L’Asie du Sud et de l’Est
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DOSSIER N°4a
L’Asie du Sud et de l’Est : les défis de la population et de la
croissance.
Introduction :
Asie en assyrien ancien, se prononce « assu » pour désigner l’Est. L’Asie du
Sud et de l’Est, l’Asie méridionale (du Sud) réunit tous les pays de la péninsule
indienne, autour de l’Inde, voir carte 341, (Pakistan, Népal, Bhoutan, Bangladesh,
Sri Lanka, Maldives) tandis que l’Asie orientale réunit l’ensemble des pays
asiatiques de la façade pacifique (membres de l’APEC, sauf Corée du Nord).
Voir cartes p.342-343. Cet ensemble offre une certaine unité ographique
(des climats humides de mousson, des pays de civilisations du riz qui expliquent les
fortes densités de population enregistrées presque partout). Cet espace est marqué
par une croissance économique rapide et spectaculaire, résultat d’une adaptation
réussie des économies nationales aux impératifs de la mondialisation (surtout depuis
les années 1980). Cet espace réunit plus de 4 milliards d’habitants en 2017, soit plus
de 1/2 de la population mondiale.
Quels sont les défis posés par cette croissance spectaculaire ? Quelles
sont les ambitions de l’Asie du Sud et de l’Est dans la mondialisation ?
Pour y répondre, nous étudierons tout d’abord les défis du peuplement et de
l’urbanisation, puis ceux posés par la croissance économique, avant de terminer par
les disparités croissantes de cet ensemble géographique analysé à différentes
échelles.
I - LES DEFIS DU PEUPLEMENT ET DE L’URBANISATION : 1 heure
1 - Plus de la moitié de la population mondiale : carte p.342
L’Asie méridionale et orientale réunit plus de 4 milliards d’habitants, la
Chine (1,38 milliard d’habitants en 2017) et l’Inde (1,32 milliard d’habitants en
2017) étant les deux pays les plus peuplés du monde. L’Asie orientale possède
des densités de population parmi les plus élevées du monde (dans l’espace que
nous avons choisi d’étudier, les densités sont > à 100h/km² partout).
C’est en partie un héritage historique pour les zones rurales (civilisations
du riz qui nécessitent une main-d’œuvre nombreuse pour les travaux agricoles et
l’entretien des aménagements agricoles, dans le cadre de communautés rurales très
structurées le sens du travail collectif est valorisé). C’est un héritage des
civilisations du riz, céréale qui nécessite beaucoup de main-d’œuvre et fournit des
récoltes abondantes, une céréale permettant jusqu’à trois récoltes par an.
Cependant, les dynamiques démographiques sont très contrastées (comparer Chine
et Inde).
2 - Deux défis démographiques majeurs :
Ce sont la maîtrise de la croissance démographique et le vieillissement de
la population d’abord (très prononcé au Japon : les chiffres fournis par l’INED en
2015 sont révélateurs en ce qui concerne l’ISF, indice synthétique de fécondité qui
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calcule le nombre d’enfants nés vivants par femme en âge de procréer soit de 15 à
49 ans, le renouvellement des générations étant assuré avec un indice théorique de
2, or les chiffres sont très variables d’un pays à l’autre : 1,2 seulement en Corée du
Sud, 1,3 à Singapour, 1,4 au Japon, 1,7 en Chine la politique de l’enfant
unique mise en place de 1979 à 2015 et assouplie en 1984 dans les campagnes
et en 2013 dans les villes a fait lourdement chuter la natalité, et elle est remplacée
en 2015 par la politique des deux enfants, alors que l’Union indienne atteint le
chiffre de 2,3, le Vietnam 2,4, le Pakistan 3,8 et l’Afghanistan 4,9.
Les pays ayant un ISF faible doivent faire face au problème de la
diminution relative de la population active qui augmente les charges sociales et
ralentit la croissance économique, engendre un manque de dynamisme de la
population et un égoïsme des enfants uniques, tandis que les pays ayant un ISF
élevé doivent faire face à l’arrivée massive des jeunes dans le système éducatif
puis sur le marché du travail).
Défi commun à cet ensemble géographique est le déséquilibre entre les
sexes ensuite (héritage des cultures rurales la jeune mariée entre dans la famille
du mari avec le versement d’une dot et ne pourra pas subvenir aux besoins de ses
parents, ce déséquilibre est très marqué depuis 1955, il s’observe également
dans les naissances depuis 1990 avec plus de naissances de garçons que de
filles, ce qui peut s’expliquer par la pratique de l’infanticide ou de l’avortement,
l’INED indique en Inde un ratio de 110 personnes de sexe masculin pour 100 de
sexe féminin, en Chine le ratio est de 115 en raison de la politique démographique
autoritaire, les démographes prévoient un ratio de 150 en Inde et en Chine en 2050
selon l’INED, ce qui combiné aux effets de la politique démographique chinoise
actuelle devrait faire baisser la population chinoise de 250Mh d’ici 2050, l’Inde
devenant alors le pays le plus peuplé du monde selon le démographe
Christophe Z. Guilmoto).
3 - Une urbanisation rapide et disparate : voir carte n°1 p. 342 et dossier
p.346/7
Cet espace a un taux d’urbanisation moyen, mais il possède les plus
grandes agglomérations du monde selon le WUP publié par l’ONU en 2014, dont
Tokyo (environ 38Mh, capitale du Japon et première gapole du monde),
Delhi (26Mh, capitale de l’Inde et seconde mégapole mondiale), Shanghai
(24Mh en 2014, métropole de la Chine et troisième gapole mondiale),
Mumbai (21Mh en 2014, métropole de l’Union indienne et 5e mégapole
mondiale), Beijing (20Mh, capitale de la Chine et 7e mégapole mondiale).
Le Japon possède la première mégapole du monde (Tokyo, 38Mh), ainsi
que deux autres mégapoles majeures (Osaka qui réunit 20Mh et Nagoya).
L’ensemble forme la mégalopole japonaise devenue l’hypercentre de l’Asie
orientale (équivalent asiatique de la Mégalopolis).
La Corée du sud possède deux métropoles (Séoul et Pusan).
La Chine littorale est dominée par six mégapoles dont la croissance
démographique a été très rapide (Beijing ou Pékin la capitale, Chongqing,
Shanghai métropole économique et financière de la Chine, Hong Kong qui est
associée à Shenzhen et à Guangzhou ou Canton). Cette urbanisation est
inégalement maîtrisée comme on peut le constater avec les exemples de Shanghai
et de Mumbai. La croissance est maîtrisée dans les villes des pays du Nord (Japon,
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Corée du Sud, Taiwan et Singapour, ainsi qu’en Chine littorale, mais elle est mal
maîtrisée en Chine intérieure, ainsi qu’en Asie du Sud-Est et du Sud.
II - LES DEFIS POSES PAR LA CROISSANCE ECONOMIQUE : 1 heure
1 - L’Asie du Sud et de l’Est, principal pôle de croissance de l’économie
mondiale : carte p.343
Aujourd’hui la croissance économique de l’Asie orientale en fait l’espace en
développement le plus important du monde. Dans un contexte économique de crise
mondiale, tous les pays de l’Asie orientale affichent des taux de croissance élevés, à
l’exception du Japon (0,6% en 2015). Le PIB chinois a augmenté de 6,8%, celui de
l’Inde de 7,3% en 2015. Le poids de l’Asie du Sud et de l’Est dans l ‘économie
mondiale est donc considérable. Plus de 3.900Mh en 2015, soit 54% de la
population mondiale, 22.500Mds$ de PIB en 2014, soit 29% du PIB mondial.
Le Japon, 3e puissance économique du monde a bénéficié d’un passé
industriel (décollage dès le milieu du XIXe siècle, ère Meiji ou des Lumières de 1868
à 1911, Empereur Mutsuhito). Le PIB/h japonais est donc comparable à ceux des
pays d’Europe occidentale, ce qui est aussi le cas des 4 anciens dragons ou NPIA
(nouveaux pays industrialisés d’Asie : Corée du Sud, Taiwan, Hong Kong,
Singapour) qui sont considérés aujourd’hui comme faisant partie des pays du
Nord.
Par contre, la Chine et les pays de l’ASEAN (marché commun de l’Asie du
Sud-Est créé en 1967) sont encore classés dans les pays du Sud (sauf
Singapour) en raison d’un PIB/h faible. Le « nouveau dragon » (Chine), les
« tigres » (Indonésie, Malaisie, Vietnam, Thaïlande) et les « bébés tigres » (Laos,
Cambodge, Birmanie) sont les « pays ateliers » du monde.
Les pays de l’Asie du Sud (Union indienne et pays voisins) sont eux-aussi
des PED, avec une population rurale plus importante et un retard marqué en matière
de développement économique (le Népal, dévasté par un séisme meurtrier en 2015,
le Pakistan et l‘Afghanistan, affaiblis par la guerre civile, sont des PMA).
2 - L’Asie du Sud et de l’Est, espace fortement intégré dans la mondialisation :
L’Asie orientale et méridionale fournit l’essentiel des consoles de jeux, des
lecteurs MP3, des appareils photo numériques, des télés écrans plats, des PC
portables, des téléphones mobiles produits dans le monde.
La Chine produit 70% des photocopieurs, 55% des appareils photo, 50% des
ordinateurs, 60% des bicyclettes, 50% des chaussures, 70% des jouets, 83% des
tracteurs et 43% des textiles vendus dans le monde en 2008. Les produits
manufacturés représentent plus de 70% des exportations chinoises : la Chine
est bien devenue le plus grand NPI du monde (un NPI a une production
industrielle > 25% PIB et consacre plus de 50% de ses exportations à des produits
manufacturés). La part des exportations chinoises dans les échanges mondiaux
est passée de 1,2% en 1983 à 7,5% en 2006 et 12,1% en 2013 (numéro 1
mondial). La Chine est aujourd’hui le pays le mieux intégré dans le commerce
mondial de marchandises.
L’Asie orientale et méridionale est traversée de flux commerciaux majeurs,
s’appuyant sur la première façade maritime du monde. Nous savons que l’Asie
orientale possède 16 des 20 premiers ports de commerce du monde (dont 13 en
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Chine) et 15 des premiers ports de conteneurs du monde (dont 9 en Chine) en
2013 (source IEM). Shanghai est le premier port de conteneurs du monde, devant
Singapour, avec plus de 30 millions d’EVP en 2013.
Singapour, cité Etat membre de l’ASEAN (marché commun de l’Asie du SE),
troisième port du monde par son trafic et second port mondial de conteneurs, est l’un
des plus grands hubs du monde (point central d’un réseau de transports où est
assuré un maximum de correspondances) et une plate-forme multimodale assurant
le relai entre différents modes de transport. La cité-Etat possède un CBD (centre des
affaires) avec bourse des valeurs, des sièges sociaux de FTN s’y trouvent.
Singapour est majoritairement peuplée de familles de la diaspora chinoise, qui
assure 25% des échanges internationaux de la Chine (d’où des flux informels
majeurs). Mais Singapour est aussi le centre d’une activité transfrontalière associant
les populations des pays voisins : triangle de prospérité SIJORI (Singapour, Johor,
Riau). Singapour délègue à ses voisins les activités portuaires secondaires et le
tourisme (surtout vers l’Indonésie) ainsi que les ateliers de production des zones
industrielles (surtout vers la Malaisie), la cité Etat se réservant le port de conteneurs
et les activités financières.
L’Inde n’a pas bénéficié d’une ouverture aussi rapide et précoce, et tente de
rattraper son retard depuis les années 1990 par la « politique du regard vers l’Est ».
Le nouveau PM indien, Narendra MODI, élu en mai 2014, a visité 33 pays pour
inciter les entreprises étrangères à s’installer en Inde (main-d’œuvre abondante et
bon marché, procédures administratives simplifiées), mais le pays manque
d’infrastructures adaptées, notamment en matière de transports, et la très large
autonomie des Etats qui composent l’Union indienne est un frein important (il y a des
taxes intérieures lorsqu’on passe d’un Etat indien à un autre).
III - LES DEFIS POSES PAR LES DISPARITES, A DIFFERENTES ECHELLES : 1
heure
1 - L’Asie du Sud et de l’Est, des disparités à l’échelle locale :
Au Japon, pays montagneux composé d’un archipel d’îles aux plaines côtières
étroites, se pose le probme de la rivalité pour l’occupation de l’espace littoral entre
l’habitat, les activités industrielles et les moyens de transport (les autoroutes
suspendues et les voies ferrées traversent des zones très densément peuplées), ce
qui fragilise les populations dans une zone très exposée aux risques majeurs
(séismes, tsunamis, cyclones).
Voir les effets du séisme de Sendai du 11 mars 2011, qui a désorganisé
l’économie japonaise en provoquant l’accident nucléaire de Fukushima. Nous savons
que des problèmes d’aménagement de l’espace urbanisé se posent dans tous les
Etats, comme à Mumbai.
2 - L’Asie du Sud et de l’Est, des disparités à l’échelle nationale :
Par exemple, l’organisation régionale du littoral chinois est le reflet d’une
dualité de l’espace chinois qui se retrouve dans tous les domaines (ce qui
correspond à la culture taoïste du yin et du yang).
La carte (carte p.357) montre que les territoires qui bénéficient de la
croissance chinoise sont tous situés sur le littoral, à l’exception de deux provinces du
centre. Ce sont aussi les provinces les plus riches, les plus densément peupes. La
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Chine intérieure semble oubliée par la croissance (en particulier les provinces de
l’ouest vivent les minorités musulmanes et bouddhistes, persécutées comme au
Tibet). Pourtant la Chine intérieure fournit au littoral la main-d’œuvre et l’énergie
nécessaires au dynamisme du littoral (barrage des Trois Gorges sur le Yangzi
achevé en 2003 après avoir déplacé 1,27 million de personnes, comportant une
retenue d’eau de 660km de long, devenu le plus grand barrage du monde en 2009
lors de sa mise en service).
Exemple d’une région chinoise, Le Xinjiang, située dans l’ancien Turkestan
oriental, au nord-ouest de la Chine, connaît de profonds changements et de grands
travaux d’aménagements pour intégrer ce territoire resté longtemps aux marges de
la croissance chinoise. Dossier pp.353-355.
3 - L’Asie du Sud et de l’Est, des disparités à l’échelle régionale :
(Commentaire de la carte n°1 p.350) Enfin, nous savons que cet espace ne
dispose pas de structures politiques communes aux Etats qui le composent, leurs
régimes politiques et leur situation économique étant très différentes, d’où les
tensions engendrées par les rivalités entre puissances.
Nous pouvons distinguer quatre grands ensembles.
1. Le Japon et les quatre « dragons » (Corée du Sud, Taiwan, Hong Kong et
Singapour) sont des pays du Nord riches et veloppés, dont deux ont des régimes
politiques démocratiques (Japon et Corée du Sud). Hong Kong est un cas
particulier : territoire autonome rattaché à la Chine communiste, la ville bénéficie
d’une autonomie menacée. Les trois autres Etats sont très liés aux Etats-Unis, même
Taiwan qui n’est pourtant pas reconnu par les organisations internationales.
2. La Chine est la puissance dominante de l’Asie orientale (voir cours
d’Histoire) et elle s’efforce de rattacher à son territoire les provinces revendiquées
(Taiwan) tout en élargissant sa ZEE (Spratly). La Corée du Nord est un Etat enclavé
protégé par la Chine.
3. Les « tigres » et « bébés tigres » de l’Asie du Sud-Est, sont membres de
l’ASEAN (avec Singapour). Ce sont des pays de régime autoritaire, culturellement
très divers (Indonésie et Malaisie musulmanes et hindouistes, le reste bouddhiste),
qui connaissent une forte croissance économique (Vietnam) souvent dirigée par des
investisseurs de la diaspora chinoise, mais qui tentent de se libérer de l’influence
chinoise (accord du TPP signé par plusieurs pays de l’ASEAN).
4. L’Asie du Sud est dominée par l’Union indienne, devenue la 7e puissance
économique mondiale en 2016 et qui tente de rattraper son retard économique par
une « politique de l’Est ». Cependant, l’Asie du Sud est fragilisée par les tensions
entre Hindouistes (majoritaires dans l’Union indienne) et Musulmans (majoritaires au
Pakistan, Afghanistan, Bangladesh), ainsi qu’avec les Bouddhistes (Sri Lanka).
Ainsi, l’Asie du Sud et de l’Est est confrontée à une multitude de défis, dont le
nombre et l’ampleur sont aux dimensions de cet espace. Le premier est le défi
démographique, dans ses différentes composantes, et celui de l’urbanisation
croissante. Le second est le défi de la croissance économique spectaculaire mais qui
doit être maîtrisée et prolongée dans la longue durée. Le troisième est le défi des
disparités multiples et des rivalités entre Etats et communautés diverses. Force est
de constater qu’à ces différents défis, les Etats asiatiques ont apporté des réponses
très diverses qui fragilisent la cohésion de cette « Asie des moussons » au rôle
essentiel dans le processus de mondialisation.
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