C'est la mer qui marque toute la ville. La façade sud est parsemée d'une dizaine de petits ports
dont le rôle économique est considérable puisque ce sont eux qui nourrissent tous les quartiers
sud de la ville.
La Corne d'Or, au nord, est de loin son port le plus important et le plus accessible. C'est une baie
longue de 11 kilomètres et large en moyenne de 400 mètres, qui débouche sur la confluence du
Bosphore et de la mer de Marmara. Elle borde les quartiers septentrionaux de la ville, qu'elle
sépare de ses quartiers européens, dont le plus important est Péra, l'actuelle Galata. Il n'y a pas
de pont, mais elle est barrée d'une chaîne que l'on tend en cas d'alerte (au moins jusqu'au XIVe
siècle).
Avec les petites rivières qui s'y jettent, la Corne d'Or est une importante réserve d'eau douce,
bien que la ville soit parcourue d'aqueducs débouchant sur des réservoirs, les nymphées, où
chacun pouvait se fournir en eau. Le grand aqueduc de Valens (364-378), construit en 368 et
encore en usage aujourd'hui, aboutissait au plus prestigieux des nymphées, au centre de la ville,
sur le forum Tauri. Il en partait tout un lacis de conduites souterraines qui menaient à
d'innombrables citernes couvertes ou à ciel ouvert, où se conservait l'eau pour la saison sèche.
2- Les symboles du pouvoir
Tout ce qui compte dans la ville est rassemblé à l'extrême sud-est de la péninsule triangulaire :
l'énorme ensemble du Grand Palais, inlassablement amplifié depuis Constantin jusqu'au Xe siècle,
y voisine avec la basilique Sainte-Sophie et le Patriarcat. Cette proximité illustre l'intrication qui
mêle à Byzance le politique et le religieux.
À côté de ses apparitions à l'hippodrome, l'empereur parcourt sa capitale au rythme des fêtes
civiles et religieuses et des principaux épisodes de son règne, en empruntant la grande rue qui
gagne la ville à partir de l'Augustéon (esplanade qu'encadrent les complexes impériaux et
patriarcaux). Appelée la Mésè (la «Médiane») parce qu'elle est encadrée tout au long par un
portique à deux étages, elle est parsemée de haltes rituelles lors des processions : Le forum de
Constantin, puis celui de Théodose, le plus grand de tous, communément appelé le forum du
Taureau; la Mésè longe ensuite un temps l'aqueduc Valens, avant de se dédoubler :
la branche qui monte vers le nord, en passant par la basilique des Saints-Apôtres avant de
gagner la porte d'Andrinople et le quartier des Blachernes, a une fonction nettement
religieuse : Les Saints-Apôtres sont le panthéon des empereurs byzantins, et Sainte-
Marie des Blachernes, longtemps demeurée en dehors des murs, conserve l'icône la plus
révérée de l'Empire, celle de la Mère de Dieu, protectrice suprême de la ville.
la branche qui va vers le sud-ouest est un itinéraire impérial, jalonné par les fora du
Boeuf et d'Arcadius, puis la basilique de Saint-Jean-de-Stroudios, avant d'atteindre la
Porte d'Or, que défend le château des Sept-Tours : c'est à l'Hebdomon, esplanade que
domine cette porte, que le nouvel empereur est élevé sur un pavois avant d'être conduit à
Sainte-Sophie où il est couronné par le Patriarche.
C'est la Mésè qui sert au triomphe impérial lors des victoires, selon le vieux rite romain.
3- Évolution de la ville
Constantinople est une ville cosmopolite, où les différentes nationalités vivent mêlées, même si
certains (arméniens, juifs, musulmans) ont tendance à se regrouper autour du symbole de leur