L'Empire byzantin aux XIe et XIIe siècles Première partie : l'état de l'Empire byzantin au XIe siècle 1. Constantinople, capitale de l'Empire byzantin 1. Organisation de la ville 2. Les symboles du pouvoir 3. Évolution de la ville 2. Le pouvoir dans l'Empire byzantin 1. Une théocratie 2. La vie politique dans l'Empire byzantin 1. Les acteurs de la vie politique 2. Le pouvoir à Byzance 3. L'organisation du clergé 1. La hiérarchie 2. Les moines 3. Le schisme de 1054 3. La situation économique et sociale 1. La présence italienne 2. Les tensions internes En 1081, le parti féodal triomphe définitivement avec l'arrivée au pouvoir d'Alexis Comnène. Avec lui, le parti militaire et l'aristocratie foncière provinciale triomphent du parti bureaucratique de la capitale. Alexis doit son élévation à sa gloire militaire, et sa famille fait partie des grands propriétaires terriens d'Asie Mineure. A- Constantinople, capitale de l'Empire byzantin 1- Organisation de la ville La Constantinople médiévale est une ville sans faubourgs, pour d'évidentes raisons de sécurité, puisque jusqu'en 1204, ses plus redoutables ennemis s'attaquent à elle par voie terrestre. Le voyageur qui arrive des monotones plaines thraces voit soudain se dresser ses imposantes murailles ponctuées de portes monumentales fortifiées, telles qu'elles existaient déjà au temps de Théodose (379-395). On n'y apporta que des retouches assez modestes, surtout le complexe fortifié du palais des Blachernes, tout au nord, construit sous Alexis Comnène (1081-1118). 1 C'est la mer qui marque toute la ville. La façade sud est parsemée d'une dizaine de petits ports dont le rôle économique est considérable puisque ce sont eux qui nourrissent tous les quartiers sud de la ville. La Corne d'Or, au nord, est de loin son port le plus important et le plus accessible. C'est une baie longue de 11 kilomètres et large en moyenne de 400 mètres, qui débouche sur la confluence du Bosphore et de la mer de Marmara. Elle borde les quartiers septentrionaux de la ville, qu'elle sépare de ses quartiers européens, dont le plus important est Péra, l'actuelle Galata. Il n'y a pas de pont, mais elle est barrée d'une chaîne que l'on tend en cas d'alerte (au moins jusqu'au XIVe siècle). Avec les petites rivières qui s'y jettent, la Corne d'Or est une importante réserve d'eau douce, bien que la ville soit parcourue d'aqueducs débouchant sur des réservoirs, les nymphées, où chacun pouvait se fournir en eau. Le grand aqueduc de Valens (364-378), construit en 368 et encore en usage aujourd'hui, aboutissait au plus prestigieux des nymphées, au centre de la ville, sur le forum Tauri. Il en partait tout un lacis de conduites souterraines qui menaient à d'innombrables citernes couvertes ou à ciel ouvert, où se conservait l'eau pour la saison sèche. 2- Les symboles du pouvoir Tout ce qui compte dans la ville est rassemblé à l'extrême sud-est de la péninsule triangulaire : l'énorme ensemble du Grand Palais, inlassablement amplifié depuis Constantin jusqu'au Xe siècle, y voisine avec la basilique Sainte-Sophie et le Patriarcat. Cette proximité illustre l'intrication qui mêle à Byzance le politique et le religieux. À côté de ses apparitions à l'hippodrome, l'empereur parcourt sa capitale au rythme des fêtes civiles et religieuses et des principaux épisodes de son règne, en empruntant la grande rue qui gagne la ville à partir de l'Augustéon (esplanade qu'encadrent les complexes impériaux et patriarcaux). Appelée la Mésè (la «Médiane») parce qu'elle est encadrée tout au long par un portique à deux étages, elle est parsemée de haltes rituelles lors des processions : Le forum de Constantin, puis celui de Théodose, le plus grand de tous, communément appelé le forum du Taureau; la Mésè longe ensuite un temps l'aqueduc Valens, avant de se dédoubler : la branche qui monte vers le nord, en passant par la basilique des Saints-Apôtres avant de gagner la porte d'Andrinople et le quartier des Blachernes, a une fonction nettement religieuse : Les Saints-Apôtres sont le panthéon des empereurs byzantins, et SainteMarie des Blachernes, longtemps demeurée en dehors des murs, conserve l'icône la plus révérée de l'Empire, celle de la Mère de Dieu, protectrice suprême de la ville. la branche qui va vers le sud-ouest est un itinéraire impérial, jalonné par les fora du Boeuf et d'Arcadius, puis la basilique de Saint-Jean-de-Stroudios, avant d'atteindre la Porte d'Or, que défend le château des Sept-Tours : c'est à l'Hebdomon, esplanade que domine cette porte, que le nouvel empereur est élevé sur un pavois avant d'être conduit à Sainte-Sophie où il est couronné par le Patriarche. C'est la Mésè qui sert au triomphe impérial lors des victoires, selon le vieux rite romain. 3- Évolution de la ville Constantinople est une ville cosmopolite, où les différentes nationalités vivent mêlées, même si certains (arméniens, juifs, musulmans) ont tendance à se regrouper autour du symbole de leur 2 culture. C'est pourquoi l'assignation de quartiers spécifiques aux grandes communes italiennes et à d'autres Latins (Français, Anglais, Allemands) est une grande nouveauté. À la fin du XIe siècle, le pouvoir commence à abandonner progressivement le centre palatin de la ville pour s'installer, dès le règne d'Alexis Comnène, dans un nouveau palais situé dans l'ancien faubourg des Blachernes, à l'extrémité nord de la ville, et désormais intégré au système fortifié. Ce déplacement est doublement stratégique : C'est une époque de grandes difficultés militaires, et le nouveau palais assure une liberté de manoeuvre que ne donnait pas le Grand Palais (proximité de la Corne d'Or en son point le plus étroit). C'est aussi une période d'instabilité politique : le palais domine la ville, au lieu de s'y trouver bloqué. Constantinople est plutôt un ensemble de quartiers très longtemps indépendants les uns des autres et qui ne tendent que progressivement à se souder, laissant entre eux de nombreux espaces verts, voire des vergers et des terres cultivées. La densité inégale de l'espace urbain resta toujours caractéristique d'une capitale qui, à travers les siècles, connut de nombreuses et brutales fluctuations de sa population. Au début du XIe siècle, elle avait peut-être retrouvé le chiffre du VIe siècle (400 000 habitants), mais ce qui est sûr, c'est que vers 1204 elle ne dépassait guère les 200 000 habitants. Depuis la Grande Peste de 1348, les retours d'épidémies se multiplient (en particulier en 1366) jusqu'à la conquête ottomane, cependant que les tremblements de terre viennent décourager les efforts de reconstruction. Personne ne peut vraiment chiffrer la population de Constantinople en 1453, mais on peut admettre que 75 000 est un maximum. Grande Peste : Elle se répandit d'Asie centrale (1337-1339) vers la Chine, où elle aurait fait 13 millions de victimes, l'Inde et l'Europe. Apparue en Europe en 1347, elle détruisit l'armée de la Horde d'Or (Mongols) qui assiégeait les Génois à Caffa (Crimée), puis l'épidémie gagna la Sicile et l'Italie, la France et l'Espagne (1348). En 1349, elle se propagea en Allemagne, en Europe centrale puis en Angleterre (où la population fut atteinte dans des proportions effrayantes : 28%, et encore 13% en 1375). Selon les estimations, l'Europe perdit environ 25 milllions d'habitants et l'Asie autant. B- Le pouvoir dans l'Empire byzantin 1- Une théocratie Plus que le représentant de Dieu sur terre, l'empereur en est l'équivalent terrestre. L'empereur est la création de Dieu, choisi par lui pour exercer sa volonté; si Dieu choisit qui il veut pour empereur, sans ses soucier d'une quelconque origine sociale, il peut aussi le repousser brutalement, dans le cas où le souverain s'est montré indigne de sa mission. Être fils d'empereur ne donne donc en soi aucun droit à régner. Cependant, au XI l'histoire de l'Empire est assez longue pour que le souci de stabilité politique ait imprégné la doctrine. C'est surtout l'oeuvre de la longue dynastie macédonienne (867-1056). On admet alors implicitement que c'est une famille, et non plus un individu, que Dieu a choisis. 3 L'empereur est couronné par le Patriarche; il est alors protégé par Dieu. Le pouvoir de l'empereur est limité par le droit canon; il a la responsabilité de l'Église, pourchasse les hérétiques et dirige les synodes. Le système théocratique est un moyen d'assurer la cohésion d'un ensemble de peuples hétéroclites, de communautés semi-autonomes, sous l'autorité d'un guide suprême dont le pouvoir ne saurait procéder des hommes. Le pouvoir impérial à Byzance se veut universel et oecuménique; il a donc vocation à absorber tous les peuples de la terre, l'empereur n'ayant pas d'égal. Il revendique une autorité sur l'ensemble des peuples. L'empereur est le basileus. C'est le successeur de Constantin qui a reçu le titre de Treizième apôtre. L'empereur réunit en lui un double tradition : tout d'abord la tradition romaine devenue très complexe (transmission héréditaire du pouvoir); cependant l'empereur peut aussi être choisi par le peuple, par le Sénat, par l'armée, ce qui contrarie le principe dynastique. Grâce à de très anciennes liaisons avec la lignée macédonienne qui vient de s'éteindre, c'est la famille des Doukas qui en prend le relais, et c'est par des unions matrimoniales avec elle que les usurpateurs comme Nicéphore III Botaneiatès (1078-1081) et Alexis Comnène se donnent une teinture de légitimité. Par son mariage avec Irène Doukas, Alexis est donc le successeur légitime des glorieux Macédoniens. Sur ces bases, Alexis Ier Comnène est celui qui met au point le légitimisme byzantin : sa dynastie est la première à se désigner par son nom de famille et le nom de Comnène devient désormais le symbole même de toute légitimité : les Paléologues l'accoleront à leur nom. Après la chute de 1204, le prestige de leur nom permet aux Comnènes de s'établir à Trébizonde et de s'y maintenir jusqu'au XVe siècle (1461). 2- La vie politique dans l'Empire byzantin a- Les acteurs de la vie politique Les clans provinciaux possèdent à Constantinople des palais où résident ceux de leurs membres exerçant des fonctions sur place ou installés pour garder leurs entrées à la cour et pour rappeler à l'empereur la valeur et la fidélité de leurs parents et de leurs protégés. Cette aristocratie foncière, qui correspond grosso-modo à la classe sénatoriale, vit en ville et y possède des biens ainsi que dans les faubourgs. Elle ne peut légalement se livrer à des activités de fabrication et de commerce. En revanche, elle perçoit le loyer d'immeubles et de boutiques ou ateliers dont elle est propriétaire. L'essor économique et commercial a engendré une «bourgeoisie urbaine», faite de marchands et des principaux artisans, qui rêve de prendre part aux affaires de l'État. Elle obtient à partir du règne de Constantin Monomaque (1042-1055) des dignités qui lui ouvrent l'acccès au Sénat, plus un signe de considération qu'un accès au pouvoir. Cependant, dès son arrivée au pouvoir, Alexis Ier Comnène décrète que la qualité sénatoriale est incompatible avec l'exercice des activités marchandes. Les marchands sont donc écartés de l'aristocratie; le chrysobulle accordé aux Vénitiens en 1082 affaiblit d'ailleurs leur position économique. Placés au dessus de cette bourgeoisie, les fonctionnaires peuplant les bureaux ne sont pas dénués d'influence car, ayant l'oreille de l'empereur, ils font et défont les carrières. Ils sont de fervents partisans des conquêtes, car celles-ci permettent la création de nombreux postes de 4 fonctionnaires du fisc et de curateurs des biens impériaux qui procurent souvent d'inestimables richesses. Dernière composante de la vie politique de la capitale, le patriarche. À l'exception de Michel Cérulaire, le rôle de l'Église est assez modeste, car l'empereur nomme de fait le patriarche et obtient toujours par pression, flatterie ou concussion une majorité au synode pour s'en débarrasser si nécessaire. Dans les affaires religieuses, les intérêts politiques priment donc ceux de la foi. À plusieurs reprises, l'empereur semble prêt à reconnaître au pape l'autorité religieuse sur l'Orient. De son côté, pour faire pièce à l'empereur d'Allemagne, le pape semble souvent disposé à se rapprocher de l'empire byzantin. Cependant l'union ne se fait pas : d'une part la papauté et l'empire d'Occident finissent par se réconcilier; d'autre part l'union rencontre à la fois l'indifférence et l'incompréhension de Latins, et la violente opposition des Grecs. b- Le pouvoir à Byzance Les Comnènes établissent un type de pouvoir nettement patriarcal : sous Alexis Ier, la création de nouvelles dignités de cour a surtout pour but d'installer la famille et ses alliés au sommet de la hiérarchie. Quant aux fonctions réelles, c'est aussi la famille qui les reçoit de préférence. Excellent moyen de contrôle tant que la famille était encore un petit clan qui avait intérêt à rester cohérent, ce système patriarcal devient le pire des dangers quand la lignée se ramifie à l'infini, oncles, neveux, cousins et beaux-frères recevant libéralement titres et possessions. Il en résulte deux graves conséquences : Appuyés sur des alliances plus ou moins directes,de véritables petits dynastes règnent à la fin du XIIe siècle, un peu partout dans l'Empire. Comme l'idée familiale n'a jamais été assortie de véritables règles de succession, tous les membres de la lignée peuvent prétendre à un droit à peu près égal à régner. L'évolution administrative tend au rétrécissement territorial des thèmes et, après la disparition des stratèges au XIe siècle, à la réunion des pouvoirs essentiels entre les mains des gouverneurs militaires, les doukes (ducs). Des petites enclaves aristocratiques se forment, où l'autorité impériale, reconnue en principe, n'a en fait plus aucun moyen d'intervenir. 3-L'organisation du clergé a- La hiérarchie La hiérarchie de l'église byzantine repose sur un double principe : collégial au point de vue dogmatique, et monarchique au point de vue disciplinaire; l'organisation de l'Église tend à être calquée sur celle de l État. L'autorité dogmatique appartient au concile, convoqué et présidé par l'empereur, constitué en principe par l'ensemble des évêques de la chrétienté. En fait, le concile de 786 (concile de Nicée, restaurant le culte des images et des reliques) est le dernier concile oecuménique. Le principe collégial s'étend aux cinq patriarches (Rome, Constantinople, Antioche, Alexandrie, Jérusalem), Rome n'ayant que la primauté d'honneur. Pour gérer son patriarcat, l'archevêque de Constantinople est assisté par le synode permanent qui est la réunion, sur convocation du patriarche, des évêques présents à Constantinople. La hiérarchie épiscopale comprend trois niveaux : 5 1. à la base, les évêques. 2. un évêque métropolitain ou métropolite administre une métropole, c'est-à-dire une province ecclésiastique comprenant plusieurs évêchés, dits suffrageants. Le métropolite est assisté par le synode de ses suffrageants. 3. à sa tête, l'archevêque de Constantinople, qui porte le titre de patriarche auquel il tend à ajouter l'épithète d'oecuménique. Le titre d'archevêque est honorifique et ne correspond à aucune place particulière dans la hiérarchie. Le patriarche nomme les évêques (inamovibles) et possède les pouvoirs disciplinaires ainsi que l'application des dogmes; il est la clé de voûte du système. Comme tout évêque, il est en théorie élu par les clercs et les principaux citoyens de sa cité qui présentent trois candidats au choix de l'évêque ordinant. À l'évêque ordinant se substitue peu à peu l'empereur qui choisit entre les trois candidats du synode; il n'est pas rare que l'empereur ait son propre candidat. Dans la pratique, le patriarche est donc choisi par l'empereur. Il n'est d'ailleurs pas dépourvu de pouvoir politique. C'est lui qui couronne l'empereur. Chapelain du palais, il est le confident naturel et presque inévitable de l'empereur. Aux VIIIe et IXe siècles, la main-mise du patriarcat sur l'Église s'affermit; le patriarche parvient à éliminer toute intervention du pape à l'intérieur. D'autre part, l'autorité du patriarche de Constantinople est renforcée par la part que prend le clergé grec dans l'évangélisation des mondes nouveaux : Cyrille et Méthode convertissent la Moravie au milieu de IXe siècle; les Bulgares sont ensuite christianisés, même si l'Empire bulgare veut garder le contrôle de son Église. Enfin, au Xe siècle, la conversion des Russes de Kiev étend ver l'Europe du Nord-Est l'autorité du patriarcat, très loin des frontières de l'Empire. b- Les moines Les moines occupent une place bien à part dans l'Église byzantine. La société monastique a été en effet organisée à l'inverse de la société laïque et de la hiérarchie ecclésiastique qui est calquée sur ce modèle : elle est antihiérarchique, égalitaire dans ses principes. Les moines sont certes largement intégrés à la société par la richesse des monastères, par leur poids dans la vie religieuse et même politique et par les oeuvres, mais ils restent d'une certaine façon des marginaux. Ils ont cependant une influence considérable sur la population des villes et surtout des campagnes, à cause de la défaillance du bas clergé séculier. Pour les Byzantins, les monastères sont l'image de la vie idéale, dégagée des soucis terrestres; cette vie si haute sert également de refuge en cas de malheur, défaite politique ou faillite. Le monachisme byzantin connaît deux tendances : érémétisme (moine vivant totalement isolé) et cénobitisme (mode de vie communautaire). L'érémétisme est le propre des campagnes et des déserts, tandis que les cénobites se retrouvent surtout en ville. Le renouveau qui suit le mouvement iconoclaste a apporté un changement : autour de centres souvent montagneux comme l'Olympe de Bithynie se développent de véritables colonies de moines à mi chemin entre les deux tendances. À partir de la fin du IXe siècle se développent des fondations souvent de grande taille comme les monastères de l'Athos dont le plus célèbre est la Grande Laure (lavra) fondée en 962 par Athanase avec l'aide de Nicéphore Phocas (963-969). c- Le schisme de 1054 Depuis la fin du schisme de Photius (867-879), quelques incidents sans gravité ont opposé les deux Romes, dont la nature était surtout politique. Les rapports entre la papauté et l'empire sont cependant assez tendus, parce que les deux puissances luttent d'influence dans le sud de l'Italie. Mais ce n'est pas une raison suffisante pour conduire à un schisme. 6 L'important est le fossé qui se creuse peu à peu entre les deux mondes qui ne parlent plus la même langue et n'ont pas les mêmes pratiques liturgiques. Ainsi, un patriarche comme Michel Cérulaire (1043-1058) supporte mal que les Latins présents à Constantinople ne respectent ni ses rites ni son autorité. Le seul point de contact entre les deux mondes reste l'Italie du Sud, où se côtoient évêchés et monastères des deux obédiences. De plus, depuis l'arrivée des Normands en 1018, les intérêts politiques du pape et de l'Empire byzantin concordent de nouveau. En 1053, le pape et les Byzantins, pourtant alliés, ont été battus par les Normands séparément en deux endroits d'Italie du Sud. Le renforcement de l'alliance et la mise au point d'une coordination étroite entre les armées sont donc nécessaires pour endiguer le flot normand. L'arrivée à Constantinople en 1054 d'une délégation romaine conduite par le cardinal Humbert, originaire de Lorraine et très éloigné des préoccupations byzantines; il s'agit de négocier l'alliance anti-normande après les échecs militaires de 1053. Le ton monte rapidement entre Humbert et Cérulaire. Le 16 juillet 1054, Humbert dépose sur le maître-autel de Sainte-Sophie une charte excommuniant Cérulaire. Cela déclenche une véritable émeute que l'empereur est incapable de contenir; il fait fuir les légats du appe, qu'un synode excommunie. Cérulaire se déclare plus indépendant de Rome que jamais. Avec pour alibi le filioque latin, la crise se ramène en fait à l'excommunication du patriarche Cérulaire au nom d'un pape mort entre-temps, avec en réponse la même sentence fulminée par le patriarche à l'adresse de ce même pape défunt. Il est probable que sur le moment, personne n'en saisit bien l'importance. Ce n'est pas le premier incident de ce genre, et il est facile de lever une excommunication. Au point de vue religieux, le schisme est manifestement une victoire pour le patriarcat de Constantinople, et une défaite pour la papauté, car c'est elle qui doit renoncer à ses droits sur l'Orient. Le patriarcat, lui, ne perd rien : son autorité augmente sur les trois autres patriarcats orientaux et sur les chrétientés slaves. Le schisme ne sera vraiment ressenti comme tel qu'après 1204. C- La situation économique et sociale 1- La présence italienne Robert Guiscard avait créé en Italie du Sud le duché d'Apulie, amorce du royaume de Sicile. Il tourne bientôt ses ambitions vers l'Empire byzantin et prend Durazzo, point de départ de la route qui conduit, à travers la Macédoine et la Thrace, jusqu'à Constantinople. Les Normands occupent la ville de 1081 à juillet 1085. Alexis Ier n'avait pas de flotte capable de lutter contre la leur : il demande l'appui de la marine vénitienne, en échange d'avantages commerciaux. Guiscard perd en effet Durazzo. 7 Sicile : La Sicile devient province romaine en 241 avant JC. Elle passe aux Byzantins en 535. Les Arabes y prennent pied au IXe siècle par la prise de Palerme (831) puis de Syracuse (878); la Sicile connaît alors une brillante civilisation par la floraison du commerce, de l'agriculture et des sciences. Les Arabes sont chassés de l'île par les Normands. Roger Ie, frère de Robert Guiscard, fait la conquête de l'île entre 1061 et 1091, et son fils Roger II devient le premier roi de Sicile. Par le mariage de Constance avec l'empereur germanique (1186) Henri VI, la Sicile passe à l'Allemagne en 1194 et fut le séjour favori de Frédéric II (1212-1250). Donnée par les papes à Charles Ier d'Anjou (1265), la Sicile se révolte contre les Français en 1282 (ce sont les Vêpres Siciliennes) et passe aux Espagnols d'Aragon. 1062-1101 : Roger Ier, comte de Sicile. 1101-1154 : Roger II, comte puis roi (1130) de Sicile. 1154-1166 : Guillaume Ier le Mauvais. 1166-1189 : Guillaume II le Bon. 1190-1194 : Tancrède de Lecce. 1194-1197 : Henri VI Hohenstaufen. 1197-1208 : Philippe Ier de Souabe. 1208-1212 : Othon IV de Brunswick. 1212-1250 : Frédéric II. 1258-1266 : Manfred. 1266-1282 : Charles Ier d'Anjou. 1282-1285 : Pierre Ier (Pierre III d'Aragon). Cependant, pour payer les services de Venise, Alexis lui a octroyé en 1082 un chrysobulle (diplôme revêtu du sceau impérial), qui est un des documents les plus importants qu'un empereur de Byzance ait signé. Les marchands vénitiens reçoivent en effet le droit d'acheter et de vendre dans tout l'Empire (sauf les îles égéennes : Crète, Chypre, et la Mer Noire) sans payer de taxes (en particulier le kommerkion, taxe de 10% frappant l'exportation, l'importation et la circulation de toutes les marchandises), ni subir de contrôle douanier; ils obtiennent aussi un quartier et des entrepôts réservés à Constantinople : le commerce de Venise se trouve ainsi, dans l'empire byzantin, plus favorisé que le commerce byzantin lui-même. Cet acte est capital car il équivaut, pour Constantinople, à renoncer à tirer parti des avantages immenses de sa situation d'intermédiaire entre l'Orient et l'Occident, qui avait fait sa puissance eco. Le chrysobulle de 1082 est à l'origine de la prospérité de Venise au XIIe siècle, au moins autant que l'accroissement des marchés (plaine du Pô et Outremont) que la ville ravitaille. La République offre désormais le spectacle d'un État qui met sa force maritime au service exclusif de ses intérêts commerciaux. Jean II essaie de revenir en arrière sur les avantages concédés en 1126, mais une démonstration navale de Venise le force à les confirmer et à l'amplifier, donnant à Venise l'accès à la Crète et à Chypre, et surtout en exemptant du kommerkion tout Grec qui vendrait ses produits aux Vénitiens, ce qui était évidemment encourager les sujets de l'Empire à vendre aux étrangers. Dès lors, l'opinion de la masse de la population change : au début inconsciente du danger, elle commence à accuser les Latins de tous les maux. Les empereurs byzantins ne peuvent désormais 8 que chercher à limiter l'importance des privilèges vénitiens, en accordant des privilèges analogues aux deux principales rivales de Venise, Pise et Gênes. En octobre 1111, Alexis Ier accorde aux Pisans une réduction du kommerkion à 4% pour les marchandises importées dans l'Empire, l'attribution de quais et d'un quartier à Constantinople, et des privilèges honorifiques pour leur Église et leurs consuls. Jean II le reconfirme en 1136. Dès 1155 Manuel Ier Comnène fait les mêmes promesses à Gênes qu'aux Pisans, mais il faut attendre 1160 pour que la prise de possession effective par les Génois d'un quartier à Byzance se fasse; cette concession se trouve hors de la ville impériale, sur le rivage de Galata. Les marchands italiens sont opposés les uns aux autres : en 1162, les Pisans mettent à sac le nouveau quartier génois. Après une brouille passagère, Pisans et Génois sont reconfirmés dans leurs privilèges en 1170. Au point de vue économique, la prospérité de l'Empire byzantin reste apparemment très grande : les deux tiers de la richesse mondiale se trouvent à Constantinople, disent avec émerveillement les Croisés. Mais Byzance, pour des raisons politiques, renonce peu à peu à la source de cette prospérité, à son rôle d'intermédiaire entre l'Orient et l'Occident, au profit des villes italiennes, Pise, Gênes et surtout Venise. 2- Les tensions internes Byzance est minée à l'intérieur par les dépenses militaires, la domination latine sur son commerce et une aristocratie qui perturbe se plus en plus son équilibre social. Le paysan libre devient de plus en plus rare; il devient le plus souvent un parèque (paysan non propriétaire, mais détenteur inamovible de sa terre, s'il paie son loyer (pakton); il peut céder son droit à la terre); c'est sur les parèques que s'exerce tout le poids économique et social des puissants. Le pouvoir réagit chaque fois qu'il le peut car, en vertu des exemptions fiscales dont jouissent nombre de puissants, chaque paysan qui tombe sous leur coupe est aussi un contribuable de moins. Les premiers Comnènes entendent limiter le mouvement d'installation des parèques sur les grands domaines; la lutte semble avoir été menée surtout contre la grande propriété ecclésiastique. Le pouvoir n'était, en principe, pas mieux disposé envers les laïcs; cependant, l'aristocratie terrienne était aussi un des soutiens majeurs de l'empire. Les empereurs favorisent donc le développement d'une institution de compromis, la pronoia. C'est la cession, entre les mains d'une personne privée, d'une partie du domaine public. Le titulaire jouit des revenus de la terre qu'il doit maintenir en état de productivité, qui reste possession d'État et qui peut être reprise par lui à tout moment. Bien informés des échecs aux frontières, les gens de la capitale ressentent vivement l'amoindrissement de l'Empire en cette fin du XIIe siècle et conçoivent une profonde amertume à l'égard des étrangers, tout particulièrement les Latins. De plus ils les voient prospérer à l'abri de leurs avantages commerciaux, alors qu'eux-mêmes doivent supporter des impôts jugés lourds. Les archontes des provinces reçoivent plus volontiers les négociants latins auxquels ils vendent leurs surplus agricoles (vin et huile du Péloponnèse, blé de Thessalie et de Thrace, soies de Thèbes...). 9 Les provinciaux n'ont donc pas les mêmes préjugés à l'égard des Latins et ne comprennent pas l'attitude de la capitale. Cette prospérité provinciale, certes en partie dilapidée par les autorités centrales, offre aussi le moyen de s'émanciper de la tutelle de la capitale, car l'apport de cette dernière en matière de protection contre les ennemis, jugé insuffisant et inefficace, ne vaut plus de conserver l'avantage à l'empereur. Ainsi naissent des mouvements séparatistes, d'abord chez les allogènes, tels les Bulgares qui retrouvent leur indépendance à partir de 1186, ou encore les Arméniens, ceux de Philippopolis accueillant d'autant mieux les Croisés de Frédéric Barberousse que ceux-ci étaient hostiles à l'empereur byzantin. 10 L'empire byzantin du XIIIe au XVe siècle : Première partie : la Quatrième Croisade (1202-1204) 1. Bilan du contentieux doctrinal au début du XIIIe siècle 2. Le lancement de la Croisade 1. La «croisade» d'Henri VI : 1196-1197 2. Les rivalités des villes italiennes 3. Les forces en présence 3. Les étapes de la Croisade 1. Première étape : 1202 2. Deuxième étape : hiver 1202-1203 Après la prise de Jérusalem, la croisade change de sens, ou tout du moins de contenu : si la délivrance de la Ville Sainte reste au centre de toutes les préoccupations, la réalisation de cette fin admet désormais toute sortes de moyens. Le réalisme s'empare de la croisade : l'aventure spirituelle et matérielle, dont l'issue dépendait de la volonté divine, devient oeuvre politique et stratégique, longuement préparée et organisée. Bien que les monarchies anglaise et française s'en désintéressent (Saint Louis est à cet égard une exception), la croisade, entrée dans les moeurs de la chevalerie occidentale, plus fréquente au XIIIe siècle, est à la fois un rite et une institution qui prend corps. Puisque l'on peut disposer de troupes grâce à la croisade, la tentation est grande de l'utiliser contre d'autres «infidèles» que les musulmans de Terre Sainte : ces déviations dispersent ses forces matérielles, sapent ses forces spirituelles et seront la cause de son impuissance finale. A- Bilan du contentieux doctrinal au début du XIIIe siècle Les tentatives de réconciliation n'ont jamais cessé : lettres entre les empereurs, plus rarement les patriarches, et les papes, ambassades de clercs à Constantinople (dont quelques uns savent le grec, ce qui est exceptionnel au XIIe siècle). L'espoir n'est donc jamais abandonné, y compris en Orient, de refaire l'union des Eglises et de mettre fin au scandale qui a déchiré la «robe sans couture du Christ», et de lutter ensemble contre l'infidèle païen. Cependant la papauté est de plus en plus intransigeante, car la fin du XIIe siècle est aussi le moment où elle cueille les fruits de la réforme grégorienne. Les divergences s'exacerbent parce que l'Orient a beaucoup réfléchi sur les spécificités de son Église. L'on rappelle constamment les sujets de discorde : le filioque, le mariage des prêtres, le 11 pain azyme, le baptême, la pratique du jeûne... En outre de nouveaux arguments apparaissent et se fixent à cette époque : Le problème de la primauté romaine : elle est de plus en plus contestée à Byzance. Cela équivaut à refuser de reconnaître l'autorité de Rome, même honorifique. Le patriarche de Constantinople envoie en 1156 une lettre à Hadrien IV au nom de l'empereur Manuel Ier Comnène : il déclare que le chef de l'Eglise chrétienne n'est pas Pierre et ses successeurs, mais le Christ. C'est un dialogue de sourds car Byzance est autant attachée à la pentarchie qu'à son modèle impérial constantinien, les deux étant incompatibles avec les prétentions pontificales. La nouvelle Sion est Constantinople, elle est donc l'héritage direct des Lieux Saints et du Christ. La fausse donation de Constantin (VIIIe siècle) : par ce texte Constantin donne au Pape Silvestre (314-335) l’imperium sur l'Occident. C'est en partie sur cette fausse donation que le Pape base ses revendications. Cette fausse donation est traduite en grec et réinterprétée. Le théologien Kinnamos explique que le Pape a usurpé ses pouvoirs : Constantin a confié au Pape un pouvoir que celui-ci a confié à Charlemagne, considéré par les Grecs comme un usurpateur. Or le Pape n'avait pas le droit de se défaire des pouvoirs qui lui avaient été confiés. À la fin du XIIe siècle, le texte de la donation est repris par le théologien Balsamon, un protégé d'Isaac Ange. Dans une lettre à Innocent III, il explique que puisque Constantin avait transféré sa capitale à Constantinople, Rome n'était plus qu'une capitale de second ordre; le pape est donc déchu et hérétique. Une nouvelle version de la pentarchie : au XIIe siècle : les patriarches sont égaux, puisque tous oints et vicaires du Christ. Cela vient doubler la querelle sur la donation de Constantin. Les théologiens grecs expriment par un anagramme la position des cinq grandes villes du christianisme : KARAI (Constantinople, Antioche, Rome, Alexandrie, Jérusalem). Seule cette pentarchie mérite le nom de catholique c'est-à-dire d'universelle. Les Grecs refusent même la primauté honorifique à Rome, puisque la capitale avait été transférée à Constantinople par Théodose et que (argument qui apparaît en 1156) c'est à Jérusalem et non à Rome que la prédication a commencé. En 1193, un nouveau pas est franchi avec la contestation de l'argument pétrinien, constamment utilisé par Rome («tu est Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise»). B- Le lancement de la Croisade 1- La «croisade» d'Henri VI : 1196-1197 Celui-ci hérite à la fois des possessions de son père Frédéric Ier Barberousse en 1190, et de la Sicile en 1194 par son mariage avec Constance. Il hérite aussi des traditions messianiques de la croisade impériale en même temps que des ambitions méditerranéennes des Normands. 12 Les préparatifs de sa croisade sont uniquement politiques : les princes de Chypre (Les Lusignan) et d'Arménie reconnaissent sa suzeraineté en échange de couronnes royales. Henri VI réclame la participation de Byzance à la croisade, puis le versement d'un tribut annuel élevé, pour lequel l'empereur Alexis III Ange (1195-1203) doit établir un impôt extraordinaire alamanikon), et dépouiller les tombes impériales. La croisade se double déjà d'intentions de justicier : Henri VI, qui a marié son frère Philippe de Souabe à Irène, fille d'Isaac Ange détrôné en 1195 par Alexis III Ange, se pose en vengeur de l'empereur détrôné. il faut les versements byzantins et l'opposition du pape pour détourner la croisade de Constantinople vers Jérusalem. Les premiers contingents qui précèdent l'empereur reprennent Sidon et Beyrouth, et rétablissent les communications terrestres entre Acre et Tripoli (1197), mais la mort d'Henri VI disperse l'expédition. 2- Les rivalités des villes italiennes Il s'agit de Venise, Pise et Gênes, dont la puissance se fonde sur la mer. En 1182, un mouvement xénophobe très grave contre les marchands latins à Constantinople aboutit à un massacre général. Les différents commerçants se font la guerre, ce dont joue l'empereur. C'est Venise qui est la mieux placée, avec sa position géographique et le nombre de comptoirs dont elle dispose. Il ne lui manque que la liberté de circulation en Mer Noire, bordée de ports, riche en blé, en esclaves... Le jeu de bascule entre l'empereur et les villes italiennes inquiète les marchands occidentaux : ils ont peur que l'empereur ne revienne sur ses concessions. De là naît la tentation de s'emparer du pouvoir politique pour être sûrs de continuer à profiter des privilèges que leur donne leur situation. Il y a donc exacerbation des intérêts économiques, et des tensions entre les villes italiennes. 3- Les forces en présence C'est Innocent III (1198-1216) qui lance la croisade en 1202. Innocent III est un pape très puissant, qui a beaucoup oeuvré pour la théocratie pontificale. Il lève un impôt de croisade (2,5 % sur tous les revenus ecclésiastiques), la décime, et la fait prêcher. Pour lui, il faut aller en Égypte. Cette idée a un succès immédiat. La IVe croisade a pour chef l'italien Boniface de Montferrat, mais les chefs véritables en sont le Pape Innocent III et le doge de Venise Dandolo (sous la direction spirituelle de Rome), et représente les intérêts spirituels et religieux. Dandolo incarne les ambitions économiques de Venise, et c'est lui qui va jouer le rôle décisif. C- Les étapes de la Croisade 1- Première étape : 1202 Ce sont les Bourguignons et les Champenois et Flamands qui répondent le plus vite à son appel. Ils se donnent comme chef Thibaud, comte de Champagne, qui est remplacé à sa mort par Boniface de Montferrat. 13 Ils descendent jusque Venise, où ils demandent des galères pour transporter les contingents : 4 500 chevaliers, 9 000 écuyers, 20 000 sergents à pied. Un contrat est alors négocié : Venise s'engage à nourrir cette troupe pendant un an, contre environ 85 000 marcs d'or. Entre temps, les Bourguignons et les Provençaux décident de partir par eux-mêmes et vont à Marseille. Les Flamands et Champenois à Venise ne sont pas le nombre prévu et ne peuvent pas payer la somme (ils ne réunissent que 50 000 marcs). Venise leur propose une solution : avant de partir pour l'Égypte, les croisés vont prendre la ville chrétienne de Zara, sur la côte adriatique, qui appartient au roi de Hongrie. La ville est prise en novembre 1202, ce qui suscite la colère du roi de Hongrie. Le pape n'a pas non plus été informé, et est lui aussi furieux : il excommunie Venise et les croisés, et finit par lever l'excommunication sur les croisés. 2- Deuxième étape : hiver 1202-1203 Arrive à Venise un byzantin, candidat au trône et en quête d'alliés. C'est Alexis IV Ange, qui demande de l'aide pour son père Isaac II Ange, renversé et aveuglé par son frère Alexis III Ange en 1195. Alexis IV est le beau-frère de Philippe de Souabe, qui propose aux croisés d'aller d'abord rétablir Alexis sur le trône; Philippe a parlé au pape de ce projet d'aller rétablir à Constantinople une dynastie favorable à la réunion des Églises et à la reprise de la croisade contre l'Islam. Malgré l'opposition de quelques croisés et du légat, le projet est adopté. Il s'agit d'aller «châtier la ville infidèle à la loi de Rome». Pour obtenir cette aide, Alexis IV a fait beaucoup de promesses (argent, promesses quant à l'union des Églises, croisade). La IIIe croisade résulte donc d'une conjonction entre les ambitions maritimes et commerciales des villes d'Italie, de l'appétit de puissance des croisés, de la haine pour les Grecs. Au printemps 1203, l'expédition se met en route pour Constantinople. Corfou est prise, Constantinople assiégée en juin 1203. La ville est prise, Alexis III s'enfuit et Isaac II est réinstallé; il va gouverner avec son fils Alexis IV. Cependant, Alexis tarde à donner l'argent promis. De plus, le peuple est furieux contre le nouvel empereur imposé par les Croisés, d'autant que l'on supporte très mal la présence de l'armée latine. Les émeutes aboutissent à chasser l'empereur; l'émeute place sur le trône un farouche adversaire des Latins : Alexis V Doukas. En mars 1204, avant même la conquête, les Occidentaux se partagent l'Empire par traité : c'est la partitio Romaniae. les croisés décident d'installer un Latin sur le trône, Baudouin comte de Flandre. Ils s'emparent de la ville le 13 avril 1204, avec une grande brutalité qui est rapportée par le chroniqueur Nicetas Choniatès. La ville est livrée au pillage pendant trois jours. Le pape apprend progressivement ce qui s'est passé et en est furieux : «nous avons fait dévier la croisade». Il en prend cependant son parti, considérant cette situation comme un moyen pour réunir les Églises. 14 Chronologie de l'histoire byzantine du XIe au XVe siècle 1041-1055 : Constantin IX Monomaque Son règne est marqué par la perte définitive de l'Italie, la progression des Seldjoukides, les troubles intérieurs et le schisme religieux entre Constantinople et Rome. Ce fut néanmoins une période très florissante pour les lettres, dominée par la personnalité de Michel Psellos, protégé de l'empereur. La bourgeoisie urbaine obtient des dignités qui lui ouvrent l'accès au Sénat. 10431058 Michel Cérulaire est patriarche. 1053 Défaites de Byzance et de la papauté face aux Normands en Italie du Sud. Les Pétchenègues traversent le Danube. juillet 1054 Schisme et excommunication réciproque de Rome et de Constantinople par le cardinal Humbert et Michel Cérulaire. 1055-1056 : Théodora C'est la fin de la dynastie macédonienne (867-1056). 1056-1057 : Michel VI Stratiotikos Général désigné par les eunuques, il succéda à Théodora, mais devant la révolte de l'armée hostile à la noblesse civile, il dut abdiquer et se retira au couvent. 1057-1059 : Isaac Ier Comnène Général, il se distingua dans les guerres contre les Turcs. Promu par le parti aristocratique et militaire, il renversa Michel VI. Il voulut assainir les finances de l'État et décentraliser l'administration, mais l'hostilité du clergé et de la bureaucratie l'obligea à abdiquer en faveur de son ministre Constantin Doukas. Il finit ses jours au couvent. 1059-1067 : Constantin X Doukas Son avènement marque le triomphe de la bureaucratie centrale opposée à l'aristocratie provinciale et militaire. Sa politique affaiblit la défense des frontières et permit aux Seldjoukides, Hongrois, Pétchenègues et Normands d'arracher plusieurs provinces de l'empire et de ravager de vastes territoires. 1061 Les Normands commencent la conquête de la Sicile. 15 1062 Roger Ier devient comte de Sicile. 1068-1072 : Romain IV Diogène Général cappadocien, il épousa Eudoxie, veuve de Constantin X. Battu et tombé aux mains des Seldjoukides, il fut relâché contre la promesse d'une rançon, mais son beau-fils Michel VII s'était emparé du trône, lui fit crever les yeux et le relégua dans un couvent. 1071 Défaite de Manzikert face aux Turcs Seldjoukides : tribut en or et en troupes, cessions de places fortes en Arménie. 1072-1078 : Michel VII Doukas Mineur à la mort de son père Constantin X, il monta sur le trône lorsque son beau-père Romain Diogène eut été fait prisonnier par les Seldjoukides. Élève de Psellos, adonné aux études théologiques, il laissa les affaires d'état à ses ministres. Tandis que les Normands s'emparaient de l'Italie méridionale et que l'Empire était menacé de tous côtés, les chefs de l'armée révoltés se proclamaient empereurs. Michel abdiqua et fut nommé archevêque d'Éphèse. 1078-1081 : Nicéphore III Botanéiatès Général en Asie Mineure, il se révolta contre le faible Michel VII Doukas et, avec l'aide des Seldjoukides, le remplaça et épousa sa femme. Il ne se maintint sur le trône que grâce à l'habileté militaire d'Alexis Comnène qui finit par se révolter contre lui. Nicéphore abdiqua et se retira dans un monastère. 1081-1118 : Alexis Ier Comnène Il prend le pouvoir en renversant Nicéphore III. Il réussit à contenir les Normands et à écraser les Petchenègues qui menaçaient Constantinople. Il profite de la Ire croisade pour reprendre Nicée et la partie occidentale de l'Asie Mineure. 1081 Les Normands occupent Durazzo. 1082 Chrysobulle accordant des privilèges commerciaux à Venise. Juillet 1085 Les Normands évacuent Durazzo. 1086 Les Pétchenègues envahissent la Thrace. Hiver 1091 1090- Les Pétchenègues assiègent Constantinople. Printemps 1091 Alexis les écrase avec l'aide des Polovstiens. 1091 Les Normands achèvent la conquête de la Sicile. 20 1095 novembre Appel de Clermont et début de la Ire croisade. Juin 1097 Prise de Nicée. Juin 1098 Prise d'Antioche. 1098 Fondation de l'ordre de Cîteaux. 16 15 juillet 1099 Prise de Jérusalem et fin de la Ire croisade. 1099-1104 Luttes confuses dans la région d'Antioche entre Bohémond, Byzance et les musulmans de Syrie. 1101 Mort de Roger Ier; Roger II lui succède comme comte de Sicile. 1107 Bohémond attaque Durazzo. Septembre 1108 Traité de Déabolis, faisant d'une partie du territoire d'Antioche un fief byzantin. 1111 Mort de Bohémond; Tancrède de Hauteville répudie les stipulations de 1108. 1118-1143 : Jean II Comnène Fils et successeur d'Alexis, il fut surnommé «le plus grand des Comnènes». Sa politique agraire lui assurant la paix intérieure, il se consacra à la consolidation de l'Empire. Par sa victoire décisive sur les Petchenègues en 1122 et par ses interventions militaires et diplomatiques au nord, il rétablit la domination byzantine dans les Balkans. Il reprit ensuite aux Turcs une partie de l'Asie Mineure et imposa un temps la suzeraineté byzantine sur les Francs en Syrie. Pour limiter le monopole vénitien sur le commerce oriental, il favorisa les Pisans et les Génois. 0ctobre 1111 Jean II accorde des privilèges commerciaux à Pise. 1122 Les Pétchenègues tentent en vain de revenir. 1126 Jean II essaie de revenir sur le chrysobulle de 1082; démonstration navale de Venise. L'empereur est obligé de confirmer et d'augmenter les avantages concédés. 1128 guerre contre les Hongrois. 1130 Roger II prend le titre de roi de Sicile. 1136 Jean II reconduit les avantages commerciaux de Pise. Août 1137 L'empire byzantin reconquiert la Cilicie. 1143-1180 : Manuel Ier Comnène Fils cadet de Jean II. Vaillant soldat et diplomate énergique, il soumit les Hongrois et les Serbes, annexa la Dalmatie (1168), fit reconnaître sa suzeraineté aux principautés latines d'Orient et eut un succès temporaire en Italie du Sud. Mais sa politique occidentaliste, inspirée par des ambitions démesurées, ne fut pas longtemps heureuse. Ses négociations avec le Pape pour l'union des deux Églises échouèrent (1167) et les mesures prises contre les négociants vénitiens provoquèrent une guerre de quatre ans avec Venise (1171-1175), dénouée par d'importantes concessions économiques. Ses difficultés en Occident encouragèrent les Seldjoukides en Asie Mineure, qui lui imposèrent la sévère défaite de Myrioképhalon en 1176. 1145 Chute d'Édesse 1147-1149 IIe croisade Automne 1147 Roger II conquiert Corfou, pille Thèbes et Corinthe. 1149 Avec l'aide de Venise, les Byzantins reprennent Corfou. Révolte des Serbes et des Hongrois, appuyés par les Normands. 1152 Frédéric Ier Barberousse devient empereur de Germanie. 1154 mort de Roger II; Guillaume Ier le Mauvais lui succède comme roi de Sicile. 17 1155 Manuel accorde des privilèges commerciaux à Gênes. Les Byzantins débarquent à Ancône. 1156 Guillaume Ier chasse les Byzantins d'Ancône. 1158 Signature de la paix entre les Byzantins et les Normands. 1160 Les Génois prennent possession de leur quartier à Constantinople. 1162 Les Pisans mettent à sac le nouveau quartier génois. 1166 Mort de Guillaume Ier; Guillaume II le Bon lui succède comme roi de Sicile. 1169-1170 Alliance de Pise et Gênes avec Venise. 1170 Après une brouille passagère, Pisans et Génois sont reconfirmés dans leurs privilèges. Mars 1171 Manuel fait arrêter tous les ressortissants vénitiens à Constantinople. 1175 Guillaume II de Sicile s'allie à Venise. Saladin prend le pouvoir en Syrie et en Égypte. 11 septembre Défaite de Myrioképhalon : c'est la ruine de tout espoir de vaincre les Turcs en 1176 Asie. 1179 Début des négociations entre Venise et Constantinople. 1180-1183 : Alexis II Comnène Né en 1167, il fut proclamé empereur en 1180 et périt étranglé par son tuteur Andronic Ier. 1181 Régence de Marie d'Antioche. 1181-1183 Révolte des Serbes et des Hongrois. Avril 1182 Andronic Ier prend le pouvoir. 1183-1185 : Andronic Ier Comnène Petit-fils d'Alexis Ier Comnène, il s'empara du trône en faisant étrangler Alexis II et fut luimême renversé par Isaac III. Mai 1182 Massacre des Latins à Constantinople. Novembre 1183 Assassinat d'Alexis III. Printemps 1184 Andronic commence des négociations avec Venise pour une alliance antinormande Août 1185 Guillaume II de Sicile pille Thessalonique et marche sur Constantinople Septembre 1185 Chute d'Andronic Ier, détrôné par Isaac II 1185-1195 : Isaac II Ange Il renverse Andronic Ier à un moment de graves périls extérieurs. Sa politique fiscale, écrasant les faibles, révolte les Bulgares, les Serbes et les Valaques, et lui coûte de sévères défaites. Sa politique extérieure ne fait qu'accélérer l'effondrement de l'Empire. Détrôné par son frère Alexis III, qui lui fait crever les yeux, il est rétabli par les Vénitiens après la prise de 18 Constantinople. Régnant avec son fils Alexis IV, il est de nouveau renversé et périt avec lui six mois plus tard. novembre 1185 Isaac II chasse les Normands de Thessalonique et de Durazzo. 1186 Mariage de Henri VI Hohenstaufen avec Constance de Sicile. Indépendance des Bulgares. 1187 Isaac II Ange restitue aux Vénitiens leurs privilèges antérieurs. début 1187 Saladin proclame la guerre sainte contre les Francs. Octobre 1187 Chute de Jérusalem. 1189 Mort de Guillaume II; Tancrède de Lecce lui succède comme roi de Sicile. Début de la IIIe croisade : Frédéric Barberousse menace de marcher sur Constantinople si passage ne lui est pas livré. Venise obtient de nouveaux avantages. 1190 Frédéric Ier Barberousse se noie en traversant le Selef. 1191 Richard Coeur de Lion s'empare de Chypre qu'il revend aux Templiers puis à Guy de Lusignan. 1192 Guy de Lusignan fonde le royaume franc de Chypre. Février 1192 Les Pisans retrouvent leurs avantages commerciaux. Printemps 1192 Les Génois retrouvent leurs avantages. Septembre 1192 Trêve entre Saladin et les Croisés et fin de la IIIe croisade. 1194 La Sicile passe à l'empire germanique, avec Henri VI. 1195-1203 : Alexis III Ange Il renverse son frère Isaac II Ange et est emprisonné par son gendre Théodore Ier Lascaris, devenu empereur à Nicée. Avril 1195 Alexis III Ange renverse son frère Isaac II Ange. 1196 Instauration à Chypre d'une hiérarchie ecclésiastique latine parallèle à la grecque. 1197 Mort d'Henri VI; Philippe Ier de Souabe lui succède comme empereur germanique. 1198 Un chrysobulle étend l'aire géographique accessible aux marchands vénitiens. Octobre 1201 Alexis III accorde de nouveaux avantages aux Génois. 1202 Vukân de Serbie reconnaît la suprématie romaine. Innocent III (1198-1216) lance la croisade. Novembre 1202 Prise de Zara. Hiver 1203 1202- Printemps 1203 Arrivée à Venise d'Alexis IV Ange, fils d'Isaac II Ange. Début de l'expédition destinée à replacer Isaac II Ange sur le trône byzantin. Prise de Corfou. 19 Juin 1203 Prise de Constantinople. 1203-1204 : Isaac II Ange et Alexis IV Ange Alexis IV Ange fait alliance avec les Croisés pour replacer son père sur le trône. Ils règnent ensemble. Alexis III est ensuite étranglé par Alexis V Doukas. 1204 Alexis V Doukas étrangle Alexis IV et monte sur le trône, porté par l'émeute. 1204 : Alexis V Doukas Après avoir étranglé Alexis IV pour usurper son trône, il est exécuté par les Latins comme régicide. Mars 1204 13-16 1204 Partitio Romaniae entre les Occidentaux. avril Prise et sac de Constantinople. Baudouin de Flandre devient empereur latin d'Orient (1204-1206). 1204-1222 : Théodore Ier Lascaris Après la prise de Constantinople par les Croisés, il se bat contre les Croisés, contre l'Empire de Trébizonde et contre les Turcs. Couronné empereur à Nicée, il échoue dans ses efforts militaires et diplomatiques pour reprendre Constantinople, mais il maintient vivante dans sa capitale la tradition impériale byzantine. 1205 Révolte des Grecs à Constantinople. Défaite de Baudouin à Andrinople face aux Bulgares. Printemps 1206 Gengis Khan devient chef des Mongols. 1207 La conquête de Constantinople, par Geoffroi de Villehardouin. 1208 Assassinat de Philippe de Souabe et avènement de Othon de Brunswick. L'Église des Blachernes est placée sous la protection spéciale du pape. 1210 Fondation de l'ordre des Franciscains, approuvé officiellement en 1223. 1212 Mort de Othon de Brunswick et avènement de Frédéric II Hohenstaufen. Fondation des clarisses. 1214 Bataille de Bouvines. 1215 Fondation de l'ordre des Dominicains, approuvé officiellement en 1216. Prise de Pékin par les Mongols. 1219 Saint François tente de convertir le sultan. 1220 Arrivée des Franciscains dans le monde grec. 1222 Les Ange, despotes d'Épire, reprennent le royaume de Thessalonique (Boniface de Montferrat). 1222-1254 : Jean III Doukas Vatatzès 20 Empereur byzantin de Nicée. Habile diplomate et stratège, il enlève aux Latins leurs possessions asiatiques et plusieurs îles. Avec l'appui provisoire des Bulgares, il assiège sans succès Constantinople. Il réussit à reconquérir la Thrace et la Macédoine. em 1223 Arrivée des Dominicains en Grèce. 1225 Défaite de l'empereur latin d'Orient face aux grecs de Nicée. 1226 Avènement de Saint Louis en France (Louis IX). Mort de Saint François d'Assise. 1227 Excommunication de Frédéric II. 1229 Sixième croisade. 1230 Théodore Ange est défait par les Bulgares qui prennent Thessalonique. 1231 Le franciscain Barthélémy essaie de convertir le métropolite de Corfou au filioque. Émeutes à Chypre : 13 moines grecs sont brûlés. 1233 L'Inquisition est confiée aux Dominicains. 1234 Réunion à Nicée d'un synode oecuménique pour débattre du pain azyme et du filioque. 1236 Siège de Constantinople par l'empire de Nicée, alliés aux Bulgares. Années 1240 Arrivée des Mongols. 1241 Jean Vatatzès reprend aux Bulgares la Macédoine et la Thrace, Thessalonique, et place l'Épire sous sa dépendance. 1242 Les Mongols défont les Turcs. 12481249 Septième croisade. 1250 Mort de Frédéric II et avènement de Conrad IV. 1254 Mort de Conrad IV Hohenstaufen et début de l'anarchie du Grand Interrègne. 1254-1258 : Théodore II Lascaris Petit-fils de Théodore Ier. Gouvernant avec sagesse, il réussit à reprendre la Thrace aux Bulgares, à combattre les Turcs et le despotat d'Épire. 1158 Manfred devient roi de Sicile. 1258-1261 : Jean IV Lascaris Fils et successeur de Théodore II, mineur à la mort de celui-ci, il fut renversé, emprisonné et aveuglé par son régent Michel VIII Paléologue. 1259 Michel Paléologue vainc le despote d'Épire et Guillaume de Villehardouin à Pélagonia Mars 1261 Traité de Nymphée entre Gênes et Michel Paléologue. 1261-1282 : Michel VIII Paléologue Il devient empereur de Nicée en 1259 après l'assassinat du régent. Après la prise de Constantinople, il éloigna l'héritier légitime, Jean IV, en lui faisant crever les yeux. Il utilisa la force des armes et surtout son habileté diplomatique à la lutte contre l'Occident. il accorda des 21 privilèges commerciaux à Gênes pour contrebalancer la puissance de Venise; il reconnut la primauté romaine au concile de Lyon pour neutraliser la papauté et empêcher les projets de Charles d'Anjou. Il contribua aux Vêpres Siciliennes qui éliminèrent la puissance angevine. Mais pendant son règne la défense contre les Turcs et les Serbes fut négligée. 25 juillet 1261 Prise de Constantinople par Michel Paléologue. 1261 Michel VIII s'allie aux Mongols. 1265 Le pape donne la Sicle à Charles Ier d'Anjou. 1266 Mort de Manfred; Charles d'Anjou devient roi de Sicile. 1267 Les Angevins de Naples s'emparent de la principauté d'Achaïe. 1270 Huitième croisade et mort de Saint Louis, frère de Charles d'Anjou. 1272 Charles d'Anjou prend Durazzo. 7 mai-6 1274 juillet Concile de Lyon et réconciliation des deux Églises. 1277 Charles d'Anjou achète le titre de roi de Jérusalem. Mars 1282 Vêpres Siciliennes; la Sicile passe sous domination espagnole avec Pierre III d'Aragon. 1282-1328 : Andronic II Paléologue Il associe son fils Michel IX Paléologue au trône entre 1295 et 1320. Il lutte contre les Turcs et fut renversé par son petit-fils Andronic III en 1328. 1282 Andronic dénonce l'union avec Rome. 1290 Fondation de la dynastie des Osmanlis. 1303 Byzance accepte l'aide de mercenaires catalans. 1311 Les mercenaires catalans s'emparent du duché d'Athènes à la bataille du lac Copaïs. Avril 1326 Les Ottomans s'emparent de Brousse et y installent leur capitale. 1328-1341 : Andronic III Paléologue Fils de Michel IX, il détrône son grand-père Andronic II et lutte contre les Turcs, qui achèvent sous son règne leur conquête de l'Asie Mineure. 1328 Fin de la guerre civile entre Andronic II et son petit-fils Andronic III, se soldant par un partage du trône qui laisse tout le pouvoir effectif au jeune empereur. 1329 Les Ottomans s'emparent de Nicée. 1331 Avènement d'Étienne IX Douchan qui fait des Bulgares ses vassaux. 1337 Les Ottomans s'emparent de Nicomédie. Juin 1341 Mort d'Andronic et début de la guerre civile. 1341-1391 : Jean V Paléologue 22 Fils d'Andronic III, mineur pendant la longue guerre civile menée par Jean Cantacuzène, il ne put empêcher les Turcs d'établir leur capitale à Andrinople en 1365. L'union religieuse avec Rome (1369) et le traité avec Venise (1371) ne lui assurèrent pas l'aide de l'Occident. Renversé par son fils Andronic IV aidé par les Génois, il fut rétabli trois ans plus tard par le sultan Mourad et reconnut la tutelle turque. 13421349 Étienne Douchan s'empare de l'Épire, de la Thessalie et de la Macédoine sauf Salonique. 1346 Douchan est couronné empereur des Serbes et des Grecs. 1347-1354 : Jean VI Cantacuzène Empereur byzantin de 1347 à 1354. Régent de Jean V, destitué par la tutrice Anne de Savoie (1341), il soulève contre elle une partie de l'armée. Avec l'aide des Turcs et des Slaves, il s'empare de Constantinople en 1347 et se fait reconnaître empereur principal. Les progressions des Serbes, des Turcs et des Génois, la révolte des Zélotes de Thessalonique et les luttes religieuses épuisent l'Empire. La guerre civile déclenchée par Jean V le force à abdiquer après une courte victoire (1354). Il se retire au Mont-Athos puis à Mistra où il mourut. 1348 Grande Peste. 1349 Création du despotat de Mistra. juillet 1351 Un synode réuni aux Blachernes consacre l'hésychasme comme doctrine officielle de l'Église orthodoxe. novembre 1354 Abdication de Jean Cantacuzène. 1355 Mort d'Étienne IX Douchan. 1359 Mort de Grégoire Palamas. 1365 Mourad Ier fait d'Andrinople sa capitale. 1366 Épidémies à Constantinople. 1368 Canonisation de Grégoire Palamas. 1369 Jean V se rend à Rome pour trouver de l'aide et accepte en contrepartie une profession de foi conforme au dogme catholique; il reconnaît le pape comme chef de toute la chrétienté. 1371 Accord avec Venise pour obtenir la délivrance de Jean V, arrêté comme débiteur insolvable. 1376-1379 : Andronic IV Paléologue En 1376, il renverse son père Jean V, avec l'aide des Turcs et des Génois. En 1379, Jean V est rétabli par le sultan Mourad et reconnaît la tutelle turque. 1387 Les Florentins s'emparent du duché d'Athènes. 1388 Tamerlan commence la conquête de l'Asie centrale, de l'Iran, de la Syrie et de la Turquie d'Europe. 1389 Bataille de Kosovo : La Serbie passe sous domination turque. 23 1390 : Jean VII Paléologue Révolté contre son grand-père Jean V et aidé par le sultan Bayazid Ier, il s'empare de Constantinople en 1390 mais est chassé par son oncle Manuel II. En 1390, Venise s'empare également de Corfou. 1391-1425 : Manuel II Paléologue Fils de Jean V. Devant le péril turc il demanda secours à l'Occident, mais les croisés furent vaincus à Nicopolis (1396) et Bayazid Ier assiégea Constantinople. Manuel fit un vain voyage en Occident pour trouver de l'aide. La victoire de Tamerlan sur les Turcs en 1402 sauva la capitale : l'empereur pus revenir et chasser l'usurpateur Jean VII. Constantinople fut de nouveau assiégée en 1422 par Mourad II et Manuel dut se reconnaître vassal du sultan (1424). 1392 Constantinople est assiégée par les Turcs qui lui imposent un lourd blocus. Une expédition vénitienne vient au secours de l'empire byzantin, en contrepartie de quoi Venise s'empare de Durazzo. 1396 La Bulgarie passe sous la domination des Ottomans. Les hongrois sont écrasés à la bataille de Nicopolis. 1399 Tamerlan prend Delhi. 1399 Pendant l'absence de Manuel, qui s'est rendu en Occident pour y trouver de l'aide, Jean VII occupe le trône. Chassé de nouveau par Manuel après la défaite de Bayazid, il se proclama empereur à Thessalonique. 13991400 Une expédition conduite par le maréchal Boucicaut aboutit à faire lever le blocus. 1402 Les Turcs de Bayazid Ier sont défaits par les Mongols de Tamerlan à Ancyre. 1415 Bataille d'Azincourt. 14221424 Siège de Constantinople par les Turcs, auquel met fin un traité de sujétion. 1425-1448 : Jean VIII Paléologue Fils de Manuel II, co-empereur en 1421, il partage avec ses frères les restes de l'Empire amputé par les Turcs. Devant le péril que courait la capitale, il négocia avec le pape la soumission de l'Église grecque, espérant l'aide de l'Occident. Le concile de Florence (1439) conclut à l'union des deux Églises. Mais l'aide obtenue est symbolique et l'union se heurte à la vive opposition du peuple fanatisé par les moines. Après la défaite des croisés à Varna en Hongrie (1444), l'Empire se limite effectivement à l'enceinte de Constantinople. 1430 Thessalonique passe aux Turcs. 1239 Concile de Florence, qui échoue à refaire l'unité des chrétiens. 1448-1453 : Constantin XI Paléologue 24 Surnommé Dragasès. Despote de Morée (1443), il est couronné après la mort de son frère Jean VIII. À la tête d’un empire agonisant, il essaie en vain d'obtenir de l'aide de l'Occident. Il tombe lors de l'assaut final contre Constantinople en 1453. Avril 1453 Début du siège de Constantinople. 29 mai 1453 Chute de Constantinople. 1456 Les Ottomans s'emparent du duché d'Athènes. 1460 Prise de Mistra par les Ottomans. 1461 Chute de l'empire de Trébizonde. 25