LA DEVOCIÓN AL CORAZÓN DE JESÚS, ES VÁLIDA EN

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LA DÉVOTION AU SACRÉ CŒUR DE JÉSUS EST-ELLE VALABLE EN
NOTRE SOCIETÉ D’AUJOURD’HUI ?
Introduction
Sœurs du Bon-Pasteur, nous avons réçu en legs spirituel de Saint Jean Eudes et Sainte
Marie-Euphrasie la dévotion au Sacré-Cœur de Jésus. Notre Sœur María Droste,
proclamait aussi l’amour du Christ, et à leur suite, de nombreuses religieuses
apostoliques et contemplatives du Bon-Pasteur en ont nourri leur vie religieuse et
missionnaire. Mais, dans notre monde d’aujourd’hui cette expression est-elle encore
valable ? Pourquoi ?
Il faut voir que l’Eglise et la forme d’exprimer la piété est située dans l’Histoire et en
conséquence elle est soumise aux changements. Les images peuvent devenir « vides »
ou changer de signification. Le cœur est un très ancien symbole de la vie comme lieu
des sentiments, de la joie, de la douleur… Il est l’expression du centre de notre
personne. Karl Rahner parle d’un mot primitif – un mot qui exprime quelque chose de
très intime, personnel.
Etant donné les questions pressées et existentielles de cette fin de siècle, pour beaucoup
de gens parler du Cœur de Jésus semble très doux, trop individuel, seulement
« intérieur ». Dans un siècle d’une incompréhension croissante du message existentiel
de la chrétienté et des dangers mortels pour tout le monde, il est tout à fait normal,
qu’une dévotion au Cœur du Jésus ne puisse avoir la même valeur que dans les siècles
précédents.
Le gens d’aujourd’hui sont confrontés sous plusieurs aspects à leurs limites. Comment
le pouvoir et la bonté du Dieu sont-ils compatibles avec toute la souffrance de la
création ?
La conception du Cœur de Jésus comme un défie d’amour et de solidarité pourrait être
un chemin possible d’une interprétation légitime.
Les textes officiels de l’Eglise (GS et LG) se référent à l’Incarnation de Jésus où la
dévotion au Cœur de Jésus trouve son enracinement. Le Cœur de Jésus est le centre de
tous les centres : en Jésus Dieu lui-même a un cœur c’est-à-dire un cœur pour tous les
hommes. L’homme comme créature de Dieu cela lui tient a cœur. Dans le Cœur de
Jésus se montre plus clairement l’unité entre la divinité et de l’humanité. Parler du cœur
de Jésus cela n’est pas une piété sentimentale, mais plutôt c’est fondamentalement une
expression essentielle sur l’unité entre Dieu et l’homme, qui demande impérieusement
l’amour fraternel.
Le cœur comme centre intime et motivation de l’homme Jésus est au-delà de toutes les
structures et dogmes,- ce qui est le plus important : l’amour. Il peut être encore
aujourd’hui – libéré de tout le poids des formes obsolètes un symbole d’espérance et
quintessence de la personne de Jésus Christ et de son message.
Parler du Cœur de Jésus comme signe d’espérance pour le monde ne peut être un
analgésique pieux : cette espérance ne nous dispense pas de travailler péniblement pour
rendre habitable cette terre pour chacun et chacune car chacun et chacune est voulu de
Dieu et aimé par Lui.
(Une intervenante allemande, théologien– Dr. Claudia Kolletzki – à l’occasion du
centenaire de la mort de bienheureuse Maria Droste)
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Fondement biblique
Parler du Cœur de Jésus, c’est célébrer l’amour de Dieu, dans l’étonnant mystère de
l’Incarnation : « Dieu a tant aimé le monde, qu’il lui a donné son Fils Unique » (Jn 3,
16) Dieu parlait à son Peuple un langage d’amour : « Comment t’abandonnerais-je,
Ephraïm ? Mon cœur en moi se tourne et mes entrailles frémissent ». (Os. 11, 8-9).
C’est avec un amour de père et de mère que Dieu tient à sauver son Peuple ! C’est plus
vrai encore quand « Le Verbe s’est fait chair » (Jn. 1, 14). Dieu a maintenant « ce cœur
de chair » (Ez. 36, 26) qui bat en la poitrine de Jésus : ce Cœur formé au sein de Marie,
ce Cœur sur lequel l’apôtre bien-aimé a reposé, ce Cœur transpercé pour nous sur la
Croix ; ce même Cœur aujourd’hui vivant dans la gloire du Christ ressuscité ! Ainsi
vous pourrez connaître l’amour du Christ qui surpasse toute connaissance et vous
entrerez dans la Plénitude de Dieu » (Eph.3, 19)
Et vous… comment présenteriez-vous la dévotion au Sacré-Cœur aujourd’hui ?
Quels autres textes bibliques vous permettent de comprendre l’amour du Cœur du
Christ ?
Les utilisez-vous dans votre prière ? Comment ?
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À TRAVERS LE TEMPS COMMENT LA DÉVOTION AU CŒUR DE JÉSUS AT-ELLE ÉTÉ PRÉSENTÉE PAR JEAN EUDES, MARIE-EUPHRASIE ET
MARIA DROSTE ?
1. Saint Jean Eudes part de la réalité de l’Incarnation :
« Le Cœur de Jésus est le très saint cœur de son corps uni hypostatiquement à la
Personne du Verbe, cœur que le Saint Esprit a bâti du sang virginal de la Mère
d’amour et qui, sur la croix, fut transpercé d’un coup de lance » - « C’est son Cœur
humainement divin et divinement humain » (Lectionnaire, p. 113 et Oc VIII, 263).
Pour Saint Jean Eudes, le cœur c’est toute la Personne de Jésus, sous le signe de
l’amour, ses sentiments humains, comme nous le voyons dans l’Évangile :
* quand Jésus « ému de compassion, toucha le lépreux » (Mc. 1, 41) ;
* s’indigna devant le mal (Mc. 3, 5 ; Jn. 2, 15) ;
* « fut saisi de pitié en voyant la foule, comme des brebis sans berger » (Mc 6,34) ;
* fut touché par les larmes de la veuve de Naïm (Lc. 7,13) ;
*frémit d’émotion à la mort de Lazare (Jn 11, 33) et à l’approche de sa propre mort
(Mc. 14,33-34).
Saint Jean Eudes nous apprend que le Cœur de Jésus nous est donné pour être notre
cœur : « Offrons-lui et donnons-lui nos cœurs, comme Il nous donne le sien » (O.C.
VIII, 338). « Vivez de la vie de ce bienheureux Cœur, ayez en vous ses sentiments ;
donnez-vous sans cesse à l’esprit qui l’anime, afin qu’il vous conduise en toutes choses,
que sa charité vous enflamme et surtout que son zèle pour le salut des âmes vous
dévore » (O.C. X, 75).
Dans le livre Le Cœur de Jésus, de Saint Jean Eudes choisissez une prière au SacréCœur qui selon vous, exprime la dévotion au Sacré-Cœur d’une façon plus adaptée à
notre temps
Essayez de mettre ce texte dans un langage d’aujourd’hui
2. Sainte Marie-Euphrasie
Comme disciple de Jean Eudes Marie-Euphrasie avait un grand amour du Sacre Cœur et
elle invite continuellement les sœurs à l’aimer et l’honorer. Dans le Procès de
béatification la Mère Marie de Saint Pierre de Coudenhove déclare que Marie-Euphrasie
aimait cette dévotion, priait le Sacré-Cœur dans les difficultés, voulait que les
maîtresses de classes se confient et recourent souvent à Lui. Elle faisait la retraite en
honneur du Sacré-Cœur. Elle lui confiait les missionnaires, et invitait les Sœurs à
apprendre dans le Cœur de Jésus la vertu de l’humilité.
« À l’égard des choses saintes, elle aimait toutes les grandes dévotions catholiques,
surtout le Sacré-Cœur (Procès Ordinaire, p.77)
«Elle a raconté que [Marie-Euphrasie Pelletier] …recommandait dans la prière ses
difficultés au Sacré Cœur de Jésus » (Idem, p. 59)
« La S de D. disait à ses filles que la première chose que devait faire une religieuse
quand elle était nommée maîtresse de classe, c’était de se confier aux Sacrés Cœurs de
Jésus et de Marie, de recourir souvent à eux… (Idem, p. 444-445).
« Au livre des Actes du Chapitre de la Maison-Mère se trouve qu’elle a fait cinq fois la
retraite en l’honneur du Sacré Cœur. (Idem, p 445)
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Aux Sœurs de Louisville, Marie-Euphrasie écrit : ‘Je vous chercherai et trouverai tous
les jours de ma vie dans les Sacres cœurs de Jésus et Marie » (p. 461)
« Elle exhortait ses religieuses à étudier la humilité à l’école de Notre Seigneur dans
son Cœur Sacré (Idem. P. 564)
La sœur Emilie Barrion dit dans le même Procès Ordinaire :
« elle a établi que chaque vendredi des religieuses seraient en retraite en l’honneur du
Sacré-Cœur (Idem, p.1478)
Et la Sœur Sophie Letocart ajoute :
« chaque vendredi, elle récitait l’amende honorable au Sacré-cœur. (Idem, p.182)
Dans le Bon-Pasteur, Sainte Marie-Euphrasie a utilisé les textes de Saint Jean Eudes
pour célébrer la fête du Sacré-Cœur : Oui ? Non ? Pour quoi ?
[Réponse : Le Père Ange Le Doré, Supérieur Général des eudistes a expliqué dans le
Procès Apostolique pourquoi Marie-Euphrasie n’a pu célébrer, malgré elle, la fête du
Sacré-Cœur suivant l’Office composé par Saint Jean Eudes.
« J’ai parlé de l’attachement de la Vénérable aux institutions du Vénérable Père Eudes.
Elle aurait voulu conserver dans son nouvel Institut la fête patronale du Sacré-Cœur ,
qu’elle avait célébré au Refuge de Tours, le 20 octobre, jour de son entrée au couvent.
Elle aurait désiré se servir pour cette solennité de l’office composé par notre Vénérable
Instituteur. Mais, la fête et l’Office ne furent autorisées par le Saint-siège, pour l’Ordre
de Notre Dame de Charité et pour notre Congrégation de Jésus et Marie, qu’à une
époque où elle n’avait plus de relations avec ces deux instituts . Elle était morte, quand
la Sacrée Congrégation des Rites eut à se prononcer sur la doctrine et sur les écrits du
Vénérable Père Eudes, dans le Procès de sa Béatification. Aussi, des Conseils, purent la
persuader qu’il serait plus conforme à l’esprit de l’Église de se tourner vers la fête et
l’Office commun. Elle s’y résigna, mais ce fut à regret. (Procès Apostolique, p. 277
278)
La Bienheureuse María Droste
Au 19e siècle plusieurs hommes et femmes catholiques virent dans le mysticisme de
cette forme de dévotion au Sacré Cœur une manière de protester contre les tendances
rationalistes du modernisme de leur temps. En plus María Droste vécut dans sa famille
la tradition contemporaine de la dévotion du Sacré-Cœur de Jésus à travers des images,
des dévotions, des actes de consécration …
María Droste fût une apôtre passionné de l’amour du Sacré-Cœur pour tout le monde.
Elle vit le Cœur de Jésus comme une lumière qui allume le monde ; comme un océan
d’amour, de compassion, et de tendresse. Elle s’appela elle même : « L’Apôtre de son
Cœur » et elle voulut attirer tout le monde au Cœur de Jésus.
“De l’éclat de cette lumière les peuples et les nations seront éclairés, et de son ardeur
ils seront réchauffés ». Rendons-Lui amour pour amour, … mais un amour généreux, un
amour désintéressé : et là nous trouverons la source de notre bonheur et de notre
persévérance dans le chemin de la perfection » (Lettre du 6.1.1899 au Pape Léon XIII)
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À VOUS
Connaissez-vous la lettre envoyée le 06 01 1899 par María Droste au Pape Léon
XIII sur la Consécration du Monde au Sacré- Cœur ? Trouvez-vous quelques
éléments valables aujourd’hui ?
Document pour faciliter la réponse :
Lettre de Sœur Marie du Divin Cœur au Pape Léon XIII
"Très Saint Père,
...Par ordre expressif de Notre-Seigneur et avec le consentement de mon confesseur, je
viens, avec le plus profond respect et la plus parfaite soumission, faire part à Votre
Sainteté de quelques nouvelles communications, que Notre-Seigneur a daigné me faire.
Lorsque, l'été dernier, Votre Sainteté souffrait d'une indisposition qui, vu votre âge
avancé, remplit de soucis les cœurs de vos enfants, Notre-Seigneur me donna la douce
consolation qu'Il prolongerait les jours de Votre Sainteté afin de réaliser la consécration
du monde entier à son Divin Cœur Plus tard, le premier vendredi du mois de décembre,
Il me dit: qu'Il avait prolongé les jours de Votre Sainteté afin de vous accorder encore
cette grâce (de faire la consécration)... Il me laissa l'impression, qu'après avoir fait la
consécration, Votre Sainteté finira bientôt son pèlerinage ici-bas.
La veille de l'Immaculée Conception, ...il me semblait voir (intérieurement) cette
lumière, le Cœur de Jésus, ce soleil adorable, qui faisait descendre ses rayons sur la
terre, d'abord plus étroitement, puis s'élargissant, et enfin illuminant le monde entier. Je
reconnus l'ardent désir qu'Il a de voir son Cœur adorable de plus en plus glorifié et
connu, et de répandre ses dons et ses bénédictions sur le monde entier. Et Il choisit
Votre Sainteté, prolongeant vos jours, afin que vous puissiez lui rendre cet honneur,
consoler son Cœur outragé et attirer sur votre âme les grâces de choix qui sortent de ce
Divin Cœur, cette source de toutes les grâces, ce lieu de paix et de bonheur...
On pourrait trouver étrange que Notre-Seigneur demande cette consécration du monde
entier et ne se contente pas de la consécration de l'Eglise catholique. Mais son désir de
régner, d'être aimé, et glorifié, et d'embraser tous les cœurs de son amour et de sa
miséricorde est si ardent, qu'Il veut que Votre Sainteté Lui offre les cœurs de tous ceux
qui, par le saint baptême, lui appartiennent pour leur faciliter le retour à la vraie Eglise,
et les cœurs de tous ceux qui n'ont pas encore reçu la vie spirituelle par le saint baptême,
mais pour lesquels Il a donné sa vie et son sang et qui sont appelés également à être un
jour les fils de la sainte Eglise, pour hâter par ce moyen leur naissance spirituelle. . .
Je viens de nouveau supplier avec la plus filiale soumission et les plus vives instances
Votre Sainteté d'accorder à Notre-Seigneur la consolation qu'Il demande et d'ajouter au
culte de son Divin Cœurs quelque nouvel éclat, selon que Notre-Seigneur vous
inspirera. Notre-Seigneur ne m'a parlé directement que de la consécration, mais Il m'a
montré, à différentes reprises, l'ardent désir qu'Il a que son Cœurs soit de plus en plus
glorifié et aimé pour le bien des nations. Il me semble qu'Il lui serait agréable que la
dévotion des premiers vendredis du mois s'augmente par une exhortation de Votre
Sainteté au clergé et aux fidèles. Notre-Seigneur ne me l'a pas dit expressément, comme
lorsqu'Il parla de la consécration, mais je crois deviner cet ardent désir de son Coeurs,
sans cependant pouvoir l'affirmer.
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Après avoir fait en toute sincérité et simplicité mon récit à Votre Sainteté, il ne me reste
plus qu'à vous demander, Très Saint Père, avec la plus profonde humilité, pardon de
mon audace..."
Sœur Marie du Divin Cœur Droste zu Vischering Supérieure du Monastère du Bon
Pasteur à Porto Porto (Portugal), 6 janvier 1899
Blanca Inés Velásquez Posada , RBP
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