Chronologie / conflits :
les royaumes de France et d’Angleterre
guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons
les guerres de Bourgogne
A. Demurger,
l’Occident médiéval, XIII°-XV° siècle
, Hachette, 2003
N. Offenstadt,
France-Angleterre, le grand affrontement,
l’Histoire n° 380, oct 2012
coll,
Guerre et société, 1270-1480,
Atlande, 2013
Les conflits sur le continent
la guerre de Cent Ans, origines et développements
En 1259, traité de Paris entre Louis IX et Henri III : le roi d’Angleterre reconnaît la perte des territoires
conquis par Philippe Auguste et Louis VIII (Normandie, Anjou, Touraine, Maine et Poitou), mais en
échange d’un hommage lige, retrouve une Aquitaine élargie au Limousin, au Quercy et au Périgord, la
Guyenne paix de 1259 rétablit le roi d’Angleterre- duc de Guyenne comme vassal du roi de France pour
ce duché, ce qui peut la rendre ingouvernable : par sa situation particulière, les habitants peuvent contester
un jugement du roi-duc devant le Parlement de Paris (ce que fait par ex Gaston VII de Béarn en 1277).
De 1294 à 1303, guerres de Guyenne, réactivées en 1308 et 1324 : incident en 1293 entre matelots de
Bayonne et leurs concurrents bretons et normands. Les premiers montent jusqu’à La Rochelle et mettent la
ville à sac. Condamnés par Edouard Ier, mais celui-ci est convoqué devant le Parlement de Paris, au nom de
la suzeraineté de Philippe le Bel sur l’Aquitaine. Refus d’Edouard Ier. Confiscation prononcée par le
Parlement en mai 1294 et occupation par armée française.
La guerre dure jusqu’en 1303, mais les opérations en Aquitaine prennent fin en 1297. Conflit marqué par
deux caractéristiques : guerre de sièges et maîtrise de la mer et des voies navigables (succès anglais le long
de la Garonne en 1294-1295).
Elle se propage à la Flandre et à l’Ecosse : Philippe le Bel doit accepter la paix (1303) après la défaite de
Courtrai en 1302. Cette paix prévoit la rupture de l’Auld Alliance.
Nouvel incident en 1323 quand le prieuré de Saint-Sardos, dans l’Agenais, qui a toujours refusé d’être
intégré à l’Aquitaine par le traité de 1259, fonde une bastide à l’extérieur de ses murs. La réaction du
châtelain local Raymond-Bernard de Montpezat entraîne la confiscation de l’Aquitaine et le retour de la
guerre.
Après la mort de Louis X en 1316, sa fille Jeanne est écartée du trône (son fils posthume Jean Ier ne vit que
quinze jours) au profit de Philippe, frère de Louis. Pas d’invocation de la loi salique alors. En 1322, le
troisième fils de Philippe le Bel est choisi à son tour après la mort de Philippe. Puis en 1328, le choix se
porte sur un cousin de Charles, Philippe de Valois. Edouard III d’Angleterre, petit-fils de Philippe le Bel par
sa mère Isabelle, est écarté. Il est alors accepté par les Français et les Anglais d’exclure les femmes de la
souveraineté, mais cela ne concernait pas leurs descendants mâles (Ralph Giesey, le rôle méconnu de la loi
salique. La succession royale, XIV°-XVI° siècle, Les Belles Lettres, 2007).
Les premières phases de la guerre sont favorables aux Anglais, même s’ils connaissent des échecs
Tournai en 1340 par ex cf Contamine, 1972) :
- victoire navale de l’Ecluse, avant port de Bruges (Pays-Bas) en 1340,
- offensives victorieuses du comte de Lancastre en Aquitaine en 1345-1346,
- victoire de Crécy en 1346 (voir rôle des archers gallois contre la cavalerie),
- prise de Calais en 1347,
- chevauchée du Prince Noir du SO jusqu’au Languedoc en 1355,
- victoire de Poitiers en 1356 (Jean le Bon est fait prisonnier).
Pour la France, se rajoutent les effets de la jacquerie paysanne de 1358, de la crise politique de 1356-1358 et
les intrigues de Charles de Navarre, qui revendique lui aussi la couronne. D’autre part, après Poitiers,
constitution des premières compagnies de routiers (voir Arnaud de Cervole et Mérigot Marchès)
En 1360, traité de Brétigny-Calais : en échange d’un renoncement à la couronne, le roi anglais obtient
l’Aquitaine (Guyenne, Saintonge, Poitou, Limousin, Périgord, Rouergue, Quercy, Agenais, Armagnac) et
Calais en pleine souveraineté.
Charles V relance le conflit en 1368-1369 et reconquiert, avec l’aide d’hommes d’armes comme Du
Guesclin, presque tous les territoires perdus face aux Anglais. A sa mort, retour à la situation de départ,
trêve pendant trente ans mais pas de paix signée.
Avec le roi Richard II d’Angleterre, le conflit s’apaise (accepte par ex le projet de mariage avec Isabelle,
fille de Charles VI), Charles VI ne pouvant de son côté mener à bien ses projets d’invasion de l’Angleterre
(1385-1387). Les deux rois concluent une trêve en 1389 (trêve de Leulinghem).
Richard II est renversé en 1399 par son cousin Henri de Lancastre, (Henri IV) puis assassiné. La guerre
reprend en 1405 en Guyenne et près de Calais. Puis son fils Henri V profite de la guerre civile en France
pour entreprendre la reconquête de ce qu’il considère être son royaume ( plus seulement pb de la
Guyenne): débarque en Normandie en 1415 et inflige aux Français la défaite d’Azincourt. Fait la conquête
de la Normandie en trois ans puis reçoit le soutien des Bourguignons après l’assassinat de Jean sans Peur en
1419 par les partisans du dauphin Charles. Reconnu successeur de Charles VI par le traité de Troyes de
1420 ( double monarchie), mais Charles VII reste maître du royaume au sud de la Loire. Mais Henri V
meurt en 1422 avant Charles VI et laisse un fils âgé de un an seulement.
A partir de la chevauchée de Jeanne d’Arc et la levée du siège d’Orléans en mai 1429, les Français
reprennent l’avantage : recul des Anglais sur la Loire, victoire de Patay en juin, couronnement de Charles
VII à Reims (17 juillet 1429), harcèlement des territoires bourguignons par les capitaines français (La Hire,
Villandrando, Dunois, Robert de Sarrebrück) ; réconciliation avec la Bourgogne lors du congrès d’Arras en
1435, favorisée par la volonté de Ph le Bon de mettre fin à ce conflit coûteux, y compris en prestige (
isolement des Anglais). Puis reprise du contrôle de Paris (1437) et de la vallée de la Seine jusqu’en 1445,
reconquête de la Normandie en 1450 puis de la Guyenne en 1452-1453. Dans ces deux cas, la réforme de
l’armée, avec utilisation notamment de l’artillerie à poudre, et de son financement, ont été décisifs. Seule
Calais reste aux mains des Anglais jusqu’en 1558. Pas de traité de paix.
Biblio :
Ph. Contamine,
Guerre, Etat et société à la fin du Moyen Age. Etude sur les armées du roi de France, 1337-1494,
Paris-La Haye, Mouton, 1972.
F. Autrand,
Charles VI. La folie du roi
, Paris, Fayard, 1986.
F. Autrand,
Charles V
, Paris, Fayard, 1994.
M. Vale,
The Origins of the Hundred Years War. The Angevin Legacy, 1250-1340
, Clarendon Press, Oxford, 1996
(2ème éd)
volonté anglaise de conserver l’héritage angevin entraîne une lutte pour souveraineté identifiée comme un
facteur majeur de la naissance des conflits entre France et Angleterre (Atlande, p. 47).
Voir aussi Demurger, 1990, p. 11 : la question dynastique reste secondaire dans la 1ère phase de la GCA ; il
faut attendre le XV° siècle pour qu’Henri V en fasse sa revendication fondamentale.
G. Butaud,
Les compagnies de routiers en France (1357-1393)
, Clermont-Ferrand, Lemme ed, 2012
La Bretagne XIV° siècle (Atlande)
Après la mort du duc Jean III en 1341 sans héritier direct, conflit de succession entre Charles de Blois, qui a
épousé sa nièce et est le neveu de Philippe VI, et Jean de Montfort, demi-frère de Jean III.
Celui-ci, après s’être emparé de Nantes, se rend en Angleterre pour obtenir le soutien d’Edouard III. Puis fait
prisonnier par le roi de France et envoyé à Paris. Son épouse poursuit la lutte : Edouard III lui envoie qq
troupes puis prend la tête d’une expédition en oct 1342 : 1800 hommes d’armes et 1800 archers création
par celui-ci d’un foyer de guerre aux portes du royaume de France. Trêve de Malestroit en 1343, mais
Bretagne divisée en garnisons hostiles.
Charles de Blois profite de la trêve pour renforcer ses positions ; mort de Jean de Montfort en 1345 ; son fils
Jean (5 ans) est placé sous la tutelle d’Edouard III, qui défend ses intérêts ; rôle du capitaine Thomas
Dagworth qui remporte des batailles contre Charles de Blois, à La Roche-Derrien en part en juin 1346 et
juin 1347, malgré une infériorité numérique. Charles de Blois est d’autre part blessé, capturé et envo en
captivité à la tour de Londres.
En 1378, le Parlement prononce la saisie du duché opposition de la noblesse bretonne, qui accueille et
reconnaît Jean IV, rentré d’Angleterre ; celui-ci noue une alliance militaire avec Richard II, qui envoie le
plus jeune fils d’Edouard III, Thomas de Woodstock, avec env 5200 combattants : débarquement à Calais en
1380 puis route vers la Bretagne. Jean de Montfort fait assiéger Nantes par les Anglais mais négocie avec le
conseil royal traité de Guérande : Montfort fait hommage au roi de France, paie une amende ; Woodstock
trahi, ses troupes frappées par la maladie lève le siège de Nantes et monnaye son départ.
Biblio :
J.-P. Leguay et H. Martin,
Fastes et malheurs de la Bretagne ducale, 1213-1532,
Rennes, Ouest-France, 1982.
La construction territoriale en Bourgogne (A. Demurger)
En 1361, mort du dernier duc capétien de Bourgogne, Philippe de Rouvre, sans héritier. Le duché est donné
par Jean le Bon à son dernier fils, Philippe le Hardi. En 1369, celui-ci épouse Marguerite de Flandre,
héritière de son père, le comte de Flandre, et de sa grand-mère Marguerite, comtesse d’Artois, de Bourgogne
(Franche-Comté, en terre d’Empire), de Nevers et de Rethel. Philippe récupère cet héritage, entre royaume
et empire, en 1384 et 1385 ; lui et ses descendants ont pour obj de joindre leurs blocs territoriaux, d’étendre
leur domination aux Pays-Bas et à la Basse Allemagne et de protéger les deux Bourgogne. Politique
d’achats, de mariages et de conquêtes Philippe le Bon, troisième duc et fils de Jean sans Peur, réalise les
ambitions de la dynastie :
- ajoute le Hainaut, la Hollande, la Zélande, le Brabant, le Limbourg, le
Namurois à la Flandre et à l’Artois;
- contrôle les évêchés de Liège et d’Utrecht ;
- autour de la Bourgogne, contrôle le Charolais, le comté de Tonnerre, Mâcon
puis Auxerre ;
- sécurise la communication entre les Bourgognes et les Pays-Bas par la prise de
possession du Luxembourg en 1443 (contre les partisans du duc de Saxe,
soutenu par l’empereur), des implantations ou alliance en Lorraine et en
Alsace et une politique active en Champagne et Vermandois.
Cependant, ces territoires ne constituent pas un Etat. Philippe le Bon n’a pas cherché à centraliser
l’ensemble (voir dans Atlande, p. 82 : agitation des villes des principautés du nord face à une
« centralisation croissante » utilisation de l’armée ducale, à Bruges en 1436, à Leyde par ex en 1444-
1445, contre Gand révoltée contre la politique fiscale de Ph. Le Bon en 1452-1453) cf B. Schnerb, l’Etat
bourguignon (1363-1477).
Le duc mène une propagande active autour d’une Bourgogne primitive mythique qui justifierait un titre
royal (réf à Lothaire mais aussi au royaume de Bourgogne antérieur à Clovis trad burgondo-provençale);
entretien d’une cour luxueuse, cultivée. (cf fiche / Philippe le Bon)
Biblio :
B. Schnerb,
l’Etat bourguignon (1363-1477)
, Paris, Perrin, 1999
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