Chronologie de l`histoire byzantine du XIe au XVe siècle

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L'Empire byzantin aux XIe et XIIe
siècles
Première partie : l'état de l'Empire
byzantin au XIe siècle
1. Constantinople, capitale de l'Empire byzantin
1. Organisation de la ville
2. Les symboles du pouvoir
3. Évolution de la ville
2. Le pouvoir dans l'Empire byzantin
1. Une théocratie
2. La vie politique dans l'Empire byzantin
1. Les acteurs de la vie politique
2. Le pouvoir à Byzance
3. L'organisation du clergé
1. La hiérarchie
2. Les moines
3. Le schisme de 1054
3. La situation économique et sociale
1. La présence italienne
2. Les tensions internes
En 1081, le parti féodal triomphe définitivement avec l'arrivée au pouvoir d'Alexis Comnène.
Avec lui, le parti militaire et l'aristocratie foncière provinciale triomphent du parti
bureaucratique de la capitale. Alexis doit son élévation à sa gloire militaire, et sa famille fait
partie des grands propriétaires terriens d'Asie Mineure.
A- Constantinople, capitale de l'Empire byzantin
1- Organisation de la ville
La Constantinople médiévale est une ville sans faubourgs, pour d'évidentes raisons de sécurité,
puisque jusqu'en 1204, ses plus redoutables ennemis s'attaquent à elle par voie terrestre. Le
voyageur qui arrive des monotones plaines thraces voit soudain se dresser ses imposantes
murailles ponctuées de portes monumentales fortifiées, telles qu'elles existaient déjà au temps
de Théodose (379-395). On n'y apporta que des retouches assez modestes, surtout le complexe
fortifié du palais des Blachernes, tout au nord, construit sous Alexis Comnène (1081-1118).
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C'est la mer qui marque toute la ville. La façade sud est parsemée d'une dizaine de petits ports
dont le rôle économique est considérable puisque ce sont eux qui nourrissent tous les quartiers
sud de la ville.
La Corne d'Or, au nord, est de loin son port le plus important et le plus accessible. C'est une baie
longue de 11 kilomètres et large en moyenne de 400 mètres, qui débouche sur la confluence du
Bosphore et de la mer de Marmara. Elle borde les quartiers septentrionaux de la ville, qu'elle
sépare de ses quartiers européens, dont le plus important est Péra, l'actuelle Galata. Il n'y a pas
de pont, mais elle est barrée d'une chaîne que l'on tend en cas d'alerte (au moins jusqu'au XIVe
siècle).
Avec les petites rivières qui s'y jettent, la Corne d'Or est une importante réserve d'eau douce,
bien que la ville soit parcourue d'aqueducs débouchant sur des réservoirs, les nymphées, où
chacun pouvait se fournir en eau. Le grand aqueduc de Valens (364-378), construit en 368 et
encore en usage aujourd'hui, aboutissait au plus prestigieux des nymphées, au centre de la ville,
sur le forum Tauri. Il en partait tout un lacis de conduites souterraines qui menaient à
d'innombrables citernes couvertes ou à ciel ouvert, où se conservait l'eau pour la saison sèche.
2- Les symboles du pouvoir
Tout ce qui compte dans la ville est rassemblé à l'extrême sud-est de la péninsule triangulaire :
l'énorme ensemble du Grand Palais, inlassablement amplifié depuis Constantin jusqu'au Xe siècle,
y voisine avec la basilique Sainte-Sophie et le Patriarcat. Cette proximité illustre l'intrication qui
mêle à Byzance le politique et le religieux.
À côté de ses apparitions à l'hippodrome, l'empereur parcourt sa capitale au rythme des fêtes
civiles et religieuses et des principaux épisodes de son règne, en empruntant la grande rue qui
gagne la ville à partir de l'Augustéon (esplanade qu'encadrent les complexes impériaux et
patriarcaux). Appelée la Mésè (la «Médiane») parce qu'elle est encadrée tout au long par un
portique à deux étages, elle est parsemée de haltes rituelles lors des processions : Le forum de
Constantin, puis celui de Théodose, le plus grand de tous, communément appelé le forum du
Taureau; la Mésè longe ensuite un temps l'aqueduc Valens, avant de se dédoubler :
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la branche qui monte vers le nord, en passant par la basilique des Saints-Apôtres avant de
gagner la porte d'Andrinople et le quartier des Blachernes, a une fonction nettement
religieuse : Les Saints-Apôtres sont le panthéon des empereurs byzantins, et SainteMarie des Blachernes, longtemps demeurée en dehors des murs, conserve l'icône la plus
révérée de l'Empire, celle de la Mère de Dieu, protectrice suprême de la ville.
la branche qui va vers le sud-ouest est un itinéraire impérial, jalonné par les fora du
Boeuf et d'Arcadius, puis la basilique de Saint-Jean-de-Stroudios, avant d'atteindre la
Porte d'Or, que défend le château des Sept-Tours : c'est à l'Hebdomon, esplanade que
domine cette porte, que le nouvel empereur est élevé sur un pavois avant d'être conduit à
Sainte-Sophie où il est couronné par le Patriarche.
C'est la Mésè qui sert au triomphe impérial lors des victoires, selon le vieux rite romain.
3- Évolution de la ville
Constantinople est une ville cosmopolite, où les différentes nationalités vivent mêlées, même si
certains (arméniens, juifs, musulmans) ont tendance à se regrouper autour du symbole de leur
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culture. C'est pourquoi l'assignation de quartiers spécifiques aux grandes communes italiennes et
à d'autres Latins (Français, Anglais, Allemands) est une grande nouveauté.
À la fin du XIe siècle, le pouvoir commence à abandonner progressivement le centre palatin de la
ville pour s'installer, dès le règne d'Alexis Comnène, dans un nouveau palais situé dans l'ancien
faubourg des Blachernes, à l'extrémité nord de la ville, et désormais intégré au système fortifié.
Ce déplacement est doublement stratégique :
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C'est une époque de grandes difficultés militaires, et le nouveau palais assure une liberté
de manoeuvre que ne donnait pas le Grand Palais (proximité de la Corne d'Or en son point
le plus étroit).
C'est aussi une période d'instabilité politique : le palais domine la ville, au lieu de s'y
trouver bloqué.
Constantinople est plutôt un ensemble de quartiers très longtemps indépendants les uns des
autres et qui ne tendent que progressivement à se souder, laissant entre eux de nombreux
espaces verts, voire des vergers et des terres cultivées. La densité inégale de l'espace urbain
resta toujours caractéristique d'une capitale qui, à travers les siècles, connut de nombreuses et
brutales fluctuations de sa population. Au début du XIe siècle, elle avait peut-être retrouvé le
chiffre du VIe siècle (400 000 habitants), mais ce qui est sûr, c'est que vers 1204 elle ne
dépassait guère les 200 000 habitants.
Depuis la Grande Peste de 1348, les retours d'épidémies se multiplient (en particulier en 1366)
jusqu'à la conquête ottomane, cependant que les tremblements de terre viennent décourager les
efforts de reconstruction. Personne ne peut vraiment chiffrer la population de Constantinople en
1453, mais on peut admettre que 75 000 est un maximum.
Grande Peste : Elle se répandit d'Asie centrale (1337-1339) vers la Chine, où elle aurait fait 13
millions de victimes, l'Inde et l'Europe. Apparue en Europe en 1347, elle détruisit l'armée de la
Horde d'Or (Mongols) qui assiégeait les Génois à Caffa (Crimée), puis l'épidémie gagna la Sicile
et l'Italie, la France et l'Espagne (1348). En 1349, elle se propagea en Allemagne, en Europe
centrale puis en Angleterre (où la population fut atteinte dans des proportions effrayantes :
28%, et encore 13% en 1375). Selon les estimations, l'Europe perdit environ 25 milllions
d'habitants et l'Asie autant.
B- Le pouvoir dans l'Empire byzantin
1- Une théocratie
Plus que le représentant de Dieu sur terre, l'empereur en est l'équivalent terrestre. L'empereur
est la création de Dieu, choisi par lui pour exercer sa volonté; si Dieu choisit qui il veut pour
empereur, sans ses soucier d'une quelconque origine sociale, il peut aussi le repousser
brutalement, dans le cas où le souverain s'est montré indigne de sa mission. Être fils d'empereur
ne donne donc en soi aucun droit à régner. Cependant, au XI l'histoire de l'Empire est assez
longue pour que le souci de stabilité politique ait imprégné la doctrine. C'est surtout l'oeuvre de
la longue dynastie macédonienne (867-1056). On admet alors implicitement que c'est une famille,
et non plus un individu, que Dieu a choisis.
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L'empereur est couronné par le Patriarche; il est alors protégé par Dieu. Le pouvoir de
l'empereur est limité par le droit canon; il a la responsabilité de l'Église, pourchasse les
hérétiques et dirige les synodes.
Le système théocratique est un moyen d'assurer la cohésion d'un ensemble de peuples
hétéroclites, de communautés semi-autonomes, sous l'autorité d'un guide suprême dont le
pouvoir ne saurait procéder des hommes. Le pouvoir impérial à Byzance se veut universel et
oecuménique; il a donc vocation à absorber tous les peuples de la terre, l'empereur n'ayant pas
d'égal. Il revendique une autorité sur l'ensemble des peuples.
L'empereur est le basileus. C'est le successeur de Constantin qui a reçu le titre de Treizième
apôtre. L'empereur réunit en lui un double tradition : tout d'abord la tradition romaine devenue
très complexe (transmission héréditaire du pouvoir); cependant l'empereur peut aussi être choisi
par le peuple, par le Sénat, par l'armée, ce qui contrarie le principe dynastique.
Grâce à de très anciennes liaisons avec la lignée macédonienne qui vient de s'éteindre, c'est la
famille des Doukas qui en prend le relais, et c'est par des unions matrimoniales avec elle que les
usurpateurs comme Nicéphore III Botaneiatès (1078-1081) et Alexis Comnène se donnent une
teinture de légitimité. Par son mariage avec Irène Doukas, Alexis est donc le successeur légitime
des glorieux Macédoniens.
Sur ces bases, Alexis Ier Comnène est celui qui met au point le légitimisme byzantin : sa dynastie
est la première à se désigner par son nom de famille et le nom de Comnène devient désormais le
symbole même de toute légitimité : les Paléologues l'accoleront à leur nom. Après la chute de
1204, le prestige de leur nom permet aux Comnènes de s'établir à Trébizonde et de s'y maintenir
jusqu'au XVe siècle (1461).
2- La vie politique dans l'Empire byzantin
a- Les acteurs de la vie politique
Les clans provinciaux possèdent à Constantinople des palais où résident ceux de leurs membres
exerçant des fonctions sur place ou installés pour garder leurs entrées à la cour et pour rappeler
à l'empereur la valeur et la fidélité de leurs parents et de leurs protégés. Cette aristocratie
foncière, qui correspond grosso-modo à la classe sénatoriale, vit en ville et y possède des biens
ainsi que dans les faubourgs. Elle ne peut légalement se livrer à des activités de fabrication et de
commerce. En revanche, elle perçoit le loyer d'immeubles et de boutiques ou ateliers dont elle
est propriétaire.
L'essor économique et commercial a engendré une «bourgeoisie urbaine», faite de marchands et
des principaux artisans, qui rêve de prendre part aux affaires de l'État. Elle obtient à partir du
règne de Constantin Monomaque (1042-1055) des dignités qui lui ouvrent l'acccès au Sénat, plus
un signe de considération qu'un accès au pouvoir. Cependant, dès son arrivée au pouvoir,
Alexis Ier Comnène décrète que la qualité sénatoriale est incompatible avec l'exercice des
activités marchandes. Les marchands sont donc écartés de l'aristocratie; le chrysobulle accordé
aux Vénitiens en 1082 affaiblit d'ailleurs leur position économique.
Placés au dessus de cette bourgeoisie, les fonctionnaires peuplant les bureaux ne sont pas dénués
d'influence car, ayant l'oreille de l'empereur, ils font et défont les carrières. Ils sont de
fervents partisans des conquêtes, car celles-ci permettent la création de nombreux postes de
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fonctionnaires du fisc et de curateurs des biens impériaux qui procurent souvent d'inestimables
richesses.
Dernière composante de la vie politique de la capitale, le patriarche. À l'exception de Michel
Cérulaire, le rôle de l'Église est assez modeste, car l'empereur nomme de fait le patriarche et
obtient toujours par pression, flatterie ou concussion une majorité au synode pour s'en
débarrasser si nécessaire. Dans les affaires religieuses, les intérêts politiques priment donc
ceux de la foi. À plusieurs reprises, l'empereur semble prêt à reconnaître au pape l'autorité
religieuse sur l'Orient. De son côté, pour faire pièce à l'empereur d'Allemagne, le pape semble
souvent disposé à se rapprocher de l'empire byzantin. Cependant l'union ne se fait pas : d'une
part la papauté et l'empire d'Occident finissent par se réconcilier; d'autre part l'union
rencontre à la fois l'indifférence et l'incompréhension de Latins, et la violente opposition des
Grecs.
b- Le pouvoir à Byzance
Les Comnènes établissent un type de pouvoir nettement patriarcal : sous Alexis Ier, la création
de nouvelles dignités de cour a surtout pour but d'installer la famille et ses alliés au sommet de
la hiérarchie. Quant aux fonctions réelles, c'est aussi la famille qui les reçoit de préférence.
Excellent moyen de contrôle tant que la famille était encore un petit clan qui avait intérêt à
rester cohérent, ce système patriarcal devient le pire des dangers quand la lignée se ramifie à
l'infini, oncles, neveux, cousins et beaux-frères recevant libéralement titres et possessions. Il en
résulte deux graves conséquences :
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Appuyés sur des alliances plus ou moins directes,de véritables petits dynastes règnent à
la fin du XIIe siècle, un peu partout dans l'Empire.
Comme l'idée familiale n'a jamais été assortie de véritables règles de succession, tous les
membres de la lignée peuvent prétendre à un droit à peu près égal à régner.
L'évolution administrative tend au rétrécissement territorial des thèmes et, après la disparition
des stratèges au XIe siècle, à la réunion des pouvoirs essentiels entre les mains des gouverneurs
militaires, les doukes (ducs). Des petites enclaves aristocratiques se forment, où l'autorité
impériale, reconnue en principe, n'a en fait plus aucun moyen d'intervenir.
3-L'organisation du clergé
a- La hiérarchie
La hiérarchie de l'église byzantine repose sur un double principe : collégial au point de vue
dogmatique, et monarchique au point de vue disciplinaire; l'organisation de l'Église tend à être
calquée sur celle de l État.
L'autorité dogmatique appartient au concile, convoqué et présidé par l'empereur, constitué en
principe par l'ensemble des évêques de la chrétienté. En fait, le concile de 786 (concile de Nicée,
restaurant le culte des images et des reliques) est le dernier concile oecuménique. Le principe
collégial s'étend aux cinq patriarches (Rome, Constantinople, Antioche, Alexandrie, Jérusalem),
Rome n'ayant que la primauté d'honneur. Pour gérer son patriarcat, l'archevêque de
Constantinople est assisté par le synode permanent qui est la réunion, sur convocation du
patriarche, des évêques présents à Constantinople.
La hiérarchie épiscopale comprend trois niveaux :
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1. à la base, les évêques.
2. un évêque métropolitain ou métropolite administre une métropole, c'est-à-dire une
province ecclésiastique comprenant plusieurs évêchés, dits suffrageants. Le métropolite
est assisté par le synode de ses suffrageants.
3. à sa tête, l'archevêque de Constantinople, qui porte le titre de patriarche auquel il tend à
ajouter l'épithète d'oecuménique. Le titre d'archevêque est honorifique et ne
correspond à aucune place particulière dans la hiérarchie. Le patriarche nomme les
évêques (inamovibles) et possède les pouvoirs disciplinaires ainsi que l'application des
dogmes; il est la clé de voûte du système. Comme tout évêque, il est en théorie élu par les
clercs et les principaux citoyens de sa cité qui présentent trois candidats au choix de
l'évêque ordinant. À l'évêque ordinant se substitue peu à peu l'empereur qui choisit entre
les trois candidats du synode; il n'est pas rare que l'empereur ait son propre candidat.
Dans la pratique, le patriarche est donc choisi par l'empereur. Il n'est d'ailleurs pas dépourvu de
pouvoir politique. C'est lui qui couronne l'empereur. Chapelain du palais, il est le confident naturel
et presque inévitable de l'empereur. Aux VIIIe et IXe siècles, la main-mise du patriarcat sur
l'Église s'affermit; le patriarche parvient à éliminer toute intervention du pape à l'intérieur.
D'autre part, l'autorité du patriarche de Constantinople est renforcée par la part que prend le
clergé grec dans l'évangélisation des mondes nouveaux : Cyrille et Méthode convertissent la
Moravie au milieu de IXe siècle; les Bulgares sont ensuite christianisés, même si l'Empire bulgare
veut garder le contrôle de son Église. Enfin, au Xe siècle, la conversion des Russes de Kiev étend
ver l'Europe du Nord-Est l'autorité du patriarcat, très loin des frontières de l'Empire.
b- Les moines
Les moines occupent une place bien à part dans l'Église byzantine. La société monastique a été en
effet organisée à l'inverse de la société laïque et de la hiérarchie ecclésiastique qui est calquée
sur ce modèle : elle est antihiérarchique, égalitaire dans ses principes. Les moines sont certes
largement intégrés à la société par la richesse des monastères, par leur poids dans la vie
religieuse et même politique et par les oeuvres, mais ils restent d'une certaine façon des
marginaux. Ils ont cependant une influence considérable sur la population des villes et surtout
des campagnes, à cause de la défaillance du bas clergé séculier.
Pour les Byzantins, les monastères sont l'image de la vie idéale, dégagée des soucis terrestres;
cette vie si haute sert également de refuge en cas de malheur, défaite politique ou faillite. Le
monachisme byzantin connaît deux tendances : érémétisme (moine vivant totalement isolé) et
cénobitisme (mode de vie communautaire). L'érémétisme est le propre des campagnes et des
déserts, tandis que les cénobites se retrouvent surtout en ville. Le renouveau qui suit le
mouvement iconoclaste a apporté un changement : autour de centres souvent montagneux comme
l'Olympe de Bithynie se développent de véritables colonies de moines à mi chemin entre les deux
tendances. À partir de la fin du IXe siècle se développent des fondations souvent de grande
taille comme les monastères de l'Athos dont le plus célèbre est la Grande Laure (lavra) fondée en
962 par Athanase avec l'aide de Nicéphore Phocas (963-969).
c- Le schisme de 1054
Depuis la fin du schisme de Photius (867-879), quelques incidents sans gravité ont opposé les
deux Romes, dont la nature était surtout politique. Les rapports entre la papauté et l'empire sont
cependant assez tendus, parce que les deux puissances luttent d'influence dans le sud de l'Italie.
Mais ce n'est pas une raison suffisante pour conduire à un schisme.
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L'important est le fossé qui se creuse peu à peu entre les deux mondes qui ne parlent plus la
même langue et n'ont pas les mêmes pratiques liturgiques. Ainsi, un patriarche comme Michel
Cérulaire (1043-1058) supporte mal que les Latins présents à Constantinople ne respectent ni ses
rites ni son autorité. Le seul point de contact entre les deux mondes reste l'Italie du Sud, où se
côtoient évêchés et monastères des deux obédiences. De plus, depuis l'arrivée des Normands en
1018, les intérêts politiques du pape et de l'Empire byzantin concordent de nouveau.
En 1053, le pape et les Byzantins, pourtant alliés, ont été battus par les Normands séparément
en deux endroits d'Italie du Sud. Le renforcement de l'alliance et la mise au point d'une
coordination étroite entre les armées sont donc nécessaires pour endiguer le flot normand.
L'arrivée à Constantinople en 1054 d'une délégation romaine conduite par le cardinal Humbert,
originaire de Lorraine et très éloigné des préoccupations byzantines; il s'agit de négocier
l'alliance anti-normande après les échecs militaires de 1053.
Le ton monte rapidement entre Humbert et Cérulaire. Le 16 juillet 1054, Humbert dépose sur le
maître-autel de Sainte-Sophie une charte excommuniant Cérulaire. Cela déclenche une véritable
émeute que l'empereur est incapable de contenir; il fait fuir les légats du appe, qu'un synode
excommunie. Cérulaire se déclare plus indépendant de Rome que jamais.
Avec pour alibi le filioque latin, la crise se ramène en fait à l'excommunication du patriarche
Cérulaire au nom d'un pape mort entre-temps, avec en réponse la même sentence fulminée par le
patriarche à l'adresse de ce même pape défunt.
Il est probable que sur le moment, personne n'en saisit bien l'importance. Ce n'est pas le premier
incident de ce genre, et il est facile de lever une excommunication. Au point de vue religieux, le
schisme est manifestement une victoire pour le patriarcat de Constantinople, et une défaite pour
la papauté, car c'est elle qui doit renoncer à ses droits sur l'Orient. Le patriarcat, lui, ne perd
rien : son autorité augmente sur les trois autres patriarcats orientaux et sur les chrétientés
slaves. Le schisme ne sera vraiment ressenti comme tel qu'après 1204.
C- La situation économique et sociale
1- La présence italienne
Robert Guiscard avait créé en Italie du Sud le duché d'Apulie, amorce du royaume de Sicile. Il
tourne bientôt ses ambitions vers l'Empire byzantin et prend Durazzo, point de départ de la
route qui conduit, à travers la Macédoine et la Thrace, jusqu'à Constantinople. Les Normands
occupent la ville de 1081 à juillet 1085. Alexis Ier n'avait pas de flotte capable de lutter contre
la leur : il demande l'appui de la marine vénitienne, en échange d'avantages commerciaux.
Guiscard perd en effet Durazzo.
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Sicile : La Sicile devient province romaine en 241 avant JC. Elle passe
aux Byzantins en 535. Les Arabes y prennent pied au IXe siècle par la
prise de Palerme (831) puis de Syracuse (878); la Sicile connaît alors
une brillante civilisation par la floraison du commerce, de l'agriculture
et des sciences. Les Arabes sont chassés de l'île par les Normands.
Roger Ie, frère de Robert Guiscard, fait la conquête de l'île entre 1061
et 1091, et son fils Roger II devient le premier roi de Sicile.
Par le mariage de Constance avec l'empereur germanique (1186) Henri
VI, la Sicile passe à l'Allemagne en 1194 et fut le séjour favori de
Frédéric II (1212-1250). Donnée par les papes à Charles Ier d'Anjou
(1265), la Sicile se révolte contre les Français en 1282 (ce sont les
Vêpres Siciliennes) et passe aux Espagnols d'Aragon.
1062-1101 : Roger Ier, comte de Sicile.
1101-1154 : Roger II, comte puis roi (1130) de Sicile.
1154-1166 : Guillaume Ier le Mauvais.
1166-1189 : Guillaume II le Bon.
1190-1194 : Tancrède de Lecce.
1194-1197 : Henri VI Hohenstaufen.
1197-1208 : Philippe Ier de Souabe.
1208-1212 : Othon IV de Brunswick.
1212-1250 : Frédéric II.
1258-1266 : Manfred.
1266-1282 : Charles Ier d'Anjou.
1282-1285 : Pierre Ier (Pierre III d'Aragon).
Cependant, pour payer les services de Venise, Alexis lui a octroyé en 1082 un chrysobulle
(diplôme revêtu du sceau impérial), qui est un des documents les plus importants qu'un empereur
de Byzance ait signé. Les marchands vénitiens reçoivent en effet le droit d'acheter et de vendre
dans tout l'Empire (sauf les îles égéennes : Crète, Chypre, et la Mer Noire) sans payer de taxes
(en particulier le kommerkion, taxe de 10% frappant l'exportation, l'importation et la circulation
de toutes les marchandises), ni subir de contrôle douanier; ils obtiennent aussi un quartier et des
entrepôts réservés à Constantinople : le commerce de Venise se trouve ainsi, dans l'empire
byzantin, plus favorisé que le commerce byzantin lui-même. Cet acte est capital car il équivaut,
pour Constantinople, à renoncer à tirer parti des avantages immenses de sa situation
d'intermédiaire entre l'Orient et l'Occident, qui avait fait sa puissance eco.
Le chrysobulle de 1082 est à l'origine de la prospérité de Venise au XIIe siècle, au moins autant
que l'accroissement des marchés (plaine du Pô et Outremont) que la ville ravitaille. La République
offre désormais le spectacle d'un État qui met sa force maritime au service exclusif de ses
intérêts commerciaux.
Jean II essaie de revenir en arrière sur les avantages concédés en 1126, mais une démonstration
navale de Venise le force à les confirmer et à l'amplifier, donnant à Venise l'accès à la Crète et à
Chypre, et surtout en exemptant du kommerkion tout Grec qui vendrait ses produits aux
Vénitiens, ce qui était évidemment encourager les sujets de l'Empire à vendre aux étrangers. Dès
lors, l'opinion de la masse de la population change : au début inconsciente du danger, elle
commence à accuser les Latins de tous les maux. Les empereurs byzantins ne peuvent désormais
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que chercher à limiter l'importance des privilèges vénitiens, en accordant des privilèges
analogues aux deux principales rivales de Venise, Pise et Gênes.
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En octobre 1111, Alexis Ier accorde aux Pisans une réduction du kommerkion à 4% pour
les marchandises importées dans l'Empire, l'attribution de quais et d'un quartier à
Constantinople, et des privilèges honorifiques pour leur Église et leurs consuls. Jean II le
reconfirme en 1136.
Dès 1155 Manuel Ier Comnène fait les mêmes promesses à Gênes qu'aux Pisans, mais il
faut attendre 1160 pour que la prise de possession effective par les Génois d'un quartier
à Byzance se fasse; cette concession se trouve hors de la ville impériale, sur le rivage de
Galata. Les marchands italiens sont opposés les uns aux autres : en 1162, les Pisans
mettent à sac le nouveau quartier génois.
Après une brouille passagère, Pisans et Génois sont reconfirmés dans leurs privilèges en 1170. Au
point de vue économique, la prospérité de l'Empire byzantin reste apparemment très grande : les
deux tiers de la richesse mondiale se trouvent à Constantinople, disent avec émerveillement les
Croisés. Mais Byzance, pour des raisons politiques, renonce peu à peu à la source de cette
prospérité, à son rôle d'intermédiaire entre l'Orient et l'Occident, au profit des villes italiennes,
Pise, Gênes et surtout Venise.
2- Les tensions internes
Byzance est minée à l'intérieur par les dépenses militaires, la domination latine sur son commerce
et une aristocratie qui perturbe se plus en plus son équilibre social.
Le paysan libre devient de plus en plus rare; il devient le plus souvent un parèque (paysan non
propriétaire, mais détenteur inamovible de sa terre, s'il paie son loyer (pakton); il peut céder son
droit à la terre); c'est sur les parèques que s'exerce tout le poids économique et social des
puissants. Le pouvoir réagit chaque fois qu'il le peut car, en vertu des exemptions fiscales dont
jouissent nombre de puissants, chaque paysan qui tombe sous leur coupe est aussi un contribuable
de moins.
Les premiers Comnènes entendent limiter le mouvement d'installation des parèques sur les
grands domaines; la lutte semble avoir été menée surtout contre la grande propriété
ecclésiastique. Le pouvoir n'était, en principe, pas mieux disposé envers les laïcs; cependant,
l'aristocratie terrienne était aussi un des soutiens majeurs de l'empire. Les empereurs
favorisent donc le développement d'une institution de compromis, la pronoia. C'est la cession,
entre les mains d'une personne privée, d'une partie du domaine public. Le titulaire jouit des
revenus de la terre qu'il doit maintenir en état de productivité, qui reste possession d'État et
qui peut être reprise par lui à tout moment.
Bien informés des échecs aux frontières, les gens de la capitale ressentent vivement
l'amoindrissement de l'Empire en cette fin du XIIe siècle et conçoivent une profonde amertume
à l'égard des étrangers, tout particulièrement les Latins. De plus ils les voient prospérer à l'abri
de leurs avantages commerciaux, alors qu'eux-mêmes doivent supporter des impôts jugés lourds.
Les archontes des provinces reçoivent plus volontiers les négociants latins auxquels ils vendent
leurs surplus agricoles (vin et huile du Péloponnèse, blé de Thessalie et de Thrace, soies de
Thèbes...).
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Les provinciaux n'ont donc pas les mêmes préjugés à l'égard des Latins et ne comprennent pas
l'attitude de la capitale. Cette prospérité provinciale, certes en partie dilapidée par les autorités
centrales, offre aussi le moyen de s'émanciper de la tutelle de la capitale, car l'apport de cette
dernière en matière de protection contre les ennemis, jugé insuffisant et inefficace, ne vaut plus
de conserver l'avantage à l'empereur. Ainsi naissent des mouvements séparatistes, d'abord chez
les allogènes, tels les Bulgares qui retrouvent leur indépendance à partir de 1186, ou encore les
Arméniens, ceux de Philippopolis accueillant d'autant mieux les Croisés de Frédéric Barberousse
que ceux-ci étaient hostiles à l'empereur byzantin.
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L'empire byzantin du XIIIe au XVe
siècle :
Première partie : la Quatrième
Croisade (1202-1204)
1. Bilan du contentieux doctrinal au début du XIIIe siècle
2. Le lancement de la Croisade
1. La «croisade» d'Henri VI : 1196-1197
2. Les rivalités des villes italiennes
3. Les forces en présence
3. Les étapes de la Croisade
1. Première étape : 1202
2. Deuxième étape : hiver 1202-1203
Après la prise de Jérusalem, la croisade change de sens, ou tout du moins de contenu : si la
délivrance de la Ville Sainte reste au centre de toutes les préoccupations, la réalisation de cette
fin admet désormais toute sortes de moyens. Le réalisme s'empare de la croisade : l'aventure
spirituelle et matérielle, dont l'issue dépendait de la volonté divine, devient oeuvre politique et
stratégique, longuement préparée et organisée.
Bien que les monarchies anglaise et française s'en désintéressent (Saint Louis est à cet égard
une exception), la croisade, entrée dans les moeurs de la chevalerie occidentale, plus fréquente
au XIIIe siècle, est à la fois un rite et une institution qui prend corps. Puisque l'on peut disposer
de troupes grâce à la croisade, la tentation est grande de l'utiliser contre d'autres «infidèles»
que les musulmans de Terre Sainte : ces déviations dispersent ses forces matérielles, sapent ses
forces spirituelles et seront la cause de son impuissance finale.
A- Bilan du contentieux doctrinal au début du XIIIe siècle
Les tentatives de réconciliation n'ont jamais cessé : lettres entre les empereurs, plus rarement
les patriarches, et les papes, ambassades de clercs à Constantinople (dont quelques uns savent le
grec, ce qui est exceptionnel au XIIe siècle). L'espoir n'est donc jamais abandonné, y compris en
Orient, de refaire l'union des Eglises et de mettre fin au scandale qui a déchiré la «robe sans
couture du Christ», et de lutter ensemble contre l'infidèle païen. Cependant la papauté est de
plus en plus intransigeante, car la fin du XIIe siècle est aussi le moment où elle cueille les fruits
de la réforme grégorienne.
Les divergences s'exacerbent parce que l'Orient a beaucoup réfléchi sur les spécificités de son
Église. L'on rappelle constamment les sujets de discorde : le filioque, le mariage des prêtres, le
11
pain azyme, le baptême, la pratique du jeûne... En outre de nouveaux arguments apparaissent et
se fixent à cette époque :



Le problème de la primauté romaine : elle est de plus en plus contestée à Byzance. Cela
équivaut à refuser de reconnaître l'autorité de Rome, même honorifique. Le patriarche
de Constantinople envoie en 1156 une lettre à Hadrien IV au nom de l'empereur
Manuel Ier Comnène : il déclare que le chef de l'Eglise chrétienne n'est pas Pierre et ses
successeurs, mais le Christ. C'est un dialogue de sourds car Byzance est autant attachée
à la pentarchie qu'à son modèle impérial constantinien, les deux étant incompatibles avec
les prétentions pontificales.
La nouvelle Sion est Constantinople, elle est donc l'héritage direct des Lieux Saints et du
Christ.
La fausse donation de Constantin (VIIIe siècle) : par ce texte Constantin donne au Pape
Silvestre (314-335) l’imperium sur l'Occident. C'est en partie sur cette fausse donation
que le Pape base ses revendications. Cette fausse donation est traduite en grec et
réinterprétée. Le théologien Kinnamos explique que le Pape a usurpé ses pouvoirs :
Constantin a confié au Pape un pouvoir que celui-ci a confié à Charlemagne, considéré par
les Grecs comme un usurpateur. Or le Pape n'avait pas le droit de se défaire des pouvoirs
qui lui avaient été confiés.
À la fin du XIIe siècle, le texte de la donation est repris par le théologien Balsamon, un
protégé d'Isaac Ange. Dans une lettre à Innocent III, il explique que puisque Constantin
avait transféré sa capitale à Constantinople, Rome n'était plus qu'une capitale de second
ordre; le pape est donc déchu et hérétique.

Une nouvelle version de la pentarchie : au XIIe siècle : les patriarches sont égaux,
puisque tous oints et vicaires du Christ. Cela vient doubler la querelle sur la donation de
Constantin.
Les théologiens grecs expriment par un anagramme la position des cinq grandes villes du
christianisme : KARAI (Constantinople, Antioche, Rome, Alexandrie, Jérusalem). Seule
cette pentarchie mérite le nom de catholique c'est-à-dire d'universelle. Les Grecs
refusent même la primauté honorifique à Rome, puisque la capitale avait été transférée à
Constantinople par Théodose et que (argument qui apparaît en 1156) c'est à Jérusalem et
non à Rome que la prédication a commencé.

En 1193, un nouveau pas est franchi avec la contestation de l'argument pétrinien,
constamment utilisé par Rome («tu est Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise»).
B- Le lancement de la Croisade
1- La «croisade» d'Henri VI : 1196-1197
Celui-ci hérite à la fois des possessions de son père Frédéric Ier Barberousse en 1190, et de la
Sicile en 1194 par son mariage avec Constance. Il hérite aussi des traditions messianiques de la
croisade impériale en même temps que des ambitions méditerranéennes des Normands.
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Les préparatifs de sa croisade sont uniquement politiques : les princes de Chypre (Les Lusignan)
et d'Arménie reconnaissent sa suzeraineté en échange de couronnes royales. Henri VI réclame la
participation de Byzance à la croisade, puis le versement d'un tribut annuel élevé, pour lequel
l'empereur Alexis III Ange (1195-1203) doit établir un impôt extraordinaire alamanikon), et
dépouiller les tombes impériales.
La croisade se double déjà d'intentions de justicier : Henri VI, qui a marié son frère Philippe de
Souabe à Irène, fille d'Isaac Ange détrôné en 1195 par Alexis III Ange, se pose en vengeur de
l'empereur détrôné. il faut les versements byzantins et l'opposition du pape pour détourner la
croisade de Constantinople vers Jérusalem. Les premiers contingents qui précèdent l'empereur
reprennent Sidon et Beyrouth, et rétablissent les communications terrestres entre Acre et
Tripoli (1197), mais la mort d'Henri VI disperse l'expédition.
2- Les rivalités des villes italiennes
Il s'agit de Venise, Pise et Gênes, dont la puissance se fonde sur la mer. En 1182, un mouvement
xénophobe très grave contre les marchands latins à Constantinople aboutit à un massacre
général. Les différents commerçants se font la guerre, ce dont joue l'empereur. C'est Venise qui
est la mieux placée, avec sa position géographique et le nombre de comptoirs dont elle dispose. Il
ne lui manque que la liberté de circulation en Mer Noire, bordée de ports, riche en blé, en
esclaves...
Le jeu de bascule entre l'empereur et les villes italiennes inquiète les marchands occidentaux : ils
ont peur que l'empereur ne revienne sur ses concessions. De là naît la tentation de s'emparer du
pouvoir politique pour être sûrs de continuer à profiter des privilèges que leur donne leur
situation. Il y a donc exacerbation des intérêts économiques, et des tensions entre les villes
italiennes.
3- Les forces en présence
C'est Innocent III (1198-1216) qui lance la croisade en 1202. Innocent III est un pape très
puissant, qui a beaucoup oeuvré pour la théocratie pontificale. Il lève un impôt de croisade (2,5 %
sur tous les revenus ecclésiastiques), la décime, et la fait prêcher. Pour lui, il faut aller en
Égypte. Cette idée a un succès immédiat.
La IVe croisade a pour chef l'italien Boniface de Montferrat, mais les chefs véritables en sont le
Pape Innocent III et le doge de Venise Dandolo (sous la direction spirituelle de Rome), et
représente les intérêts spirituels et religieux. Dandolo incarne les ambitions économiques
de Venise, et c'est lui qui va jouer le rôle décisif.
C- Les étapes de la Croisade
1- Première étape : 1202
Ce sont les Bourguignons et les Champenois et Flamands qui répondent le plus vite à son appel. Ils
se donnent comme chef Thibaud, comte de Champagne, qui est remplacé à sa mort par Boniface
de Montferrat.
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Ils descendent jusque Venise, où ils demandent des galères pour transporter les contingents : 4
500 chevaliers, 9 000 écuyers, 20 000 sergents à pied. Un contrat est alors négocié : Venise
s'engage à nourrir cette troupe pendant un an, contre environ 85 000 marcs d'or. Entre temps,
les Bourguignons et les Provençaux décident de partir par eux-mêmes et vont à Marseille. Les
Flamands et Champenois à Venise ne sont pas le nombre prévu et ne peuvent pas payer la somme
(ils ne réunissent que 50 000 marcs).
Venise leur propose une solution : avant de partir pour l'Égypte, les croisés vont prendre la ville
chrétienne de Zara, sur la côte adriatique, qui appartient au roi de Hongrie. La ville est prise en
novembre 1202, ce qui suscite la colère du roi de Hongrie. Le pape n'a pas non plus été informé,
et est lui aussi furieux : il excommunie Venise et les croisés, et finit par lever l'excommunication
sur les croisés.
2- Deuxième étape : hiver 1202-1203
Arrive à Venise un byzantin, candidat au trône et en quête d'alliés. C'est Alexis IV Ange, qui
demande de l'aide pour son père Isaac II Ange, renversé et aveuglé par son frère Alexis III
Ange en 1195. Alexis IV est le beau-frère de Philippe de Souabe, qui propose aux croisés d'aller
d'abord rétablir Alexis sur le trône; Philippe a parlé au pape de ce projet d'aller rétablir à
Constantinople une dynastie favorable à la réunion des Églises et à la reprise de la croisade
contre l'Islam.
Malgré l'opposition de quelques croisés et du légat, le projet est adopté. Il s'agit d'aller
«châtier la ville infidèle à la loi de Rome». Pour obtenir cette aide, Alexis IV a fait beaucoup de
promesses (argent, promesses quant à l'union des Églises, croisade). La IIIe croisade résulte
donc d'une conjonction entre les ambitions maritimes et commerciales des villes d'Italie, de
l'appétit de puissance des croisés, de la haine pour les Grecs.
Au printemps 1203, l'expédition se met en route pour Constantinople. Corfou est prise,
Constantinople assiégée en juin 1203. La ville est prise, Alexis III s'enfuit et Isaac II est
réinstallé; il va gouverner avec son fils Alexis IV. Cependant, Alexis tarde à donner l'argent
promis. De plus, le peuple est furieux contre le nouvel empereur imposé par les Croisés, d'autant
que l'on supporte très mal la présence de l'armée latine. Les émeutes aboutissent à chasser
l'empereur; l'émeute place sur le trône un farouche adversaire des Latins : Alexis V Doukas.
En mars 1204, avant même la conquête, les Occidentaux se partagent l'Empire par traité : c'est
la partitio Romaniae. les croisés décident d'installer un Latin sur le trône, Baudouin comte de
Flandre. Ils s'emparent de la ville le 13 avril 1204, avec une grande brutalité qui est rapportée
par le chroniqueur Nicetas Choniatès. La ville est livrée au pillage pendant trois jours.
Le pape apprend progressivement ce qui s'est passé et en est furieux : «nous avons fait
dévier la croisade». Il en prend cependant son parti, considérant cette situation comme
un moyen pour réunir les Églises.
14
Chronologie de l'histoire byzantine du
XIe au XVe siècle
1041-1055 : Constantin IX Monomaque
Son règne est marqué par la perte définitive de l'Italie, la progression des Seldjoukides, les
troubles intérieurs et le schisme religieux entre Constantinople et Rome. Ce fut néanmoins une
période très florissante pour les lettres, dominée par la personnalité de Michel Psellos, protégé
de l'empereur.
La bourgeoisie urbaine obtient des dignités qui lui ouvrent l'accès au Sénat.
10431058
Michel Cérulaire est patriarche.
1053
Défaites de Byzance et de la papauté face aux Normands en Italie du Sud. Les
Pétchenègues traversent le Danube.
juillet
1054
Schisme et excommunication réciproque de Rome et de Constantinople par le cardinal
Humbert et Michel Cérulaire.
1055-1056 : Théodora
C'est la fin de la dynastie macédonienne (867-1056).
1056-1057 : Michel VI Stratiotikos
Général désigné par les eunuques, il succéda à Théodora, mais devant la révolte de l'armée
hostile à la noblesse civile, il dut abdiquer et se retira au couvent.
1057-1059 : Isaac Ier Comnène
Général, il se distingua dans les guerres contre les Turcs. Promu par le parti aristocratique et
militaire, il renversa Michel VI. Il voulut assainir les finances de l'État et décentraliser
l'administration, mais l'hostilité du clergé et de la bureaucratie l'obligea à abdiquer en faveur de
son ministre Constantin Doukas. Il finit ses jours au couvent.
1059-1067 : Constantin X Doukas
Son avènement marque le triomphe de la bureaucratie centrale opposée à l'aristocratie
provinciale et militaire. Sa politique affaiblit la défense des frontières et permit aux
Seldjoukides, Hongrois, Pétchenègues et Normands d'arracher plusieurs provinces de l'empire et
de ravager de vastes territoires.
1061 Les Normands commencent la conquête de la Sicile.
15
1062 Roger Ier devient comte de Sicile.
1068-1072 : Romain IV Diogène
Général cappadocien, il épousa Eudoxie, veuve de Constantin X. Battu et tombé aux mains des
Seldjoukides, il fut relâché contre la promesse d'une rançon, mais son beau-fils Michel VII
s'était emparé du trône, lui fit crever les yeux et le relégua dans un couvent.
1071
Défaite de Manzikert face aux Turcs Seldjoukides : tribut en or et en troupes, cessions de
places fortes en Arménie.
1072-1078 : Michel VII Doukas
Mineur à la mort de son père Constantin X, il monta sur le trône lorsque son beau-père Romain
Diogène eut été fait prisonnier par les Seldjoukides. Élève de Psellos, adonné aux études
théologiques, il laissa les affaires d'état à ses ministres. Tandis que les Normands s'emparaient
de l'Italie méridionale et que l'Empire était menacé de tous côtés, les chefs de l'armée révoltés
se proclamaient empereurs. Michel abdiqua et fut nommé archevêque d'Éphèse.
1078-1081 : Nicéphore III Botanéiatès
Général en Asie Mineure, il se révolta contre le faible Michel VII Doukas et, avec l'aide des
Seldjoukides, le remplaça et épousa sa femme. Il ne se maintint sur le trône que grâce à
l'habileté militaire d'Alexis Comnène qui finit par se révolter contre lui. Nicéphore abdiqua et se
retira dans un monastère.
1081-1118 : Alexis Ier Comnène
Il prend le pouvoir en renversant Nicéphore III. Il réussit à contenir les Normands et à écraser
les Petchenègues qui menaçaient Constantinople. Il profite de la Ire croisade pour reprendre
Nicée et la partie occidentale de l'Asie Mineure.
1081
Les Normands occupent Durazzo.
1082
Chrysobulle accordant des privilèges commerciaux à Venise.
Juillet 1085
Les Normands évacuent Durazzo.
1086
Les Pétchenègues envahissent la Thrace.
Hiver
1091
1090-
Les Pétchenègues assiègent Constantinople.
Printemps 1091
Alexis les écrase avec l'aide des Polovstiens.
1091
Les Normands achèvent la conquête de la Sicile.
20
1095
novembre
Appel de Clermont et début de la Ire croisade.
Juin 1097
Prise de Nicée.
Juin 1098
Prise d'Antioche.
1098
Fondation de l'ordre de Cîteaux.
16
15 juillet 1099
Prise de Jérusalem et fin de la Ire croisade.
1099-1104
Luttes confuses dans la région d'Antioche entre Bohémond, Byzance et les
musulmans de Syrie.
1101
Mort de Roger Ier; Roger II lui succède comme comte de Sicile.
1107
Bohémond attaque Durazzo.
Septembre 1108
Traité de Déabolis, faisant d'une partie du territoire d'Antioche un fief
byzantin.
1111
Mort de Bohémond; Tancrède de Hauteville répudie les stipulations de 1108.
1118-1143 : Jean II Comnène
Fils et successeur d'Alexis, il fut surnommé «le plus grand des Comnènes». Sa politique agraire
lui assurant la paix intérieure, il se consacra à la consolidation de l'Empire. Par sa victoire
décisive sur les Petchenègues en 1122 et par ses interventions militaires et diplomatiques au
nord, il rétablit la domination byzantine dans les Balkans. Il reprit ensuite aux Turcs une partie
de l'Asie Mineure et imposa un temps la suzeraineté byzantine sur les Francs en Syrie. Pour
limiter le monopole vénitien sur le commerce oriental, il favorisa les Pisans et les Génois.
0ctobre
1111
Jean II accorde des privilèges commerciaux à Pise.
1122
Les Pétchenègues tentent en vain de revenir.
1126
Jean II essaie de revenir sur le chrysobulle de 1082; démonstration navale de Venise.
L'empereur est obligé de confirmer et d'augmenter les avantages concédés.
1128
guerre contre les Hongrois.
1130
Roger II prend le titre de roi de Sicile.
1136
Jean II reconduit les avantages commerciaux de Pise.
Août 1137 L'empire byzantin reconquiert la Cilicie.
1143-1180 : Manuel Ier Comnène
Fils cadet de Jean II. Vaillant soldat et diplomate énergique, il soumit les Hongrois et les
Serbes, annexa la Dalmatie (1168), fit reconnaître sa suzeraineté aux principautés latines
d'Orient et eut un succès temporaire en Italie du Sud. Mais sa politique occidentaliste, inspirée
par des ambitions démesurées, ne fut pas longtemps heureuse. Ses négociations avec le Pape pour
l'union des deux Églises échouèrent (1167) et les mesures prises contre les négociants vénitiens
provoquèrent une guerre de quatre ans avec Venise (1171-1175), dénouée par d'importantes
concessions économiques. Ses difficultés en Occident encouragèrent les Seldjoukides en Asie
Mineure, qui lui imposèrent la sévère défaite de Myrioképhalon en 1176.
1145
Chute d'Édesse
1147-1149
IIe croisade
Automne 1147
Roger II conquiert Corfou, pille Thèbes et Corinthe.
1149
Avec l'aide de Venise, les Byzantins reprennent Corfou. Révolte des Serbes et
des Hongrois, appuyés par les Normands.
1152
Frédéric Ier Barberousse devient empereur de Germanie.
1154
mort de Roger II; Guillaume Ier le Mauvais lui succède comme roi de Sicile.
17
1155
Manuel accorde des privilèges commerciaux à Gênes. Les Byzantins débarquent
à Ancône.
1156
Guillaume Ier chasse les Byzantins d'Ancône.
1158
Signature de la paix entre les Byzantins et les Normands.
1160
Les Génois prennent possession de leur quartier à Constantinople.
1162
Les Pisans mettent à sac le nouveau quartier génois.
1166
Mort de Guillaume Ier; Guillaume II le Bon lui succède comme roi de Sicile.
1169-1170
Alliance de Pise et Gênes avec Venise.
1170
Après une brouille passagère, Pisans et Génois sont reconfirmés dans leurs
privilèges.
Mars 1171
Manuel fait arrêter tous les ressortissants vénitiens à Constantinople.
1175
Guillaume II de Sicile s'allie à Venise. Saladin prend le pouvoir en Syrie et en
Égypte.
11
septembre Défaite de Myrioképhalon : c'est la ruine de tout espoir de vaincre les Turcs en
1176
Asie.
1179
Début des négociations entre Venise et Constantinople.
1180-1183 : Alexis II Comnène
Né en 1167, il fut proclamé empereur en 1180 et périt étranglé par son tuteur Andronic Ier.
1181
Régence de Marie d'Antioche.
1181-1183 Révolte des Serbes et des Hongrois.
Avril 1182 Andronic Ier prend le pouvoir.
1183-1185 : Andronic Ier Comnène
Petit-fils d'Alexis Ier Comnène, il s'empara du trône en faisant étrangler Alexis II et fut luimême renversé par Isaac III.
Mai 1182
Massacre des Latins à Constantinople.
Novembre 1183 Assassinat d'Alexis III.
Printemps 1184
Andronic commence des négociations avec Venise pour une alliance antinormande
Août 1185
Guillaume II de Sicile pille Thessalonique et marche sur Constantinople
Septembre
1185
Chute d'Andronic Ier, détrôné par Isaac II
1185-1195 : Isaac II Ange
Il renverse Andronic Ier à un moment de graves périls extérieurs. Sa politique fiscale, écrasant
les faibles, révolte les Bulgares, les Serbes et les Valaques, et lui coûte de sévères défaites. Sa
politique extérieure ne fait qu'accélérer l'effondrement de l'Empire. Détrôné par son frère
Alexis III, qui lui fait crever les yeux, il est rétabli par les Vénitiens après la prise de
18
Constantinople. Régnant avec son fils Alexis IV, il est de nouveau renversé et périt avec lui six
mois plus tard.
novembre
1185
Isaac II chasse les Normands de Thessalonique et de Durazzo.
1186
Mariage de Henri VI Hohenstaufen avec Constance de Sicile. Indépendance des
Bulgares.
1187
Isaac II Ange restitue aux Vénitiens leurs privilèges antérieurs.
début 1187 Saladin proclame la guerre sainte contre les Francs.
Octobre
1187
Chute de Jérusalem.
1189
Mort de Guillaume II; Tancrède de Lecce lui succède comme roi de Sicile. Début de
la IIIe croisade : Frédéric Barberousse menace de marcher sur Constantinople si
passage ne lui est pas livré. Venise obtient de nouveaux avantages.
1190
Frédéric Ier Barberousse se noie en traversant le Selef.
1191
Richard Coeur de Lion s'empare de Chypre qu'il revend aux Templiers puis à Guy de
Lusignan.
1192
Guy de Lusignan fonde le royaume franc de Chypre.
Février
1192
Les Pisans retrouvent leurs avantages commerciaux.
Printemps
1192
Les Génois retrouvent leurs avantages.
Septembre
1192
Trêve entre Saladin et les Croisés et fin de la IIIe croisade.
1194
La Sicile passe à l'empire germanique, avec Henri VI.
1195-1203 : Alexis III Ange
Il renverse son frère Isaac II Ange et est emprisonné par son gendre Théodore Ier Lascaris,
devenu empereur à Nicée.
Avril 1195
Alexis III Ange renverse son frère Isaac II Ange.
1196
Instauration à Chypre d'une hiérarchie ecclésiastique latine parallèle à la
grecque.
1197
Mort d'Henri VI; Philippe Ier de Souabe lui succède comme empereur
germanique.
1198
Un chrysobulle étend l'aire géographique accessible aux marchands vénitiens.
Octobre 1201
Alexis III accorde de nouveaux avantages aux Génois.
1202
Vukân de Serbie reconnaît la suprématie romaine. Innocent III (1198-1216)
lance la croisade.
Novembre 1202 Prise de Zara.
Hiver
1203
1202-
Printemps 1203
Arrivée à Venise d'Alexis IV Ange, fils d'Isaac II Ange.
Début de l'expédition destinée à replacer Isaac II Ange sur le trône byzantin.
Prise de Corfou.
19
Juin 1203
Prise de Constantinople.
1203-1204 : Isaac II Ange et Alexis IV Ange
Alexis IV Ange fait alliance avec les Croisés pour replacer son père sur le trône. Ils règnent
ensemble. Alexis III est ensuite étranglé par Alexis V Doukas.
1204 Alexis V Doukas étrangle Alexis IV et monte sur le trône, porté par l'émeute.
1204 : Alexis V Doukas
Après avoir étranglé Alexis IV pour usurper son trône, il est exécuté par les Latins comme
régicide.
Mars 1204
13-16
1204
Partitio Romaniae entre les Occidentaux.
avril Prise et sac de Constantinople. Baudouin de Flandre devient empereur latin
d'Orient (1204-1206).
1204-1222 : Théodore Ier Lascaris
Après la prise de Constantinople par les Croisés, il se bat contre les Croisés, contre l'Empire de
Trébizonde et contre les Turcs. Couronné empereur à Nicée, il échoue dans ses efforts militaires
et diplomatiques pour reprendre Constantinople, mais il maintient vivante dans sa capitale la
tradition impériale byzantine.
1205
Révolte des Grecs à Constantinople. Défaite de Baudouin à Andrinople face aux
Bulgares.
Printemps
1206
Gengis Khan devient chef des Mongols.
1207
La conquête de Constantinople, par Geoffroi de Villehardouin.
1208
Assassinat de Philippe de Souabe et avènement de Othon de Brunswick. L'Église
des Blachernes est placée sous la protection spéciale du pape.
1210
Fondation de l'ordre des Franciscains, approuvé officiellement en 1223.
1212
Mort de Othon de Brunswick et avènement de Frédéric II Hohenstaufen.
Fondation des clarisses.
1214
Bataille de Bouvines.
1215
Fondation de l'ordre des Dominicains, approuvé officiellement en 1216. Prise de
Pékin par les Mongols.
1219
Saint François tente de convertir le sultan.
1220
Arrivée des Franciscains dans le monde grec.
1222
Les Ange, despotes d'Épire, reprennent le royaume de Thessalonique (Boniface de
Montferrat).
1222-1254 : Jean III Doukas Vatatzès
20
Empereur byzantin de Nicée. Habile diplomate et stratège, il enlève aux Latins leurs possessions
asiatiques et plusieurs îles. Avec l'appui provisoire des Bulgares, il assiège sans succès
Constantinople. Il réussit à reconquérir la Thrace et la Macédoine.
em 1223
Arrivée des Dominicains en Grèce.
1225
Défaite de l'empereur latin d'Orient face aux grecs de Nicée.
1226
Avènement de Saint Louis en France (Louis IX). Mort de Saint François d'Assise.
1227
Excommunication de Frédéric II.
1229
Sixième croisade.
1230
Théodore Ange est défait par les Bulgares qui prennent Thessalonique.
1231
Le franciscain Barthélémy essaie de convertir le métropolite de Corfou au filioque.
Émeutes à Chypre : 13 moines grecs sont brûlés.
1233
L'Inquisition est confiée aux Dominicains.
1234
Réunion à Nicée d'un synode oecuménique pour débattre du pain azyme et du filioque.
1236
Siège de Constantinople par l'empire de Nicée, alliés aux Bulgares.
Années
1240
Arrivée des Mongols.
1241
Jean Vatatzès reprend aux Bulgares la Macédoine et la Thrace, Thessalonique, et
place l'Épire sous sa dépendance.
1242
Les Mongols défont les Turcs.
12481249
Septième croisade.
1250
Mort de Frédéric II et avènement de Conrad IV.
1254
Mort de Conrad IV Hohenstaufen et début de l'anarchie du Grand Interrègne.
1254-1258 : Théodore II Lascaris
Petit-fils de Théodore Ier. Gouvernant avec sagesse, il réussit à reprendre la Thrace aux
Bulgares, à combattre les Turcs et le despotat d'Épire.
1158 Manfred devient roi de Sicile.
1258-1261 : Jean IV Lascaris
Fils et successeur de Théodore II, mineur à la mort de celui-ci, il fut renversé, emprisonné et
aveuglé par son régent Michel VIII Paléologue.
1259
Michel Paléologue vainc le despote d'Épire et Guillaume de Villehardouin à Pélagonia
Mars 1261 Traité de Nymphée entre Gênes et Michel Paléologue.
1261-1282 : Michel VIII Paléologue
Il devient empereur de Nicée en 1259 après l'assassinat du régent. Après la prise de
Constantinople, il éloigna l'héritier légitime, Jean IV, en lui faisant crever les yeux. Il utilisa la
force des armes et surtout son habileté diplomatique à la lutte contre l'Occident. il accorda des
21
privilèges commerciaux à Gênes pour contrebalancer la puissance de Venise; il reconnut la
primauté romaine au concile de Lyon pour neutraliser la papauté et empêcher les projets de
Charles d'Anjou. Il contribua aux Vêpres Siciliennes qui éliminèrent la puissance angevine. Mais
pendant son règne la défense contre les Turcs et les Serbes fut négligée.
25 juillet 1261
Prise de Constantinople par Michel Paléologue.
1261
Michel VIII s'allie aux Mongols.
1265
Le pape donne la Sicle à Charles Ier d'Anjou.
1266
Mort de Manfred; Charles d'Anjou devient roi de Sicile.
1267
Les Angevins de Naples s'emparent de la principauté d'Achaïe.
1270
Huitième croisade et mort de Saint Louis, frère de Charles d'Anjou.
1272
Charles d'Anjou prend Durazzo.
7 mai-6
1274
juillet
Concile de Lyon et réconciliation des deux Églises.
1277
Charles d'Anjou achète le titre de roi de Jérusalem.
Mars 1282
Vêpres Siciliennes; la Sicile passe sous domination espagnole avec Pierre III
d'Aragon.
1282-1328 : Andronic II Paléologue
Il associe son fils Michel IX Paléologue au trône entre 1295 et 1320. Il lutte contre les Turcs et
fut renversé par son petit-fils Andronic III en 1328.
1282
Andronic dénonce l'union avec Rome.
1290
Fondation de la dynastie des Osmanlis.
1303
Byzance accepte l'aide de mercenaires catalans.
1311
Les mercenaires catalans s'emparent du duché d'Athènes à la bataille du lac Copaïs.
Avril 1326 Les Ottomans s'emparent de Brousse et y installent leur capitale.
1328-1341 : Andronic III Paléologue
Fils de Michel IX, il détrône son grand-père Andronic II et lutte contre les Turcs, qui achèvent
sous son règne leur conquête de l'Asie Mineure.
1328
Fin de la guerre civile entre Andronic II et son petit-fils Andronic III, se soldant par un
partage du trône qui laisse tout le pouvoir effectif au jeune empereur.
1329
Les Ottomans s'emparent de Nicée.
1331
Avènement d'Étienne IX Douchan qui fait des Bulgares ses vassaux.
1337
Les Ottomans s'emparent de Nicomédie.
Juin
1341
Mort d'Andronic et début de la guerre civile.
1341-1391 : Jean V Paléologue
22
Fils d'Andronic III, mineur pendant la longue guerre civile menée par Jean Cantacuzène, il ne put
empêcher les Turcs d'établir leur capitale à Andrinople en 1365. L'union religieuse avec Rome
(1369) et le traité avec Venise (1371) ne lui assurèrent pas l'aide de l'Occident. Renversé par son
fils Andronic IV aidé par les Génois, il fut rétabli trois ans plus tard par le sultan Mourad et
reconnut la tutelle turque.
13421349
Étienne Douchan s'empare de l'Épire, de la Thessalie et de la Macédoine sauf
Salonique.
1346
Douchan est couronné empereur des Serbes et des Grecs.
1347-1354 : Jean VI Cantacuzène
Empereur byzantin de 1347 à 1354. Régent de Jean V, destitué par la tutrice Anne de Savoie
(1341), il soulève contre elle une partie de l'armée. Avec l'aide des Turcs et des Slaves, il
s'empare de Constantinople en 1347 et se fait reconnaître empereur principal. Les progressions
des Serbes, des Turcs et des Génois, la révolte des Zélotes de Thessalonique et les luttes
religieuses épuisent l'Empire. La guerre civile déclenchée par Jean V le force à abdiquer après
une courte victoire (1354). Il se retire au Mont-Athos puis à Mistra où il mourut.
1348
Grande Peste.
1349
Création du despotat de Mistra.
juillet 1351
Un synode réuni aux Blachernes consacre l'hésychasme comme doctrine officielle de
l'Église orthodoxe.
novembre
1354
Abdication de Jean Cantacuzène.
1355
Mort d'Étienne IX Douchan.
1359
Mort de Grégoire Palamas.
1365
Mourad Ier fait d'Andrinople sa capitale.
1366
Épidémies à Constantinople.
1368
Canonisation de Grégoire Palamas.
1369
Jean V se rend à Rome pour trouver de l'aide et accepte en contrepartie une
profession de foi conforme au dogme catholique; il reconnaît le pape comme chef de
toute la chrétienté.
1371
Accord avec Venise pour obtenir la délivrance de Jean V, arrêté comme débiteur
insolvable.
1376-1379 : Andronic IV Paléologue
En 1376, il renverse son père Jean V, avec l'aide des Turcs et des Génois. En 1379, Jean V est
rétabli par le sultan Mourad et reconnaît la tutelle turque.
1387 Les Florentins s'emparent du duché d'Athènes.
1388
Tamerlan commence la conquête de l'Asie centrale, de l'Iran, de la Syrie et de la Turquie
d'Europe.
1389 Bataille de Kosovo : La Serbie passe sous domination turque.
23
1390 : Jean VII Paléologue
Révolté contre son grand-père Jean V et aidé par le sultan Bayazid Ier, il s'empare de
Constantinople en 1390 mais est chassé par son oncle Manuel II. En 1390, Venise s'empare
également de Corfou.
1391-1425 : Manuel II Paléologue
Fils de Jean V. Devant le péril turc il demanda secours à l'Occident, mais les croisés furent
vaincus à Nicopolis (1396) et Bayazid Ier assiégea Constantinople. Manuel fit un vain voyage en
Occident pour trouver de l'aide. La victoire de Tamerlan sur les Turcs en 1402 sauva la capitale :
l'empereur pus revenir et chasser l'usurpateur Jean VII. Constantinople fut de nouveau assiégée
en 1422 par Mourad II et Manuel dut se reconnaître vassal du sultan (1424).
1392
Constantinople est assiégée par les Turcs qui lui imposent un lourd blocus. Une
expédition vénitienne vient au secours de l'empire byzantin, en contrepartie de quoi
Venise s'empare de Durazzo.
1396
La Bulgarie passe sous la domination des Ottomans. Les hongrois sont écrasés à la
bataille de Nicopolis.
1399
Tamerlan prend Delhi.
1399
Pendant l'absence de Manuel, qui s'est rendu en Occident pour y trouver de l'aide,
Jean VII occupe le trône. Chassé de nouveau par Manuel après la défaite de Bayazid, il
se proclama empereur à Thessalonique.
13991400
Une expédition conduite par le maréchal Boucicaut aboutit à faire lever le blocus.
1402
Les Turcs de Bayazid Ier sont défaits par les Mongols de Tamerlan à Ancyre.
1415
Bataille d'Azincourt.
14221424
Siège de Constantinople par les Turcs, auquel met fin un traité de sujétion.
1425-1448 : Jean VIII Paléologue
Fils de Manuel II, co-empereur en 1421, il partage avec ses frères les restes de l'Empire amputé
par les Turcs. Devant le péril que courait la capitale, il négocia avec le pape la soumission de
l'Église grecque, espérant l'aide de l'Occident. Le concile de Florence (1439) conclut à l'union
des deux Églises. Mais l'aide obtenue est symbolique et l'union se heurte à la vive opposition du
peuple fanatisé par les moines. Après la défaite des croisés à Varna en Hongrie (1444), l'Empire
se limite effectivement à l'enceinte de Constantinople.
1430 Thessalonique passe aux Turcs.
1239 Concile de Florence, qui échoue à refaire l'unité des chrétiens.
1448-1453 : Constantin XI Paléologue
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Surnommé Dragasès. Despote de Morée (1443), il est couronné après la mort de son frère
Jean VIII. À la tête d’un empire agonisant, il essaie en vain d'obtenir de l'aide de l'Occident. Il
tombe lors de l'assaut final contre Constantinople en 1453.
Avril 1453
Début du siège de Constantinople.
29 mai 1453 Chute de Constantinople.
1456
Les Ottomans s'emparent du duché d'Athènes.
1460
Prise de Mistra par les Ottomans.
1461
Chute de l'empire de Trébizonde.
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