Chronologie de l`histoire byzantine du XIe au XVe siècle

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L'Empire byzantin aux XIe et XIIe
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Première partie : l'état de l'Empire
byzantin au XIe siècle
1. Constantinople, capitale de l'Empire byzantin
1. Organisation de la ville
2. Les symboles du pouvoir
3. Évolution de la ville
2. Le pouvoir dans l'Empire byzantin
1. Une théocratie
2. La vie politique dans l'Empire byzantin
1. Les acteurs de la vie politique
2. Le pouvoir à Byzance
3. L'organisation du clergé
1. La hiérarchie
2. Les moines
3. Le schisme de 1054
3. La situation économique et sociale
1. La présence italienne
2. Les tensions internes
En 1081, le parti féodal triomphe définitivement avec l'arrivée au pouvoir d'Alexis Comnène.
Avec lui, le parti militaire et l'aristocratie foncière provinciale triomphent du parti
bureaucratique de la capitale. Alexis doit son élévation à sa gloire militaire, et sa famille fait
partie des grands propriétaires terriens d'Asie Mineure.
A- Constantinople, capitale de l'Empire byzantin
1- Organisation de la ville
La Constantinople médiévale est une ville sans faubourgs, pour d'évidentes raisons de sécurité,
puisque jusqu'en 1204, ses plus redoutables ennemis s'attaquent à elle par voie terrestre. Le
voyageur qui arrive des monotones plaines thraces voit soudain se dresser ses imposantes
murailles ponctuées de portes monumentales fortifiées, telles qu'elles existaient déjà au temps
de Théodose (379-395). On n'y apporta que des retouches assez modestes, surtout le complexe
fortifié du palais des Blachernes, tout au nord, construit sous Alexis Comnène (1081-1118).
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C'est la mer qui marque toute la ville. La façade sud est parsemée d'une dizaine de petits ports
dont le rôle économique est considérable puisque ce sont eux qui nourrissent tous les quartiers
sud de la ville.
La Corne d'Or, au nord, est de loin son port le plus important et le plus accessible. C'est une baie
longue de 11 kilomètres et large en moyenne de 400 mètres, qui débouche sur la confluence du
Bosphore et de la mer de Marmara. Elle borde les quartiers septentrionaux de la ville, qu'elle
sépare de ses quartiers européens, dont le plus important est Péra, l'actuelle Galata. Il n'y a pas
de pont, mais elle est barrée d'une chaîne que l'on tend en cas d'alerte (au moins jusqu'au XIVe
siècle).
Avec les petites rivières qui s'y jettent, la Corne d'Or est une importante réserve d'eau douce,
bien que la ville soit parcourue d'aqueducs débouchant sur des réservoirs, les nymphées, où
chacun pouvait se fournir en eau. Le grand aqueduc de Valens (364-378), construit en 368 et
encore en usage aujourd'hui, aboutissait au plus prestigieux des nymphées, au centre de la ville,
sur le forum Tauri. Il en partait tout un lacis de conduites souterraines qui menaient à
d'innombrables citernes couvertes ou à ciel ouvert, où se conservait l'eau pour la saison sèche.
2- Les symboles du pouvoir
Tout ce qui compte dans la ville est rassemblé à l'extrême sud-est de la péninsule triangulaire :
l'énorme ensemble du Grand Palais, inlassablement amplifié depuis Constantin jusqu'au Xe siècle,
y voisine avec la basilique Sainte-Sophie et le Patriarcat. Cette proximité illustre l'intrication qui
mêle à Byzance le politique et le religieux.
À côté de ses apparitions à l'hippodrome, l'empereur parcourt sa capitale au rythme des fêtes
civiles et religieuses et des principaux épisodes de son règne, en empruntant la grande rue qui
gagne la ville à partir de l'Augustéon (esplanade qu'encadrent les complexes impériaux et
patriarcaux). Appelée la Mésè (la «Médiane») parce qu'elle est encadrée tout au long par un
portique à deux étages, elle est parsemée de haltes rituelles lors des processions : Le forum de
Constantin, puis celui de Théodose, le plus grand de tous, communément appelé le forum du
Taureau; la Mésè longe ensuite un temps l'aqueduc Valens, avant de se dédoubler :
la branche qui monte vers le nord, en passant par la basilique des Saints-Apôtres avant de
gagner la porte d'Andrinople et le quartier des Blachernes, a une fonction nettement
religieuse : Les Saints-Apôtres sont le panthéon des empereurs byzantins, et Sainte-
Marie des Blachernes, longtemps demeurée en dehors des murs, conserve l'icône la plus
révérée de l'Empire, celle de la Mère de Dieu, protectrice suprême de la ville.
la branche qui va vers le sud-ouest est un itinéraire impérial, jalonné par les fora du
Boeuf et d'Arcadius, puis la basilique de Saint-Jean-de-Stroudios, avant d'atteindre la
Porte d'Or, que défend le château des Sept-Tours : c'est à l'Hebdomon, esplanade que
domine cette porte, que le nouvel empereur est élevé sur un pavois avant d'être conduit à
Sainte-Sophie où il est couronné par le Patriarche.
C'est la Mésè qui sert au triomphe impérial lors des victoires, selon le vieux rite romain.
3- Évolution de la ville
Constantinople est une ville cosmopolite, où les différentes nationalités vivent mêlées, même si
certains (arméniens, juifs, musulmans) ont tendance à se regrouper autour du symbole de leur
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culture. C'est pourquoi l'assignation de quartiers spécifiques aux grandes communes italiennes et
à d'autres Latins (Français, Anglais, Allemands) est une grande nouveauté.
À la fin du XIe siècle, le pouvoir commence à abandonner progressivement le centre palatin de la
ville pour s'installer, dès le règne d'Alexis Comnène, dans un nouveau palais situé dans l'ancien
faubourg des Blachernes, à l'extrémité nord de la ville, et désormais intégré au système fortifié.
Ce déplacement est doublement stratégique :
C'est une époque de grandes difficultés militaires, et le nouveau palais assure une liberté
de manoeuvre que ne donnait pas le Grand Palais (proximité de la Corne d'Or en son point
le plus étroit).
C'est aussi une période d'instabilité politique : le palais domine la ville, au lieu de s'y
trouver bloqué.
Constantinople est plutôt un ensemble de quartiers très longtemps indépendants les uns des
autres et qui ne tendent que progressivement à se souder, laissant entre eux de nombreux
espaces verts, voire des vergers et des terres cultivées. La densité inégale de l'espace urbain
resta toujours caractéristique d'une capitale qui, à travers les siècles, connut de nombreuses et
brutales fluctuations de sa population. Au début du XIe siècle, elle avait peut-être retrouvé le
chiffre du VIe siècle (400 000 habitants), mais ce qui est sûr, c'est que vers 1204 elle ne
dépassait guère les 200 000 habitants.
Depuis la Grande Peste de 1348, les retours d'épidémies se multiplient (en particulier en 1366)
jusqu'à la conquête ottomane, cependant que les tremblements de terre viennent décourager les
efforts de reconstruction. Personne ne peut vraiment chiffrer la population de Constantinople en
1453, mais on peut admettre que 75 000 est un maximum.
Grande Peste : Elle se répandit d'Asie centrale (1337-1339) vers la Chine, elle aurait fait 13
millions de victimes, l'Inde et l'Europe. Apparue en Europe en 1347, elle détruisit l'armée de la
Horde d'Or (Mongols) qui assiégeait les Génois à Caffa (Crimée), puis l'épidémie gagna la Sicile
et l'Italie, la France et l'Espagne (1348). En 1349, elle se propagea en Allemagne, en Europe
centrale puis en Angleterre (où la population fut atteinte dans des proportions effrayantes :
28%, et encore 13% en 1375). Selon les estimations, l'Europe perdit environ 25 milllions
d'habitants et l'Asie autant.
B- Le pouvoir dans l'Empire byzantin
1- Une théocratie
Plus que le représentant de Dieu sur terre, l'empereur en est l'équivalent terrestre. L'empereur
est la création de Dieu, choisi par lui pour exercer sa volonté; si Dieu choisit qui il veut pour
empereur, sans ses soucier d'une quelconque origine sociale, il peut aussi le repousser
brutalement, dans le cas le souverain s'est montré indigne de sa mission. Être fils d'empereur
ne donne donc en soi aucun droit à régner. Cependant, au XI l'histoire de l'Empire est assez
longue pour que le souci de stabilité politique ait imprégné la doctrine. C'est surtout l'oeuvre de
la longue dynastie macédonienne (867-1056). On admet alors implicitement que c'est une famille,
et non plus un individu, que Dieu a choisis.
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L'empereur est couronné par le Patriarche; il est alors protégé par Dieu. Le pouvoir de
l'empereur est limité par le droit canon; il a la responsabilité de l'Église, pourchasse les
hérétiques et dirige les synodes.
Le système théocratique est un moyen d'assurer la cohésion d'un ensemble de peuples
hétéroclites, de communautés semi-autonomes, sous l'autorité d'un guide suprême dont le
pouvoir ne saurait procéder des hommes. Le pouvoir impérial à Byzance se veut universel et
oecuménique; il a donc vocation à absorber tous les peuples de la terre, l'empereur n'ayant pas
d'égal. Il revendique une autorité sur l'ensemble des peuples.
L'empereur est le basileus. C'est le successeur de Constantin qui a reçu le titre de Treizième
apôtre. L'empereur réunit en lui un double tradition : tout d'abord la tradition romaine devenue
très complexe (transmission héréditaire du pouvoir); cependant l'empereur peut aussi être choisi
par le peuple, par le Sénat, par l'armée, ce qui contrarie le principe dynastique.
Grâce à de très anciennes liaisons avec la lignée macédonienne qui vient de s'éteindre, c'est la
famille des Doukas qui en prend le relais, et c'est par des unions matrimoniales avec elle que les
usurpateurs comme Nicéphore III Botaneiatès (1078-1081) et Alexis Comnène se donnent une
teinture de légitimité. Par son mariage avec Irène Doukas, Alexis est donc le successeur légitime
des glorieux Macédoniens.
Sur ces bases, Alexis Ier Comnène est celui qui met au point le légitimisme byzantin : sa dynastie
est la première à se désigner par son nom de famille et le nom de Comnène devient désormais le
symbole même de toute légitimité : les Paléologues l'accoleront à leur nom. Après la chute de
1204, le prestige de leur nom permet aux Comnènes de s'établir à Trébizonde et de s'y maintenir
jusqu'au XVe siècle (1461).
2- La vie politique dans l'Empire byzantin
a- Les acteurs de la vie politique
Les clans provinciaux possèdent à Constantinople des palais résident ceux de leurs membres
exerçant des fonctions sur place ou installés pour garder leurs entrées à la cour et pour rappeler
à l'empereur la valeur et la fidélité de leurs parents et de leurs protégés. Cette aristocratie
foncière, qui correspond grosso-modo à la classe sénatoriale, vit en ville et y possède des biens
ainsi que dans les faubourgs. Elle ne peut légalement se livrer à des activités de fabrication et de
commerce. En revanche, elle perçoit le loyer d'immeubles et de boutiques ou ateliers dont elle
est propriétaire.
L'essor économique et commercial a engendré une «bourgeoisie urbaine», faite de marchands et
des principaux artisans, qui rêve de prendre part aux affaires de l'État. Elle obtient à partir du
règne de Constantin Monomaque (1042-1055) des dignités qui lui ouvrent l'acccès au Sénat, plus
un signe de considération qu'un accès au pouvoir. Cependant, dès son arrivée au pouvoir,
Alexis Ier Comnène décrète que la qualité sénatoriale est incompatible avec l'exercice des
activités marchandes. Les marchands sont donc écartés de l'aristocratie; le chrysobulle accor
aux Vénitiens en 1082 affaiblit d'ailleurs leur position économique.
Placés au dessus de cette bourgeoisie, les fonctionnaires peuplant les bureaux ne sont pas dénués
d'influence car, ayant l'oreille de l'empereur, ils font et défont les carrières. Ils sont de
fervents partisans des conquêtes, car celles-ci permettent la création de nombreux postes de
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fonctionnaires du fisc et de curateurs des biens impériaux qui procurent souvent d'inestimables
richesses.
Dernière composante de la vie politique de la capitale, le patriarche. À l'exception de Michel
Cérulaire, le rôle de l'Église est assez modeste, car l'empereur nomme de fait le patriarche et
obtient toujours par pression, flatterie ou concussion une majorité au synode pour s'en
débarrasser si nécessaire. Dans les affaires religieuses, les intérêts politiques priment donc
ceux de la foi. À plusieurs reprises, l'empereur semble prêt à reconnaître au pape l'autorité
religieuse sur l'Orient. De son côté, pour faire pièce à l'empereur d'Allemagne, le pape semble
souvent disposé à se rapprocher de l'empire byzantin. Cependant l'union ne se fait pas : d'une
part la papauté et l'empire d'Occident finissent par se réconcilier; d'autre part l'union
rencontre à la fois l'indifférence et l'incompréhension de Latins, et la violente opposition des
Grecs.
b- Le pouvoir à Byzance
Les Comnènes établissent un type de pouvoir nettement patriarcal : sous Alexis Ier, la création
de nouvelles dignités de cour a surtout pour but d'installer la famille et ses alliés au sommet de
la hiérarchie. Quant aux fonctions réelles, c'est aussi la famille qui les reçoit de préférence.
Excellent moyen de contrôle tant que la famille était encore un petit clan qui avait intérêt à
rester cohérent, ce système patriarcal devient le pire des dangers quand la lignée se ramifie à
l'infini, oncles, neveux, cousins et beaux-frères recevant libéralement titres et possessions. Il en
résulte deux graves conséquences :
Appuyés sur des alliances plus ou moins directes,de véritables petits dynastes règnent à
la fin du XIIe siècle, un peu partout dans l'Empire.
Comme l'idée familiale n'a jamais été assortie de véritables règles de succession, tous les
membres de la lignée peuvent prétendre à un droit à peu près égal à régner.
L'évolution administrative tend au rétrécissement territorial des thèmes et, après la disparition
des stratèges au XIe siècle, à la réunion des pouvoirs essentiels entre les mains des gouverneurs
militaires, les doukes (ducs). Des petites enclaves aristocratiques se forment, où l'autorité
impériale, reconnue en principe, n'a en fait plus aucun moyen d'intervenir.
3-L'organisation du clergé
a- La hiérarchie
La hiérarchie de l'église byzantine repose sur un double principe : collégial au point de vue
dogmatique, et monarchique au point de vue disciplinaire; l'organisation de l'Église tend à être
calquée sur celle de l État.
L'autorité dogmatique appartient au concile, convoqué et présidé par l'empereur, constitué en
principe par l'ensemble des évêques de la chrétienté. En fait, le concile de 786 (concile de Nicée,
restaurant le culte des images et des reliques) est le dernier concile oecuménique. Le principe
collégial s'étend aux cinq patriarches (Rome, Constantinople, Antioche, Alexandrie, Jérusalem),
Rome n'ayant que la primauté d'honneur. Pour gérer son patriarcat, l'archevêque de
Constantinople est assisté par le synode permanent qui est la réunion, sur convocation du
patriarche, des évêques présents à Constantinople.
La hiérarchie épiscopale comprend trois niveaux :
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