On voit l’effet d’entraînement lié aux intérêts que peuvent avoir ce genre de conflit.
L’Italie est les municipes sont de la sorte indirectement touché, par les jeux d’alliance et de
clientèle. Mais la violence ne se résumait pas aux luttes interaristocratiques.
1.2. Les violences collectives ou populaires
Elles sont nombreuses. Dans une étude sur les années 80-50, Paul Vanderbroeck a
recensés 92 actions collectives dont 62 avaient une dimension de violence (Popular
leadership and collective behaviour in the late roman republic (ca. 80-50 B.C.)). Ces
violences populaires sont de plusieurs types.
Il s’agit d’abord d’émeutes lors de procès pour influencer le procès. En 67 par
exemple, deux frères, les Cominii sont contraints d’abandonner leur accusation contre
C. Cornelius, alors tribun de la plèbe, sous la menace de bandes de partisans de ce dernier. En
54, Asinius Pollion qui attaquait en justice C. Porcius Cato fut attaqué par des bandes de
clients de ce dernier et ne dut son salut qu’à Licinius Calvus, le défenseur de Cato dans ce
procès ! Cela pouvait aller encore plus loin : en 58, P. Vatinius, aidé d’hommes de main,
attaqua le préteur pour empêcher le tirage au sort du jury.
Ce peut être ensuite des émeutes politiques pour influencer la vie politique (c’est-à-
dire durant la tenue des assemblées). Plusieurs exemples peuvent être cités. En 67, le peuple
fait pression pour l’adoption de la loi Gabinia confiant à Pompée son commandement
exceptionnel contre les pirates. Un sénateur qui s’emporte contre le projet de loi manque ainsi
de peu être assassiné par la foule en colère (cf. le fameux épisode du corbeau tué par les cris
de colère chez Plutarque). En 55, près du temple de Castor, le tribun Sestius veut indiquer au
consul que les auspices sont défavorables (il voulait faire obstruction à la tenue de
l’assemblée) et il est attaqué par une bande armée aux ordres de Clodius. Dernier exemple en
55, lors de la présentation de la lex Trebonia de prouinciis consularibus, Caton s’oppose à la
loi. Trebonius veut le faire mettre en prison mais une large foule le défend. L’examen de la loi
est reporté au lendemain et ses défenseurs font occuper le forum toute la nuit pour empêcher
Caton et ses alliés de venir le lendemain. Ils viennent quand même et sont chassés par la force
(là il y a des morts).
Il y a enfin le cas des émeutes alimentaires. Là aussi les exemples sont nombreux. En
57, durant une flambée des prix, Clodius soulève la foule de Rome et des bagarres violentes
éclatent. Cela aboutit à ce que Pompée reçoive la cura annona pour 5 ans. Clodius réessaye la
même chose en 56. Globalement, la décennie 50 voit une lourde agitation sur ce thème et des
mesures régulières pour contrer ce problème.
L’intérêt est ici de se demander si ces agitations populaires sont toujours spontanées
ou si elles sont au contraire manipulées. Très clairement, dans le cas des émeutes autour des
questions de grain en 58-56, Clodius est à la manœuvre. Mais dans le cas des violences pour
influer sur les procès, l’influence aristocratique est également évidente. Ces violences
populaires ne peuvent donc pas être totalement déconnectées des violences
interaristocratiques. De même, P. Vanderbroeck a montré qu’ils s’agissait de violences assez
organisées : des bandes bien dirigées, avec une division des tâches et une foule moins active
qui suit. Nous sommes donc loin de la violence spontanée. Le rôle du leader était essentiel et
les objectifs étaient clairs, comme le montre l’exemple de 55 avec occupation du forum la nuit
et les différentes tentatives menées par chacun des camps.
Toutefois notons que, dans ces cas, les morts sont finalement assez rares : on est plus
dans la violence verbale, l’intimidation et les bagarres même si les rixes dégénérèrent parfois.
Il s’agit donc plutôt de cris, de bousculades et d’échanges de coups, mais plus dans une
volonté d’intimidation que dans une volonté d’élimination physique. Ces violences populaires
peuvent, enfin, avoir un caractère symbolique. On peut citer deux cas intéressant :