
la négligence des médecins — Refus par la juge de première instance d’admettre une
présomption de fait en faveur de la causalité et conclusion selon laquelle le lien de
causalité n’a pas été établi — Le juge des faits est-il tenu de tirer une inférence de
causalité défavorable ou d’admettre la présomption de fait lorsque la négligence du
défendeur compromet la possibilité pour le demandeur d’établir le lien de causalité, et
lorsqu’au moins certains éléments de preuve du lien de causalité ont été produits? —
La Cour d’appel a-t-elle infirmé à bon droit la décision de la juge de première instance
au motif qu’elle était entachée d’une erreur de droit? — La juge de première instance
a-t-elle commis une erreur manifeste et dominante dans son appréciation des faits? —
Code civil du Québec, art. 2849.
Non-fumeur qui faisait régulièrement de l’exercice et prenait soin de sa
personne, E est décédé tragiquement d’un cancer du poumon à l’âge de 47 ans. Sa
conjointe, personnellement, en sa qualité de tutrice à son fils et en sa qualité de légataire
universelle de E, a intenté une action contre les médecins de E. Selon elle, c’est le
diagnostic de cancer intervenu trop tard par négligence qui a causé la mort de E. De
l’avis des médecins, le cancer aurait vraisemblablement eu raison de E même s’il avait
été rapidement diagnostiqué, et, en conséquence, le diagnostic tardif n’a pas causé la
mort de E. Au procès, les trois témoins experts ont fondé leurs avis sur des
renseignements incomplets, et leurs avis comportaient une certaine part de conjectures
et d’hypothèses quant à l’évolution du cancer du poumon de E. La juge de première
instance a accueilli l’action en partie au motif que, bien que les médecins de E aient
tous deux fait preuve de négligence, leur négligence n’avait pas causé la mort de E. En