le prolétariat (urbain, social-républicain, particulièrement à Paris) et la masse de la nation
: les paysans et petits bourgeois (ruraux, qui soutiennent les vieilles puissances).
- Du 4 mai 1848 à fin mai 1849 : constitution et fondation de la république bourgeoise. Les
résultats des élections donnent une Assemblée nationale bourgeoise, très mesuré par
rapport aux prétentions de février 1848. Alors qu’une partie restreinte de la bourgeoisie a
gouverné au nom du Roi sous la Monarchie de juillet, il faut désormais que ce soit
l’ensemble de la bourgeoisie qui gouverne au nom du peuple. Les revendications
utopiques du prolétariat parisien doivent être tues. Ce dernier proteste (insurrection de
juin 1848), mais il est isolé. Contre lui s’élève l’aristocratie financière, la bourgeoisie
industrielle, la classe moyenne, les petits-bourgeois, l’armée, le lumpenprolétariat, les
sommités intellectuels, les prêtres et la population rurale. En un mot, le prolétariat est
seul contre tous. Il est écarté du pouvoir, la république bourgeoise est mise en place,
c’est le despotisme d’une classe sur les autres. L’ensemble des classes se constitue en
parti de l’ordre («propriété, famille, religion, ordre») pour sauver la société ses ennemis
(anarchistes, socialistes, communistes). Ainsi toute tentative de réforme (financière, du
libéralisme, ou de la forme républicaine...) est punie comme «attentat contre la société».
- Du 28 mai 1849 au 2 décembre 1851 : période la République constitutionnelle ou de
l’Assemblée nationale législative.
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La bourgeoisie républicaine n’arrive pas au pouvoir comme elle l’aurait souhaitée.
Principale composante de l’opposition sous la Monarchie de juillet, elle rêvait d’une prise
de pouvoir par une révolution libérale contre le trône. Or elle y parvient par la répression
d’un mouvement prolétaire contre le capital. Ce qu’elle voulait être révolutionnaire fut en
réalité contre-révolutionnaire. La domination exclusive des républicains bourgeois ne dure
que du 24 juin 1848 au 10 décembre 1848 : le temps de la rédaction d’une Constitution
républicaine. Or cette celle-ci n’est que l’édition républicanisée de la charte
constitutionnelle de 1830 (instituant la Monarchie de juillet). Institution du suffrage
universel, les libertés individuelles n’ont pour seule limites que la liberté d’autrui et la
sécurité publique, l’enseignement est libre, la propriété privée est protégée. Cela ce
traduit, dans la réalité, par : les libertés n’ont pour seules limites que celles de la
bourgeoisie et la sécurité publique est la sécurité de la bourgeoisie. Ainsi, la bourgeoisie
ne peut être heurtée par une autre classe.
De plus, la constitution repose sur une contradiction incontournable : l’Assemblée
législative est toute puissante : incontrôlable, indissoluble, indivisible et décidant de la
guerre, la paix, les accords commerciaux, le droit d’amnistie ; elle est en permanence sur
le devant de la scène. Elle peut écarter constitutionnellement le président, qui lui, n’a
aucun pouvoir sur le législatif. L'équilibre des pouvoirs n’est pas respecté. L’exécutif ne
peut s’imposer (contre le législatif) que par la force. Il a en outre de nombreux pouvoirs
mais qui le laissent davantage dans l’ombre. La constitution exprime clairement que le
mandat présidentiel est de quatre ans.
La constitution est mise en place dans un contexte particulièrement tendu (voire les
évènements de juin). Le peuple est retenu par les baïonnettes pendant sa rédaction (il le
sera pendant sa violation). L’état de siège déclaré n’est en réalité qu’un prétexte pour faire
taire le peuple (lui presser la cervelle), instaurer la censure etc.
L’élection de Louis-Napoléon comme président le 10 décembre 1848 mis fin à la
dictature de la constituante. Cette élection est inconstitutionnelle : selon l’article 44 de la
constitution, le président doit être né français et n’avoir jamais perdu cette qualité ; or
Louis-Napoléon a non seulement perdu sa qualité de français (en 1816, la famille
Bonaparte est bannie de France), il est naturalisé suisse en 1832. L’élection est avant tout
une revanche des paysans, maltraités par la révolution de février 1848, sur le monde