
Médecine Clinique endocrinologie & diabète • n° 45, Mars-Avril 2010 19
lié à une infection à H. pylori, insuffisance
rénale, grêle court, distension gastrique
en raison d’une sténose, prélèvement fait
non à jeun… Le plus souvent cependant,
la simple analyse des symptômes et du
contexte permet rapidement de trouver
la cause d’une hypergastrinémie, notam-
ment, dans la gastrite atrophique fundique,
il n’y a pas de symptômes de SZE et pas
de lésions ulcérées endoscopiques (car
dans ce cas il existe une réduction de la
sécrétion acide). Le dosage de la gastri-
némie doit donc se faire dans des condi-
tions strictes avec une mesure associée
de la sécrétion acide basale : soit mesure
du débit acide basal (DAB) par tubage, le
SZE étant possible si le DAB est supérieur
à 10 mmol H+/h, soit mesure du pH intra
gastrique qui doit être inférieur à 2.
Les critères diagnostiques de SZE
établis par Michel Mignon (Bichat Claude
Bernard) sont indiqués dans le tableau 1.
Ils sont très spécifiques mais peu sensibles.
De ce fait, si le diagnostic de SZE ne peut
être fait en basal, le test à la sécrétine s’im-
pose et permettra d’affirmer ou d’élimi-
ner le diagnostic dans la majorité des cas
(Tableau 1). Il y a 2 façons de faire le test
à la sécrétine : soit la perfusion continue
de 3 UI/Kg/h pendant 1 h avec mesure
parallèle des débits acides et de la gastri-
némie (tableau 1), soit l’injection rapide
de 2 UI/kg de sécrétine avec évaluation
des modifications des gastrinémies. Avec
la dernière méthode, une augmentation
des gastrinémies de plus de 200 pg/mL
est constatée chez 85-89% des malades
avec un SZE. La sécrétine est disponible
en ATU.
Comment arrêter les IPP en toute
sécurité pour faire les explorations
en cas de suspicion de SZE ?
Ces explorations nécessitent l’arrêt
des IPP au moins 5 jours avant. L’arrêt
des IPP chez un malade atteint d’un
SZE peut être la cause de complications
réelles : décompensation de la diarrhée
avec déshydratation, troubles hydroélec-
trolytiques (hypokaliémie), insuffisance
rénale, complications ulcéreuses (perfora-
tion, hémorragie) et aggravation du stade
de l’œsophagite (sténose)… J’ai rencon-
tré toutes ces situations qui n’ont rien de
théorique. L’arrêt des IPP doit donc se faire
Question : Comment je diagnostique...
(Réponse dans le prochain numéro)
Une femme de 24 ans consulte pour aménorrhée depuis l’arrêt de sa
pilule il y a 6 mois.
Sa puberté a commencé vers l’âge de 11 ans et les premières règles
ont eu lieu vers l’âge de 12 ans et demi. Depuis cette date les cycles
étaient parfaitement réguliers. A 16 ans elle a débuté une contracep-
tion estro-progestative qu’elle a pris sans interruption.
A l’examen clinique il n’y a aucune anomalie et elle mesure 1,70 m
pour 65 Kg. Il n’y a pas d’antécédents pathologiques personnels ni
familiaux notables. Elle ne prend actuellement aucun médicament.
Des dosages hormonaux réalisés par le gynécologue qui vous l’adresse
ont montré il y a 3 mois les résultats suivants : FSH : 63 UI/L, LH :
18 UI, Estradiol (E2) : 12 pg/ml (normes chez les femmes en début de
phase folliculaire : FSH : 3-6,9 ; LH :2,8-7,0, E2 : 25-75). Un contrôle
demandé avant la consultation montrait : FSH : 6,4 UI/L ; LH :
7,8 UI/L et E2 : 79 pg/ml.
Quel est le diagnostic le plus probable ?
Quels examens préconisez-vous ?
Quels sont les principes de la prise en charge ?
dans des conditions strictes de sécurité :
1- s’assurer par l’interrogatoire que les
symptômes sont parfaitement contrôlés
par les IPP ; si c’est le cas, s’assurer ensuite
par une gastroscopie que les lésions ulcé-
rées sont parfaitement cicatrisées. Si ce
n’est pas le cas, il faut reporter le test et
augmenter les doses d’IPP jusqu’à l’ob-
tention du contrôle symptomatique et
endoscopique. 2- l’arrêt des IPP se fait 5
jours avant le test ; les 3 premiers jours
d’arrêt, l’IPP est remplacé par une forte
dose d’anti-H2 (par exemple ranitidine
1200 mg/24 h en 4 prises espacées de
6 h) ; les 2 jours qui précédent, le malade
est autorisé à prendre un anti-acide à la
demande jusque 8 heures avant le test.
Comment organiser la prise
en charge ?
Par rapport aux autres tumeurs endo-
crines de la région duodéno-pancréatique
associées à la NEM1, les spécificités du SZE
sont l’hypersécrétion gastrique acide et la
localisation particulière des gastrinomes
dans le duodénum. La dose d’IPP doit être
adaptée à la réponse symptomatique, à la
disparition des lésions endoscopiques et
à la réduction du DAB en dessous de 10
mmol H+/h. Au-delà de 60 mg d’IPP, la
dose doit être répartie en 2 prises par jour.
Le malade doit être averti des dangers de
l’arrêt des IPP, notamment en cas d’ac-
cident ou d’anesthésie. Les IPP doivent
alors être administrés par voie veineuse.
Les règles générales du traitement des
tumeurs de la région duodéno-pancréa-
tique en cas de NEM1 s’appliquent aussi
au SZE : globalement chirurgie limitée
aux tumeurs de grande taille (> 2 cm) ou
dont la taille augmente sur des examens
morphologiques successifs. Si une
intervention chirurgicale est faite, il est
souhaitable de réséquer les gastrinomes
duodénaux. Les seules interventions qui
permettent de faire disparaître le SZE sont
la pancréatectomie totale (dont les indi-
cations sont rarissimes) et la duodéno-
pancréatectomie céphalique (dont les
indications sont rares).
Références
• Mignon M, Cadiot G, Aparicio T, In : Traité de
pancréatologie clinique. P Lévy, P Ruszniewski,
A Sauvanet eds. Médecine-Sciences. Flammarion,
Paris 2005, pp 289-300.
• Cadiot G, In : Tumeurs endocrines thoraciques
et digestives. E Baudin, M Ducreux eds. Springer,
Paris 2008, pp 45-51.
• Frucht H et al, Ann Intern Med 1989 ; 111:713.
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