LA COMPAGNIE DEMESTEN TITIP PRÉSENTE
TENTATIVES DE TROUS
POUR VOIR LE CIEL À
TRAVERS
DIPTYQUE
D’APRÈS THE YELLOW WALLPAPER
de Charlotte Perkins-Gilman
Et DANGLING MAN
de Saul Bellow
calendrier et soutiens
Co-productions : 3bisF / Aix en Provence; ARCADI, Théâtre Roger Barat / Herblay
Résidences : 3bisF / Aix en Provence; Théâtre Roger Barat / Herblay ; Collectif 12
Diffusion : Théâtre Roger Barat / Herblay, 3bisF / Aix en Provence, la Loge / Paris,
Théâtre les Argonautes / Marseille
Soutiens acquis: Ville de Marseille , ARCADI, SPEDIDAM, DRAC PACA
Soutiens en cours : Région PACA, Conseil Général des Bouches du Rhône
Création le 6 mars 2012 au Théâtre Roger Barat / Herblay
Les 6&7 avril au 3bisF / Aix en Provence
Du 18 au 20 avril aux Argonautes / Marseille
Du 24 au 26 avril à la Loge / Paris
Du 1er au 3 mai à la Loge / Paris
Le 6 mai à la Loge / Paris
Du 8 au 10 mai à la Loge / Paris
ÉQUIPE
Conception et mise en scène: Christelle Harbonn
Dramaturgie et adaptations: Laurence Gervais
Avec: Solenne Keravis, Olivier Boréel et Sébastien Rouiller
Création sonore: Sébastien Rouiller
Scénographie: Muriel Valat et Christelle Harbonn
Création lumières: Olivier Schwal
« … Aujourd’hui, un journal intime est un peu considéré comme une preuve d’auto-indulgence, une faiblesse de mauvais goût. Car, nous vivons
une époque « pétrifiée ». Le code de l’athlète contemporain, du « dur » -l’héritage américain du gentleman anglais-, un curieux mélange d’esprit
de rivalité, d’ascétisme et de rigueur, (…) ce code est plus rigide que jamais. Avez-vous des sentiments ? Il y a plusieurs manières, les unes cor-
rectes, les autres incorrectes de les montrer. Avez-vous une vie intérieure ? Cela ne regarde personne d’autre que vous-même. Avez-vous une
sensibilité ? Etranglez-la. (…)
Un de leurs commandements est : si vous avez des difficultés, débattez-vous seul et en silence. Au diable tout cela ! J’ai l’intention de parler de
mes difficultés, et si je possédais autant de bouches que Siva possède de bras, si je les laissais parler toutes en même temps, je ne pourrais même
pas encore me faire justice à moi-même. (…) Il m’est devenu nécessaire de tenir un journal –c’est à dire de me parler dans la tête-. (…) Tous les
« pétrifiés » ont des compensations à leur silence : ils volent en avion, combattent des taureaux ou pêchent la truite, alors que moi je quitte rare-
ment ma chambre… »
Saul Bellow, Un Homme en suspens,
(titre original Dangling Man)
« C’est une grande pièce aérée… avant d’être une chambre d’enfants elle servait de salle de jeux j’en suis sûre… le papier peint est arraché par
lambeaux autour de la tête du lit, je n’ai jamais vu un papier peint plus laid de ma vie… Son motif est vulgaire et voyant. Il est suffisamment mo-
notone pour brouiller la vue, mais assez précis pour constamment provoquer une curiosité irritée. Quand vous en suivez les courbes incertaines
pendant un petit moment, voilà qu’elles se suicident tout à coup, plongeant à des angles absurdes, elles se détruisent de façon chaotique. La cou-
leur en est repoussante, presque révoltante –un sale jaune qui fermente, étrangement fané par la lumière tournante du coucher de soleil. Le pa-
pier est arraché par plaques entières… ce devaient être des enfants remplis à la fois d’acharnement et de haine…
(…)
Il me semble que ce papier peint sait quelle influence morbide il possède.
(…)
De temps en temps le même motif revient qui pend comme une tête coupée dont les yeux exorbités me fixent de leur regard à l’envers.
J’enrage de voir leur insolence et leur obstination répétées : en bas, en haut , de côté, partout, je vois ramper ces yeux absurdes et fixes… je n’ai
encore jamais vu tant d’expression dans quelque chose d’inanimé, et pourtant nous savons tous combien les choses peuvent devenir expressives
!
Ce papier peint possède un autre motif plus flou, particulièrement irritant…Là où il n’est pas fané, quand il est touché par les rayons du soleil, il
me semble voir une silhouette bizarre, provocante et informe, qui rôde…
Il y a des choses concernant ce papier peint que personne ne sait sauf moi, et que personne ne saura jamais.
On dirait qu’une femme se penche jusqu’à terre pour aller ramper derrière le dessin. »`
Charlotte Perkins-Gilman, Le Papier peint jaune
(titre original The Yellow Wallpaper)
NOTES SUR LE PROJET
TENTATIVES DE TROUS
POUR VOIR LE CIEL A TRAVERS
Nous travaillons sur deux romans américains Le Papier Peint Jaune de Charlotte Perkins-Gilman et Un homme en suspens de Saul Bellow. Ces textes sont deux
journaux intimes écrits respectivement par une femme au XIXe et par un homme au XXe siècle. Ils sont des échappatoires à une vie qui cloue leurs prota-
gonistes à des lois (psychanalytiques ou sociales) qui les démunissent. Ce sont leurs forces de résistance.
Ces textes forment ici un diptyque que nous appelons des Tentatives de trous pour voir le ciel à travers.
Parce que je me sens parfois incapable de regarder et de participer au déroulement du monde comme il faudrait que je le vois, comme il faudrait que je l’ap-
préhende ou comme il faudrait que je l’aime, je trouve des affinités personnelles avec ceux qui déraillent, qui ne trouvent plus la force intérieure pour rester
tranquillement sur leur chaise en attendant que le monde leur passe dessus. On dirait qu’ils décident radicalement que leur monde est le monde, et bien
malin qui parviendrait à leur prouver le contraire - sinon à coups de lois plus absconses les unes que les autres ou de discours bien pensants mal pensés
censés les ramener à la réalité de leur petite vie de merde.
Le désir qui les meut alors de décrire leur monde les enjoint à prendre une parole intimiste, certes, mais qui a pour nécessité de trouver son « universalisme
». Une femme parle, un homme parle, mais à travers eux, ce sont une multiplicité de bouches qui dessinent des mondes inattendus, pluriels, où il est jubila-
toire de penser qu’il est possible de faire un pas sans qu’un cadre nous donne le ton, la voie, la couleur et le sentiment à donner à notre marche.
Ces textes pourraient être des cris dont personne n’entend le son. Nous n’en voyons que la déformation d’une bouche qui nous appelle, mais nous sommes
comme derrière une vitre, et nous n’entendons rien. Puis, par tous les moyens mis à leur disposition, ces bouches tentent de briser notre séparation. Elles
revendiquent les formes d’inadéquations comme des formes de résistance.
J’essaie, avec toute l’équipe de ce projet, de rendre compte de ce qui me bouleverse à la lecture de ces textes ; il n’y a pas d’intellectualisme qui dénoncerait
théoriquement les disfonctionnements d’une société barbare. Il y a un langage de chair et d’épiderme, à mon sens tout à fait contagieux, et l’échange qui se
crée entre l’auteur et le lecteur se crée par les pores.
Ce projet ressemble, je crois, à une colère sourde.
1 / 21 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !