Gaston de Renty (1611- 1649)
II - GASTON DE RENTY ET JEAN EUDES : MISSIONNAIRES
Eudes et de Renty, ces 2 apôtres majeurs de la Normandie, se sont souvent rencontrés,
depuis la peste de Can en 1631 ou la répression des Nu-pieds en 1650.
En 1641, Jean Eudes fut appelé à Landelles, diocèse de Coutances, par un homme encore très
jeune mais déjà investi de grosses responsabilités. Gaston de Renty, déjà supérieur de la
puissante Compagnie du St Sacrement fondée en 1627 à Paris par le duc de Ventadour et un
groupe dont faisaient partie Condren et Vincent de Paul. De Renty allait devenir, à 30 ans, un
des plus fidèles et proches amis de Jean Eudes et subvenir aux frais de sept missions animées
par lui.
A l’été 1646, G. de Renty invite les missionnaires de Jean Eudes au Beny Bocage. Il
raconte comment, deux fois par semaine Jean Eudes rassemble les ecclésiastiques pour leur
faire des conférences, il assemble aussi la noblesse une fois par semaine, leur propose de
former des groupes se réunissant une fois par mois. De Renty participe lui-même activement à
la mission et en dresse un bilan :
« Les missionnaires eussent souhaité être 100, aussi bien qu’ils n’étaient que 18, pour
satisfaire le peuple qui attendait quelquefois 2, 3 et 4 jours pour pouvoir se confesser, et au
bout de 4 semaines, quantité ne l’ont pu ». Il est impossible que l’on ne soit pas touché de voir
la ferveur des pauvres gens quitter tout pour se rendre à la Parole de Dieu, et il faut rendre cet
honneur au Père Eudes de le tenir comme un admirable et extraordinaire organe de Dieu pour
le ministère où il l’a appelé. On ne peut résister à des vérités dites si saintement et si fortement.
Parallèlement à 3 missions de 1646 en Normandie Jean Eudes avait poursuivi ses
démarches afin de faire reconnaître enfin sa Congrégation. Il s’adressa à l’évêque de Bayeux et
lui demande confirmation pour le séminaire de Caen. La requête fut adressée aux échevins de
Caen, mais il n’y eut pas consentement de ces derniers, les Oratoriens veillaient !
G. de Renty s’engagea alors pour le Père Eudes le 03.09.1646.
Lettre au supérieur de Caen
:. « Je vois des prêtres assemblés qui désirent avec le Père
Eudes et même sans lui, servir l’Eglise selon l’intention du Concile de Trente, dans un
séminaire ; je voudrais contribuer à cette œuvre dans tous les diocèses du monde, s’il m’était
possible. J’ai connu les grands talents du Père Eudes dans les emplois où je l’ai vu et les grands
fruits que peuvent produire ses confrères. Pardonnez-moi si j’ose vous dire mon sentiment,
lequel je tiens du très digne Père de Condren, que ce serait une grande grâce à la congrégation
si elle pouvait fournir quantité de bons ouvriers à l’Eglise »
Quelle fermeté et sûreté de jugement chez un laïc de 35 ans. En mai 1647, Jean Eudes
partit prêcher dans le diocèse de Chartres à Nogent le Rotrou. C’est G. de Renty qui l’appelait.
La mission connut des difficultés au début (oppositions locales). Gaston de Renty écrivit à Jean
Eudes « Votre mission accroîtra en grâce par la contradiction que vous y portez. Votre
confiance et votre humilité surmonteront tout cela. Que vous êtes heureux d’être en si pleine
moisson, et que je sens votre cœur qui voudrait ouvrir et épandre de toute part pour faire
connaître le royaume de Dieu en Jésus Christ. Mais la mission s’acheva dans l’allégresse. Les
gens de Nogent ne voulurent plus laisser partir les missionnaires. Jean Eudes écrivit : « Je
n’avais encore rien vu de semblable ; Plus il y a des croix dans les affaires de Dieu, plus les
bénédictions y sont abondantes. » (cf. Marie Euphrasie, croix et grâce).
En septembre 1647 , Jean Eudes se présente à Paris au nouvel évêque de Bayeux,
Edouard de Molé, de réputation médiocre, fils du premier président du Parlement de Paris (ça
aide !) ; mais accueil glacial. Une fois de plus, G. de Renty réconforte son ami Jean Eudes. « Je
vous avoue que j’ai été touché lorsque j’ai appris combien de tempêtes vous avez eu à
supporter. Mais je ne m’étonne nullement de ces traverses : il suffit de savoir que vous êtes à
Jésus Christ. Soyez seulement fidèle à vous confier à Notre Seigneur et prenez garde que le
battement du dehors ne mette du trouble et de l’obscurité dans la lumière qui vous a éclairé et
pressé de sortir. »
Jean Eudes regagna le diocèse de Chartres, prêcha à la Ferté Vidame, invité par le duc
de St Simon (1607 – 1693, père du mémorialiste) qui connaissait Jean Eudes. Grâce à Gaston
de Renty la mission dure 9 semaines. Jean Eudes fut gravement malade, fièvre continue de 3