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les pays développés, en particulier dans les secteurs intensifs en travail peu qualifié. La
mondialisation peut également accroître les inégalités salariales entre les différentes
catégories de main-d’œuvre sur le marché du travail : les mécanismes de marché conduisent
à une baisse de la demande de travail peu qualifié relativement à la demande de travail
qualifié. C'est pour cette raison que le protectionnisme est loin d'avoir disparu.
Synthèse du B :
Le protectionnisme est l'ensemble de barrières tarifaires (droits de douane) et non tarifaires
(normes sanitaires, quotas, règles administratives...) qui protègent la production nationale
de la concurrence étrangère. Les arguments en faveur du protectionnisme sont variés :
-Le protectionnisme peut être protecteur : il s’agit de protéger les travailleurs qui devraient
perdre leur emploi du fait de la concurrence internationale. Face à la concurrence
industrielle d’entreprises situées dans d’autres pays comme l’Allemagne, la Chine, la
Belgique ou l’Italie, les entreprises situées en France peinent depuis une quinzaine années à
produire et à vendre en France comme à l’étranger que ce soit dans le textile, l’énergie bien
sûr, l’informatique, etc. Ces difficultés entraînent une disparition de certaines entreprises ou
des délocalisations qui pèsent sur l’emploi industriel. Face à ces évolutions, un
protectionnisme défensif peut être mis en œuvre de manière plus ou moins dissimulée. Par
exemple, il a existé durant longtemps jusqu’à la fin des années 90 un accord d’autolimitation
des exportations d’automobiles provenant du Japon. Le secteur textile, pendant très
longtemps, fut en dehors des règles du libre-échange du GATT.
-Le protectionniste peut ainsi être éducateur : l'Etat est en mesure de protéger les
entreprises nationales dans des secteurs nouveaux jusqu'à ce qu'elles soient en mesure
d'affronter la concurrence internationale. Pour List (19ème) si l’État n'établissait pas un
protectionnisme, les produits étrangers modernes arriveraient en masse dans le pays, à un
prix bas du fait de l'expérience et des économies d'échelle réalisées par les entreprises
étrangères. Résultat : les entreprises du pays ne pourraient pas rivaliser et devenir
compétitives car, au début du processus de production (lorsqu'un nouveau bien est produit),
les coûts sont toujours élevés. Finalement, les entreprises modernes ne se développeraient
jamais dans le pays. Donc un pays spécialisé dans les produits primaires doit fermer ses
frontières aux produits industrialisés pour permettre la naissance et le développement des
jeunes industries, juste le temps du développement de l'industrie.
-Un protectionnisme limité à certains secteurs peut être favorable à la croissance
économique nationale : c’est le principe de la Politique commerciale stratégique. La politique
commerciale stratégique est un ensemble de mesures prises par un État pour développer
certaines activités jugées stratégiques, c'est à dire permettant de gagner davantage à
l'échange international. Ces mesures sont évidemment protectionnistes car elles visent à
défendre des entreprises nationales, à leur donner un avantage dans l'échange international
face aux concurrents étrangers. Il peut s'agir de subventions, de financement de la
recherche-développement, de commandes publiques préférentielles, de restrictions
quantitatives sur les importations, etc. Il s'agit notamment des branches où les économies
d'échelle sont importantes du fait de l'importance des coûts fixes, où le coût d'entrée dans la
branche est très élevé. De plus, les industries protégées sont souvent situées dans des
secteurs de haute technologie, avec des effets d’entraînement sur les autres branches non
négligeables. Ex : Les États européens ont largement subventionné Airbus, en particulier sur
le plan de la R&D, mais aussi sur le plan des implantations.