Sur ce sujet d’importance qui touche aux convictions de chacun, le précédent Gouvernement
avait engagé, dès 2008, un travail approfondi de réflexion et de concertation dans la
perspective de la révision nécessaire des lois bioéthique de 1994 et 2004. Parmi les
nombreuses contributions, on peut notamment citer :
le mémoire du Comité national d’éthique pour les sciences de la vie et de la santé
le bilan d’application de la loi de 2004 par l’Agence de biomédecine
l’étude du Conseil d’Etat en vue du réexamen de la loi
Les Etats généraux de la bioéthique, qui avait pris pendant plusieurs mois la forme de débats
citoyens en régions sur l’ensemble des questions relatives à la bioéthique, avaient constitué
une étape importante de cette concertation en 2009. Ils s’étaient achevés par la
présentation d’un rapport final, disponible sur le site Internet
www.etatsgenerauxdelabioéthique.fr
Le Parlement a également participé de manière très active à la préparation de la révision des
lois de bioéthique avec le rapport de l’Office parlementaire des choix scientifiques et
technologiques (OPCST) et celui de la mission d’information conduite par Jean Leonetti dont
l’essentiel des conclusions ont été reprises dans le projet de loi.
Enfin, une Commission spéciale, présidée par Alain Clayes (SRC) et dont le Rapporteur était
Jean Leonetti, avait été chargée d’examiner le texte sur lequel elle avait auditionné très
largement durant plusieurs semaines.
Revenir sur une disposition centrale de ce texte par le biais d’une proposition de loi sans
aucune concertation est un procédé pour le moins contestable. Sur un sujet aussi sensible, il
est indispensable de se donner du temps avant de toucher à la loi.
Les différences entre les deux régimes:
Sous le régime actuel :
L’interdiction a une portée symbolique forte, en conformité avec l’article 16 du Code
civil qui affirme le respect de l’être humain dès le commencement de sa vie.
Il est plus facile de définir des dérogations que d’encadrer une autorisation, car ce
qui est permis est permis.
Les projets de recherche sont autorisés au cas par cas par l’Agence de la Biomédecine, pour
toute recherche susceptible de permettre des « progrès médicaux majeurs » et s’il est
impossible de parvenir au résultat escompté par une autre voie de recherche similaire. Les
recherches alternatives à celles sur l’embryon doivent être favorisées, il est interdit de créer
des embryons destinés à la recherche, ces dernières n’étant autorisées que sur les embryons
surnuméraires. Enfin, le projet de recherche et les conditions de mise en œuvre du protocole
respectent les principes éthiques relatifs à la recherche sur l'embryon et les cellules souches
embryonnaires. Dans le cas de l’interdiction avec dérogations, la charge de la preuve revient
à celui qui demande la levée de l’interdiction.