contraction at the long muscle length. The derecruitment during the lengthening contraction was always observed at a more extended ankle Figure 6. Change in muscle fascicle length during dynamic contractions The average fascicle length of the tibialis anterior when the ankle joint moved over a 20 deg range of motion around the neutral position (0 deg) is reported during shortening (•; from 10 deg plantarflexion to 10 deg dorsiflexion) and lengthening contractions ( e; from 10 deg dorsiflexion to 10 deg plantarflexion). A, the effect of a change in ankle position on fascicle length during shortening and lengthening contractions at different torque levels (from 5 to 30% MVC by steps of 5% MVC) is illustrated for one subject. B, average (±S.E.M.; n = 63) fascicle length computed across subjects and over contraction intensities corresponding to the torque recorded during motor unit recordings. A linear change between muscle fascicle length and ankle joint ankle is obtained for shortening (y = 0.644x + 69.2; r 2 = 0.997) and lengthening (y = 0.650x + 69.4; r 2 = 0.998) contractions. Note the similar change in fascicle length between shortening and lengthening contractions for different torque levels in a single subject and when averaged across subjects and over contraction intensities. C 2006 The Authors. Journal compilation C 2006 The Physiological Society Downloaded from J Physiol (jp.physoc.org) at unknown institution on April 30, 2009 J Physiol 577.2 Motor unit behaviour during fascicle length change joint angle (fascicle length) than during the shortening contraction (Fig. 3A). In all the trials when the recruitment of another motor unit was observed during the shortening contraction, the unit recruited initially remained active beyond the derecruitment of the later-recruited unit. In agreement with previous studies (Garland et al. 1994; Søgaard et al. 1996; Bawa & Jones, 1999; Stotz & Bawa, 2001; Semmler et al. 2002), these observations indicate that recruitment order was preserved during slow shortening and lengthening contractions at a constant velocity. As for studies that have compared populations of motor units (Søgaard et al. 1996; Linnamo et al. 2003; Del Valle & Thomas, 2005), the average discharge rate of the same motor unit was lower during lengthening compared with shortening contractions in our study. After the transient increase or decrease in discharge rate due to the stretch or unloading reflex, respectively (Fig. 2), the modulation of motor unit discharge differed for the two contraction types when compared for a similar change in fascicle length and torque. The rate of motor unit discharge was nearly constant during the entire lengthening contraction and slightly greater than that recorded during the isometric contractions at short and long muscle lengths. In contrast, motor unit discharge rate increased progressively up to the end of the movement during shortening contractions and reached greater values than during isometric conditions. The greatest difference between shortening and lengthening contractions was observed when the muscle was at a short length due to an increased neural activation that was required to compensate for the reduced muscle force capacity at that length. A similar behaviour was observed for motor units recruited during the course of the task. These findings indicate that rate coding is more important during shortening than lengthening contractions (Del Valle & Thomas, 2005). The greater motor unit recruitment in isometric contractions at short muscle length, although similar discharge frequencies were recorded at the two muscle lengths (Pasquet et al. 2005), further suggests that recruitment is more related to muscle length and that rate coding is critical during shortening contractions. It could be argued that the torque produced during shortening and lengthening contractions relative to their respective MVCs can be slightly less in the latter condition and might have reduced the absolute discharge rate. Although this possibility cannot be excluded, it is unlikely that the contrasting modulation of motor units discharge rate during the two contraction types would be influenced when there was a smooth change in torque between the two targets. Furthermore, in the inaccurate trials recorded during lengthening contractions, during which the subject overshot the target torque and a greater relative dorsiflexion torque was produced, motor units discharge rate did not increase when compared with the accurate trials. 763 The contribution of the other synergistic muscles (extensor hallucis longus, extensor digitorum longus and peroneus tertius) to the torque developed by the dorsiflexors during ankle movement could have influenced the recruitment–derecruitment and discharge of motor units in the current study. Although the relative contributions of these muscles to the net dorsiflexor torque could change during shortening and lengthening contractions, these muscles are all monoarticular with extensive retinaculum systems surrounding the distal tendons and are likely to experience only a minor relative variation in the moment arms during the small (20 deg) ankle rotation. Also, the similar excursion for these muscles suggests that the length–tension curves probably did not differ greatly (Rassier et al. 1999). Furthermore, when an additional motor unit was derecruited during muscle lengthening, the constant discharge rate of the unit that remained active (see Fig. 4) indicates that the synaptic excitatory drive to the motor neurone pool was not greatly reduced at a time the second unit ceased to discharge. The similar recruitment order during shortening and lengthening contractions in our study implies that the nervous system employs a single size-related strategy to activate the involved motor neurones in the different types of contractions. The contrasting modulation of motor unit discharge rate in the two contraction types, however, indicates a difference in the distribution of the sensory inputs to the motor neurone pool together with a possible change in the supraspinal command (Nielsen, 2004). Spinal networks do appear capable of controlling afferent input for specific tasks (Rudomin, 1999). Accordingly, the greater amplitude of the motor evoked potential induced by transcranial magnetic and electrical stimulation during shortening contractions suggests that excitation of the motoneurone pool is reduced during lengthening contractions (Abbruzzese et al. 1994; Sekiguchi et al. 2003). Furthermore, the amplitude of the Hoffmann (H) reflex appears to be modulated in a similar manner as for transcranial stimulations (Romano & Schieppati, 1987; Abbruzzese et al. 1994; Nordlund et al. 2002). Despite a slightly greater level of coactivation during lengthening contractions in the present study, the similar modulation of the H reflex at rest and during contraction (Abbruzzese et al. 1994) discounts a key role for reciprocal Ia inhibition and autogenic Ib inhibition in the excitation of the motoneurone pool. Rather, the comparable variation in both magnetically and electrically evoked motor responses and in the H reflex suggests that the effect was mediated by mechanisms located in the spinal cord, presumably presynaptic in origin (Abbruzzese et al. 1994). Because muscle spindle activity is increased to a greater extent during lengthening than shortening contractions (Burke et al. 1978), centrally and peripherally regulated presynaptic mechanisms (Hultborn et al. 1987; Morita et al. 1998) might explain the different modulation of C 2006 The Authors. Journal compilation C 2006 The Physiological Society Downloaded from J Physiol (jp.physoc.org) at unknown institution on April 30, 2009 764 Benjamin Pasquet, Alain Carpentier and Jacques Duchateau motor unit discharge rate during the two contraction types. This possibility is consistent with the observation that, regardless the level of voluntary drive, the mean discharge rate of motor neurones is lower when deprived of muscle afferent feedback (Macefield et al. 1993). Because lengthening contractions are more difficult to control than shortening contractions (Nordlund et al. 2002; Semmler et al. 2002), depression of Ia excitation from muscle spindles may facilitate an accurate performance of the task. In conclusion, the current study demonstrated that submaximal lengthening contractions at constant velocity involved a specific modulation of motor unit discharge rate with no change in motor unit recruitment order. This behaviour contrasted with that observed during shortening contractions, despite a similar linear change in fascicle length and torque during the two tasks. These observations indicate that recruitment order is preserved during submaximal lengthening contractions at a slow constant velocity, but that motor unit discharge is modulated less compared with shortening contractions. References Aagaard P, Simonsen EB, Andersen JL, Magnusson SP, Halkjær-Kristensen J & Dyhre-Poulsen P (2000). Neural inhibition during maximal eccentric and concentric quadriceps contraction: effects of resistance training. J Appl Physiol 89, 2249–2257. Abbruzzese G, Morena M, Spadavecchia L & Schieppati M (1994). Response of arm flexor muscles to magnetic and electrical brain stimulation during shortening and lengthening tasks in man. J Physiol 481, 499–507. Bawa P & Jones KE (1999). Do lengthening contractions represent a case of reversal in recruitment order? Prog Brain Res 123, 215–220. Burke D, Hagbarth KE & Lofstedt L (1978). Muscle spindle activity in man during shortening and lengthening contractions. J Physiol 277, 131–142. Del Valle A & Thomas CK (2005). 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