Chapitre 7 Introduction à la théorie de la diusion Ce chapitre est pour le moment très incomplet. Références : [BC89] chap.13, [CBF] chap.8. Cours de MQ de Richard Fitzpatrick sur le web. Ref mathématique : R. Melrose geometric scattering theory [Mel95], sur sa page web. Remarques ◦ Noter que en anglais la théorie de la diusion se dit scattering theory. (En anglais, le terme diusion est réservé pour le phénomène de diusion de la chaleur, qui est complètement autre chose). ◦ Concernant la diusion d'une onde sur un cristal (potentiel périodique), on parle aussi de diraction . Concernant encore plus spéciquement une onde plane dif- fusée sur un potentiel constant par morceaux (ex : lumière sur une plaque d'indice diérent), on parle d'onde rééchie et réfractée. Réexion et réfraction . Ces phénomènes sont des cas particuliers de la diusion présentée dans ce chapitre. 7.1 Introduction La théorie de la diusion consiste à étudier la collision entre 2 ou plusieurs particules. Pour le moment, nous allons étudier le cas le plus simple de la collision entre 2 parti- cules sans spin. On suppose que l'interaction entre les deux particules est décrite par une énergie potentielle qui ne dépend que de la position relative des 2 particules ~x = ~x2 − ~x1 et est donc notée : V (~x2 − ~x1 ) où ~x1 , ~x2 ∈ R3 sont les positions des particules 1 et 2. On suppose que le potentiel courte portée. Ce qui signie qu'il est nul ou faible si |~x2 − ~x1 | V est à est grand On verra que l'hypothèse précise est V (~x) = o 289 1 |~x| (7.1.1) 290 CHAPITRE 7. INTRODUCTION À LA THÉORIE DE LA DIFFUSION Dans l'étude du problème à deux corps isolés, exercice 6.1.1 page 237, nous avons vu qu'il sut de décrire le mouvement relatif ~x := ~x2 − ~x1 dans le référentiel du centre de masse et que ce mouvement relatif est aecté de la masse m1 m2 . Le Hamiltonien est alors réduite m := m1 +m2 Ĥ = p~2 + V (~x) 2m Par exemple pour la diusion d'un électron (léger) sur un proton (lourd), on a m1 m2 , ~ = 1 (m1~x1 + m2~x2 ) ' ~x1 est placé sur le proton ~x1 qui est donc le centre de masse X m1 +m2 quasiment immobile en ~ x1 = 0, et le mouvement relatif ~x (t) = ~x2 − ~x1 = ~x2 décrit celui de −e2 l'électron (m ' m1 ). Dans ce cas le potentiel est V (~ x) = 4πε (mais ne décroit pas assez x| 0 |~ vite à l'inni pour satisfaire l'hypothèse (7.1.1)). En mécanique quantique, les particules sont décrites par des ondes, donc le problème consiste à décrire la diusion d'une onde incidente par le potentiel V (~x). 7.2. AMPLITUDE DE DIFFUSION F (K, θ, ϕ) 291 L'étude des collisions est très importante, car tout d'abord, historiquement, la découverte du monde quantique et des particules s'est faite en étudiant des processus de collision. Beaucoup d'expériences de physique sont des expériences de collision, ou plus précisément de diusion. En cette année 2012 les physiciens des particules ont annoncé la découverte tant attendue du Boson de Higgs dans les processus de collision au L.H.C. La théorie qui suit est valable pour la diusion d'ondes en général. Elle s'adapte donc pour la diusion de la lumière, ou du son par exemple. Nous allons nous restreindre à l'étude des solutions stationnaires, appelée théorie de la diusion stationnaire. La question essentielle sera d'exprimer la composante onde diusée, à partir de la donnée onde incidente. 7.2 Amplitude de diusion f (k, θ, ϕ) La proposition suivante donne une description des ondes stationnaires d'énergie E . (voir aussi Melrose [Mel95] Lemme 1.2, ) On va utiliser les coordonnées sphériques Proposition 7.2.1. Si vériant ψ (~x) ~x ≡ (r, θ, ϕ). est une onde stationnaire d'énergie E = ~2 k2 , c'est à dire 2m Ĥψ = Eψ , alors pour r = |~x| 1 (c'est à dire en champ lointain ), ψ s'écrit de façon unique : ψ (~x) = e−ikr a− (θ, ϕ) | {z r } Onde sphérique entrante où a± (θ, ϕ) appelées e+ikr + a+ (θ, ϕ) +o | {z r } r → ∞. r = |~x| , (7.2.1) Onde sph. sortante amplitudes sphériques entrante/sortante sont des fonctions des variables angulaires seulement, et pour 1 , r o 1 r décrit un terme qui décroit plus vite que 1/r 292 CHAPITRE 7. INTRODUCTION À LA THÉORIE DE LA DIFFUSION Les deux premiers termes de (7.2.1) s'appellent ondes sphérique entrantes et sor- tantes, car le courant est radial (voir (7.2.10) page 298). Nous appelerons a± (θ, ϕ) les amplitudes asymptotiques des ondes sphériques entrantes et sortantes. Démonstration. (Preuve de Eq.(7.2.1)). Pour supposé V (~x) → 0, r = |~x| 1, loin du lieu de collision, on a donc le Hamiltonien s'approxime par Ĥ ' Ĥ0 + o 1 |~x| , Ĥ0 = p~2 ~2 =− ∆ 2m 2m qui est celui d'une particule libre. On a ~2 ~2 k 2 Ĥψ = Eψ ⇔ − ∆ψ = ψ+o 2m 2m 1 1 2 ψ ⇔ ∆ψ = −k ψ + o ψ r r (7.2.2) ~x ≡ (r, θ, ϕ), le Laplacien s'écrit 1 1 ∂ ∂ψ 1 ∂ 2ψ 1 ∂ 2 (rψ) + 2 sin θ + ∆ψ = r ∂r2 r sin θ ∂θ ∂θ sin2 θ ∂ϕ2 En coordonnées sphériques (voir cours de mathématiques de M1[Fau10b]). Si on écrit ψ (r, θ, ϕ) = R (r) a (θ, ϕ), (7.2.2) donne 1 d2 (rR) 1 ∆ψ = a+o = −k 2 R a 2 r dr r d2 (rR) ⇔ = −k 2 (rR) + o (1) dr2 7.2. AMPLITUDE DE DIFFUSION F (K, θ, ϕ) 293 Cette équation du deuxième ordre est celle de l'oscillateur harmonique et a deux solutions ±ikr indépendantes rR (r) = e + o (1), soit e±ikr +o R (r) = r 1 r Remarque : (*) ◦ En coordonnées cartésiennes, le Laplacien s'écrit ∆= ∂2 ∂x2 2 2 ∂ ∂ + ∂y 2 + ∂z 2 , et il est naturel de considérer les ondes planes : ψp~ (~x) = ei qui sont fonctions propres de Ĥ0 Ĥ0 ψp~ = Eψp~ , p ~.~ x ~ ~ = eik~x , p~ = ~~k ∈ R3 , : E= p~2 ~2 k 2 = 2m 2m : énergie L2 (R3 ) (d'après la théorie de la transformée de Fourier). Le spectre est dégénéré car à une énergie E donnée, correspondent √ toutes les ondes planes t.q. p ~ ∈ R3 est sur la sphère de rayon |~p| = 2mE . L'espace propre d'énergie E noté EE est donc de dimension innie et ces ondes planes en et forment une base de l'espace quantique forme une base. Mais cette base n'est pas unique. L'écriture (7.2.1) est une écriture asymptotique générale pour une onde dans l'espace EE . An d'illustrer la formule précédente (7.2.1), considérons pour plane d'énergie E se propageant dans la direction de l'axe ψ , le cas particulier une onde z. à une particule libre c'est à dire à une situation sans potentiel Une onde plane correspond V. La proposition suivante donne sa décomposition en ondes sphériques. Le résultat montre que l'onde entrante vient uniquement de la direction part dans la direction θ = π θ = 0. et que l'onde sortante (aussi appelée onde transmise) Cela n'est pas étonnant. 294 CHAPITRE 7. INTRODUCTION À LA THÉORIE DE LA DIFFUSION Proposition 7.2.2. Amplitudes sphériques d'une onde plane en champ lointain . Une onde plane selon z peut s'écrire : ikz e avec où δ e+ikr e−ikr = a+ (θ) + a− (θ) +o r r (2π) a− (θ) = δ (θ − π) , k (−2π) a+ (θ) = δ (θ) . k V , Ĥ = Ĥ0 ), les amplitudes asymptotiques a+ = −P̂a− la (7.2.3) (7.2.4) (7.2.5) est la distribution de Dirac. Plus généralement, pour le problème libre (i.e. sans potentiel où 1 r a+ et a− sont reliées par la relation : (7.2.6) P̂ : C (S 2 ) → C (S 2 ) est l'opérateur de parité déni par P̂a (θ, ϕ) = a (P (θ, ϕ)) avec transformation de parité, en coordonnées sphériques, P : (θ, ϕ) → (π − θ, ϕ + π). 7.2. AMPLITUDE DE DIFFUSION Remarquer que les amplitudes par rotation autour de F (K, θ, ϕ) 295 a± (θ) sont indépendantes de ϕ (en eet eikz est invariant z ). Démonstration. (*) En coordonnées sphériques z = r cos θ l'onde plane s'écrit : eikz = eikr cos θ On cherche à simplier cette expression en champ lointain, c'est à dire sur une sphère de iϕ(θ) rayon r xé et très grand r 1. Il s'agit d'une fonction de la forme e avec une phase ϕ (θ) = kr cos θ. On a ϕ0 (θ) = −kr sin θ qui est non nul sauf si θ = 0, π . Cela signie r 1) sauf en θ = 0, π . D'après le iϕ(θ) théorème de la phase non stationnaire (voir formulaire @@), on déduit que e est 1 pour tout N , aus sens des distributions). Il négligeable pour θ 6= 0, π (précisément o rN ikz nous reste à calculer la valeur de e en θ = 0, π . Pour cela on utilise le théorème de la que cette fonction de phase oscille très vite (pour phase stationnaire (voir formulaire @@). La petite diculté ici est que ces deux points θ = 0, π (θ, ϕ). Près de ces points, on va (x̃, ỹ) x̃ := x/r = sin θ cos ϕ et ỹ = y/r = sin θ sin ϕ et point (x̃, ỹ) = (0, 0). On a alors sont mal décrit par les coordonnées sphériques plutot utiliser les coordonnées s'intéresser au voisinage du eikz ' eiϕ avec 1/2 1/2 ϕ = kz = k r2 − x2 − y 2 = kr 1 − x̃2 − y˜2 1 2 1 ˜2 2 2 ' kr 1 − x̃ − y + o x̃ , ỹ 2 2 Les dérivées sont ∂ϕ ∂ϕ = −krx̃, = −krỹ, ∂ x̃ ∂ ỹ ∂ 2ϕ ∂ 2ϕ = = −kr. ∂ x̃2 ∂ x̃2 On observe en eet que la phase est stationnaire (∂ϕ = 0) en x̃ = ỹ = 0. Si f (x̃, ỹ) est une fonction test non nulle près de ce point on a au premier ordre dΩ ' dx̃dỹ et on écrit la formule de la phase stationnaire Z eiϕ f dΩ = 1 ZZ (@@) : eiϕ(x̃,ỹ) f dx̃dỹ S2 1/2 1/2 √ √ −i 2π −i 2π = eiϕ(0,0) f (0, 0) 2 2 ∂ ϕ ∂ x̃2 = eikr f (0, 0) 1. R eiλϕ(x) u (x) dx = √ ±i 2π d2 ϕ (0) dx2 u (0) + O 1 λ (−2π) kr ∂ ϕ ∂ ỹ 2 296 CHAPITRE 7. Ainsi près du point θ=0 INTRODUCTION À LA THÉORIE DE LA DIFFUSION (revenant en coordonnées sphériques) eikz ≡ eikr δ (θ) a+ (θ) = (−2π) δ (θ). k a− (θ). (détailler @@). avec (−2π) eikr = a+ (θ) kr r On fait le même calcul au voisinage du point θ=π pour trouver Remarque : dans la plupart des livres de physique on trouve l'expansion exacte de 2 eikz à l'aide des polynomes de Legendre . Il est possible de retrouver (7.2.3) à partir de cette expansion. On n'a pas eu besoin de cela ici. Il nous semble que l'argument de la phase staionnaire est plus adapté et plus clair. Une onde sphérique entrante ne correspond pas à une situation expérimentale habituelle. Dans une situation expérimentale, l'onde entrante est plus souvent modélisée par une onde plane incidente. Cela amène à la dénition suivante : Dénition 7.2.3. En théorie de la diusion stationnaire, on cherche une solution de l'équation Ĥψ = Eψ , d'énergie E= ~2 k 2 , telle que en champ lointain 2m ikz ψ (~x) = |{z} e + f (k, θ, ϕ) ψinc | {z ψdif f formé d'une eikr r r 1, 1 +o r } onde incidente et transmise selon l'axe sphérique sortante diusée, notée ψdif f. . La fonction z notée ψinc. , et d'une onde f (k, θ, ϕ) s'appelle amplitude de diusion et est unique. 2. Dans les livres, on trouve ∞ 1X a+ (θ) = − (2l + 1) Pl (cos θ) , 2 l=0 Voir [BC89, (6.86),(6.77)] pour resommer. (7.2.7) ∞ iX l a+ (θ) = (−1) (2l + 1) Pl (cos θ) . 2 l=0 7.2. AMPLITUDE DE DIFFUSION Remarques : ◦ on note aussi une fonction ◦ ~k 0 := k ~x r de ~ k0 : F (K, θ, ϕ) 297 le vecteur d'onde diusé dans la direction Le terme δ (θ) Alors f est f ~k 0 := f (k, θ, ϕ) D'après (7.2.3), les amplitudes d'ondes sphériques de a− (θ) = − (θ, ϕ). (2π) δ (θ − π) , k a+ (θ, ϕ) = ψ, equ. (7.2.7) sont (2π) δ (θ) + f (k, θ, ϕ) . k (7.2.8) correspond à l'onde transmise vers l'avant. Rappel sur le courant de probabilité : Proposition 7.2.4. Pour une onde quantique ψ (~x, t) quelconque, la densité de proba- bilité (non normalisée) est donnée par P (~x, t) := |ψ (~x, t)|2 On a l'équation de conservation de la probabilité ∂P + div~j = 0. ∂t où la densité de courant de probabilité est déni par ~j (~x, t) := < ψ (~x, t) ~vˆψ (~x, t) et ~vˆ := p ~ˆ m i~ ~ ∇ = −m est l'opérateur vitesse. (7.2.9) 298 CHAPITRE 7. INTRODUCTION À LA THÉORIE DE LA DIFFUSION Démonstration. En eet, en supposant V (~x) est réel, ∂P −i −i~ 2 = 2< ψ∂t ψ = 2< ψ (~x) −∇ ψ (~x) Ĥψ (~x) = 2< ψ (~x) ∂t ~ 2m −i~ ~ ~ = −∇< ψ (~x) ∇ψ (~x) = −div~j m Remarques : ◦ ~j (~x, t) caractérise donc ψ . Si d2~s est un élement de D'après (7.2.9) le champ de vecteur densité de probabilité de l'onde le déplacement de la surface alors d ~s.~j 2 est la probabilité de traverser cette surface par unité de temps. ◦ 3 Pour commenter (7.2.9), on rappelle aussi la formule de transport : si φt : R → R3 est le ot au temps t engendré par le champ de vecteur ~j , si V0 est un volume initial (ensemble de points) quelconque qui évolue au temps t en Vt := φt (V0 ) et si R Qt := Vt P (~x, t) d3~x est la probabilité de trouver la particule dans le volume Vt à l'instant t alors (livre de Majda p.6) dQt = dt Z Vt ∂P + div~j d3~x ∂t dQt pour tout volume V0 est équivalent à (7.2.9). dt Le résultat suivant montre un exemple de calcul de courant de probabilité. Ainsi 0= Proposition 7.2.5. Pour les ondes incidentes f (k, θ, ϕ) e ikr r ψinc = eikz et diusées ψdif f = intervenant dans (7.2.7), les courants de probabilité sont respectivement : ~jinc. (~x) = ~ ~k, m 2 ~0 f k ~ ~jdif f. (~x) = k~ur , m r2 Remarque 7.2.6. le courant total diusé sur la sphère de rayon 2 4πr2 jdif f. = 4π ~ f ~k 0 k |{z} m surf ace est bien indépendant de r. r est (7.2.10) 7.2. AMPLITUDE DE DIFFUSION F (K, θ, ϕ) 299 Démonstration. (*) En coordonnées cartésiennes, ~ inc. = ∇ψ ∂ , ∂, ∂ ∂x ∂y ∂z eikz = (0, 0, ik) eikz donc ~ inc ~jinc (~x) = < ψ inc. − i~ ∇ψ m ~ ~ (0, 0, k) = ~k = m m En coordonnées sphériques (r, θ, ϕ), (voir cours de math [Fau10b]), le gradient est ~ dif f = ∇ψ ∂ψ 1 ∂ψ 1 ∂ψ , , ∂r r ∂θ r sin θ ∂ϕ donc (en ne gardant que les termes réels) ~ dif f ~jdif f (~x) = < ψ dif f. − i~ ∇ψ m 2 ~0 ~ ~ f k 2 k~ur = k |ψdif f | , 0, 0 = m m r2 Dénition 7.2.7. La section ecace diérentielle est 2 ~ 2 r jdif f dσ ~ 0 k := = f ~k 0 dΩ ~jinc. section ecace totale est (la deuxième égalité vient de (7.2.10)). La Z σtot := S2 Remarque : surface et σtot r2 dΩ, D'après cette dénition, dσ dσ dΩ dΩ (7.2.12) est la probabilité de vers l'élement de diuser ~ dσ jinc. . D'après (7.2.11), dΩ potentiel V a un eet diuseur (et de même dσ est la surface normalisé par le courant de probabilité incident ont l'unité d'une surface. L'interprétation est que le comme une objet de (7.2.11) surface équivalente eective équivalente qui ferait diuser dans l'angle solide dΩ). σtot 300 CHAPITRE 7. INTRODUCTION À LA THÉORIE DE LA DIFFUSION 7.3 Approximation de Born La description précédente est très générale et s'applique à tout potentiel r→∞ pour V qui décroit mais arbitraire près de l'origine. En général il est très dicile (voire impos- sible) de calculer les solutions de l'équation de Schrödinger stationnaire, et en particulier l'amplitude de diusion f de Eq.(7.2.7). Cependant, dans le cas de l'absence de potentiel, V = 0, il n'y a pas de diusion, f = 0, donc pour un potentiel très faible, on peut calculer l'amplitude de diusion, en utilisant la théorie des perturbations stationnaires. Le résultat obtenu s'appelle l'approximation de Born. Proposition 7.3.1. Approximation de Born . Pour un potentiel V faible, au premier ordre dans la théorie des perturbations, l'amplitude de diusion est Z 1 0 ~ ~0 0 ei(k−k ).~x U (~x0 ) d3~x0 f ~k ' − 4π R3 U (~x) = avec En fait rique 2m V ~2 f ~k 0 (~x) avec ~k 0 = (k, θ, ϕ) (7.3.1) (en coord. sphériques) le vecteur d'onde diusé. prend une forme encore plus simple pour des potentiel à symétrie sphé- U (r), appelés potentiels centraux, voir TD. Voir aussi le TD pour le calcul explicite de sections ecaces diérentielles et totales, pour certains potentiels à symétrie sphérique. Démonstration. (*) On souhaite résoudre Ĥψ = Eψ avec Ĥ = Ĥ0 + V , Ĥ0 = p2 . On sait que l'onde plane 2m ψinc. = eikz est solution de Ĥ0 ψinc = 7.3. 301 APPROXIMATION DE BORN Eψinc . Alors Ĥ − E ψ + Ĥ0 − E ψinc = 0 ⇔ V ψ + Ĥ0 − E (ψ − ψinc ) = 0 −1 ⇔ ψ = ψinc − Ĥ0 − E Vψ équation de Lipmann-Schwinger, on a utilisé Dans cette dernière équation, appelée 3 l'inverse de l'opérateur Ĥ0 − E pour z ∈ (C\R+ ), qui n'est pourtant pas inversible. En fait il est inversible z → E ∈ R+ . et on considère ici la limite En première approximation (cad en négligeant le potentiel à l'ordre 1 on a l'expression de ψ ψ (1) V ), on a ψ (0) = ψinc . Ensuite l'approximation de Born : dans −1 = ψinc − Ĥ0 − E V ψ (0) −1 = ψinc − Ĥ0 − E V ψinc (7.3.2) (On peut continuer et obtenir l'approximation de Born à l'ordre −1 Ĥ0 − E V ψ (n−1) , mais rien ne garantit que cette suite converge !). Le noyau de Schwartz 4 de la résolvante, appelée lim h~x| Ĥ0 − z −1 z→E Les signes ± = (E) > 0 ou 0 |~x i = ψ (1) : ψ (n) = ψinc − fonction de Green de ~2 2m Ĥ0 , est 5 0 e±ik|~x −~x| 4π |~x0 − ~x| dépendent de la limite utilisée pour approcher = (E) < 0). n E ∈ R (par le demi-plan Donc avec l'approximation de Born (7.3.2) : Z −1 (~x) = ψinc (~x) − h~x| Ĥ0 − E |~x0 iV (~x0 ) h~x0 |ψinc i d3~x0 Z 0 e±ik|~x −~x| 0 ikz U (~x0 ) eikz d3~x0 =e − 0 4π |~x − ~x| En champ lointain, r = |~x| |~x0 | alors 2~x~x0 ~x02 |~x − ~x | = ~x − 2~x~x + ~x = r 1 − 2 + 2 r r 0 2 3. De façon générale, l'opérateur inverse 4. Pour un opérateur 0 h~x|Â|~x i appelée 5. Comme Â, 0 2 02 Ĥ0 − E −1 2 est appelé les éléments de matrice dans la base position forment une fonction noyau de Schwartz de l'opérateur. Ĥ0 = ~2 2m la résolvante de Ĥ0 . (−∆), il s'agit de la fonction de Green résultat est standard : G= Voir (A.1.3) dans l'appendice. eik|x−y| 4π |x − y| G K (~x, ~x0 ) = de l'opérateur Laplacien sur R3 . Ce 302 CHAPITRE 7. donc (comme INTRODUCTION À LA THÉORIE DE LA DIFFUSION (1 + x)1/2 = 1 + 12 x + o (x)) 02 ~x~x0 ~x 0 = r + O (1) |~x − ~x | = r 1 − 2 + O r r Donc 0 e±ik|~x −~x| ' e±ikr e∓ik Ainsi, comme 0 ~ 0 ψ (1) ~ x~ x0 r ~0 0 = e±ikr e∓ik ~x , ~k 0 = k ~x . r eikz = eik~x , e±ikr − 4πr Z ~0 ~ 0 0 e∓ik ~x U (~x0 ) eik~x d3~x0 ikr e ikz = e + f (k, θ, ϕ) r (~x) ' e ikz e+ikr et avec Z 1 ~ 0 f (k, θ, ϕ) = − ei∆~x U (~x0 ) d3~x0 , 4π où on a gardé la solution sortante ~ = ~k − ~k 0 . ∆ Remarques : ◦ Le résultat de Born (7.3.1) montre que au premier ordre, l'amplitude de diusion f ~k 0 est directement reliée à la Transformée de Fourier du potentiel U (~x). D'après la théorie des transformées de Fourier, on peut donc reconstruire le potentiel par une transformée de Fourier inverse. Cela s'appelle le ◦ problème inverse. Par exemple si le potentiel est périodique, (ce qui est le cas en cristallographie, où l'on fait diuser une onde quantique de neutron ou une onde électromagnétique de type rayon X, sur un cristal) alors l'amplitude de diusion est la T.F. d'une fonction périodique, et d'après la théorie des séries de Fourier, c'est un réseau périodique de distributions de Dirac δ ~kn appelé réseau réciproque. (C'est en eet le réseau dual du réseau cristallin). On retrouve ainsi la théorie de la diraction de Bragg [AM76]. @@ Mettre gure de réseau réciproque pour crital et quasi cristal (= par déf le réseau réciproque est discret). @@ Exercice 7.3.2. @@ à developper @@ Si le potentiel de Dirac sur le réseau LZ3 U (~x) est une somme de distributions L, ex : or, cuivre, fer austérite, (cad cristal cubique de période diamant), montrer que les pics de diusion sont en ~ = ~k − ~k 0 L = 2π m, L∆ ~ m ~ ∈ Z3 appelés condition de Laue (1914). La résolution graphique de cette équation est la suivante et utilise la sphère d'Ewald (1921). Dans le cas courant d'une poudre de petits monocristaux, on moyenne sur les directions. 7.4. OPÉRATEUR DE DIFFUSION, LA MATRICE Ŝ 303 7.4 Opérateur de diusion, la matrice Ŝ Re-considérons le problème général de la diusion sans faire l'approximation de Born. Nous rappelons un résultat simple mais fondamental que nous avons obtenu qui est la décomposition (7.2.1) d'une onde stationnaire en amplitudes entrantes et sortantes en champ lointain a± (θ, ϕ), r 1. Le résultat suivant montre que ces deux amplitudes sont reliées entre elles. Proposition 7.4.1. A tir de l'amplitude ou k > 0 xé, l'amplitude de l'onde sortante a+ (θ, ϕ) s'exprime à para− (θ, ϕ) par un opérateur unitaire appelé opérateur de diusion matrice S : Ŝ (k) : ( 2 2 L (S ) → L2 (S 2 ) a− (θ, ϕ) → a+ (θ, ϕ) = Ŝ (k) a− (θ, ϕ) Remarques : ◦ Le produit scalaire sur L2 (S 2 ) est RR S2 a (θ, ϕ) b (θ, ϕ) dΩ, avec dΩ = sin θdθdϕ, l'unitarité de l'opérateur s'écrit donc : ka+ k = Ŝ (k) a− = ka− k ZZ 2 |a− (θ, ϕ)|2 dΩ |a+ (θ, ϕ)| dΩ = ZZ ⇔ (7.4.1) S2 S2 La propriété d'unitarité traduit donc la conservation de la probabilité lors de la diusion (et cela apparait clairement dans la preuve ci-dessous). ◦ Dans le cas particule libre, c'est à dire avec un potentiel nul V = 0, on a vu d'après equ.(7.2.6) que l'opérateur de diusion s'exprime à partir de l'opérateur parité : Ŝ (k) = −P̂ ◦ En général (potentiel sion f (k, θ, ϕ) V non nul), d'après l'expression (7.2.8), l'amplitude de diu- peut s'exprimer à partir de l'opérateur de diusion par l'expression suivante : f (k, θ, ϕ) = − ◦ Connaissant le potentiel (2π) (2π) Ŝ (k) δ (θ − π) − δ (θ) k k (7.4.2) V (~x) qui détermine le processus de collision, le problème général en théorie de la diusion consiste à trouver l'expression de cet opérateur de diusion Ŝ (k). 304 CHAPITRE 7. ◦ INTRODUCTION À LA THÉORIE DE LA DIFFUSION Expérimentalement, on envoit une onde incidente a− et on observe l'onde sortante a+ . Plus précisément on détecte la distribution de probabilité |a+ (θ, ϕ)|2 . On a donc accès à l'opérateur de diusion Ŝ (k). Un problème important est de trouver les lois des forces d'interaction modélisées par le potentiel V (~x), responsables de cette collision. En d'autres termes, un problème important est de résoudre ce que l'on appelle le problème inverse : déterminer le potentiel connaissance de la matrice Ŝ (k) V (~x), à partir de la de diusion. Démonstration. (*) (de la proposition 7.4.1). Par dénition même d'un opérateur unitaire, il faut montrer la conservation de probabilité, Eq.(7.4.1). Pour cela on utilise la relation Sr de rayon r. L'équation de conservation de la probabilité (7.2.9) ∂P = 0 (en régime stationnaire) tenant compte du fait que ∂t Z Z ~j.d2~s 0= div ~ (7.4.3) j = (7.2.9) qui traduit la conservation de la probabilité. On considère la sphère r 1. On note Br la boule de rayon intégrée sur la boule Br , et donne Br Sr Or d'après (7.2.1) et (7.2.10) le courant a deux composantes (entrante et sortante) ~j = ~j+ + ~j− On a 2 a± ~k 0 ~ k~ur avec ~ j± = ± m r2 R R 0 2 ~j± .d2~s = ± ~ k a ~k dΩ donc la conservation m Sr sr ± donne ZZ ZZ 2 |a− (θ, ϕ)|2 dΩ |a+ (θ, ϕ)| dΩ = S2 S2 Montrant que Ŝ (k) de la probabilité (7.4.3) est unitaire. (@@ En fait il reste à montrer que cation cad que pour toute donnée entrante a− Ŝ est bien une appli- il y a une solution, et inversement). 7.5 Théorie des ondes partielles pour les potentiels centraux On va supposer maintenant une hypothèse simplicatrice qui est que le potentiel est invariant par rotation, donc de la forme V (r), r = |~x|. On dit que c'est un V (~x) potentiel central ou potentiel à symétrie sphérique. Rappels : D'après la théorie des harmoniques sphériques, voir Théorème 6.3.1 page 2 2 262, sous l'action du groupe des rotations, l'espace L (S ) se décompose en espaces de représentations irréductibles : L2 S 2 = ⊕∞ l=0 Dl 7.5. THÉORIE DES ONDES PARTIELLES POUR LES POTENTIELS CENTRAUX305 Yl,m (θ, ϕ), m = −l . . . + l et l xé forment une base de l'espace Dl . Donc les fonctions Yl,m (θ, ϕ) avec l = 0, 1 . . . ∞, m = −l, −l + 1, . . . + l forment une base de l'espace des 2 2 fonctions a (θ, ϕ) ∈ L (S ). Par conséquent dans cette base on peut exprimer l'opérateur de diusion Ŝ (k) par une matrice (innie) dont les éléments sont : et (S (k))(l0 ,m0 ),(l,m) = hYl0 ,m0 |Ŝ (k) Yl,m i Nous allons voir que pour les potentiels V à symétrie sphérique, cette matrice est très simple : la diusion sur un potentiel central se fait de façon indépendante pour chaque Dl . On appelle cela un canal de diusion. De diusion est caractérisée par une seule phase δl . moment angulaire l , i.e. dans chaque espace plus dans chaque canal l la matrice de Plus précisément, Proposition 7.5.1. Si V (r) est un potentiel à symétrie sphérique alors l'opérateur de diusion est de la forme très simple : isl (k) ˆ Ŝ (k) = ⊕∞ IdDl l=0 e c'est à dire qu'il est diagonal dans la base Yl,m , hYl0 ,m0 |Ŝ (k) Yl,m i = eisl (k) δl0 ,l δm0 ,m avec l'amplitude eisl (k) qui dépend de l seulement. Dans le cas V = 0, on a eisl (k) = (−1)l+1 . Pour cette raison, on décide d'écrire en général : eisl (k) = (−1)l+1 ei2δl où δl est appelé le déphasage. Argument heuristique utilisant principe d'incertitude : si l k.a (ou ~ L k~p.ak). en particulier à basse énergie, signicatif. C'est la diusion isotrope ou diusion s. δl ' 0 l = 0 est (voir TD) On a k → 0, seul le mode 306 CHAPITRE 7. Exemple : en TD, on calcule les déphasages INTRODUCTION À LA THÉORIE DE LA DIFFUSION δl pour un potentiel central constant par morceaux. Démonstration. La symétrie sphérique se traduit par la relation R̂Ŝ (k) R̂−1 = Ŝ (k) , h i ⇔ Ŝ (k) , R̂ = 0 ∀R̂ opérateur de rotation. 2 2 ∞ et d'après le Lemme de Schur page 266, sur l'espace L (S ) = ⊕l=0 Dl (formé de repres. ∞ irreduc. non équivalentes) on déduit que Ŝ (k) = ⊕l=0 λk IˆDl avec λk ∈ C. Finalement le −1 ˆ + −1 ˆ fait que Ŝ (k) est unitaire s'écrit Ŝ = Ŝ −1 . Or Ŝ + = ⊕∞ = ⊕∞ IDl l=0 λk IDl et Ŝ l=0 (λk ) 2 −1 donc λk = λk ⇔ |λk | = 1. Donc λk est de module 1, et on peut choisir de l'écrire sous la is (k) forme λk = e l . V = 0 (pas de potentiel), on a vu en (7.2.6) que l'opérateur de diusion Ŝ = −P̂ . Or P̂Ylm = (−1)l Ylm donc P̂|Dl = (−1)l Iˆ et Ŝ|Dl = (−1)l+1 Iˆ. On déduit que = (−1)l+1 . Dans le cas est eisl Proposition 7.5.2. Si V (r) est un potentiel à symétrie sphérique, la section ecace totale déni en (7.2.12) s'écrit : σtot = ∞ X σl l=0 avec la section ecace partielle des ondes l donnée par : σl = 4π (2l + 1) 2 sin (δl ) k2 Démonstration. (*) On a vu en (7.4.2) que l'amplitude de diusion est donnée par (2π) (2π) f (k, θ) = − Ŝ (k) δ (θ − π) − δ (θ) k k ϕ en symétrie sphérique). Notons P̂l : L2 (S 2 ) → Dl le projecteur orthogonal sur l'espace Dl (des harmoniques sphériques à l xé). La relation de fermeture s'écrit IˆL2 (S 2 ) = ⊕l P̂l . Dans le cas de la symétrie sphérique on a P̂l Ŝ (k) = eisl (k) P̂l donc (indépendante de (2π) X P̂l Ŝ (k) δθ=π + δθ=0 k l (2π) X isl e P̂l δθ=π + P̂l δθ=0 =− k l f (k, θ) = − 7.5. THÉORIE DES ONDES PARTIELLES POUR LES POTENTIELS CENTRAUX307 Par parité, se projette P̂l δθ=π (θ) = (−1)l P̂l δθ=0 (θ). Par ailleurs δθ=0 est indépendant seulement sur m = 0 : P̂l δθ=0 (θ) = hθ, ϕ|Yl0 ihYl0 |0, 0i = Yl0 (θ, ϕ) Yl0 (0, 0) de ϕ donc Donc (2π) X isl l e (−1) + 1 Yl0 (θ, ϕ) Yl0 (0, 0) f (k, θ) = − k l Finalement d'après (7.2.11) la section ecace totale est Z σtot = |f (k, θ)|2 dΩ = S2 2 (2π)2 X isl 2 l (−1) + 1 e |Yl0 (0, 0)| k2 l Pour éliminer les termes non diagonaux des harmoniques sphériques 2l+1 1/2 et que 4π P l0 6=l , on a utilisé la relation d'orthogonalité On utilise maintenant que |Yl0 (0)| = hYl0 m0 |Ylm i = δl0 ,l δm0 ,m . 2 2 2 isl l e (−1) + 1 = −ei2δl + 1 = e−iδl − eiδl = 4 sin2 δl Alors σtot 2l + 1 (2π)2 X 2 4 sin δl = k2 4π l 4π X = 2 (2l + 1) sin2 δl k l