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Le grand ménage à la japonaise
L’une des premières actions de Koizumi a été de nommer des réformistes
à la tête des principaux ministères, notamment Takenaka à la tête de l’Agence des
services financiers pour finalement s’attaquer au problème des prêts non
performants des banques japonaises et moderniser la réglementation des
institutions financières. En septembre 2001, le total des prêts classés non
performants selon la nouvelle loi sur la Reconstruction financière s’élevait à
36,8 billions de yens. Après quatre ans (septembre 2005) d’assainissement de la
situation financière des banques, le montant total des prêts non performants était
tombé à 15,9 billions de yens. On ne peut toutefois pas s’empêcher de noter la
lenteur du processus. C’est une des caractéristiques du Japon comme on le
constatera avec l’autre pilier du système financier japonais qu’est la Poste du
Japon.
La Poste du Japon est une entreprise publique née le 2 avril 2003 en
remplacement de l’Agence des services postaux plus que centenaire. Les 400 000
employés et les 24 700 bureaux de poste assurent non seulement la livraison du
courrier et des colis, mais recueillent également l’épargne des ménages sous
forme de dépôts garantis par le gouvernement et vendent des polices d’assurance-
vie. Les fonds accumulés servent à acheter des obligations du gouvernement et
des agences gouvernementales qui servent au financement des projets
d’investissement public. Cette institution publique a obtenu des avantages
concurrentiels importants par rapport aux autres banques. Par exemple, elle
bénéficie d’un réseau de distribution des produits financiers quasiment gratuit,
elle ne paie pratiquement pas d’impôts, elle ne contribue pas à l’assurance-dépôts
et finalement, elle jouit d’une réglementation moins contraignante que les autres
institutions financières. En contrepartie, elle a participé au financement des
projets d’investissement politiquement rentables mais de valeurs économiques
douteuses. La Poste du Japon est immense puisqu’elle détient pour près de
330 billions de yens (3 000 milliards de dollars américains) d’actifs, soit près de
65 % du PIB japonais.
Même si le projet de privatisation de la Poste du Japon vise à atteindre des
changements graduels dans sa structure, les politiciens de la vieille garde se sont
rebellés en votant contre la réforme. On réalise donc à quel point il est difficile de
faire évoluer les choses dans le système politique japonais. C’est grâce à sa
détermination sans bornes que Koizumi a déclenché une élection surprise à la
suite de sa défaite au parlement en avril 2005. Même si aux yeux des nord-
américains cette réforme paraît relativement marginale elle était l’une des pierres
angulaires de son programme pour rétablir la vitalité de l’économie japonaise. À
la suite de sa victoire électorale, le Parlement japonais a finalement adopté son
projet de loi en octobre 2005. Ce projet prévoit la séparation de la Poste du Japon
en quatre entreprises distinctes : une responsable du courrier, une pour l’épargne
postale, une pour l’assurance-vie postale et l’autre pour la gestion du réseau des