La révolution scientifique et technologique,
la société de consommation
Si le début du XX°s est celui de l'horreur, de la guerre et de la dévastation, les
bouleversements que connait le monde au lendemain de la seconde guerre
mondiale sont sans précédents, dans les domaines scientifiques, technologiques,
économiques, culturels et sociaux.
Dans cette France de la seconde moitié du XX° siècle naissent les prémisses de la
société moderne.
Quels sont ces changements et découvertes ? Quelles évolutions connait la
société française ?
La révolution scientifique et technologique
Domaines clés :
Physique nucléaire Henri Becquerel au XIX° met en évidence la radioactivité,
couplé aux travaux d'Einstein en physique ; intérêt de la recherche militaire pour la
bombe atomique, mais aussi civils pour la conquête de nouvelles énergie avec la
centrale nucléaire
Médecine La plupart des vaccins sont connus au début du siècle (variole, BCG,
tétanos) ; nouvelles connaissances en biologie (ADN), radiographie, scanner,
greffes, traitements des cancers, insémination artificielle sont autant de progrès
dont la conséquence est l'allongement de la durée de la vie
Chimie Permet le développement de nouveaux matériaux industriels (matières
plastiques, fibres synthétiques)
Électronique, informatique Progrès qui transforment le rapport au monde, à
l'information, aux connaissances, à l'accès à la culture (transistor, tv, premier
ordinateur inventé en 1947 et destiné aux particuliers dès1975)
c'est la 3° révolution industrielle après la machine à vapeur et l'électricité.
Conquête spatiale Les acquis de l'industrie aérospatiale permettent la conquête de
l'espace, stimulée par la concurrence entre les deux blocs américains et de l'Est (12
avril 1961 Youri Gagarine est le 1° homme dans l'espace ; le 21 juillet 1969
l'astronaute américain Amstrong marche sur la Lune)
Économie : une croissance soutenue
L'industrie est en forte expansion, le pays est à reconstruire au sortir de la guerre
(réseau de chemin de fer, bâtiments... les pertes sont énormes). La reconstruction
est stimulée par l'interventionnisme de l’État français : mesures sociales (création
de la sécurité sociale en 1945 pour se garantir contre les accidents de la vie, la
création des comités d'entreprises) nationalisation de secteurs clés de l'énergie,
transports, banque (SNCF, GDF par ex), modernisation, planification assurent le
redémarrage de l'économie, c'est l’État Providence.
L'aide américaine du Plan Marshall en 1947 (13 milliards versés pour la
reconstruction en Europe de l'Ouest), la construction de l'Europe dès 1951
permettent de multiplier les échanges. La croissance atteint les 7% par an
c'est la période des Trente Glorieuses :
le terme vient de l'économiste Jean Fourastié (en référence aux Trois Glorieuses
des 27, 28 et 29 juillet 1830 qui ont renversé Charles X) et caractérise la période
de croissance entre 1945-1975.
La France connaît l’essor économique et social le plus rapide de son histoire.
-le progression de l’économie française atteint 5% par an et même 7,3 % de 1969 à
1973 (euphorie pompidolienne). La production industrielle triple : ? conjoncture
mondiale et choix du pouvoir. La croissance favorise les profits des entreprises et
la hausse des revenus des ménages. L’épargne et la consommation se développent.
-transformation de l’économie.
Le pétrôle supplante le charbon. Secteurs apparaissent très dynamiques : les
transports, l’industrie des biens de consommation (électroménager,
automobiles…).
Les raisons de la croissance sont multiples :
-la reconstruction de la France après 1945
-la volonté de modernisation portée par les nationalisations et la planification qui
font de l’Etat le maître d’œuvre de l’effort de l’équipement national
-la croissance mographique qui stimule la demande. Elle est relayée par l’essor
du pouvoir d’achat, le développement du crédit et de la publicité.
-évolution des mentalités : nécessité de l’investissement, de la rentabilité, de la
productivité.
Le baby-boom correspond à la reprise de la natalité. Jusqu’en 1964, la fécondité
est supérieure à 2,5 enfants par femme. La population augmente de 13 millions
d’habitants entre 1946 et 1976. Pourquoi ?
-climat d’optimisme lié à la prospérité et les mesures prises par l’Etat en faveur
des familles nombreuses (mesures fiscales, tarifs réduits dans les transports,
allocations familiales, sécurité sociale.
Comment la croissance économique développe-t-elle une société de
consommation ?
-la croissance économique s’accompagne d’un triplement du niveau de vie entre
1945 et 1975. Révolution par le progrès matériel des Français qui accèdent à des
biens et à des services : dans les budgets les dépenses d’alimentation et
d’habillement diminuent, ceux réservés au logement à l’équipement ménager, à
l’automobile, à l’hygiène, et à la santé augmentent.
-après-guerre difficile mais amélioration à la fin des années 1950. Augmentation
du nombre des logements construits : plus de confort avec salle de bain, wc,
intérieur, chambres des enfants. Les ménages s’équipent avec téléviseur,
réfrigérateur, lave-linge. La réclame et le crédit jour un rôle important.
Les congés payés s’allongent (3 semaines en 1956, 4 en 1968, 5 en 1982). Début
de la civilisation des loisirs et des vacances.
-structures socioprofessionnelles sont bouleversées :
*la petite paysannerie décline avec un exode rural massif des salariés agricoles et
des exploitants modestes
*le petit patronat industriel ou commercial voit ses effectifs diminuer
*le monde ouvrier connaît des transformations considérables : le nombre de
techniciens, d’ingénieurs, d’ouvriers qualifiés augmente ; celui des ouvriers
spécialisés diminue.
*grands bénéficiaires sont les classes moyennes salariées.
La société de consommation
Bouleversements dans le monde du travail
L'agriculture se mécanise, la politique agricole commune (PAC) européenne
entrainent une restructuration du monde agricole : les exploitations sont
concentrées et « rationalisées » après les remembrements, la mécanisation assure
une productivité plus grande car le besoin en main d’oeuvre est moins important.
Les campagnes se dépeuplent au profit des villes.
L'industrie connait également un gain de productivité grâce à la généralisation des
techniques de travail du fordisme et du taylorisme, spécialisant les travailleurs,
séparant la conception de l'objet de sa réalisation, et faisant apparaître le travail à
la chaine ce n'est plus le travailleur qui se déplace pour accomplir sa tâche,
mais l'objet qui vient à lui pour y subir les différentes étapes de sa transformation.
Le développement de la robotisation et des progrès technologiques modifient
encore le tissu ouvrier qui devient plus qualifié, le secteur secondaire n'est plus
créateur d'emploi à partir des années 70.
Les emplois agricoles et industriels laissent place aux emplois tertiaires des
services et du commerce, dont la part croit dans la population active (37% en 1954
// 75% en 2002), notamment à l’essor du travail des femmes, dans un milieu
urbain prometteur en emplois face à l'exode rural.
Exode rural et accroissement des naissances (baby-boom d'après-guerre)
contribuent à emplir les villes de main d’oeuvre nouvelle et parfois même
immigrée (originaire du Maghreb, Portugal, Italie) mal logée dans des bidonvilles
construits à la hâte en périphérie urbaine ; partout le manque d'hygiène et de
confort est flagrant, même dans les centre-villes insalubres.
Un vaste programme de construction prend forme à partir de 1955 pour faire face
à cette crise du logement, les grands ensembles de tours et barres aujourd'hui
décriés pour leur ségrégation socioéconomique et spatiale sont d'abord perçu
comme un progrès pour le confort.
Une société urbaine
La consommation de masse
Le pouvoir d'achat des Français est multiplié par 3 durant les Trente Glorieuses,
tandis que la part des dépenses alimentaires dans le budget des ménages ne cesse
de diminuer. Ce nouveau niveau de vie permet l'achat de nouveaux biens de
consommation tels les équipements ménagers (machine à laver le linge, télévision,
réfrigérateur, automobile) favorisés par le développement de la publicité et de
l'achat à crédit, tandis que les lieux d'approvisionnement tels le supermarché se
généralisent.
En parallèle l'allongement des congés payés en 1956 (3 semaines) puis 1968 (4
semaines) permettent aux Français de profiter des loisirs culturels divers tels que
cinéma, télévision, musique, mais aussi livre de poche qui apparaît en 1953, et
bien entendu de destinations touristiques, dans ce que l'on a appelé la civilisation
des loisirs.
La consommation de masse est décriée par les artistes comme par exemple la
sculpture hyper-réaliste de Duane Hanson, Supermarket Lady, réalisée en 1970,
épisode de la vie quotidienne d'un américain moyen, dont le mode de vie est
similaire sur la planète. Le physique opulent, les vêtements du personnage, ses
bigoudis montrés sans pudeur dans un supermarché, tout indique la vulgarité du
monde condamné à la surconsommation représentée par le chariot débordant.
L'anonymat du personnage dans lequel chacun peut se retrouver, la banalité des
objets de la vie quotidienne (standardisés, produits en masse) que tout un chacun
peut utiliser, le regard perdu dans le vide, l'ensemble souligne de façon ironique et
critique que tout est vain hormis l'acte de consommer.
Comment la société française est-elle devenue une société urbaine ?
-jusqu’au milieu des années 50, la France reste rurale avec des mentalités
imprégnées des valeurs du monde rural. Ce schéma disparaît pendant les trente
glorieuses : en 1974 les ¾ de la population vivent dans des agglomérations
urbaines.
-pour faire face, programmes massifs de constructions (matériaux de qualité
médiocre, logements mal insonorisés et mal finis, architecture fonctionnelle sans
imagination décoratrice). Croissance anarchique des banlieues (grands ensembles,
villes dortoirs…), création de villes nouvelles. Urbanisation brutale de la société
française provoque un malaise profond dans la population.
-l’espace urbain connait des transformations. Le centre-ville est rénové (bureaux).
Augmentation du coût du logement provoque le départ des populations les moins
aisées vers les banlieues. Dans les années 1980, les cités-dortoirs abritent les
catégories sociales les plus fragiles qui cumulent tous les problèmes de la société.
Les structures familiales
L'après-guerre se caractérise démographiquement par le baby-boom, véritable
explosion du taux de natalité, qui maintient une population plutôt jeune. À partir
des années 60 cette jeunesse est la cible de nombreuses industries (vêtements,
cinéma, musique), jeunesse parfois en conflit avec une génération précédente qui a
connu la guerre et les privations.
La place des femmes, les structures familiales et l'autorité traditionnelle sont
également ébranlées par cette nouvelle société. Depuis les deux conflits mondiaux
elles travaillent (41% en 1961, 80% aujourd'hui), obtiennent le droit de vote le 21
avril 1944, égalité politique qui faisait partie du programme politique du CNR de
De Gaulle). Cette nouvelle place amène une remise en question de l'homme
comme chef de famille : en 1965 elles peuvent ouvrir un compte en banque et
travailler sans l'autorisation de leur mari, acquiérant une autonomie financière, en
1967 la loi Neuwirth autorise la contraception, en 1975 la loi Veil légalise l'IVG,
en 1970 l'autorité familiale est partagée et non plus seulement du fait de l'homme.
En 1975 le divorce pas consentement mutuel est instauré. En 1981 un ministère
des droits de la femme est créé ; en juin 2000 la loi sur la parité impose l'accès
égal des hommes et femmes aux fonctions électives et mandats électoraux.
Crises et ralentissement de la croissance
Le premier choc pétrolier de 1973 a des incidences économiques, le prix du
pétrole est multiplié par quatre, demandeuse en énergie la croissance s’essouffle,
montrant sa fragilité ainsi que insuffisante compétitivité des entreprises face aux
nouveaux pays industrialisés produisant à moindre cout.
Les inégalités sociales se multiplient, paupérisant la population, au point de parler
de « fracture sociale », le nombre de travailleurs pauvres (ayant un emploi mais
mal rémunéré face au cout de la vie) augmente, le chômage est menaçant pour
tous.
Parallèlement la population vieillit, bien que la France ait le plus fort taux de
fécondité en Europe (nombre moyen d'enfant par femme) ; l'espérance de vie
s'allongeant et le nombre de personnes âgées augmentant. Ceci pose le problème
du financement des retraites, des dépenses de santé, de la place de la vieillesse au
sein des familles.
Le modèle de la société de consommation est remis en cause : gaspillage des
ressources, atteintes à l'environnement, tensions entre pays riches et pauvres,
interdépendance des économies, cet ensemble provoque des bats sur le modèle
de développement.
L'alternative du développement durable est prometteur, proposant une vision à
long terme, en répondant aux besoins des générations présentes sans compromettre
la capacité des générations futures à répondre aux leurs.
Y a-t-il une crise ou mutation de l’économie après les Trente glorieuses ?
-1973 choc pétrolier=ralentissement de l’activité éco. Nicolas Baverez appelle
cette période « les Trente Piteuses ». temps de la croissance molle et des reprises
sans lendemain. La croissance éco se poursuit mais à un rythme moindre et se
caractérise par l’inflation et une explosion du chômage.
-croissance encouragée par les innovations technologiques, l’amélioration des
transports, l’extension des réseaux de communication et d’information. Nouvelle
phase du processus de mondialisation.
-croissance éco est marquée par une désindustrialisation et une délocalisation vers
les pays à faible coût de main d’œuvre. La part du secteur tertiaire devient
essentielle dans la population active (70%).
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