Je ne m’étendrai pas sur les dispositifs d’encadrement que prévoit ce texte car ils ont été
explicités par de précédents orateurs. Je considère que toutes les garanties sont apportées pour
que le régime d’autorisation s’inscrive pleinement dans les recommandations issues des états
généraux de la bioéthique de 2011 et du Comité national d’éthique.
Ainsi, à l’hypocrisie de notre système actuel – puisque pratiquement toutes les dérogations
demandées sont accordées – s’ajoutent les contestations de plus en plus nombreuses devant
les tribunaux qui lient les mains des chercheurs et de l’Agence de la biomédecine, laquelle est
obligée de consacrer une part importante de son budget aux procédures judiciaires.
Concernant les cellules souches embryonnaires, certains affirment qu’il n’y aurait pas lieu de
les utiliser puisque nous disposons à présent des cellules iPS obtenues à partir de cellules
adultes génétiquement modifiées. Cette affirmation est une contre-vérité.
Le docteur Yamanaka lui-même, qui vient de recevoir le prix Nobel pour ses travaux dans ce
domaine, le confirme. Ces cellules modifiées, si elles présentent certaines caractéristiques des
cellules souches embryonnaires, en diffèrent cependant très sensiblement. Ce qui est à l’ordre
du jour actuellement, c’est précisément l’étude comparée de ces différentes cellules, ce qui
ouvrira, n’en doutons pas, un formidable champ nouveau pour la médecine dans le domaine
des réparations tissulaires notamment, au service de la santé de nos concitoyens et, plus
largement, au service de milliers de personnes qui placent dans cette recherche un immense
espoir.
Oui, ces perspectives sont enthousiasmantes et je pense sincèrement qu’utiliser pour la
recherche à visée thérapeutique des embryons surnuméraires ne faisant plus l’objet d’un
projet parental est une occasion unique, si les donneurs en font le choix, d’associer ces
embryons à une grande aventure humaine, celle des immenses possibilités que seules ces
cellules permettent d’envisager.
Enfin, les chercheurs de notre pays vont pouvoir travailler dans un secteur où la recherche
publique est essentielle puisqu’il s’agit encore, à cette étape, d’une recherche fondamentale
pour laquelle les grands groupes privés n’ont que peu d’intérêt.
Je rappelle à cet égard que sur 61 dérogations accordées par l’Agence de la biomédecine, 57
concernent des protocoles de recherche publics, soit plus de 93 %. C’est dire, au passage,
l’importance de donner des moyens suffisants à la recherche publique, qui a été bien
malmenée ces dernières années par les choix ultralibéraux de la précédente majorité.
Nous avons entendu, venant du côté droit de cet hémicycle beaucoup de propos sévères et
trop souvent caricaturaux concernant la recherche autorisée sur l’embryon et les cellules
souches embryonnaires. Des excès qui sont d’autant plus surprenants si l’on se souvient qu’en
2002, comme cela a déjà été dit, lors d’un premier vote sur le sujet dans cette assemblée, 51
députés de feu le groupe RPR s’étaient prononcés pour un régime d’autorisation encadrée.
Parmi eux, je le répète car c’est assez succulent, MM. Christian Jacob, Nicolas Sarkozy,
François Fillon, Alain Juppé, Bernard Accoyer et Mmes Alliot-Marie et Bachelot, sans
oublier notre collègue Alain Milon, le rapporteur de la loi relative à la bioéthique en 2011, qui
s’était également déclaré favorable à ce régime d’autorisation encadrée…
Autant d’éléments que je trouve plutôt rassurants : ils démontrent le caractère véritable de vos
cris d’orfraie, essentiellement politiciens, ce qui est très dommageable, permettez-moi de vous
le redire, et particulièrement sur un tel sujet.
Je veux croire que ce texte sera voté par toutes celles et tous ceux qui, au-delà des clivages
partisans, ne veulent pas faire preuve d’obscurantisme (Exclamations sur les bancs du groupe