Cancer du col : il faut empêcher les partenaires de fumer !
Date de création : 09 février 2005
L’infection par un papillomavirus potentiellement oncogène peut atteindre une
incidence de 15 à 20 % avant 30 ans. Dans un nombre de cas rares, l’organisme
n’arrive pas à se débarrasser du virus qui s’intègre à l’ADN de la cellule cervicale
hôte et induit sa cancérisation. Les circonstances favorisant cette intégration sont
mal connues, mais le tabagisme actif semble constituer un des facteurs de risque le plus
souvent retrouvé.
Pour aller plus loin dans cette démarche préventive, CL Trimble s’est intéressé à la relation
entre tabagisme passif et risque de lésion néoplasique cervicale au sein d’une cohorte de
respectivement 24 792 et 26 381 personnes interrogées sur leurs habitudes tabagiques et celles
de leur famille et réunies à l’occasion de 2 recensements organisés en 1963 et 1975 par le
comté de Washington aux Etats-Unis. Les cas de néoplasies cervicales survenus entre 1963 et
1978 et entre 1975 et 1994 dans les deux cohortes ont été identifiés à partir du registre du
cancer du comté. Le risque relatif de développer une néoplasie cervicale en association au
tabagisme passif (par comparaison aux sujets n’ayant jamais fumé et non soumis au tabagisme
passif) est apparu être de 2,1 (intervalle de confiance de 95 % : 1,3 à 3,3) dans la cohorte de
1963 et de 1,4 (0,8 à 2,4) dans celle de 1975. Cette étude retrouve donc une relation entre
tabagisme passif et cancérogenèse cervicale uniquement significative dans la cohorte la plus
ancienne (1963). La longueur habituelle du processus de cancérisation (30 ans) explique peut–
être que toutes les néoplasies cervicales n’étant pas encore détectables en 1994, les effets du
tabagisme ne se sont pas encore fait totalement sentir dans la cohorte de 1975.
En tout état de cause, les données épidémiologiques s’accumulent pour accuser le tabagisme
actif mais également passif de favoriser la cancérisation du col de l’utérus secondaire à
l’infection par un papillomavirus potentiellement oncogène. La lutte contre l’addiction
tabagique … des partenaires de nos patientes pourrait ainsi participer à la réduction de
l’incidence du cancer du col de l’utérus au même titre que les nouvelles stratégies de
dépistages virales ou autres.
Dr Jean-Marie Brideron
Trimble C « Active and Passive Cigarette Smoking and the Risk of Cervical Neoplasia »
Obstet Gynecol 2005;105:174-81. © Copyright 2005 http://www.jim.fr