• Machiavel, dans le Prince, étudie le fonctionnement de l'action politique. Pour cela il
faut tenir compte de deux principes : fortuna (chance) et virtù (qualité qui détermine la valeur).
Pour Machiavel, la politique ne peut être abordé en fonction d'un modèle idéal et rationnel
(contrairement à Platon). Il faut au contraire tenir compte qu caractère foncièrement contingent
des circonstances historiques. Le Prince est celui qui par sa valeur se montre capable de maîtriser
les aléas de la fortune.
Dans le chapitre 9, consacré à la monarchie civile, Machiavel établit une typologie des
régimes politiques en montrant que lorsque le pouvoir ne résulte pas d'un coup de force il doit se
fonder sur les structures de la société :
- Soit le Prince tire son pouvoir de l'autorité des grands
- Soit il le fonde sur la puissance du peuple.
Machiavel évalue ces deux formes de constitutions politiques en fonction de leurs effets. Lorsque le
pouvoir s'appuie sur le soutient des grands il aura un caractère généralement instable, dans la
mesure où il est fondé sur des privilèges et sur la concurrence perpétuelle.
Par contre, sir le Prince tire son autorité du soutient de la multitude, il peut établir un régime qui
sera moins sensible aux aléas de la fortune dans la mesure où le peuple est toujours semblable à
lui-même et constitue ainsi une cause plus constante. On peut ainsi considérer que la multitude
possède un pouvoir constituant qui permet à l'Etat de se maintenir et d'être moins soumis à la
fortune. C'est donc en fonction des principes mêmes du pragmatisme de Machiavel que l'on peut
conclure à la supériorité du pouvoir fondé sur la puissance de la multitude.
-> Peut-on en conclure à une position républicaine de Machiavel ?
• Rousseau, dans du Contrat Social, présente Machiavel comme celui qui met à jour
les rouages du pouvoir tyrannique : « Le Prince de Machiavel est le livre des républicains. »
Dans le chapitre III, VI, consacré à la monarchie, Rousseau caractérise le régime
monarchique par le fait qu'il est potentiellement très efficace puisque le roi réunit dans sa
personne toutes les composantes de l'Etat. C'est pour cela que les monarchies sont adaptées aux
grands États modernes.
Néanmoins, comment peut-on définir le parallèle qui s'institue au sein de régime
monarchique entre le prince et le peuple ?
Rousseau montre qu'il y a ici une limite propre à la monarchie. En effet, on peut voir une
divergence entre les finalités du monarque et les finalités du peuple (le but de la monarchie n'est
pas le bien public mais l'obéissance du peuple.) C'est pour cela que le pouvoir du monarque est
sujet à la tyrannie. La monarchie n'a pas comme but primordial l'accroissement de la puissance du
peuple.
On voit que Rousseau, contrairement à Machiavel, ne se pose pas uniquement la
question de la permanence du pouvoir. Il introduit aussi la question de la légitimité des pouvoirs
politiques institués. En préambule du contrat social, Rousseau présente ainsi l'objet de sa
démarche : « Je veux chercher si dans l'ordre civil il peut y avoir quelques règles
d'administration légitime et sûre, en prenant les hommes tels qu'ils sont et les lois
telles qu'elles peuvent être : Je tacherai d'allier toujours dans cette recherche ce que
le droit permet avec ce que l'intérêt prescrit afin que la justice et l'utilité ne se
trouvent point divisées. »
Rousseau considère ainsi que la question de la légitimité n'est pas étrangère aux problèmes
de l'institution du pouvoir politique. La philosophie politique de Rousseau consiste à montrer que
seul un pouvoir réellement légitime peut durer par lui-même.
IV. La théorie du contrat
• Rousseau, dans le Contrat Social, s'efforce de donner une explication du paradoxe
exprimé au début du livre I : « l'homme est né libre, et partout il est dans les fers ». Cette formule
indique une contradiction entre la nature de l'homme et la situation impliquée par l'existence
sociale. (servitude).