Socrate a consacré sa vie à la philosophie, pourtant Socrate n’a rien écrit, mais il nous a appris
à travailler sur la cohérence du raisonnement, il nous a fait prendre conscience que le
questionnement est le point de départ de la pensée. Ainsi, il nous a fourni des outils qui nous
permettent d’investir de sens les situations de notre vie, afin d’acquérir une plus grande
maîtrise et de soi, et d’aiguiser notre faculté de penser. Socrate, en ce sens nous apprend à
mieux vivre.
La philosophie par là même, n’est pas, de par sa nature, une discipline académique comme
l’on a coutume de la définir. Mais en s’interrogeant sur les questions fondamentales qui sont
inhérentes à la condition humaine, elle est aussi concrète. Interroger, questionner, mettre en
forme, expliciter des idées, mais sans jamais s’enfermer dans des réponses trop claires, trop
nettes, trop définies, tel est l’héritage socratique que le philo-thérapeute exploite. Il guide son
client dans sa recherche en le questionnant et en déduisant par une série de questions le
véritable enjeu ou la vraie problématique qui se cache derrière un malaise. Il ne peut et ne doit
en aucun cas donner des réponses comme des recettes qui nous permettraient de mieux vivre
ou de répondre à la pseudo question « qu’est – ce – que le bonheur ? ». Il doit au contraire
amener son client à comprendre que les réponses à ses questions, sont en lui. Chacun a sa
propre philosophie, et chacun est doté d’une faculté de penser ; or exercer sa faculté de
penser, c’est accéder à sa propre liberté, c’est, pour reprendre une fois de plus les mots de
Kant, sortir d’un «état de minorité »pour atteindre un « état de majorité » En d’autres termes,
c’est apprendre à penser par soi – même, refuser de se soumettre aux évidences du donné
sensible.
Mais si l’expérience de la pensée est celle de la communicabilité avec soi- même, c’est
également celle de la communicabilité avec autrui.
L’idée est donc de confronter l’accompagné avec les idées de nos pères, afin que ce dernier
s’approprie une perspective philosophique et dépasse souvent des interprétations souvent
confuses. L’enjeu n’est pas d’adopter les idées de Platon, Descartes, Kant ou Nietzsche, mais
de les analyser, de les évaluer afin de les digérer et de les adapter à soi. Ainsi, le philo-
thérapeute propose un cadre d’exploration permettant d’identifier et d’interpréter le problème
en jeu. L’initiation et l’invitation aux textes philosophiques permet d’adopter une perspective
philosophique et de venir à bout du problème posé.
C’est la plupart du temps une démarche qui s’inscrit à court terme. Déceler des idées à partir
d’un texte philosophique avec lesquelles on a des affinités permet de s’ouvrir à d’autres
directions, de prendre conscience qu'’il n’y a pas un sens à une chose, mais une infinité
d’interprétations pour une même chose, et que c’est cette multiplicité d’interprétations qui
prêtent à une situation donnée, son intelligibilité.
Ce travail sur soi, par le biais de la philosophie permet non seulement de résoudre certaines de
ses questions, mais nous apprend à nous éduquer pour dépasser des situations à venir qui
pourraient nous déstabiliser.
Il est vrai que les situations nous sont imposées : la maladie, la perte d’un proche, le sentiment
d’être trahi, car victime de l’infidélité de son conjoint, l’impossibilité d’établir une
communication avec ses enfants, le manque de reconnaissance dans son travail.
Pourtant, chaque situation, bien qu' ‘elle me soit la plupart du temps imposée, est la condition
même de ma liberté.
Nous choisirons le thème du travail pour expliciter notre propos.