Pietraszewsky, à la suite de laquelle plusieurs jeunes
gens — Dostoyevsky entre autres — furent condam-
nés aux travaux forcés dans les mines de Sibérie.
M. Danilewsky sut cependant justifier de sa loyauté
envers le gouvernement du tsar Nicolas et, au lieu de
rejoindre ses amis au bagne, il fut nommé fonction-
naire dans les bureaux du gouverneur de Vologda,
puis de celui de Samara. Depuis lors, la protection et
la bienveillance du gouvernement ne lui firent pas dé-
faut un seul instant. Toutefois, il ne moisissait pas sur
les ronds de cuir des chancelleries ; il n’y faisait que
des stages de courte durée, tantôt comme fonction-
naire au département de l’économie rurale, tantôt
comme ingénieur (lui, botaniste !) au même départe-
ment ; la plus grande partie de sa carrière officielle se
passa en délégations. Il devint spécialiste dans la
question des pêcheries et, pendant 30 ans, de 1853 à
1885, il fut membre ou chef des commissions char-
gées de l’examen de cette question dans différentes
provinces de l’Empire. En Russie, les délégations
(komandirovki) constituent une des situations les plus
enviables : elles sont grassement payées et deman-
dent très peu de travail. Aussi, M. Danilewsky eut-il
beaucoup de loisirs, ce qui lui permit de s’occuper
d’une foule de choses, pour lesquelles il ne semblait
préparé ni par ses occupations spéciales, ni par ses
études antérieures. Dans la longue liste de ses publi-
cations, à côté des questions de pêcheries qu’il traitait
par devoir de fonctionnaire, nous le voyons aborder la
climatologie, la statistique, les finances et l’économie
politique (dans deux ouvrages sur La baisse de la va-