Alors que les lois relatives aux privations de libertés et de fichage de
la population pleuvent (loi sur l’immigration, loi LOPPSI 2, loi HADOPI…),
la psychiatrie est elle aussi touchée par cette inquiétante mouvance sécuritaire de
notre gouvernement. Profitant de faits divers et utilisant populisme et démagogie
il s’attaque à toutes les populations souffrantes et les patients en psychiatrie ne
fond pas exceptions, il les stigmatise, les surveille, les rejette.
Depuis le fait divers de Grenoble et la directive ministérielle qui en a
découlé le nombre d’HO augmente, les sorties d’essais sont de plus en
difficilement acceptées et ne parlons même pas des levées d’HO. Après son
enquête sur la psychiatrie le contrôleur général des lieux de privations des
libertés, Jean-marie Delarue, est formel : «Au regard des droits de l’homme,
la situation est inquiétante et elle s’aggrave.» «C’est le grand retour de
l’enfermement qui caractérise désormais ces lieux de soins.» «Les
portes d’un nombre croissant d’unités hospitalières psychiatriques sont
en effet fermées à clef. » «Aujourd’hui, devant ces demandes de sortie
d’essai, le préfet hésite, diligente une enquête de police. Les sorties
d’essai se sont réduites comme peau de chagrin. Des malades, habitués
à sortir régulièrement, en sont interdits.»
Les dispositifs de soins existants sont sans cesse attaqués: fermetures
de lits, fermetures des structures extérieures (CMP, CATTP, Hôpitaux de
jour,…), diminutions des effectifs, casse de la politique de secteur par les
restrictions budgétaires. Par contre alors que la psychiatrie classique est
attaquée, l'enfermement se développe largement et là, l'argent coule à flot pour
les grands groupes bétonneurs qui se frottent les mains: création des UHSA,
mise en place de la vidéo surveillance dans les hôpitaux psychiatriques,
multiplication des UMD, création des prisons pour mineurs,… La psychiatrie
traditionnelle est peu à peu remplacée par ces lieux d'enfermement
L'amalgame entre "patient et dangerosité" est posé. La réforme de la
loi de 1990 se fonde clairement sur cette "vision primaire" et c'est le retour au
flicage, fichage qui est annoncé dans cette loi. On ne soigne plus, on contrôle, on
formate. La déviance n'est plus tolérée, il faut uniformiser et rentrer dans les
cases… On ne prend plus en charge "l'Etre" dans son ensemble, on traite des
symptômes.