I/ L`expansion de l`Europe : le temps des conquêtes

PARTIE I
COLONISATION ET INDEPENDANCE
Chapitre 1 : La colonisation européenne et le système colonial
On pose d’abord la problématique :
Comment l’Europe réussit-elle à soumettre le reste de la planète et à se constituer un vaste
Empire colonial ?
Quels arguments et quels actes justifient la colonisation ou traduisent des oppositions envers
elle ?
Quelles mutations connaissent les sociétés colonisées ?
Notions importantes : Impérialisme ; Colonialisme/Anticolonialisme ; Colonisation ;
Assimilation/Association ; Civilisation/Acculturation
Biographies utiles : Gandhi, Ho Chi Minh, Chamberlain, Ferry.
I/ L’expansion de l’Europe : le temps des conquêtes
La colonisation est préparée par une période de gestation durant laquelle la conquête politique
n’est pas à l’ordre du jour, si l’on excepte l’Algérie, difficilement conquise entre 1830 et 1847-8.
C’est surtout à partir des années 1870 que commence une ère de colonisation qui constitue un
des traits saillants de l’expansion européenne. Elle fait jouer toute une série de mécanismes.
A. Comment expliquer l’expansion et l’impérialisme de l’Europe ?
Colonisation : la domination sur les territoires colonisés est politique mais aussi économique
(grandes compagnies à chartes minières, compagnies de plantation, de Chemin de fer…), et
humaine (travail forcé pour les colonisés, emprise sur les esprits avec une négation systématique
de la réalité des civilisations extra-européennes)
Document d’appui : texte de Jules Ferry, page 148.
(a) L’arme démographique
Forte augmentation de la population européenne (révolution microbienne) ce qui explique
l’importante émigration vers les pays neufs (40 millions d’Européens quittent leurs pays) : Etats
Unis, Canada mais aussi Australie ou Afrique du Sud.
(b) Le poids de l’économie
Les contraintes de la croissance : compétition forte entre les pays industrialisés qui ont besoin de
nouveaux marchés pour écouler leur production : Jules Ferry affirme ainsi que « la politique
coloniale est fille de la politique industrielle ». Crise des années 1873-1896 (ou Grande
Dépression) excite la compétition entre pays industrialisés pour la conquête de nouveaux
marchés : c’est la question des débouchés
(c) Une supériorité technologique et scientifique patente dès la fin du XIXe siècle.
Rôle des scientifiques ou des savants dans la colonisation, notamment des sociétés de
géographie ; progrès technologiques ont donné à l’Europe une indiscutable supériorité militaire.
Il suffit de quelques navires de guerre européens pour obliger l’empire le plus peuplé de la
planète à ouvrir ses ports au commerce européen.
(d) Enfin, les ambitions stratégiques et les affrontements nationalistes
Une « course aux colonies ». Le fait de posséder des colonies devient un marqueur de puissance
à la fin du XIXe siècle. En fait, l’expansion coloniale prolonge les tensions existant sur le
continent européen. De cette concurrence naissent des crises internationales telles que Fachoda
(1898), la guerre des Boers (1899-1902), le Maroc (en 1905 et en 1911), qui opposent les trois
grandes puissances européennes, la GB, le Reich allemand et la France. Ces graves tensions
contribuent à renforcer les nationalismes de puissance qui conduisent au premier conflit mondial.
(e) L’arme idéologique :
Mission civilisatrice (un complexe de supériorité de l’Europe envers le reste du monde). Introduire
ici la notion de colonialisme (doctrine qui prône et qui justifie la colonisation) ; à distinguer
d’impérialisme, qui désigne toute forme de dépendance, politique, économique et culturelle,
accompagnée ou non d’une colonisation. Il est du devoir des Européens d’apporter la civilisation
aux peuples inférieurs, c’est le « fardeau de l’homme blanc ». Selon Renan, « la colonisation en
grand est une nécessité politique tout à fait de premier ordre. Une nation qui ne colonise pas est
irrévocablement vouée au socialisme, à la guerre du riche et du pauvre. La conquête d’un pays de
race inférieure par une race supérieure qui s’y établit pour le gouverner n’a rien de choquant. »
Civiliser mais aussi convertir aux religions chrétiennes ce qui est le rôle de plusieurs ordres
religieux : aussi bien catholiques que protestants qui s’occupent également d’alphabétisation ou
d’hygiène. Enfin, des scientifiques explorent les continents mal connus jusqu’alors : Savorgnan de
Brazza fonde une ville, Congo (aujourd’hui Brazzaville) en étudiant le bassin de l’Ogooué, Stanley
remonte le Nil pour en découvrir les sources.
Tous, religieux, explorateurs véhiculent les valeurs, les langues européennes qu’ils imposent
dans les territoires visités.
B. Les Européens et leurs colonies : une mobilisation inégale et incomplète
Travailler sur une page recto-verso de documents photocopiés
Colonisation s’appuie à l’arrière sur une intense propagande animée par des minorités organisées
en groupes de pression qui poursuivent des objectifs propres (sociétés de géographie, chambres
de commerce, Marine, réseaux missionnaires…). Mais l’intérêt envers l’outre-mer se limite à
une adhésion passive, c’est surtout le cas en France mais même dans les pays de forte
émigration, comme l’Angleterre ou l’Italie, les Etats-Unis attirent bcp plus de migrants que n’en
attirent l’Inde ou la Somalie… Une curiosité qui ne va pas beaucoup plus loin qu’un goût pour
l’exotisme et un engouement pour des civilisations différentes, l’expansion européenne suscite
peu de vocations et d’engagements.
Se développent parallèlement des préjugés coloniaux : clichés sur la supériorité de l’homme
blanc (dessins, chansons, récits, toute une culture populaire la véhicule) qui propage un racisme
ordinaire (à chaque population sont associées des caractéristiques physiques, morales…).
Mais, surtout après la guerre de 14-18, de nombreuses voix en Europe ne cessent de dénoncer la
barbarie de la colonisation, la non conciliation entre la démocratie et la mise sous tutelle des
peuples, ou s’en prennent au complexe de supériorité des Européens (ici lire le discours de
Clemenceau qui dès le départ dénonce l’entreprise coloniale). Enfin critique marxiste voient dans
l’impérialisme le « stade suprême du capitalisme ». Le combat pour l’émancipation va de pair
avec la lutte contre le capitalisme (« Prolétaires de tous les pays, unissez-vous »).
C’est paradoxalement où s’affirment dans l’entre-deux-guerres des mouvements structurés de
contestation dans les pays indigènes que l’idée coloniale connaît une certaine popularité
(exposition coloniale au Bois de Vincennes, à Daumesnil : 33 millions d’entrées en six mois).
C. Les conquêtes proprement dites : les étapes
On distingue deux grands moments d’expansion des Européens à travers le monde :
- Les premiers empires coloniaux européens sont le résultat des Grandes Découvertes
effectuées à partir du 15ème siècle et qui conduisent à la circumnavigation du monde. La
découverte des côtes du continent africain est alors achevée, les contacts avec le monde
oriental se multiplient, le continent américain est découvert et exploré. Ce premier
mouvement de colonisation conduit à la formation des grands empires maritimes
espagnols et portugais, ainsi qu’à des prises de possession plus tardives des Anglais et
des Français (Amérique du Nord, Comptoirs sur la route des épices...). Le système
d’exploitation de ces colonies est essentiellement ce qu’on appelle le Commerce
Triangulaire. (traite des esclaves).
- Au milieu du 19ème, il ne reste que des miettes de ces premiers domaines coloniaux. Si la
Grande-Bretagne laisse loin derrière elle les autres puissances européennes dans la
première moitié de l’avant-dernier siècle, la colonisation s’accélère à partir des années
1880. A cette époque, les grandes puissances européennes, outre la Grande-Bretagne et la
France, pour laquelle l’impulsion décisive à l’expansion coloniale a été donnée par le
Second Empire, , se lancent dans une vaste politique d’expansion coloniale qui conduit à
la formation des empires coloniaux, il s’agit d’une véritable course aux colonies (ou
« course au clocher »), d’abord vers la Méditerranée (ouverture du canal transocéanique
de Suez en 1869), puis vers l’intérieur du continent africain ensuite (la conférence de
Berlin en 1885 définit les zones d’influence en Afrique), et enfin en Extrême Orient. Les
anciennes puissances coloniales (GB, France, Pays-Bas, Espagne et Portugal) sont
confrontées à de nouveaux concurrents (Allemagne à partir de 1890, Italie et Belgique
mais aussi Japon, Etats-Unis. Noter le cas particulier de la Russie).
Etudier les cartes pp. 140-141
En 1914, l’Empire britannique est l’empire sur lequel le soleil ne se couche jamais (voir carte) :
il comprend 410 millions d’habitants sur 33 millions de km2. Le second, l’empire français ne
compte que 7O millions d’habitants répartis sur 10 millions de km2.
A la veille de la Première Guerre mondiale, les puissances européennes se partagent 60% de la
population mondiale et les 2/3 de la surface du globe.
La phase de conquête s’achève en 1914. Mais les traités de Versailles en 1919 et de Sèvres en
1920 provoquent une redistribution des possessions allemandes et turques sous l’égide de la
SDN au profit de la GB et de la F qui obtiennent des « mandats » (Palestine, Irak et Jordanie
pour la première ; Liban et Syrie pour la seconde) pour les possessions turcs, les possessions
allemandes sont partagées entre les deux grandes puissances coloniales.
Enfin, dans les années 1935-6, l’Italie fasciste conquiert l’Ethiopie.
En fait à l’expansion succède la pacification, car la conquête ne s’opère pas aisément, engendrant
des résistances, qui ne cessent jamais vraiment, même si la pacification et les principaux partages
sont acquis entre les années 1890 et 1914. Le processus a donc abouti à la domination politique
et économique par les puissances européennes d’espaces continentaux et maritimes immenses.
Décrire les possessions coloniales ou faire une carte (retravailler en 09 cette partie)
II/ Des sociétés dominées, des territoires exploités : la période gestionnaire des
empires (le temps des empires)
A. Une domination aux modalités diverses
Cette domination européenne peut prendre en outre des formes différentes selon la nature et le
degré de l’emprise que les Européens exercent sur le territoire. On peut distinguer : l’annexion
effective de territoires (la colonisation proprement dite), les protectorats (administration certes
indirecte de territoires par l’intermédiaires de pouvoirs locaux préexistant à la domination ; les
souverains restent en place, comme le sultan au Maroc ou le bey en Tunisie ou les Etats indiens
privilégiés, l’Afrique australe ; mais il s’agit d’une fiction), les mandats (France et GB se voient
confier pour mission de la SDN le soin d’administrer pour la première le Liban et la Syrie, pour
la seconde la Palestine, la Transjordanie et l’Irak), les dominions (territoire britannique de
peuplement européen, disposant d’une autonomie interne et dépendant de la Couronne pour la
diplomatie et la guerre : Canada, Australie, NZ, Afrique du Sud), les départements en Algérie ou
les zones d’influence (en Chine, la domination passe par l’imposition de traités qui ne remettent
pas en cause formellement l’indépendance du pays. Européens se partagent plusieurs ports, des
concessions, des marchés comme celui des chemins de fer). Enfin, l’impérialisme : dépendance
commerciale et financière de l’Amérique latine vis-à-vis des Etats-Unis et du Royaume-Uni. (à
reclasser en domination directe et indirecte)
La France et Grande-Bretagne ont adopté deux politiques coloniales différentes ; alors que la
France privilégie l’assimilation, la GB l’Indirect Rule. Modèle assimilationniste revient à nier la
personnalité des « races inférieures » et à les amener au niveau de civilisation du peuple
colonisateur (non sans paternalisme), tandis que la politique d’association respecte les coutumes
locales et laisse les indigènes se gouverner eux-mêmes. Comparer ici les deux textes qui se
trouvent à la page 152.
La supériorité supposée de la « race blanche » : « le fardeau de l’homme blanc » consiste à
apporter la civilisation aux peuples-enfants des colonies. D’où la discrimination paternaliste,
dans l’Empire français un code de l’indigénat fixe infractions et pénalités ; en Afrique du Sud
(dominion GB), les fondements juridiques de l’Apartheid sont fixés en 1911.
Par conséquent, sur le plan social, la population indigène est reléguée dans une situation de
subordonnée. La hantise du métissage (sauf pour le Portugal) traduit cette volonté de maintenir à
tout prix une hiérarchie raciale. Cette hantise bloque aussi toute évolution, comme le montre le
texte 5 page 153 (échec du projet Blum-Violette de 1936, y revenir dans le chapitre sur la
décolo).
B. La diversité des modes de mise en valeur
La diversité des modes de mise en valeur est aussi grande même s’il s’agit toujours de vendre
des biens manufacturés (question des débouchés), d’obtenir des denrées tropicales (agriculture
commerciale), des cultures industrielles (plantations) puis des produits du sous-sol (un réservoir
de matières premières), de lever l’impôt, voire de mobiliser des soldats ou de la main-d’œuvre
(l’Empire, un réservoir d’hommes). Il s’agit toujours de produire pour l’Europe.
Dossier pp.154-155 : l’exploitation économique des colonies
Quest. 1 : Des problèmes de capitaux : en 1914, l’investissement colonial français ne représente
pas 15% des investissements à l’extérieur mais 45% en 1939 ; pour la GB les placements
atteignent les 70%. Empire une valeur et un territoire refuges après la crise de 1929 (système des
blocs et retour généralisé au protectionnisme, création du Commonwealth en 1931 et accords
d’Ottawa de 1932). Montrez la part des échanges (« préférence impériale ») côté britannique. Le
déclin de l’Europe après la PGM accentue le repli sur les colonies, surtout après la crise de
1929 : les économies européennes recherchent le salut par l’empire.
Pour la question 3 : montrez que se met en place une division internationale du travail.
Pour la question 4 : Un équipement en infrastructures de transport destinés au contrôle et au
drainage des productions est conduit partout, avec un coût humain élevé et des problèmes de
capitaux.
Pour la question 5 : L’exploitation de ces ressources est le fait des grandes sociétés capitalistes.
Les plantations accaparent les meilleures terres. Enfin, importance des compagnies minières.
Bien entendu, les populations colonisées constituent alors une main-d’œuvre gratuite dans le
cadre du travail forcé.
III/ Les effets contrastés et durables de la colonisation sur les sociétés colonisées
A. Des sociétés qui résistent (résistances actives et résistances passives)
Dans beaucoup de cas, les Européens se heurtent à des résistances actives dont ils triomphent
plus ou moins vite grâce à leur supériorité technique, l’enrôlement de soldats indigènes et
l’utilisation des rivalités locales.
Texte 3 page 150
« Pacification » peut s’accompagner d’extrême violence, combats en Algérie entre 1830 et 1871
auraient fait environ un million de morts, guerre d’Ethiopie (bombardements), Sud Ouest africain
(extermination des Namas par les Allemands, entre 1906-1908), brutalité extraordinaire des
Japonais en Mandchourie. La seule défaite européenne avant la décolonisation fut celle des
Italiens à Adoua en 1896.
La résistance active à la conquête se réveille notamment après la Première Guerre mondiale :
naissance de mouvements nationalistes comme le Parti du Congrès aux Indes qui lutte pour
l’indépendance à partir de 1929, parti national indonésien fondé par Sukarno en 1927, en
Tunisie, le Neo-Destour fondé par Bouguiba en 1938 organise une contestation déjà sévèrement
réprimée, le mouvement de l’Etoile Nord-africaine en Algérie, fondé par Messali Hadj qui
affirme la volonté de défendre l’Islam contre les valeurs occidentales, sans parler de la guerre du
Rif au Maroc dans les années 1920. Enfin, les communistes : Hô Chi Minh, membre du Parti
Communiste revendique un statut d’autonomie pour son pays.
Des formes de résistance indirectes : des sociétés limitent leur collaboration, maintiennent leurs
traditions, refusent certains services.
Principaux griefs portent sur la dépossession de la terre, les méthodes de travail utilisées,
l’impôt et les taxes diverses, la conscription (révoltes au Mali en 1915-1916), et surtout
l’existence d’un statut juridique discriminatoire, le régime de l’indigénat.
Bien rappeler à ce sujet que les Européens sont une infime minorité (moins de 40 000 en
Indochine, 5000 en AEF ; en France, une seule colonie de peuplement : l’Algérie)
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