L`hôpital de Bailleul (Sarthe)

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L’hôpital de Bailleul (Sarthe)
Des nouvelles tâches
Il faut partir du principe que l'étendue des prescriptions faisant exploser les frais et les
dépenses dans le cadre de la construction hospitalière affiche de fortes similarités à
travers les pays de l'Europe. Il ne sera cependant jamais possible d'avoir des règlements
uniformes, la complexité du sujet ne permettant à aucun moment de s'unir sur un
consensus. Voici donc comment se pose la problématique que l'on doit déjà faire face
dans chacune des nouvelles constructions de cliniques.
Ainsi, il est déjà nécessaire de se pencher sur des directives d’une complexité excessive,
se modifiant en permanence suivant les exigences européennes ou en raison d’un secteur
de la santé en constante évolution avant même pouvoir commencer la planification d’un
hôpital. Ceci vaut particulièrement pour les architectes. Ce dernier a déjà, l’invitation au
concours dans la poche et avec ses dessins une image, un modèle devant les yeux,
vraisemblablement un concept nouveau pour l'hébergement et les soins des patients. Ceci
est pour le mieux car des nouveaux développements dans la conception et la forme sont
d’une grande importance dans une tâche centrale de planification d’un objet affectant
directement les personnes. Où, sinon dans ce cas, il se doit de travailler en permanence
avec tous ses efforts à des concepts innovateurs.
Il est cependant recommandé à l'architecte de ne pas poursuivre ses planifications de
cette manière, car, sans avoir pris connaissance avec exactitude des directives et
règlements et discuté de ceux-ci avec des planificateurs spécialisés en la construction
d'hôpitaux dans cette phase précoce du projet, celui-ci est perdu dans un labyrinthe de
diverses charges qu'il ne peut survoler et comprendre.
A ceci s'ajoute les longues phases de décision dans le cadre de la planification d'un
hôpital, les procédures officielles d'autorisation de la construction demandent également
beaucoup de temps et peuvent même retarder le projet sur des années. Il peut dans ce
cas arriver que des dernières connaissances médicales autour de l'optimisation de
certains processus et par là même des améliorations architecturales respectives entrent
de manière tardive dans la planification. Bien souvent, des décisions concernant un projet
ont été prises alors qu'un concept divergent était déjà discuté, au moins en partie, comme
par exemple une utilisation multiple des salles selon les processus et non plus selon les
services. C'est pourquoi, la situation est dans ce cas encore plus difficile, du fait que
malgré l'ensemble de la complexité de la tâche de l'architecte, il lui est encore demandé
un fort niveau de flexibilité au niveau de la structure du bâtiment en cas d'aménagements
ultérieurs.
Jean-Philippe Pargade le savait bien. Il a aussi pris, dans le cas de son projet d'hôpital à
Bailleul ouvrant ses portes en automne 2007, cette voie d'une clarification et d'une
concertation à un stade précoce du projet. Il était conscient que les services d'un
architecte dans le cadre d'une construction d'un hôpital ne couvraient qu'une partie, bien
qu'importante et même vraiment décisive pour l'aspect externe du nouveau bâtiment, mais
qu'un grand nombre d'exigences étaient à prendre en considération dans le cas de la
conception intérieure. La compétence au sujet du reste de l'organisation du projet tout
comme pour la réalisation et l'équipement est dans les mains d'autres. Il ne s'agit ici non
seulement des décrets, des normes techniques et naturellement comme point central le
droit public relatif aux constructions, mais aussi les coûts en en particulier les implications
sur les frais courants.
L’hôpital de Bailleul est en complément un exemple impressionnant au sein d’une mesure
prévoyant en France une série complète de nouveaux hôpitaux pour pouvoir assurer des
soins meilleurs et avant tout plus efficaces. Quelques-uns des nouveaux bâtiments sont
déjà entrés en service. Jean-Philippe Pargade obtint la commande après un concours
limité à quatre compétiteurs qu’il a pu remporter en janvier 2003. Le concours a été
précédé d’un appel d’offres public.
Avant de présenter le nouveau bâtiment plus en détail, ce qui suit est à relever pour une
meilleure compréhension :
De nos jours les planificateurs d’hôpitaux, mais aussi une grande partie des exploitants de
ceux-ci sont de plus en plus conscients et de manière sensible que la guérison et le
rétablissement ne peut plus être atteint que par la compétence des médecins et une
médecine à instruments hautement modernes avec une utilisation à forte intensité et à
forts coûts d’appareils, mais est aussi influencé de manière décisive par l’environnement.
On entend par cela non seulement et de loin le mode d’encadrement médical et soignant,
mais aussi l’aspect des pièces avec leurs équipements dans lesquelles les patients
séjournent.
Les patients ne se doivent pas d’être « réparés » que de manière biologique, mais doivent
être naturellement être vu et soignés en tant qu’unité du corps, de l’âme et de l’esprit.
Ainsi, malgré des situations souvent très complexes, la tendance va nouveau de manière
marquée en direction d’une médecine douce, dans lequel l’environnement de la
construction et la qualité du séjour prennent dans l’ensemble un rôle beaucoup plus
important. Le fait que cette approche plus sensible à la tâche provoque vraisemblablement
une forte hausse des coûts et d’autres à travers un meilleur équipement et plus de
personnel restera pour toujours un point de querelle dans la branche. Il est ici décisif que
le respect des proportions reste assuré.
Les lieux
Le patient, dans les environs de la petite commune de Bailleul, se trouve dans un paysage
gracieux à merveille. L’ambiance est paisible dans la région à collines du département de
la Sarthe. Il est ici hébergé à l’écart de la ville, dans un espace géographique ouvert. Le
voisinage proche est composé de fermes. Des vaches pâtissent dans les prés. Nulle part
des points de référence architecturaux que l’architecte aurait dû prendre en considération.
Seul la toiture en béton bombé de la station péage de l’autoroute A11 se détache dans les
proches environs. La sculpture impressionnante porte un signe distinctif, un signe
important du raccordement. En effet, le chemin mène à nouveau rapidement en dehors de
l’isolation. Malgré la beauté d’une insertion dans un cadre de paysage naturel, c’est aussi
un désir naturel pour les patients de pouvoir en ressortir très rapidement.
C’est pourquoi la situation particulière du terrain à disposition a formé le point de départ du
projet.
Cela aurait été cependant déplacé de parler d’un jeu avec les formes pour l’approche avec
la topographie des lieux. La nouvelle construction se trouve sur un plateau modeste. La
conception est simple et proche du sol, car le but était dès le début de faire ériger un
hôpital en longueur sur un maximal de trois étages, de manière à ne pas le faire sauter du
cadre. Sur la face sud-est, l’étage du rez-de-chaussée se dégage d’une petite butte de
telle manière à ce que le bâtiment soit à cet emplacement sur quatre étages. La façade de
ce socle est identique à celui des deux étages supérieurs. C’est pourquoi on a l’impression
que ce niveau s’est dégagé de l’ensemble et a été glissé sur le côté.
Le cadre unique a offert la chance et la possibilité de former avec la nouvelle construction
une ville en miniature. L’encadrement harmonieux, le retrait prononcé du volume avait ici
la première priorité et a aussi joué un rôle important lors de la formation de la façade.
Jean-Philippe Pargade a développé, à partir de ces maximes, un groupe de bâtiments
compact, avec des lignes géométriques claires et renfermé sur lui-même.
La voie d’accès, à partir du rond-point, se partage en trois axes. La voie du milieu sert
avant tout à l’approche proche des personnes et des taxis et conduit directement sur
l’avant-place de l’entrée principale. Les visiteurs de courte durée prennent la voie de
droite, laquelle conduit à des places de stationnement avancées et aménagées d’un
bosquet de frênes et de hêtres. Des places de stationnement complémentaires, aussi
agrémentées de hêtres et de frênes, se trouvent au nord, sur l’arrière du bâtiment, derrière
la place d’atterrissage de l’hélicoptère. La voie de gauche y mène directement. De même,
les ambulances et les véhicules d’approvisionnement atteignent l’hôpital de l’autre côté. Ici
se trouve une petite avancée de construction, avec l’entrée derrière laquelle sont
directement rattachés les urgences et le service des soins intensifs. Derrière et mis à part
du bâtiment principal, se situe l’aile avec le casino pour les pauses des employés de
l’hôpital ainsi que la cantine. Ce bâtiment plat élégant, doté d’une très vaste terrasse,
représente un lien important entre l’intérieur et l’extérieur, car il s’ouvre sur la face sud-est
à la nature, le dos tourné au bâtiment principal. Le personnel peut ici se détacher
complètement du travail dans l’hôpital. Le bâtiment bas peut être aussi atteint au rez-dechaussée par un passage souterrain à travers une place pavée. Au-dessous de la
terrasse, une cour raccorde avec une autre zone de livraisons, la technique du bâtiment,
la centrale d’énergie et la station d’élimination des déchets conforme aux strictes
directives. Deux petits bois d’aulnes et de peupliers ont encore été planté par David
Besson sur le terrain en forme de trapèze de l’hôpital, lequel architecte paysagiste a aussi
formé toutes les zones vertes. Les surfaces restantes sont de simples prés.
L’emplacement incroyable de l’hôpital de Bailleul, isolé et entouré de champs, a été choisi
par le maître d’ouvrage car celui-ci se trouvait exactement entre les deux petites villes de
Sablé-sur-Sarthe et de La Flèche. Ces deux villes sont distantes de 15 kilomètres et ont
chacune fermées leur ancienne clinique urbaine. De cette manière, des frais ont été
économisés, mais d’anciens liens et des traditions ont été abandonnées. Les hôpitaux
appartiennent à une ville. Les fermer représente une forte attaque à la vie urbaine. Le fait
que le nouvel hôpital plus grand offre de meilleures opportunités de traitement et peut
s’accroître sur le terrain libre conformément aux exigences futures est naturellement aussi
un grand avantage qui porte sûrement dans la balance pour l’abandon d’anciennes
traditions.
La façade
L’apparence architectonique est marquée par les façades uniformes des étages du
bâtiment principal. Grâce à la sélection d’un arrangement modulaire, il en résulte une
composition libre des rangées de fenêtres et ainsi des surfaces ouvertes ou fermées, cette
composition émettant un grand calme avec son équilibrage horizontal et vertical.
Conformément à leur position dans le rythme libre de la façade, les fenêtres sont
organisées de manière variable à l’intérieur, dans la chambre du patient. Les blocs de
fenêtre se dégageant de 30 cm de la façade et prennent chacun l’ensemble de la hauteur
de la pièce. La partie inférieure est vitrée de manière fixe jusqu’à une hauteur d’un mètre.
Ensuite un battant de fenêtre de 1 m 90 qu’il est possible d’ouvrir. La hauteur des
chambres des patients est ainsi de 2 m 90. Etant donné que l’ouverture de la fenêtre
commence au sol, les patients peuvent ainsi se réjouir allongés de la vue. Il leur est en
complément possible de régler individuellement de leur lit le pare-soleil se trouvant à
l’extérieur. A l’origine, la partie supérieure du bloc de fenêtre devrait être couverte d’un
panneau de 40 cm de verre opaque, celui-ci couvrant l’espace entre le plafond et la chape
de l’étage supérieur. Sur les premiers dessins du projet de Pargade, des éléments de
fenêtre et de façade de la même dimension et couvrant la hauteur entière de l’étage font la
place l’un à l’autre. Les blocs de fenêtre ont été réduits dans leur hauteur dans une phase
ultérieure de planification. Le recouvrement de la façade proprement dit est formé de
panneaux vitrés, posés avec un écart sur la plaque de rainure des fenêtres. Il se forme
ainsi un joint d’ombre. Là où les éléments vitrés couvrent aussi la façade au rez-dechaussée, les blocs de fenêtre ont été mis à fleur. Les panneaux individuels sont séparés
les uns des autres par des joints et vissés au mur extérieur en béton. De loin, on a
l’impression lors de l’arrivée d’une peau protégeant le bâtiment, une surface lisse, qui, audessus de la zone de rez-de-chaussée en retrait, donne l’impression d’être en suspens.
Cette impression est atteinte par l’habillage monochrome tout comme par le cadre des
fenêtres. La couleur légèrement verte de la façade avancée peut aussi prendre un ton de
bleu mat ou de gris lors de temps particuliers. La sélection de la couleur et de la structure
des éléments vitrés, les matériaux traités de manière subtile expriment une grande
bienfaisance et légèreté. Clair, changeant sa structure selon les rayons du soleil et
réflétant même un peu la nature dans son rayonnement, ce teint donne à hôpital une
identité. Grâce à la façade – et ceci était important pour l’architecte – l’encadrement
harmonieux y était renforcé à nouveau.
L’entrée
Venant du côté sud-ouest, le rez-de- chaussée ouvre une bande vitrée sur toute la
longueur du bâtiment, laquelle offre déjà au visiteur de nombreux aperçus en passant le
long de celui-ci. Vu de l’intérieur, le paysage reste en grande partie présent. L’accès
principal sur la face en longueur est effectué à travers un foyer proéminent, lequel se
laisse percevoir comme un maillon entre les différentes zones du bâtiment. L’étendue
totale peut être dérivée de l’assemblage longitudinal à découvert. La réalisation du hall ne
laisse pas penser au premier coup d’oeil à un hôpital. Pargade a développé avec un
designer dans une phase avancée du projet l’aménagement intérieur de la zone
d’information et d’attente. Celle-ci est riche en courbes et en vagues et se démarque déjà
fortement du reste de l’aménagement par sa couleur rouge. D’autres comptoirs en
courbes se trouvent aussi dans l’arrivée des urgences et la zone de conseil près du hall
d’entrée. Des lanternons sont appliqués dans la zone arrière du hall. Ceci a été rendu
possible car l’une des cours intérieures se trouve au-dessus. Sur le côté derrière le café, il
est possible de passer un regard sur une des cours intérieures plus grandes.
Le patient est accueilli dans une ambiance symbolisant le respect, l’ouverture, la chaleur
et affichant presque un caractère hôtelier. Les zones de la clinique de jour et de l’unité de
radiographie se répartissent immédiatement à droite et à gauche.
Le concept intérieur
L’analyse de la typologie du bâtiment a aussi conduit à Bailleul à un détachement marqué
du type classique « vertical » dans lequel une maison de lits surplombe un socle de soins,
opératoire et technique. La décision de Pargade n’a pas été seulement rendue nécessaire
en raison de la position dans le paysage, de la taille de l’hôpital mais aussi plus
généralement selon des concepts organisatoires aujourd’hui préférés.
Comme déjà décrit en détail, l’orientation du corps du bâtiment sur le terrain a été
déterminé par sa situation particulière sur les lieux, mais aussi naturellement d’après des
prémisses fonctionnels. Le bloc en longueur dispose de toute une série de cours
intérieures carrées de diverses dimensions (10 grandes et 11 petites), lesquelles assurent
partout une grande quantité d’éclairage naturel. Les cours sont à certains emplacements
non coupées jusqu’au sol du rez-de-chaussée Ceci forme dans les cours des petites
terrasses qui ont été plantées.
Réunir toutes les fonctions d’un hôpital dans un complexe de bâtiments et parallèlement
avoir l’air d’être isolé dans le vert et donner l’impression d’être facile à en faire le tour, ceci
représente un enjeu. Ce concept de la concentration est réussi d’une manière
convaincante. Seul un carré, celui de la centrale de sécurité, dont l’aspect extérieur ne
correspond pas dans son ensemble avec la langue de l’architecture de l’hôpital, se
dégage malheureusement de manière un peu perturbatrice. Cette partie ajoutée sur la
gauche le long du vitrage du hall au niveau de l’entrée principale donne l’impression
d’avoir été oubliée dans le programme d’aménagement de l’espace et d’avoir été réalisée
par la suite. Si l’on cependant considère la complexité de la tâche et les compromis qui ont
dû être naturellement fait, ce carré n’est en fait qu’une ligne marginale.
L’hôpital, avec 300 lits, dispose de toutes les formes conventionnelles d’hébergement pour
les séjours en cure, les séjours à la journée et les séjours en stationnaire avec le service
des urgences, une unité de soins ambulatoires et un service de soins intensifs, une zone
pour l’accueil et la logistique administrative ainsi que toutes les fonctions techniques
générales servant à la logistique médicale tout comme aux soins.
Du point de vue du concept d’ensemble, il est ici avantageux qu’il n’y ait pas d’aile pour les
quartiers des lits. L’hôpital est à concevoir comme une unité. L’aile des salles de
traitement et d’opération ne se démarque consciemment pas mais celles-ci sont intégrées
dans le complexe d’ensemble au niveau de chaque étage. Cette mesure a elle aussi
permis de combattre dès le début l’impression d’une « machine de santé ».
Pargade est fermement d’avis que les mouvements à l’horizontale sont propices au
concept d’une unité hospitalière compacte. En vivant dans un bâtiment s’étendant à
l’horizontal sur de grandes surfaces, l’affinité des personnes y est fortement plus marquée,
rien que par le contact visuel, même si parfois les chemins à parcourir peuvent avoir l’air
un peu plus longs pour les patients et le personnel. Des solutions purement rationnelles
dans l’organisation ne peuvent pas à elles seules déterminer la planification. De même, il
est décisif pour le patient que celui-ci puisse garder l’aperçu sur son étage et pouvoir se
faire une idée de ce qui se passe autour de lui dans la « petite ville ». Au premier plan
reste cependant toujours le « chez soi » pour une durée limitée : la chambre du patient.
Les murs de la chambre pour la mieux équipée sont en partie en biais de manière à ce
que la zone de la porte puisse être ouverte un peu plus en grand pour pouvoir plus
facilement déplacer les lits lors de l’entrée dans la chambre. Ces ouvertures sont très
bénéfiques pour les « rues publiques » qui passent sur toute la longueur de chaque étage.
Celles-ci ne sont divisées que par des portes coupe-feu à battants. Un autre fait important
est aussi le placement de divers points d’orientation comme des petites places et des
voies coupant en travers et s’ouvrant la plupart du temps sur une cour intérieure.
L’architecte a réussi à ce que la conception du corps du bâtiment ne « se divise jamais en
blocs » mais qu’elle garde au contraire intégralement son unité. La présentation ou le
relèvement d’une esthétique fonctionnelle élégante n’a jamais été au centre des intérêts.
Tout ceci est à noter dans le cas de Bailleul, car en règle générale, dans la mesure où il
ne s’agit pas d’une clinique privée ou d’un séjour pour la journée, le patient est transporté
dans un hôpital, se trouve dans un environnement dans la plupart des cas impersonnel,
voir même hostile et ce probablement séparé de sa famille. Il n’a pratiquement pas la
possibilité de nouer un contact personnel avec l’équipe traitante. Ceci ne vaut
naturellement pas pour tous les hôpitaux, mais l’on peut souvent lire qu’un grand
anonymat y réside et que le personnel poursuit à ses tâches qu’à la hâte et avec difficulté.
Il peut donc en être déduit qu’un architecte souhaitant combattre cette image lors d’une
nouvelle planification tente un peu d’améliorer la situation avec des concepts de
construction. Les unités du nouveau bâtiment rayonnent une atmosphère calme et
agréable.
Lors de la conception des chambres, la plus grande valeur possible a été offerte aux
personnes. Personne ne se sent à l’étroit et à toujours la zone de soins à l’oeil en sortant
dans le couloir. Le patient ne doit pas se sentir isolé, mais au contraire avoir au moins le
sentiment dans la vie en groupe d’appartenir à une communauté. Ce sentiment de vie
privée et d’intimité, mais aussi de communication plus ou moins organisée est accru par
une offre différenciée de manière spatiale et dans l’atmosphère. La conception de la
chambre reste dans décisive dans ce but. Elle est ouverte au soleil, à l’air et au paysage.
C’est ce qu’a atteint Pargade. Il donne d’un côté une note généreuse, ouverte à
l’ensemble du complexe, laquelle met le patient dans l’ambiance. De l’autre côté, une
conception fonctionnelle a été travaillée, laquelle ne se dévoile pas, ne se met jamais en
scène, mais au contraire apparaît comme naturelle. Des zones diverses émergent des
lignes de mouvement des patients, des visiteurs et du personnel, lesquelles forment une
sorte de continuité spatiale ininterrompue. Elles comprennent toutes les zones de
passage, des salles d’accès, d’attente et de convalescence. Les cours, avec leurs
ouvertures et leur transparence sont faites comme partie intégrale de l’ensemble, même si
en règle générale elles ne doivent pas être pénétrées. Les voies internes de passage sont
avant tout éclairées sur de grandes distances par la lumière du jour au moyen des cours.
Dans l’une des grandes cours que le visiteur peut déjà remarquer du hall d’entrée s’intègre
la chapelle pluriconfessionnelle sous la forme d’un bâtiment carré, en grande partie vitré et
doté de deux salles de la même dimension.
Les couleurs
On n’a par cela pas encore et de loin fait le tour de la description des locaux intérieurs. Un
autre aspect fortement remarquable dans ce nouveau bâtiment est encore à mentionner.
Le concept des couleurs du bâtiment, pour lequel Pargade a attiré l’artiste Gary Glaser, a
une importance extraordinaire. Les réflexions sur l’attribution des couleurs ont toujours
joué un rôle dans la construction des hôpitaux, étant donné que celles-ci peuvent marquer
l’atmosphère de manière décisive, le concept d’ici est cependant une vraie découverte.
On décida de diviser la clinique de Bailleul en plusieurs zones de couleurs. Ces couleurs
sont dans chacune des cas appliquées de manière monochrome sur le sol en PVC, sur les
murs des chambres des patients, les salles de soins, les couloirs et les façades des cours
intérieurs et couvrent intégralement toutes les surfaces dans chacune des zones. On
passe ainsi d’une « zone de couleur » ou d’un « espace de couleurs » à un autre, et ceci
directement. Le passage est ressenti à chaque pas. Il se doit de supposer que la
répartition des services a été effectuée selon ce concept. C’est le cas, mais ce n’est pas
obligatoire, car dans un hôpital la répartition des stations de malades et des domaines de
soin peut être modifié. Le concept de couleurs est ainsi à comprendre comme pièce
intégrante du concept intérieur d’ensemble, dans lequel plusieurs couleurs différentes
peuvent apparaître dans le même service. Les couleurs sélectionnées sont le bleu, le
jaune pêche, le rose, le jaune (et blanc), des tons pastels gais, représentant, liés les unes
avec les autres, un changement bénéfique. Pour l’architecte, plus important que le choix
des couleurs était leur composition en relation avec les chambres. Le passage de couleurs
se fait parfois de manière surprenante et abrupte et il a été étendu dans certaines
chambres dans le détail de telle manière à ce qu’une relation avec la cour ou
l’antichambre de la même couleur soit effectuée. Un certain rythme peut être dans ce cas
décelable. Le passage des couleurs est non seulement stimulant pour le patient, il est
aussi important pour l’orientation et assure peu importe le temps des touches amicales. Le
passage représente aussi pour le personnel un changement dans l’utilisation au quotidien.
On se trouve dans un monde propre, incomparable, que l’on ne relie pas au premier coup
d’oeil à celui d’un hôpital. Le ton jaune pêche est la couleur que l’on trouve le plus dans
les zones internes.
Dans les années 80, l’époque des grosses cliniques, les couleurs primaires étaient
modernes. Elles étaient souvent criantes et mêlés dans un imbroglio coloré. Ici, ce n’était
pas l’intention, les tons adoucis ont été ajoutés de manière ciblée en tant que composition
d’ensemble et ont pour but de favoriser avec douceur un sentiment de bien-être. L’effet en
est ainsi complètement différent. Une particularité en sont les surfaces des sols sur l’accès
principal de la face sud. Ils sont bleus et attirent un peu le ton légèrement bleuté de la
façade vitrée dans la maison.
Perspectives
D’un côté la construction actuelle d’hôpitaux en France – vue de l’extérieur – s’affiche
comme un véritable programme couvrant déjà presque toute la surface du territoire. Celuici est à étudier avec un grand intérêt, car une grande série de nouveaux bâtiments est
créée dans un intervalle de temps le plus réduit. Les concepts laissent reconnaître dans
leur ensemble, du corps du bâtiment jusqu’au détail, une nouvelle approche accueillante,
ôtant à l’hôpital sa dominance et sa sévéreté. D’un autre côté – et on peut le reconnaître à
un niveau international – des tâches complètement différentes se profilent dans le
domaine de la construction d’hôpitaux. D’innombrables anciens bâtiments dotés de la
complexité d’une structure fixe se trouvent devant un assainissement nécessaire (en
partie en relation avec l’élimination de l’asbeste) ou une rénovation possible à réaliser
qu’avec difficulté, le planificateur se trouvant souvent devant des problèmes ne pouvant
être résolus. On s’aide d’extensions de toutes sortes et d’aménagements compliqués,
faisant exploser les coûts. Ces tâches de construction auront dans le futur une importance
encore plus grande pour l’architecte.
Prendre la décision de faire un nouveau départ et même de mettre un hôpital
complètement neuf sur les prés verts dans un cadre marqué par l’agriculture est
courageux et conséquent en vue des buts à atteindre. Le nouveau bâtiment de Bailleul de
Jean-Philippe Pargade est un excellent exemple, comment un tel projet, riche en
nouvelles idées a pu être réalisé avec une grande dédication, mais aussi avec un talent de
négociateur et une persistance dans la coopération avec le donneur d’ouvrage. Il doit être
souligné que du côté du donneur d’ouvrage, la conception et en particulier le concept
courageux des couleurs a été porté avec une grande curiosité et un grand intérêt.
Sebastian Redecke
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