Code de déontologie médicale – Commenté

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Code de déontologie médicale – Commenté
http://www.conseil-national.medecin.fr/index.php?url=deonto/article.php&id=38
Article 36 : Consentement du malade
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Article 36 (article R.4127-36 du code de la santé publique)
(commentaires révisés en 2003 )
Le consentement de la personne examinée ou soignée doit être recherché dans tous les
cas.
Lorsque le malade, en état d'exprimer sa volonté, refuse les investigations ou le
traitement proposés, le médecin doit respecter ce refus après avoir informé le malade de
ses conséquences.
Si le malade est hors d'état d'exprimer sa volonté, le médecin ne peut intervenir sans que
ses proches aient été prévenus et informés, sauf urgence ou impossibilité.
Les obligations du médecin à l'égard du patient lorsque celui-ci est un mineur ou un
majeur protégé sont définies à l' article 42 .
Le malade a le droit d'accepter ou de refuser ce que le médecin lui propose et non lui
impose. Cette liberté du malade est une exigence éthique fondamentale, corollaire du
devoir d'information énoncé à l'article précédent. L'information du malade est en effet la
condition préalable de son consentement, conséquence qu'il tire de cette information ( art.
35 ).
La loi du 4 mars 2002 précise à cet égard « aucun acte médical ni aucun traitement ne
peut être pratiqué sans le consentement libre et éclairé de la personne et ce consentement
peut être retiré à tout moment ».
Les actes médicaux justifiant ce consentement doivent être entendus, au sens large : en
commençant par l’examen clinique habituel dont certains gestes peuvent être
désagréables, comprenant des investigations complémentaires non-invasives ou nonsensibles (par exemple sérologie virale), différents traitements, la surveillance du
traitement et de ses suites ; il porte également sur la participation éventuelle du patient à la
formation d’étudiants, ou continue des médecins ( art. L.1110-4, 6ème alinéa du code de
la santé publique), à des publications qui permettraient une identification.
Le fait d'intervenir sur un patient contre son consentement est pour un médecin une faute
qui engage sa responsabilité civile et l'expose à une sanction disciplinaire.
Si le malade est inconscient ou dans l'impossibilité de donner un consentement éclairé, il
est nécessaire de consulter les proches ou la personne de confiance (voir note 1) qu’il a pu
désigner, susceptibles de transmettre une position antérieurement exprimée par la patient.
Rester inactif irait à l'encontre des prescriptions de l'article 9 du code qui fait obligation à
tout médecin en présence d'un blessé ou d'un malade en péril de lui porter assistance ou de
s'assurer qu'il reçoit les soins nécessaires. Un tel comportement serait en outre de nature à
entraîner des poursuites pour non-assistance à personne en danger. En cas d'urgence ou
d'impossibilité persistante de joindre ces proches, le médecin devra intervenir comme il le
juge souhaitable.
1- Caractères du consentement
Le consentement doit être "libre et éclairé".
Le patient doit formuler son consentement après avoir reçu de la part du médecin, une
information claire, compréhensible, adaptée à ses capacités de comprendre la nature des
actes et prescriptions proposés, leur intérêt pour sa santé et les conséquences néfastes en
cas de refus.
Le médecin l'aide à réfléchir, lui apporte les explications qu'il souhaite, peut rectifier des
erreurs d'appréciation, rappeler des données mal mémorisées. Le consentement ne
représente pas tant une fin en soi que la marque d'une relation de bonne qualité avec le
patient.
Le médecin doit se garder d’une attitude trop distante. Le patient qui le consulte lui
accorde sa confiance. Le médecin doit l’aider à donner son consentement sans mettre le
patient dans une situation organisée d’abandon, face à une décision qui peut le dépasser.
Souvent en fait, le consentement que donne le patient à son médecin est plus affectif
qu'éclairé. Ce n'est pas un "abandon inconditionnel", ni un "blanc-seing" mais une
confiance utile au patient et dont le médecin ne peut guère se passer.
On conseille parfois au médecin de recueillir auprès de ses malades un consentement écrit
dès qu'il s'agit d'une décision d'importance. Pour les patients mineurs, ce consentement
écrit ("permis d'opérer") est souvent demandé d'avance et systématiquement. Cette
méthode n'est pas satisfaisante, faute d’information sur l’intervention qui se révèlerait
ultérieurement nécessaire ; elle risque de dénaturer la confiance et de perturber d'emblée
la relation normale entre les malades et le médecin.
Le médecin, qui seul possède bien les données de la décision, ne peut être ainsi déchargé
de sa responsabilité par un "chèque en blanc" donné par le malade ou son entourage.
Le consentement écrit n'a d'ailleurs pas une valeur juridique absolue sauf lorsqu'il est
exigé par la loi (cas notamment des recherches biomédicales : loi du 20 décembre 1988
modifiée, infra). Cette dernière situation a montré qu'une formulation écrite pouvait
intervenir, moyennant certaines précautions, sans empoisonner la relation médecinmalade, voire en la renforçant.
Il peut être indiqué parfois, en cas de refus du malade, de lui faire consigner ce refus par
écrit, ne serait-ce que pour lui signifier d'une autre manière la gravité de sa décision. Un
tel document ne décharge pas le médecin de ses responsabilités mais peut témoigner que
le malade a bien été informé.
2 – Patients ayant de la difficulté à exprimer leur volonté
Le langage médical, même simplifié, nécessite de la part du patient une capacité de
perception sensorielle, une capacité de compréhension de la langue française. Il sera
nécessaire de s’assurer de la bonne compréhension auprès de patients ne maîtrisant pas le
français par l’intermédiaire de la famille proche ou de la personne de confiance, ainsi que
pour les patients présentant un déficit des fonctions sensorielles, auditives ou visuelles, un
déficit des fonctions cognitives par évolution dégénérative, par lésion encéphalique ou par
la présence d’une pathologie psychiatrique.
3- Patient hors d'état d'exprimer sa volonté
a) Si le patient est comateux ou obnubilé, le médecin a souvent l'obligation d'agir
immédiatement. Dès qu'il en aura la possibilité il donnera des explications à la famille.
Dans le cas où le patient est hors d’état de donner son consentement et où tout retard
serait préjudiciable au patient, le médecin ou le chirurgien peut être conduit à intervenir
sans pouvoir recueillir le consentement du patient ni avertir la famille. Il devra en
informer dès que possible le patient et justifier sa décision.
b ) Le consentement du malade mental aux soins qu'on lui propose doit être recherché et
on insistera si besoin pour l'obtenir ; mais lorsqu'il s'y refuse, le médecin et l'entourage
familial doivent dans certains cas passer outre. En cas d'aliénation mentale caractérisée ou
d'état dangereux pour la sécurité des personnes, l'hospitalisation s'impose avec ou sans
internement administratif.
La loi du 27 juin 1990 (voir note 2). sur l'hospitalisation des malades mentaux permet
dans certaines conditions de passer outre au refus de consentement du patient, tant pour
réaliser l'admission en milieu hospitalier public que pour appliquer le traitement.
Lorsqu'il s'agit de troubles névrotiques ou de déséquilibre affectif même spectaculaires,
mais n'altérant pas la personnalité et laissant au sujet la possibilité d'un jugement
raisonnable, aucun soin ne peut lui être donné sans son assentiment.
c ) Mis en présence d'une tentative de suicide, le médecin doit tout faire pour sauver la vie
de la personne. L'expérience apprend qu'en attentant à ses jours le sujet commet un acte
pathologique. Dans l'immense majorité des cas le suicidaire ne se plaindra pas d'avoir été
soigné.
d ) Le fait que le patient détenu soit privé de sa liberté n'entraîne en aucune manière une
exception. Comme tout être humain, un prisonnier a le droit d'accepter ou de refuser les
soins.
4 – Mineurs
Le praticien qui donne ses soins à un enfant doit recueillir le consentement de ses
représentants légaux (parents ou tuteurs), après les avoir informés sur la maladie, les actes
et traitements proposés, leurs avantages et risques, les alternatives thérapeutiques, les
conséquences d’une abstention ou d’un refus.
Les parents divorcés ou séparés exercent en commun l'autorité parentale et ils doivent
tous deux être prévenus et consultés pour une décision grave concernant l'enfant.
L'article 372-2 du code civil précise néanmoins qu'"à l'égard des tiers de bonne foi,
chacun des parents est réputé agir avec l'accord de l'autre, quand il fait seul un acte usuel
de l'autorité parentale relativement à la personne de l'enfant".
Lorsque les parents sont absents et ne peuvent être prévenus et si la situation est grave et
urgente, le médecin prend les mesures nécessaires et donne les soins sous sa seule
responsabilité ( art. 42 ).
Mais le mineur a le droit de recevoir une information selon son degré de maturité et son
consentement doit être systématiquement recherché s’il est apte à exprimer sa volonté et à
participer à la décision. Cela concerne en particulier les adolescents.
La loi du 4 mars 2003 (voir note 3). apporte une dérogation à l’article 371-2 du code civil
et autorise le médecin à se dispenser du consentement du ou des titulaires de l’autorité
parentale lorsque la personne mineure a expressément demandé au médecin de garder le
secret sur son état de santé vis-à-vis de ses parents et que le traitement ou l’intervention
s’impose pour sauvegarder sa santé. Le médecin devra s’efforcer d’obtenir le
consentement du mineur à la consultation des titulaires de l’autorité parentale ; en cas de
refus, le mineur sera obligatoirement accompagné d’une personne majeure de son choix.
Le médecin gardera à l’esprit la nécessité d’informer complètement le mineur sur la
gravité de la décision prise d’écarter les titulaires de l’autorité parentale et s’assurera de
l’identité et de la qualité de la personne majeure choisie pour accompagner le mineur.
5- Refus de consentement
Si le malade, en état d'exprimer sa volonté, refuse ce qui lui est proposé, le médecin ne
doit pas se satisfaire d'un seul refus. Il doit s’efforcer de convaincre le patient en lui
apportant à nouveau toutes les précisions nécessaires, en s’assurant qu’elles sont
correctement comprises, solliciter l’avis d’un consultant.
En cas de refus réitéré du patient, le médecin pourra refuser de continuer la prise en
charge, à condition de faire assurer la continuité des soins par un autre médecin.
Le médecin pourra passer outre le refus du consentement lorsque le patient présente un
risque vital : phase ultime d’une grève de la faim, conduite suicidaire, ….
Face à des croyances sectaires, le médecin devra respecter la volonté des patients, après
les avoir informés des conséquences de leur refus. En cas de risque vital, le médecin se
doit d’agir en conscience. (voir note 4).
Face à un mineur en danger, il doit avertir le procureur de la République et donner les
soins nécessaires.
6- Consentement du malade dans les hôpitaux
Comme l'hospitalisation est généralement décidée en raison d'une situation complexe,
confuse ou sérieuse, les médecins hospitaliers doivent veiller tout spécialement à fournir
aux malades les explications nécessaires, afin d'être assurés de leur adhésion aux soins
prévus. Parfois le consentement du malade est un peu trop vite considéré comme acquis,
au point que son opposition, si elle se manifeste, scandalise plus ou moins et prend l'allure
d'une incongruité. Certes, avant de lui faire subir une intervention chirurgicale, on le
préviendra, ainsi que sa famille, mais on l'aura quelquefois soumis au préalable à nombre
d'examens dont certains comportent des risques, et à des traitements sur lesquels peu
d'explications lui sont données. S'il exprime des réticences vis-à-vis du traitement, ou du
transfert décidé vers un autre service, le médecin n'a pas toujours le temps, la patience de
lui expliquer et de le convaincre, ce qui est regrettable et doit être évité.
Ces explications sont d'autant plus recommandables que le malade se trouve assez souvent
pris par une obligation de fait de donner son consentement, dans un établissement
hospitalier ou certains organismes de soins, parce qu'il ne voit pas pour lui d'alternative.
L'alternative doit toujours exister et être signalée au patient. Quand le malade est réticent,
il ne faut pas hésiter à lui faciliter l'accès à un consultant pour un "deuxième avis" et faire
appel à son médecin traitant, avec lequel il décidera.
7- Domaines régis par la loi
Dans des domaines particuliers dont le nombre ne cesse de croître, le législateur est
intervenu pour rappeler la nécessité d'un consentement du patient avant l'exécution d'un
acte médical et pour en fixer les modalités.
- La loi du 17 janvier 1975, modifiée par la loi du 4 juillet 2001 sur l'interruption
volontaire de grossesse, précise les caractéristiques du consentement qui doit être donné
par la femme concernée ( art. L.2212-5 du code de la santé publique), le cas échéant,
mineure ( art. L.2212-7 du code de la santé publique).
- La loi du 20 décembre 1988 (loi Huriet) définit avec précision les caractéristiques du
consentement "libre, éclairé et exprès" qui doit être recueilli auprès des personnes qui se
prêtent à des recherches biomédicales ( art. 15 ).
- La loi n° 94-654 du 29 juillet 1994 relative au don et à l'utilisation des éléments et
produits du corps humain, à l'assistance médicale à la procréation et au diagnostic prénatal
(remplaçant la loi du 22 décembre 1976, dite loi Caillavet) qui régit les prélèvements
d'organes exige une autorisation libre et expressément consentie du donneur vivant ou, s'il
est mineur, de son représentant légal ; on ne peut toutefois passer outre à l'opposition d'un
mineur ( art. 16 ).
- La loi du 4 janvier 1993 réorganisant la transfusion sanguine introduit l'obligation de
recueillir le consentement écrit du ou des représentants légaux du donneur lorsqu'il est
mineur, ainsi que l'assentiment de ce dernier avant tout prélèvement sur sa personne.
- La loi du 1er juillet 1994 relative au traitement des données nominatives ayant pour fin
la recherche dans le domaine de la santé exige que soit obtenu le consentement éclairé et
exprès des personnes concernées dans le cas où cette recherche nécessite le recueil de
prélèvements biologiques identifiants. Elle prévoit toutefois que des "informations
peuvent ne pas être délivrées si, pour des raisons légitimes que le médecin traitant
apprécie en conscience, le malade est laissé dans l'ignorance d'un diagnostic ou d'un
pronostic grave".
notes
(1 )Art. L.1111-4, 4ème alinéa du code de la santé publique :
Lorsque la personne est hors d'état d'exprimer sa volonté, aucune intervention ou
investigation ne peut être réalisée, sauf urgence ou impossibilité, sans que la personne de
confiance prévue à l'article L. 1111-6, ou la famille, ou à défaut, un de ses proches ait été
consulté.
Art. L.1111-6 du code de la santé publique
« Toute personne majeure peut désigner une personne de confiance qui peut être un
parent, un proche ou le médecin traitant, et qui sera consultée au cas où elle-même serait
hors d'état d'exprimer sa volonté et de recevoir l'information nécessaire à cette fin. Cette
désignation est faite par écrit. Elle est révocable à tout moment. Si le malade le souhaite,
la personne de confiance l'accompagne dans ses démarches et assiste aux entretiens
médicaux afin de l'aider dans ses décisions.
Lors de toute hospitalisation dans un établissement de santé, il est proposé au malade de
désigner une personne de confiance dans les conditions prévues à l'alinéa précédent. Cette
désignation est valable pour la durée de l'hospitalisation, à moins que le malade n'en
dispose autrement. Les dispositions du présent article ne s'appliquent pas lorsqu'une
mesure de tutelle est ordonnée. Toutefois, le juge des tutelles peut, dans cette hypothèse,
soit confirmer la mission de la personne de confiance antérieurement désignée, soit
révoquer la désignation de celle-ci. »
(2 ) Loi n° 90-527 du 27 juin 1990 (J.O. 30 juin 1990) ; art. L.3211-1 à L.3211-10 du code
de la santé publique (anciens art. L.326-1 à L.355.)
(3 ) Art. L.1111-5 du code de la santé publique
« Par dérogation à l'article 371-2 du code civil, le médecin peut se dispenser d'obtenir le
consentement du ou des titulaires de l'autorité parentale sur les décisions médicales à
prendre lorsque le traitement ou l'intervention s'impose pour sauvegarder la santé d'une
personne mineure, dans le cas où cette dernière s'oppose expressément à la consultation
du ou des titulaires de l'autorité parentale afin de garder le secret sur son état de santé.
Toutefois, le médecin doit dans un premier temps s'efforcer d'obtenir le consentement du
mineur à cette consultation. Dans le cas où le mineur maintient son opposition, le médecin
peut mettre en oeuvre le traitement ou l'intervention. Dans ce cas, le mineur se fait
accompagner d'une personne majeure de son choix.
Lorsqu'une personne mineure, dont les liens de famille sont rompus, bénéficie à titre
personnel du remboursement des prestations en nature de l'assurance maladie et maternité
et de la couverture complémentaire mise en place par la loi nº 99-641 du 27 juillet 1999
portant création d'une couverture maladie universelle, son seul consentement est requis. »
(4 ) A propos d’un Témoin de Jéhovah, transfusé sans son consentement : Conseil d’Etat,
ordonnance du 16 août 2002 – Feuillatey
« Considérant que le droit pour le patient majeur de donner, lorsqu’il se trouve en état de
l’exprimer, son consentement à un traitement médical revêt le caractère d’une liberté
fondamentale ; que toutefois les médecins ne portent pas à cette liberté fondamentale, telle
qu’elle est protégée par les dispositions de l’article 16-3 du code civil et par celles de
l’article L.1111-4 du code de la santé publique, une atteinte grave et manifestement
illégale lorsqu’après avoir tout mis en œuvre pour convaincre un patient d’accepter les
soins indispensables, ils accomplissent, dans le but de tenter de la sauver, un acte
indispensable à sa survie et proportionné à son état ; que le recours dans de telles
conditions, à un acte de cette nature n’est pas non plus manifestement incompatible avec
les exigences qui découlent de la convention européenne de sauvegarde des droits de
l’homme et des libertés fondamentales, et notamment de son article 9 ; »
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