4. Complément : le pouvoir des rôles sociaux
Zimbardo étudie en 1973 les effets des rôles et statuts sociaux à l'aide de jeux de rôle
entre gardiens et détenus. Ils montrent ainsi le pouvoir de ces rôles, ainsi que le poids
de la désindividuation (deindividuation).
Expérience de Zimbardo : Les caves de l'université de Stanford sont aménagées
en prison. Une semaine avant l'expérience, les rôles de « prisonniers » et de «
gardiens » sont assignés au hasard aux participants (des étudiants payés pour
participer à une étude sur « la vie en prison »). Les gardiens reçoivent de
l'information par rapport à la prison, ses lois, etc., ainsi que quelques vagues
instructions (« maintenir un degré d'ordre raisonnable dans la prison »). Il leur est en
outre précisé l'interdiction d'utiliser des sanctions et des agressions physiques à
l'égard des détenus.
Les conduites des deux groupes, notamment les transactions dans et entre les
groupes et les réactions individuelles sont observées. Pour accroître l'anonymat,
l'identité de groupe est marquée par l'utilisation de symboles (détenus : numéro
et bracelets de métal ; gardiens : uniformes kaki, lunettes-miroir, matraques).
Au petit matin du premier jour, des véhicules de police arrivent chez les futurs
détenus qui sont emmenés au poste de police, menottes aux poignets, puis
conduits en « prison ».
L’expérience– devant durer deux semaines – fut stoppée au bout de six jours. La
situation généra un fort impact sur les membres des deux groupes : augmentation
des affects négatifs, autodépréciation chez les détenus, hostilité, affrontements,
déshumanisation. Des signes de passivité, d'anxiété, de rage, des pleurs parfois,
apparurent chez les détenus qui perdirent très vite le sens de leur identité
personnelle, perçurent le contrôle comme arbitraire et se sentirent dépendants et opprimés.
Chez les gardiens, il y eut très vite aussi des interactions sous forme exclusive de
commandement, des échanges verbaux impersonnels, des agressions verbales, des injures.
Un rôle est vite appris, voire intériorisé (par exemple durant la messe, les
prisonniers ne répondaient plus à leur nom mais à leur numéro de détenus). Les
conversations des détenus portèrent pour 90 % du temps sur leurs préoccupations
immédiates et internes à la prison (absence de projets, vision floue de l'avenir).
Expérience qui de nos jours serai irréalisable du fait de son manque de déontologie et
son manque d’éthique.