1 Première, introduction, septembre 2007. RAPPEL de seconde

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Première, introduction, septembre 2007.
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RAPPEL de seconde :
- Chômage : situation d’un individu sans emploi et à la recherche d’un emploi ; les chômeurs sont inclus dans la
population active.
- Population active : ensemble des individus exerçant ou déclarant chercher à exercer une activité rémunérée.
- Chômeur de longue durée : personne au chômage depuis plus d’un an.
- Taux de chômage : part de la population active au chômage. (son calcul : (nb de chômeurs / population active)
X 100).
DEFINITIONS :
Le lien marchand : relation qui se crée entre les individus qui se rencontrent sur un marché. La nature
marchande du lien est matérialisée par l’existence d’un prix de vente et donc d’un échange marchand.
Le lien social : ensemble des liens qui relient les individus ou les groupes d’individus les uns aux autres (même
s’ils ne se connaissent pas directement) au sein d’une société donnée et qui les amènent à se sentir membres
de cette société.
Le lien politique : ensemble des relations qui unissent les citoyens d’une même nation et les relient à une
collectivité politique, que celle-ci soit locale : une commune, nationale : l’État français, ou supranationale :
l’Union européenne.
A partir de l’ensemble du dossier documentaire et de votre réflexion, répondez au sujet
suivant :
« Montrez que le chômage est facteur d’exclusion du fait de son impact sur le lien marchand,
le lien social et le lien politique. »
Pour vous aider, complétez le tableau suivant afin d’organiser vos idées :
doc
Types de liens concernés
Idées contenues dans le doc
Idées complémentaires
Doc 22 p 21, Doc 4 p 27
Annexe 1 : Julien, chômeur de longue durée
Au moment de l'enquête, Julien, 40 ans, est sans travail depuis dix ans. Ouvrier jusqu'à 31 ans, d'abord dans l'usine
de caoutchouc où son père était OS', ensuite manutentionnaire dans les entrepôts d'une chaîne de grands
magasins, enfin, jusqu'à son licenciement économique en 1981, il est chromeur dans une robinetterie où les ateliers
sont robotisés.
Comme beaucoup de chômeurs de « longue durée » sans diplôme - il a échoué au CAP de pâtisserie vers lequel il
avait été « orienté » -, il décroche petit à petit du marché du travail et, parallèlement, il prend l'habitude de boire. Les
événements s'enchaînent et le dérèglement de la vie professionnelle entraîne le dérèglement de la vie familiale. La
femme de Julien, ouvrière, le quitte en gardant leur petite fille. [ ... ]
Pendant une période, il joue dans les orchestres pour les bals locaux de la région mais, malgré un prix de solfège au
Conservatoire où sa mère l'avait poussé lorsqu'il était enfant, il ne parvient pas à tirer un profit professionnel de son
goût pour la musique. Il quitte alors la région et, sans travail ni logement, se fait héberger quelques mois chez un de
ses frères vivant en région parisienne, puis il va de foyer en foyer, à l'Armée du Salut, au Secours catholique, et il
dort souvent dans la rue. Peut-on dire qu'il est chômeur? Il n'a plus de droits, plus de domicile, il est devenu
véritablement alcoolique. Après plusieurs cures de désintoxication, il obtient une allocation d'adulte handicapé.
Pierre LOUAPRE, « Nanterre Terminus », in P Bourdieu (dir.), La Misère du monde, Le Seuil, 1993.
1. Un OS est un ouvrier spécialisé, généralement peu qualifié.
Première, introduction, septembre 2007.
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Annexe 2 : Chômage et pauvreté
Certains ménages dont un membre est au chômage disposent d'un fort revenu : en 1996, 16 d'entre eux ont un
niveau de vie supérieur à 8400 F (1280,57 €) par mois, ce qui les place dans la partie haute de la distribution des
niveaux de vie. Mais la majorité des ménages concernés par le chômage disposent de revenus plus faibles que les
autres ménages actifs. En 1996, la moitié des ménages connaissant le chômage avaient un niveau de vie inférieur à
5 000 F par mois (c'est-à-dire 5 000 F (1280,57 €) pour une personne seule, 7 500 F (1143,37 €) pour un couple,
plus 1500 F (228,67 €) par enfant de moins de 14 ans), alors que 20 % seulement des ménages actifs avaient un
niveau de vie inférieur à cette somme.
C'est pour les personnes seules et les familles monoparentales que la différence de revenu entre les ménages
touchés par le chômage et les autres ménages actifs est la plus grande. C'est chez les couples sans enfant qu’elle
est la plus faible. Les trois quarts des personnes seules au chômage ont un niveau de vie inférieur à 5 000 F
(762,25 €) par mois, contre les trois cinquième des familles monoparentales connaissant le chômage.
Le chômage de longue durée et le chômage multiple dans un ménage s'accompagnent de difficultés financières
encore plus grandes que celles rencontrées par les ménages comprenant une seule personne au chômage depuis
moins d'un an. En 1996, 58 % des ménages touchés par le chômage de longue durée ont un niveau de vie inférieur
à 5000 F (1280,57 €) par mois, ce qui est le cas de 44 % des ménages touchés par le chômage depuis moins d'un
an.
INSEE Première, n° 775, mai 2001.
Annexe 3 : Chômage et lien social
Le travail n'est pas uniquement une source de revenus. Il contribue à l'insertion de chacun dans la société par le lien
social qu'il crée. La marginalisation que les chômeurs ressentent n'est pas uniquement due à une question de
revenus, mais aussi au sentiment d'inutilité et de mise à l'écart que provoque la mise au chômage.
Dans de nombreux entretiens dont ils font l'objet, des chômeurs interrogés déclarent souffrir de la marginalisation
sociale que fait naître leur inactivité, tant à l'égard de leurs anciens collègues que de leur entourage familial ou
amical. Le soupçon de paresse ou d'incompétence lié à l'absence d'activité professionnelle n'a pas totalement
disparu. [...]
Dans le même esprit, des chômeurs qui éprouvent des difficultés à retrouver un emploi (en particulier de longue
durée) risquent d'être soupçonnés de ne pas faire les efforts nécessaires et suffisants pour retrouver un travail et,
donc, de se satisfaire de leur situation. [...]
La combinaison « temps libre »/indemnités peut aussi susciter des jalousies, voire des tensions sociales. La
personne qui travaille peut être tentée de voir dans la disponibilité du chômeur une prolongation de ses week-ends à
elle, sans imaginer que les périodes passées ainsi sans travailler n'ont pas nécessairement le même effet sur leur
bénéficiaire. Dans la plupart des cas, après quelques semaines d'inactivité [...], le temps libre des chômeurs n'est
plus du tout perçu par eux-mêmes comme une extension de leurs vacances.
Robert Holcman, Le Chômage, La Documentation française, coll. « Études », 1997.
Annexe 4 : Il faut donc mettre l'accent sur la situation du plus grand nombre, celle où le chômage est vécu comme
un traumatisme profond touchant l'ensemble des aspects de la vie individuelle familiale et sociale.
Le chômage est d'abord la perte d'un statut. Nous vivons dans des sociétés où l'exercice d'un travail rémunéré
constitue la forme principale de reconnaissance d'une utilité et même d'une existence sociale.
Le chômage est donc vécu comme processus de dévalorisation ; le choc sera d'autant plus rude que
l'investissement dans le travail était plus grand et l'ancienneté dans l'entreprise plus élevée.
Le travail salarié est aussi à la base de la structuration du temps, aussi bien du temps de travail que du temps hors
travail. Le chômage n'est pas vécu comme temps libre mais comme temps vide ; l'expérience du désœuvrement est
génératrice d'ennui, d'angoisse et de culpabilisation ; elle provoque une incapacité à profiter du temps disponible et,
notamment, à développer des activités de substitution.
La répercussion négative sur les rapports familiaux est immédiate. Certes, il ne faut pas systématiser à l'excès :
l'épreuve du chômage peut être l'occasion d'un renforcement des solidarités et d'une intensification des relations au
sein du groupe familial. Témoignages et enquêtes montrent que c'est l'exception. S'il touche l'homme « chef de
famille », le chômage met en cause, surtout si la femme a un emploi, les stéréotypes définissant les rôles dans le
ménage ; il déclenche des comportements régressifs et conflictuels aggravés par les sentiments d'angoisse et de
culpabilisation signalés plus haut. S'il touche la femme, il la soumet fréquemment à une pression de l'environnement
en faveur d'un retour au statut de « femme au foyer » contre laquelle elle doit se battre. Le comportement des
enfants est affecté par la rupture de l'équilibre familial et par le climat d'insécurité qui en résulte.
Au-delà du cercle familial l'ensemble des relations sociales est perturbé par le chômage. D'abord, parce que
beaucoup de ces relations s'étaient construites à partir du travail et qu'elles vont s'étioler rapidement.
Conscients de leur dévalorisation, de la suspicion qui, plus ou moins ouvertement, les entoure, les chômeurs auront
tendance à rompre volontairement les relations sociales qui risquent d'être marquées par l'indifférence, la
commisération, le mépris ou la crainte d'une demande d'aide. La rupture s'observe non seulement dans les rapports
interindividuels mais plus encore dans toutes les formes de participation à la vie sociale, qu'il s'agisse du
militantisme politique ou syndical ou de la participation à la vie associative.
JACQUES FREYSSINET, Le Chômage, 1988.La Découverte
Première, introduction, septembre 2007.
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PROPOSITION DE CORRIGE sur le chômage :
Avec un taux de chômage de 8%, la France se situe parmi les pays européens les plus touchés. Vivre le
chômage peut conduire à l’exclusion sociale notamment dans une société comme la nôtre où le travail constitue
un élément essentiel de reconnaissance. Ainsi, en être privé affecte les liens marchands, sociaux et politiques.
Le chômage engendre une baisse du niveau de vie (quantité de biens et services qu’un ménage peut acquérir
avec un revenu donné). En effet comment maintenir un même niveau de consommation avec un revenu réduit ?
L’accès à la norme de consommation est empêché ou très limité. Le lien marchand qui passe par l’achat de biens
et de services est donc fragilisé ; non seulement, les ménages confrontés au chômage vont devoir abandonner
certaines consommations considérées comme secondaires, mais ils peuvent également se retrouver dans une
situation financière dramatique, ne leur permettant même plus de subvenir aux besoins vitaux (logement,
factures diverses..).
De plus, le sentiment d’être exclu de la norme sociale dominante dans une société de consommation fragilise
aussi l’ensemble des liens sociaux qui rattachent l’individu au reste de la société.
Le chômage perturbe également l’équilibre social. L’absence d’emploi, d’autant plus si elle se prolonge dans le
temps, peut faire naître le sentiment d’inutilité sociale et ainsi être source de dévalorisation (perte de confiance
en soi) ; la solitude et le désœuvrement participe à la mise à l’écart de la société. Beaucoup de relations sociales
sont nouées avec les collègues de travail si bien que le chômage rompt ces relations.
Il peut également entraîner des conséquences négatives sur la famille en remettant en cause la définition des
rôles au sein de la famille : dévalorisation de celui qui est au chômage, baisse de son apport financier, inégalités
au sein du couple sur la gestion du temps. Naissent des tensions et un sentiment d’insécurité, qui peuvent
perturber l’ensemble des relations familiales.
L’ensemble de la vie sociale est fragilisé et le sentiment d’inutilité sociale et de dévalorisation fragilise le lien
politique, en terme de participation à la vie citoyenne ; les chômeurs, et encore plus les chômeurs de longue
durée, non seulement ont tendance à perdre confiance en eux et dans leur capacité à agir collectivement (au
sein d’associations, de syndicats…) mais aussi confiance dans les instances publiques, ce qui affecte leur
participation électorale. En 2002, seulement 29% des chômeurs adhéraient à une association, contre 45% des
actifs occupés.
La situation de chômage, en rompant l’équilibre économique, social et politique d’un individu et de sa famille
est facteur d’exclusion. Si le chômage s’installe, il peut même conduire à la marginalisation lorsque les liens
familiaux, amicaux s’effondrent également. Ainsi, garder une insertion sociale familiale ou associative forte peut
être un moyen d’éviter cette fragilisation sociale (en maintenant solidarité, entraide au sein du réseau familial et
amical), et de sombrer dans cette spirale de l’exclusion.
PROPOSITION DE CORRIGE sur le chômage :
Avec un taux de chômage de 8%, la France se situe parmi les pays européens les plus touchés. Vivre le
chômage peut conduire à l’exclusion sociale notamment dans une société comme la nôtre où le travail constitue
un élément essentiel de reconnaissance. Ainsi, en être privé affecte les liens marchands, sociaux et politiques.
Le chômage engendre une baisse du niveau de vie (quantité de biens et services qu’un ménage peut acquérir
avec un revenu donné). En effet comment maintenir un même niveau de consommation avec un revenu réduit ?
L’accès à la norme de consommation est empêché ou très limité. Le lien marchand qui passe par l’achat de biens
et de services est donc fragilisé ; non seulement, les ménages confrontés au chômage vont devoir abandonner
certaines consommations considérées comme secondaires, mais ils peuvent également se retrouver dans une
situation financière dramatique, ne leur permettant même plus de subvenir aux besoins vitaux (logement,
factures diverses..).
De plus, le sentiment d’être exclu de la norme sociale dominante dans une société de consommation fragilise
aussi l’ensemble des liens sociaux qui rattachent l’individu au reste de la société.
Le chômage perturbe également l’équilibre social. L’absence d’emploi, d’autant plus si elle se prolonge dans le
temps, peut faire naître le sentiment d’inutilité sociale et ainsi être source de dévalorisation (perte de confiance
en soi) ; la solitude et le désœuvrement participe à la mise à l’écart de la société. Beaucoup de relations sociales
sont nouées avec les collègues de travail si bien que le chômage rompt ces relations.
Il peut également entraîner des conséquences négatives sur la famille en remettant en cause la définition des
rôles au sein de la famille : dévalorisation de celui qui est au chômage, baisse de son apport financier, inégalités
au sein du couple sur la gestion du temps. Naissent des tensions et un sentiment d’insécurité, qui peuvent
perturber l’ensemble des relations familiales.
L’ensemble de la vie sociale est fragilisé et le sentiment d’inutilité sociale et de dévalorisation fragilise le lien
politique, en terme de participation à la vie citoyenne ; les chômeurs, et encore plus les chômeurs de longue
durée, non seulement ont tendance à perdre confiance en eux et dans leur capacité à agir collectivement (au
sein d’associations, de syndicats…) mais aussi confiance dans les instances publiques, ce qui affecte leur
participation électorale. En 2002, seulement 29% des chômeurs adhéraient à une association, contre 45% des
actifs occupés.
La situation de chômage, en rompant l’équilibre économique, social et politique d’un individu et de sa famille
est facteur d’exclusion. Si le chômage s’installe, il peut même conduire à la marginalisation lorsque les liens
familiaux, amicaux s’effondrent également. Ainsi, garder une insertion sociale familiale ou associative forte peut
être un moyen d’éviter cette fragilisation sociale (en maintenant solidarité, entraide au sein du réseau familial et
amical), et de sombrer dans cette spirale de l’exclusion.
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