LA3 : La mort du roi Tsongor « il est temps que tu te défasses du deuil » I. L’extrait met en scène de manière solennelle et dramatique un moment fondamental de l’évolution de Souba ; il fait du roman un roman d’apprentissage. [ Il s’agit de montrer que le personnage de roman ne se définit pas uniquement par sa psychologie et son histoire, mais aussi par son environnement, c’est-à-dire par les situations dans lesquelles il est placé. Les effets de dramatisation visent ici à souligner que la situation est un moment clé, on dirait au théâtre une péripétie qui transforme le personnage] a) Le narrateur omniscient laisse la place au discours du personnage : le texte prend une dimension théâtrale… Ligne et citation du texte Identification du procédé commentaire Ligne 1 à 4 : « C’est alors qu’elle se mit à parler […] de peine et de douleur » Narrateur qui parle : -donne le ton du texte - 3eme personne Passé simple Discours narrativisé (résume les propos (globalisant « toute une vie » qui fonctionne comme une didascalie) Ligne 5 à 35 : « Ecoute moi Souba […] pas d’une pleureuse » Discours direct : monologue -laisse place au discours du personnage -aide le lecteur à interpréter le texte Donne au texte dimension théâtrale : Cf Gaudé a commencé par écrire du théâtre -dimension théâtrale (ponctuation) Guillemets -typographie -changement d’énonciation Anaphore -sentiment d’autorité de Shalamar -rapport mère/fils « Écoute-moi » lignes 5-6-17 « laisse-nous » lignes 14-25 « deuil » l.10-13-25-28, « mort »l.1020« pleure » l.24-13-16-24-35, « douleur » l.30 « perte » « écoute moi, Souba, écoute bien ce RL de la peine -Tragique qui rappelle le théâtre -effet de dramatisation que je vais te dire » l.5-6 Rythme brisé ternaire -provoque de la pitié chez le lecteur (Souba qui a perdu son père) -rappel la dimension pathétique de théâtre -typographie (virgules) La dimension théâtrale du texte le rend pathétique. b) Cette dimension théâtrale rend le passage particulièrement dramatique et solennelle : tout est fait pour que la situation du personnage soit identifiée par le lecteur comme un moment chargé de sens… Ligne et citation du texte Identification du procédé commentaire Lig 2 « avec une voix de caverne… » Métaphore (voix = comparé, caverne = comparant, motif= ton, profondeur de la voix, voix caverneuse) Donne un côté mythique à la reine : mythe de la Sibylle (Antiquité sibylle = oracle installée dans une caverne qui était chargée d’annoncer l’avenir) [ vocabulaire : Cf l’adj qualificatif « sibyllin »] Donne un côté inquiétant presque (voix masculine plus que féminine) … donc passage a qqchse de solennel. « Tsongor est mort » ; « notre deuil », « messager de sa mort » RL du drame Joue sur le registre pathétique ; le vocabulaire est noble, de niveau de langue soutenu = donne plus d’ampleur, de gravité au discours de la Reine. « abandonne-le ici » Phrases nominales, brèves « laisse-nous » X2 + anaphores + impératif Discours injonctif par la fréquence des impératifs : elle parle comme une reine. Le discours est chargé d’AUTORITE, donc de force. Ecoute-moi X 3 Rejoint l’idée d’un passage solennel. c) Un personnage de roman est un être en devenir, à la différence d’un personnage de théâtre : ici Souba est invité à changer, à se transformer Ligne et citation du texte Identification du procédé commentaire « Tsongor a besoin d’un fils pas d’une pleureuse » Antithèses x3 : Masc / fém La reine rabaisse Souba : elle le provoque, le défie de réagir. Il y a qqchse d’insultant ds la phrase. Mot mélioratif / mot péjoratif Par là elle l’invite à se transformer. 2 statuts : noblesse (fils d’un roi / servante (pleureuse) « laisse-nous » x3 , « abandonne- RL abandon La reine invite Souba à laisser Saramine pleurer le roi pour qu’il puisse lui accomplir le », « défasse », « déposer » en fils et en homme la mission que le roi lui a confiée. Souligne qu’il faut qu’il change, qu’il laisse derrière lui le deuil. « je le ferai », « nous le pleurerons », « durera », « tu verras », « je vais » (futur proche) Temps des verbes : utilisation du futur simple de l’indicatif + verbes d’action La reine ouvre le discours à un moment qui n’a pas encore eu lieu : elle présente à Souba un AVENIR qui l’invite à prendre conscience qu’il a à transformer son action, à devenir pleinement lui-même. Verbe d’action : acquitterons / abandonne/ pleure/ etc… Bilan du I. Un texte qui montre bien la manière dont le roman se nourrit du théâtre et de ses procédés. (forme du monologue par ex). Mais il s’agit bien d’une page de roman puisque Souba est un personnage en devenir. Le propre du personnage de roman c’est qu’il change, se métamorphose (CF le roman de Kafka !). Cela inscrit la mort du roi Tsongor dans le genre romanesque du roman d’apprentissage. II. Le texte est intéressant aussi pour la relation qu’il établit entre les deux personnages : la reine Shalamar ouvre Souba à son véritable destin en lui demandant de choisir la Vie. [ L’objectif de la partie est de montrer qu’un personnage de roman se définit, non pas uniquement par sa psychologie, ou encore par la situation dans laquelle il se trouve, mais bien encore et aussi par les interactions qu’il a avec les autres personnages] a) Le rapport de force entre les deux personnages a évolué : c’est ici la reine qui prend le dessus dans la bienveillance et la fermeté. Son discours est un discours de mère… Ligne et citation du texte Identification du procédé commentaire « avec une voix de caverne qui charriait toute une vie de peines et de douceurs Antithèse entre « peine » et « douceurs » Renforce la dimension maternelle parce que cela met en valeur la dimension 1) protectrice du personnage (douceur) 2) expérience (globalisant « toute une vie) 3) « peine », « deuil » « pleurerons » RL de la souffrance « masque de pleurs » métaphore (comparé le visage, comparant le masque) Parallélisme de construction « écoute-moi comme un fils écoute sa mère » RL famille (fils/mère) S'il y a compassion il y a aussi fermeté et connaissance du cœur humain. Par la métaphore « masque de pleurs » la reine souligne combien la mise en scène trop durable et marquée d'une émotion, du deuil ici peut se transformer en mensonge, théâtre... Souba se doit à lui-même davantage. Elle l'invite à choisir la vérité de ce qu'il est et à prendre le chemin de l'action, le seul qui lui permettra de faire son deuil et de rendre vraiment hommage à son père disparu. Elle souligne le lien fort qu'elle a avec Tsongor (elle dit ailleurs « je connaissais ton père ») ; la phrase mélange bien la fermeté (impératif) et la bienveillance et douceur (« mère ») b) Elle use des procédés de l’éloquence pour persuader Souba de transformer sa mission… Ligne et citation du texte Identification du procédé commentaire « il n'est pas besoin de toi pour que le royaume entier se mette à grimacer » Personnification avec le verbe « grimacer » Image désagréable et inquiétante qui est forte et marque l'imagination du jeune Souba. Elle utilise un procédé rhétorique qui vise donc à le dissuader pour le persuader que sa vraie mission est ailleurs. Ligne 14 Phrases très courtes : nominales, minimale (sujet + verbe) En accélérant le rythme, en jouant ds ruptures et de la saccade la reine imprime de la violence et un côté plus incisif à son discours de manière à persuader Souba ligne 16 ligne 25, 26 etc.. ligne 20 et 21 jeu d'allitérations en sonorités désagréables (dentales et gutturales) « écoute-moi » … écoute ta mère... Anaphore lignes 5 à 6 gradation + rythme ternaire Elle maîtrise l'éloquence : son discours est construit, il use du refrain, il fonctionne par boucles successives qui permettent de lever petit à petit les résistances de son destinataire. c) Le discours de la reine est un discours de femme : elle éclaire Souba sur sa vraie mission et est ici la porte-parole de tous ceux qui choisissent la Vie. Ligne et citation du texte Identification du procédé commentaire Le texte alterne et oppose le « nous » (« nous le pleurerons » et le « tu » Enonciation La reine oppose donc le groupe, le peuple et le fils du roi. Elle met en avant sa solitude certes, mais aussi le caractère UNIQUE de sa mission. Par ce jeu des pronom elle le valorise, (il n'est pas comme les autres) et lui donne un destin Le lexique mélioratif et le jeu de l'implicite Elle met en avant des valeurs argumentatives fortes : Elle choisit, comme toutes les femmes dans le roman de Gaudé qui sont toutes des personnages positifs, à faire le choix de : [relevez le voc] les valeurs pragmatiques (pleurer ne sert à rien) les valeurs morales (tu dois autre chose à ton père) « je sais le voluptueux vertige » Bilan du II : Conclusion générale : Synthèse Ouverture les valeurs hédonistes (pleurer est une « volupté » mais une volupté dangereuse car elle aveugle et détourne la fierté, de l'action, de l'orgueil (« pleureuse »),, en un mot de la Vie.