LA QUESTION FLAMANDE. N.B. Les termes employés n`ont pas

LA QUESTION FLAMANDE.
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N.B. Les termes employés n’ont pas toujours recouvert les mêmes réalités. Ainsi Flandre (au
singulier ou au pluriel) et flamand s’appliquent généralement, jusqu’à la Révolution
française et même au-delà, à l’ensemble de nos régions du fait que le comté de Flandre est
apparu le premier comme la région la plus riche et la plus rayonnante aux plans matériel et
culturel. Quant au mot flamingant, il servait tout simplement, et sans la moindre acception
militante ou péjorative, à qualifier les régions du comté de Flandre (et en particulier les parties
conquises par Louis XIV) où l’on parlait le flamand. De nos jours, si l’on veut éviter autant
que possible l’équivoque et la récupération politique, il vaut mieux parler de pays flamand que
de Flandre, surtout pour les Flamands qui n’habitent pas une des deux provinces belges de ce
nom.
I. LES ANTECEDENTS JUSQUE 1834.
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A. Aux origines : la répartition des parlers en Belgique aux débuts du Moyen Age ; formation
progressive de la frontière linguistique (IVe - VIIIe siècle).
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1. Une romanisation moindre.
Suite à la conquête de la Gaule par les Romains (58-50 av.J.C. ; Jules César), les tribus
belges (arrivées vers 300 av.J.C. avec la dernière vague des migrations celtiques d’est en
ouest) - déjà en partie mêlées à des éléments germaniques intégrés en cours de route - se
sont peu à peu romanisées, surtout au niveau des élites (administration, justice, commerce,
théâtre, écoles…). Ce mouvement de romanisation, déjà moins puissant dans les régions
septentrionales éloignées de Rome (France au nord de la Loire, Belgique, sud de
l’Allemagne), a eu beaucoup moins d’impact dans le nord de nos régions, un territoire assez
inhospitalier (terres marécageuses et inondables des deux Flandres, lande de Campine) où
la population gallo-romaine était moins nombreuse.
2. Une germanisation plus intense.
Sur ces régions éloignées situées aux extrémités nord-ouest de l’Empire romain, les tribus
germaniques contenues de l’autre côté (rive droite) du Rhin exerçaient depuis longtemps une
forte pression. C’est ainsi qu’on assistera à des infiltrations plus ou moins pacifiques, à
des installations légales (Francs saliens établis en 358 par Julien l’Apostat comme colons-
soldats en Taxandrie - Campine anversoise et limbourgeoise) puis - vers 406, en
contrecoup de la pression des peuples fuyant les Huns - à des invasions. Celles-ci seront,
pour ce qui nous concerne, essentiellement le fait :
- à l’est, des Francs ripuaires (précédemment établis sur les rives du Rhin moyen), à
l’origine de la langue allemande ;
- au nord, des Francs saliens (venus de la région de l’Yssel, où ils avaient envahi les deltas
de la Meuse et du Rhin) - à l’origine du flamand - ;
- au nord-ouest, de pirates saxons et frisons débarqués plus tard (fin Ve s. ?) sur le
littoral de la mer du Nord.
En s’installant à demeure dans nos régions, les peuplades germaniques venues de l’est et du
nord vont peupler massivement ces contrées, alors que plus à l’ouest et au sud elles se
trouveront confrontées à des populations autochtones (Gallo-Romains) plus nombreuses ;
c’est ainsi que dans le sud l’élément germanique, minoritaire, va - tout en jouant un rôle
non négligeable - s’intégrer et se fondre (aux plans démographique, culturel et linguistique),
alors qu’il va s’imposer dans le nord.
N.B. Outre le facteur démographique, on peut relever le rôle joué - dans une moindre
mesure et avec moins de certitude - par la route stratégique Bavai-Cologne, dont les
éléments défensifs (fortins) ont pu être dissuasifs pour les envahisseurs.
3. L’action de l’Eglise.
La limite linguistique qui s’est ainsi petit à petit mise en place se modifiera encore quelque
peu dans les siècles suivants, et cela par suite de l’action de l’Eglise : mouvement mission-
naire d’évangélisation, création d’abbayes, implantation ou déménagement de sièges
épiscopaux.
- à l’ouest (nord de la France actuelle), la limite va se relever vers le nord au profit des
parlers romans. Ce processus doit avoir été influencé par l’établissement d’évêchés à
Arras (vers 400), à Tournai (vers 500) et à Cambrai (vers 580), de même que par
l’évangélisation venant de la Gaule romaine.
- à l’est au contraire (Limbourg actuel), la limite va descendre vers le sud au profit des
parlers germaniques. On relèvera ici le transfert, vers 715, du siège épiscopal de
Maestricht (où il avait été établi en 535, en provenance de Tongres créé vers 350) vers
Liège.
On notera qu’à la fin du IXe siècle, le Comté de Flandre ne formait nullement un tout ethniquement ni
linguistiquement homogène : les habitants y parlaient des dialectes soit romans soit germaniques, et ils
descendaient de tribus différentes - franques, saxonnes ou frisonnes, voire celtiques -, plus ou moins
mélangées selon les endroits. D’autre part, la limite linguistique lentement formée au cours des premiers
siècles du Moyen Age n’a jamais, avant le XXe siècle, coïncidé avec les limites de circonscriptions
administratives ou judiciaires, pas plus qu’elle n’a été désignée sous le nom (admis par extension mais
quelque peu excessif) de frontière. Son existence et son tracé - un peu faussé par endroits pour des raisons
bassement électorales par certains partis politiques de l’époque - ont été consacrés par la Loi en 1932
seulement.
B. L’absence de problème jusqu’au milieu du XVIIIe siècle.
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Au Moyen Age et aux Temps modernes, l’essor d’un militantisme culturel ou politique
flamand - comme, d’ailleurs, wallon - était impensable, et cela pour plusieurs raisons.
1. Le facteur linguistique.
Dans nos régions, au nord comme au sud, on parle des dialectes variés ; il n’existe aucune
unité. Le morcellement politique qui les a longtemps affectées explique en outre que toutes
nos principautés étaient bilingues (et même trilingue pour la Principauté de Liège, qui
englobait le comté de Looz, équivalent, en gros, du Limbourg actuel), à la seule exception du
Comté de Namur.
De plus, jamais, sous l’Ancien Régime, les circonscriptions politiques et administratives
officielles n’ont coïncidé, on l’a vu, avec des délimitations linguistiques.
La seule langue normalisée (c’est-à-dire régie par des normes fixes et invariables d’une région
à l’autre) fut le français, qui s’est peu à peu imposé de lui-même comme langue du pou-
voir, de la culture, des relations diplomatiques et du commerce, jouant un peu le rôle dévolu de
nos jours à l’anglais. Cette pénétration pacifique et spontanée de la langue française résulte
d’un certain nombre de facteurs favorables :
- la suzeraineté française sur le Comté de Flandre (jusque 1529) ;
- le gouvernement des ducs de Bourgogne (1384-1482) ;
- à partir de la seconde moitié du XVIIe, et surtout du XVIIIe siècle, l’intense
rayonnement de la civilisation française à travers toute l’Europe cultivée.
Une illustration de la prépondérance du français nous est donnée dès le Moyen Age avec
l’adoption de cette langue (au détriment du latin usité jusque-là) par la chancellerie du
comte de Flandre au XIIe siècle (le français restera seule langue administrative jusqu’au
milieu du XIIIe s.), et par celle du comte de Luxembourg au XIIIe siècle (au détriment, ici, de
l’allemand).
N.B. L’allemand aurait certes pu jouer ce rôle, d’autant que, pour l’essentiel, nos
princes étaient vassaux de l’empereur. Cependant, cette langue a connu une normalisation
plus tardive ; il faut ajouter à cela le déclin du Saint-Empire à l’ouest, du fait des conflits avec
l’Italie (Papauté, villes) et aussi du morcellement politique et de l’autonomisme qui a long-
temps handicapé cet Etat. Quant au néerlandais, sa normalisation sera plus tardive encore
(XVIIe siècle) et il restera cantonné aux Provinces-Unies (actuels Pays-Bas) ; cette situation
sera renforcée par l’opposition religieuse entre ces provinces calvinistes (arrachées à la
domination espagnole par la révolution du XVIe siècle) et nos régions restées catholiques,
mais aussi par la méfiance que suscitait pour nos souverains absolutistes le régime assez libéral en
vigueur chez nos voisins du nord. Notons en passant que l'incompréhension ira croissant entre les deux
peuples, alimentée notamment par le mépris des Néerlandais pour les Belges, soumis au double
absolutisme de la Papauté et de la monarchie, ainsi que par la jalousie des Belges face à la prospérité
des Provinces-Unies..
2. Le facteur social.
La diffusion du français a été longtemps extrêmement restreinte, et elle s’est faite très
progressivement. Elle n’a affecté que les élites et les milieux sociaux en relation avec elles. Il
s’agit d’abord de la société politique, c’est-à-dire de la minorité associée au pouvoir : ministères,
administration centrale et régionale, haut clergé, haute noblesse et haute bourgeoisie ; à ces milieux il
faut ajouter tout ce qui gravite autour : fournisseurs, artisans, artistes, intellectuels, juristes, savants,
médecins, etc.
3. Le facteur politique.
a) Si l’usage du français s’est progressivement imposé aux échelons supérieurs de
l’administration - pour les raisons évoquées plus haut, et par un souci évident d’efficacité -,
nos gouvernants, notamment dans leurs rapports administratifs avec les communautés locales
(villes, paroisses) et dans l’exercice de la justice, ont toujours eu soin de communiquer dans
la langue de leurs administrés. Les dominations étrangères successives, même centralisa-
trices (Habsbourg d’Espagne puis d’Autriche) n’ont sans doute jamais pu, ni même voulu
unifier nos régions sur le plan linguistique : elles ont maintenu une situation de fait.
b) La quasi absence de politisation de nos populations d’Ancien Régime est également à
prendre en compte. Une mentalité conservatrice et particulariste, liée à une certaine
indifférence politique du fait des dominations étrangères et de la faible participation au
pouvoir, tout cela était inconciliable avec la prise de conscience de solidarités culturelles et
linguistiques.
Il faudra attendre la Révolution française (notion de souveraineté nationale) et l’essor des
mouvements nationalistes dans le contexte romantique (exaltation de la collectivité fière de
ses racines et de ses spécificités), mais aussi les premières mesures autoritaires en matière
linguistique, pour voir changer progressivement les mentalités. Cependant, jamais l’élément
linguistique ne suffira à lui seul à déclencher le militantisme.
C. Les premières mesures autoritaires dans le domaine linguistique.
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Introduction.
Au XVIIIe siècle, la prépondérance politique et économique de la France a pour corollaire une
prépondérance culturelle à l’échelle de toute l’Europe. Dans nos régions alors gouvernées par
les Habsbourg de Vienne, cette prépondérance ne fera que se renforcer parallèlement au long
déclin de la culture flamande (une bonne partie des élites flamandes avait émigré aux
Provinces-Unies lors de la révolution du XVIe siècle contre la domination espagnole) - et
cela en dépit des premiers efforts de normalisation de la langue (Des Roches, Nieuwe
Niederduytsche Spraekkunst, Anvers, 1761) et de certaines lamentations isolées sur la
déconsidération de la langue maternelle (Verlooy [ avocat bruxellois, futur jacobin et partisan
de l’annexion de nos régions par la France ! ], Verhandeling op d’Onacht der moederlyke
tael in de Nederlanden, Maestricht, 1788).
L’intense rayonnement de la civilisation française va peu à peu amener l’élément linguistique
à devenir un critère de différenciation sociale. Le français, langue de communication et de
culture des couches supérieures de la population, s’oppose aux dialectes (flamands au nord,
wallons au sud) qui restent d’usage pour les couches inférieures, entre elles comme dans leurs
rapports avec les classes supérieures.
N.B. Le cas crucial est déjà celui de Bruxelles, où le français progresse sensiblement tout en
demeurant le fait d’une minorité (inférieure à 15 % selon H. Hasquin). Le mouve-
ment de francisation - favorisé par la présence de la Cour - impose sa marque jusque
dans la géographie, avec l’opposition entre le haut de la ville où domine le français et le
bas de la ville où persiste l’usage dialectal ou patoisant. On notera en passant que déjà
à cette époque on commence à traduire - de façon souvent fantaisiste d’ailleurs - les
noms des rues du flamand en français.
1. La domination française (1795-1815).
Poursuivant la politique entamée par le Directoire, qui a imposé le français comme seule
langue officielle (1795), le Consulat et l’Empire pratiqueront une politique de
francisation à outrance, faisant disparaître le flamand de l’administration, de la justice, de
l’enseignement, de la presse, etc. La connaissance de la langue française s’imposera dès lors
comme une condition sine qua non de promotion sociale. Les écoles comme la bourgeoisie
flamande adoptent, bon gré, mal gré, le français.
2. Le régime hollandais (1815-1830).
A son tour, la domination hollandaise va venir modifier la donne de manière autoritaire
dans le domaine des langues. Dès 1822 (en vertu d’un décret de 1819), les régions de
langue flamande se verront imposer le néerlandais comme unique langue officielle, et
la connaissance de cette langue sera même obligatoire pour l’exercice d’une profession
libérale en Wallonie.
L’opposition à cette néerlandisation recueillera une quasi unanimité dans les provinces
belges. Elle viendra en particulier, en pays flamand, des classes supérieures déjà francisées,
mais aussi des fonctionnaires et des enseignants, pour qui la langue néerlandaise, presque
aussi étrangère que le français, ne fait pas le poids à côté de ce dernier dans une perspective
de promotion sociale et d’ouverture au monde, à l’échelle nationale et internationale ; elle
sera en outre relayée par le clergé catholique, qui redoute que le néerlandais ne devienne le
véhicule du calvinisme.
D. Lavènement d’un Etat-nation centralisé avec langue officielle unique (1830).
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La Constitution du nouvel Etat belge, confirmant une mesure déjà prise par le Gouvernement
provisoire (décret du 16 novembre 1830), instaure le français comme seule langue
officielle. Il est néanmoins stipulé que, dans les régions où cela s’impose, les publications
par affichage seront accompagnées d’une traduction en flamand ou en allemand, et que l’usage
des langues demeure libre dans les rapports des citoyens avec l’administration. On notera
cependant que, dans le domaine judiciaire, cette liberté est conditionnée par le fait que la
langue utilisée par les citoyens soit comprise des juges et des avocats ; et que, dans l’ensei-
gnement, l’usage du flamand n’est pas autorisé au-delà de l’école primaire.
Bien loin de représenter une manoeuvre d’éviction du flamand et de l’allemand, l‘imposition
du français comme langue officielle unique s’explique par plusieurs facteurs d’ordre interne et
externe :
1) Le français est la langue pratiquée par la bourgeoisie censitaire qui domine le nouvel Etat.
Son choix est la confirmation d’un fait culturel et social : en dépit des tentatives de
Guillaume Ier, il constitue encore, en 1830, la seule langue de culture de toute la
Belgique, où la francisation a été beaucoup plus poussée que dans n’importe quel autre
pays. Cette situation, d’ailleurs, ne présente rien de choquant aux yeux des contempo-
rains, même dans le nord du pays.
2) A l’opposé des langues flamande et allemande - dont l’usage, variable selon les
provinces et même les districts, rend impossible la rédaction d’un texte officiel dans ces
langues -, le français apparaît comme un élément d’union, ce qui, dans l’esprit des
dirigeants, justifie son imposition à un double titre :
- pour étendre et renforcer le sentiment national dans la population belge. Ceci répond à
une nécessité non seulement de politique intérieure, mais aussi de crédibilité vis-à-vis de
l’extérieur (car ce sentiment national est souvent nié à l’étranger).
- pour rationaliser l’administration, une langue officielle unique devant faciliter et rendre
plus économique le fonctionnement des rouages administratifs.
3) A l’échelon international, la langue française reste non seulement le moyen privilégié
d’expression des classes aisées en Europe, mais aussi le véhicule des principales
transactions économiques, la langue de la politique et de la diplomatie. Le prestige du
français est encore incontesté - et il le restera tant que le courant romantique n’aura pas
diffusé en profondeur ses aspirations nationalistes dans une perspective historique.
N.B. En l’absence de statistiques, bien peu de gens se faisaient une idée exacte de la
situation linguistique dans nos provinces. Il faudra attendre le premier recensement
national (1846) pour apprendre que, sur l’ensemble des citoyens belges,
2 471 248 parlaient le flamand, et 1 827 141 le français. Cependant, il vaudrait mieux
dire qu’une bonne majorité de la population, établie au nord de la vieille frontière
linguistique, parlait surtout des flamands ; que la plupart du restant parlait surtout des
wallons ; et que dans les deux régions, mais surtout au sud et à Bruxelles, une partie de
la population (bourgeoisie censitaire et une partie des classes moyennes, soit en tout
10 à 15 % de la population totale) parlait le français, exclusivement ou
principalement.
II. LES GRANDES ETAPES DU MOUVEMENT FLAMAND.
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L’émergence d’un nationalisme flamand s’explique bien sûr par l’instauration d’un Etat belge
unitaire dominé par une élite francophone, mais il serait erroné de prendre ce seul facteur en
considération. En effet, il faut également tenir compte de la diffusion des valeurs mises en avant
par la Révolution française (liberté, égalité, justice, souveraineté nationale) ; de la nouvelle
sensibilité liée au mouvement romantique (retour aux sources, intérêt pour l’histoire, exaltation
des héros populaires, sentiment patriotique) ; enfin, des bouleversements économiques et
sociaux produits par la révolution industrielle.
A. 1834 - 1861 : mouvement intellectuel et romantique pour la promotion de la langue et de la
culture flamandes.
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* 1834 : Jan Frans WILLEMS (1793-1846), poète, écrivain et philologue flamand, publie son Reinaert de
Vos (roman satirique du médecin gantois WILLEM, XIIIe siècle) ; sa préface est un des premiers
manifestes du flamingantisme.
Dans un premier temps, le flamingantisme (c’est-à-dire l’activisme ou militantisme en faveur de la cause
flamande) prend la forme d’actions de sensibilisation visant surtout les couches moyennes de la
population ; celles-ci ressentent souvent la nostalgie de particularismes menacés par la centralisation. A
ce stade, les principaux acteurs sont :
- des philologues, historiens ou écrivains (cf. les romans populaires d’Hendrik Conscience,
1812-1883) qui, dans la mouvance romantique, prêchent un retour aux sources, à
l’authenticité, et travaillent à une uniformisation (normalisation) de la langue.
- des fonctionnaires et des enseignants orangistes.
- le bas clergé proche du peuple. Il voit dans la défense du flamand une protection autant
contre le néerlandais (perçu comme véhicule potentiel du calvinisme, majoritaire aux
Pays-Bas) que contre le français - susceptible de véhiculer une idéologie perçue comme
révolutionnaire, et une morale en rupture avec l’enseignement traditionnel de l’Eglise.
B. 1861 - 1873 : mouvement social et populaire, relayé par une action politique, pour
l’émancipation culturelle et linguistique.
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* 1861 : création du Nederduitsche Bond (Anvers), association politique (1861-1914), groupe de pression
démocratique et flamingant, puis du Vlaemsch Verbond (Bruxelles), pour coordonner l’action des
flamingants au sein de leurs partis respectifs.
* 1862 : création à Anvers du Meetingpartij, défendant les revendications flamandes avec le soutien des
catholiques (premier député en 1863).
* 1863 : uniformisation orthographique entre la Belgique flamande et les Pays-Bas.
Jusque-là confiné dans les sphères culturellement privilégiées de la société flamande, le
flamingantisme va, à partir des années soixante du XIXe siècle, prendre une dimension sociale, et
même populaire, et parvenir sur la scène politique.
1. Facteurs externes.
a) Au plan économique, les progrès autant que les problèmes engendrés par la révolution
industrielle vont alimenter le débat. En dehors de Gand (industrie textile) et d’Anvers
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