30 à 40 nouvelles contaminations par le VIH prises
en charge chaque année dans le service
Pascale Platerrier, Infirmière d’ETP en consultation - Marie Aniort et Amélie Justine, Infirmières d’hospitalisation
Dr Matthieu Saada, PH en infectiologie
La consultation du voyageur est l’occasion
de vérifier sa couverture vaccinale
«Nous avons la chance de disposer de
tous les vaccins, ce qui nous permet de
proposer la mise à jour du calendrier vaccinal »,
souligne le Dr Cornaglia. L’infirmière
Mélisande Roy bénéficie d’un protocole
de coopération qui lui permet de mener la
consultation du voyageur en toute autonomie.
« Je peux ainsi réaliser des actes dérogatoires :
prescription d’antipaludiques, vaccinations
spécifiques, sérologies à visée vaccinale
et interprétation des résultats », explique
l’infirmière en rappelant qu’un infectiologue
d’astreinte reste présent pour répondre à la
demande. « Le Dr Aumaître a eu la volonté
d’autonomiser les infirmières en leur donnant
accès aux formations universitaires. J’ai
passé un DU(2) de médecine tropicale et
exotique et conseils aux voyageurs et Marilyn
Blasi, un DIU(3) de vaccinologie et prévention
des maladies infectieuses ».
Des avantages pour tous
Les avantages du protocole de coopération
sont nombreux, aussi bien pour les médecins
qui gagnent du temps médical pour les cas
graves, que pour les patients qui ont des délais
de rendez-vous raccourcis.
« Pour nous, c’est une reconnaissance de nos
spécificités et de nos diplômes. » Seul point
négatif, l’activité n’est pas encore valorisée
comme elle devrait l’être. « Avant de parler du
voyage, je vérifie toujours si la personne est à
jour de son calendrier vaccinal », souligne le
Dr Cornaglia. Celui-ci fait souvent défaut pour
ce qui concerne le DT-Polio chez les personnes
âgées ou le vaccin contre la méningite pour les
adolescents. La couverture vaccinale contre
l’hépatite B ou le HPV(4) reste catastrophique.
Les freins à la vaccination sont nombreux,
largement dynamisés par les réseaux sociaux,
où le moindre doute se transforme en avalanche
d’inquiétude, sans même être étayé par une
quelconque donnée scientifique. »
Formation des professionnels
« Une de nos missions consiste aussi à
informer les professionnels de santé et
les former », reprend Marilyn Blasi.
« Nous menons également des actions de
santé publique hors les murs pour toucher
les publics vulnérables, y compris sur la
vaccination. » « Nous prenons aussi en
charge les fièvres du retour et il nous arrive
même de donner des conseils pendant les
voyages, car nous expliquons aux patients
qu’ils peuvent nous contacter par mail de
l’étranger », souligne le Dr Cornaglia.
(1) SMIT : Service des Maladies Infectieuses et Tropicales
(2) DU : Diplôme Universitaire
(3) DIU : Diplôme Inter-Universitaire
(4) HPV : Papilloma Virus Humain
Une consultation dédiée à la vaccinologie et à la prévention
des complications infectieuses de l’immunodéprimé
Une unité de lieu pour les 3 secteurs d’hospitalisation
Une grosse activité d’infectiologie
transversale
«La population des immunodéprimés
concerne notamment les greffés, les
patients sous biothérapies, chimiothérapies,
corticothérapie, insuffisants rénaux ou
splénectomisés », résume le Dr Aumaître.
« Ayant constaté un défaut de prise en
charge de ces patients, notamment au
niveau vaccinal dans certaines structures,
nous avons décidé de mettre en place pour
eux une consultation dédiée qui dépasse la
question de la vaccination pour englober les
complications infectieuses et leur prévention,
en lien avec les hématologues. Notre équipe
infirmière étant très motivée sur les questions
de vaccination, Marilyn Blasi coordonnera
cette activité, dans l’idée de déboucher sur
une prise en charge globale infectiologique. »
Optimiser le parcours de soins
« Notre objectif est d’optimiser le parcours
de soins du patient, sachant que nous
avons un contexte favorable avec le centre
de vaccination situé dans le service et une
astreinte d’infectiologie pour les urgences »,
explique l’infirmière. « Les vaccins seront
mis à jour, accompagnés de conseils en
matière de prévention du risque infectieux,
ce qui passe par la nutrition, l’hygiène ou le
dépistage des maladies susceptibles de se
réveiller en cas d’immunodépression. »
En lien avec l’hématologie
Pour la mise en place du projet, l’équipe
travaille en lien avec les infirmières
coordinatrices d’hématologie. « C’est une
organisation à mettre en place avec les
équipes, afin que la conduite à tenir soit
la même pour tous et que nous soyons
complémentaires », souligne Jenifer Salvat.
« Il nous est paru pertinent d’adosser à cette
consultation celle de l’antibio-référence
infirmière menée par Céline Fildard », poursuit
le Dr Aumaître. « Le lien est direct avec
l’immunodépression qui requiert souvent
la prise d’antibiotiques. Aujourd’hui, la
2ème cause d’antibio-résistance est liée au
mésusage des antibiotiques. »
«Le service est composé de 3 secteurs
d’hospitalisation », résume Yvelise
Crouchandeu. « L’hospitalisation traditionnelle
compte 12 lits dont 5 chambres à SAS.
3 d’entre elles sont équipées d’un système
de pulvérisation anti-moustique pour les
cas de dengue, zika ou chikungunya. Nous
avons ensuite un secteur d’hospitalisation
de semaine de 6 lits et un secteur d’HDJ(1)
de 2 lits. La consultation regroupe quant à
elle le centre départemental de vaccination,
le CeGIDD(2), les vaccinations internationales,
la consultation du patient chronique et les
urgences. » L’HDJ est dévolu aux bilans
annuels des patients infectés par le VIH, au
suivi des patients atteints de pathologies
chroniques, ou aux soins complexes :
pansements, transfusions, pose de Picc-
line ou chimiothérapies. « Certains patients
viennent aussi pour des recherches d’étiologie »,
souligne Jennifer Malnoy. « D’autres viennent
pour des examens interventionnels en
radiologie, comme des ponctions sous
scanner, qui nécessitent une surveillance sur
la journée », complète le Dr Colombain.
Une dimension relationnelle forte
« L’aspect relationnel est très important,
notamment en hospitalisation », note
Sylvie Llorens. « Certains patients suivis en
consultation, peuvent être hospitalisés, puis
revus ensuite en hospitalisation de semaine ou
en HDJ et cette continuité instaure un lien de
confiance », explique Anne-Julie Molinier.
« Nous les voyons quand ils sont mal, puis quand
ils vont mieux, et cela nous donne un retour sur
notre pratique, ce qui est souvent valorisant. »
« Cette unité de lieu est fondamentale pour leur
confort », confirme Jennifer Malnoy.
Un staff tous les matins
« Le staff pluridisciplinaire permet tous les
matins de faire le lien avec les équipes »,
souligne Yvelise Crouchandeu. « C’est un gain
de temps pour tout le monde. » « La réflexion
des autres participants, y compris d’autres
secteurs permet d’avoir du recul et de
dénouer certaines problématiques », ajoute le
Dr Bertrand.
(1) HDJ : Hôpital De Jour
(2) CeGIDD : Centre Gratuit d’information, de dépistage et de
diagnostic des infections par les virus de l’immunodéficience
humaine et des hépatites virales et des infections sexuellement
transmissibles
«Dans le cadre du conseil antibiotique,
nous avons d’abord travaillé avec les
services demandeurs qui sont généralement
les gros consommateurs d’antibiotiques »,
explique le Dr Eden. « Depuis 5 ans, nous
passons donc une fois par semaine en
réanimation et hématologie. Pour toucher
davantage de services, nous entrons
également en contact par le biais du rendu
des hémocultures : si le résultat est positif,
nous accompagnons le microbiologiste pour
discuter avec le prescripteur de la meilleure
stratégie anti-infectieuse possible. Autre
activité, le conseil téléphonique 24h/24 avec
un médecin d’astreinte tous les jours. »
Un autre infectiologue du service assure la
2nde astreinte, relative aux consultations non
programmées qui permettent à un patient
d’être vu dans la demi-journée à la demande
d’un médecin traitant.
Antibio-référence
« En termes d’antibio-référence transversale,
nous essayons de maîtriser les molécules
et les durées d’antibiothérapie, de façon à
limiter la prescription globale et l’émergence
de résistances », poursuit le Dr Saada. « Nous
intervenons également pour des infections plus
complexes, notamment des IOA(1) que ce soit
dans le cadre de la RCP(2) ou au lit du malade.
Certain médecins nous envoient des photos,
car ils savent que nous sommes réactifs. »
La communication essentielle
« A l’occasion de la journée européenne de
sensibilisation au bon usage des antibiotiques,
nous organisons des quizz ou des flyers que
nous distribuons dans tous les services »,
note le Dr Eden. « Autre gros volet dans cette
antibio-référence, la formation des internes et
l’élaboration de l’antibio-guide. Nous avons
aussi mis en place des réunions avec l’extérieur,
notamment les Ehpad(3) et les cliniques ».
Une antibio-référence infirmière
« Nous avons le projet de développer une
antibio-référence infirmière pour aider nos
collègues infirmiers car nous nous sommes
aperçus que nous avions beaucoup de
demandes sur ces thèmes provenant de
l’extérieur », explique Céline Fildard.
« Cela passe par une éducation à la prise
d’antibiotiques, à la gestion des effets
indésirables et tout ce qui concerne l’heure
de prise, la conduite à tenir en cas de
vomissements etc.. Tous ces détails ont
un impact sur l’efficacité du traitement. »
Une ligne dédiée à ce conseil, avec un
numéro identifié devrait prochainement
être mise en place.
(1) IOA : Infections Ostéo-Articulaires
(2) RCP : Réunion de Concertation Pluridisciplinaire
(3) Ehpad : Etablissement d’Hébergement pour Personnes
Agées Dépendantes
Jenifer Salvat, Infirmière coordinatrice en hématologie/oncologie - Marilyn Blasi, Infirmière
Dr Hugues Aumaître, Chef de service des Maladies infectieuses et tropicales - Céline Fildard, Infirmière
Dr Léa Colombain, PH en infectiologie - Dr Kevin Bertrand, Assistant en infectiologie - Jennifer Malnoy et
Anne-Julie Molinier, Infirmières - Sylvie Llorens, Aide-soignante - Yvelise Crouchandeu, Cadre de santé
Cyril Bride, Cadre supérieur de santé
Céline Fildard, Infirmière
Drs Aurélia Eden et Matthieu
Saada, PH en infectiologie
Mélisande Roy, Infirmière
Dr Julian Cornaglia,
Praticien attaché en
infectiologie
Marilyn Blasi, Infirmière
« Nous envisageons de proposer des examens complémentaires du type radiographie pulmonaire,
bilan dermatologique ou gynécologique dans l’idée de ratisser au sens large le risque infectieux…. »
« D’un point de vue médical, il est pratique de pouvoir bénéficier de ces différents secteurs sur le
même lieu, car cela nous permet de nous adapter du mieux possible à la situation du patient. »
Double astreinte, conseil
antibiotique, formation et mise
en place d’une antibio-référence
infirmière : le point sur les
multiples activités d’infectiologie
transversale menées par le
service.
En 2015, le centre départemental
de vaccinations internationales
du SMIT(1) a effectué 1706
consultations voyageurs et
réalisé 7132 vaccins. Depuis
janvier, l’infirmière Mélisande
Roy mène la consultation du
voyageur au côté des médecins,
dans le cadre d’un protocole de
coopération.