CONVENTION DES EGLISES CAMEROUNAISES
FACE AUX INJUSTICES
SOCIALES, ECONOMIQUES ET ENVIRONNEMENTALES
Les énormes potentialités et ressources tant naturelles qu’humaines dont regorge l’Afrique Centrale
positionnent cette région comme l’une des plus riches en diversité du continent et un véritable réservoir
mondial de matières premières, de mines et minerais, de bois et de faune. Au regard de cette abondante
richesse, il y a lieu de s’inquiéter amèrement lorsqu’on interroge le niveau de développement de la région et
la réalité quotidienne pour la plupart de la population de ces pays, qui vit en dessous du seuil de pauvreté.
Le vaste mouvement de mondialisation a entraîné la montée des injustices économiques et la destruction
écologique se traduisant par une plus grande prise de pouvoir des multinationales, lesquelles ont inféodé les
pouvoirs, séquestré la plupart des dirigeants qui aujourd’hui abandonnent les intérêts de leurs peuples. Les
grandes compagnies qui s’installent confisquent la technologie, obligeant ainsi les masses à affronter la
modernité avec des instruments et moyens de production rustiques et improductifs. Suivant les lois de
l’économie de marché, les coûts de production élevés et le travail pénible ont rendu la production
alimentaire non compétitive, et fait chuter la sécurité alimentaire des pays. Enchaînés par la dette
internationale, nos gouvernements semblent progressivement perdre de leur souveraineté. Sous la pression
des institutions financières internationales, ils ont délaissé le secteur social en privatisant progressivement de
nombreux biens et services publics au profit des opérateurs privés qui le gèrent selon les rudes lois du
capitalisme. Cet abandon prive les masses économiquement vulnérables de l’accès aux services sociaux de
base. Bien que sans moyens, les populations sont condamnées à acheter l’eau et l’électricité, et à payer un
prix fort pour l’éducation et la santé. Pendant que l’économie rurale se monétise, le tissu familial, social,
culturel et traditionnel se désintègre, les valeurs morales se dissolvent. La provocation des tensions, des
conflits et des guerres, et l’engendrement de la méfiance des peuples vis-à-vis de leurs gouvernements
déstabilisent la région.
Devant ces symptômes d’un système qui évacue Dieu et l’homme au service du matériel et de l’argent et qui
évolue vers la fatalité, nous, Eglises camerounaises membres de l’Alliance Reformée Mondiale, sentons la
nécessité de sortir de notre silence et d’œuvrer énergiquement pour la restauration de l’être humain dans son
intégrité.
L’Evangile du Christ : source de libération des peuples défigurés
Dieu dans son amour a crée l’univers, et il l’a crée bon. A ses intendants, il a confié la gestion de son
domaine. Les ressources y existent en abondance pour leur propre épanouissement et celui de toute la
création.
Parce que Dieu est amour, il exige que son domaine soit géré avec amour par l’être humain. Cet amour se
manifeste par la justice sociale en termes de solidarité, d’équité et de régulation juste, « afin que tous aient la
vie en abondance », projet de Dieu pour l’humanité démontré dans la vie de Jésus de Nazareth. Incarné en
lui, Dieu a vécu parmi nous pour témoigner de la nature du rôle d’intendant pour la promotion de la vie.
Christ recommande à ses disciples de choisir avec Dieu, pour Dieu et pour la Vie, et de se désengager des
systèmes qui défigurent sa création. Il nous appelle à marcher sur le chemin des pauvres, des opprimés, des
oppresseurs et des marginalisés, à leur ôter le joug et à leur donner l’espoir de vivre. En tant que fidèles,
nous sommes appelés, par notre mission, à plaider pour les démunis, les sans voix, et les opprimés, à
affirmer les peuples et leurs héritages, à assurer un filet au pêcheur, un crayon à l’écolier, un salaire à
l’ouvrier. L’Eglise, incarnation de Jésus Christ et investie de cette mission divine, prophétique et salvatrice a
mandat de faire comprendre le projet et plan de Dieu.