t/ha en saison sèche à nébulosité réduite, notamment dans les régions chinoises plantées en
« super hybrides » précoces synthétisant plus de 100 kg de paddy par hectare et par jour !
C’est ici que la révolution verte rizicole (1965-1990), en combinant innovations
technologiques (variétés productives semi-naines répondant à l’azote) et politiques incitatrices
(infrastructures hydrauliques, prix et marchés, recherche et vulgarisation), a permis un
triplement de la productivité physique, la mécanisation intermédiaire des opérations culturales
(le petit motoculteur multi-usages ubiquiste y a joué un rôle clef), l’augmentation de l’emploi
agricole, la baisse tendancielle du prix du riz qui a grandement facilité le décollage industriel,
mais aussi la montée des atteintes à l’intégrité du milieu (eau, pesticides, fin de la pisciculture
en rizière, etc.). Ces dégradations doivent être limitées au moyen de nouveaux systèmes de
culture productifs mais reposant beaucoup plus qu’auparavant sur les régulations biologiques
que sur une artificialisation encore plus poussée du milieu rizicole. Le challenge est
impressionnant, car ces systèmes irrigués devront à terme nourrir environ 4 milliards de
consommateurs avec moins de terres (urbanisation, salinisation des sols, diversification
agricole), moins de bras (industrialisation et services absorbant la main d’œuvre rurale),
moins d’intrants chimiques (engrais minéraux plus coûteux et arrêt de la surconsommation de
pesticides) et moins d’eau agricole (compétition croissante avec les autres usages de cette
ressource). Car produire un kilogramme de paddy avec jusqu’à cinq mètres cubes d’eau ne
sera plus possible dans la plupart des régions!
Riz inondé – Parcelles de riz traditionnel aromatique « à odeur de jasmin » à Ubon Ratchathani au nord-est de la Thaïlande
(© Novembre 1994 / G. Trébuil)
Avec un quart des surfaces, la riziculture inondée en casiers également endigués et étagés,
mais dont la submersion dépend de la pluviométrie en l’absence d’apport d’eau par irrigation,
ne permet pas le plus souvent un contrôle satisfaisant de l’hydrologie de surface, ni la double
ou triple culture annuelle. Cependant, très répandue en Asie du Sud et du Sud-Est, elle est
sujette aux déficits hydriques en début et fin de cycle, ainsi qu’aux inondations profondes lors
du pic de la mousson humide. Ignorées par la révolution verte qui a aussi été source de fortes
disparités interrégionales, ces conditions de culture ne permettent pas l’adoption de variétés
modernes et productives à pailles courtes, et les rendements de ses cultivars rustiques restent
de l’ordre de 2 à 3 t/ha. La riziculture d’eau profonde, côtière ou à riz flottants (aux tiges
pouvant dépasser 5 mètres de longueur) constitue un écosystème plus marginal et en
contraction, et à faible productivité physique (rendements de l’ordre de 1-1,5 t/ha de paddy),
souvent converti en fermes aquacoles (poissons, crevettes, crabes, etc.). Il en est de même de
la riziculture pluviale, non endiguée et sans submersion des parcelles, souvent pratiquée sur
des hautes terres en pente au moyen de l’abattis-brûlis. Au fil de l’intégration de ces régions
reculées au marché et face à la pression croissante de conservation de la couverture forestière,