CES/207/FR/7a/JN/CM/LV/RJ/SK/EN/kst
En prônant des réductions des cotisations sociales, la Commission encourage, dans la
pratique, les États membres à affaiblir encore ces stabilisateurs automatiques déjà
affaiblis qui étaient si cruciaux au début de la crise. La CES a salué l'approche de la
Commission dans son Paquet « Investissements sociaux » qui a montré que la politique
sociale apporte, pour la société et pour la population, une véritable valeur ajoutée qui ne
peut pas être quantifiée juste en se basant sur les niveaux des dépenses. Il est
regrettable que, dans son EAC, la Commission ne tienne pas compte de ses propres
conseils politiques.
Les régimes de protection sociale sont des outils essentiels dans la lutte contre la
pauvreté, surtout en cette période de montée de la pauvreté en Europe. Ce ne sont
toutefois pas que des filets de sécurité pour ceux qui ont besoin d'aide, ils jouent
également un rôle majeur dans le maintien de la demande globale. Ils offrent du pouvoir
d'achat à ceux qui en ont le plus besoin, qui, à leur tour, peuvent apporter leur
contribution à l'économie en consommant.
L'enseignement, la formation, la recherche et l'innovation sont prépondérants si on veut
doter les travailleurs d'Europe des qualifications et des compétences nécessaires pour
se confronter à une économie de plus en plus mondialisée. La Commission reconnait ce
fait et recommande que les États membres donnent la priorité au financement de ces
secteurs. Dans un contexte de gouvernance économique accentuée et d'assainissement
budgétaire permanent, il est difficile de déterminer où les États membres pourraient
trouver les ressources financières pour ces quatre priorités. La CES propose que
l'investissement dans l'enseignement, la formation, la recherche et le développement
soit exclu du calcul du déficit et de la dette publics dans le cadre du Pacte de stabilité et
de croissance.
Plus de réforme structurelle des salaires : la recette de la déflation
Tout en haut de la liste des politiques macroéconomiques d'austérité se trouve la
politique de contraction des salaires. Alors que la crise dure depuis cinq ans, dans 16
États membres, l'évolution des salaires réels est inférieure aux tendances en matière de
productivité et ce chiffre devrait atteindre 20 au cours des deux prochaines années
(période 2008-2015). Dans de nombreux pays, sur toute la période 2008-2015, l'écart
entre la dynamique des salaires réels et la productivité atteindra des sommets compris
entre 8 et 17 %. Cela concerne notamment la Grèce, l'Espagne, la Roumanie, l'Irlande,
Chypre, la Lettonie, la Pologne et le Portugal.
En outre, la zone euro est caractérisée par une baisse des salaires absolus, qu'ils soient
réels ou nominaux. Pour la zone euro dans son intégralité, la croissance des salaires
réels est nulle depuis 2011 et cela devrait se poursuivre jusqu'en 2014. Dans 11 des 18
États membres de la zone euro, en réalité, les salaires réels vont reculer en 2014.
La réponse de la Commission face à ces questions salariales est inadaptée et ambigüe.
Tout en appelant à la « poursuite des efforts de réforme visant à garantir une évolution
des salaires parallèle à celle de la productivité et ainsi aussi favorable à la compétitivité
qu’à la demande globale », la Commission ignore sciemment le fait que si les salaires
ont baissé, cela est dû à la politique de réformes structurelles que la Commission elle-
même promeut.
De plus, l'EAC 2014 ne spécifie pas si ce sont les salaires réels ou les salaires nominaux
qui devraient évoluer parallèlement à la productivité. Cette distinction est cruciale. Dans
le premier cas, les salaires nominaux reflètent à la fois la productivité et l'inflation. Dans
le second toutefois, les salaires nominaux ne se limitent qu'à l'évolution de la productivité
sans intégrer les augmentations des prix, pas même celles qui sont conformes au propre
objectif de stabilité des prix de la BCE. Cela fait de cette seconde option, la parfaite
recette d'une spirale compétitive de baisse des salaires.
La CES regrette profondément le mutisme de la Commission face à cette question. En
adoptant cette approche, elle laisse l'initiative aux puissants acteurs que sont la BCE et
l'ECOFIN qui peuvent mettre en avant leur interprétation de la manière dont les salaires