noms des rues du flamand en français.
1. La domination française (1795-1815).
Poursuivant la politique entamée par le Directoire, qui a imposé le français comme seule
langue officielle (1795), le Consulat et l’Empire pratiqueront une politique de
francisation à outrance, faisant disparaître le flamand de l’administration, de la justice, de
l’enseignement, de la presse, etc. La connaissance de la langue française s’imposera dès lors
comme une condition sine qua non de promotion sociale. Les écoles comme la bourgeoisie
flamande adoptent, bon gré, mal gré, le français.
2. Le régime hollandais (1815-1830).
A son tour, la domination hollandaise va venir modifier la donne de manière autoritaire
dans le domaine des langues. Dès 1822 (en vertu d’un décret de 1819), les régions de
langue flamande se verront imposer le néerlandais comme unique langue officielle, et
la connaissance de cette langue sera même obligatoire pour l’exercice d’une profession
libérale en Wallonie.
L’opposition à cette néerlandisation recueillera une quasi unanimité dans les provinces
belges. Elle viendra en particulier, en pays flamand, des classes supérieures déjà francisées,
mais aussi des fonctionnaires et des enseignants, pour qui la langue néerlandaise, presque
aussi étrangère que le français, ne fait pas le poids à côté de ce dernier dans une perspective
de promotion sociale et d’ouverture au monde, à l’échelle nationale et internationale ; elle
sera en outre relayée par le clergé catholique, qui redoute que le néerlandais ne devienne le
véhicule du calvinisme.
D. L’avènement d’un Etat-nation centralisé avec langue officielle unique (1830).
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La Constitution du nouvel Etat belge, confirmant une mesure déjà prise par le Gouvernement
provisoire (décret du 16 novembre 1830), instaure le français comme seule langue
officielle. Il est néanmoins stipulé que, dans les régions où cela s’impose, les publications
par affichage seront accompagnées d’une traduction en flamand ou en allemand, et que l’usage
des langues demeure libre dans les rapports des citoyens avec l’administration. On notera
cependant que, dans le domaine judiciaire, cette liberté est conditionnée par le fait que la
langue utilisée par les citoyens soit comprise des juges et des avocats ; et que, dans l’ensei-
gnement, l’usage du flamand n’est pas autorisé au-delà de l’école primaire.
Bien loin de représenter une manoeuvre d’éviction du flamand et de l’allemand, l‘imposition
du français comme langue officielle unique s’explique par plusieurs facteurs d’ordre interne et
externe :
1) Le français est la langue pratiquée par la bourgeoisie censitaire qui domine le nouvel Etat.
Son choix est la confirmation d’un fait culturel et social : en dépit des tentatives de
Guillaume Ier, il constitue encore, en 1830, la seule langue de culture de toute la
Belgique, où la francisation a été beaucoup plus poussée que dans n’importe quel autre
pays. Cette situation, d’ailleurs, ne présente rien de choquant aux yeux des contempo-
rains, même dans le nord du pays.
2) A l’opposé des langues flamande et allemande - dont l’usage, variable selon les
provinces et même les districts, rend impossible la rédaction d’un texte officiel dans ces
langues -, le français apparaît comme un élément d’union, ce qui, dans l’esprit des
dirigeants, justifie son imposition à un double titre :
- pour étendre et renforcer le sentiment national dans la population belge. Ceci répond à
une nécessité non seulement de politique intérieure, mais aussi de crédibilité vis-à-vis de
l’extérieur (car ce sentiment national est souvent nié à l’étranger).
- pour rationaliser l’administration, une langue officielle unique devant faciliter et rendre
plus économique le fonctionnement des rouages administratifs.
3) A l’échelon international, la langue française reste non seulement le moyen privilégié
d’expression des classes aisées en Europe, mais aussi le véhicule des principales
transactions économiques, la langue de la politique et de la diplomatie. Le prestige du
français est encore incontesté - et il le restera tant que le courant romantique n’aura pas
diffusé en profondeur ses aspirations nationalistes dans une perspective historique.
N.B. En l’absence de statistiques, bien peu de gens se faisaient une idée exacte de la