introduction : qu`est-ce qu`une dissertation philosophique

INTRODUCTION : QU'EST-CE QU'UNE DISSERTATION PHILOSOPHIQUE ?
1) Fonction
On peut la définir par sa fonction : vous devez montrer que :
- vous êtes capable de raisonner
- d'utiliser vos connaissances
Je précise que tout élève de Terminale se doit d'avoir lu le début des "Instructions
concernant l'enseignement philosophique" d'Anatole de Monzie (2 septembre 1925), afin
de comprendre ce qu'on attend de lui; voici un extrait de ces instructions :
D'abord, voyons ce qui caractérise selon A. de Monzie l'enseignement philosophique
Français :
"Un des traits les plus importants qui caractérisent l'enseignement secondaire français
est l'établissement, au terme des études, d'un enseignement philosophique élémentaire,
mais ample et distinct, auquel une année est spécialement consacrée. Nous n'avons pas
à justifier ici une institution : elle n'est plus discutée aujourd'hui et n'a jamais été battue
en brèche que par les gouvernements hostiles à toute conception libérale. Nous nous
contenterons de rappeler le double service qu'on peut en attendre.
D'une part, il permet aux jeunes gens de mieux saisir, par cet effort intellectuel d'un
genre nouveau, la portée et la valeur des études mêmes, scientifiques et littéraires, qui
les ont occupés jusque-là, et d'en opérer en quelque sorte la synthèse.
D'autre part, au moment où ils vont quitter le lycée pour entrer dans la vie, et, d'abord,
se préparer par des études spéciales à des professions diverses, il est bon qu'ils soient
armés d'une méthode de réflexion, et de quelques principes généraux de vie intellectuelle
et morale qui les soutiennent dans cette existence nouvelle, qui fassent d'eux des
hommes de métier capables de voir au-delà du métier, des citoyens capables d'exercer le
jugement éclairé et indépendant que requiert une société démocratique."
Quel doit être, par conséquent, l'esprit de la dissertation? Voici ce qu'en dit le ministre,
dans le même texte :
"Les sujets en sont choisis de manière à permettre une utilisation du cours sous son
aspect nouveau, mais à en exclure une reproduction littérale. Si, même au baccalauréat,
on tend de plus en plus à éviter la simple "question de cours" trop favorable à la pure
mémoire et à poser de préférence un "problème" philosophique nouveau qui exige
l'intervention de la réflexion personnelle et en donne la mesure, à plus forte raison doit-il
en êtreainsi dans la classe. Ici, plus évidemment encore, la dissertation ne saurait se
réduire à vérifier les connaissances acquises : elle doit exercer les jeunes gens à élaborer
les idées, à les exposer avec ordre, à composer et à rédiger."
2) Qu'est-ce qu'un texte philosophique ?
Vous devez écrire un texte à teneur philosophique ; mieux vaut donc savoir ce qu'est un
texte philosophique !
a) Il se distingue aussi bien du texte littéraire et ou/ poétique que scientifique.
Les premiers s'adressent à l'imagination et à la sensibilité ; leur but est de créer une
fiction ; le troisième s'efface derrière les vérités qu'il expose. Le philosophe se situe entre
les deux : il s'adresse en effet d'abord à l'intelligence : il récuse en ceci le prestige de
l'imaginaire, se méfie de l'attrait des mots ; mais, contrairement au savant qui a pour but
exclusif la connaissance, il donne à penser plus qu'il ne prétend à nous apporter une
vérité établie , i.e., il suscite la réflexion, l'interrogation, voire la critique, du lecteur .
b) Il a trois caractéristiques :
- sa volonté de vérité : le texte philosophique s'adresse à l'intelligence au moyen de
raisonnements, il n'est ni poème ni prophétie, il ne revendique aucune illumination, ni
inspiration ; il est caractérisé par la volonté de saisir le vrai par la pensée
- son refus de l'anecdote, de l'inessentiel
- son caractère systématique : idées logiquement solidaires
I- ANALYSER LE SUJET
Rudimentaire : il faut toujours commencer par définir tous les termes du sujet et par
souligner les concepts centraux; c'est le seul moyen pour éviter le hors sujet.
II- DE LA QUESTION AU PROBLÈME
A partir de là, il va falloir questionner la question, la transformer en problème.
1) Le problème(comparaison avec le problème de physique)
Vous n'allez pas répondre à la question qui vous est posée de façon immédiate, tout
comme vous ne répondez pas immédiatement si on vous demande de résoudre un
problème de physique ou de mathématiques.
Exemple : supposons que l'on vous demande : " quelle est la vitesse à l'arrivée au sol
d'un corps qui tombe du premier étage de la Tour Eiffel ? "
Pour y répondre, vous devez connaître certains éléments : la hauteur du premier étage,
la nature de la chute, la valeur de l'accélération de la pesanteur à Paris.
Vous disposez de plus de certaines formules mettant en relation l'espace parcouru, le
temps mis à le parcourir, la vitesse. Ici, il s'agit non pas d'une question, mais d'un
problème (de physique).
Le problème requiert pour sa solution une technique appropriée, et suppose la
possession de tout un savoir préalable.
La solution du problème passe par plusieurs étapes et on considérera la réponse
insuffisante, même exacte, si les raisonnements qui vous permettent d'y aboutir ne sont
pas donnés.
Différence avec la philosophie : le problème scientifique peut être étudié de façon
objective, en ce qu'il ne nous concerne pas nous-mêmes, alors que la question
philosophie n'est jamais tout à fait détachée de celui qui la pose, car elle concerne ce qui
est essentiel pour l'homme ; de plus, le problème scientifique requiert une solution, la
question philosophie, une prise de position
NB : le problème est avant tout une difficulté, en science comme en philosophie ; mais
ce qui caractérise plus précisément le problème de philosophie, c'est que cette difficulté
prend la forme d'une alternative
2) Pourquoi cette obligation de transformer la question en problème?
Cf. fonction de la dissertation philosophique, la nature d'un texte de philosophie. En effet,
nous avons dit que la philosophie s'adresse à l'intelligence, ou à la raison.
Or, raisonner, c'est essentiellement mettre à distance ses préjugés, les opinions
communes ; pour ce faire, vous devez saisir ce qui fait problème dans la question. Vous
y répondez médiatement, en parcourant un certain nombre d'étapes.
Ces étapes consisteront (nous ne sommes pas en physique ou en math) à critiquer ou
discuter les solutions écartées. I.e. : vous devez justifier votre pensée (argumenter).
NB : Bien sûr, plusieurs questions peuvent être posées.
III- L'UTILISATION DES EXEMPLES
Défaut majeur de la plupart des copies : à partir d'une question, juxtaposer un grand
nombre d'exemples, sans dégager l'idée, l'essentiel ; rien n'est plus anti-philosophique
que cela !
1) Un défaut majeur des copies : l'accumulation d'exemples, le raisonnement à partir
d'exemples
A ne pas faire :
A la question : " Qu'est-ce que l'expérience ? ", répondre que, d'abord, il y a l'expérience
quotidienne ; ensuite, scientifique ; ensuite, morale ; ensuite, religieuse, etc.
Ou encore, raconter une suite d'exemples empruntés à des lieux communs : on parle de
l'homme préhistorique ; de l'enfant ; du primitif ; Hitler, Mussolini, Staline
2) La fonction de l'exemple est seulement illustratrice (Socrate : "qu'est-ce que le
beau?")
Tout ces exemples, en effet, n'éclairent pas beaucoup ! Il ne faut pas que l'exemple se
substitue à la pensée, il doit seulement l'illustrer. I.e. : un exemple n'est pas une idée.
Vous devez cherchez ce qu'il y a d'essentiel, comme le faisait Socrate, celui qui a
inauguré la réflexion philosophique et en a donc donné le critère majeur :
Platon, Hippias majeur : " Qu'est-ce que le beau ? " :
Socrate interroge ici le sophiste Hippias, qui fait profession d'enseigner ce qu'est le
beau. " Qu'est-ce que le beau, alors ? ", lui demande Socrate. Hippias répond à côté de
la plaque, en énumérant les belles choses : belles femmes, belles juments, bel
enterrement. A quoi Socrate répond : " belle marmite, aussi ! ". Hippias est victime de ce
qu'il a ouï dire, de ses expériences vagues, et il les raconte en guise de réponse. Pour
répondre correctement à la question, il faut poser la question : " qu'est-ce que ? " , i.e. :
pourquoi puis-je appeler belles ces choses si différentes ?
On veut des définitions, pas des images qui reflètent votre caractère, vos peurs, les
valeurs de votre société, etc.
Cela, parce que la philosophie :
- cherche à interroger nos préjugés (tout ce que nous prenons faussement, ou du moins
sans savoir pourquoi, pour des évidences, des faits)
- s'adresse avant tout à l'intelligence
3) L'induction, raisonnement logiquement non valide
Réfléchissons tout simplement sur le raisonnement implicitement à l'œuvre ici : n'est-ce
pas ce que nous nommons "l'induction"?
Le raisonnement inductif s'oppose au raisonnement déductif.
a) L'induction
Raisonnement qui consiste à partir des cas particuliers et à généraliser à partir d'eux.
Exemple :
(1) t1 est (y), t2 aussi, t3 aussi, … tx (y)
(2) donc tous les t sont verts.
b) La déduction
Raisonnement qui part du général pour aller vers le particulier. Et plus précisément, qui
part de propositions tenues pour vraies pour en tirer des inférences.
Exemple :
(1) tous les hommes sont mortels
(2) or, Socrate est un homme
(3) donc Socrate est mortel
NB : ce serait un raisonnement non valide si on avait dit " nombreux " au lieu de " tous
les ".
En général, on dit que la déduction est un raisonnement seulement formel, i.e., qui n'a
rien à voir avec le réel ; il est l'objet de la " logique ", science du raisonnement. Ce que
ne permet aucunement de savoir la déduction, c'est si les prémisses sont vraies ou non.
Tout ce qu'elle nous permet de dire, c'est que si elles sont vraies, alors, la conclusion
l'est aussi (i.e., de déduire des énoncés à partir d'autres énoncés).
Exemple :
(1) tous les chats ont cinq pattes
(2) Gromatou est mon chat
(3) Gromatou a cinq pattes
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