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années 1950 en Union soviétique et longtemps considéré par bon nombre d’intellectuels
marxistes comme une référence indépassable
.
L’évolution théorique se structure autour de quatre grandes étapes. La première (1960-
1966) est marquée par une relecture et une mise en cohérence des trois livres du Capital. À
partir de 1966 et jusqu’en 1971, Paul Boccara entame la réflexion sur le capitalisme
monopoliste d’État et l’articulation suraccumulation-dévalorisation du capital et baisse
tendancielle du taux de profit/contre-tendances. Les années 1970 marquent le début d’une
réflexion plus générale sur la recherche d’un nouveau type de croissance comme une issue à
la crise. Enfin, les années 1980 constituent le début des travaux sur la constitution d’un critère
synthétique de gestion. Comme le souligne Michel Bellet, des premiers travaux sur le
dépassement du capital jusqu’aux études sur les nouveaux critères de gestion, le couple
suraccumulation-dévalorisation du capital constitue l’axe de réflexion principal de Paul
Boccara et plus généralement de l’école de la régulation systémique
.
Si les travaux de Paul Boccara insistent sur la dévalorisation du capital en phase B de
Kondratieff (1.1.1.), Louis Fontvielle organise sa pensée autour de thème de la revalorisation
de la force de travail (1.1.2.).
1.1.1. Régulation et dévalorisation du capital
L’approche en termes de régulation systémique se développe vers les années 1970-1980
dans le sillage de la thèse du capitalisme monopoliste d’État et s’inscrit dans la perspective de
la théorie de la suraccumulation-dévalorisation du capital comme le souligne Paul Boccara :
« La théorie de la suraccumulation-dévalorisation du capital permet d'analyser la régulation
spontanée, opérant à la façon d'un organisme naturel, biologique du capitalisme. Elle montre
comment sur la base des rapports de production, de circulation, de répartition et de
consommation capitalistes, s'effectue cette régulation. La régulation est l'incitation au
progrès des forces productives et de la productivité du travail ainsi que la lutte contre les
obstacles à ce progrès. Elle concerne aussi le rétablissement de la cohérence normale du
système, après le développement des discordances et le dérèglement formel que ce progrès
engendre nécessairement. Ce rétablissement s'effectue à travers les crises et les
transformations qu'elles provoquent y compris les transformations structurelles de
l'organisme économique allant jusqu’à mettre cause l’existence du capitalisme lui-même »
.
Le caractère systémique des travaux de Paul Boccara repose sur le rôle fondamental du
taux de profit
qui permet d’apprécier la structure des résultats du système économique. La
régulation par le taux de profit se caractériserait, au sein d’un cycle Kondratieff, par des
périodes de suraccumulation suivies de phases de dévalorisation du capital. Celle-ci s'exprime
sous trois formes différentes : la dévalorisation du capital en excès, la dévalorisation
conjoncturelle de capital de longue durée et la dévalorisation structurelle de capital. La
première consiste soit en une mise en sommeil du capital qui n'arrive pas à se valoriser, soit
en une mise en valeur à taux réduit, soit en une destruction d'une partie du capital. La
dévalorisation conjoncturelle de capital de longue durée, entraîne la destruction de capital, des
Pouch T., Les économistes français et le marxisme. Apogée et déclin d'un discours critique (1950-2000),
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2001.
Bellet M., La régulation, éléments sur le statut de deux programmes de recherche, Issues, n° 32, 1988, p. 5-33.
Boccara P., Études sur le capitalisme monopoliste d'État, sa crise et son issue, Paris, Éditions sociales, 1974.
Jean-Claude Delaunay trouve d’ailleurs « injuste et surtout inexact de réduire la problématique dite de la
suraccumulation-dévalorisation à une régulation mécaniquement étatique du taux de profit », mais pense
toutefois que le manque de travaux sur cette question a « conduit à ce qu'elle fonctionne sous sa forme
idéologiquement réduite et appauvrie de régulation étatique du taux de profit ». Delaunay J.-C., Questions
posées à la théorie de la régulation systémique, Économies et sociétés, série R, n° 2, 1986, p. 209-231.