74 5. PROPRIÉTÉS DE FINITUDE ET (g, K)-MODULES
1. (g, K)-modules et énoncés de finitude
Si Gest un groupe, on rappelle qu’une représentation linéaire de Gsur un C-
espace vectoriel Vest la donnée d’un morphisme de groupes ρ:G→GL(V), ou ce
qui revient au même d’une structure de C[G]-module sur V. Si g∈Get v∈Von
note aussi g.v pour ρ(g).v. Les représentations de Gforment une catégorie de manière
évidente : celle des C[G]-modules. Une représentation (ρ, V )est dite irréductible (ou
simple) si l’on a V6= 0, et si les seuls sous-espaces de Vstable par ρ(G)sont {0}et
V, autrement dit si le C[G]-module associé est simple.
On suppose désormais que Gest un groupe topologique. On rappelle que tout C-
espace vectoriel de dimension finie est muni d’une topologie canonique (équivalence
des normes). Une représentation (ρ, V )de Gavec dim V < ∞est dite continue si
ρl’est en tant qu’application G→GL(V), où GL(V)est vu comme un ouvert de
l’espace de dimension finie End(V). Il est équivalent de demander que pour tout
v∈V, l’application “orbite" g7→ g.v,G→V, est continue. En effet, cette propriété
est évidemment nécessaire, et pour la réciproque il suffit de l’appliquer aux vecteurs
vd’une base donnée de V. On note Irr(G)l’ensemble des classes d’isomorphisme de
représentations continues et irréductibles de Gsur des espaces de dimension finie
(c’est évidemment un ensemble car on peut supposer que l’espace sous-jacent est Cn
pour un entier n≥0).
Pour tout τ∈Irr(G), et toute représentation linéaire (ρ, V )de G, on note Vτ⊂V
le sous-espace engendré par les sous-représentations de Vqui sont isomorphes à τ.
Un argument à la Zorn montre que la représentation Vτest isomorphe à une somme
directe (éventuellement infinie) de représentations isomorphes à τ. L’égalité évidente
HomC[G](Vτ, V 0
τ)=0pour τ6=τ0entraîne que les sous-espaces Vτavec τ∈Irr(G)
sont en somme directe dans V. Cette somme est toutefois strictement incluse dans
Ven général (donner un exemple avec G=Ret dim V= 2).
Proposition 5.1. Soient Gun groupe topologique compact et (ρ, V )une représen-
tation de G. On a équivalence entre :
(i) V=Lτ∈Irr(G)Vτ,
(ii) Vest réunion de sous-représentations de dimension finie et continues,
(iii) pour tout v∈V, l’application g7→ ρ(g).v prend ses valeurs dans un sous-
espace de dimension finie Wde V, et induit une application continue G→W.
Démonstration — Les conditions (ii) et (iii) sont trivialement équivalentes, et (i)
implique (ii). Supposons (ii) vérifiée et montrons V⊂Pτ∈Irr(G)Vτ(la seule chose
restant à monter par les rappels ci-dessus). Par le (ii), il suffit de voir que si U⊂V
est une sous-représentation de dimension finie et continue, on a U⊂Pτ∈Irr(G)Uτ
(car on a Uτ⊂Vτ). On peut donc supposer que Vest de dimension finie.
Rappelons que Gétant compact, il possède une unique mesure borélienne de
volume total 1invariante par translation des deux côtés, notée dg: c’est la mesure
de Haar. 1Cette mesure permet de munir Vd’un produit hermitien (défini positif)
1. Nous n’utiliserons pas son unicité ici, et en ce qui concerne son existence, le seul exemple
que nous considèrerons sérieusement ici est le cas ridiculement simple du groupe G= SO(2).
Dans ce cas, le morphisme de groupes π:R→SO(2),x7→ se2iπx , est un revêtement surjectif de