1 18e forum de presse de l’IZZ (Centre d’information sur la santé dentaire) le 29 juin 2012 à Strasbourg Faculté de médecine dentaire de l’université de Strasbourg L’influence de l’Europe sur l’évolution des droits des patients et les métiers de la santé : (Discours oral) du point de vue du Dr Bernhard Jäger, président adj. de la chambre régionale des dentistes du Bade-Wurtemberg D:\582822342.doc 2 « Notre objectif est que l'Europe devienne une grande maison pour tous les Européens, une maison de la liberté. » Konrad Adenauer Comme le veut la tradition, nous nous réunissons pour la 18e fois au forum de presse, et pour la deuxième fois à Strasbourg, chez nos amis français. Nous retrouvons souvent de nombreux collègues français lors de manifestations les plus diverses, par ex. à l’occasions d’événements organisés par les chambres communales des dentistes de Fribourg et de Karlsruhe ou la Société de perfectionnement sur le cours supérieur du Rhin ou encore dans le cadre de manifestations privées. Lors de ces visites à l’étranger, nous avons constaté depuis longtemps déjà à quel point le mode d’organisation, de représentation et d’appréhension des dentistes français et allemands diffèrent sur les thèmes, les problèmes, les tâches et les défis les plus divers. Mon collègue M. Kaempf, vice-président de la chambre des dentistes de l’Alsace, et moi-même nous consacrons au thème « L’influence de l’Europe sur l’évolution des droits des patients et les métiers de la santé », lui du point de vue français, et moi, sous l’angle allemand. Avec un thème aussi riche et vaste, nos 20 minutes de temps de parole ne nous permettront que d'éclairer quelques points. En outre, notre exposé contient de nombreux aspects juridiques qu’il nous est pas si facile de maîtriser en tant que dentistes. Par ailleurs, nous devons d’abord passer par les intérêts nationaux pour expliquer la dimension européenne. Le 29.05.2012, le journal Ärztezeitung a publié un article intitulé « Les Français envient le trésor allemand de l’assurance maladie légale ! » Selon cet article, la France considère que le système de santé allemand est parfaitement organisé et efficace, mais aussi cher et sur-réglementé. Il n’est pas rare que les médecins français, tout comme les dentistes, travaillent tout seuls dans de petits cabinets sans personnel. Toutefois, cela leur permet d’éviter d’établir des budgets et de se soumettre à des directives très complexes. En outre, les budgets de cabinets et d’honoraires sont méconnus, entre autres car les associations de médecins ont lutté de toutes leurs forces contre ce type de plans dans les années 1990. C’est pourquoi de nombreuses caisses pensent qu'il est indispensable d'adopter des réformes qui réduisent efficacement les coûts. Je doute que le nouveau gouvernement français lance une vaste réforme. Il est plus probable qu’il décide de prendre des mesures d'économies qui toucheront en particulier les médecins et les dentistes. Sur ces remarques préliminaires, je souhaiterais structurer mon exposé en trois thématiques : 1. l’Europe en général ; D:\582822342.doc 3 2. les métiers de la santé et les chambres du point de vue allemand et l’influence de l’Europe sur notre profession et 3. l’influence de l’Europe sur les droits des patients. 1. L’Europe en général « Il ne faut pas d'Europe à la carte, où chacun des partenaires prendrait uniquement ce qu’il lui plaît particulièrement dans cette Europe, mais il ne faut pas non plus que le navire le plus lent du convoi détermine le rythme de croisière des autres. » Helmut Kohl L’Europe est aujourd’hui perçue à bien des égards comme un monstre bureaucratique, une pieuvre aux longues tentacules qui réglemente, voire sur-réglemente notre quotidien, méprise nos intérêts nationaux et s’attribue de plus en plus de compétences. Les exemples suivants en sont la preuve : Les 10 Commandements contiennent 279 mots, la Déclaration d’indépendance des Etats-Unis en compte 300 et l'affichage des valeurs nutritionnelles de l’UE, 19 211. (5) L’Allemagne compte plus de 80 000 lois, ordonnances, directives, dispositions et arrêtés au niveau de l’Etat fédéral. Il n’est donc pas étonnant que la médecine dentaire soit elle aussi sur-réglementée et que les propriétaires de cabinets croulent sous le poids des démarches administratives, qu’ils doivent souvent remplir durant l’un de leurs (quelques) jours libres. A cela s’ajoutent les coûts considérables occasionnés par la pluie de nouvelles directives. Les petites cabinets par ex. doivent dépenser près de 50 000 – 60 000 euros pour les services hygiéniques, contre 100 000 euros par an pour les plus grands cabinets ! Le Baromètre européen – une enquête réalisée tous les semestres – donne aux Allemands un bon aperçu de l’opinion publique. Lorsqu’Angela Merkel débute son mandat de chancelière en 2007, on observe un optimisme contenu vis-à-vis de l'Europe, qui est encore considérée comme une « bonne chose » à 57 %. En 2011, l’institut Allensbach fait un tout autre constat : la confiance des Allemands dans l’UE est au plus bas. Ce n’est non pas l’euro qui a des conséquences négatives mais le manque de communication sur l’évolution de l’Europe. Mais je suis intimement convaincu d’une chose : ce n’est qu’en formant une communauté politique et économique dans une Europe commune que nous aurons une chance de résister aux blocs que sont les Etats-Unis, la Chine et le continent asiatique. D:\582822342.doc 4 « Il suffit d’observer la carte et les livres d’histoires pour comprendre qu’il est difficile d’imaginer une paix, une sécurité et un ordre durables en Europe si la paix et l'ordre ne sont pas assurés au cœur de l'Europe. » Vaclav Havel, politicien et auteur tchèque (1936 – 2011 ) 2. Les chambres de dentistes en Allemagne et la chambre régionale des dentistes du BW La chambre régionale des dentistes du BW accomplit des missions que les autorités de surveillance lui délèguent sur la base du droit national. Elle les remplit en toute autonomie pour el compte des autorités publiques. L’Etat procède à la surveillance juridique mais pas à la surveillance technique. Les intérêts professionnels des membres de la chambre sont représentés par la chambre. Chaque Etat fédéré possède une chambre de dentistes en plus de l'Arbeitsgemeinschaft der deutschen Zahnärztekammern e.V. (Association Fédéral des Denstistes Allemands), la « Bundeszahnärztekammer ». L'adhésion est obligatoire pour tous les dentistes d’Allemagne. Elle ne peut cesser que sous certaines conditions légales bien définies (nonexercice d’une activité dentaire, retraite, etc.). La chambre des dentistes du BW défend les intérêts de la communauté des dentistes vis-à-vis des politiciens, des associations et des assurances, mais ce n’est pas tout. Depuis plus de 20 ans, elle offre ses conseils aux patients, elle réalise des rêves dans toute l’Allemagne en contribuant à la prévention collective, elle propose des offres de perfectionnements uniques via ses propres instituts à Karlsruhe et Stuttgart, elle assure entre autres l’apport de soins corporatif par la biais de fonds de pension, elle organise le perfectionnement et la formation continue des collègues et collaborateurs ainsi que la formation des techniciens dentaires, elle publie un journal destiné aux membres et bien plus encore. Quant à l’administration autonome de la chambre régionale des dentistes du BW, elle accomplit d’importantes tâches organisationnelles pour le bien de la société et de l’intérêt public. Ce n’est pas un hasard si les métiers paramédicaux s'organisent en professions libérales. Cela implique surtout l’indépendance professionnelle. Mais cela signifie aussi faire profiter au patient de ses propres compétences et connaissances et de sa propre créativité. L’activité libérale et son objectif de liberté et d’indépendance ne sont donc pas un privilège mais une obligation à assumer une responsabilité autonome fortement appréciée de la population. D:\582822342.doc 5 « Je préfère avoir deux fois plus de professions libérales pour deux fois moins de postes de fonctionnaires », a déclaré un jour l’ancien ministre-président saxon Kurt Biedenkopf. Une société libre a besoin de professions libérales comme le métier de dentiste. En effet, l’indépendance professionnelle implique, outre la responsabilité individuelle vis-à-vis du patient, une grande responsabilité sociale. Il incombe à la communauté de dentistes d’assurer des soins dentaires professionnels de qualité. Le libre choix du médecin et du traitement doit faire partie intégrante de notre système de santé et il faut garantir l'égalité des chances d'accès aux soins pour tous. Les dentistes d'Allemagne sont plutôt bien positionnés en Europe. Bon nombre de patients des régions frontalières comme la Suisse ou le Danemark viennent se faire soigner dans les cabinets allemands en raison de leur qualité élevée, de leur excellent service et des coûts relativement faibles par rapport à de nombreux voisins européens. Mais il est vrai aussi que les dentistes allemands envient leurs collègues des autres pays européens pour leur charge administrative généralement faible et leurs systèmes de remboursement. « L’Europe joue un rôle de plus en plus important pour les professions libérales et donc la communauté des dentistes. Cela vaut pour les domaines de la formation dentaire tout comme l’exercice du métier et la gestion autonome des dentistes. Le modèle des professions libérales repose sur le principe organisationnel de l’indépendance et de la gestion autonome, toutes deux considérées comme inséparables. Néanmoins, le cadre réglementaire national et le rôle des professions libérales pour la société ne sont pas toujours perçus d’un bon œil par Bruxelles. Au vu de la crise financière et économique actuelle, le législateur européen se permet de déréglementer le droit des professions libérales à l’échelle nationale. On observe ainsi des tendances très contradictoires. Avec la révision imminente de la fameuse directive relative à la reconnaissance des qualifications professionnelles, la Commission européenne veut raffermir la procédure administrative nationale dans ce domaine. Cette révision nous concerne aussi, nous les dentistes. » (2) Le grand problème en Allemagne réside dans la démographie de la communauté de médecins et de dentistes. L’âge moyen des médecins conventionnés et des médecins hospitaliers ne cesse d’augmenter – 25 % des médecins et dentistes ont plus de 55 ans –, tandis que le nombre de successeurs diminue : aujourd’hui déjà, 12 % des diplômés ne fournissent pas de traitements curatifs. En outre, 3000 médecins du Bade-Wurtemberg ont émigré à l’étranger entre 2001 et 2011. Nous ne disposons malheureusement pas de chiffres exacts pour les dentistes. Les pays choisis étaient surtout la D:\582822342.doc 6 Suisse, les Etats-Unis, l’Autriche et la Grande-Bretagne. Ainsi, notre système de santé dépend de plus en plus de l’implantation des médecins étrangers. (6) Pour compenser ce manque, il faut avant tout promouvoir l’accès des « concurrents européens » aux marchés nationaux. On peut aussi remplir d’autres exigences avec l’introduction de certificats professionnels européens et « l’autorisation fictive » associée, qui consiste à permettre à des professionnels libéraux étrangers d’exercer dans l’Etat d’accueil même sans autorisation une fois le délai passé. Il faudrait aussi assouplir les exigences minimales en matière de formation dentaire en reconnaissant les diplômes d’universités étrangères en fonction des années et non des heures de formation. Directive relative à la reconnaissance des qualifications professionnelles. La loi sur l’amélioration de l’identification et de la reconnaissance des qualifications professionnelles obtenues à l’étranger est entrée en vigueur le 1er avril 2012 (BGBl. partie I 2011, p. 2515). C’est la première fois qu’une loi accorde un droit à une procédure de reconnaissance des qualifications professionnelles étrangères indépendamment du pays d’origine et s’applique aussi aux médecins et aux dentistes. « Dans sa directive aux examinateurs, la Commission européenne indique clairement qu’elle considère elle aussi les systèmes nationaux de gestion autonome des professions libérales comme un handicap. Elle prévoit de transférer les compétences-clés de la gestion autonome à des structures étatiques. Concrètement, les Etats membres de l’UE doivent veiller à ce que l'autorisation d'exercer et l'assurance qualité de l’examinateur soient dorénavant du ressort exclusif d’organes publics auxquels aucune membre de la profession n’appartient. »(6) L’OCDE et les professions libérales « L’UE n’est pas la seule à accroître la pression sur les professions libérales. L’ organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) aussi incite ses Etats membres (dont explicitement l’Allemagne) à entamer de vastes mesures de déréglementation des professions libérales. Le Parlement européen travaille actuellement sur trois grands chantiers aux conséquences particulières qui impliquent une potentielle judiciarisation des professions libérales et une éventuelle déréglementation en Allemagne. 1. 2. Le schéma de modernisation européen suggère une réglementation accrue des professions libérales à long terme. Il ne suffira donc plus de renvoyer uniquement à telle qualification particulière, tels services ou à la confiance. D:\582822342.doc 7 3. En outre, les professions libérales doivent agir. Elles doivent avancer des arguments plus poussés que par le passé et répondre aux attentes. Cette argumentation et la réglementation européenne devront mieux expliquer les particularités de l’activité libérale et leur impact sur la société. Mais qu'est-ce que cela signifie donc pour nous les dentistes? J'aimerais vous faire comprendre, et surtout à nos invités, qu'un système de dentistes de profession libérale est beaucoup plus efficace, plus efficient et plus avantageux qu'un quelconque système étatique. C'est la raison pour laquelle je souhaite mettre en évidence comme point principal la profession libérale de dentiste à responsabilité personnelle. Il règne par exemple de grandes différences également dans la diction, lorsque notre ministre sociale du land de BW parle dans la presse de financement insuffisant chronique des hôpitaux, surtout si le 'Marburger Bund' a maintenant obtenu une nouvelle augmentation des honoraires de ses médecins employés, grâce à une grève. Nous n'avons pas de syndicat pour les professions libérales et nous ne pouvons pas faire grève. Lorsqu'il s'agit de personnes exerçant une profession libérale indépendante, donc de dentistes et de médecins, l'argent des pouvoirs publics fait défaut. C'est ce que montre aussi le nouveau GOZ (règlement relatif aux frais des dentistes), qui a été promulgué sans tenir aucun compte des besoins d'une médecine dentaire à orientation préventive. Je suis intimement persuadé que notre population non seulement remarque ce que valent les dentistes indépendants libres, mais qu'elle l'honorera aussi à l'avenir. Civilité C'est pour cette raison qu'il est important que nous apportions notre compétence au niveau européen avant que des décisions soient prises. Toute une série de succès importants peuvent être annoncés. Ceci concerne surtout le corps médical, mais nous affecte aussi en tant que dentistes travaillant dans les cliniques. Le succès le plus manifeste est certainement l'engagement contre la décision du conseil des ministres sur la directive relative aux horaires de travail. Le 3 septembre 2008, les ministres du travail et social des Etats membres ont pris une décision au sein du conseil des ministres, décision qui a suscité à juste titre l'indignation extrême du corps médical allemand. Elle aurait signifié très concrètement le retour à des services de marathon. Les droits des patients en Europe Mais j'en arrive à présent au thème des « droits des patients » au sens étroit, qui est maintenant d'une actualité brûlante au sein de l'Union européenne, à deux titres. Premièrement, la convention de Lisbonne est entrée en vigueur le 1er décembre 2009. Avec elle, la charte des droits fondamentaux sera juridiquement valable dans l'Union D:\582822342.doc 8 européenne. Dans cette charte, toute une série de droits des patients sont également ancrés. On peut en dériver en outre quelques principes et indications pour les droits des patients. En premier lieu, l'article 1 de la charte stipule, comme dans la loi fondamentale allemande, que « La dignité de l'homme est inviolable. Elle doit être respectée et protégée ». Pour nous, en Allemagne, cela va de soi, mais pour de nombreux autres pays européens, c'est nouveau et cela signifie une étape importante vers la communauté des valeurs de l'UE. L'article 34 traite de la sécurité sociale et de l'aide sociale: « (1) L'Union reconnaît et respecte le droit d'accès aux prestations de sécurité sociale et aux services sociaux assurant une protection dans des cas tels que la maternité, la maladie, les accidents du travail, la dépendance ou la vieillesse, ainsi qu'en cas de perte d'emploi, selon les modalités établies par le droit communautaire et les législations et pratiques nationales. ». L'article 35 traite spécialement de la protection de la santé : « Toute personne a le droit d'accéder à la prévention en matière de santé et de bénéficier de soins médicaux dans les conditions établies par les législations et pratiques nationales. Un niveau élevé de protection de la santé humaine est assuré dans la définition et la mise en œœuvre de toutes les politiques et actions de l'Union. » Ce dernier article montre déjà clairement que l'aménagement des droits incombe au domaine de compétences des Etats membres dans de nombreux domaines. La charte des droits fondamentaux ne crée pas de nouvelles compétences pour l'Union européenne, mais elle offre une orientation pour l'exercice des droits existant déjà. En ce qui concerne le thème des droits des patients en Europe, nous pensons bien entendu surtout à la directive projetée pour l'exercice des droits des patients dans les soins médicaux transfrontaliers. La directive définit les droits des patients exactement de la même manière que le fait la chambre fédérale des dentistes et la chambre fédérale des médecins – à savoir comme droits envers l'Etat et la société et non comme droit des patients envers le médecin seul. Il s'agit du droit de recourir à un traitement médical prévu à l'étranger et d'en obtenir le remboursement par l'assurance-maladie légale dans l'Etat membre respectif de l'Union européenne. Toutefois, dans ce domaine, une « discrimination envers les citoyens » prévaut, car nous n'avons pas de remboursement des frais en Allemagne. Actuellement, les droits des patients en Union européenne sont surtout compris comme le droit à un traitement approprié et au remboursement de celui-ci. La directive est nécessaire pour mettre en œuvre dans la pratique la législation de la cour de justice européenne. Depuis de nombreuses années déjà, la cour a toujours donné raison dans certains cas à des patients souhaitant suivre un traitement médical prévu, ambulatoire ou hospitalier, à l'étranger. L'Allemagne a appliqué la législation D:\582822342.doc 9 correspondante de la cour de justice de l'UE. Cela signifie que des patients allemands reçoivent un remboursement de l'assurancemaladie légale s'ils font réaliser à l'étranger des interventions médicales prévues. Toutefois, d'autres Etats membres ne l'ont pas encore fait. Ils renvoient régulièrement les patients à la voie judiciaire. Cette réglementation concerne également les trois pays voisins Allemagne/Suisse/France, où certains centres médicaux spécialisés dans la chirurgie maxillaire traitent des patients de toute la région. Bien entendu, il doit également y avoir un cadre dans le recours transfrontalier aux prestations médicales et aux droits des patients qui y sont liés. Les traitements stationnaires et hautement spécialisés doivent avoir lieu, également de l'avis de la commission et du parlement, uniquement après approbation préalable, pour ne pas compromettre entièrement la planification hospitalière, par exemple. Chers collègues, Mesdames et Messieurs, qu'en est-il donc de la question spéciale des lois sur les droits des patients ou des lois sur la protection des patients dans d'autres pays de l'Union européenne ? Toute une série de pays européens ont des lois spéciales sur les droits des patients, qui portent aussi ce titre. En fait, ces lois devraient s'appeler par définition des lois sur la protection des patients. Cela existe p. ex. au Danemark depuis 1989, pour la Finlande depuis 1992, la Hongrie depuis 1997, la France depuis 2002, la Lituanie depuis 2000 et la Slovénie depuis 2008. D'autres pays dont le système de santé est également hautement développé et où les droits des patients sont très forts dans la pratique, comme l'Italie, le Luxembourg, le Portugal et la Suède, n'ont quant à eux aucune loi spéciale sur les droits des patients. Les définitions des droits des patients et de leur aménagement sont très différentes. En plus de la directive actuellement projetée, qui justifie en premier lieu des droits aux institutions devant assumer les frais, aucune harmonisation des droits des patients n'est prévue au niveau européen. « Dans le classement, les pays avec une loi spéciale sur le droit des patients ne sont pas forcément mieux placés que les pays sans loi spéciale. En particulier, l'Allemagne s'en est toujours bien sortie ces dernières années. En 2006, nous occupions le troisième rang, en 2007 le cinquième, en 2009 tout de même encore le sixième sur, comme je l'ai dit, 33 nations. Nous n'avons certainement pas à rougir de ce résultat. Je ne conçois pas qu'une loi propre sur les droits des patients, voire une loi sur la protection des patients soit forcément nécessaire. » (8) « Une question très délicate est celle du fardeau de la preuve. Ce thème a été débattu à plusieurs reprises très intensivement au sein des organes de l'Union européenne. En 1990, la Commission européenne a présenté une proposition de directive sur la responsabilité dans les prestations de service. Celle-ci prévoyait D:\582822342.doc 10 l'inversion du fardeau de la preuve pour les bénéficiaires de prestations de service. Selon l'article 1 alinéa 2, le prestataire de services aurait dû prouver sa non-responsabilité quant aux atteintes à la santé et à l'intégrité physique du patient. Ceci aurait signifié que de façon générale, en cas de dommages, on suppose une faute du médecin. La proposition a été vivement critiquée, notamment par la chambre fédérale des dentistes. Ceci aurait eu pour conséquence une médecine extrêmement défensive. Il a été recommandé, toutefois, qu'avant la fourniture de soins médicaux transfrontaliers, une assurance responsabilité civile suffisante du prestataire de services soit conclue, ainsi qu'il est d'usage dans notre pays. Ceci est également passé dans la proposition sur les droits des patients lors des soins médicaux transfrontaliers et devrait à mon avis être incontesté. »(8) Mesdames et Messieurs, permettez-moi pour conclure encore un mot sur les droits collectifs des patients et sur la participation de groupes d'entraide de patients à la politique en matière de santé. Je suis d'avis que les groupes d'entraide de patients représentent un enrichissement pour notre société et qu'ils méritent aussi le soutien de la collectivité solidaire et la coopération de tous les médecins et dentistes. En Union européenne, la collaboration des organisations de patients a été institutionnalisées dans différents comités. » « C'est aussi le cas en Allemagne et on peut saluer ce développement en soi. Toutefois, il faut veiller, en Europe encore plus qu'en Allemagne, à ce que les groupes d'entraide des patients parlent vraiment pour les personnes concernées et qu'ils ne servent pas en premier lieu les intérêts de collaborateurs professionnels ou, encore pis, les intérêts de l'industrie. Malheureusement, à Bruxelles et parfois aussi en Allemagne, nous avons affaire à des représentants d'organisations de patients qui sont financées à cent pour cent ou du moins en majeure partie par certaines entreprises. La situation est similaire chez nous en Allemagne. Et avec la meilleure volonté du monde, que l'on ne peut pas attribuer à tous, le vieux dicton s'applique encore: « Les payeurs ont toujours raison ». (8) Mesdames et Messieurs, j'arrive à la conclusion: les organisations de patients indépendantes fournissent une contribution au sein de la santé publique, mais des organisations camouflées de l'industrie et les intérêts égoïstes des associations de patients ne devraient pas participer aux décisions relatives à des questions importantes de politique de la santé. Si elles veulent codécider, tous les représentants des patients doivent également pouvoir assumer une responsabilité. En effet, quand on a des droits, on a aussi des obligations. Vous le voyez, les professions libérales font toujours l'objet de réglementations, non seulement sur une base nationale, mais aussi au niveau de l'UE. Malgré des exigences toujours plus sévères, davantage de lois, toujours plus d'ordonnances et de directives, j'envisage néanmoins avec beaucoup d'optimisme l'avenir du corps D:\582822342.doc 11 médical et des dentistes. Le site industriel Allemagne vit d'un système médical et social qui fonctionne. A moyen et à long terme, en raison de la démographie du corps médical – car dans là aussi (après tout, 25% des médecins ont plus de 58 ans) – le jour viendra où dans notre pays aussi chaque maire, quel que soit le parti auquel il appartient, sollicitera de nouveau un médecin ou un dentiste pour son lieu d'origine, parce qu'il n'y aura tout simplement plus de médecins ni de dentistes qui s'établiront à la campagne. D:\582822342.doc 12 Bibliographie: 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9. 10. "Die Zukunft der zahnärztlichen Freiberuflichkeit" IGZ 1/2012 18e année Egalement 'Zur Zukunft der zahnärztlichen Freiberuflichkeit in Europa' par la doctoresse Ellen Madeker Egalement: „Zwischen Freiheit und Kontrolle“ Dr Michael Sonntag Egalement: „Beauftragter der Krankenkasse oder Freiberufler“ Dr Ralph Großbölting Interview dans le 'Pforzheimer Boten'/Enzkreis du 30 mars 2012 de Wolfgang Mößner Devise Journée des médecins de BadeWurtemberg 2012 du 31 juillet 2012 au SI-Centrum Stuttgart: „Ärztemangel - Die Alten gehen, die Jungen flüchten“ Circulaire de la chambre fédérale des dentistes 06/12 Les droits des patients en Union européenne et les développements actuels pertinents dans la politique européenne de la santé publique Peter Liesem, dr méd. (CDU), porte-parole en politique de la santé de la fraction EVP (démocrates chrétiens) au Parlement européen Directive de l'UE relative à la reconnaissance des qualifications professionnelles : Encourager à venir Dtsch Ärztebl 2011; 108(40): A-2076 / B-1768 / C-1750 Sur la voie de l'unité 3e édition remaniée et complétée http://www.nibis.de/nli1/rechtsx/nlpb/pdf/Europa/EuropaText.p df www.izz-presseforum.de D:\582822342.doc