Psychologie sociale

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Psychologie sociale
Mme L. Dewaele
I Introduction
1. Qu’est ce que la psychologie sociale ?
 Réflexion sur les différences entre les différentes psychologies.
-
La psychologie générale étudie le comportement d’un individu. (2ème Quadri)
-
La psychologie commerciale étudie le comportement d’un individu dans un
milieu commercial. (2ème année)
-
La psychologie sociale étudie l’individu en tant qu’acteur, sujet de l’action
en relation avec un autre, individu ou groupe.
Pour expliquer les comportements et les relations interpersonnelles, la
psychologie sociale se base sur les processus internes à l’individu (pensées,
émotions, attitudes).
S’appuie sur des méthodes expérimentales (manipule un facteur).
-
La sociologie se préoccupe de la structure et du fonctionnement des
grandes institutions ou des grands groupes.
Appartenant au domaine des sciences sociales, la sociologie fournit des
explications sociologiques, en cherchant les causes proprement sociales des
phénomènes étudiés. Trouve des relations entre des phénomènes sociaux,
comprend le fonctionnement et l’organisation des sociétés.
Etudie des phénomènes difficilement manipulables.
 !!! Psychologie sociale ≠ Sociologie !!!
2. Définition de la psychologie sociale
Pour Allport (1954), elle « tend à comprendre et à expliquer comment les
pensées, les sentiments, les comportements moteurs des êtres humains sont
influencés par un autrui réel, imaginaire ou implicite ».
Et Valland (1994) ajoute qu’il ne faut pas oublier l'influence des stimuli sociaux et
l'influence de nos propres composantes psychologiques et personnelles sur notre
comportement.
1
II Statuts et rôles sociaux
1. Le concept d’identité
-
Concept d’identité : en fonction du lieu nous avons des comportements et des
perceptions de soi qui diffèrent.
(Prof qui se sent jeune a la salle des profs mais qui se sent plus âgée en class).
-
Le statut (ou la position) est la place qu'un individu occupe dans un
système à un moment donné (Linton, 1959).
-
Le rôle est l'ensemble des modèles associés à un statut donné. Il englobe les
attitudes, les valeurs et les comportements que la société assigne à un individu
et à tous ceux qui occupent ce même statut.
 Le rôle prescrit (prescribed role) d'un individu est l'ensemble des
conduites attendues de lui à un moment donné du fait de son statut, du
contexte social et de la situation.
 Le rôle subjectif (subjective role) d'un individu correspond à ses
attentes vis-à-vis de ses propres conduites lorsqu'il interagit avec
d'autres individus de statut(s) différent(s) du sien.
 Le rôle peut être considéré comme une mise en actes du statut.
-
Le changement du concept d’identité s’opère grâce aux interactions avec
autrui.
-
Le schéma de soi est une manière d’être, c’est le rôle que l’on doit jouer.
-
La désindividuation est un concept étudié en premier lieu par Festinger,
Pepitone et Newcomb (1952) et qui correspond à toute situation de groupe qui
entraîne chez les individus une perte de la conscience de soi, de leur
identité personnelle et du sens de leur individualité.
2. Représentations
3. Agents socialisateurs




Groupe, organisations éducatives et professionnelles, …
Religion
Média, TV, Internet, …
Groupe familliale
 Comportements implicites dus à la culture, a l’éducation.
2
4. Complément : le pouvoir des rôles sociaux
Zimbardo étudie en 1973 les effets des rôles et statuts sociaux à l'aide de jeux de rôle
entre gardiens et détenus. Ils montrent ainsi le pouvoir de ces rôles, ainsi que le poids
de la désindividuation (deindividuation).
Expérience de Zimbardo : Les caves de l'université de Stanford sont aménagées
en prison. Une semaine avant l'expérience, les rôles de « prisonniers » et de «
gardiens » sont assignés au hasard aux participants (des étudiants payés pour
participer à une étude sur « la vie en prison »). Les gardiens reçoivent de
l'information par rapport à la prison, ses lois, etc., ainsi que quelques vagues
instructions (« maintenir un degré d'ordre raisonnable dans la prison »). Il leur est en
outre précisé l'interdiction d'utiliser des sanctions et des agressions phy siques à
l'égard des détenus.
Les conduites des deux groupes, notamment les transactions dans et entre les
groupes et les réactions individuelles sont observées. Pour accroître l'anonymat,
l'identité de groupe est marquée par l'utilisation de symboles (détenus : numéro
et bracelets de métal ; gardiens : uniformes kaki, lunettes-miroir, matraques).
Au petit matin du premier jour, des véhicules de police arrivent chez les futurs
détenus qui sont emmenés au poste de police, menottes aux poignets, puis
conduits en « prison ».
L’expérience– devant durer deux semaines – fut stoppée au bout de six jours. La
situation généra un fort impact sur les membres des deux groupes : augmentation
des affects négatifs, autodépréciation chez les détenus, hostilité, affrontements,
déshumanisation. Des signes de passivité, d'anxiété, de rage, des pleurs parfois,
apparurent chez les détenus qui perdirent très vite le sens de leur identité
personnelle, perçurent le contrôle comme arbitraire et se sentirent dépendants et opprimés.
Chez les gardiens, il y eut très vite aussi des interactions sous forme exclusive de
commandement, des échanges verbaux impersonnels, des agressions verbales, des injures.
Un rôle est vite appris, voire intériorisé (par exemple durant la messe, les
prisonniers ne répondaient plus à leur nom mais à leur numéro de détenus). Les
conversations des détenus portèrent pour 90 % du temps sur leurs préoccupations
immédiates et internes à la prison (absence de projets, vision floue de l'avenir).
Expérience qui de nos jours serai irréalisable du fait de son manque de déontologie et
son manque d’éthique.
3
III
La perception sociale
1. Le phénomène/processus psychosocial
« Rien n'est plus difficile que de savoir au juste ce que nous voyons »
(Merleau-Ponty, 1945).
2. Définitions
Selon le Larousse, la perception sociale est « l'ensemble des processus par lesquels
nous nous donnons une connaissance des autres et de nous-mêmes ».
Un individu se forme une impression :
- À partir d’informations qu'il reçoit (apparence physique, genre, âge,
émotions)
- En fonction de ses caractéristiques propres (théories implicites de personnalité, émotions, opinions, etc.),
- De la manière dont il les organise (catégorisation sociale)
- Et de la manière dont il les traite (jugements, attributions).
Selon Taglieri, la perception sociale s’intéresse à la façon dont un percevant se
forme une impression d’une cible.
3. Structure en cause dans la perception sociale
A. Les schémas : Organisations d'informations étroitement inter-reliées et
pertinentes pour différents concepts » (Fiske et Linville, 1980).
4 schémas :
- Schéma de soi = Manière d’être, rôle à jouer
- Schéma sur autrui = Attente envers l’autre
- Schéma sur évènement = un script
- Schéma sur statuts/rôles et groupes sociaux
 Les schémas nous permettent de traiter et organiser l’information et ils créent des
attentes par rapport aux comportements qui devraient être attendus dans une
situation donnée.
B. L’attention sélective : - Mémorisation et rappel d'informations
- Limitation cognitive
- Limitation des sens
 Sensations perçues grâce - à des stimulus et à l’intensité de ceux-ci
- aux objectifs, au schéma et à la motivation
du percevant.
4
4. Caractéristique de la perception
La perception est :
- Subjective
- Stable ou difficilement modifiable
- Active  Le percevant participe à l’action et se construit une impression.
La cible est dynamique et complexe  Il/elle évolue dans le temps
5. La formation d’impression
A. La catégorisation sociale
 Définitions
Nous ne classons pas uniquement les objets mais aussi les personnes. Il s'agit alors
de catégorisation sociale.
L'activité de catégorisation consiste à classer les informations ou les individus dans
des catégories (boites mentales, schémas) sur base d'éléments suffisants (si X est
présent = catégorie A) et nécessaires (si X est absent ≠ catégorie A).
Selon Tajfel (1981), la catégorisation sociale est un « processus mettant ensemble des
objets sociaux ou des événements qui sont équivalents en regard des actions
individuelles, des intentions individuelles et des systèmes de croyances ».
Le fonctionnement et les biais associés au processus de catégorisation favorisent
l'expression de ces stéréotypes, ainsi que les préjugés et les comportements discriminatoires.
 Utilités :
- simplifier la réalité sociale
- maintenir les apprentissages
- guider nos actions
 Fonctionnement et caractéristiques
a L’induction et la déduction

Lunettes, grande, peu souriante  Déduction  Une secrétaire
Avec de nombreuse caractéristique on va déduire le nom de la
catégorie, c’est une impression sur autrui.
 Marqueteur  Parleur, imaginatif, adroit  Induction
A partir d’élément on pourra inférer d’autres éléments
répondant à l’élément de départ.
5
b Effet de contraste et d'assimilation (accentuation)
La catégorisation « cimente » les similitudes et accentue les différences.
-
Si un individu regarde un autre groupe il accentuera les différences de ce
groupe.
 effet de contraste
Si un individu regarde son groupe il accentuera les ressemblances de son
groupe.
 effet d’assimilation
Valable sur un critère uniquement,
Si plusieurs critères entrent en compte l’effet s’estompe.
c
Biais de la catégorisation sociale
 Biais d’homogénéité
Expérience de Tajfel et Wilkes (1963)
Ils présentent plusieurs fois de suite à des sujets 8 lignes de longueur variable (entre 16,2 et
22,8 cm). Ces lignes sont présentées de 3 manières différentes.
-soit chaque ligne est accompagnée aléatoirement d'une étiquette (A ou B),
- soit les quatre lignes les plus courtes portent l'étiquette A et les quatre lignes les plus
longues, l'étiquette B,
-soit aucune étiquette n'est donnée.
La tâche des sujets est d'estimer la longueur de chacune des lignes en les comparant 2 à 2.
L'estimation de la longueur des lignes est différente selon la présence ou l'absence d'étiquette.
En particulier, lorsque les lignes se trouvent regroupées sous un label basé sur un critère
concret (les plus courtes versus les plus longues), les sujets tendent à réunir les lignes par
rapport a leur appartenance à un groupe.

Biais de favoritisme à l’égard de l’endogroupe
Expérience de Tajfel (1971) Peinture de Klee et Kandinski
Les sujets sont invités à comparer deux séries de diapositives de peinture abstraite et doivent
inscrire à chaque fois quelle peinture ils préfèrent.
Ils savent que pour chaque diapositive un peintre est Klee et l’autre Kandinsky., mais ne
savent pas quelle peinture est de quel peintre.
Une fois le jugement terminé l’expérimentateur fait mine de corriger et individuellement
murmure à l’oreille qu’il est dans le groupe de Klee.
Dans un second temps on leur demande d’attribuer des sommes d’argent à deux personnes
anonymes qui appartiennent soit à l’endogroupe (Klee) soit à l’exogroupe (Kandinsky).
Pour répartir cet argent on leur propose plusieurs matrices (de Tajfel ou Flament) présentant
des rangées de 13 nombres. Chaque rangée correspond à une récompense d’une personne, et
les sujets doivent choisir l’une des 13 paires de valeurs.
6
Exemple de matrice proposée :
1 3 5 7 9 11 13 15 17 19 21 23 25 Endogroupe
19 18 17 16 15 14 13 12 11 10 9 8 7 Exogroupe
Chaque matrice représente une répartition d'argent différente. Par exemple, pour la matrice
ci-dessus, les gains de la rangée du haut diminuent, alors que ceux de la rangée du bas
augmentent. Ainsi, plus la récompense de l'une des personnes est élevée, plus celle de l'autre
est faible.
Les sujets mettent en œuvre diverses stratégies
- Stratégie d'équité : attribuent autant d'argent à chaque personne
- Stratégie du profit maximum joint : cherchent à maximiser les gains des 2
personnes
-
Stratégie du profit maximum endogroupe : ils cherchent à maximiser les gains des
personnes appartenant à leur propre groupe
Stratégie de la différence maximum : ils cherchent à obtenir un écart de gain
maximum entre les deux personnes, avec un gain plus important pour le membre de
l'endogroupe.
d La théorie de l’identité sociale
Ainsi est née la théorie de l'identité sociale dont les principes de base sont les
suivants.
Les individus s'efforcent de créer et de préserver une identité sociale positive.
Possibilité de mobilité de groupe pour entrer nos propres valeurs  Leader
L’identité sociale se construit par rapport aux ressemblances de l’endogroupe par
rapport aux différences de l’exogroupe.
Une identité sociale positive résulte principalement de comparaisons favorables
faites entre les membres de l'endogroupe et les membres d'exogroupes pertinents, on
va toujours favoriser son groupe car pour se valoriser soi-même il faut être fier du
groupe auquel on appartient.
 Stratégies pour rehausser leur identité sociale :
-
-
La mobilité individuelle : les individus peuvent quitter leur groupe et
s'intégrer à un groupe plus valorisé socialement.
La compétitivité s'exprime par une lutte avec le groupe de haut statut et,
contrairement à la mobilité individuelle, est une stratégie collective nécessitant
la mobilisation de l'ensemble du groupe (les grèves, les manifs, etc.)
La créativité sociale consiste à faire en sorte que leur groupe devienne plus
positivement distinct.
7
e
L’organisation des catégories sociales en mémoire
Schéma : Selon Fiske et Taylor (1991), un schéma est « une structure cognitive qui
représente la connaissance relative à un concept ou un type de stimulus et qui inclut
les attributs de ce concept ainsi que les relations entre ses attributs ».
 Les théories centrées sur la similitude : Les catégories sont construites
sur la base de la similitude des objets. La catégorie est constituée de
différents éléments :
 modèle par prototype : la catégorie est constituée de l'ensemble
de ses attributs les plus caractéristiques, formant une sorte de
profil du membre typique de la catégorie. Un individu est
catégorisé selon son degré de ressemblance avec le prototype.

modèle par exemplaires : la catégorie est constituée des
différents exemplaires que l'individu a eu l'occasion d'observer
et de rencontrer. On décide si une personne appartient à une
catégorie selon son degré de similitude au sous-ensemble
d'exemplaires en mémoire.

modèle mixte : ce modèle combine les propriétés des deux
précédents pour décider si une personne appartient à une
catégorie, on peut utiliser soit le prototype, soit les différents
exemplaires activés.
Les théories basées sur la similitude ont été critiquées, notamment à cause du flou de
la notion de similitude.
B. La formation d’impression selon Asche (1946)
De l'ensemble de ses travaux et de ceux qui lui ont succédé, il résulte que les
individus sont capables de se forger une impression cohérente sur la base d'éléments
disparates de la personnalité d'autrui (populaire, sage, honnête, etc.). Ces
impressions s'organisent selon un principe de cohérence qui est à " la fois logique et
émotionnel
- tous les traits n'ont pas la même influence, les premiers traits présentés organisent
l'impression : principe de primauté ;
- certains traits sont plus importants que d'autres et peuvent changer l'impression
d'ensemble que l'on se fait d'une personne : ces traits sont dits traits centraux.
Expérience 1
Asch (1946) donne à ses participants une liste de traits de personnalité décrivant une
personne fictive. La tâche est de décrire cette personne en quelques phrases puis de remplir un
questionnaire de personnalité. Cette personne est décrite soit comme étant
intelligente, adroite, travailleuse, froide, déterminée, pratique, prudente », soit comme étant «
intelligente, adroite, travailleuse, chaleureuse, déterminée, pratique, prudente ».
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Ces deux listes ne diffèrent donc que par un seul trait : chaleureux/froid. L'impression que
donne le premier profil est plus positive que celle donnée par le second : les traits « chaleureux
» et « froid » sont des traits centraux, c'est-à-dire capables à eux seuls de modifier
l'impression globale d'une personne.
Expérience 2
Asch reprend deux portraits (A et B) composés des mêmes caractéristiques mais dont les traits
sont inversés : A est décrit comme « intelligent, travailleur, impulsif, critique, entêté, envieux
», B comme « envieux, entêté, critique, impulsif, travailleur, intelligent ». Les deux portraits
ne donnent pas la même impression. Ici A est jugé plus positivement que B : les premières
informations ont guidé l'impression et ont servi à interpréter les suivantes (effet de primauté).
C. Théorie implicite de la personnalité
Une théorie implicite de la personnalité est une structure mentale qui relie les traits
les uns aux autres, et les organise autour de quelques dimensions significatives. Elles
forment des « croyances générales à propos de la fréquence d'un trait, de sa
variabilité et de sa liaison à d'autres traits » (Leyens et Yzerbyt, 1997).
Ces liens peuvent être faits sur la base des catégories sociales (on parle alors de
stéréotypes) mais aussi et surtout sur la base des caractéristiques de la cible, comme
par exemple :
- l'apparence physique : - la voix - le comportement :
En plus d'organiser l'information qu'il reçoit, il va aussi inférer de nouveaux
éléments qu'il n'a pas directement observés.
D. Le modèle du continuum
Fieske et Neuberg, 1990- nous pouvons nous former une impression sur autrui sur la
base de l’appartenance catégorielle de la personne cible ou sur les informations
individualisantes de cette personne.
Ce qui détermine l’une ou l’autre information est :
- la saillance perceptive
- les objectifs du percevant
- la charge cognitive (utilisation d’heuristiques si élevée)
9
IV
Stéréotypes, préjugés et discrimination
1. Problématique
Les filles pleurent
Les garçons se battent
Les jeunes sont cons
Les vieux sont désagréables
Les gens de la ville sont pressés.
 Ce sont des préjugés/clichés tout fait.
2. Définition
Un stéréotype est « un ensemble de croyances à propos des caractéristiques que
partagent les membres d’un groupe sociale (aspect cognitif) »
Leyens (1983) définit les stéréotypes comme des « théories implicites de la
personnalité que partage l'ensemble des membres d'un groupe à propos de
l'ensemble des membres d'un autre groupe et du sien propre ».
Un préjugé c’est une évaluation positive ou négative à l’égard des membres d’un
groupe (aspect affectif).
La discrimination est un comportement négatif à l'égard des membres d'un groupe
envers lequel nous entretenons des préjugés. C'est donc un passage à l'acte (aspect
comportemental).
Ethnocentrisme : être centré sur son propre groupe que l’on considère comme
supérieur aux autres groupes : - Préférence pour ce que l’on connaît,
- peur de la différence,
- racisme,
- sexisme.
3. Mécanismes et origine cognitive des préjugés
2 mécanismes :
- La simplification : sélection des caractéristiques les plus
marquantes qui permettent le mieux de différencier un groupe
par rapport à un autre
- L’exagération : accentuation des caractéristiques par rapport à
la réalité
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2 origines :
- La catégorisation sociale (voir plus loin)
- L'illusion de corrélation lorsque deux événements sont rares, nous
aurions tendance à les associer et à établir une relation de cause à effet.
Par exemple, les membres des minorités sont statistiquement plus rares que les membres des
majorités. En outre, les conduites négatives ou indésirables sont dans la société, en général,
moins fréquentes que les conduites positives ou louables. Dès lors, ces deux aspects saillants
seraient perçus comme liés entre eux : ce sont les minorités qui émettent les comportements
négatifs.
4. Fonction des stéréotypes
Les stéréotypes permettent - la simplification,
- l'organisation de la réalité sociale.
De même, ils ont des fonctions
- explicative
- anticipatrice
- justificatrice
- de reconnaissance sociale
- d'inférer un certain nombre de traits et de conduites possibles
- peuvent aussi amener à des erreurs de jugement sur les personnes et aussi
avoir des conséquences négatives
L’expérimentateur présente à une personne une série d’images. L’une d’elles représente une
rame de métro dans laquelle on distingue plusieurs personnages dont deux qui semblent avoir
une conversation animée : un Noir en costume et un ouvrier blanc tenant un rasoir en main.
La personne informée de cette scène a ensuite pour objectif de transmettre l’information à une
deuxième personne. Cette deuxième personne communique l’information qu’elle a reçue de la
première à un troisième individu et ainsi de suite jusqu'à la sixième personne. Lorsque la
sixième personne est interrogée par les chercheurs, le rasoir, dans son compte-rendu, est passé
de la main de l’ouvrier blanc à la main du Noir environ une fois sur deux. Ce résultat qui
semble étonnant à première vue l’est moins si l’on considère qu’il manifeste l’influence des
croyances stéréotypiques sur la saisie d’informations touchant notre environnement. Le
stéréotype du Noir aux Etats-Unis (violent, agressif, querelleur) a, ici, affecté la perception et
le jugement de la scène chez les sujets et leur a imposé une autre image de la réalité.
Les stéréotypes sont utiles lorsque l’on doit se faire rapidement une opinion sur
quelqu’un, mais ils nous indiquent également comment nous comporter dans les
situations où l’on ne dispose que peu d’informations.
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5. Les prophéties qui s’auto réalisent (biais de la confirmation des
attentes et effet pygmalion)
Le phénomène de prophétie qui s’auto réalise repose sur l'idée selon laquelle,
lorsqu'un individu (un percevant) s'attend à un comportement particulier ou à
certains traits de personnalité chez une cible, il a tendance à :
-
percevoir chez elle des indices qui confirment ses attentes (biais de la
confirmation des attentes : tendance à chercher ou à interpréter toute preuve
comme étant en faveur d'une croyance préexistante, et d'ignorer ou de
réinterpréter tout élément qui n'est pas favorable à ses croyances)
Dans une étude de 1989, les psychologues Bonnie Sherman et Ziva Kunda ont présenté à des
étudiants des éléments entrant en contradiction avec une croyance qu'ils tenaient fermement
pour vraie, et des éléments de preuve supportant ces même croyances; les étudiants tendaient
à atténuer la validité du premier ensemble de preuves et à accentuer la valeur du second.
L e biais de confirmation n'est pas seulement envahissant, ses effets peuvent aussi
influencer fortement la vie des gens.
-
provoquer un comportement conforme à ses attentes de la part de cette cible
(Merton, 1948 ; Snyder, 1984) = on appelle cela l’effet Pygmalion : adoption de
comportements qui favorisent la prédiction de départ (créer chez les autres ce
que l’on attend d’eux)
Par exemple, dans une conversation téléphonique, si un homme croit qu’une femme est très
attirante, il aura tendance à se comporter de manière amicale avec elle. Ce comportement
amènera peut-être la femme à être calme et assurée, confirmant ainsi le stéréotype selon lequel
les femmes attirantes sont socialement compétentes (Snyder, Tanke & Berscheid, 1977).
Les deux groupes ont cherché dans la personne la personnalité qu'ils voulaient y
trouver (Snyder, 1981). Bien entendu, le biais de confirmation marche aussi dans les deux
sens dans cette expérience. Les sujets dont les personnalités étaient évaluées, tendaient à
donner des réponses confirmant l'hypothèse que l'interrogateur cherchait.
6. La menace par le stéréotype
Lorsqu'un membre d'une catégorie dévalorisée se trouve menacé de confirmer par
son comportement, une dimension du stéréotype associée à son groupe d'appartenance dans un domaine par ailleurs important pour lui, il se trouve dans une
situation de « menace par le stéréotype »
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V L’attribution causale
1. Définition
L'attribution consiste à donner une explication à des événements pour lesquels
nous n'avons pas d'explication immédiate et évidente
Auto attribution >< hétéro attribution.
L’attribution peut être :
Interne/ externe : lieu de causalité, d’origine de l’action
Stable/instable : stabilité de la cause dans le temps
Contrôlable / incontrôlable : contrôlabilité de l’action
Je révise beaucoup pour mes examens : Interne, stable, contrôlable
Je suis fort dans ce domaine : Interne, stable, incontrôlable
Pour une fois, j'ai bien révisé : Interne, instable, contrôlable
Tout me réussit en ce moment : Interne, instable, incontrôlable
Le prof m'a donné des cours particuliers : Externe, stable, contrôlable
Le sujet était vraiment simple ce semestre : Externe, stable, contrôlable
J'ai demandé qu'on m'offre des cours de rattrapage : Externe, instable, contrôlable
J'ai eu de la chance : Externe, instable, incontrôlable
Les explications quotidiennes répondent essentiellement à un souci d’économie
cognitive et se basent surtout sur des schémas causaux
2. Erreurs et biais d’attribution
A. L’erreur fondamentale d'attribution
Elle est une tendance à surestimer, dans nos explications, les facteurs dispositionnels
et à sous-estimer la part des facteurs situationnels. Elle concerne autant les hétéro
attributions que les auto attributions.
Cette erreur peut s'expliquer par
- le besoin de contrôle et de prédiction de l'environnement
- le respect d'une norme sociale valorisant l'internalité
- le besoin d’une justice sociale
B. Biais égocentrique/ d’auto complaisance
C’est la tendance à attribuer nos succès (ou actes valorisés) à des causes qui nous sont
propres, et nos échecs (ou actes dévalorisés) à des causes extérieures à nous
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Ce biais peut s'expliquer par
- la motivation à protéger son estime de soi
- l'influence des attentes
C. Biais de modestie
C’est le contraire du biais d’auto complaisance
D. Biais acteur observateur
C’est la tendance importante chez l'acteur à attribuer ses actions à des causes
externes, alors que chez les observateurs, il y a une tendance à attribuer ces mêmes
comportements à des dispositions internes
Les explications de ces différences sont
- la perception des individus qui n'observent observent que le comportement
- la justification – pour soi (l'individu cherche à expliquer ses actes) – versus les
déterminants de l'action – pour autrui (l'individu cherche les causes des actes
d'autrui).
3. Impuissance acquise et styles attributionnels
A. Impuissance acquise
Le brochet et le petit poisson : Un chercheur place un brochet dans un aquarium. Cet
aquarium est divisé en deux parties par une vitre, invisible pour le brochet, De l’autre côté de
la vitre, le chercheur place, dans le même aquarium, un petit poisson dont le brochet est
friand Dès que le brochet a faim, il se précipite de toute sa puissance sur le petit poisson et
s'écrase contre la vitre de séparation. A demi assommé, il se remet de ses émotions, et au bout
d'un moment, se, précipite à nouveau sur le petit poisson pour aboutir, bien sûr, au même
résultat que la première fois. Après un certain nombre d’essais infructueux, tous, sanctionnés
de la même manière, le brochet ne cherche plus à attraper le petit poisson. Si
l'expérimentateur enlève alors la vitre de séparation, le brochet, malgré sa faim, ne fait aucune
tentative pour se saisir de la proie qui est pourtant à sa portée, il a appris l'impuissance.
Seligman (1984) remarque que les attributions que l'on fait de nos échecs et de nos
réussites sont plus ou moins stables selon les individus. Certains, notamment suite à
une succession d'échecs dans laquelle ils n'avaient que peu ou pas de contrôle,
finissent par ne plus faire de lien entre leurs actes et les conséquences de ces actes,
d'où une perception d'absence de contrôle sur les événements = impuissance
acquise, il s’en suit une tendance à mettre fin à ses efforts à la suite d'échecs alors
que de nouvelles tentatives mèneraient au succès.
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VI
Le groupe social
1. Définition
On pourrait dire qu'un groupe existe à partir du moment où deux personnes sont
présentes. Mais deux personnes ne font pas forcément un groupe : encore faut-il qu'il
se passe certaines choses, comme un but commun.
Les membres du groupe doivent interagir entre eux et s'influencer mutuellement »,
ils sont donc interdépendants.
Ils se perçoivent comme faisant partie du groupe (identification au groupe)
2. Variétés des groupes sociaux
Le groupe d'appartenance
Le groupe de référence : Notre idole
Le groupe de travail
Dans chaque groupe il existe des normes, des rôles et des statuts. Certains groupes
sont plus structurés que d’autres (armée >< amis)
3. Les fonctions du groupe
-
La survie, les rencontres, la sécurité.
La socialisation et l'apprentissage
L'identité sociale : par comparaison sociale latérale, descendante, ascendante).
La réalisation d'objectifs
Mais nous permet aussi de réaliser de s’amuser, se divertir.
4. L’efficacité du travail en groupe
On remarque que la cohésion au sein d’un groupe (degré d’attraction que les
membres ressentent entre eux et envers leur groupe) sera d’autant plus importante
que :
- La poursuite de buts communs
- Le succès
- La compétition entre les groupes
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5. La facilitation sociale
A. Définition
Selon Cottrell (1972), elle est une forme d'influence sociale (…)
On peut donc appeler facilitation sociale toute modification des conduites
humaines liée au simple regard ou à la simple présence d'autrui.
Par modification on entend amélioration ou détérioration des performances.
Sportif, Gérald court chaque dimanche. Curieusement, et même quand il pense avoir atteint
ses limites, il est capable de courir plus vite quand il croise un autre coureur ou quand une
jolie fille le regarde passer. Ces améliorations de sa performance, liées à la présence d'autrui,
sont un effet de la facilitation sociale.
 L'effet d'audience
Il s'agit de la façon dont des spectateurs passifs affectent la performance d'un
individu qui travaille à une tâche quelconque ;
Bergum et Lehr (1963) demandent à des recrues de la garde nationale américaine de surveiller
deux heures durant l'ordre d'allumage de lampes sous deux conditions :
-soit un officier supérieur passe de temps en temps voir si tout se passe bien,
-soit personne ne passe (les recrues étant alors en autonomie totale).
Les performances diminuent normalement dans les deux conditions (fatigue, etc.) néanmoins,
les participants « surveillés » conservent encore après deux heures un taux de détection de
80 % contre 40 % pour les participants autonomes.
Ici, la présence d'autrui a donc eu une incidence bénéfique sur les performances.
 L’effet de coaction
Il s'agit de la façon dont la performance d'un individu effectuant une tâche donnée
est influencée par le fait que, près de lui, d'autres individus effectuent la même tâche.
Selon Allport, deux facteurs entrent en jeu
- la vue des mouvements d'autrui accroît les nôtres et
- un phénomène de rivalité intervient.
La coaction aussi aurait un effet bénéfique sur les performances.
Bien que, dans les exemples précédemment cités la présence d'autrui soit bénéfique,
Ce n'est pas toujours le cas.
16
B. Comment expliquer que parfois, autrui améliore nos performances et,
parfois, il les détériore ?
 L’hypothèse de Zajonc
La présence d’autrui facilite la performance dans le cas d’une réponse dominante ;
dans le cas contraire (réponses subordonnées), la présence d’autrui inhibe la
performance.
L'activation physiologique liée à la présence d'autrui accroît la motivation des
individus et augmente la probabilité d'apparition de la réponse dominante dans leur
répertoire comportemental.
 L’hypothèse de Cotrell
Cottrell avance que la présence d'autrui est initialement neutre mais qu'elle perd
graduellement de sa neutralité en raison de l'expérience que les individus acquièrent
par leurs interactions avec diverses personnes dans des situations variées.
Autrui peut ainsi être/devenir
- évaluateur en situation d'audience
- compétiteur en situation de coaction.
Par conséquent, la facilitation est un phénomène appris.
6. La paresse sociale
La paresse sociale est le fait que la performance d'un individu affecté à une tâche est
meilleure lorsqu'il réalise cette tâche seul que lorsqu'il la réalise en coopération avec
d'autres individus
Ringelman demande à des sujets de tirer de toutes leurs forces sur une corde de 5 mètres, soit
seuls, soit par groupes de sept puis de quatorze. La traction exercée est mesurée par un
dynamomètre.
Traction sur une corde :
1 personne : 63kg, 2 personnes : 118 kg, 3 personnes : 160 kg, 8 personnes : 248 kg
De l'ensemble de ces expériences, il ressort qu'il ne s'agit pas là d'un simple problème
de coordination des efforts de chacun mais plutôt :
- D’un phénomène de diffusion de responsabilité
- de l'incidence de l'impact social que peut avoir un expérimentateur sur les
performances à une tâche de coopération
- d'un calcul de la rentabilité des efforts collectifs
- du rôle de l'identifiabilité des individus
17
VII Les déterminants de l’attraction interpersonnelle
1. Définition
Elle est l'expression d'attitudes positives à l'égard d'une personne et qu'elle
s'exprime par des conduites d'approche vis-à-vis d'elle.
2. Principes
A. Proximité : Elle permet avant toute chose l’attraction
B. Quantité de contacts : La fréquence des occurrences de cette proximité
 Festinger, Schachter et Back (1950) étudient la qualité des relations sociales d'un quartier
créé pour d'anciens Gls qui, après la guerre, reprennent des études. Ce quartier regroupe 250
familles. La probabilité d'avoir des amis varie au sein d'un même immeuble, du simple au
double ,selon que l'on est voisins immédiats (41 %), qu'un appartement sépare deux familles
(22,5 %) ou que l'on habite des étages différents (10 %). Elle est plus élevée pour ceux qui
habitent près des cages d'escalier ou des boîtes aux lettres. Enfin, elle est moins grande pour
ceux qui peuvent échapper aux contacts, par exemple parce que leur maison donne
directement sur la rue et non sur une cour intérieure.
C. Similarité interpersonnelle physique et d’opinions
La similarité, les ressemblances entre individus, tant physiques que d'opinions et de
comportements, accroissent l'appréciation interpersonnelle et les affiliations
réciproques = proximité/similarité socioculturelle
Nous préférons des situations cognitivement équilibrées
Newcomb (1961) loge gratuitement un groupe d'étudiants, à condition qu'ils acceptent de
répondre régulièrement à des questionnaires. Si, en début d'année, ils ont tendance à croire
que ceux qu'ils apprécient partagent leurs opinions, en fin d'année, ils apprécient ceux qui les
partagent vraiment.
 Réciprocité de considération
En général, nous aimons... ceux qui nous aiment.
Si considération élevée, l’attractivité est élevée.
 Autres facteurs
Il y a attraction envers une personne lorsque les bénéfices de la relation dépassent les
coûts
18
VIII L’influence sociale : la normalisation
1. Délimitation du champ
Le processus d’influence sociale se rapporte aux modifications que subissent
jugements, perceptions, ressentis émotionnels, comportement et mémoire quand ses
modifications apparaissent comme étant les effets des interactions (réelles ou
symboliques) de deux individus ou groupes vis-à-vis d’un objet physique ou social
quelconque.
Stimulis
Problème
Question
Individu
P
Réponse
R
Innovation
Stimulis
Problème
Question
Autre(s)
personne(s)
Réponses
autre(s)
personne(s)
Individu
P
Indépendance
(R non modifiée)
Conformisation
Communication
Schéma descriptif d’une situation d’influence sociale
(D’après G. de Montmollin, 1977)
2. Définition
La normalisation, est le processus par lequel s'acquièrent les normes.
Ainsi, les normes sociales sont des manières socialement déterminées, partagées et
acceptées de ressentir, percevoir, penser, juger et agir.
3. Principes
Sherif (1936) utilise l'illusion d'optique appelée « effet autocinétique » (en raison d'un
phénomène adaptatif, un point lumineux fixe projeté sur le mur d'une pièce
totalement noire paraît se déplacer de façon erratique).
Parce que chacun perçoit un déplacement différent, on peut dire qu'aucune norme
préalable n'existe dans cette situation.
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 Série de recherches 1 : les sujets isolés ont à estimer à plusieurs reprises « l'ampleur du
déplacement du point lumineux ». Au fur et à mesure, les écarts de réponses diminuent et
les estimations convergent vers une valeur moyenne : ils se créent une norme personnelle.
 Série de recherches 2: les sujets sont en situation de groupe. Les estimations individuelles
disparaissent au profit d'une valeur moyenne du groupe : une norme collective apparaît au
détriment des normes personnelles des sujets.
 Série de recherches 3: les sujets ont à estimer le déplacement du point lumineux en
situation de groupe puis en situation isolée. Dans la première phase, les estimations
convergent vers une valeur moyenne du groupe (norme collective). Dans la seconde phase,
en dépit du fait qu'ils sont cette fois seuls, les sujets conservent cette valeur moyenne : ils
ont intégré la norme collective et y demeurent fidèles même en l'absence du groupe.
4. Caractéristique des normes
Les normes collectives peuvent émerger de plusieurs façons. Elles peuvent ainsi
provenir :
- d'une convergence vers la moyenne des normes individuelles
- d'une influence prépondérante d'un membre du groupe.
- Elles peuvent aussi être des normes parfaitement originales.
 C’est un processus essentiellement intrapsychique
Les normes peuvent :
- être personnelles ou de groupe
- être plus ou moins explicites
- comporter une marge de manoeuvre ou fonctionner en tout ou rien
- comporter ou non des sanctions en cas de transgression
- être plus ou moins arbitraires
- être les normes du groupe d'appartenance ou celles d'un groupe de référence
5. Conséquence de la normalisation
-
Elle réduit les différences interpersonnelles en engendrant une certaine
uniformité.
Elle apporte ordre et stabilité.
Elle entraîne une convergence des opinions et une adhésion à un compromis.
Elle apporte une certaine prédictibilité.
De plus, la norme est très résistante au changement
20
IX Le conformisme
1. Définition
Le conformisme peut apparaître comme
- une soumission purement externe et instrumentale ou
- une véritable adhésion de l'individu à la norme collective : influence
majoritaire.
2. Principes
Asch (1951) demande à des individus de participer à une expérience ayant trait aux capacités
perceptives. Lorsque le sujet arrive au laboratoire, il est « le dernier » à arriver, et sept autres
sujets (des comparses) sont déjà installés.
La tâche consiste à montrer neuf fois deux cartons. Sur le premier est dessinée une ligne
(ligne étalon), sur le second, trois autres lignes (A, B, C) de grandeurs différentes (lignes de
comparaison).
Ligne étalon
Ligne A
Ligne B
Ligne C
Les sujets doivent indiquer quelle ligne est identique en taille à la ligne étalon.
Le matériel utilisé n'est pas ambigu, donc au moins 90 % des réponses devraient être
correctes.
Un groupe témoin composé de huit sujets naïfs montre 93 % de bonnes réponses.
Toutefois, Asch manipule la pression sociale : les sept comparses donnent oralement une
réponse fausse, puis le participant doit indiquer la sienne.
Les compères du groupe expérimental font 12 erreurs sur 18 sur des différences allant de 0,5 à
5 cm. Le groupe témoin montre 93 % de bonnes réponses contre 67 dans le groupe
expérimental (33 % d'erreurs= Les sujets se sont donc conformés à l’avis de la majorité dans
33% du temps, or la réalité était pourtant évidente !). Le sujet est pris entre sa propre perception et l'unanimité de la réponse – erronée – des autres « sujets ».
Il y a un conflit au :
- niveau cognitif : dépendance informationnelle
- niveau normatif : dépendance normative
3. Kelman et les niveaux de conformisme
Kelman (1958) détermine trois niveaux de conformisme en fonction de la durée et de
la profondeur des changements d'opinion :
-
l'acquiescement (suivisme ou complaisance)
l'intériorisation
l'identification
21
Un cas d’identification : le syndrome de Stockholm
Le 23 août 1973, un évadé de prison, Jan Erik Olsson tente de commettre un hold-up dans
l'agence de la Kreditbanken du quartier de Norrmalmstorg à Stockholm. Lors de
l'intervention des forces de l'ordre, il se retranche dans la banque où il prend en otage quatre
employés. Il obtient la libération de son compagnon de cellule, Clark Olofsson, qui peut le
rejoindre. Six jours de négociation aboutissent finalement à la libération des otages.
Curieusement, ceux-ci s'interposeront entre leurs ravisseurs et les forces de l'ordre. Par la
suite, ils refuseront de témoigner à charge, contribueront à leur défense et iront leur rendre
visite en prison.
Une relation amoureuse se développa même entre Jan Erik Olsson et Kristin, une des otages.
Le syndrome de Stockholm désigne la propension des otages en isolement total
partageant longtemps la vie de leurs geôliers à adopter peu ou prou le point de vue
de ceux-ci.
4. Facteurs du conformisme
Berry (1967) réalise une expérience de type Asch avec trois cultures différentes :
- une culture basée sur la pêche et la chasse (individualisme) : des Esquimaux ;
- une culture basée sur la culture du riz (collectivisme) : des Temnes de la Sierra Leone ;
- un groupe contrôle : des Écossais.
Chaque participant doit évaluer les lignes. L'expérimentateur leur dit : « la majorité des
personnes de votre culture a répondu... » Induisant en cela un éventuel conformisme.
Les Temnes ont un taux de conformisme de 8.9 contre 2.6 chez les Esquimaux et 3.9 chez les
Écossais. Chez les Temnes, quand quelqu'un choisit quelque chose, tout le monde doit choisir
la même chose.
Des cultures collectivistes génèrent ainsi plus de conformisme que des cultures
individualistes. Le conformisme se juge par rapport à la norme, mais est également
une norme pour une culture donnée.
22
X L’influence minoritaire
1. Définition
Basée sur une relation dissymétrique, une minorité active, à condition de présenter
une certaine cohérence et consistance, peut influencer une majorité.
Il en résulte alors un changement social, appelé innovation, qui devient « importante
lorsque l'attention est localisée sur le changement social et l'action des minorités par
rapport aux normes ou codes sociaux établis » (Moscovici et coll., 1971).
Moscovici, Lage et Naffrechoux (1969)
Les sujets réunis en groupe de 6, croyaient participer à une étude sur la perception des
couleurs. Après un test de vision, ils se voyaient présenter 36 dispositives, toutes
manifestement bleues et différant uniquement en terme d’intensité lumineuse.
Tâche : nommer à haute voix la couleur de chaque diapositive en utilisant un label simple.
2 sujets assis en première et seconde position ou en première et quatrième position étaient des
comparses de l’expérimentateur.
3 conditions :
1-Dans la condition expérimentale dite consistante – les 2 comparses qualifiaient toutes les
diapositives de « vert ».
2-Dans la condition inconsistante – les complices annonçaient « vert » à 24 reprises et
« bleu » le reste du temps.
3-Une condition de contrôle mettait en scène 6 sujets naïfs
Résultats :
3-contrôle : les réponses « vert » représentent 0.25% des réponses (mauvaises réponses), les
sujets ne commettaient pratiquement pas d’erreur, le stimulus n’est donc pas ambigu.
2-minorité inconsistante : 1.25% de mauvaises réponses de la majorité - à peine plus que dans
la condition contrôle
3- minorité consistante : 32% des sujets donnent au moins une réponse « vert », donc suivent
la minorité à au moins une occasion- au total – 8.42% de réponses « vert », donc 8% des
réponses de la majorité ont été dans le sens de la minorité , une proportion significativement
plus grande que dans les 2 autres conditions
23
2. Caractéristiques et déterminants
Une minorité doit rester cohérente, flexible et logique et posséder une argumentation
articulée
Nemeth, Swedlund et Kanki (1974) reproduisent l'expérience en utilisant des diapositives
bleues de forte ou faible intensité lumineuse avec : (1) une minorité qui est consistante dans
son comportement : les individus répondent systématiquement vert, quelle que soit l'intensité
lumineuse de la diapositive, ils sont donc rigides, ou (2) une minorité qui est inconsistante
(2a) aléatoirement ou (2b) selon l'intensité lumineuse, c'est-à-dire sur un critère concret,
objectif.
Si la consistance génère plus d'influence que l'inconsistance aléatoire, c'est la situation
d'inconsistance selon l'intensité lumineuse qui produit le plus d'influence. Autrement dit,
mieux vaut se ménager des positions de repli et une façade de négociation que de rester rigide
sur ses positions.
 Le principal mérite de la minorité serait donc de faire réfléchir (Nemeth).
On a demandé à des sujets de la majorité de juger en privé des nuances allant d’une couleur
nettement bleue à une couleur nettement verte. Un nombre important de sujets qui pendant
l’expérience c’étaient tenus à des réponses conformes à la majorité (bleues), se sont mis à voir
des diapositives tirant sur le vert.
3. L’innovation
L’innovation est un processus d'influence sociale qui a généralement pour source une
minorité ou un individu qui s'efforce d'introduire ou de créer des idées nouvelles, de
nouveaux modes de comportements, ou encore de modifier des idées reçues,
d'anciens modes de se comporter ou de penser.
4. La résistance à l’influence
Crédit idiosyncrasique (Hollander): pouvoir q’un individu possède pour infléchir
les normes de son groupe.
24
XI La soumission a l’autorité
1. Définition
Elle est l'un des éléments fondamentaux de l'édifice social et est socialement encouragée
et valorisée.
L'obéissance est une modification des conduites à travers laquelle nous répondons par la
soumission à un ordre, une injonction qui vient d'une autorité (individu ou groupe) que
nous jugeons ou pensons légitime.
Elle peut être comparée à l’influence majoritaire (conformisme) – mais celle-ci serait
qualitative
Il y a donc une assymétrie de pouvoir dans laquelle c'est la source d'influence qui
domine.
Dans les recherches sur l'autorité, la pression sociale
est explicite : il y a une injonction à obéir.
D’autres différences entre l'obéissance et le
conformisme peuvent être mises en évidence :
- la hiérarchie :
- l'imitation :
- le volontarisme :
2. Principes essentiels
A. Les travaux de Milgram
Milgram était un juif américain qui fut bouleversé par la découverte des camps de
concentration et leurs conséquences. Suite aux grands procès des nazis, durant lesquels
certains accusés, dont Eichman, se défendirent en disant qu'ils n'étaient pas en cause
dans ce massacre, qu'ils n'avaient fait que signer des documents et n'avaient tué
personne, Milgram se pencha sur les déterminants des conduites obéissantes.
Des sujets sont recrutés par petite annonce pour participer à une étude, rétribuée 4 dollars, au
très réputé laboratoire de psychologie de l'université de Yale. L'expérience à laquelle ils
participent est annoncée comme pour tester l'effet de chocs électriques sur la mémoire (« apprendon mieux lorsqu'on sait que nos erreurs seront punies ? »).
Un tirage au sort, truqué, désigne le sujet comme « professeur », et un comparse d'une
quarantaine d'années, présenté comme un autre sujet naïf, comme < élève ». En présence du
professeur, l'élève est attaché sur un fauteuil, des électrodes lui- sont fixées sur les bras, et
l'expérimentateur lui donne des listes de mots à apprendre. Dans une autre pièce, le professeur
est ensuite installé face à un tableau de commandes présentant 30 boutons poussoirs gradués de
15 en 15 volts, allant de 15 à 450 volts avec
25
les indications suivantes : choc léger, choc modéré, choc fort, choc très fort, choc extrêmement
intense, attention choc dangereux et enfin XXX.
Le professeur a une liste de 30 mots associés à des adjectifs. Il lit les 30 couples à l'élève, puis il
lui présente l'un de ces mots pour qu'il retrouve dans une liste l'adjectif associé. À chaque erreur
commise, le professeur doit sanctionner l'élève par un choc électrique en augmentant d'intensité à
chaque fois.
À 75 volts, l'élève gémit ;
à 120 volts, il crie que les chocs sont douloureux ;
à 150 volts, il refuse de continuer ;
à 270 volts, il pousse un cri d'agonie ;
à partir de 300 volts, il râle une dernière fois et cesse de répondre.
À chaque fois que le professeur hésite, l'expérimentateur lui dit de continuer. Si après quatre
incitations successives, le professeur hésite encore, l'expérience est stoppée.
L'expérimentateur prend alors en compte comme variable dépendante le dernier choc administré à
l'élève.
Dans cette expérimentation, deux sujets sur trois vont jusqu'au bout et délivrent 450 volts à leur
élève.
Milgram réalisa 18 variantes de cette recherche pour tester l'incidence de divers facteurs sur la
soumission à une autorité.
Un problème déontologique se posait avec ces recherches, et Milgram fit suivre les sujets en
psychothérapie afin de prévenir les troubles éventuels liés à ses expérimentations. De longs
entretiens post-expérimentaux suivaient, en outre, chaque passation. Pourtant, même dans les
conditions extrêmes, il n'y eut pas de problèmes chez les sujets mais plutôt des changements
positifs dans leur façon de voir les choses.
Les résultats principaux sont résumés dans le tableau ci-dessous.
Variantes
Feed-back à distance (l'élève ne peut que frapper contre la cloison)
Feed-back vocal (on peut juste entendre l'élève parler et crier)
Proximité (l'élève est juste à côté)
Contact physique (l'élève et le professeur sont en contact physique)
Local peu avenant
Expérimentateur part ; un compère dit de continuer
Autorité divisée (désaccord entre expérimentateurs)
Instructions par téléphone
Trois professeurs un naïf et deux compères dont un arrête à 150 et l'autre
Trois
professeurs un naïf et deux compères qui obéissent
à 210 volts
Un pair donne les chocs
%
d'obéissance
65
62,5
40
30
47,5
20
0
20,5
10
72,5
92,5
26
B. Les facteurs de soumission à l’autorité
Proximité de la victime (derrière un mur, une cloison, en proximité directe,…)
Proximité sociale (ouvriers, employés, profession libérales,…)
Proximité de l'autorité (face à face, 10m, 100m, longue distance,…)
Unanimité des ordres et ordres d'une autorité (un ou plusieurs donneurs d’ordre)
Choix de la punition (sévère ou pas)
Le niveau d’instruction (ferme ou pas)
3. Interprétations théoriques
A. Facteurs de personnalité
Ils mettent en place des mécanismes de défense
Remarque : les personnes qui ont une forte tendance à l’autoritarisme
On peut dire que ce n’est pas vraiment une question de personnalité mais une question
de pression sociale !!!
L'explication se trouve ainsi plutôt dans le contexte que chez les individus eux-mêmes.
B. Etat agentique et dilution de responsabilité
Condition de l'individu qui se considère comme l'agent exécutif d'une volonté étrangère,
par opposition à l'état autonome dans lequel il estime être l'auteur de ses actes.
 Déresponsabilisation.
Deux facteurs favorisent le passage du premier au second état.
Le premier facteur est la socialisation
Le second est la perception que l'on a de la science
C. Autres formes d’obéissance
Meeus et Raaijmakers (1986) testent le concept d'obéissance administrative. Cette fois, il s'agit
pour les sujets de « torturer » mentalement un individu prétendument chômeur ayant passé avec
succès tous les autres tests mais qui n'accédera à l'emploi qu'en cas de réussite au dernier test.
Or, la tâche des sujets est, durant ce dernier test, de faire des remarques erronées et stressantes au
candidat chômeur (le faisant en cela échouer à ce test).
Ce type de violence étant d'actualité et étant plus indirect que l'envoi de chocs électriques, 92 %
des sujets acceptent de torturer mentalement le candidat.
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4. Interprétations théoriques
Les expériences de Stanley Milgram montrent :
Que des gens ordinaires peuvent facilement se transformer en bourreaux du
fait qu'ils se soumettent à ce qu'ils considèrent être une autorité, et qu'ils abandonnent
à cette occasion leur propre conscience ; ainsi on peut transformer une personne
ordinaire en tueuse, indépendamment de ses propres valeurs.
que chacun peut être inconsciemment et simultanément victime et bourreau de la
manipulation
Que la solidarité est le meilleur rempart aux excès d'autorité.
«Quand un individu veut se dresser contre l'autorité, le meilleur moyen pour lui d'y parvenir est
de s'appuyer sur le groupe auquel il appartient: la solidarité reste notre rempart le plus efficace
contre les excès de l'autorité. »
« Restons responsables de nos actes ! »
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