Yamim Noraïm
La notion de yamim noraïm (hébreu ימים נוראים, « jours redoutables ») a été
développée par des sources juives médiévales distinctes, pour définir trois périodes
de signification voisine, mais de durée différente :
au sens restreint, il s’agit des fêtes solennelles du début de l’année civile juive,
c’est-à-dire Rosh Hashana et Yom Kippour.
dans un sens plus large, et plus courant, c’est la période de dix jours depuis le
nouvel an hébreu Rosh Hashana jusqu’au jour du Yom Kippour, également
connue comme les dix jours de pénitence.
au sens le plus large, on inclut les jours où l’on dit les seli’hot, c’est-à-dire
depuis le début du mois de Eloul. Ceci correspond aux quarante jours passés par
Moïse sur le Sinaï pour réécrire les Tables de la Loi, suite au péché du Veau d’or.
Origine du concept
Le mot nora (Hébreu נורא) signifie, dans ce contexte, une appréhension, ou l’éveil
d’une crainte respectueuse, et se réfère à la tradition d’Israël selon laquelle le
tribunal céleste siège en ces jours, rendant son jugement quant au destin de chacun.
Dans la Bible hébraïque, l’épithète Nora est souvent associé à Dieu :
Psaumes 47:3 : « Car l’Éternel, le Très-Haut, est redoutable (nora) »
Juges 13:6 : « Un homme de Dieu est venu vers moi, et son aspect, comme
l’aspect de Dieu était très- redoutable (nora meod)’ ».
Ce sont des jours de remise en question de soi et de repentir, de tsedaqa et de
prière, car ces trois instances annulent selon la tradition tous les mauvais décrets.
Autres caractéristiques de ces jours
Les Jours Redoutables ont, de tout temps, vu la plus grande affluence annuelle de
Juifs à la synagogue. Dans les responsa du Tzemah Tzedek (Even HaEzer 117) est
présenté un cas de doute quant des noces qui se seraient tenues lorsque des
pénitents se seraient rendus en ville en l’honneur des Yamim Noraïm, afin de pouvoir
constituer un minyan. Dans un autre responsum du même auteur (Ora’h Hayim 20), il
est discuté de la pression (due à l’affluence) dans le ‘Ezrat haNashim (région du
Temple réservée aux femmes) à cette époque.
Il est aussi stipulé dans la Halakha que lorsqu’il y a un minyan restreint (c’est-à-dire
composé de dix personnes à peine), il est interdit lors des Yamim Noraïm de se
dérober à l’obligation de participer au minyan, ou de louer quelqu’un pour qu’il y
participe à sa place, afin qu’il participe au minyan. (Shoulhan Aroukh HaRav, Ora’h
Hayim 55)
D’aucuns distinguent entre les célébrations mentionnées dans la Torah comme Jours
Redoutables (Rosh Hashana et Yom Kippour), au cours desquelles la foi s’éveille
dans les pleurs et l’amertume, et les célébrations des « Jours de Joie » (les Trois
Festivals), au cours desquelles la foi s’éveille dans la joie et les danses.
Les Jours Redoutables possèdent leur liturgie propre, tant dans la lecture de la
Torah que dans celle des prières.