
engagé, dans la loi de programmation des finances publiques en cours d’examen au Parlement,
à réduire le poids de la dépense publique de 2,7 points de PIB sur la législature, ce qui
représente environ 50 milliards d’euros d’économies ». Avec ces 10 milliards, on sera à 60
milliards au total. Soit 3% de la richesse totale du pays. La saignée ! La saignée !
Quand Ayrault annonce que son plan est une « étape majeure et décisive dans la sortie
de crise de notre pays et de son économie », il nous (et se) trompe lourdement. Quand il
annonce que son plan créera 300 à 400 000 emplois et 0,5% de croissance supplémentaires
d'ici à 2017, il ment effrontément. C'est au contraire un tour de vis de plus dans l'austérité.
Donc un pas de plus vers la récession. D'autant que les 10 autres milliards d'euros nécessaires
pour financer ce plan viendront directement de votre poche sous la forme d’impôts indirects.
Le choc contre la dépense publique va se doubler d'un choc négatif sur la consommation
populaire. L'effet sur l'économie sera désastreux.
L'essentiel des recettes nouvelles viendront de la TVA. Sur les 10 milliards d'euros de
recettes, Ayrault a prévu 3 milliards par la "fiscalité écologique" mais en renvoyant sa mise en
place et ses modalités à 2016. L’écologie réduite au rôle de recettes de poche pour le futur,
quel grand bond en avant idéologique ! Bien joué les ministres Verts ! Par contre, dès 2014, les
7 autres milliards viendront de la TVA ! Pour de vrai et tout de suite ! C'est l'essentiel. C'est un
coup de poignard contre le pouvoir d'achat populaire. Hollande et Ayrault donnent raison à
Sarkozy et sa funeste TVA sociale. Comme Sarkozy, ils décident d'augmenter le taux normal de
TVA. Jospin l'avait baissé, Hollande, comme Sarkozy, le remonte. C’est tout un symbole
lamentable. Avec Ayrault, la TVA passera de 19,6% à 20%. Et c'est pire pour le taux
« intermédiaire ». Sarkozy l'avait relevé de 5,5% à 7%. Hollande et Ayrault vont encore plus
loin et le relève à 10% ! Cette hausse concernera la vie quotidienne des citoyens. On entend
beaucoup parler de la restauration et des travaux dans l'habitat. Mais elle frappera aussi les
médicaments, les livres, le bois de chauffage, les abonnements aux transports en commun.
Pour l'affichage compassionnel, le gouvernement annonce une baisse du taux réduit sur les
produits de première nécessité de 5,5% à 5%. A supposer que vous puissiez le constater, cela
devrait coûter moins d'un milliard d'euros. Mais les hausses sur tout le reste, que les mêmes
personnes consomment aussi, leur prendront plus de 7 milliards d'euros !
Ces décisions sont écœurantes. En les faisant, Ayrault y a ajouté des provocations
cyniques. Il a essayé de faire croire qu'il s'agissait de « mesures ambitieuses, résolument de
gauche ». Le mot « gauche » résistera-t-il à ce traitement ? En réalité, il a validé tous les
discours libéraux sur le "coût du travail", le "déclin" et le "décrochage" de l'économie française.
Et il a choisi d'augmenter l'impôt le plus injuste : la TVA. La TVA frappe tous les ménages quels
que soient leurs revenus. Donc il n’y a pas besoin de beaucoup de calculs pour comprendre
que les ménages à bas revenus payent une part de leurs revenus plus importante en TVA que
les ménages riches.
La TVA est un classique des plans d'austérité européens. En France, Fillon avait déjà
relevé le taux réduit en créant un taux intermédiaire à 7% en novembre 2011. Avant lui, en
Allemagne, Angela Merkel avait augmenté le taux principal de trois points. Je le mentionne car
le ministre en charge des finances était alors un social-démocrate. C'était en 2007, au temps
du gouvernement de grande coalition CDU-SPD. Il s'appelait Peer Steinbrück. Celui-là est à
présent le candidat socialiste du SPD au poste de chancelier pour les législatives de l'an
prochain. Hollande a des alliés qui lui ressemblent. Le ralliement des sociaux-libéraux à la TVA
est un cas généralisé en Europe. En Espagne, Zapatero l'avait augmentée aussi en 2010.
Depuis, la droite espagnole l'a encore augmentée. La France n'échappe pas à la règle, les
sociaux-libéraux et les libéraux marchent main dans la main pour taxer la consommation
populaire.
Sur ce point donc François Hollande s'est rallié à la logique de l'UMP. En
campagne, il avait critiqué la TVA sociale Sarkozyste. C'était à Brest, le 30 janvier dernier. Voici
ce qu'en disait celui qui était alors le candidat du PS : « Je la considère inopportune, injuste,
infondée et improvisée. C'est inopportun d'augmenter la TVA au moment même où la
croissance se ralentit, de l'aveu même du premier ministre. C'est infondé : la compétitivité
n'est qu'un faux prétexte. Ce n'est pas en baissant les cotisations patronales de quelques
points qu'il y aura quelque progrès que ce soit dans notre commerce extérieur. Il y a là un