d’ailleurs, Bourgoing siège également au Conseil de la Banque IRP Jusqu’au
début des années 1910, les tensions chauvines entre Français et alliés
germaniques savent s’apaiser pour développer en commun les flux bancaires
et financiers en Europe centrale et orientale
.
Un essor modéré qui s’accélère au XXe siècle
Les débuts de la Banque de Salonique ont été marqués par des
difficultés aiguës : la ville même de Salonique est victime d’un gigantesque
incendie en 1890, qui frappe notamment les quartiers du négoce ; cela
contracte aussitôt le volume des affaires et suspend l’essor de la banque.
Mais une rapide reconstruction et l’ouverture de la ligne Salonique-Monastir
(ville située en Serbie actuelle) en 1892-1893 relancent peu à peu les
affaires, encore incertaines
, avec un fort repli au début des années 1890 –
surtout quand éclate une guerre entre Grecs et Ottomans, gagnée par ceux-
ci en 1897. Le bilan reste encore modeste (10,7 millions de francs en 1897 –
47,1 millions de piastres), tout comme la dimension bancaire (avec
seulement 4,6 millions de francs de dépôts et 8,6 millions d’encours de
crédits). Pendant une quinzaine d’années, la Banque de Salonique ne semble
guère animée d’une volonté de croissance forte : la prudence règne et la
maison se contente d’une activité de banque commerciale classique, proche
d’un petit nombre de sociétés clientes, comme le confirme d’ailleurs le
Conseil, qui précise que la Banque de Salonique « s’occupe exclusivement
d’affaires courantes de banque
». Cela explique, semble-t-il, la progression
modérée de son bilan, qui fluctue au gré de la conjoncture commerciale.
C’est seulement au milieu de la première décennie du XXe siècle que la
dimension évolue sensiblement, ce qui justifie l’augmentation de capital
de
1905, de 1906, de 1907 et de 1907-1908
. Le bilan, qui oscille entre 15 et
20 millions de francs au tournant du siècle, atteint les 50 millions en 1907.
Les dépôts ont augmenté à 38,6 millions en 1908 et les crédits à 37,2
millions de francs
. Cette forte progression se déploie pendant toute la
première décennie du siècle ; elle explique certainement que l’action Banque
de Salonique puisse être cotée en Bourse de Paris à partir de 1904.
Un réseau d’agences sur deux continents
L’une des causes de cet essor est la formation d’un réseau de guichets,
qui transforme la nature de la Banque de Salonique. Maison cantonnée
d’abord dans la place de Salonique, elle s’élève à la dimension d’un
établissement rayonnant sur nombre de places ottomanes des deux rives de
la mer Égée. Elle amplifie, en effet, son activité de banque commerciale en se
dotant d’un réseau d’agences sur des places marchandes actives ; elle
s’enracine notamment dans l’agglomération de Constantinople ; elle s’établit
à Andrinople, une grande ville-escale de la voie ferrée reliant l’Europe
centrale à Constantinople, ainsi qu’à Cavalla, cité située sur la route reliant
Salonique à Constantinople et dans plusieurs escales (Uskub, en Macédoine
yougoslave ; Dedeagatch, sur la côte orientale entre Salonique et
Constantinople) le long de lignes ferroviaires gérées par des intérêts
allemands ou français dans cette contrée de la Turquie d’Europe. Le maillage