Le bord de mer Textes de Valérie Guidoux Un monde très agité Sous le ciel noir, les bateaux qui ont jeté l’ancre dans le port dansent comme des bouchons sur la mer agitée. Des vagues énormes se brisent avec fracas sur la jetée, le vent pousse la pluie en rafales… C’est bon d’être à l’abri ! Quand la tempête sera calmée, le port n’aura pas changé. Mais tout le long de la côte, la mer aura roulé sable et cailloux, déposé ou emporté toutes sortes de matériaux… Entre la mer et la terre les rivages forment une frontière agitée par les vagues et bousculée par le vent. Certaines parties du bord de mer sont aménagées : les ports. Ils sont renforcés de digues et de jetées. Ils se nichent souvent dans un renfoncement de la côte, qui forme un abri naturel. …les ports sont souvent barrés par des jetées pour abriter les bateaux des tempêtes. Lors d’une tempête, la mer peut fracasser les bateaux. C’est pourquoi on construit des jetées qui brisent les vagues à l’entrée des ports. Mais partout ailleurs sur la côte, les rivages ne sont pas protégés. Le vent et l’eau redessinent les plages, effritent les falaises, déplacent les dunes. Ils fendent ou creusent même les roches les plus dures. Au fil des marées et des tempêtes, les côtes changent. 1 Le long des côtes rocheuses, comme en Bretagne, la mer découpe et creuse les roches les plus tendres, formant des baies et des anses. Les roches plus dures, comme le granit, résistent. Elles forment alors des pointes ou des îlots. Cette grande plage n’est pas aussi déserte qu’on le dirait. Beaucoup de petits animaux vivent dans le sable : des tortillons et de petits trous indiquent leur présence…et les oiseaux savent très bien les trouver. Au pied de la falaise, des morceaux de rochers s’entassent. Ils se sont détachés de la paroi. Frappée chaque jour par les vagues, la falaise recule petit à petit. Des parties plus dures résistent, formant de drôles de reliefs. L’endroit où le fleuve rejoint la mer se nomme l’estuaire. Il est encombré de vase et de bancs de sable. 2 Des millions de grains de sable Le sable n’est pas plus vivant qu’un caillou, mais il change tout le temps. Quand il est sec, il coule entre les doigts ou vole dans le vent. Quand il est mouillé, il se laisse modeler en pâtés ou châteaux. La patte légère d’un oiseau y dessine sa trace, la moindre vaguelette le fait onduler, et chaque promeneur y dépose son empreinte… que la marée haute aura bientôt effacée, comme un coup d’éponge. Les côtes sableuses se trouvent là où le relief est plat. Comme la pente est très faible, la mer se retire loin à marée basse. Des oiseaux se reposent sur le sable mouillé. Ils n’ont qu’à picorer pour déloger des vers ou des coquillages qui sont cachés sous le sable. …Le sable est composé de grains de roches apportés par la mer. Depuis des millions d’années, la mer arrache des morceaux de roches à la côte. Les rivières et les fleuves déplacent aussi des cailloux. Lentement, ils roulent, se cognent, se frottent, s’usent et arrivent à la mer sous forme de grains. Emporté par les courants marins, le sable s’accumule au fond de la mer. Mais chaque jour, les vagues en déposent sur les rivages…et le vent que rien n’arrête joue à son tour avec le sable et les dunes. 3 Ce sable doré a bien des couleurs. Des débris de coquillages et des bouts de verre usés se mêlent aux grains de roches. Dans certaines régions, le sable est noir : il vient de roches volcaniques. Le sable découvert par la marée basse est plein d’eau : une multitude de petits animaux peuvent y survivre en attendant le retour de la mer. Des tortillons indiquent la présence de vers ( les arénicoles), tandis que les couteaux et les coques laissent deux trous en forme de 8. Ces grandes herbes sont des oyats. Ils poussent sur le sable grâce à leurs longues racines. Peu à peu, des débris végétaux se mêlent au sable et forment une terre sableuse. D’autres plantes peuvent alors s’installer. Avec la végétation, la dune est moins fragile, le vent ne l’emporte plus. En arrière de la plage, le sable forme des dunes, qui avancent ou reculent au fil du temps. Ici, le vent fait reculer la montagne de sable vers l’intérieur des terres. Ce blockhaus, construit en haut de la dune il y a soixante ans, se trouve maintenant sur la plage. 4 Au pieds des falaises Immobile et solide devant la mer, la falaise se dresse comme un mur. Pourtant, les gros blocs et les rochers qui se trouvent à ses pieds sont ses débris que la mer a fait tomber ! À marée haute, et surtout lors des tempêtes, les vagues battent et grignotent la falaise, qui recule un peu chaque année. Mais cela n’empêche pas les plantes et les animaux de s’y installer, au moins le temps d’une saison. Cette falaise est faite d’une roche tendre, le calcaire, que la mer attaque aisément. Les vagues creusent la base, et les parties hautes s’effondrent peu à peu. Qu’on soit en haut ou en bas, il faut rester loin de la paroi. …Beaucoup d’oiseaux marins se plaisent sur les falaises. À la belle saison, les falaises s’animent : plusieurs espèces d’oiseaux marins installent leurs nids sur le moindre rebord de la paroi. De haut en bas, les parents se relaient pour couver ou rapporter de la nourriture, tout en criant à qui mieux mieux. Avantages des lieux : les voleurs de nids ne s’y aventurent pas ; on a un accès direct au garde-manger plein de poissons…el une belle vue sur la mer. Le grand cormoran préfère nicher au milieu de la falaise ou sur des îlots isolés non loin du rivage. Toutes sortes de lichens, gris, jaunes, verts ou noirs couvrent les rochers des falaises. Les lichens sont l’association entre une algue microscopique et un champignon. 5 Macareux, goëlands marins, fous de Bassan, fulmars, mouette tridactyle…sur la falaise, chaque étage à ses habitués. Les guillemots posent leur œuf à même la roche de la falaise et nichent serrés les uns contre les autres. Le vent arrache aux vagues une brume d’eau de mer : ce sont les embruns. Les plantes des falaises comme ici la criste marine ou encore comme le chou marin, ou l’armérie maritime, doivent s’adapter à cette eau salée. 6 Des trésors dans les flaques La mer se retire à peine, et déjà, un goéland cherche la petite bête sur le sable. Vite, un crabe abandonné par les vagues se faufile sous un rideau d’algues. Le voici dans une mare un peu profonde aménagée entre les rochers. Là, vit tout un monde caché qui attend, bien à l’abri, le retour de la mer. Durant quelques heures, on peut y découvrir de curieux animaux. La partie du rivage qui se trouve découverte à marée basse s’appelle l’estran. On peut s’y aventurer à pied pour explorer ou pêcher. Mais il faut faire attention à l’heure de la marée, et surveiller la remontée de la mer pour ne pas se laisser encercler. …À marée haute, les algues flottent dans l’eau, accrochées à un rocher. Deux fois par jour, la mer recouvre l’estran et tous ses habitants. Deux fois par jour, elle se retire et les laisse à découvert. C’est ce qu’on appelle la marée. La plupart des plantes et des animaux que l’on découvre dans les flaques sont adaptés à ces allées et venues de la mer. À marée basse, les algues qui semblent inertes sont pourtant bien vivantes. Durant la marée haute, elles flottent dans l’eau et forment de véritables forêts. Après les tempêtes, les algues arrachées par les vagues forment des tas sur les plages. Elles peuvent être récoltées pour servir d’engrais dans les jardins, ou pour fabriquer divers produits. En haut de la plage, les vagues ont déposé tout un trésor : 7 ce sont les « laisses de mer ». On y trouve un peu de tout : algues séchées, os de seiche, squelettes de poissons, coques d’oursins, filets de pêche… Des puces de mer, semblables à de minuscules crevettes, se nourrissent dans les laisses. Elles sautent…comme des puces, mais elles ne piquent pas. Les algues sont des végétaux marins, qui s’accrochent à leur support par des crampons. L’anémone-de-mer n’est pas une fleur, mais un animal qui vit fixé sur le rocher, dans l’eau. Elle attrape et empoisonne des larves de poissons grâce à ses tentacules. Puis elle les digère. En soulevant les pierres, on découvre dans l’eau des crevettes grises, des crabes, des anémones-de-mer, des bernard-l’ermite ou de petits poissons. Il faut bien remettre les rochers en place, ils protègent ces animaux du soleil. 8 Le paradis des petites bêtes C’est la marée basse dans l’estuaire : la mer se retire, et au milieu de l’immense baie, les eaux douces du fleuve se font un chemin dans la vase et le sable. Ici la lumière est toujours belle, car l’eau reste présente un peu partout et dessine les reflets du ciel. Des groupes d’oiseaux explorent les étendues dégagées par la mer. Les traces de leurs pattes et de leurs coups de bec s’impriment dans la vase : coquillages et petits vers, gare à vous ! Là où le fleuve arrive à la mer, il s’élargit en forme d’estuaire : à marée haute, la mer remonte dans le lit du fleuve vers l’intérieur des terres ; mais à marée basse, elle libère de grandes étendues, couvertes de sable et de vase où le pied s’enfonce. …La vase est faite de débris très fins, apportés par le fleuve. Les fleuves entraînent des matériaux, comme les cailloux. Les plus légers de ces matériaux sont des débris très fins qui viennent de la décomposition des plantes, des animaux. Ces débris sont une véritable nourriture pour les vers, les crustacés, les coquillages que la marée fait remonter. La vase se dépose dans les estuaires en couches parfois si épaisses, que le fleuve ne peut plus arriver tout droit dans la mer : des canaux qui serpentent dans l’estuaire se forment alors. La marée basse dégage des bancs 9 de sable au milieu de l’estuaire. Dans certaines régions, des phoques viennent parfois s’y reposer car se sont des endroits tranquilles. Il faut prendre les jumelles pour les observer depuis le rivage. Au bord des estuaires, certaines zones de vase sont à peine couvertes par la marée haute. Des plantes particulières, comme la salicome, poussent dans ces »prés salés ». Les moutons qui s’en nourrissent sont appréciés pour leur chair au goût très fin. Beaucoup d’oiseaux de la famille des limicoles fréquentent les estuaires. L’avocette élégance « sable » l’eau de son bec recourbé : elle capture les petites proies qui nagent juste sous la surface. Elle marche aisément dans la vase grâce à ses longues pattes légèrement palmées. 10 Ce n’est pas pour rien qu’on surnomme la terre la « planète bleue ». Vue du ciel, elle apparaît de cette couleur car la mer couvre la plus grande part de sa surface ! Les continents sont comme de grandes îles au milieu des océans. Selon le climat et le relief de chaque région du monde, les bords de mer ont des aspects bien différents. Tous les océans connaissent le phénomène de la marée : la mer se retire et remonte, deux fois par jour. Les marées sont dûes à l’attraction de la lune, qui agit sur l’énorme masse des eaux. Le long des côtes tropicales, des forêts entières poussent les pieds dans l’eau salée. Leurs arbres sont des palétuviers. Ils plongent leurs hautes racines dans les fonds vaseux du rivage. Ces forêts abritent une grande diversité d’animaux, comme le poisson-promeneur capable de survivre deux jours hors de l’eau ! Dans la nuit ou le brouillard, les marins ne peuvent pas voir les côtes. Les phares les aident à se repérer. Leurs signaux lumineux sont tous différents. Ils sont indiqués sur des cartes que les marins possèdent. Ils avertissent des dangers ou indiquent l’entrée des ports. Les côtes de Norvège n’ont pas été dessinées par les vagues. Il y a très longtemps, des glaciers ont creusé ces vallées étroites. Quand les glaces ont fondu, la mer a envahi les « fjords ». Ce mot signifie « bras de mer », en norvégien. Certains fjords dépassent 1000 mètres de profondeur. À certains endroits des côtes tropicales, juste au large des plages, de minuscules animaux ont bâti des constructions calcaires aux formes étranges : ce sont 11 les barrières de corail. Une multitude de poissons colorés vivent dans ces milieux très beaux et fragiles. La Méditerranée est une mer presque fermée. Comme elle n’est pas très grande, les marées sont si faibles qu’on ne les voit pas. Sur ces côtes rocheuses, la mer vient battre les rochers dans de belles « calanques » auxquelles on n’accède parfois qu’en bateau. 12 Documents annexes Un fjord Une falaise Une barrière de corail Des palétuviers 13 Des calanques Un phare Des algues Un port Un estuaire Du sable 14