(d) Enfin, les ambitions stratégiques et les affrontements nationalistes
Une « course aux colonies ». Le fait de posséder des colonies devient un marqueur de puissance
à la fin du XIXe siècle. En fait, l’expansion coloniale prolonge les tensions existant sur le
continent européen. De cette concurrence naissent des crises internationales telles que Fachoda
(1898), la guerre des Boers (1899-1902), le Maroc (en 1905 et en 1911), qui opposent les trois
grandes puissances européennes, la GB, le Reich allemand et la France. Ces graves tensions
contribuent à renforcer les nationalismes de puissance qui conduisent au premier conflit mondial.
(e) L’arme idéologique :
Mission civilisatrice (un complexe de supériorité de l’Europe envers le reste du monde). Introduire
ici la notion de colonialisme (doctrine qui prône et qui justifie la colonisation) ; à distinguer
d’impérialisme, qui désigne toute forme de dépendance, politique, économique et culturelle,
accompagnée ou non d’une colonisation. Il est du devoir des Européens d’apporter la civilisation
aux peuples inférieurs, c’est le « fardeau de l’homme blanc ». Selon Renan, « la colonisation en
grand est une nécessité politique tout à fait de premier ordre. Une nation qui ne colonise pas est
irrévocablement vouée au socialisme, à la guerre du riche et du pauvre. La conquête d’un pays de
race inférieure par une race supérieure qui s’y établit pour le gouverner n’a rien de choquant. »
Civiliser mais aussi convertir aux religions chrétiennes ce qui est le rôle de plusieurs ordres
religieux : aussi bien catholiques que protestants qui s’occupent également d’alphabétisation ou
d’hygiène. Enfin, des scientifiques explorent les continents mal connus jusqu’alors : Savorgnan de
Brazza fonde une ville, Congo (aujourd’hui Brazzaville) en étudiant le bassin de l’Ogooué, Stanley
remonte le Nil pour en découvrir les sources.
Tous, religieux, explorateurs véhiculent les valeurs, les langues européennes qu’ils imposent
dans les territoires visités.
B. Les Européens et leurs colonies : une mobilisation inégale et incomplète
Travailler sur une page recto-verso de documents photocopiés
Colonisation s’appuie à l’arrière sur une intense propagande animée par des minorités organisées
en groupes de pression qui poursuivent des objectifs propres (sociétés de géographie, chambres
de commerce, Marine, réseaux missionnaires…). Mais l’intérêt envers l’outre-mer se limite à
une adhésion passive, c’est surtout le cas en France mais même dans les pays de forte
émigration, comme l’Angleterre ou l’Italie, les Etats-Unis attirent bcp plus de migrants que n’en
attirent l’Inde ou la Somalie… Une curiosité qui ne va pas beaucoup plus loin qu’un goût pour
l’exotisme et un engouement pour des civilisations différentes, l’expansion européenne suscite
peu de vocations et d’engagements.
Se développent parallèlement des préjugés coloniaux : clichés sur la supériorité de l’homme
blanc (dessins, chansons, récits, toute une culture populaire la véhicule) qui propage un racisme
ordinaire (à chaque population sont associées des caractéristiques physiques, morales…).
Mais, surtout après la guerre de 14-18, de nombreuses voix en Europe ne cessent de dénoncer la
barbarie de la colonisation, la non conciliation entre la démocratie et la mise sous tutelle des
peuples, ou s’en prennent au complexe de supériorité des Européens (ici lire le discours de
Clemenceau qui dès le départ dénonce l’entreprise coloniale). Enfin critique marxiste voient dans
l’impérialisme le « stade suprême du capitalisme ». Le combat pour l’émancipation va de pair
avec la lutte contre le capitalisme (« Prolétaires de tous les pays, unissez-vous »).
C’est paradoxalement où s’affirment dans l’entre-deux-guerres des mouvements structurés de
contestation dans les pays indigènes que l’idée coloniale connaît une certaine popularité
(exposition coloniale au Bois de Vincennes, à Daumesnil : 33 millions d’entrées en six mois).