
Cas 2 - La monnaie 3
suite, cela a été plus difficile et des expériences malheureuses de mise en circulation de billets sont bien
connues. En fait, la fonction qui pose le plus de question est celle de réserve de valeur. En effet, il ne faut pas
que les agents économiques craignent que leurs avoirs monétaires puissent perdre de la valeur dans le temps.
Pour cela il faut qu’une organisation collective intervienne (la Banque de France puis la BCE dans le cas de
la France). Aujourd’hui, il existe quatre éléments pour que la confiance soit établie : la confiance sociale qui
s’établit par l’usage de la monnaie dans le temps, la confiance dans le support, la confiance dans l’institution
et la confiance technique.
B. La confiance externe
Pour qu’une monnaie bénéficie de la confiance des autres pays, elle doit présenter les trois mêmes grandes
fonctions : moyen de paiement international, unité de facturation et réserve de valeur pour donner la
possibilité d’investir. Ainsi, elle doit tout d’abord être largement diffusée à l’international afin de maintenir
la liquidité du marché des changes. Cette fonction est en général rendue possible du fait de la place du pays
en tant qu’acteur majeur du commerce mondial. Puis, le cours de la monnaie doit être stable ou tout du moins
facile à suivre et à estimer. Actuellement, c’est le dollar qui assure le mieux la fonction de monnaie mondiale
car il parvient à maintenir la confiance au niveau international. Mais, cela n’a pas toujours été le cas ; la livre
ayant, au préalable, joué ce rôle. Par ailleurs, les choses peuvent évoluer ; l’euro, le Yen ou le Yuan pouvant,
à terme, rivaliser pour obtenir le rôle de premier plan.
II. Le suivi des agrégats monétaires
Afin de garantir le bon fonctionnement de l’économie, la masse monétaire doit faire l’objet d’un suivi
rigoureux. Au niveau européen, c’est la BCE qui assure ce contrôle par le suivi de trois agrégats monétaires,
M1, M2 et M3, classés en fonction de leur liquidité décroissante. La notion de liquidité peut se définir
comme un moyen de paiement disponible immédiatement pour s’acquitter d’une dette. M1 est constitué des
pièces, billets et comptes à vue et est l’agrégat le plus liquide, car aucune manipulation n’est nécessaire pour
payer un achat grâce à ces instruments. Il représente environ un tiers de la masse monétaire totale. M2
comprend, en plus, des placements réglementés, comme par exemple les comptes épargne logement, le
livret A ou le livret de développement durable. Les instruments de M2 sont très liquides, mais les placements
ne permettent pas de s’acquitter directement d’une dette. Il est, en effet, nécessaire d’effectuer une opération
de transfert avant de pouvoir utiliser l’argent placé sur l’un des comptes. Enfin, M3 comprend les actifs les
moins liquides comme par exemple le plan d’épargne logement et les placements en actions ou obligations
qui nécessitent un certain délai avant de pouvoir utiliser ces ressources comme moyen de paiement. Au total,
la masse monétaire totale pour la France s’élevait à 1 914 milliards d’euros en mai 2015.
III. Lien entre masse monétaire et économie
Les économistes sont partagés quant aux effets de la monnaie sur l’économie. Certains, comme Milton
Friedman par exemple, pensent que la monnaie est neutre et que toute augmentation de la masse monétaire
va entraîner inévitablement une hausse des prix mais n’aura pas d’incidence sur l’économie. En effet, il
estime que les agents économiques ne sont pas victimes de « l’illusion monétaire » et savent que, si la masse
monétaire augmente aujourd’hui, cela se traduira demain par une hausse des prix. Ils préfèrent donc ne pas
modifier leurs comportements de consommation. Ainsi, toute action de politique monétaire est vaine.
D’autres économistes, comme J.M. Keynes, pensent que la variation de la masse monétaire peut avoir un
impact sur l’économie. En effet, la monnaie peut être désirée pour elle-même. Il pense qu’il est possible de
stimuler la croissance en augmentant la quantité de monnaie en circulation. Ainsi, quand la masse monétaire
augmente, les taux d’intérêt baissent ce qui permet de stimuler l’investissement et par là même la croissance.
Dans la réalité, un consensus semble se dégager sur le fait que l’accroissement de la quantité de monnaie
puisse avoir un effet à court terme sur la croissance mais que, sur le long terme, l’inflation va augmenter. Ces
thèses semblent accréditées par les politiques mises en place par les banques centrales. Ainsi, la politique
monétaire suivie par la BCE n’a qu’un seul objectif qui est la stabilité des prix, alors que la FED (banque