Université de Montréal Faculté des Sciences infirmières Projet d’intégration partie 1 SOI 6215 Concepts en prévention des infections Réalisé par Kathleen Garneau 16 0ctobre 2013 2 Contexte fictif non nominatif Le centre de santé et des services sociaux (CSSS) participe depuis 2003, au programme de surveillance provinciale des bactériémies sur cathéters centraux (SPIN-BACC) développé pour les unités de soins intensifs. De 2010 à 2012 au CSSS, aucun patient n’a eu de bactériémie sur cathéter à l’unité des soins intensifs. Depuis la nouvelle année financière 2013, le service de prévention des infections du CSSS a été informé que cinq patients ont développé une bactériémie associée aux cathéters centraux à l’unité des soins intensifs. Le microorganisme le plus souvent retrouvé sur l’hémoculture lors de l’infection est le staphylocoque à coagulasse négative (SCN). La problématique est : quelles sont les mauvaises pratiques à l’unité des soins intensifs du CSSS qui auraient contribué au développement d’une bactériémie nosocomiale associée aux cathéters centraux chez ces cinq patients depuis le début de l’année ? Pour mieux approfondir les connaissances versus cette problématique en prévention des infections, les moteurs de recherche utilisés sont : Google, Scholar et PudMed. Les mots clés utilisés sont : prévention, infections, vascular, access, cathter-related blooodstream, hand hygiene, modèle humaniste, surveillance INSPQ et caring. Les objectifs du SPIN-BACC de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) permettent aux établissements de santé d’avoir une surveillance continue pour les patients qui ont eu des bactériémies nosocomiales de différents foyers tels que : urinaire, site chirurgical, pulmonaire, abdominal, articulaire ainsi que sur les cathéters centraux, à l’unité des soins intensifs et dans le centre hospitalier. Cette surveillance permet entre autres de documenter l’incidence des bactériémies sur cathéters centraux aux unités des soins intensifs, de décrire les conditions sous-jacentes aux 3 bactériémies sur cathéters centraux, d’identifier les microorganismes associés à ces bactériémies ainsi qu’estimer le pourcentage de mortalité associée (INSPQ, 2012). Au États-Unis, il est estimé qu’à chaque année, il y a en moyenne 250 000 à 500 000 patients (Maki, Kluger et Crnich, 2006) retenus avec une bactériémie reliée à un cathéter intravasculaire central (CIC). Ces patients sont exposés à des risques infectieux quand ils reçoivent des soins dans des établissements de soins de santé, en particulier quand ils subissent des soins et des traitements invasifs (Unahalekhaka, 2011). Le taux d’infection par 1 000 jours-patients est plus élevé dans les unités des soins intensifs, suivi par les pouponnières pour nouveau-nés à risque et les pouponnières bien portants (Unahalekhaka, 2011). La prévalence de développer une bactériémie associée aux cathéters centraux est de 0.1% à 0.5% par 1 000 jours cathéters (Maki, Kluger et Crnich, 2006). Il en résulte un taux de mortalité de 12% à 25% (Maki, Kluger et Crnich, 2006). La morbidité est plus élevée pour les patients dans les unités des soins intensifs (Unahalekhaka, 2011). Les infections acquises dans les établissements de soins n’affectent pas seulement les établissements de santé mais aussi les patients, les membres de leurs familles et le personnel soignant (Unahalekhaka, 2011). Une des conséquences qui affecte le patient et sa famille est que le patient qui développe une bactériémie associée à un CIC acquise aux soins intensifs prolonge sa durée d’hospitalisation de 20 jours et de 22 jours si acquise en centre hospitalier (Maki, Kluger et Crnich, 2006). 60% des patients (Lavery, Ingram, 2006) hospitalisés requièrent un CIC pour permettre un accès à long terme pour l’administration de médicaments, d’antibiotiques, de solutions électrolytiques, de produits sanguins, de l’alimentation parentérale, de la chimiothérapie, des bilans hémodynamiques et faire des traitements d’hémodialyse (Maki, Kluger, Crnich, 2006). Non seulement cet accès vasculaire est primordial pour l’optimisation de sa santé et de son bien-être mais surtout, il est du devoir du CSSS de s’assurer que le patient et sa famille reçoivent des soins de qualité donnés de façon sécuritaire (Girard, 4 Cara, 2011). Il y a certains facteurs de risques pour le patient qui est hospitalisé en établissement de santé. Lorsque des personnes malades nécessitent une hospitalisation, elles présentent des défenses affaiblies envers les bactéries et autres agents infectieux présents dans leurs environnements (Nies et McEwen, 2007, Unahalekhaka, 2011). L’âge avancé représente un facteur de risque général alors que certaines affections représentent un facteur de risque spécifique comme le cancer, l’infection associée au VIH, les brûlures graves, la malnutrition, le coma, le diabète, les maladies broncho-pulmonaires, les troubles de la circulation, les blessures ouvertes et les traumatismes (Unahalekhaka , 2011). Comment expliquer le fait que les cinq patients hospitalisés à l’unité des soins intensifs avec un CIC aient développé une bactériémie associée au CIC. Regardons pourquoi le patient hospitalisé avec ses défenses affaiblies et qui nécessite un CIC peut développer une infection. Celle-ci résulte d’une interaction entre un agent infectieux et un hôte réceptif (Unahalekhaka, 2011). Les staphylocoques se divisent en deux catégories selon qu’ils produisent ou non de la coagulasse. La coagulasse est une enzyme qui provoque la formation de caillots de fibrine dans le sang (Tortura G, Funke B, Case C. 2012). Dans ce contexte, la bactérie en cause aux soins intensifs du CSSS se nomme : Staphylococcus épidermidis. Le Staphylococcus épidermidis habite la peau où il constitue environ 90% du microbiote cutané normal (Tortura G, Funke B, Case C. 2012). Il est important de comprendre que sur la peau du patient ainsi que sur les mains des travailleurs de la santé, il constitue la flore normale. Ce sont des bactéries qui ne sont pas dangereuses si elles restent sur la surface de la peau (Moureau, 2009). Comme mentionné en début du texte, l’agent infectieux qui crée cette infection dans le sang chez le patient dans cette situation est une bactérie qui est responsable de bon nombre de maladies touchant la peau (Tortura G, Funke B, Case C. 2012). Les staphylocoques sont des bactéries dont le réservoir naturel est l’humain. Ces bactéries très résistantes sont fréquemment trouvées dans l’environnement d’où leur 5 transmission est possible soit par contact direct ou indirect (Brooks, 2002). La transmission par contact direct est le mode de transmission d’une infection à CIC le plus important (Unahalekhaka, 2011). La transmission par contact direct implique un contact peau à peau, principalement les mains (Brooks, 2002). Il y a un transfert physique de l’agent infectieux entre une personne et un patient infecté ou colonisé (Unahalekhaka, 2011). La transmission par contact indirect implique le passage de l’agent infectieux d’une personne à un équipement de soins ou à une surface d’où il voyage de l’un vers l’autre. En comprenant comment l’agent infectieux peut se transmettre, nous pouvons comprendre comment il est possible d’arrêter cette chaîne qui crée une infection (Nies et McEwen, 2007). La précaution ici dans cette problématique pour briser la chaine de l’infection, vue la transmission possible par contact direct, est de procéder à l’hygiène des mains. Selon l’auteur Pittet (2009), l’hygiène des mains doit être faite à 5 moments propices : avant de toucher un patient, avant un geste aseptique, après un risque d’exposition à un liquide biologique, après avoir touché un patient et après avoir touché l’environnement d’un patient. Procéder à l’hygiène selon ces 5 moments est autant pour le médecin, avant et après avoir palpé les sites d’insertion du cathéter, avant et après avoir inséré un cathéter, lorsque les mains sont manifestement souillées, avant de mettre des gants et après les avoir retirés. Le nettoyage des mains avec une solution hydro-alcooliques (SHA) ou de l’eau et du savon aide à prévenir la contamination des sites de CIC et les bactériémies qui en résultent (O`Grady, Alexander, Burns, Dellinger, Garland, Heard, et al. 2011). L’infirmière qui assistera le médecin ainsi que le patient (Marshall, Mermel, Classen, Arias, Podgorny, Deverick et al, 2008) devraient faire l’hygiène des mains. La technique d’insertion est une manœuvre invasive car elle brise l’intégrité de la peau et permet aux bactéries de s’accrocher au cathéter et par la suite causer une infection bactérienne dans le sang 6 (Moureau, 2009). Cette procédure demande aux intervenants de la santé une technique stérile pour l’insertion ainsi que pour les soins d’entretien. Après l’installation du CIC, les infirmières ont un rôle important dans la réduction et la prévention des bactériémies associées aux accès centraux (Lavery I, Ingram P, 2006) lors de l’entretien. L’éducation du patient et de sa famille (Girard, Cara, 2011) permet d’informer ceux-ci sur le but du CIC, les bénéfices et les risques possibles d’infection si certaines procédures ou politiques sont négligées (Infusion Nurses Society, 2011). Quand le patient et sa famille sont intégrés en début du processus, qu’ils sont informés, qu’ils participent aux soins par exemple : en faisant l’hygiène des mains selon les 5 moments (Pittet, 2009), le risque que ce patient développe une infection associée au CIC est diminué (Infusion Nurses Society, 2011). Ces bactéries ne sont pas pathogènes mais lors de l’installation d’un CIC, la peau est brisée ou perforée (Brooks, 2002). Ainsi, les bactéries qui sont présentes sur la peau ont tendance à suivre le trajet de l’accès central vers le sang pour y former le biofilm qui les protège contre le dessèchement et les désinfectants (Tortura G, Funke B, Case C. 2012). De plus, il est possible qu’une infection locale apparaisse telle la phlébite. La phlébite est la complication la plus importante (Mayhall, 2012). Elle se manifeste au site par une inflammation et présente un risque, par la suite, de se retrouver dans le sang. Dans un tel cas, le patient devra rester hospitalisé plus longtemps. La durée du port du CIC sera prolongée, augmentant le risque de développer une résistance bactérienne et de développer une neutropénie nécessitant par la suite une alimentation parentérale ainsi que des soins plus intensifs (Mayhall, 2012). Le Staphylococcus épidermidis demeure le pathogène le plus fréquemment isolé à 55 % selon le rapport de surveillance de INSPQ (2012). Les Staphylococcus épidermidis sont des bactéries nosocomiales associées au CIC (Brooks, 2002). 7 Dans le but de prévenir les bactériémies associées au CIC, plusieurs auteurs (Maki, Kluger, Crnich, 2006 Marschall, Mermel, et Classen, 2008) ont identifié les meilleures pratiques à respecter à l’insertion d’un CIC. En prenant connaissance comment l’agent infectieux en cause peut créer une infection, il est important de procéder à l’hygiène des mains selon les 5 moments (Pittet, 2009) dans le but de donner des soins de santé plus sécuritaires. Dans la démarche de soins, avant de faire l’installation d’un CIC, il est très important d’intégrer dans le processus de soins le patient et sa famille (Girard, Cara, 2011). Références Brooks, K., (2002). Ready Reference to Microbes. Association for Professionals in Infection Control and Epidemiology (APIC), 1 (22). Girard, F., Cara, C., (2011). Modèle humaniste des soins infirmiers, Université de Montréal. Repéré dans l’environnement StudiUM à https://studium.umontreal.ca/ Institut national de la santé publique du Québec, (INSPQ). (2012). Surveillance provinciale des bactériémies nosocomiales sur les cathéters centraux aux soins intensifs. Journal of infusion Nursing (2011), Infusion Nursing Standards of Pratice, Infusion Nurses Society. S16, S26. Lavery, I., Ingram, P., (2006). Prevention of infection in peripheral intravenous devices. Nursing Standard. 20, 49, 49-56. Date of acceptance : July 11 2006. Maki, D. G., Kluger, D.M., et Crnich, C.J. (2006). The risk of bloodstream infection in adults with different intravascular devices : a systemic review of 200 published prospective studies. Mayo Clinic Proceedings, 81 (9), 1159-1171. Marshall, J., Mermel, L.A., Classen, D., Arias, K.M., Podgorny, K., Anderson, D.J et al., (2008). Strategies to prevent central line-associated bloodstream infections inacute care hospitals. Infect Control Hospital Epidemiolygy, 29 (S1), S22-S30. Mayhall, C.G., (2012). Healthcare-associated infections related to the use of intravascular devices inserted for short-term vascular access. Hospital epidemiology and infection control, (4 th ed. 17 241-257). Moureau, N., (2009). Preventing peripheral intravenous line infections : recommendations for healthcare facilities. JAVA, 14 (4), 187-190. Nies, M.A., & McEwen, M. (2007). Community/public health nursing : promoting the health of populations (4th ed.). St.Louis, MO. : Saunders/Elsevier. O`Grady,N.P., Alexander,M., Burns, L.A.,Dellinger, E. P., Garland. J., Heard, S.O., et al. (2011). Guidelines for the prevention of intravascular catheter-related infections. Centers for Disease Control and Prevention. (CDC). Pittet, D., (2009) Hand hygiene promotion : 5 moments, 5 components, 5 steps and 5 May 2009. 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