
                            Du pain sur la planche et des chances de réussite 
        Fabienne Bergmann 
 
Hametz est le terme hébraïque pour « [pain] levé, ». La Loi juive interdisant d'en 
posséder, d'en consommer ou d'en tirer bénéfice durant la Pâque, le mot en est venu à 
désigner l'antonyme de kascher au cours de la période de Pessah, et peut s'appliquer à 
tout produit de fermentation.  
Le verbe ץימחה (hehmitz) s'applique au lait tourné ou au vin qui a aigri – et ne sont 
donc plus comestibles – mais aussi aux cornichons, olives ou autres aliments 
saumurés. Mais le terme peut aussi prendre le sens de laisser passer une occasion, une 
chance (parce qu'on n'a pas pu ou su la saisir), de rater un avion, un rendez-vous (à 
cause des embouteillages ou de tout autre contretemps) ou même une émission de télé 
(parce qu'on avait oublié l'heure de sa diffusion).  
La compagnie de quelqu'un de ץומח (hamoutz =acariâtre, revêche, maussade) n'est pas 
une sinécure. Si un tel est d'humeur grincheuse, s'il "fait la tête", on dira en hébreu   
 םינפ ץימחמ (mahmitz panim) ou plus familièrement qu'il a une ץומח ףוצרפ (partsouf 
hamoutz, littéralement : une tête aigre). 
Le hametz doit donc être éliminé avant Pessah. On s'assurera la veille qu'il n'en reste 
plus en accomplissant scrupuleusement la ץמח תקידב (bedikat hametz, soit l'examen 
méticuleux de tous les recoins de la maison pour être certain qu'elle n'en recèle plus 
une miette, avant de procéder le lendemain au ץמח רועיב (biour hametz, sa 
suppression, en le jetant au feu – ץמח תפרש (sréfat hametz). 
Eliminé ce hametz, symbole de tous les manquements, de tous les ratages. Place 
maintenant au renouveau, au positif, à la bonne exploitation de chaque chose ! C'est 
justement ce qu'implique le mot הצמ (matza). 
La matza de Pessah, pain qui n'a pas eu le temps de lever, évoque à la fois l'esclavage 
et la liberté. Notons toutefois que le même mot הצמ apparaît aussi dans Isaïe (58 : 4) 
au sens de dissension, celle-ci étant sans doute possible dans toute situation.  
Le verbe הצימ (mitsa), formé à partir de la même racine, signifie pressurer, exprimer 
(un fruit par exemple, le citron en particulier dont on a sorti le jus - ץימ mitz en 
hébreu) et donc par extension : exploiter au maximum, tirer de quelque chose tout ce 
qu'on peut, épuiser (un sujet, une activité), exploiter (ses talents, les ressources que 
l'on a). Selon la même logique, pousser la rigueur jusqu'au bout se dit  קמוע תא הצימ ןידה  
(mitsa èt omek hadin).  
Et si quelqu'un quitte son travail, abandonne une activité, son train-train ou son 
conjoint car il n'a plus rien à découvrir ou à apporter, plus rien pour le faire vibrer, on 
dira :   אוהומצע תא הצימ  (mitsa èt atsmo, soit : il a tiré de lui-même tout ce qu'il avait à 
tirer). L'expression n'implique toutefois ni abandon ni fin. Elle sous-entend au 
contraire que c'est pour repartir de plus belle. Il y a toujours quelque chose à 
découvrir, nous rappelle l'hébreu chaque printemps!