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10/09/2009 |
Bâle (évêché)
On appelle évêché de B. l'ensemble des terres placées sous l'autorité temporelle de l'Eglise cathédrale Notre-
Dame de B. Cette dénomination permet de distinguer cette entité géopolitique du diocèse de B.,
circonscription ecclésiastique dans laquelle l'évêque de cette ville exerce sa juridiction spirituelle. Les limites
de l'évêché, terre d'Empire, ont varié: avant 1500, l'évêque avait perdu la ville de B., une partie importante
de l'actuel canton de B.-Campagne et de petits territoires soleurois. A l'époque moderne, l'évêché comprenait
l'actuel canton du Jura et le Jura bernois, des parties de l'actuel canton de B.-Campagne (Birseck, Laufon) et
une enclave dans le Brisgau (Schliengen). Une partie des terres de l'évêché relevait au spirituel des diocèses
de Besançon, Lausanne et Constance. Le sud était passé à la Réforme et était considéré comme territoire
confédéré. Certains sujets de l'évêque parlaient le français, d'autres l'allemand. L'évêque lui-même était tout
à la fois prince d'Empire et, depuis 1579, allié des cantons catholiques.
1 - Moyen Age
1.1 - Formation et histoire politique
1.1.1 - La donation de 999
La cathédrale de B., est le noyau et, jusqu'à la Réforme, le cœur d'une principauté dont le chef est l'évêque.
En 999, le dernier roi de Bourgogne, Rodolphe III, donne à l'évêché l'abbaye de Moutier-Grandval avec toutes
ses dépendances. Il veut, par ce geste, augmenter la puissance temporelle de l'episcopatus Basiliensis.
Solidement implantée dans la haute vallée de la Birse, l'abbaye de Moutier-Grandval possède aussi de
nombreux biens dispersés entre le lac de Bienne et l'Alsace. L'évêque de B., dont l'autorité temporelle était
limitée à la cité rhénane, va ainsi se trouver à la tête de possessions importantes.
Auteur(e): Jean-Paul Prongué
1.1.2 - L'ère des donations impériales (1000-1100)
En 1032, à la mort de Rodolphe III, B. et le pays jurassien sont incorporés au Saint Empire. L'évêque devient
vassal de l'empereur. Ce dernier désigne le prélat et lui inféode des droits régaliens que celui-ci exercera
dans toutes les possessions de son église (Kirchensystem des Ottoniens et des Saliens). Pendant plus d'un
siècle, l'Eglise de B. bénéficie de la générosité des empereurs. Les acquisitions sont très diverses et
géographiquement dispersées. En 1041, Henri III cède le vaste comté d'Augst (Augstgau), aux portes de B.,
qui s'étend, débordant le Sisgau, du Rhin à l'Aar, à cheval sur la chaîne du Jura. La fidélité de l'évêque au parti
impérial durant la querelle des Investitures est récompensée: en 1080, Henri IV lui remet le comté de
Härkingen, dans le Buchsgau, entre l'Aar et le Jura, puis, en 1084, le château et le fief de Ribeaupierre, en
Alsace, et en 1095 l'abbaye de Pfäfers, en Rhétie. Par ailleurs, dès le milieu du XIe s., la donation rodolphienne
de 999 sert de point d'appui à une politique expansionniste de Notre-Dame de B. en pays jurassien.
Auteur(e): Jean-Paul Prongué
1.1.3 - L'évêché se recentre sur l'Arc jurassien (1100-1179)
Objet des convoitises bâloises dès 1053, l'abbaye de Saint-Ursanne, qui relevait du diocèse de Besançon,
tombe, entre 1096 et 1120, sous le pouvoir temporel et spirituel des évêques. Cette acquisition renforce leur
emprise dans les vallées jurassiennes. En dépit du concordat de Worms (1122), les évêques de B. continuent
d'être désignés par les empereurs tout au long du XIIe s. Le processus de féodalisation qui accompagne le
déclin de l'autorité publique est sensible dans l'évêché. Comtes, vassaux de Notre-Dame de B., avoués des
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grandes églises construisent des châteaux de pierre et s'attachent des hommes qui savent se battre. Cette
noblesse favorise les établissements monastiques qui se fondent au début du XIIe s., notamment ceux de
Lucelle (1124) et de Bellelay (1140). Ces établissements connaissent un essor rapide. Au XIIe s., les évêques
de B. doivent abandonner certaines prétentions sur de riches églises éloignées, notamment dans la Forêt-
Noire, en Rhétie et en Alsace. A la fin du XIIe s., Notre-Dame de B. est déjà pratiquement évincée de ses
anciennes possessions d'outre-Rhin et d'Alsace et, au bas Moyen Age, seule subsiste, sur la rive droite du
Rhin, la seigneurie de Schliengen dont dépend le village d'Istein. Réalistes, les évêques concentrent leurs
efforts sur l'Arc jurassien, souvent francophone et quadrillé par des maisons religieuses dont le pape
Alexandre III confirme les biens et les droits en 1179.
Auteur(e): Jean-Paul Prongué
1.1.4 - L'évêché à l'apogée de sa puissance (1179-1324)
Au XIIIe s., la puissance impériale faiblit et c'est désormais le chapitre cathédral qui élit les évêques de B. De
plus, le système féodal est ébranlé par la puissance nouvelle de l'argent. Toute une noblesse ne vivant que de
redevances foncières connaît des difficultés financières. Riches de l'or du Rhin, les évêques de B. peuvent
acheter seigneuries et droits divers et renforcer ainsi leur pouvoir. Bien des féodaux doivent engager leurs
biens entre les mains de l'évêque, comme Berthold de Neuchâtel qui cède, en 1234, son droit d'avouerie sur
la ville de Bienne. Même des églises vendent des possessions à Notre-Dame de B., qui acquiert ainsi
Arlesheim de l'abbesse du Mont-Sainte-Odile en Alsace. En 1241, le seigneur d'Asuel résigne tous ses biens
sur l'autel de Notre-Dame de B. qui fait de cette manière une percée prometteuse en direction de l'Ajoie.
Dans la vallée de la Suze, cette domination s'accroît grâce à l'acquisition du droit d'avouerie cédé à l'évêque
Henri de Neuchâtel par Otton d'Arguel (ou d'Erguël) en 1264. Un des voisins les plus puissants de l'évêché, le
comte de Ferrette, opère une reprise de fiefs de tous ses biens au profit de l'Eglise de B. en 1271. Cette
opération fait passer l'avouerie de la vallée de Delémont entre les mains des évêques. En 1280, le flou
politique à propos des mairies de Bure et d'Ajoie provoque un conflit ouvert entre l'évêque de B.,
militairement soutenu par l'empereur Rodolphe, et Renaud de Bourgogne, comte de Montbéliard. Vainqueur à
Porrentruy en 1283, l'évêque obtient la haute main sur cette ville et sur l'Ajoie. Mais en 1296, la victoire du
comte de Neuchâtel sur les troupes épiscopales à Coffrane marque un coup d'arrêt pour l'Eglise bâloise. La
limite de l'évêché est dès lors fixée sur le lac de Bienne, à la hauteur de La Neuveville, fondée vers 1310 à
l'initiative de l'évêque Gérard de Vuippens. A l'autre bout de la chaîne jurassienne, mais en terre alémanique,
Notre-Dame de B. peut espérer une brillante expansion lorsqu'elle acquiert les seigneuries de Liestal, Neu-
Homburg et Waldenburg pour 2100 marcs d'argent (1305), somme que l'empereur Albert Ier, très intéressé
par ces terres, ne parvient pas à réunir. Il refuse d'investir l'évêque Othon de Grandson et ces biens
échappent à Notre-Dame. Pour consolider leur autorité face à la noblesse, les évêques de B. favorisent les
bourgeoisies montantes des villes de l'évêché, notamment Bienne (1275), Porrentruy (1283), Delémont
(1289), Laufon (1296), La Neuveville (1312) et Saint-Ursanne (1338).
Au début du XIVe s., Notre-Dame de B. est à l'apogée de sa puissance. De La Neuveville à Ferrette, l'autorité
temporelle des évêques s'étend sur deux populations, romane et germanique, et sur les confins de quatre
diocèses: celui de B., bien sûr, mais également ceux de Lausanne, de Besançon et de Constance.
Auteur(e): Jean-Paul Prongué
1.1.5 - Difficultés politiques (1324-1404)
Au XIVe s., l'évêché manque de moyens financiers et il est victime des pressions conjuguées de ses ennemis
extérieurs et de ses adversaires intérieurs, les villes qui cherchent à s'émanciper de la tutelle princière. Les
premiers à tirer profit de la faiblesse de Notre-Dame de B. sont les Habsbourg. A la mort du dernier comte de
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Ferrette, en 1324, sa fille épouse Albert d'Autriche. Le comté devrait revenir à l'évêque de B., mais celui-ci ne
peut empêcher l'Autriche de mettre la main sur ce territoire situé sous les murs de la métropole rhénane.
Tirant parti de l'impécuniosité croissante de Notre-Dame, la riche bourgeoisie bâloise acquiert
progressivement tous les éléments de la puissance publique, sans parler de l'arrière-pays qu'elle se taille en
direction des Confédérés au détriment de la principauté épiscopale. Cette politique d'émancipation suscite
l'hostilité de la noblesse qui s'appuie sur l'Autriche pour contrer ce processus fatal à l'autorité des évêques.
Pour éviter le démantèlement de la principauté, l'évêque Jean de Vienne (1365-1382) veut rompre la
combourgeoisie qui liait Bernois et Biennois depuis 1352, mais il est militairement vaincu à Malleray en 1367.
Relayant dans le sud de l'évêché l'influence de Berne, la ville de Bienne détient un droit de bannière sur
l'Erguël et elle scelle, en 1335, un traité de combourgeoisie avec le chapitre de Saint-Imier. Bellelay et Saint-
Imier se placent sous la protection de Soleure en 1404. Ces liens affaiblissent l'autorité du prince dans une
bonne partie de l'évêché.
Auteur(e): Jean-Paul Prongué
1.1.6 - La peau de chagrin (1376-1422)
La situation est d'autant plus grave que l'Eglise de B. doit, faute de ressources suffisantes, engager des
seigneuries entières, notamment la prévôté de Saint-Ursanne, Chauvilliers et la Montagne de Muriaux en
1376. Le procédé est également utilisé à Porrentruy et en Ajoie, vendus à réméré au comte de Montbéliard en
1386. Le château de Soyhières passe aux mains des seigneurs comtois de Neufchâtel qui étendent leur
influence jusqu'à Laufon (1388). La ville, le château et la seigneurie de Delémont sont engagés aux Bâlois qui
tirent profit de l'abaissement de leur évêque (1389). A la fin du XIVe s., pour sauver l'évêché de la
banqueroute, le chapitre cathédral confie la destinée de l'Eglise de B. à Thiébaud VI de Neufchâtel, qui place
son fils Humbert sur le siège épiscopal. Celui-ci ne peut stabiliser la situation qu'en vendant les possessions
du Sisgau à la ville de B. (1400). Lorsque l'évêque Hartmann Münch de Münchenstein résigne ses fonctions,
en 1422, l'évêché est virtuellement démantelé.
Auteur(e): Jean-Paul Prongué
1.1.7 - Les limites du redressement (1423-1528)
Au XVe s., grâce à l'énergie d'une série d'évêques, des pans entiers de l'ancienne construction peuvent être
ramenés dans l'orbite de Notre-Dame de B., notamment dans la partie francophone de l'arc jurassien. Jean de
Fleckenstein (1423-1436) entreprend de dégager Saint-Ursanne et Roche d'Or de l'emprise des sires de
Neufchâtel. Après sa victoire sur Thiébaud VIII (1425), toute la châtellenie de Saint-Ursanne fait retour à
l'évêché. Il contraint les gens de la châtellenie de Delémont et de la prévôté de Moutier-Grandval à rompre le
traité de combourgeoisie qui les liait à la ville de B. (1434). Par contre, Jean de Fleckenstein doit pratiquement
céder, en 1427, au profit des villes de Berne et de Soleure, le landgraviat sur le Buchsgau. Plus tard, en 1486,
Gaspard zu Rhein ne peut s'opposer au coup de force de Berne qui impose un traité de combourgeoisie à la
prévôté de Moutier-Grandval. Dès les années 1440, une meilleure gestion des rentrées financières et les
premières levées fiscales modernes permettent d'éteindre les créances qui soustrayaient des seigneuries
entières à l'autorité de l'Eglise de B. Jean de Venningen (1458-1478) réussit, en 1461, à racheter Porrentruy
et l'Ajoie grâce aux lourdes contributions de leurs sujets jurassiens. A l'issue des guerres de Bourgogne
(1474-1477), l'évêché annexe, en 1478, les villages ajoulots de Damvant, Grandfontaine et Réclère, où
l'autorité épiscopale était mal établie. Le fief de Franquemont sur le Doubs entre également dans sa
mouvance à la suite de ce conflit.
Au début de la guerre de Souabe (1499), l'évêché est virtuellement scindé en trois parties. A B. et dans le
Sisgau, le Conseil bourgeois exerce le pouvoir réel. Dans le sud de la principauté, de Moutier à La Neuveville,
les villes et les seigneuries sont souvent tellement liées à Berne et à Soleure que l'autorité de Notre-Dame de
B. ne peut déployer tous ses effets. L'"évêché utile", de Franquemont à Laufon, est seul soumis au pouvoir du
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prince. L'entrée de la ville de B. dans la Confédération, en 1501, consacre un état de fait et la Réforme
accentue cette partition ébauchée au XIVe s. En 1528 l'évêque s'établit officiellement à Porrentruy et, dans les
bailliages protestants du sud désormais inclus dans la mouvance helvétique, l'autorité du prince est encore
plus lointaine qu'à la fin du Moyen Age.
Auteur(e): Jean-Paul Prongué
1.2 - Economie
Région à dominante rurale et très montagneuse, l'évêché vit dans une économie largement déterminée par la
nécessité de nourrir une population pourtant modeste. Seule la ville de B., dont la domination économique
s'exerce dans un espace dépassant les limites de la principauté et du diocèse, anime la vie économique
régionale et relie l'évêché aux grands courants d'échanges internationaux. Sa monnaie est couramment
utilisée des Vosges à l'Aar et du Doubs à la Forêt-Noire. Les villes n'ont qu'une importance très limitée et leurs
habitants se consacrent encore à l'agriculture, à la viticulture et à l'artisanat. Leur zone d'influence
économique se confond souvent avec leur sphère d'influence politico-administrative: Delémont, chef-lieu de
la châtellenie, est également la seule ville de la vallée du même nom. La remarque vaut aussi pour Porrentruy
et l'Ajoie, Saint-Ursanne et la prévôté, etc. Les campagnes, vouées pour l'essentiel à l'agriculture, ou à la
viticulture sur les bords du lac de Bienne, écoulent leurs produits sur les marchés et les foires de ces villes
dès la fin du XIIIe s. Dès l'époque romaine au moins, le minerai de fer pisolithique est exploité, réduit dans des
bas fourneaux. Ce fer, qui fait des régions de Delémont et de Moutier des terres convoitées, est produit en
quantité suffisante pour être exporté, probablement sur le Plateau, durant tout le haut Moyen Age et jusqu'au
XIVe s., époque où le haut fourneau fait son apparition. Il s'imposera peu à peu sous l'impulsion des princes-
évêques.
Les productions jurassiennes, lorsqu'elles ne sont pas consommées sur place, sont exportées en ville de B. En
valeur, le premier produit d'exportation des campagnes de la principauté est sans conteste possible le bois.
Flotté sur la Birse, il est utilisé dans la construction bâloise. Les bouchers de la métropole rhénane achètent
en outre des moutons et des bovins qu'ils débitent à B. ou qu'ils revendent à des marchands alsaciens. Le
coutil tissé dans les vallées jurassiennes est également écoulé dans la cité épiscopale. Les produits laitiers
(beurre, fromages de Bellelay et de Delémont) ne viennent qu'en quatrième position dans les marchandises
vendues sur le marché de B. De leur côté, les commercants de l'évêché "intérieur" achètent surtout des
draperies, des céréales et des vins qu'ils revendent sur les foires de leurs petites cités. Ces échanges laissent
entrevoir le faible niveau de spécialisation des campagnes de la principauté, que ce soit dans le domaine
artisanal ou agricole. Couplée à la domination politique de la cour de l'évêque, l'emprise économique de la
ville de B. sur le reste de l'évêché va s'appesantissant au fur et à mesure qu'avance le Moyen Age. Cette
sujétion commerciale et financière, facilitée par l'usage d'une même monnaie, explique en partie l'importance
de l'élément "jurassien" parmi ceux qui, à l'instar de Thiébaud Mérian de Courroux en 1498, obtiennent la
bourgeoisie de B. Si le pouvoir temporel des évêques varie d'une châtellenie à l'autre, le pouvoir économique
incontesté de la métropole rhénane déploie ses effets dans tout l'évêché, de la ville de Bienne jusqu'au plus
modeste village d'Ajoie.
Auteur(e): Jean-Paul Prongué
1.3 - Vie culturelle et religieuse
La vie culturelle de l'évêché au Moyen Age (la ville de B. n'est pas traitée ici) est naturellement liée à sa vie
religieuse. L'Ajoie doit à l'influence comtoise et à celle de l'officialité de Besançon de posséder les plus
anciennes chartes en français de Suisse romande (la première date de 1244). Le réseau paroissial, fixé pour
l'essentiel avant le XIIe s., n'est toutefois pas achevé avant l'époque moderne dans les Franches-Montagnes.
L'évêché médiéval est dominé par ses établissements religieux, aussi remarquables par leur nombre que par
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leur importance. Trois établissements religieux existent déjà dans le haut Moyen Age, tous fondés au VIIe s.:
Saint-Imier, Saint-Ursanne et enfin Moutier-Grandval, le plus fameux. Les deux premiers, formés à l'origine de
quelques ermites, font place par la suite à des communautés monastiques, alors que Moutier-Grandval est
une fondation de l'abbaye de Luxeuil. Son histoire est mal connue, mais il est sûr qu'il s'agit d'un couvent
d'une grande richesse, immuniste depuis le VIIIe s. jusqu'à sa donation à l'évêque de B. en 999. Ces trois
établissements bénédictins sont transformés en chapitres collégiaux entre la fin du XIe s. et 1120 - voire un
peu plus tard pour Saint-Imier - dans des circonstances inconnues. Dans la première moitié du XIIe s., les
nouvelles idées monastiques venant de Bourgogne suscitent une autre vague de création d'établissements
religieux: Lucelle, abbaye cistercienne fille de Bellevaux, fondée en 1124 et promise à un bel avenir, et
Bellelay, abbaye de chanoines réguliers prémontrés, créée vers 1140 par l'abbaye du Lac de Joux, à
l'instigation de l'évêque de B. Bellelay établit à la fin du XIIe s. un prieuré en Ajoie, à Grandgourt, alors que
Lucelle essaime en dehors de l'évêché. Aux XIVe et XVe s., l'évêché ressent brutalement l'effet des schismes.
Des hôpitaux et des confréries religieuses sont créés pour répondre aux besoins des fidèles, parallèlement à
l'essor urbain régional; en outre, dans l'ensemble, les évêques contrôlent mal leur clergé, dont les qualités
semblent médiocres, alors que les établissements religieux traversent aussi une période difficile du point de
vue tant économique que spirituel.
En ce qui concerne l'éducation, on est très mal documenté sur les écoles qui pouvaient se trouver dans
l'évêché, en particulier dans les abbayes (aucun scriptorium n'est attesté de façon sûre). On signalera la
présence à Moutier du fameux moine de Saint-Gall, Iso, qui y meurt en 871. A partir des XIIIe et XIVe s., des
écoles ouvertes aux laïcs apparaissent dans les villes. Les objets d'art sont le plus souvent dus à des artistes
d'ailleurs, telle la fameuse Bible de Moutier-Grandval, œuvre de copistes de Tours. Les principales zones
d'influence en la matière sont la Bourgogne, l'Alsace, la Souabe et B. L'église de Courchavon possède une
remarquable Vierge debout de la fin du XIIIe s. (peut-être la plus ancienne conservée en Suisse). La statuaire
des XIVe et XVe s. est bien représentée dans les églises de la région. En matière d'architecture, sans dresser
ici un catalogue exhaustif, il faut signaler quelques monuments romans: l'abbatiale de Saint-Ursanne (riches
sculptures), celle de Saint-Imier, les églises de Chalières (fresques du XIe s.), de Courtelary, la Blanche Eglise
de La Neuveville et la Tour Réfous de Porrentruy. Les églises Saint-Pierre de Porrentruy et Saint-Benoît de
Bienne (vitraux du XVe s.), ainsi que les châteaux du Vorbourg (comm. Delémont), de Zwingen et du
Schlossberg (La Neuveville) conservent de beaux vestiges de l'époque gothique.
Auteur(e): Jean-Claude Rebetez
2 - Epoque moderne
2.1 - Histoire politique
2.1.1 - Le XVIe siècle et l'évêque Blarer
Le XVIe s., secoué de turbulences, voit naître l'Etat moderne. La ville de B., devenu canton suisse, s'affranchit
de l'autorité temporelle de l'évêque (1501) et la Réforme lui enlève l'autorité spirituelle (1529). Dès 1528,
Porrentruy (diocèse de Besançon) devient la nouvelle capitale de la principauté. Non seulement l'évêque se
trouve désormais hors de son diocèse, mais le chapitre se fixe à Fribourg-en-Brisgau (diocèse de Constance)
et l'officialité à Altkirch (Alsace). La rupture de l'unité confessionnelle est consommée par l'adoption de la
Réforme dans les régions méridionales, avec pour conséquence un affaiblissement de l'autorité du prince sur
ses sujets. A ces difficultés s'ajoutent des troubles sociaux et des crises financières chroniques. Lors de la
guerre des Paysans (1525), les abbayes de Beinwil et de Lucelle sont livrées au pillage. La jacquerie est de
courte durée. Après le décès de Philippe de Gundelsheim (février 1552), le chapitre emprunte 14 000 £ aux
Biennois et leur offre en contrepartie l'administration de l'Erguël. Les Erguëliens se rebiffent, obtiennent
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