Doutes, inquiétudes, malaises, interrogations, suspicions, inégalités, inadaptations, détériorations…, caractérisent le regard
critique porté par la société, l’opinion et les professionnels sur la question de l’Éducation et de l’École. Au temps même où la
perspective d’une société de la connaissance et du savoir est affichée et affirmée avec force alors que les questions d’un
développement soutenable (économique autant que culturel) deviennent déterminantes au vu des ressources naturelles et
des sources d’énergie, des crises financières et sociales, des conflits culturels. Dans le même temps où la "révolution numé-
rique" transforme d’une part l’information et sa vitesse de diffusion autant que l’accès possible aux connaissances et d’autre
part permet les réseaux sociaux virtuels et les échanges à l’échelle planétaire.
La question éducative : enjeu politique primordial du changement
Dans ce contexte troublé, mouvant, incertain, contradictoire et inquiet, la première exigence est de d’observer et examiner
transversalement la question éducative par le croisement des regards et la prise en compte complète des temps de vie et
d’activités (des enfants, des adolescents comme de ceux des adultes). La deuxième est de définir les missions fondamen-
tales du système éducatif à assurer et remplir par chacune de ses composantes ; un système devant répondre aux néces-
sités sociales comme aux exigences politiques, aux besoins des individus comme au bien être et bien vivre des collectifs.
Mais, avant tout, permettre de dépasser les incantations, les injonctions ou les instructions administratives qui négligent ou
nient les mutations profondes, sociales comme technologiques… ou prétendent s’y adapter par une "marchandisation" du
bien commun en renforçant de multiples inégalités.
Ce changement de posture est justifié par les enjeux d’une démocratisation véritable de l’éducation de tous par l’accès de
chacun aux mêmes droits, dès la petite enfance, par la coopération et la cohérence entre tous les acteurs éducatifs et les
professionnels de l’éducation5, en fonction des situations sociales et des besoins éducatifs observés et constatés localement.
Quel que soit le lieu, quel que soit le moment, une personne (enfant ou adulte) ne se saucissonne pas et ne se découpe pas
en rondelles successives.
Il est tout autant justifié par les mutations à l’œuvre dans nos sociétés dont l’ampleur et la profondeur affectent les modes et
cadres de vie, la culture, la santé, le foisonnement des informations, les conditions du travail, les relations humaines, les
structures familiales … et les conditions d’accès aux savoirs, notamment par les révolutions scientifiques et techniques (neu-
rosciences, biotechnologies, numérique, immatériel…).
Il n’est plus possible de réformer à la marge, de "compenser", de remédier, de bricoler, d’ajouter ou multiplier les
structures de rattrapage et les dispositifs de réparation, de soutien, d’adaptation ou d’insertion sans liens entre
eux. Au contraire il s’agit d’avoir le courage de remettre en question certaines politiques aujourd’hui inefficaces (malgré les
intentions affichées) pour cause d’inadaptation, d’illisibilité, de cloisonnement ou d’isolement les unes des autres voire de
gestion étroitement administrative et financière à l’exemple des ciblages de publics étiquetés, de guichets parachutés et
inopérants, de zonages systématiques qui s’entrecroisent ou se concurrencent…