À ce stade, le diagnostic de DCL ou de DCSD n'est pas confirmé et nécessite un examen approfondi. Par définition,
les déficiences qui en résultent et les répercussions sur la vie quotidienne sont modérées. Hormis les cas de
guérison, on estime généralement que le diagnostic évolue dans plus de 80 % des cas vers la maladie d'Alzheimer.
Compte tenu des symptômes et des antécédents familiaux du patient, le psychogériatre consultant estime qu'il y a
de très grandes chances que M. Green présente les premiers signes de la maladie d'Alzheimer, même s'il est
encore trop tôt pour confirmer le diagnostic. Il a expliqué la situation au médecin de famille.
Le médecin en question suit la famille depuis des années et connaît bien M. Green, qui lui avait déjà mentionné la
maladie de son père lors de la première consultation. Lorsqu'il a conseillé à son patient de se rendre à une clinique
de la mémoire, Mme Green a expliqué qu'elle redoutait la possibilité que son mari soit atteint de la maladie
d'Alzheimer. Ce dernier a également exprimé une certaine inquiétude, mais il a également fait savoir qu'en ce qui
le concernait, les choses étaient claires : il ne serait pas un fardeau pour sa femme. Lorsque son médecin lui a
demandé ce qu'il entendait exactement par là, il s'est contenté de donner une réponse évasive. Le médecin de
famille doit maintenant préparer M. et Mme Green à prendre connaissance du rapport médical du psychogériatre.
Les principes fondamentaux qui régissent l'éthique médicale sont la bienfaisance (faire le bien d'autrui), la non-
malfaisance (ne pas nuire à autrui), l'autonomie (autodétermination) et la justice (équité). Le principe d'autonomie
reprend la notion du droit du patient à disposer de lui-même, et est exprimé dans le concept juridique du
consentement, ainsi que dans le code de déontologie de l'Association médicale canadienne, dans la partie
consacrée à la responsabilité du médecin envers son patient.1
Le médecin se trouve maintenant face à un patient qui, selon toutes vraisemblances, présente les premiers signes
de la maladie d'Alzheimer. Ce patient a depuis longtemps clairement fait savoir qu'il ne vivrait pas avec cette
maladie par crainte de ce que cela impliquerait pour son entourage. Sa femme a déclaré que, si la maladie
d'Alzheimer était un diagnostic à envisager, elle préférait que cette information ne soit pas communiquée. À ce
stade, le patient est manifestement apte, et a le droit de recevoir tous les renseignements concernant son état de
santé.
Le médecin de famille doit maintenant soupeser les différentes options qui s'offrent avant de s'entretenir avec M.
et Mme Green. Bien que le droit du patient à disposer de lui-même constitue l'un des principes d'éthique
fondamentaux, il n'en demeure pas moins que le médecin de famille et l'épouse du patient craignent qu'à la
lumière d'une telle information, M. Green ne cherche à se nuire ou même à attenter à ses jours. Il convient de
sonder plus avant les inquiétudes du patient en dépit du fait qu'il ait déjà déclaré souhaiter mettre fin à ses jours
s'il contractait la maladie d'Alzheimer. Il est en effet possible que le temps ou les renseignements au sujet de
nouvelles thérapies lui fassent changer d'avis. Le médecin peut également choisir de ne pas divulguer l'information
ou bien de mettre davantage l'accent sur les chances (minces) que les troubles de la mémoire disparaissent. Ce
choix serait alors guidé par la volonté de ne pas nuire (non-malfaisance), justifiant le recours au privilège
thérapeutique.
Q2. Si M. Green demande des renseignements sur le genre de traitement qu'il devrait suivre à ce stade,
quelle information supplémentaire le médecin devra-t-il lui communiquer au sujet des thérapies
d'amélioration neurocognitive?
M. Green se demande s'il devrait prendre des suppléments vitaminiques, modifier son alimentation ou envisager
de suivre d'autres traitements. Comme le feraient nombre de ses confrères, le médecin estime que l'essai d'un
médicament inhibiteur de la cholinestérase serait, à ce stade, justifié d'un point de vue clinique. Bien que ce
traitement ne soigne pas la maladie d'Alzheimer, il permet de maintenir le fonctionnement et semble freiner la
progression de la maladie. La maladie d'Alzheimer est cependant la seule indication figurant sur ce type de
médicament.
Afin d'obtenir le consentement éclairé du patient sur l'essai de ce type de médicament, il serait nécessaire de faire
le tour des traitements disponibles et de discuter des effets secondaires, du dosage, des résultats attendus et des
motifs pour lesquels ils sont prescrits. Le fait de fournir des faux renseignements reviendrait à induire
délibérément le patient en erreur et pourrait, à la longue, briser l'alliance thérapeutique établie entre le médecin et
son patient. Une autre démarche pourrait simplement consister à suggérer qu'en l'état actuel des choses, essayer
ce type de traitement serait bénéfique. Le médecin pourrait demander au patient s'il a des questions, et ainsi saisir
l'occasion de lui dire la vérité ou de lui donner plus de renseignements, compte tenu de son appréciation des désirs
du patient.
De nombreuses études ont montré que les patients souhaitent obtenir le plus d'information possible concernant
leur état de santé, et ce, quel que soit le diagnostic. C'est notamment le cas de la majeure partie des patients